the great escape
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Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S -

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MessageSujet: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyJeu 17 Nov - 8:48



Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S -




    « J’ai un diner d’une importance capital ce soir, je regrette mais pas l’un de mes talons aiguille frôlera le sol de cette bibliothèque. Si vous voulez bien m’excuser. » Cadence Levy-Carcenac se leva du fauteuil de cuir, un large sourire insidieux collé sur ses lèvres. La jeune française était sur le point de sortir du bureau, direction le pavillon iota où l’attendait un dénommé Peter, un garçon assez ordinaire mais son regard vert pétillant ne faisait pas de lui un mauvais rencard. Même si ils étaient à des années lumières de penser l’un comme l’autre, il n’était pas désagréable à regarder et comptait parmi les meilleurs desserts de la carte. Fatalité, les projets de la iota allaient être réduits à néant en un claquement de doigt. « Mademoiselle Levy-Carcenac, vous avez choisi Berkeley et vous êtes un membre à part entière de cette grande famille, à preuve du contraire, vous ne vous dérobez pas lors des diners familiaux n’est-ce pas ? Vous nous honorerez donc de votre présence, avouez qu’il serait malencontreux que votre père apprenne que sa merveilleuse fille boude l’art. ». Monsieur Fredericksen, avait assurément bien choisi ses mots, ne laissant aucune autre solution à son étudiante que de rendre les armes. « Je suppose que je peux dire adieu à mon dessert. », souffla-t-elle avec une pointe d’agacement. L’ancien avocat pointa un sourcil gris dans sa direction et déposa son stylo chrome sur le bureau vernis en acajou. « Vous dites ? ». Cadence releva sa tête de poupée en porcelaine et plongea son regard joyeux dans les prunelles de son doyen. « Je m’y rendrai avec plaisir, monsieur Fredericksen. ». Comportement totalement étranger à ses songes, elle irait à sa foutue exposition comme tous les autres crétins d’élèves californiens et trouverait bien quelque chose pour rendre la soirée plus égayante. Quand le diable s’invite à la fête, les flammes qui rendent son apanage accueillant ne sont jamais loin. Une heure et demie plus tard, Peter lui était sorti de l’esprit et des nouveaux pions remplaçaient son échiquier. La route était dégagée, et Cadence se faisait un plaisir de se l’approprier. Tantôt écrasant la pédale d’accélération et tantôt la relâchant complètement, l’aiguille du compteur ne cessait de faire des aléas et la blonde constituait un véritable danger public pour les américains. Les roues de la voiture glissèrent sur l’asphalte du centre-ville, puis dans une dernière manœuvre brutale, la conductrice se gara sur deux places de parking avant d’arrêter le contact et mettre pied à terre. Les branches, gelées et nues, se balançaient dans un rythme vertigineux autour de l’édifice et le ciel avait déjà pris cette fameuse teinte bleue marine, annonciatrice d’une nuit prématurée pour 18 heures. Elle se précipita vers l’entrée, mettant le plus de distance possible entre elle et le froid qui lui mordait sa peau rosée. Ses yeux se jetèrent dans la noirceur du ciel quand elle vit la fourmilière humaine qui attendait devant un homme au smoking austère et sa liste de conviés. Les ignorant parfaitement, la rouge se dirigea vers la façade de la bibliothèque municipale et se glissa par l’unique fenêtre ouverte, aussitôt la chaleur de la pièce la réchauffa. Toilette des hommes, bonne pioche. « Ouah ! Si mon petit doigt m’avait informé de cette scène quand je me suis levé ce matin, j’aurai été faire un tour à la salle de musculation. ». Cadence lui accorda un regard surpris, pathétiquement vaniteux, pathétiquement charmeur, il venait de l’enseigne iota, pour sûr. Elle le snoba et se dirigea vers la sortie, avant qu’elle ne tombe sur l’un des membres du conseil d’administration. La porte se referma derrière elle et une ombre se découpa dans le couloir. La jeune femme retint son souffle, cherchant d’ores et déjà une excuse pour sa présence dans un lieu aussi insolite. Les faibles lumières, accrochées aux murs, s’arrêtèrent sur un visage blafard, dont les traits respiraient le mépris et le regard était illuminé d’une lueur mesquine. Le sourire moqueur n’était pas inconnu de la Levy-Carcenac mais il fallut que ses prunelles menthe s’arrêtent sur les cheveux lisses, d’une surnaturelle couleur blonde pour que quelques brides de souvenirs vinrent la frapper comme un train écrase une personne n’attendant plus rien de la vie.

    FLASHBACK ON
    « Tu ne t’amuses pas ? ». Cadence leva paresseusement la tête vers son grand frère d’une beauté semblable à la sienne. Gaulthier s’était adossé contre le mur blanc cassé d’une manière irrésistiblement arrogante et tous les regards, brûlés par l’excitation, des jeunes filles présentes se pressèrent sur son visage parfait et ensorcelant. « A une réunion d’industriels ? Je ne pense pas non, me dis pas que tu prends ton pied. » Elle soupira d’ennui, frappant d’agacement ses talons hors de prix sur le sol. Elle n’en voulait pas à ses narcotiques de parents, trop soucieux des convenances et désireux d’étendre leur pouvoir sur tous les domaines inimaginables. Le seul coupable dans l’affaire était Gaulthier, elle lui en voulait de ne pas la divertir et de ne pas prendre nouvelles de ses envies. « Il y a des jolies filles ». Cadence l’observa sous un regard neuf, la soirée venait de prendre une tournure plutôt satisfaisante et une lueur d’intérêt illuminait son regard. Un petit sourire perfide assombrit son visage et elle reprit la conversation d’une voix mélodieuse. « Tu connais Mélanie Dumond ? Elle est l’unique fille à prendre au sérieux les leçons du pasteur Delacroix, tu sais, le vieux rabougri que l’on va écouter chaque dimanche matin. Je pense que tu ferais d’elle la plus heureuse des femmes si tu lui accordais une attention particulière.. ». Un sourcil suggestif arqué dans sa direction, la phrase avait été lancée sur un ton de défi et les consignes annoncées. Gaulthier dévoila son sourire charmeur, le regard cruel, il décolla de son mur et s’envola vers cette tendre Mélanie. « Et une innocente de moins sur terre. ». Cadence avala d’un trait sa coupe de champagne et monta à l’étage, s’épargnant les rumeurs de conversations sans queue ni tête et les rires trop bruyants des invités. Arrivée en haut des marches, ses yeux verts tombèrent sur un garçon à l’allure négligé, assis nonchalamment sur les marches, passant entre ses doigts fins et efféminés un briquet argenté. Un joint été posé à côté de lui, il était profondément perdu dans ses pensées et en une seule œillade, Cadence sut qu’il était le cas typique de l’adolescent incompris, méprisable avec ses pairs parce qu’il ne pouvait pas se supporter lui-même. « Tu attends qu’il s’allume tout seul ? Parce que tu risques d’attendre un sacré bout de temps. », dit-elle moqueuse. Le garçon blond sursauta légèrement, le voyant remuer ainsi, Cadence pensa qu’il en était à son premier pétard. « Je peux t’aider si tu veux, ou même si tu ne veux pas. » Elle lui déroba furtivement le briquet des mains et se laissa glisser sur la marche où il avait pris ses aises. La jeune française l’étudia plus attentivement, sans pour autant montrer son mépris. Si quiconque faisait abstraction d’une des clauses de la fréquentation idéale selon Levy-Carcenac, il devenait automatiquement une foutue fourmi à écrabouiller. But she destroys her ennemies when she makes them friends or lovers of her. Elle lui sourit donc malicieusement, ne révélant aucun indice sur ses intentions futures. «Attrape-le si tu peux. », murmura-t-elle.

    FLASHBACK OFF

    Cette rencontre ne semblait pas réelle, ils s’étaient vu pour la première fois en France il y a si longtemps que Cadence se souvenait à peine de son nom. La marseillaise rompit le silence la première. « J’ai la vague impression d’avoir déjà croisé ces dents mal alignées quelque part. ». Elle vit son interlocuteur se passait discrètement la langue sur ses canines et s’en amusa. Elle redressa sa tête de cygne avec grâce et bien plus d’assurance que lorsqu’il s’était avancé vers elle. Cadence ou comment toujours rencontrer les bonnes personnes, toujours au bon endroit, toujours au bon moment.

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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyMar 29 Nov - 22:04


« Sterling ? N’ajoute pas un affront à ton palmarès, s’il te plait. » J’ai levé les yeux au ciel, le portable collé à l’oreille. J’étais au téléphone avec mon père, qui m’avait appelé quelques instants plus tôt, pour participer à je ne sais quoi. Je n’avais ni envie de lui parler, ni envie d’accéder à sa requête, mais il avait un ton presque suppliant. Etrange d’ailleurs, ça ne lui ressemblait pas de s’aplatir devant moi, son fils ingrat. D’habitude, il avait plutôt été du genre à m’enfoncer, trop heureux de pouvoir m’éloigner de lui et de ses affaires. J’étais beaucoup trop impulsif, beaucoup trop imprévisible, et bien trop bordeline pour qu’il ne m’accepte ; il m’avait écarté de sa vie il y a bien longtemps, et ce n’était pas pour me déplaire. J’étais assis sur le bord de la fenêtre de ma chambre, et je regardais les gens passer sous mes fenêtres. J’ai froncé les sourcils en entendant les éclats de rire d’un couple. J’ai soupiré, bien conscient que mon père attendait une réponse. « Dis-moi exactement en quoi ça consiste. » Décidément, j’étais Grand Seigneur, aujourd’hui. Même si je me doutais de sa réponse, à savoir que j’allais devoir faire des courbettes à un quelconque industriel, lors d’une exposition d’art à la con. J’ai tiré une taffe sur ma cigarette, laissant planer mon regard sur les étendues vertes du parc de Berkeley. « Il faut que tu te rendes à cette exposition, et que tu parviennes à t’entretenir avec Da Monti. » Commenca-t-il, alors que je sentais sa voix flancher. Etait-il déjà en train de regretter le service qu’il allait me demander ? Ou réalisait-il que sa future collaboration reposait sur les épaules d’un fils qu’il n’avait jamais aimé ? J’ai eu un petit sourire narquois, et une nette préférence pour la seconde option. Vas-y Papa, place l’héritage entre mes doigts, et advienne que pourra. Il soupira, et mon sourire s’élargit davantage. Il n’avait aucune confiance en moi, et dans un sens, ça me faisait jubiler. « Il travaille dans l’aéronautique. » Précisa-t-il sur un ton agacé. Apparemment, mon manque d’intérêt l’énervait au plus haut point. Mais en même temps, à quoi s’attendait-il ? Je n’étais pas intéressé par le business de mon père ; tant que ça roulait et que ça m’assurait un chèque à la fin du mois, c’était l’essentiel. « Il faut que tu lui dises que j’ai réfléchi, et que je suis prêt à m’associer à lui, pour notre projet commun. » En espérant que le projet soit juteux, comme ça, je pouvais peut-être espérer un treizième mois en cette année de crise. J’ai écrasé mon mégot de cigarette sur le rebord du cendrier. « Bien. Je ferai ça, alors. » Dis-je platement. Je me suis tu ; qu’y avait-il de plus à ajouter ? J’allais remplir les termes de mon contrat, et je serai débarrassé de mon père pour les dix prochaines années à venir. Sans compter qu’à partir de maintenant, il avait une dette envers moi, ce qui faisait que j’étais désormais en position de force. « Je te préviens Sterling, vous ne serez pas tout seul là-bas. » Annonça mon père en prenant un ton menaçant. Wooouh, j’ai peur. « Pas de scandale, c’est bien clair ? » J’ai soupiré. Contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, au vu des apparences, je savais quand même me tenir en société, quand je le voulais. Parler avec des grands airs, faire semblant d’être le fils irréprochable d’un patron irréprochable, tout ça, c’était dans mes cordes. « Très clair. » Assurais-je d’un ton catégorique. Je n’ai pas attendu qu’il réponde, et j’ai raccroché. Comme je m’y attendais, mon père ne rappela pas.

Quelques heures plus tard, j’étais à la bibliothèque municipale, en train de lire quelques articles de journaux. Volontairement, j’avais appelé un taxi plus tôt, afin de pouvoir me renseigner sur ce fameux Da Monti, dont je n’avais jamais entendu parler. Je préférais être au courant de ses petites affaires actuelles (sait-on jamais, s’il venait à me poser une question), mais aussi des faits divers qui avaient rythmé son existence. Deux mariages, un divorce, et trois filles qui n’avaient pas plus de dix ans. Mouais, ça m’avançait peu tout ça. D’après tous les documents que j’avais pu rassembler sur lui, rien ne m’indiquait un quelconque scandale, qui pourrait me permettre de le faire flancher. Dommage, songeais-je en allant déposer les magasines à la bibliothécaire, et en me dirigeant vers la sortie. L’ouverture officielle de l’exposition n’allait pas tarder, et je me devais d’être présent. Sauf qu’une tête blonde allait considérablement retarder mon arrivée à la cérémonie.

FLASH BACK ;

Et une de plus ! Décidément, j’avais beaucoup de mal à comprendre pourquoi mon père voulait absolument m’entraîner avec lui lors de ses réunions interminables. Mes parents passaient des heures debout, à vider les coupes de champagne, et à parler de choses complètement abstraites, comme la cote de l’entreprise à la bourse de Paris. Je n’avais jamais pris un quelconque plaisir dans ses réunions, bien trop occupés à observer les aiguilles de ma montre tourner lentement, comme si le temps avait décidé de s’étirer à l’infini. Les femmes, d’un côté, se trouvaient en petits groupes et parlaient de tout un tas de choses dérisoires. Elles gloussaient sur le dernier cadeau d’un mari à sa femme, se moquaient allégrement d’une de leurs « amies » absente parce qu’elle était souffrante, et critiquaient ouvertement la tenue de je-ne-sais-quelle mégère. Quant aux hommes, ils adoptaient une attitude plus sérieuse, et parlaient tantôt de politique, tantôt d’un quelconque marché financier. En somme, rien de bien intéressant pour un gamin de quatorze ans. Une coupe de champagne à la main, j’avais décidé de faire faux bond à mes parents en cherchant un peu de calme et de solitude dans les étages du bâtiment. Arrivé en haut des escaliers, je me suis assis sur la dernière marche. Les gloussements et le bruit des conversations s’étaient nettement atténués, et n’étaient plus qu’un son étouffé. J’ai posé ma coupe sur ma droite, avant de plonger ma main dans la poche de ma veste, pour en ressortir ma petite préparation, et un briquet. C’était le moment où jamais de tester. Pas vraiment soulagé par cet endroit, trop exposé à mon goût, je faisais rouler mon briquet entre mes doigts, avant de me raisonner. Ici, personne ne viendrait me chercher avant un bon bout de temps (les soirées se finissaient souvent tard dans la nuit), et j’étais un peu près sur de ne pas être dérangé. Et si jamais c’était le cas, eh bien, j’aviserai. Perdu dans mes pensées, je n’ai pas entendu une paire de talons claquer sur les marches, jusqu’à ce qu’une blonde, que je n’avais jamais vu auparavant, m’adresse la parole. J’ai sursauté, soudainement tiré de ma rêverie. Je n’eus même pas le temps de lui répondre quoique ce soit qu’elle s’était emparée de mon briquet. Garce. « Rends-moi ça, s’il te plait. » Soupirais-je en tendant le bras. Aucun ton désinvolte, aucun aspect narquois. Je voulais juste qu’elle me rende ce qui m’appartenait. Elle avait peut-être besoin d’être distraite, mais moi, j’avais seulement besoin de calme. En entendant sa provocation, je me suis levé, bien décidé à reprendre ce qui m’appartenait. Mauvaise idée, très mauvaise idée même.

FLASH BACK OFF

Une bonne dizaine d’années s’étaient écoulées, et pourtant, tout m’était revenu en mémoire en un éclair. Il avait simplement fallu que je croise Cadence Levy-Carcenac au détour d’un sombre couloir pour que ce souvenir devienne plus vivace que jamais. En dépit des années qui venaient de s’écouler, Cadence n’avait apparemment pas abandonné son petit air supérieur, et encore moins sa légère tendance à provoquer les gens. « Je me disais bien que j’avais déjà entendu cette voix agaçante quelque part. » Dis-je en souriant légèrement. Le passé était plus présent que jamais. Seules nos apparences physiques avaient été modifiées, et cette fois-ci, ironie du sort, c’est moi qui l’avais fait sursauter, et non l’inverse.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyMar 13 Déc - 13:33



Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Enttei
I never wanted to set the world on fire.





    FLASHBACK ON


    Le temps semblait figé sur les marches de l’escalier, isolée du reste de la réception, Cadence avait enfin découvert un endroit où elle pouvait envoyer paître ses convenances et jouer avec le feu. Loin de l’odeur prononcée des cigares cubains et de tous ces rires aiguë éclosant à la seconde précise comme une mise en scène d’opéra répétée des mois et des mois à l’avance. Pourtant le vieux bonhomme en haut savait à quelle point elle en avait l’habitude et que parmi toutes ces actrices enrichies par l’expérience, elle était l’étoile montante du septième art revisité par la haute société française. Malgré tout, elle avait décidé de faire abstraction ce soir, aucun gros bonnet ne nageait au milieu des patrons industriels de seconde zone, et pas de prince, pas de princesse. Le briquet toujours enfermé dans la paume de sa main, ses prunelles kaki survolaient toujours la chevelure topaze du propriétaire de l’objet. A sa demande, elle répondit par un hochement de tête d’une lenteur agaçante. Elle ne se rappelait d’ailleurs pas pourquoi elle ne lui avait tout simplement pas rendu son bien et était retournée à ses occupations. Peut-être l’ennui l’avait poussé à agir ainsi, pour le grand malheur de tous les bons gens présents. L’adolescent effectua alors le geste qui fit tout basculer en une fraction de seconde, un geste banal qui allait affecter le cours de plusieurs vies dont les leurs. Il tendit sa main blanchâtre vers la sienne, espérant récupérer ce qu’il lui appartenait, au même instant où Cadence appuyait sur l’actionneur, mauvais réflexe, elle leva la main afin qu’elle soit hors de portée et la flamme épousa le rideau de velours. L’obscurité fut vaincue par la lumière de l’incendie naissant et déjà trop rageur pour être stoppé. Catastrophée, Cadence regardait le causeur de trouble, les premières gouttes de sueur suintaient son visage blafard, effrayé par la tornade de flamme. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant que la française puisse décrocher son regard du garçon palot. Un barrage de flammes se répandait dans l’escalier comme une traînée de poudre, mettant fin à tout projet de fuite. Emprisonnés par ce rideau orange, la chaleur devenait infernale et la panique s’engouffrait dans ses poumons à chaque inspiration, c’était fini, ils étaient faits comme des rats. Cadence faisait toujours preuve d’une maîtrise parfaite, jamais elle ne se laissait submerger, engloutir, terroriser par une situation hors de contrôle mais face à la mort, elle frôlait l’hystérie. Pourquoi était-il toujours aussi silencieux, depuis qu’ils étouffaient tous les deux, piégés par ce brasier, le garçon blond n’avait pipé mots, ce qui la rendait encore plus agitée. Le temps s’étirait en longueur et tout se passait vite à la fois, il se mettrait bientôt à réagir, seules quelques secondes avaient filé, d’ailleurs, elle n’avait toujours pas esquissé le moindre mouvement non plus. Des cris leur parvinrent depuis le rez de chaussée, des hommes à la voix grave criaient au feu, des femmes, affublées de voix à briser le cristal, perdaient la raison. Peut-être que Gaulthier se rendrait compte de son absence. Gaulthier. Les yeux de Cadence s’agrandirent d’astuce, le tapis de mousse. Elle tourna sa petite tête parfaite, altérée par la lueur des flammes, vers l’inconnu. « Il faut qu’on sorte d’ici, il y a.. une issue dans la pièce à côté. ». Sa voix tremblait et elle avait du mal à se faire entendre parmi le brouhaha et la ruée des patrons ainsi que de leurs épouses ayant lieu sous leurs pieds. Soulevant les pans de sa robe, elle se précipita vers la porte adjacente, la poignée glissa entre ses doigts comme cinq ans auparavant.

    « Pousse toi Cadence, je vais le faire. ». Un petit garçon maigrelet, aux yeux azur la dépassa et ouvrit la porte d’un coup d’épaule précis. La pièce était sombre mais une grande fenêtre laissait filtrer la lumière nécessaire permettant à la silhouette des meubles de se distinguer. Entraînée par la main du petit homme haut comme trois pommes, Cadence miniature entra précautionneusement dans la salle à l’odeur de vieux tabac jusqu’à réduire la distance qui la séparait de la fenêtre ouverte. Elle se pencha et découvrit un énorme tapis de mousse, entouré de bottes d’herbe, plus loin, une tondeuse à gazon dormait et un vieil homme taillait les haies. « Allez viens Cadence, on saute ! ». Gaulthier avait donné l’ordre comme si il lui demandait d’aller prendre le goûter. La petite fille jeta encore un œil en bas, le tapis vert semblait être à des kilomètres du premier étage. Elle ferma les yeux, prise d’une nausée de vertige. Prête à tourner les talons et jetait à son frère un « c’est complètement débile », supposé masquer sa peur, il reprit la parole avant elle. « T’as confiance en moi ? Alors saute ! ». Il lui prit la main et avant qu’elle ne puisse s’en libérer ses pieds décolèrent du sol. Son cœur s’arrêta le temps de la chute vertigineuse qui semblait ne plus finir, l’espace d’un instant, elle pensa même qui lui remontait dans la gorge. Alors que tout semblait perdu, que sa cascade se poncturait par ses os brisés sur le sol du jardin, son corps rebondit sur le tas d’herbe, lui arrachant un rire. Sa peur s’était envolée et on pouvait lire dans ses yeux marrons-verts les symptômes de l’euphorie. « On recommence ? ».

    Elle donna un coup d’épaule sec contre la porte qui s’ouvrit avec fracas. Une douleur aiguë la traversa l’espace d’une seconde mais elle serra les dents. La pièce n’avait pas changé, à travers les années, elle avait conservé sa vieille odeur et aucun des meubles ne manquaient à l’appel. Plus rapide qu’autrefois, elle se dirigea vers la fenêtre et s’empressa de l’ouvrir. « On va sauter, il y a de la mousse en bas pour amortir notre chute. » Sa voix était toujours imprégnée de cette panique grandissante, même si elle les savait sortis d’affaire. La belle française plongea son regard dans le vide et son monde s’ébranla, tout avait été strictement tondu, leur dernier espoir s’envolait comme de la fumée. Elle porta la main à sa bouche, réprimant son envie de renvoyer toutes les bulles de champagne, ingérées dans l’après-midi. « Elle n’y est plus, on va… Comment t’appelles-tu ? ». Elle-même était surprise par sa question. Face aux dernières secondes qui lui restaient à respirer, le fait que tout s’achève au bras d’un inconnu l’a taraudé. Elle n’arrivait plus à se dicter une conduite, valait-il mieux périr consumée ou brisée, au point où ils en étaient. Elle observait le jeune homme blond s’agitait près de la fenêtre et son regard fila à nouveau dans le vide, défiant sa plus grande phobie, le vertige. L’idée de perdre de sa beauté, défigurée par la terre dure, ou de finir dans un fauteuil roulant pour le reste d’une vie dépendante des autres la rebutait fortement mais quand ses prunelles vertes rencontrèrent le regard clair de son interlocuteur, elle savait que l’envol de la dernière chance était leur unique solution. Le garçon lui tendait déjà la main et il l’aurait sûrement jeté par la fenêtre si elle n’avait pas consenti à sauter. Les lèvres pincées, elle le rejoignit sur le rebord de la fenêtre. Certes, il n’y avait pas de fée Clochette, il n’était pas Peter Pan, elle n’était pas Wendy, mais ses pieds repoussèrent la surface solide du rebord. Encore cette même sensation d’angoisse qui s’éternise comme si l’on appuyait sur pause, son cœur prêt à exploser, puis tout s’arrêta quand sa chair rencontra brutalement le sol. Ses paupières clignèrent de douleur, perdue, elle ne savait plus où elle était, elle ne savait plus ce qui la torturait, elle ne savait pas non plus ce qui l’avait poussé à sauter, le black-out. Pourtant, une certitude, elle était encore en vie. Comme un refrain, la douleur fulgurante revenait la frapper de plein fouet inlassablement et c’est avec une volonté insoupçonnée qu’elle parvint à ouvrir les yeux. Etendue sur l’herbe, à un mètre d’elle, gisait la tête blonde maintenant familière. Comment s’appelait-il ? Il lui avait appris tout à l’heure mais elle fut incapable de poser un nom sur le visage inerte. Nouvelle sensation, l’inquiétude, mais ses anxiétés furent balayées aussi vite qu’elles n’étaient apparues quand le jeune homme grimaça. Récupérant encore plus vite qu’elle, il se hissa sur ses deux jambes et la chercha du regard. « Rien d’endommager ? ». Bien qu’elle ne soit pas du tout mère poule, elle se sentait un minimum concernée par ses blessures et cela s’interprétait simplement comme une question polie. Tout en causant, il se dirigea vers elle et l’aida à se relever. « Cadence ! ». La dame Levy-Carcenac venait d’apparaître avec une horde d’hommes murs bien bâtis, inquiétée au possible. Les poumons irrités, Cadence se laissa tomber dans les bras de sa mère, au bord de l’hystérie, des milliers de mains se précipitaient sur la peau poussiéreuse de la princesse aux temps modernes, s’assurant qu’elle était hors de danger, toujours aussi radieuse qu’à son habitude. La jeune Levy-Carcenac releva la tête pour croiser le regard bleu de France appartenant à sa mère. A travers son agitation maîtrisée, Cadence y lisait une once de panique, discrète toutefois, comme si elle observait le visage d’un proche à travers le brouillard. La raison de cette panique, les apparences. Sévère et se conformant religieusement au code de l’éthique, l’apocalypse se serait abattu sur terre si il s’avérait que sa petite Marie était l’incendiaire en chef. De nouveau elle-même derrière son apparence fragile de malheureuse victime, il lui fallut juste un lapse de temps pour désigner un coupable et se laver de toute culpabilité. Restant silencieuse et se lovant plus profondément dans la peau de son personnage, l’ange aux cornes du diable pointa son doigt dans la direction de l’adolescent au briquet. Les têtes se tournèrent en un seul mouvement, des « o » se formèrent sur toutes les bouches, des exclamations se perdirent en une seule voix grondante et un homme de la même couleur surnaturellement blonde se rua sur son fils.

    FLASHBACK OFF


    Loin du profil de l’adolescent pyromane, Sterling Achille arborait toujours son air rebelle et dépravé des bons jours. Plus affirmé et plus mesquin que jamais, il dégageait cette apparence mature et viril qui plaisait tant aux femmes, les plus simples d’esprit soit dit en passant. Quiconque aurait posé son regard sur sa carrure taillée dans un superbe smoking de grand couturier n’aurait songé qu’un jour, lui et une certaine héritière française avait manqué de peu d’assassiner une vingtaine de personnes avec une simple étincelle. Répondant à son sourire, Cadence continua de battre la pâte. « Laisse-moi deviner, gamma à tous les coups. Etonnant qu’ils t’aient laissé sortir si vite de ton asile de fous furieux. ». Elle se rappelait à peine le temps qui s’était écoulé entre leur dernière rencontre et le moment présent mais elle s’en fichait, même si elle n’avait pas de hantise envers lui, plus loin il était et mieux elle se portait. Il faisait partie de ces trésors enfouis que l’on ne voulait absolument pas déterrer. Le monde était décidément trop petit, et Berkeley minuscule pour compter parmi ses étudiants un Sandlide et une Levy-Carcenac. Cadence sentait la culpabilité la rattraper, hors de question de revivre cette journée tous les saints jours qu’ils lui restaient à purger en Californie. Elle avait réécrit l’histoire et sa version n’était pas modifiable.


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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyVen 23 Déc - 0:55


J’avais toujours imaginé que la vie était basée sur des quotas. Quota de bonheur, quota de malheur, quota de conneries, quota de bien-être, quota de souffrance… Envisager la vie de cette façon était plus simple, peut-être plus rassurante aussi. Parce qu’une fois qu’on a atteint le sommet, une fois que le quota est fait, c’est terminé, on n’a plus rien à craindre. A vingt-deux ans, j’avais déjà bien conscience que mes quotas à moi étaient bien remplis. Quoiqu’on en dise, j’avais vécu, j’avais profité de la vie. Pas toujours en bien, pas toujours de la meilleure manière, mais au moins, je ne regrettais rien. J’avais fait un nombre incalculable de conneries, qui m’avaient amené tout droit en Angleterre. Pensionnat strict, réputé à la fois pour sa rigidité, ses bons résultats, et ses fils et filles de bonne société. En m’envoyant là-bas, mes parents avaient voulu m’éloigner ; j’étais devenu le fils trop encombrant, trop gênant, peut-être même trop voyant. Je suis un peu près sur que leurs premières intentions avaient été bonnes : j’étais le seul et unique héritier, celui à qui tout allait revenir de droit. Il fallait donc que je sois capable de gérer les choses, que je devienne quelqu’un de responsable. J’aurais des décisions à prendre, des choix à faire, des tâches à accomplir. A quatorze ans, je l’avais déjà compris, et pour mes parents, il s’agissait d’une évidence. Alors quand j’avais commencé à dérailler sérieusement, je pense que sur le coup, ils ont voulu rattraper les choses. Faire que je devienne quelqu’un de meilleur, un peu moins laxiste, un peu plus responsable. Mais leur opinion avait rapidement changé, au gré de mes mésaventures. Une connerie à faire ? Elle était pour moi. Enerver, leur mettre la honte ? J’étais devenu excellent à ce petit jeu. Alors un jour, eux aussi ont fini par atteindre leur quota. Leur patience avait des limites, de grandes limites même, et j’avais obtenu un billet aller pour l’Angleterre. Sur le coup, qu’ils aient osé m’avait mis hors de moi. Tout ça à cause d’une faute que pour une fois, je n’avais même pas commise… J’avais crié, hurlé, balancé tout ce qui me tombait sous la main. Et maintenant, quelques années plus tard, je réalisais que cet éloignement m’avait été bénéfique. Oh, bien sur, j’avais continué mes conneries ; j’avais même mis un point d’honneur à aller crescendo dans mes actes. Et puis les visites s’étaient espacées ; les coups de téléphone s’étaient faits de plus en plus rares. Et j’avais commencé à vivre pour moi, à m’émanciper de l’étiquette « fils de … », et à faire ce que j’avais envie de faire. Pour avoir la paix (et accessoirement, la conscience tranquille, je suppose), mes parents continuaient de me verser un chèque à chaque fin de mois. Ils ne me demandaient rien en contre partie, excepté ce soir. Et ce soir, j’allais me rendre compte que mon quota « rencontre surprise qui m’agace » n’avait encore pas atteint le sommet.

FLASH BACK ON ;

L’enfer de ces fameuses « rencontres » entre diverses personnalités appartenant au monde de l’industrie, c’est que l’on finit par toujours croiser les mêmes personnes. On ne devient pas un grand patron, quelqu’un de reconnu et de respecté, du jour au lendemain. La plupart des membres conviés à cette réception (apparemment importante), était de vieux croulants, avec qui je n’avais strictement rien à partager. Tous plus proches de la fin qu’autre chose, ils radotaient plus que jamais et passaient leur temps à se plaindre. Rien n’était jamais assez bien, rien n’était jamais assez beau, rien n’était jamais assez luxueux pour ces vieux d’un autre temps. Je n’avais jamais compris pourquoi mon père s’était entêté à me traîner dans ce genre de soirée vaseuse ; je n’estimais pas y avoir ma place. J’étais trop jeune pour comprendre, pas assez mature pour être intéressé, trop ingrat pour ne prêter que quelques secondes d’attention à un grand-père qui sentait la naphtaline à plein nez. En revanche, mes parents, eux, semblaient être en plein dans leur élément. Et vas-y que je te distribue des sourires, que je te sers une coupe de champagne, que je me marre à chacune de tes blagues pourries… Assister à cette mascarade était navrant, et à chaque fois que j’en avais l’occasion, j’en profitais pour m’éclipser.

Cette fois-ci, j’avais profité de l’inattention de mes parents pour fuir à l’étage. Si j’avais un peu de chance, mes parents ne se rendraient compte de mon absence bien des heures plus tard, lorsqu’il leur faudrait repartie. Comme d’habitude, j’allais me trouver un petit coin tranquille, loin de la foule sexagénaire qui se trouvait au rez-de-chaussée, et loin des bruits assourdissants des conversations animées. Si les fois précédentes, la chance avait été de mon côté, ce ne fut pas le cas ce soir là. Oh, au début, j’avais bien compté sur le fait d’avoir mon petit moment paisible, loin de tout. Mais une petite blonde, dont le prénom m’était inconnu, ne tarda pas à pointer le bout de son nez et à perturber les activités que j’avais initialement prévues.

Si elle n’avait pas été une garce, voleuse par-dessus le marché, rien de tout cela ne serait arrivé. Seul dans mon coin, je ne réclamais rien d’autre que la paix. Je voulais simplement que cette soirée se déroule tranquillement, afin que je puisse enfin tester cette cigarette d’un autre genre. J’avais mis un long moment à me décider, mais finalement, je me disais qu’il était peut-être temps. A cet instant, je ne pouvais pas imaginer que ce pétard ridicule allait changer ma vie à jamais. La blonde prétentieuse m’avait volé mon briquet, et je me trouvais désormais bien démuni. J’avais fait un pas en avant pour récupérer mon bien, tendant la main vers ce qui m’appartenait. Mais l’inconnue blonde en décida autrement, et scella mon destin lorsque, dans un geste précipité pour éviter que je reprenne mon dû, elle leva le bras tout en appuyant sur l’actionneur.

L’incident aurait pu ne jamais avoir lieu. J’aurais simplement fait un autre pas, attrapé son bras et repris ce qui m’appartenait. J’aurais été vulgaire et ingrat avec elle, puis j’aurais tourné les talons, et me serais dirigé vers une autre pièce. Une autre pièce où, de préférence, elle ne serait pas. Mais, comble de malchance, l’épais rideau de velours en décida autrement. Mangé par les flammes, je n’avais jamais imaginé que le feu pouvait se répandre à une taille vitesse. Dans sa course folle, il ne tarda pas à atteindre le sommet du rideau, ce qui entraîna sa chute. Stoïque, complètement obnubilé par ce spectacle envoutant, je n’ai pas bougé d’un pouce. Je me contentais simplement de regarder crépiter le feu qui me faisait face, et qui désormais, nous barrait la route. Le temps semblait avoir ralenti, pendant que j’observais avec attention le feu qui se propageait à un autre rideau. Tel un jeu de dominos, le feu se répandait progressivement, et faisait tomber à terre les tissus lourds en velours.

Mais quelques secondes plus tard, je fus arraché à ma contemplation. La française venait de resserrer sa main autour de mon bras, visiblement paniquée. La pâleur de sa peau en disait long sur ses sentiments intérieurs ; j’étais un peu près sur qu’elle était partagée entre la panique, la honte d’avoir commis cet acte horrible, et la peur des représailles. Elle qui avait une tête d’ange était en fait celle qui devrait porter éternellement sur ses frêles épaules le poids de son erreur. Je n’écoutais ses dires que d’une oreille ; elle voulait fuir, sauter par la fenêtre, et aller chouiner dans les jupes de ses parents, très certainement.

« Sterling. » Dis-je en relevant les yeux vers elle. Sérieusement, dans un moment aussi dramatique, elle pensait à me demander mon prénom ? Elle devait vraiment être désespérée, et se sentir déjà les pieds entre quatre planches. « Et toi ? » Demandais-je.

Elle qui semblait si déterminée à sauter par la fenêtre, pour échapper aux flammes qui léchaient la porte fermée de la salle de bain, sembla tout de suite moins rassurée. Etait-elle sur le point de céder à la panique ? A sa peur du vide ? A son angoisse de ne pas se relever, une fois que nous serions quelques mètres plus bas ? Je suis monté sur le rebord de la fenêtre, pour contempler le vide sous mes pieds. Bon, à vrai dire, je n’étais pas tout à fait rassuré non plus. Mais si soudainement, elle restait là, incapable de bouger, tétanisée par la peur, il faudrait bien que l’un de nous deux agissent pour l’autre. Et en l’occurrence, je ne comptais pas me laisser dominer par ma peur du vide. Ce n’était pas le moment d’être glacé sur place, complètement paralyser par la peur. J’ai attendu qu’elle vienne me rejoindre, mais en vain. Alors, dans un geste totalement enfantin, mais qui avait pour but de la rassurer, je lui ai tendu la main. J’étais sa seule aide, son seul espoir. Elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter cette main blafarde tendue. Ce qu’elle fit.

Il ne fallut pas plus que quelques secondes pour que nous nous retrouvions en bas, face contre terre. Je ne me souvenais pas de ma chute en tant que telle, mais plutôt de son atterrissage brutal, douloureux. Le temps de me remettre les idées en place, et voilà que je me relevais. Quant à la blonde de l’étage, qui répondait au prénom de Cadence, elle semblait avoir plus de mal à se redresser.

« Non, ça n’a pas l’air. » Dis-je en faisant quelques pas hésitants vers elle. Et puis, au diable les convenances ! Après tout, nous avions été dans la même posture, lorsqu’il avait fallu sauter. Je me suis donc franchement dirigé vers elle, pour l’aider à se redresser. « Et toi, ça va ? Rien de cassé ? » Demandais-je en posant mes yeux sur son genou, apparemment légèrement écorché. Le prix minimum à payer, apparemment. Il en allait de même pour moi ; mes mains avaient certes eu le mérite de me protéger un maximum, mais les écorchures et les quelques gouttes de sang qui glissaient le long d’un de mes poignets témoignaient de cette chute vertigineuse.

Mais nos petites retrouvailles terrestres tournèrent court ; quelques secondes plus tard, une voix aiguë et perçante vint nous interrompre au milieu de nos échanges, suivie de près par une foule d’hommes. Quelque part là-dedans devait être mes propres parents. Parents qui n’avaient encore sans doute pas réalisé que leur fils était l’un des acteurs principaux de ce soudain départ de feu, parce que sinon, j’aurais déjà entendu les cordes vocales de mon père, et son flot de menaces. La tête blonde, qui répondait au nom de Cadence, se laissa choir dans les bras de sa mère. L’après coup du stress, de la peur, de l’angoisse.

Mais déjà, elle venait d’annoncer ma fin. Elle m’avait désigné, pointé du doigt comme un malpropre. La blondeur angélique de Cadence était trompeuse, et pourtant, tout le monde se laissa berner. Forcément, c’était tellement plus simple ainsi. Elle était la petite fille parfaite, la petite fille modèle, celle qui ne prononce pas un mot plus haut que l’autre et qui ne ramène que des bonnes notes. Accuser un fils indigne, ingrat, irrespectueux et colérique, c’était tout de suite plus facile. J’avais le profil parfait du petit délinquant qui avait voulu rythmer cette soirée ennuyeuse au possible. Et, une fraction de seconde plus tard, mon père se frayait un chemin au milieu de la foule, dense et compacte, pour venir me châtier. Sa main se posa sur mon épaule, et la serra avec force.

« Terminé Sterling, tu m’entends ? Terminées, tes conneries. J’en ai marre d’avoir affaire à un fils comme toi. Il faut toujours que tu te fasses remarquer, que tu me mettes mal à l’aise. Mais dès la fin de la semaine, ni ta mère ni moi n’aurons plus à nous soucier de toi. C’est l’erreur de trop Sterling, tu as franchi la ligne blanche. »

Bla, bla, bla. Mon père avait exercé son autorité, et avait pris sa décision. Alors qu’il m’annonçait la sentence, je n’ai pas baissé les yeux un seul instant. Je n’avais pas honte, je n’étais pas fier. Me défendre n’aurait été d’aucune utilité. Qui aurait pris en considération les dires d’un adolescent connu pour ses frasques et ses dérapages répétitifs ? Je ne faisais pas le poids face à la parfaite Cadence. Et puis dans un sens, cette punition, je l’avais attendue. J’avais voulu qu’on me lâche, qu’on me fiche la paix. J’avais espéré que mes parents prennent la décision de mettre un peu de distance entre eux et leur progéniture bordélique. Et je venais d’atteindre le but ultime.

FLASH BACK OFF ;

J’eus un petit sourire amusé en l’entendant me parler. Ah Cadence, sacré Cadence, toujours le mot pour rire. « Oui. Ils ont accepté quand ils ont su que j’avais une vengeance à accomplir. Sur ta petite personne, soit dit en passant. » Dis-je, comme si de rien était. Il n’y avait aucune once de menace ; depuis le temps, j’étais passé à autre chose. Je ne lui en voulais pas ; c’était une erreur d’adolescents, une boulette que l’on avait commise des années plus tôt. Alors comme ça, elle se souvenait. Finalement, à la réflexion, je ne trouvais pas ça étrange. Bien sur qu’elle s’en souvenait, ce n’était pas le genre d’événements que l’on occultait facilement. Surtout lorsque l’on est le véritable coupable de cette flambée, et que, pour se protéger, on accuse quelqu’un d’autre. J’ai levé les yeux au ciel, avant de plonger ma main dans ma poche, d’en retirer un briquet pour ensuite lui lancer. « La dernière fois que l’on s’est vus, je crois que tu l’avais oublié. » Lâchais-je avec un sourire narquois. Oui Cadence, moi aussi je me souviens.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyMar 3 Jan - 17:43




Don't be upset, I'm i n f e r n a l but ... No, there is no but .


    Encore une fois le drame avait roué de coups la porte qui abritait sa vie, quand on dit qu’un drame ne vient jamais seul. Depuis qu’elle s’était aventurée sur la pente vertigineuse de l’adolescence, les situations, un brin troublé par des évènements qui lui avaient échappé des doigts, s’empilaient les uns sur les autres. Comme si l’on s’évertuait à la punir pour tous les actes injustes dont elle était l’auteur au quotidien. Toutefois, la jeune française ne trébuchait pas sur la première branche qui embûchait son chemin. Elle n’éprouvait pas une seule once de pitié pour l’homme à la coiffure en pétard qui la regardait comme si elle était son aimable voisine de palier. Pensive, elle nota à quel point ils étaient différents l’un de l’autre. Si c’était elle qui se dessinait derrière ce costume trois pièces et ces traits blafards, elle n’aurait pas perdu de sa superbe pour l’attaquer de front à la seconde où le rideau de cil se serait ouvert sur sa silhouette. Pas rancunière pour un sou, le poids d’une accusation aussi injuste que cruelle torturerait son échine jusqu’à que sa haine se déferle sur tout le continent. Peinte d’une chevelure blonde enrobant son visage à la peau satinée où étaient enfouis deux pierres précieuses croisées entre le marron et le vert, elle demeurait comme l’innocente femme poisson, se prélassant sur son île. Séduisante au premier abord, le visage doux embarrassé par une tristesse émouvante que maintes matelots peinés à gommer, à l’instant où ses fines lèvres happaient un moment de bonheur et le traduisaient par un sourire, des canines saillantes les saluaient, prêtes à embrasser la chair de chaque cou qui l’avait contrarié. Telle était l’abominable cruauté de ses agacements les plus profonds. Mais après tout, ils étaient faits des mêmes matériaux, il devait forcément garder précieusement une part de hargne au fin fond de son estomac. La petite blonde lui avait décroché le ticket gagnant pour son exil, il n’allait tout de même pas la remercier pour ses bons et loyaux services. Ou alors, monsieur se la jouait tout en finesse, préférant laisser filer le temps, effacer avec son éponge jaune le tableau noir de méfiance qui enveloppait son esprit européen. Troisième option, il était passé outre, l’ardoise s’était blanchie au fil des années sans qu’un marqueur vienne entretenir sa rancœur. Well, attitude qui se voulait mature et raisonnable mais qualifiée par le monde mortel comme lâche et rasoir. Et bien Sterling Achille, maintenant qu’on est potes, on va se prendre un café au coin de la rue, parler du bon vieux temps et de l’amélioration des lances à incendie appartenant aux hommes de feu ? Elle l’observait, tâchant de démêler le vrai du faux de sa gueule je m’en foutiste. Incapable de dresser le bilan de sa mine impénétrable, elle jugea bon de remettre son étude à plus tard, tout arrivait à point à qui sait attendre, disait-on. La hanche droite plus relâchée que la gauche, ses avants bras d’une nuance pêche étaient croisés devant son torse, interprètes de son non intention de s’envoler vers d’autres cieux et prolonger son intermède avec le joyeux Sterling, ancien copain de saut en trampoline sans tremplin ni toute la panoplie requise. Elle feignait adopter son attitude « le passé est derrière nous et seul compte le moment que nous vivons actuellement », elle ne demandait que ça, ne pas rendre de comptes et ne pas payer la facture salée, ou plutôt la dette amère envers lui puisqu’il s’était chargé de ladite facture. Avec un peu de chance, leur chemin n’avait plus aucune ruelle en commun et elle ne rencontrerait plus jamais ce sourire audacieusement moqueur qui trônait sur son visage émacié. Il n’y avait pas eu mort d’homme, au sens littéral du terme, enfin il y avait juste cette mère grand, privée d’une canne vitale qui avait failli se faire avaler toute crue par les flammes mais elles lui avaient juste léché sa jambe abîmée, pas de quoi en faire une montagne. Sans doute, elle n’était même plus de ce monde à l’heure où ils se dévisageaient malicieusement. Stoïque devant sa connaissance de longue date, elle lui dévoila toutes ses dents blanches avec grand plaisir. Voilà qui était plus sage, le mot vengeance venait de faire briller ses lèvres, toutefois, le ton manquait cruellement de conviction et l’esprit de Cadence épousait de plus en plus l’idée de cette terne et ennuyeuse troisième option. Ses maximes, sonnant comme un présage de mauvais augure, n’étaient que fumée, enfin, en toute apparence. « Huuuuum .. Tu es sûr qu’un tel motif te donne droit aux clefs du château ? J’aurais plutôt songé à un an supplémentaire de purgatoire avec un boulet de prisonnier au pied pour parfaire le tableau. », évalua-t-elle d’un air pensif trompeur. La coupable qui se payer le loisir de jouer de son sarcasme par-dessus le marché sans vergogne, qu’elle était de mauvaise foi quand le cœur lui en prenait. Même pas un merci jeune homme d’avoir supporté l’aiguille cousant votre bouche, ou un sourcil plié par l’inquiétude de son séjour chez les dompteurs d’adolescents rebelles. Oui, du haut de son un mètre soixante-sept, la marseillaise se risquait à froisser la pensée de ses voisins mais elle ne faisait pas dans la solidarité et seule son espérance de vie mérité son attention. Le Sterling n’avait été que la bonne poire qui l’avait dépêtré d’un filet des plus compliqués. Sans sa gentillesse à porter le sombre drame sur ses épaules, peut-être que ses parents, dotés de la même capacité d’aimer qu’un vulgaire caillou, auraient expédié ses valises roses dans un endroit plus glacial où le feu ne prenait pas. Exilée, une de ses moues accablées ne lui aurait pas suffi pour faire pencher la balance en sa faveur. Elle l’observa amener ses prunelles vers le monde des nuages, ah ça y est, elle parvenait à présent chatouiller ses nerfs. Non, il donnait juste une dimension théâtrale à ce truc, emprisonné par ses doigts. Elle ne le reconnut pas tout de suite, son attention bien trop prise par ses songeries les plus noires. Mais quand le projectile quitta son nid et s’envola brusquement dans sa direction, elle le retint captif dans sa paume par réflexe. L’objet était froid et son matériau désagréable au toucher, elle ouvrit sa petite main fine pour y découvrir la cause de ses ennuis. La même coupe argentée, le même dessin vaseux, ses yeux s’agrandirent face à la découverte. Agacée d’avoir trahi son ressentiment, ses sourcils se courbèrent de contrariété et pendant un cours instant, elle voulut ouvrir la porte avec fracas, balancer le bien dans le premier chiotte venu et enclencher le tourbillon qui le ferait disparaître à jamais. Mais elle freina son envie, retenue par sa conscience et non désireuse de passer pour une hystérique. Ce comportement était puéril et elle n’était plus la blondinette impulsive qu’il avait connu, quoique. « Ce n’était pas le mien je te rappelle. La seule chose que j’ai oublié est de te remercier … ». Elle baissa les yeux au sol, caressant du regard le sol sombre, préférant éviter son regard pour ce qu’elle s’apprêtait à déclarer. Elle n’avait pas l’habitude d’autoriser une certaine fragilité filtrer sa posture. Les bras fleurant le long de son corps, droite comme un i, son visage restait caché, comme si elle éprouvait enfin la honte de ses actes, ses épaules, haussées, comme demandant de l’excuser pour les dégâts apportés. La vulnérabilité abritait son attitude mais sa voix se fit plus assurée, engagée à faire face à l’adolescent grandi. « Te remercier de m’avoir diverti durant ce long rendez-vous d’industriels aussi pathétiques les uns que les autres. C’était d’un ennui mooooortel. ». Le dernier mot était appuyé d’une voix ensommeillée et elle feignit réprimer un bâillement, le regardant de nouveau dans les yeux, en attente d’un acquiescement de sa tête blonde, comme pour confirmer ses dires sur l’ambiance de la fête. En fait, ce n’était pas sa fatigue qu’elle réprimait, mais un rire mesquin qui risquait d’un instant à l’autre de contracter ses lèvres. Peut-être qu’il en avait rien à foutre de son merci, mais le collant dans l’attente d’une reconnaissance par la Cadence Marie Levy-Carcenac était des plus jouissifs. Une jolie garce, il pouvait le penser, la légèreté avec laquelle elle prenait la chose et le foutage de gueule en prime depuis que leurs pas s’étaient rencontrés sur la moquette bordeaux, ne faisaient pas d’elle la plus adorable des filles. Il ne fallait pas le prendre mal, chaque bon citoyen qui avait eu vent des exploits de la française savait pertinemment qu’elle se sentait supérieure à la populace et emmerder son monde était coutume de sa froideur habituelle. D’habitude, plus concise, elle se contentait d’un regard noir à l’inopportun voir pas de regard du tout, il y avait-il plus grand châtiment que l’indifférence. Mais Sterling avait su retenir son attention et ainsi un peu plus d’acharnements, Sterling ou plutôt le passé glorieux qui les liait pour le reste de leur vie, pas de bol. Elle lui sourit de nouveau, dans le même état d’esprit qu’une pause-café avec le collègue préféré avant d’ajouter. « Qu’il est bon de revoir les copains d’avant n’est-ce pas ? Tiens reprends le, tu en auras plus besoin que moi, je n’ai ni cigarettes à allumer ni rideaux à embraser. ». Sur ses dernières paroles rythmées d’ironie, elle envoya le briquer danser dans l’air, désintéressée de sa trajectoire future et tourna les talons vers le fond du couloir qui débouchait sur la pièce illuminée où elle était attendue. Adieu Sterling, puisse nos chemins jamais se recroiseront.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyDim 29 Jan - 23:27


Dans la vie, je pense qu’à un moment ou à un autre, il faut se confronter à quelqu’un. Pour se construire, pour faire de soi quelqu’un, il faut nous trouver un opposé, et l’affronter. Pas jusqu’à ce que mort s’en suive, non ; au fond, ce n’est pas l’essentiel. Le plus important, dans ce genre de relation conflictuelle, c’est à la fois l’audace que l’on met dans nos propos, le culot dont on fait preuve, et la patience qui est durement mise à l’épreuve. J’avais trouvé cette personne, ma personne, en la fausse douce qu’était Cadence Lévy-Carcenac. Blondeur angélique, sourire parfait digne d’une publicité pour gamine, apparence à la fois chic et décontractée. Elle avait la grâce, le charme, et la prestance qui qualifiait et définissait si bien les dames de la haute société française. Mais je m’étais méfié, et ce, dès l’instant où son chemin avait croisé le mien, bien des années plus tôt. Seule dans des couloirs sombres et froids, arpentant la demeure sans aucun but précis. Ce n’était pas clair, c’était même plutôt louche : il y avait anguille sous roche. Comment le reflet de la noblesse française pouvait se laisser aller à ce point, allant même jusqu’à vaquer telle une âme en peine ? Comment ses parents, sans doute aussi « parfaits » que les miens, avaient-ils pu perdre leur douce progéniture de vue ? Et pire : comment cette représentante d’une grande famille pouvait-elle se laisser aller à parloter avec un adolescent qu’elle ne connaissait pas ? Et puis soudain, comme une révélation, ça a fait tilt : elle était trop parfaite pour être honnête. Quelque part dans le personnage, créé de toute pièce, il y avait une faille. Laquelle, ça, je ne le savais pas encore. Peut-être même ne le saurais-je jamais. Mais au fond de moi, j’en étais sur, blondie avait un défaut. Cependant, je n’avais pas eu le loisir de poursuivre attentivement ma petite enquête ; en une fraction de seconde, l’épais rideau de velours s’était embrasé, avant de s’écrouler lourdement sur le sol. Mais nous n’étions déjà plus là pour témoigner de cette chute, qui avait alerté et fait bondir l’assistance somnolente d’industriels qui discutaient affaire. Ils n’avaient pas tardé à trouver les deux coupables de cette honteuse action ; mais avant même que je ne puisse avoir le temps de jeter un coup d’œil à l’autre coupable, j’avais été fortement saisi à l’épaule, et les ténèbres m’avaient avalé, pour ne plus jamais me laisser partir.

« Voyons ma chère Cadence… » Commençais-je avec un sourire mauvais qui en disait long. J’espérais qu’elle avait noté l’emploi de son prénom. Si elle m’avait un peu mieux connu, elle aurait su que ce n’était pas bon signe. « Même les criminels qui prennent perpétuité sortent au bout de vingt ans. Tu ne pensais quand même pas qu’on allait me garder éternellement… » Continuais-je, très sur de moi. Je ne savais pas vraiment si elle avait eu vent de ce qui m’était arrivé, après cette soirée. Avait-elle fini par savoir que je m’étais retrouvé en Angleterre, perdu dans les couloirs d’un pensionnat strict ? Je me demandais ce qui était en train de se passer dans la tête du faux angelot blond qui me faisait face. Au cours de ses dernières années, nous n’avions plus eu l’occasion de nous revoir. D’ailleurs, comment aurait-ce pu être le cas ? Je m’étais émancipé, toujours un peu plus, de l’autorité parentale. Quant à elle, j’imaginais qu’elle avait fini par lâcher la main de sa mère. Main qu’elle avait pourtant tenue, saisie, serrée de toutes ses forces. Elle s’y était cramponnée, avait placé toutes ses forces dans cette étreinte. Pauvre mère, qui n’avait probablement pas vu l’hypocrisie naissante et grandissante de sa petite fille chérie. Hypocrisie qu’elle avait exercée contre moi, préférant m’enfoncer plutôt que de m’aider à m’en tirer. Garce qu’elle était, quand j’y pensais. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, je ne ressentais aucune haine, aucun mépris envers Cadence. A l’époque, j’avais tempêté, ruminé, essayé de faire entendre à mon père que cette situation avait été le fruit d’un malheureux concours de circonstance. Elle m’avait volé mon briquet, j’avais voulu le reprendre, mais le rideau avait été trop près. En aucun cas, il ne s’agissait d’une quelconque manigance, en aucun cas j’avais commis cet acte volontairement. Mais les mots n’avaient pas suffit, et déjà à ce moment de ma vie, les relations avec mes parents avaient commencé à s’étioler. Je n’avais pas eu de seconde chance, et puis finalement, le temps avait fait son effet : les relations s’étaient davantage refroidies, endurcies. Aujourd’hui, il y avait plus qu’un monde entre moi et mes géniteurs. J’ai eu un sourire amusé alors qu’elle disait qu’elle avait oublié de me remercier. J’ai chassé ses paroles d’un geste, peu impressionné par sa volonté de se racheter. A vrai dire, je m’en foutais comme de l’an quarante. Tant mieux pour elle, ça me faisait une belle jambe. « Tu sais, pour être tout à fait honnête, c’est plutôt moi qui devrais te remercier. » Avouais-je. Je jubilais déjà à l’idée de voir le visage de Cadence Lévy-Carcenac se décomposer. Je l’imaginais déjà ; elle qui était si sure d’elle, si sure d’avoir raison, apprendre qu’en réalité, elle m’avait rendu un fier service. « La vérité, c’est que ce petit séjour m’a été plus que bénéfique, et rien n’aurait pu m’arriver de mieux. » En espérant que ton monde s’écroule, sale garce. Parce que oui, si au début, j’avais été plus qu’agacé d’être placé dans un strict pensionnat Anglais, force est de constater que ça m’avait plutôt réussi. Enfin, de mon point de vue en tout cas. J’avais rencontré des gens exceptionnels, qui faisaient toujours partis de ma vie aujourd’hui. Camille Dupenher, l’Alpha si sérieux et si studieux, mon exact opposé, le meilleur ami dont je pouvais rêver, était de ces gens que le pensionnat m’avait apporté. J’ai eu un petit rire amusé, résultat de cette jubilation intense, suite à ses paroles. Ah Cadence, sacrée Cadence, toujours le mot pour rire. « Voyons ma chère, à d’autres. » Commençais-je, sans me départir de mon sourire narquois. Ce plus fidèle allié, celui qui me plaçait en position de force dans bien des situations, qui déstabilisait tant les personnes qui me faisaient face. A ton tour Cadence. « Tout dans ton attitude montre l’incertitude, l’hésitation. » Soufflais-je. Ses bras ballants, son regard fuyant. Etais-je en train de titiller, du bout des doigts, l’une des failles de la Lévy-Carcenac ? Elle qui semblait si imperturbable, si inébranlable, se montrait désormais sous un angle bien moins glorieux. Finie, envolée la fierté qui l’animait au début de notre rencontre. Sa prestance s’était enfuie en une fraction de seconde, et son manque d’assurance faisait peine à voir. « Et n’essaye pas de me contredire, parce que tu sais pertinemment que c’est vrai. Sinon, tu ne mettrais pas tant d’ardeur à te défiler… » Ajoutais-je, toujours en murmurant. Le coup de grâce, le coup de vent qui faisait s’effondrer le château de cartes. Celle qui avait mis tant d’ardeur à fuir, des années plus tôt, serait-elle rattrapée par l’affreux sentiment de culpabilité ? La honte emparerait-elle vraiment le corps et l’esprit de l’héritière Lévy-Carcenac. En cet instant précis, j’étais un peu près certain qu’elle ne rêvait que d’une chose : utiliser les talons aiguilles de ses escarpins pour me piéter. Dommage pour elle, car cette fois-ci, sa chère et tendre mère ne serait pas dans les parages pour lui sauver la mise. Elle ne pourrait pas s’agripper à elle comme une gamine, ni courir pleurer dans ses jupons, et encore moins me pointer avec un doigt accusateur. Non, cette fois-ci, elle était seule, définitivement seule, face à moi. Elle devrait se débrouiller, affronter le requin de ses propres mains, comme une grande fille. Personne ne serait là pour lui sauver la mise, si tant est qu’il y avait encore quelque chose à sauver. Comme pour mieux lui rappeler et souligner sa culpabilité, j’avais plongé ma main dans ma poche, à la recherche du malheureux objet qui avait été la cause de bien des maux. Un briquet. C’était dingue de voir comment un si petit objet, si insignifiant, pouvait bouleverser le cours d’une vie. De la mienne, en l’occurrence. Peut-être même celle de la Lévy-Carcenac, mais ça, je m’en fichais royalement. Elle n’avait pas été punie pour ses actes, tant mieux pour elle, mais j’étais certain qu’elle n’en oubliait pas pour autant les choses. « Tellement bon. » Assurais-je en souriant, comme si je parlais d’un sujet tout à fait banal. Or, c’était tout sauf le cas. Il faut croire qu’il y a certains événements qui changent une vie. « Surtout toi. Le fait de savoir que tu as bouleversé ma vie, à ce point… » Commençais-je, laissant ma phrase en suspens. Ah Cadence, tu voulais te foutre de moi, mais tu as dû oublier qu’à ce petit jeu, nous sommes deux à exceller. « A croire que ta vie est vraiment ennuyante à mourir… » Dis-je en roulant des yeux, attrapant mon briquet au vol. Depuis quand l’héritière était-elle devenue si plate, si insignifiante ? Elle qui, autrefois, avait su rythmer son quotidien par des actes frôlant la pyromanie, s’était-elle rangée pour assumer les conséquences de son rang ? Je peinais à y croire. Réprimer ses actions, elle était tombée bien bas. « Si tu avais besoin de moi pour mettre un peu d’exotisme dans tout ça, il suffisait juste de demander. » Dis-je en la rejoignant. Décidément, blondie était une pro de la fuite ; toujours prête à s’éclipser, dès que les choses commençaient à devenir intéressantes. Mais si plus jeune, elle y était parvenue, ce soir, ça risquait d’être bien plus difficile. J’ai passé mon bras sous le sien une fraction de seconde avant d’entrer dans une salle, baignée d’une lumière artificielle, avant de murmurer : « Allez, souris Cadence. Nos parents auront forcément vent de la soirée, et ils seront raviiiis de nous savoir réconciliés. » Murmurais-je à quelques petits centimètres de son oreille, en insistant bien sur le « ravis ». Je devais bien reconnaître que j’étais plutôt fier de ma dernière trouvaille pour lui empoisonner l’existence, pour lui pourrir la soirée. Et advienne que pourra.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyJeu 2 Fév - 18:50



    Ce sourire, s’étirant en longueur et n’éprouvant aucune joie de vivre, figé dans le temps, il semblait inerte alors qu’il était mobile. Comme la peinture vernie sur le visage d’un clown effrayant. Il ne se voulait ni joyeux, ni heureux, juste laissant un pressentiment mauvais, avide de remporter son adversaire par le pire sentiment du monde, la frayeur qu’il suscitait. Tel se dressait le visage blafard de Sterling, décoré de cette fausse sympathie surjouée et ce désir de ne pas vaquer ailleurs. Elle poussa un soupir, agacée par ses singeries et priant pour qu’on l’enferme dans une cage. S’il se révélait aimable à l’avenir, elle se déplacerait d’un bon sentiment et viendrait lui jeter des cacahuètes. Que le monde était injuste et la nature impitoyable, si la plupart des fleurs naissaient belles, à l’échelle humaine, il y avait des merveilles comme Cadence Marie Levy-Carcenac et des boulets irrécupérables comme Sterling Achille, bon à enfermer. Comme il l’avait souligné, même les oiseaux les plus laids venait à gagner leur liberté, il fallait juste qu’ils se montrent vigilants pour ne pas se faire dévorer au premier battement d’ailes. Malheureusement pour lui, le gamma préférait voyager à l’aveuglette, mauvaise idée. « Loin de moi cette idée. Le monde entier s’empresse de se débarrasser de toi Sandlide. Même les pestiférés veulent s’ajourner de toi, n’est-ce pas triste ? ». Simple constat. Aujourd’hui comme il y a quelques années, il était vêtu de cet habit qui s’appelait solitude. Il avait beau feindre qu’il le vivait bien, que son indépendance était à prix d’or et que la seule main dans laquelle il pouvait frapper avec certitude était la sienne, Cadence savait qu’une once de chaleur humaine était la meilleure des guérisons. Il fallait juste avoir la jugeote nécessaire pour en jouer quand l’on n’était pas prédestiné à offrir de l’amour à foison. Mais avec ce ton engagé dans le jeu, il lui avait donné envie d’en faire un pantin sur lequel elle pouvait tirer les bras, les jambes, juste pour faire mal et juste par plaisir. Fine spéculatrice, elle avait commencé par lui vendre un merci sans grande conviction, ironique. Il avait pris la peine pour elle, endossé le costume à rayures blanches et noires mais elle ne lui était pas reconnaissante pour autant. Il avait juste été un pion sur l’échiquier qui s’était sacrifiée pour la reine et la culpabilité n’avait pas marqué son Adn le vingt-sept août mille neuf cents quatre-vingt neuf. Toutefois sa curiosité fut piquée au vif quand il laissa échapper sa maxime de gratitude. Elle l’avait fait prisonnier d’une tour d’ivoire et il lui souriait, elle était la raison de son exil et il la remerciait, elle l’avait frappé à la joue gauche et il lui tendait la joue droite. L’air salé de l’Angleterre avait dû laisser quelques séquelles persistantes. Elle l’observait agir, décontracté, amusé, comme si il retrouvait une vieille amie perdue, ce qui n’était nullement le cas et la rendait plus froide que d’accoutumée. Les prunelles blasées, elle étudiait son visage comme si elle était en laboratoire et dépecer un cœur de porc. Après quelques secondes passées dans le silence, elle reprit goguenarde, « Que ta vie doit être fade, une misérable existence vécue dans le noir sans la petite lueur d’une bougie… Puis, le grand brasier est arrivé, telle une bouée secourable pour un homme à la mer. ». La meilleure chose qui lui soit arrivée ? Sérieusement. Son rire cristallin se répercuta sur les murs de la bâtisse, produisant presque un écho cruel. Ses magnifiques perlent blanches dévoilées à son interlocuteur, sa silhouette était moulée délicieusement dans une robe qui paraissait avoir été taillée pour sa personne et en faisait une magnifique créature. Certes, une magnifique créature du diable. Lassée d’une conversation sans but, elle projeta le briquet dans les airs d’un geste de paume bien étudié, lui tournant le dos et le confrontant à sa blondeur qu’il ne reverrait désormais plus. Mais ses pas furent ralentis par un tapis roulant de paroles, allant dans le sens inverse de sa marche. Devenant plus bavard, son acolyte aux traits émaciés ne la prenait plus au sérieux, tellement aveuglé par son égo d’assurance, il en venait à conter des idioties bonnes à dormir debout. Elle n’avait plus six ans et les histoires de Raiponce ne l’intéressaient plus. Le jeune homme au sourire narquois était persuadé que comme n’importe qu’elle âme qui vive, elle possédait une faille mais il se fourvoyait lourdement, elle était conçue de matériaux plus vigoureux. Elle se tourna un instant et frôla la moquette de ses iris, regardant Sterling s’enfonçait de plus en plus profondément dans des sables mouvants dont il n’était aisé de se dépêtrer. Ses yeux déviés de la conversation comme désintéressés, alors que son oreille restait concentrée sur son flot de paroles incessant, amusée. Wrong, wrong and wrong again. De surcroît il se pensait malin, rendant sa situation plus pitoyable encore. Ce n’était pas comme si elle avait dégainé une arme blanche sous ses yeux pour tuer un passant de sang-froid, aucune raison ne se présentait pour la rendre nerveuse. Son talon ne battait pas la moquette d’anxiété mais d’impatience, encore un monsieur qui désirait se faire plus intelligent qu’elle et la rendre hystérique coûte que coûte. Elle se demandait quelle attitude inspirait telles volontés. Non, en fait elle s’en fichait. La conclusion venait de poindre, il se délectait de ses fadaises, pauvre garçon. [color]« Rassure-moi, tu n’étudies pas la psychologie j’espère, l’analyse comportementale, la description de chaque petit mot déclaré par l’oratoire ? Je te dis cela pour t’aider puisque tu n’as aucun avenir en tant que profiler. »[/color]. C’était on ne peut plus évident. L’héritier industriel devait promenait trop souvent son regard sur la lucarne et parer la vie réel avec le même entrain qu’un enfant de cinq ans. Ses répliques lui firent lever les yeux au ciel. Elle possédait déjà tout ce qu’elle voulait et rien ne brillait de son absence, en fait si, une seule chose : l’ennui. Sa vie avait toujours été bousculée, lui arrachant tous les répits mérités, c’était son film préféré jouant en boucle dans le lecteur sans jamais se rayer. « Heureusement pour toi, tu n’en fais pas partie. », bâilla-t-elle gracieusement, en dissimulant sa bouche en « o » derrière sa main de princesse méticuleusement manucurée. Et n’essaye même pas, pensa-t-elle. Se complaire de justifications en justifications, elle se l’était épargnée, se fichant éperdument de ce qu’il s’évertuait à croire, que ce soit un admirateur de la fée des dents ou un féru du gros papa rouge. Pas un sourire, pas une grimace. La magnifique plante se détourna une nouvelle fois de son fardeau et la mélodieuse symphonie de ses talons rythma le parquet avec goût. Sans succès. Il la suivait à la trace, comme une ombre, cousue à la semelle de ses chaussures. L’exotisme elle en avait, en veux-tu, en voilà. Eloignée de ses terres, elle découvrait le nouveau monde d’une attitude polie et ne voulait pas alourdir ses coûts par la location d’un guide. A moins que ce dernier se révèle être une gravure de mode, une brève œillade vers Sterling lui affirma qu’il ne possédait pas les atouts requis. « Et je ne demande pas. Vas agiter tes maracas ailleurs, à des milliers de kilomètres par exemple. », suggéra-t-elle impartiale. Qu’il s’éloigne de sa route déjà trop bouchonnée, surtout que Sterling conduisait un très lourd camion au chargement pondéreux, il déguelassait tout le beau paysage qu’elle voyait à travers son parebrise. Mais l’accident surgit tout de même, en plein carambolage, elle sentit son bras se glisser sous le sien et la maintenir captive. Elle siffla son mécontentement mais la lumière la fit briller comme la pièce maîtresse de l’exposition et tous les sourcils avaient dévié vers sa grandeur. Son rictus de dégoût se transforma en un sourire ravi d’un coup de baguette magique. Elle reconnut quelques visages amis de Berkeley auxquelles elle accorda un signe de tête élégant. Intérieurement, elle maudissait férocement le doyen par qui ses orteils se retrouvaient à jouer du tango sur le parquet ciré de la bibliothèque municipale. Foutue réputation, maintenant on punissait les plus charismatiques et les plus érudits. A chaque évènement colossale, on courrait jusqu’à elle, pressant deux mains abîmées et suppliantes sous son nez, comme si elle était le héros de Gotham City. La chanson de Sterling irrita son tympan sans qu’elle ne laisse rien y paraître. Il venait de s’inviter à la pire soirée de toute son existence. S’il ne la connaissait pas encore, il saurait bientôt qu’elle tirait flèche empoisonnée sur flèche empoisonnée, la petite aventure « on enflamme la piste de danse des industriels » n’était qu’une bande annonce, appâtant spectateurs au balcon. « Monsieur et madame Sandlide en particuliers. Fiers pour la première fois de leur fils après une vingtaine d’année. ». Elle laissa une demi-minute filer, alimentant le suspens, avant de poursuivre, « Tu réussis là où ils ont échoué. Te promener au bras d’un Levy-Carcenac, grand moment de gloire pour de simples patrons d’industrie. ». Son visage se fendit en un sourire rayonnant. Et maintenant, manquait-elle d’assurance ? Certainement pas. Il n’était qu’un benêt ignorant à qui elle apprendrait ô combien elle pouvait être agaçante et ô combien elle pouvait être pernicieuse. « Tu as encore la possibilité de me rendre mon bras et de filer par la porte de derrière. Ni vu, ni connu. », dit-elle froide, sans lui accorder l’attention d’un regard. Grand bonheur, une issue de secours, jour de bonté. Qu’il ait le bon sens de la saisir, tant qu’il en était encore temps.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptyMar 7 Fév - 23:13


Je savais parfaitement que Cadence se foutait de ma gueule. Elle était la reine des glaces incarnées, celle qui écrasait son monde avec son talon aiguille, sans se poser aucune question. Elle n’avait d’égard pour personne, excepté elle-même. Je me demandais ce qui avait pu se passer, pour qu’elle soit comme ça. Evénement traumatisant au cours de sa jeunesse ? Forts problèmes avec ses parents ? Une quelconque bipolarité ? Ou simplement une tare familiale, qui n’avait fait que se reproduire sur la descendance Lévy-Carcenac ? Le mystère restait entier, et aussi perspicace que j’étais, je ne risquais pas de trouver le fin mot de l’histoire. Cadence restait l’inconnue, la fille sans cœur, la blonde accusatrice que j’avais connu, bien des années plus tôt. Evidemment, je ne comptais pas m’en faire une amie – même si elle m’avait rendu un fier service, en me dénonçant comme l’unique coupable – mais j’aurais simplement aimé que ma curiosité soit satisfaite. Tant pis pour moi, il me faudrait m’asseoir dessus. J’ai eu un petit rire ironique à l’entente de ses paroles. Chante, chante bel oiseau, avant qu’un vautour ne passe pour t’arracher les ailes. « Ma pauvre, si tu savais comme tu es loin de la vérité. » Franchement Blondie, si tu croyais pouvoir me blesser comme ça, tu te fourres le doigt dans l’œil, et bien profond. Si elle était froide, solitaire, sans aucune autre attache que son frère, forcément, elle ne pouvait pas comprendre. Elle pensait régner en maître sur ses sujets, parfait, tant mieux pour elle. Elle ne le sait peut-être encore pas, mais plus dure sera la chute. Parce que oui, forcément, un jour, elle allait s’écrouler. Je ne savais ni quand, ni comment, ni ce serait dû à quoi ; mais ça arriverait, j’en étais persuadé. « La roue tourne », comme on dit. J’étais presque sur qu’un jour, tout finissait par se payer. Tout ce que l’on avait fait de mal, toutes les conneries qu’on avait enchaîné, toutes les fourberies dont on avait fait preuve. Le châtiment n’est jamais très loin, et plane toujours au dessus de nos têtes. Prends garde Cadence, le ciel pourrait s’abattre sur ta tête plus tôt que prévu. D’un geste nonchalant, j’ai balayé ses paroles, qu’elle voulait sans doute assassines. La pauvre, si elle savait à quel point je me foutais de son opinion ! En lui avouant ça, je voulais simplement qu’elle se rende compte que son plan initial – à savoir me désigner comme seul et unique responsable des dégâts – avait fonctionné, mais mieux qu’elle ne l’avait sans doute espéré. Oh bien sur, ça m’avait énervé, les premières semaines. Et puis, loin de mes parents, de leur emprise, de leur volonté de me façonner à leur image, j’avais pris ma vie en main. Ils disaient blanc ? Je disais noir. Ils voulaient ça ? Je désirais l’exact opposé. A partir de cet instant, je n’avais rien fait d’autre que m’opposer à eux, tout en prenant de la hauteur. Ma mère n’avait strictement rien d’intéressant ; elle n’était qu’une vulgaire épouse, n’ayant qu’un semblant de pouvoir, incapable de réagir face aux pires trahisons, accrochée comme un boulet au chéquier de mon père. A mes yeux, ça l’avait toujours rendue faible, pitoyable. Elle était vénale, incapable de se prendre en main et de s’assumer. Je détestais les gens sans caractère, sans fougue : je détestais ma mère. Quant à mon père… Force est de constater que la roue avait commencé à tourner, pour lui. Jasmine avait fait une entrée fracassante dans le décor, propulsée comme un fléau. J’avais été surpris, certes, mais ça n’avait pas duré. Et comme pour enfoncer le clou dans ma relation avec mon père, je m’étais rangé du côté de la Gamma. Pas officiellement – après tout, elle n’avait pas besoin de savoir que je la soutenais, elle était suffisamment grande pour se débrouiller seule – mais officieusement, j’avais dit ma manière de penser. « Oh Cadence, la lumière de ma vie. Que ta présence divine vienne illuminer mes prochains matins. » Chantonnais-je, moqueur. Allez sale garce, rentre pleurer dans les jupons de ta mère comme tu as si bien su le faire, et laisse les grands jouer entre eux. L’ange blond prétendait faire le poids, mais on n’est le plus fort que jusqu’à ce que l’on tombe sur plus fort que soi. Et voilà que j’étais en train de me découvrir des talents de philosophe, merde. « Non, non, soi rassurée. Même si personnellement, je pense que tu ferais un bon cas. T’sais, la reine des glaces, et toutes ses conneries… Ça doit bien cacher un bon complexe, ça. » Lâchais-je, sans me préoccuper un seul instant de ce qu’elle pouvait penser ou ressentir. Je restais campé sur mes positions ; il y avait un truc. Un psy aurait sans doute trouvé son cas très intéressant ; névrosée à souhait, garce de mère en fille, haute famille française… Il y avait du lourd, forcément. J’ai eu un petit rire alors qu’elle me demandait de m’en aller. Classe et polie, comme d’habitude. « Bientôt, bientôt. Moi aussi, j’ai hâte de quitter ton air empoisonné. » Assurais-je avec un sourire. Moqueur ? Certainement. Mais néanmoins parfaitement réaliste. Le mal incarné. Voilà ce qu’elle était. Dans un délire de film satanique, elle aurait été la personne possédée, celle qu’il fallait à tout prix exorciser. Comparaison peu flatteuse à son égard, j’en avais bien conscience, mais elle assumait ce côté noir. Ce qui était tout en son honneur, soit dit en passant. Mais en attendant, « Miss Evil » allait m’aider à faire bonne impression, qu’elle le veuille ou non. Avant d’entrer dans la salle, mon bras glissa sous le sien, nous faisant donc cavaliers. Cette grosse blague, tiens. « Je t’en prie… » Dis-je en souriant, amusé par sa réflexion. Décidément, son estime d’elle-même était haute, un peu trop haute, même. « C’est loin d’être un honneur pour moi. Tu sais pertinemment que je suis en train de me servir de toi. » Et puis si t’étais pas au courant, et ben maintenant, tu l’es. Désolé ma petite Cadence, mais je me balance de toi comme de l’an quarante. Elle n’était qu’une façade, une apparence, un moyen de me faire accepter plus facilement. En tant qu’héritière, elle devait fréquenter assidument ce genre de soirées, non ? Ce qui n’était pas mon cas. Au milieu des vieux croulants, je faisais office de bleu. Alors autant frapper fort, très fort, pour me faire une place au soleil. « Non, je pense plutôt que je vais te planter là. » Lâchais-je, scrutant la foule. Punaise, mais il était où, ce vieux gâteux ? La ponctualité, il connaissait ? A moins que ce soit encore un moyen idiot de se rendre intéressant. « Rapidement, ne soit pas si impatiente. » Continuais-je, jetant un rapide coup d’œil derrière moi. Toujours personne en vue. J’aurais pu la faire chier pendant de longues heures, encore. Accroché comme une sangsue à son bras, je n’espérais qu’une chose : qu’elle craque. Je voulais qu’elle se sente agacée, qu’elle piétine d’impatience, qu’elle râle, et qu’elle finisse par faire un pas de travers. Parce qu’au fond, si la statue de cire fasse à moi était indifférente à tout sentiment, j’étais un peu près convaincu que sa patience avait des limites. De grandes limites, même. Et c’est bien connu, quand les Lévy-Carcenac s’énerve, ce n’est jamais très beau à voir. Déjà, j’imaginais les très fins de Cadence se plisser, se serrer. La beauté serait partie, envolée, chassée par ce naturel haineux revenu au galop. Physiquement, elle n’aurait plus rien du petit ange blond ; au contraire, la bête se révélerait aux yeux du monde. Le mythe s’effondrerait, comme un château de cartes installé précairement. Et ce serait la fin de Cadence Lévy-Carcenac. Mais par chance pour elle – enfin, si on pouvait dire ça comme ça – l’objet de ma visite ici se présenta sous mes yeux. Et voilà Papa, cible en vue, il me fallait passer à l’attaque. Dès maintenant, avant que ce vieux croulant ne commence à somnoler. Ce soir, je comptais bien réussir la dure tâche que j’allais entreprendre. Non pas pour faire plaisir à mon père, ça non, c’était même le cadet de mes soucis. Je comptais réussir parce qu’au bout, si mon père signait, je savais qu’il y aurait une récompense derrière. Rien de bien folichon, si ce n’est un chèque, de préférence avec quelques zéros à la fin. Malgré les relations froides et tendues que j’avais avec mon paternel, je devais bien lui reconnaître une qualité : il avait le sens des affaires, mais surtout, le sens du « retour d’ascenseur ». Non pas que je sois financièrement au bord du gouffre, loin de là ; mais je ne crachais pas sur certains bénéfices. Service rendu, récompense oblige. De toute façon, s’il « zappait » ce petit détail, il se doutait pertinemment qu’il recevrait un coup de fil bien haineux, qui l’encouragerait à faire un virement dans la minute. Désormais, il ne me restait qu’à mettre les bouchées doubles pour l’impressionner, et le convaincre de signer ce foutu contrat. « J’ai été ravi de te recroiser, Cadence. » Dis-je en accompagnant mes mots d’un sourire qui signifiait l’exact contraire. La vérité, c’est que j’aurais aimé ne jamais recroiser ta tête de garce, ma chère. « Au plaisir que ça ne se reproduise pas. » Soufflais-je en m’éloignant vers l’objet de ma venue ici. Le Mal pouvait retourner vaquer à ses occupations louches, peu recommandables, vampiriser quelques invités présents. Quant à moi, comme bien des années plus tôt, j’ai brutalement disparu de son champ de vision.
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MessageSujet: Re: Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - Some say the world will end in fire, some say in ice. - C&S - EmptySam 18 Fév - 17:42

    Sterling Achille : petit individu blond au teint cireux et regard mauvais dont les commissures se relèvent en un rictus narquois, creusant encore plus gravement ses joues maigres. Telle était la définition exacte qui lui encombrait la vue. Et voilà qu’il la plaignait, il lui offrait bien plus d’attention qu’elle ne l’espérait et qu’elle ne lui donnerait jamais. « Evidemment, quand l’on s’attarde sur ta côte de popularité, tu es le plus aimé de tous. », annonça-t-elle ironique. Poor lonely boy. Il était seul, confrontait à sa solitude. Comme si les autres étudiants avaient peur d’attraper sa rage, cette boule de problèmes qui le suivait partout et qui faisait de lui l’un des abonnés du commissariat des environs. Qui voudrait traîner ses baskets aux côtés de pareille vermine, une seule réponse était envisageable et personne ne lèverait la main pour hériter de tels legs. Elle souriait tout en suivant la parade de personne qui papillonnait de tableau en tableau, un petit air supérieur coutumier sur le visage dont personne n’aurait l’audace de s’offusquer. Une sérénade gâcha sa contemplation et elle pria pour qu’il se taise à jamais et qu’il arrête de s’enfoncer dans le ridicule. A la rigueur il pourrait faire coq de bassecour mais sa carrière n’avancerait plus d’un pas. « Si tel est ton souhait je promets claquer mes talons dans le pavillon gamma un prochain matin. ». Blaguait-elle, blaguait-elle pas ? Telle était la question et seul l’avenir pouvait résoudre pareil problème. Elle entendit sa langue fourcher en une douloureuse contraction à ouïr qui faisait perdre toute sa valeur à la langue de Shakespeare. La prenait-il pour l’une de ces marron écervelées ? La familiarité dans sa voix n’était pas appréciée, ce qui rendit son animosité encore plus grande. « Comme le pauvre camé qui finit derrière les barreaux à chaque fin de mois. Dis-moi Sterling, qu’est-ce qui te motive à ce point, de l’amertume, une haine contenue, un manque d’affection très fortement ressenti durant l’enfance ? Je suis toute ouïe. ». Sourcil parfaitement dessiné, arqué dans sa direction pour mettre ses nerfs à rude épreuves, telle une funambule, elle dansait férocement sur une corde sensible, espérant le déséquilibrer et précipiter sa chute dans le vide. L’annonce du départ, grande joie. Enfin il allait voir s’il elle y était ailleurs, ce n’était pas trop tôt et elle ne pouvait qu’approuver sa déclaration. « Avant d’y suffoquer. Voilà une astucieuse décision Achille, pars avant que l’une de mes flèches aiguisées vienne se nicher à ton talon. ». Oui les apparences sont souvent trompeuses, on pouvait être une déesse blonde et être incollable sur la mythologie grecque, surpris ? Sterling ne perdait pas de sa superbe et ses paroles lui arrachèrent un sourire, ainsi croyait-il être le maître du jeu, il était encore plus dénué de jugeote qu’elle ne le pensait. « C’était parfaitement ce que je contais Ghost Rider. Tu empruntes mon nom en diamant pour que le tien brille du même éclat aux yeux de la salle mais fais toi une raison, une telle chose n’arrivera jamais. Tu es frein par l’impossible à mon inverse. ». Réalité que tu fais mal. Après le quart d’heure antique venait la minute bande dessinée et personnage culte. Elle venait de remettre les pendules à l’heure et de le faire descendre de sa moto en flamme, Marvel qui prétendait être. Pour l’instant, elle avait l’impression d’évoluer dans la pièce avec une bête rattachée à son bras. Un handicap qui venait ternir sa lumière. Habituée à être le centre de l’attention, le sujet des conversations voisines et que l’on s’étale sur sa beauté européenne ainsi que son apparat, Sterling la faisait fulminer. Tentant vainement de lui piquer la vedette, il ne se doutait à peine qu’il n’était rien d’autre qu’un cafard qui venait abîmée sa parfaite image. Son génie s’emballai déjà, cherchant le désinfectant adéquat, le remède miracle contre les parasites tenaces. Elle grogna au son de sa voix arrogante. Il était trop heureux de son air rebelle, se fourvoyant lui-même, son avenir était tout à fait sombre alors que le sien brillait d’un éclat plus jaune que l’or. De malin, il lui était devenu sot, abruti notoire qui se dandinait devant ses prunelles fatiguées sans qu’elle n’ait demandé spectacle de phénomène de foire. Ses paupières se fermèrent comme pour contenir sa fureur électrique et pour apaiser son courroux. Elle l’imagina muselé, le coup entouré d’une laisse rouge et le corps recouvert de poils blancs comme neige, glissés dans un manteau bordeaux et couteux, le luxe canin. Les paroles du gamma ne résonnèrent même pas d’une manière crédible à ses tympans. La planter là, mot pour mot. Une fumée blanche aurait pu à l’occasion s’échapper de ses oreilles rosies par la chaleur ambiante. Elle était dans son élément, parmi ses pairs et elle avait choisi d’y aller sans escorte, tandis que lui, il était l’anomalie du tableau, réduisant sa côte à la bourse. « Rectification mon joli fléau, je te congédie promptement. Tes traits me sont suffisamment marqués à l’esprit pour les deux heures à venir avant de tomber dans l’oubli derechef. », répliqua-t-elle sèchement afin que les bases soient claires. Elle lui accorda un regard empoisonné comme si juste la caresse de ses prunelles pouvait le transformer en bûcher enflammé. On ne « plantait » pas Cadence Marie Aurore Levy-Carcenac, par contre, à charge de revanche, elle plantait son pieu dans les cœurs environnants. Malgré l’excitation soudaine de son ire, l’oiseau de malheur ne déployait toujours pas ses ailes pour disparaître à l’horizon, préférant solliciter sa patience. Rooooo Sterling, casse-toi à tire d’aile si tu veux survivre. Discrétion mise à l’épreuve, elle glissa sa main fine jusqu’à la patte grossière de son inopportun et dégagea son bras de princesse du membre costumé de Sterling en lui écrasant parfaitement les doigts au passage, et en souriant au même moment à l’assemblée mine de rien. La patience n’avait jamais été son fort, loin d’être la mère de toutes les vertus mais plutôt une cousine éloignée du second degré. Dans l’univers de la française, on s’exécutait à la suite de son claquement de doigt sans poser questions et sans hausser sourcils. « Hors de ma vue et maintenant. », pesta-t-elle, implacable. L’ordre avait fouetté l’air de manière claire et précise, ne laissant pas le choix à son interlocuteur et obligeant ses jambes à s’orienter dans une direction inverse. Si il ne bougeait pas dans la seconde, il allait se passer un petit quelque chose similaire à Hiroshima, engendrant la désintégration de Sterling Achille. Elle fut heureuse qu’il opte pour le bon choix et ait ressenti la menace mortelle envoyée par son trompeur visage d’ange. Elle était à la fois Blanche Neige et à la fois la méchante reine, il était bien déplorable que quelques-uns seulement parviennent à noter cette particularité de son jeu. Il y aurait peut-être eu moins de gains perdus une fois les cartes révélées sur le tapis vert. « Not me. », entonna-t-elle, laissant glisser son accent français pour donner une réponse plus mélodieuse encore et que son air résonne durablement dans l’esprit réduit de l’homme blond au teint blafard. Son dernier sentiment tait donc partagé, elle en était enchantée. Ses commissures se relevèrent élégamment vers la lumière, la rendant encore plus belle et mettant en valeur le maquillage rouge qui laquait harmonieusement ses lèvres. Un dernier regard qui se voulait séducteur et elle pivota sur ses talons vertigineux, le confrontant à son dos albâtre et annonçant un intermède fini. Au son de la démarche qui s’éloignait, sa curiosité fusa en crescendo et son vice l’envahit pleinement. Il avait risqué l’arrogance avec elle et devait en être châtié, ainsi soit-il. Elle bascula sa tête d’aristocrate, suivant ses pas des yeux et avança de sa démarche impérieuse à sa suite. Voyant son costume s’aventurer parmi les robes de grands créateurs, ses pas feutrés continuaient à traquer les chaussures cirées jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent soudainement devant une canne en acajou, tenue par un homme enveloppait dans un vêtement gris qui lui rappelait fortement l’Angleterre. Les traits de l’homme mûr lui étaient familiers, elle l’avait déjà vu parader en compagnie de son brillant père. Sourire mauvais, elle choisit d’amener sa silhouette sous un faisceau qui soulignait à la perfection sa grandeur aux yeux de tous et qui rendait sa présence décelable même pour un mal voyant. La salutation ne se fit pas attendre. Interrompant la conversation qu’il entretenait avec le gamma, son interlocuteur se pressa vers sa taille impeccablement soulignée par sa robe haute couture, dévoilant chaque dent. Même si sa dentition était calamiteuse à son goût, elle fut ravie que sa planification porte ses fruits. Elle se retourna, munie d’une expression agréablement surprise et son sourire s’étira quand elle nota la mine décomposée de Sterling. L'atmosphère fut bientôt baignée de sa voix chaleureuse, chantée plus vraie que nature. «Monsieur Ellington, qu’elle belle surprise. Vous avez finalement suivi mon exemple et opté pour un climat plus doux. ». Son rire poli se répercuta sur les parois de la coupe de champagne qu’il avait en main, calculé minutieusement pour chaque son produit, faisant d’elle une compagnie idéale bien qu’elle n’eut point envie de rire. Une séduisante démonstration de supériorité, bien que jeune, elle était le modèle de tous, cette jolie blonde montrait à Sterling qui avait les rênes entre les mains puisque le cher monsieur Ellington n’oserait jamais contredire les maximes d’une héritière de son envergure, préférant une soumission totale contre un adversaire plus fort et détentrice d’un pouvoir plus grand. Il la trouvait délicieuse sous toutes les coutures. « Oh, vous connaissez monsieur Sandlide. Vous rappelez-vous de votre dernière rencontre ? Il était présent au meeting désireux de la fusion entre les deux plus grandes industries françaises que vous aviez aidé à organiser. Celui qui s’est soldé par un malheureux incendie.. ». Minute de silence pour la catastrophe, sa voix sombre était parfaitement rythmée et maintenait l’homme d’affaire en haleine. Elle savait que Sterling connaissait la chute de l’histoire et que l’anxiété qu’elle la révèle au grand public lui tiraillait le ventre. Il avait voulu se servir d’elle, c’était à son tour d’être servi. « Heureusement que l’évènement n’ait compté aucune victime.. n’est-ce pas monsieur Sandlide ? Vous n’auriez pas été envoyé dans un simple pensionnat pour garçon au comportement difficile sinon.. Je regrette que votre sentence eut été fort pire. ». Elle bascula sa tête d’ange de gauche à droite, faussement navrée par ce qui aurait pu arriver avant de l’achever avec tout le sentiment mauvais qu’il avait fait croître en elle au long de toute la soirée. Elle éclaira la lanterne de leur invité et effaça son air confus. « Vous voyez juste monsieur Ellington, votre interlocuteur était le petit garçon blond au briquet ravageur. Qu’il possède encore d’ailleurs. ». Elle désigna de ses prunelles kaki le métal argenté qui dépassait de la poche du veston appartenant à son acolyte. Et boum, une titanesque explosion qui venait d’anéantir tous les projets futurs du gamma qu’il ait vu venir la grenade. Intérieurement elle jubilait à n’en plus finir et ses iris creusaient les traits déchus de Sterling sans aucune pitié jusqu’à ce que son plaisir soit maximal. Sur ce, elle inclina sa tête impératrice et tourna ses pensées vers d’autres occupations en même temps que ses escarpins grand luxe. Une autre victoire par ko qui venait de s’ajouter à son palmarès.
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