the great escape
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❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin

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MessageSujet: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyLun 5 Déc - 18:46

    ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin Tw20_01-2f6279f ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin W11-1 ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin Clemenceac003
    evan & benjamin sometimes, i still wonder why things happened the way they did.• Who gets to determine when the old ends and the new begins ? It's not on the calendar, it's not a birthday, it's not a new year. It's an event, big or small, something that changes us. ;; Grey's Anatomy

    Los Angeles by Peter Bradley Adams


Dans moins d’un mois, noël. Dehors, le temps s’était rafraîchi et l’air se faisait désormais glacial. Quelques bourrasques soufflaient ; emportant avec elles les feuilles mortes qui jonchaient les pavés des rues. Les couples se tenaient la main en marchant, histoire de se tenir chaud. Moi, je les contemplais avec une boule au creux de la gorge. Trois mois.

Douleur. D’après le Petit Larousse, on en distingue deux formes : la douleur physique, celle qui affecte nos muscles et l’intégralité de notre corps ; ainsi que la douleur morale, beaucoup plus altérée, et qui se traduit par la peine, le désespoir et le chagrin. Dans certains cas, il existe une solution afin de rendre la douleur un brin plus supportable. Un bandage autour d’un genou éraflé, un paquet de bonbon pour un enfant attristé. En ce qui me concernait, j’étais condamné. Pourtant persuadé d’y arriver, j’étais certain d’un jour pouvoir me sortir de tout ça et retrouver cette vie que je désire depuis tant d’années. J’y croyais ; plus que n’importe qui. Et puis le destin en aura décidé autrement. Un jour j’ai tenu au creux de mes mains ce dit rêve sur le point d’être réalisé. Le lendemain, je chutais, laissant ma propre vie me glisser entre les doigts. Tu me manques mon Ange. Sur ma peau continue de trôner notre tatouage : celui de nos deux initiales surplombé de nos anneaux. Alliance qui d’ailleurs avait disparu de mon annuaire et que portait désormais la petite Max autour de son cou. Une pensée vagabonde qui malgré tout avait le don de me faire frissonner de nostalgie. Mon Dieu, qu’elles me manquaient. En l’espace d’une soirée j’avais perdu la femme que j’aimais, la fille que je considérais comme mienne, ainsi que tout espoir d’un jour retrouver une vie sereine. A quoi bon continuer à me faire soigner. L’avantage d’être seul, c’est qu’à notre départ aucune larme ne sera versée. Après tout, n’était-ce pas ce que j’avais toujours souhaité ? Qu’Elle s’en aille et cesse de m’aimer, afin de n’avoir aucune peine le jour de mon départ. Mine de rien, s’il était facile de concevoir cela pour son bien, il était on ne peut plus difficile de le vivre. Dans le fond, j’appréhendais le jour où mon cœur aller cesser de battre. Quel que soit l’endroit où je me trouverai, je serai seul lorsque cela arrivera. Avec un peu de chance, je m’évanouirai au bord d’une plage, et la mer viendra emporter mon corps. Porté disparu, voilà une bien belle mort. Pourvu qu’elle survienne vite… Au plus vite.

Tabac, alcool, et parmi ces débris quelques cachets. Les pilules que j’étais censé prendre pour soi-disant apaiser mes poumons déparés. Une cigarette au coin des lèvres, j’avais décidé d’abandonner. Une de plus, une de moins, ça n’avait plus grande importance. De la main droite, je tâchais d’écrire quelques mots sur un journal que je tenais depuis notre rupture. Faire mine de parler à quelqu’un et se confier à un carnet de papier… Manière originale d’essayer de remonter la pente, ou tout du moins, faire un semblant d’essai. Mes gestes restaient lents, peu assurés. Pris de spasmes, j’arrivais à peine à terminer la phrase que j’avais commencée. Et puis, sans prévenir mon poignet dérapa, dessinant un large tracé d’encre. J’ai hurlé. De rage ou de désespoir ? Je ne saurais vraiment le dire. Le carnet avait fait un vol plané pour aller s’écraser contre le mur à ma gauche. Le visage entre les mains, j’inspirais histoire de me calmer tant bien que mal. Micah allait finir par débouler dans la chambre d’une minute à l’autre si je continuais à pester ainsi. Finalement, je m’estimais relativement chanceux sur ce point-là. Il y a de cela une poignée de jours, j’avais reçu un courrier du proviseur, m’informant que je devrais faire mes bagages d’ici peu et quitter la maison des Sampi. Comment payer sans argent ? Le moindre centime que j’avais gardé de côté avait été dépensé pour apaiser ma douleur continuelle. Et puis, j’ai fais une rencontre. Au premier coup d’œil, elle ne m’avait pas interpellé. Elle n’était qu’une patiente au milieu d’un hôpital. Mais une patiente qui finalement allait se dévoiler être une personne dont j’allais inconsciemment dépendre d’ici peu. Sans doute a-t-elle perçu la misère dans laquelle je baignais, puisqu’elle m’a proposé de venir habiter avec elle. La honte avait beau pesé lourd sur mes épaules, je n’avais pas vraiment eu le choix. Après tout, il fallait savoir accepter les opportunités, et celle-ci en était une. Quoiqu’il en soit, j’avais emménagé depuis bientôt une semaine. Et quelle longue semaine… ‘’Malheureusement’’ pour moi, Micah était une sorte de deuxième maman.. Beaucoup plus poule que l’originale d’ailleurs. Chaque jour, elle veillait à ce que je ne reste pas cloitré dans ma chambre, sans rien avaler. Et surtout : elle avait la salle manie de me planquer mes paquets de cigarettes dès que j’avais l’audace d’en acheter un. Pire qu’une mère : une tortionnaire. Bien que dans le fond j’apprécie notre relation, je ne pouvais m’empêcher de jouer les adolescents rebelles afin de conserver le peu de fierté qu’il me restait. Un léger sourire se profila sur mes lèvres à cette pensée. Micah restait au final l’une des rares personnes sur qui je pouvais compter avec Autumn. De là après à ce que je l’admette à voix haute, c’était une autre histoire.

Lassitude. Un paquet de cigarette au creux des mains, je me suis évadé sans un bruit et sans un mot. Malgré l’heure tardive, j’étais presque certain que mes colocataires étaient toujours debout. A pas de chat, je me suis aventuré en direction de la cité. J’avais besoin d’air. Une cigarette pincée entre mes lèvres, je l’allumais négligemment avant d’en tirer une bouffée. Et une poignée de minutes à vivre qui s’évapore ! Etouffant une légère quinte de toux, je frissonnais maladroitement. La température devait frôler les zéros, un nuage de buée s’échappait de ma bouche. L’hiver n’était décidément pas une saison que je portais dans mon cœur. Les décorations de noël illuminaient les ruelles désertes. De temps à autre, je croisais quelques rares passants. Une famille aussi : un jeune couple se promenant avec leur jeune enfant. Nostalgie. Dire qu’il y a quelques mois encore, ça aurait pu être nous. Pourquoi avait-il fallu que tout s’effondre ? Etais-je maudis à ce point. Cigarette terminée. J’envoyais le mégot finir sa course dans les égouts de San Francisco. Et puis j’ai relevé le visage, m’arrêtant l’espace de quelques secondes. La pluie se mit soudainement à tomber. Violemment. Et l’orage se mit bien vite à gronder, me faisant sursauter de surprise. Une vive douleur empoigna alors ma poitrine, je grimaçais. L’inconvénient d’une accélération du rythme cardiaque : ça fait mal. Crétin. J’aurais peut-être dû prendre ces cachets finalement. Un gémissement filtra de mes lèvres, je posais un genou à terre, la respiration saccadée. La pluie tombait, le vent soufflait. Chacun de mes membres se mit à frissonner alors que je me relevais péniblement, une main posée contre ma cage thoracique. L’appartement était beaucoup trop loin pour que je puisse faire demi-tour. Et s’évanouir au beau milieu d’une rue n’était pas une idée réellement concevable non plus. Nouvelle rafale. Un hoquet m’échappa. Je grognais intérieurement d’être aussi soumis à cette foutue chimère qui empoisonnait mes poumons. Finalement, je me suis dirigé vers le premier immeuble qui m’était familier. A une centaine de mètres de là. Je savais que c’était ici.. c’était là qu’elle habitait désormais. La porte d’entrée s’ouvrit alors que je me m’effondrais à moitié dessus. Bon sang, il faisait déjà bien meilleur dans le hall du bâtiment. Lentement, mais sûrement, j’ai gravis une paire de marches menant jusqu’à son appartement. J’avais cet espoir qu’elle ne me repousse pas. Après tout, voilà bien depuis une paire d’années que nous nous croisions dans les couloirs de Berkeley à la manière de deux parfaits inconnus. Jamais, depuis notre rupture, nous n’avions pris le temps de nous revoir, de nous reparler. La dispute avait été violente, douloureuse, et non sans conséquences. Le temps quant à lui n’a jamais effacé les cicatrices. Malgré cela, ironie du sort, je me retrouvais ce soir à venir prier à sa porte. C’était cela, ou bien une jolie et dangereuse escapade dans les rues de la ville. Et à choisir, je préférais encore décéder sous les gifles d’Evan qu’à cause d’une minie tempête. Enfin arrivé. Face à sa porte, trempé jusqu’aux os, je soupirais un coup en tâchant de ralentir ma tension. Qu’au moins j’arrive à articuler quelques mots. Une, deux, et trois secondes s’écoulèrent, je me décidais enfin à frapper. Pourvu qu’elle ne dorme pas. Pourvu qu’elle soit seule. Intérieurement, je redoutais d’avance l’instant où elle ouvrirait cette porte. Il aurait été presque plus simple au final de dormir comme un misérable sur les marches de l’escalier. Un vague bruit se fit entendre, et je ne tardais pas à découvrir son visage qui me faisait désormais face.

Difficilement, j’ai ravalé ma salive tout en me raclant la gorge. Toujours essoufflé, je soutenais difficilement son regard. En fait, je n’ai dû que vriller très furtivement ses yeux avant de baisser le visage, fixant un point invisible au sol. Inutile de lui tenir tête comme j’avais l’habitude de le faire à l’université. Une main posée contre un pan du mur, je marmonnais quelques brefs mots : « Salut Evan… » Le silence fut certes brisé, mais cela ne fit pas redescendre pour autant la tension qui régnait sur le pas de la porte. Bien que je parvienne à respirer difficilement, je ne pu m’empêcher de relever les yeux et cette fois-ci m’attarder sur son regard. Un dialogue muet qui me fit presque l’effet d’un électrochoc. Sans détailler les traits de son visage, je guettais, essayant de distinguer une pointe de frustration ou de haine. En vain. A voix basse, honteux, je continuais : « Excuse-moi de venir à l’improviste mais… en vérité j’aurais besoin de ton aide. J’ai… hum » nouveau soupire. Je levais les yeux au ciel, exténué. « Je n’peux pas rentrer chez moi, et t’es la seule personne que je connaisse dans ce coin-là. » Et surtout la seule qui serait susceptible de ne pas me fermer la porte au nez. Quoique… « J’dormirai sur le sofa, juré, tu me remarqueras même pas. »
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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyJeu 15 Déc - 1:01

❝ When something is broken and you try to fix it,
trying to repair it any way you can ❞
A tous les gens qui étaient persuadés qu’en Californie, le climat était toujours chaud, ou au moins doux, et ensoleillé, Evan avait envie de leur dire de venir à San Francisco, histoire de vérifier leur hypothèse. La température avoisinait les zéro degrés, le vent soufflait, faisant se soulever la chevelure blonde de la jeune femme. Elle fut obligée de détourner la tête quelques instants, avant de reprendre sa marche d’un pas saccadé. Des paquets dans les deux mains, elle rentrait péniblement chez elle après ce qu’elle considérait comme un passage obligé mais rébarbatif : les achats de Noël. Si pour certains, ce moment était celui de la joie et de l’émerveillement, pour elle ce n’était qu’une corvée de plus, qu’elle se bornait à remplir simplement pour l’habitude. Et pour Andrea aussi, sur le point de fêter son deuxième Noël. Le temps passait à une vitesse folle. Dehors, la foule se pressait, le jour commençait lentement mais sûrement à tomber, il devait être 5h, peut-être un peu plus, et d’ici à peine vingt minutes, la nuit aurait fait son apparition, rendant le paysage plus morose encore. Evan entendait les rires, les couples chuchoter, main dans la main, les chants de Noël, elle voyait les décorations illuminer les rues, les vitrines des magasins, toutes plus alléchantes les unes que les autres, et accéléra plus encore le pas. Elle n’avait aucune envie de s’attarder parmi cette foule si heureuse, alors qu’elle-même n’aurait pas pu en être plus éloignée. L’année précédente, elle aurait probablement fait partie de ces gens aux sourires bardant leur visage rougi par le froid. Après tout, l’année dernière, sa vie n’était pas une succession de jours plus déprimants les uns que les autres. Elle n’était peut-être pas heureuse, alors, mais en tout cas, elle n’était pas dans le même état. Ni même dans le même état d’esprit. A cette époque, elle n’avait pas l’impression d’être cette fille si marginale, presque invisible, qu’elle était devenue ces derniers mois, presque contre son gré. Ceux qui disaient que le temps faisait de lui-même rentrer les choses dans l’ordre avaient tort. Même plusieurs mois après son retour à Berkeley, Evan continuait à se chercher, tentant tant bien que mal de remettre de l’ordre dans sa vie. Elle essayait de faire amende honorable de ses erreurs passées mais la tâche était bien plus compliquée que prévue. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, épuisée, le visage cerné, les cheveux ternes, si loin de la fille qu’elle avait été lors de son départ précipité de l’université en juin. Où était passée sa force, sa fierté, son assurance ? Evanouies. Disparues. Et les retrouver était une tâche compliquée. La seule personne qui lui permettait de ne pas complètement perdre pied était un bambin d’un an et demi, encore innocent, qui ne se doutait pas de ce que la vie pourrait lui réserver. Son sourire valait toujours tout l’or du monde pour la jeune femme.

La Sigma finit par passer la porte de son appartement, le seul endroit encore à peu près chaleureux, même s’il gardait les stigmates de ses relations passées. Un peu partout, elle avait l’impression de ressentir encore la présence de Plastic, aux premiers jours, de William lui faisant sa demande en mariage, de Catahleen venue voir son filleul, de toutes ces personnes qu’elle avait fini par perdre, les unes après les autres, parfois à cause d’elle, parfois non. Elle trouva une tête blonde dans la chambre d’Andrea – qui était également la sienne, en fait - faisant la lecture, tandis qu’il la regardait de ses grands yeux perplexes. Les mêmes yeux que son père, ne put-elle s’empêcher de remarquer pour la énième fois. Gabriella leva la tête et lui adressa un sourire. Il n’y avait qu’en ses camarades Sigmas qu’elle pouvait avoir confiance pour garder Andrea. Ainsi que quelques personnes qui s’étaient faites de moins en moins nombreuses au fil du temps. La nounou et amie de la jeune femme lui demanda comment s’étaient passées ses courses de Noël. « Aussi réjouissantes que peuvent l’être des courses dans une foule. Je crois que je deviens agoraphobe avec le temps », répondit-elle, lassée, avant de déposer les sacs sur son lit. Pourtant, elle s’y était prise relativement en avance cette année, Noël n’était que dans un mois, mais elle avait l’impression que plus les années passaient, plus les promotions commençaient tôt. Avant Halloween, on pouvait déjà commencer à trouver les premières décorations de Noël dans les magasins. Déprimant. Bientôt, ils s’y mettraient dès l’été. Business is business, mais quand même, ça perdait quelque peu sa magie. « Merci en tout cas d’être venue le garder, je ne me serais vraiment pas vue l’amener en vadrouille avec moi, surtout dans sa poussette, j’avais déjà du mal à mettre un pied l’un devant l’autre alors là… ». Gabriella hocha la tête avant de lui répondre qu’il n’y avait pas de problèmes, qu’elle pouvait toujours compter sur elle si besoin. Evan lui adressa un sourire, chose qui se faisait rare chez elle. Andrea se dirigea vers elle, manquant légèrement de stabilité, avant de finir s’accrocher à ses jambes. Evan le souleva et le prit dans ses bras, appréciant toujours autant ce contact mère-fils. Quelques minutes plus tard, la nourrice en service partit, laissant la jeune femme en proie à une grande solitude. La soirée fut bien plus calme que la journée, et elle se contenta de refaire les mêmes choses que la veille, et l’avant-veille et l’avant-avant-veille. Une monotonie s’était installée, une monotonie rarement entrecoupée de moments de distractions véritables. A 8h30, elle coucha Andrea. Elle faisait partie de ces personnes qui pensaient qu’il était nécessaire d’installer certaines règles avec les enfants, à commencer par une heure fixe de coucher. Elle n’avait jamais compris ces parents qui laissaient leur enfant réveillé jusqu’à pas d’heures. Une preuve évidente de laxisme selon elle. Elle n’était probablement pas la meilleure des mères, mais elle appliquait au moins certaines règles qui lui semblaient évidentes. Elle mit sa chaine hi-fi en marche, le son peu élévé afin de ne pas troubler le sommeil de son fils. De la musique très douce sortit des baffles et Evan s’installa à son bureau, trônant dans le salon. Comme à son habitude, elle répéta le même rituel : vérifier ses mails. Elle fut intriguée par l’un d’eux, envoyés à tous les présidents de confrérie – poste qu’elle venait tout juste de récupérer après le départ de Belammée, et qu’elle occupait en compagnie de sa meilleure amie Esméralda – par le Doyen Fredericksen. Ce nouveau doyen semblait bien décider à semer la terreur dans tout Berkeley, en faisant appliquer des règles strictes ne laissant aucune place à l’amusement. Evan n’en avait fort heureusement pas encore été victime mais quelque chose lui disait que ça ne saurait tarder… Elle parcourut le message rapidement, prenant note des informations écrites. Réunion blablabla présence obligatoire blablabla nouvelle ère, retour aux vraies valeurs blablabla. Le pauvre, s’il pensait vraiment pouvoir s’imposer dans une université où les étudiants faisaient leur loi, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Une fois ses emails lus, elle se balada de site en site, cherchant désespérément quelque chose d’intéressant à faire. Les minutes défilèrent, l’amenant à une heure avancée de la soirée, au moment où elle considéra l’option d’aller dormir. Par acquis de conscience, elle envoya un simple sms à Esméralda, lui informant de la réunion, et lui proposant aussi qu’elles s’occupent de décorer la maison de confrérie pour les fêtes de fin d’année. Elle avait beau ne plus y vivre, elle voulait que les Sigmas profitent de ce moment censé être rempli de joie.

Son portable vibra, annonçant l’accusé de réception, lorsque des coups furent frappés à sa porte. Surprise, Evan lança un regard perplexe en direction de la porte en bois. Elle n’avait vraiment aucune idée de qui cela pouvait bien être, mais à une heure aussi avancée, elle s’attendait au pire. Elle se surprit à espérer que ce soit William, venu trouver un terrain d’entente avec elle, mais mieux valait ne pas rêver, le miracle de Noël n’aurait probablement pas lieu cette année. Elle se dirigea vers la porte, qu’elle ouvrit pour tomber nez à nez sur la dernière personne au monde qu’elle se serait attendue à voir ici, chez elle. « Benjamin ? » Le jeune homme semblait mal en point, ce qui était bien la seule raison pouvant expliquer sa présence ici. Ils n’avaient eu aucun contact depuis des années, malgré le fait d’aller dans la même université. Leur relation passée avait finie de telle sorte que ni lui ni elle n’avait tenté de joindre l’autre. Ce qui rendait d’autant plus surprenante sa visite à une heure aussi tardive. Face à ses paroles désespérées, Evan ne pouvait décemment pas se résigner à le laisser sur le pas de sa porte. Surtout qu’elle aurait bien eu besoin d’un peu de compagnie, fût-elle celle de Benjamin. Ils n’étaient peut-être pas dans les meilleurs termes qui soient, mais elle n’était pas cruelle au point de le laisser comme ça. « Bien sûr, entre, entre, tu as l’air frigorifié… J’ai une chambre de libre, vu que je n’ai plus de colocataire ». Callel, qui était à l’origine le locataire de l’appartement avait disparu avant même qu’Evan ne s’en aille à Paris. Au retour de la jeune femme, l’appartement était toujours disponible, l’ancien Sampi ayant payé les mois de loyer suivants. Elle avait ainsi pu le récupérer dans le même état qu’avant, et avec l’héritage qu’elle avait touché grâce à la mort de sa mère, elle pouvait se permettre sans trop de problèmes d’y vivre seule. Benjamin entra et elle referma la porte, prenant bien soin de la verrouiller, un réflexe gardé de ses premiers jours à Paris, lors de la deuxième partie de l’échange avec la Sorbonne. Elle jeta un coup d’œil au désordre qui régnait dans la pièce.« Désolée, je ne m’attendais pas à recevoir de la visite, du coup je n’ai pas pensé à ranger… » Elle tendit la main en direction du canapé, l’invitant implicitement à s’y asseoir. Elle se rendit dans la cuisine, qui en réalité était commune au salon, de telle sorte qu’elle pouvait toujours apercevoir le Sampi. « Tu veux quelque chose à boire ? Café, thé, chocolat, lait, alcool fort ? » Il lui semblait qu’il devait rester des fonds de bouteille quelque part dans les placards. Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre, observant un éclair se dessiner dans le ciel, signe de l’orage grondant un peu plus loin, tandis que la pluie crépitait sur les trottoirs californiens. « Tu avais une raison précise d’être dans le coin ? » demanda-t-elle, curieuse de connaître les raisons de l’arrivée surprenante du jeune homme chez elle, après tant de temps passé à s’ignorer soigneusement. Elle se doutait très bien que s’il était ici, ce n’était probablement pas parce qu’il avait été prise par l’envie subite de la voir.

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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyLun 26 Déc - 21:16

    ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin Tw20_01-2f6279f ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin W11-1 ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin Clemenceac003
    evan & benjamin i need to speak to someone. not someone - you.• If I could give you just one gift, do you know what it would be? Confidence. That or a scented candle. ;; one day

    Your Song by Ellie Goulding

Le hasard fait bien les choses dit-on. Cela restait encore à prouver : je doutais qu’il me réussisse. Une tempête qui éclate, et je me retrouvais comme un pauvre misérable à la recherche d’un abri. L’ironie de l’histoire ? J’avais le choix entre aller demander l’asile chez mon ex petite amie, ou chez mon ex femme. Dilemme. Et au vu de notre précédente rencontre, mieux valait-il encore affronter les griffes d’une Sigma en fureur, plutôt que de raviver quelques cicatrices mal refermées. Je n’étais encore qu’à la phase ‘’essayer d’oublier son visage, et se noyer dans une profonde déprime’’. Là où je savais qu’une douleur accablante m’envahirait si je recroisais Esthell, j’ignorais tout de ma réaction face à Evan. Nous avions été ensembles un petit moment avant qu’elle ne prenne la fuite sans véritablement donner d’explication. J’avais mis ça sur le compte de la ‘’frayeur de stabilité’’. Nous étions beaux, jeunes et incroyablement heureux. Nous étions le couple qui s’engueule h24 et se réconcilie la seconde suivante. Mais nous étions sans doute beaucoup trop proches et investis dans notre relation en comparaison à notre jeune âge. J’avais 18 ans, et je m’apprêtais à entrer à Berkeley et prendre un appartement avec ma petite amie. Il manquait juste le mariage précoce et nous aurions pu faire une magnifique parodie de Twilight. Malgré cela, à l’heure d’aujourd’hui, j’appréhendais notre rencontre. Deux ans que nous nous croisons dans les couloirs de l’université sans décrocher un mot. J’imaginais sans trop de mal qu’elle pourrait m’adresser un geste vulgaire de la main avant de me refermer la porte au nez… A croire que j’avais une passion pour les femmes au fort tempérament. Et pourtant, j’avais émis quelques préjugés qui s’effondrèrent littéralement dès lors qu’Evan eut ouvert la porte. Je posais mon regard elle, et l’espace de quelques instants, nous nous sommes détaillés. Elle avait changé. La peau plus pâle, les cheveux un peu plus longs. Les traits de son visage semblés tirés, las, fatigués, pourtant malgré sa surprise apparente, elle ne montra aucune animosité. Incompréhension. Mal à l’aise, je baissais les yeux tout en ravalant difficilement ma salive. Je contemplais en silence son ombre tandis qu’elle m’invitait chaleureusement à entrer. Et ce fut à mon tour d’être –agréablement- pris au dépourvu. « Bien sûr, entre, entre, tu as l’air frigorifié… J’ai une chambre de libre, vu que je n’ai plus de colocataire » Un banal hochement de tête en guise de remerciement, et je passais à ses côtés en franchissant le pas de la porte. Douillet. Ce fut le premier mot qui me vint à l’esprit pour décrire la vue qui m’était offerte des lieux. Il y avait un peu de bazar bien sûr, comme tout bon appartement d’étudiant, mais rien qui n’en répugne la vision d’ensemble. En fait, je crois que ce petit coin me rappelait un peu mon propre chez-moi.. Lorsque j’avais encore mon logement. L’inconvénient de devenir pauvre : ne plus pouvoir payer ses dettes. Bref, chassant cette sale idée de mes pensées, j’avais à pas lents dans le domaine alors que mon hôte m’invitait à m’asseoir dans le salon. Chose que je tardai toutefois à faire : mes mains vagabondaient un peu partout le long des murs, des meubles. Un sourire s’était profilé sur le coin de mes lèvres alors que je savourais la chaleur du toit sous lequel on m’avait invité. J’imaginais que ma visite était des plus inattendues, mais elle n’en montra toutefois pas le moindre signe. Bien au contraire : elle s’était posée dans la cuisine, me proposant quelque chose à boire. Ce n’était pas de refus. Levant le visage vers elle, j’ai pris le temps de la réflexion. Elle était juste là, face à moi. Je tenais ma veste dans mes bras et elle me guettait d’un œil, attendant ma réponse. Durant quelques secondes, j’ai ressenti une boule se former au creux de ma gorge. A nous voir ainsi, on aurait pu nous confondre avec un vieux couple. Amusant, mais terriblement frustrant. Je soupirais un coup avant de finalement m’avancer vers la fenêtre. « S’il te reste quelques fonds de bouteille à terminer, je t’aiderai avec grand plaisir. » Alcoolique ? Certainement pas. Bien que j’avais un peu de mal à concevoir mes journées sans la moindre goutte de rhum aujourd’hui. Se plonger chaque soir dans un presque-coma éthylique. Un rituel auquel j’avais pris goût : au moins, il me permettait de m’endormir sans trop souffrir. Boire pour oublier mes douleurs sentimentales et physiques. Cela pourrait presque avoir une certaine connotation poétique.

« Tu avais une raison précise d’être dans le coin ? » Dehors, la tempête hurlait. Les arbres dansaient, quelques les éclairs brisaient le ciel. Et nous, nous étions là, à parlés comme deux personnes civilisées. Malaise. J’avais du mal de concevoir que je me trouvais dans l’appartement d’une femme que j’avais autrefois aimé.. où en étions-nous aujourd’hui ? Finalement, ce n’était pas une si merveilleuse idée que cela de venir frapper à sa porte. J’éprouvais cette rancœur que j’avais tâché de taire chaque fois que nous nous croisions à Berkeley. Et ce soir, je me trouvais là, à boire un coup chez elle, comme si de rien n’était. Hypocrites que nous sommes. Et surtout : profiteur que j’étais. Je garde ces précieux souvenirs de notre couple, mais j’éprouve toujours et encore cette pénible incompréhension quant à notre soudaine rupture. C’est sans doute pour cette raison qu’inconsciemment, je lui ai répondu en prenant une intonation plutôt distante. « Pas vraiment. J’étais juste sorti.. me balader. » ‘’Non en vérité je venais me promener dans le coin dans l’espoir de recroiser une certaine Epsilon blonde que tu peux pas saquer’’. Pas très subtile comme réponse. Mais mieux valait mentir plutôt que d’aviver la flamme. D’ailleurs, voilà un autre détail qui m’avait toujours amusé… enfin du moins, autrefois. Deux femmes, qui se détestent, et avec lesquelles je suis sorti. Je revoyais encore Esthell m’engueuler à moitié alors que je la comparais à Evan. Deux blondinettes innocente en apparence, mais avec le caractère d’un tyrannosaure. J’avais vraiment mal choisi ma confrérie, ou alors j’étais simplement un sado-maso refoulé. Bref. Quoiqu’il en soit, je me suis finalement installé sur le fauteuil à mes côtés. Et mon attention se reporta finalement sur un petit jouet qui traînais parterre. Une tétine pour enfant. Terrible preuve qui confirmait ce que Watch Out avait annoncé il y a un petit moment déjà. Evan, maman. Autre point commun avec mon ancienne épouse. Que le monde est petit. Le hasard est une chose que je ne cernerai décidément jamais. Malgré tout, une question me brulait les lèvres : où était le père ? Je ne faisais pas parti de ceux qui consultait le site de notre bloggeuse fétiche chaque jour, alors j’étais à des kilomètres de savoir ce qu’il avait pu se passer dans le couple de la Sigma. Néanmoins, j’imaginais sans trop de mal que tout n’allait pas sur des roulettes, au vu de la silhouette amaigrie et de l’expression morose qu’affichait présentement la jeune femme. « Je ne m’attendais pas à c’que tu sois seule.. j’ai entendu dire que tu avais eu un enfant ? » Question posée et qui m’avait échappée. Déviation plutôt maladroite, mais qui permettrait au moins de ne pas la forcer à aborder la chose. Puisque j’imaginais bien qu’elle me renverrait la question en plein pif. Parlons gamin. Au moins cela me permettrait de pouvoir m’occuper l’esprit par la même occasion. Bien que machinalement, j’eu une pensée pour mon propre trésor. Petite tête blonde de deux ans, tu me manques tellement. Bon sang. J’aurais donné n’importe quoi pour pouvoir la serrer dans mes bras en cet instant. Max n’avait peut-être pas la carrure d’une enfant particulièrement en forme du fait de sa maladie, mais elle possédait sa bonne humeur quasi omniprésente. Ce sourire qui valait des millions. Ces yeux bleus pétillants dans lesquels j’aurais pu me perdre sans hésitation. Elle était unique, et restait encore aujourd’hui ce petit rayon de lumière qui éclairait mon sombre tunnel. Le regard toujours rivés vers la petite tétine, je grimaçais, et je ressentais à nouveau cette vive brûlure m’incendier les poumons. Une main posée contre ma poitrine, j’étouffais une quinte de toux sèche, avant de relever les yeux vers mon hôte.

J’ignorais pourquoi, et comment mais un voile de jalousie s’est posé sur mes épaules. Je ne connaissais plus rien de sa vie d’aujourd’hui, ni de ses soucis, mais je l’enviais secrètement. Avoir un toit, avoir son petit avec elle, être en bonne santé. Elle avait vraisemblablement suivi la même route accidentée que moi, mais je ne pouvais m’empêcher de la toiser d’un œil presque accusateur. « Je ne m’y prends pas à l’avance pour ça, mais félicitation. C’est un sacré gâchis que son père ne soit pas là. » Ou comment remuer le couteau dans la plaie. Pour ça, j’étais –malheureusement- très fort. Elle m’avait invité chez elle, et je faisais une fixette sur ce que je ne pourrais jamais avoir. Je me suis levé, m’approchant sans un mot d’elle. Le visage légèrement incliné, je cherchais à croiser son regard si semblable au mien. Deux paires d’yeux émeraude. Les cicatrices se sont rouvertes, subitement et fatalement. Et j’ai arrêté de respirer quelques secondes, je crois. Ce n’était pas de la jalousie. Simplement de la rancœur. Une amertume refoulée depuis déjà tant d’années, et qui aujourd’hui ressortait. Je n’ai jamais digéré notre séparation, et voilà qu’un beau soir, je me trouvais à ses côtés comme si nous étions de bons vieux amis. Il n’en était rien. Je me pinçais la lèvre inférieure tout en serrant le poing. Les questions me brûlaient les lèvres. Il avait suffit d’une simple pensée vagabonde pour que tout refasse surface. J’aurais préféré que l’on ignore notre mépris commun pour une fois, et qu’on reprenne une relation amicale. Mais il fallait que je n’en fasse qu’à ma tête. Un trop plein de ressentiments à essayer tant bien que mal de ne pas extérioriser. Au beau d’un moment, la chute était prévisible. Les lèvres tremblantes, j’ai finalement murmuré à voix basse : « Pourquoi est-ce t’es partie ? » Plus que tout, je voulais savoir. Je voulais connaître ce pourquoi elle m’avait quitté. Si elle m’avait aimé. Si ce n’était qu’une simple amourette de lycéen. Quitte à me prendre une claque –peu importe que ce soit au sens propre ou au sens figuré-, j’attendrais qu’elle me réponde. Au point où j’en étais, cela ne pourrait guère empirer mon moral déjà à plat. Un soupire las s’échappa de ma bouche alors que je refermais finalement les yeux. Être lunatique ne me réussissait pas ; être à moitié drogué en manque non plus. Finalement, je me suis détourné tout en posant mes deux mains contre mon visage. Calme. Quiétude. Je soufflais un bon coup dans le but de calmer ma respiration qui commençait peu à peu à s’emballer sous le coup de la colère. Et je me suis assis nonchalamment sur un bord du siège, les coudes reposant contre les genoux. « Excuse-moi. Je te remercie de bien vouloir m’accueillir ce soir, mais.. on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé. Pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais donné de nouvelles ? Pourquoi est-ce que t’as préféré t’enfuir pour refaire ta vie peinarde et finir… » Mère célibataire. Je me suis coupé dans ma phrase, ponctuant le tout par un grognement presque immature. Qui a dit qu’il n’y avait que les enfants qui pouvaient être rancuniers ? Finalement, mieux valait-il qu’elle ramène une bouteille pour me saouler ou m’assommer avec. La soirée s’annonçait mouvementée… Merci au hasard de m’avoir conduit jusqu’ici.

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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyMar 27 Déc - 19:53

❝ When something is broken and you try to fix it,
trying to repair it any way you can ❞
Etrangement, Evan ne s’était pas sentie plus mal à l’aise que cela face à Benjamin. Elle avait toujours craint leurs retrouvailles, et en étant dans la même université, il était incroyable qu’elle ait autant tardé à arriver. Et voilà que maintenant qu’ils étaient là, l’un face à l’autre, elle ne se sentait plus aussi embarrassée, gênée. Elle n’irait pas jusqu’à dire que la situation lui paraissait parfaitement normale, après tout, Benjamin qui débarquait chez elle comme ça, à l’improviste, un soir de tempête, ne figurait pas dans sa liste des choses normales, mais étant donné que rien dans sa vie ne pouvait correspondre à cet adjectif, ce n’était pas la situation la plus atypique qui pouvait lui arriver. Le jeune homme semblait assez mal en point, et il n’aurait pas pu être plus différent physiquement de ce qu’il était lorsqu’ils étaient encore ensemble. A présent, il était amaigri, les traits tirés, le visage cireux, il semblait épuisé, et particulièrement faible. Mais après tout, étant donné qu’on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était restée la même Evan qu’il y avait 3 ans, et vu son propre visage fatigué, cela pouvait se comprendre. Si l’inviter chez elle ne lui avait pas semblé si étrange que cela, à présent, elle n’était pas tout à fait sûre de pouvoir dire la même chose. Lui semblait incroyablement gêné, n’osant ni s’asseoir, ni toucher à quoi que ce soit, et elle put presque sentir physiquement l’atmosphère se tendre. S’affairer en cuisine, prétexter avoir quelque chose à faire pour s’occuper les mains, c’était à peu près la seule comédie qu’elle était capable de jouer. Elle allait finir par regretter de l’avoir laissé entrer. D’un autre côté, avait-elle vraiment le choix ? Elle se serait sentie bien trop coupable de le laisser sur le pas de la porte, vu son état. Et puis, on pouvait voir cela comme un service rendu à un vieil ami, si tant est que l’on pouvait le qualifier de vieil ami. Ils n’étaient pas tout à fait restés en bons termes, et elle ne pouvait pas l’en blâmer. Quelques fonds de bouteilles à terminer… Evan ouvrit les placards désespérément vides. Vu son rythme de vie des plus soutenus, faire les courses représentait la pire des corvées à ses yeux. Occasionnellement, lorsqu’Andrea ou elle n’avaient vraiment plus rien à manger, elle était capable de descendre pour aller jusqu’au supermarché à 500 mètres mais c’était loin d’être sa plus grande priorité. Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait dans le dernier placard. La moitié d’une bouteille de whisky, un fond de vodka. Vestiges de cette époque passée dans son fauteuil roulant. Elle n’en menait pas large, complètement paralysée des jambes, se sentant incroyablement seule malgré toute l’aide que Plastic lui apportait alors. Malgré toute l’aide que même William lui apportait, lorsqu’il y avait encore une chance que tout s’arrange entre eux. Une chance évaporée depuis bien longtemps avec son départ précipité. Ces bouteilles, c’était pour occuper ses soirées de solitude, lorsque personne ne pouvait sacrifier plus de temps libre pour s’occuper d’elle. Un moyen comme un autre de faire passer le temps, se saouler, et pleurer sur son sort, une chose qu’elle savait faire à la perfection. Se morfondre, c’était encore tout ce qu’elle était capable de faire correctement, se morfondre sur elle, ses erreurs, le passé, les autres, tout y était sujet. Depuis son retour à Berkeley, elle n’avait plus touché à ces bouteilles. Elle n’en avait plus besoin, si tant est qu’elles aient un jour été la solution à ses problèmes. Elle sortit la bouteille de whisky, avant d’en servir deux verres et d’y ajouter des glaçons. J&B on the rocks. A peu près le seul alcool qu’elle pouvait boire sans soda pour l’allonger. Un alcool d’homme, un alcool fort, tout ce qui ne la caractérisait plus depuis longtemps. Elle apporta le verre à Benjamin, avant de boire une gorgée du liquide ambré, savourant cette brûlure, puis cette chaleur qui se répandait dans tout son corps.

Dehors, le temps était toujours à la tempête. Evan pouvait entendre le vent rugir entre les arbres, la pluie battre les carreaux de ses fenêtres, le genre de temps qui faisait se bénir d’être rentré chez soi à temps pour l’éviter. Durant quelques secondes, tandis qu’elle continuait à boire gorgée par gorgée son verre, elle s’imagina avec tous ses paquets cadeaux, les bras chargés, sous la pluie drue, trempée et gelée jusqu’aux os. Elle frissonna rien que d’y penser. « Pas vraiment. J’étais juste sorti.. me balader. » Cela la sortit de ses pensées, et elle détourna son regard de la fenêtre pour le reporter sur Benjamin. Elle savait qu’il mentait. Ou, au moins, qu’il ne lui disait pas tout. Qui aurait sérieusement l’idée d’aller se balader par un temps pareil, à moins d’être malade ? Ou d’être en colère, et d’aller prendre l’air pour se calmer l’esprit. Mais l’un comme l’autre ne ressemblaient pas à du Benjamin, lui si calme et si pacifique d’ordinaire. Cependant, elle ne fit aucun commentaire là-dessus, se contentant de hocher la tête et de prétendre le croire. S’il avait voulu lui dire toute la vérité, il l’aurait fait. Elle n’était rien de plus qu’une étrangère pour lui, à présent, elle avait perdu tout droit sur sa vie et par la même, ne pouvait plus se permettre de lui poser des questions comme elle aurait pu le faire auparavant. S’il en avait l’envie, il lui raconterait de lui-même. Du moins l’espérait-elle. « Je vois… » se contenta-t-elle de répondre. Le genre qui n’engageait à rien, mais qui laissait sous-entendre un semblant de perplexité. Elle vit le regard de Benjamin se diriger au sol, où elle aperçut une des nombreuses tétines d’Andrea. Probablement qu’il avait encore du faire un caprice et la jeter par terre lorsque Gaby le gardait. Elle se sentit encore plus mal à l’aise ; elle supposait qu’il était au courant, car après tout, qui ne savait pas qu’Evan Callaway, la présidente des Sigmas, avait eu un enfant. Si les gens ne le savaient pas par les rumeurs de couloir, Watch Out aurait rempli la mission. C’était l’inconvénient de ne pas passer inaperçu à Berkeley, qu’elle le veuille ou pas, les gens connaissaient une grande partie de sa vie. Elle savourait le semblant d’anonymat qu’elle avait retrouvé depuis son retour à San Francisco. A présent, elle ne craignait plus vraiment de voir son nom dans les articles de la bloggeuse anonyme, et vu le peu de vie sociale qu’elle avait, elle ne voyait vraiment pas par quel miracle il pouvait y avoir des choses à dire sur elle. « Je ne m’attendais pas à c’que tu sois seule.. j’ai entendu dire que tu avais eu un enfant ? » Elle détourna le regard, le fixant au loin, vers un point indistinct. Elle non plus ne s’attendait vraiment pas à être seule. A l’heure qu’il était, elle aurait probablement du être mariée et filer le parfait amour avec William. Dans sa table de chevet, elle avait toujours la bague qu’il lui avait offerte lorsqu’il lui avait fait sa demande. Même avec les mois qui s’étaient écoulés, elle regrettait toujours d’avoir refusé. A l’époque, elle se sentait encore puissante, sûre d’elle, elle était avec Plastic, William la voulait, tout lui souriait, et une petite partie d’elle peut-être savait qu’elle pourrait faire tout et n’importe quoi avec l’Epsilon, car il resterait toujours amoureux d’elle. Les temps avaient bien changé. Elle joua nerveusement avec ses mains avant de répondre. « Tu as bien entendu. J’ai un garçon d’un an et demi. Et même si j’aurais préféré ne pas être seule, malheureusement je suis aussi mère célibataire ». Elle lui adressa une espèce de sourire grimaçant. Mère célibataire à même pas 23 ans, tu parles d’une histoire glorieuse. Mais elle ne regrettait rien, rien qui concernait Andrea en tout cas. Ce n’était peut-être pas tous les jours facile mais il était son petit homme, son petit bout, la chair de sa chair, et c’était là tout l’important. Son seul regret était qu’après avoir pu passer du temps avec son père pendant plus de 6 mois, il soit de nouveau abandonné, encore qu’il n’y avait qu’elle à blâmer. Elle savait que William ne refuserait jamais de voir son fils, bien au contraire, mais égoïstement, la jeune femme ne se sentait absolument pas prête à le revoir, pas encore, c’était trop tôt et faire face à des reproches – mérités – à la pelle lui faisait peur. Il fallait qu’elle arrête d’y penser, qu’elle arrête de ressasser cette même histoire sans arrêt. La rumeur disait également que Benjamin avait un enfant. Retournement de situation amusant, ironique. Peut-être que s’ils étaient restés ensemble, c’était ensemble qu’ils auraient eu un enfant. Probablement pas si tôt, d’ailleurs. Au final ils se retrouvaient tous les deux parents, jeunes, et vu qu’il se trouvait chez elle et non chez Esthell, elle en déduisit que leur relation n’était probablement pas au beau fixe.

Elle n’avait jamais apprécié l’Epsilon outre-mesure, et même si elle s’était toujours gardée de faire un quelconque commentaire ce sujet, elle trouvait que ce n’était pas du tout le genre de femme faite pour le Sampi. Elle n’aurait pas eu la prétention de dire qu’elle-même l’était, vu la manière, lâche, dont elle l’avait quitté, mais au moins avec elle il n’était pas l’ombre de lui-même, et il n’avait pas cet air dépressif placardé sur le visage. Enfin, vu la manière dont elle gérait sa vie sentimentale – c'est-à-dire particulièrement mal – qui était-elle pour porter un jugement sur la leur. Elle ne put s’empêcher de poser la question néanmoins. « J’ai entendu dire que toi aussi t’avais un enfant ? C’est marrant, finalement, comment tout a changé en si peu de temps… J’imagine que ta relation avec Esthell doit être à peu près aussi mal en point que la mienne avec William » fit-elle, avec un rire nerveux. Elle tentait tant bien que mal de faire la conversation, une tâche ardue, dangereuse, tant l’atmosphère était tendue, empreinte d’une gêne à couper au couteau. Elle ne fut pas certaine de savoir comment prendre ses félicitations tardives mais ne put qu’acquiescer concernant l’absence du père. Oui, un sacré gâchis. Un sacré gâchis dont elle était l’entière responsable. C’était ça le pire, elle le savait, qu’elle avait elle-même tout fait foiré en faisant précisément ce qu’elle avait toujours reproché à William, elle savait qu’elle avait probablement gâché sa dernière chance de le retrouver et que leur relation était sûrement finie, morte et enterrée dans les abysses de la colère et de la rancœur. « Oui… un véritable gâchis. Moi, je l’ai mérité, mais Andrea ne devrait pas ne pas être avec son père. Mais bon, que peut-on y faire, de toute façon. » fit-elle, résignée. William savait où elle habitait, il pouvait toujours venir chez elle quand bon lui semblait, ils pouvaient se mettre d’accord sur des jours de garde, comme ils étaient parvenus à le faire auparavant. Elle avait toujours pensé que l’on ne devait pas priver un enfant de ses deux parents, peu importent les différends entre ceux-ci. Elle but une nouvelle gorgée de son whisky, qui s’amenuisait grandement. « Pourquoi est-ce t’es partie ? » La question la fit se raidir, la surprit, tant elle ne s’y attendait pas. La question qui tombait un peu comme un cheveu sur la soupe, qui n’avait absolument rien à voir avec ce dont ils parlaient, la question sans aucun rapport, qui n’aurait jamais du se poser. C’était une question à laquelle elle ne voulait pas répondre, encore moins de cette façon-là, alors qu’elle venait de l’accueillir chez elle. De quel droit osait-il lui demander ça ? Elle l’observa, tandis que son visage se ferma, brisant les quelques efforts qu’elle avait fait ce soir. La situation n’était déjà pas particulièrement simple, si en plus ils devaient commencer à remuer le passé, elle n’en serait que plus compliquée. Cela faisait bien trop longtemps, tous deux avaient changé, avaient vécu trop d’autres choses, d’autres relations, d’autres événements importants dans leur vie. La question la mit mal à l’aise, l’obligeait à repenser à une autre chose qu’elle regrettait, pour ajouter à la liste interminable des erreurs qu’elle avait commise ces dernières années. « Heu…je… » elle ne savait pas quoi répondre à cela. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien dire, qu’est-ce qu’elle pouvait bien répondre face à une telle question ? « Excuse-moi. Je te remercie de bien vouloir m’accueillir ce soir, mais.. on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé. Pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais donné de nouvelles ? Pourquoi est-ce que t’as préféré t’enfuir pour refaire ta vie peinarde et finir… » Evan se mordit la lèvre, trahissant sa nervosité. Elle commençait à regretter de ne pas l’avoir laissé sur le palier. Elle n’avait pas de comptes à rendre, encore moins chez elle. Alors c’était pour ça qu’il était là ? Pour lui demander des explications sur ce qu’elle avait fait des années auparavant ? Il n’aurait pas pu le faire avant, tant qu’à faire ? Elle savait qu’il méritait ces explications, mais cela valait-il la peine, trois ans après, de ressasser leur histoire commune ? Ils étaient devenus deux étrangers, n’apprenant la vie de l’autre qu’au travers des rumeurs et des on dit. Mais elle lui devait bien la vérité. Ne disait-on pas mieux vaut tard que jamais ? Puisqu’elle en était à devoir affronter ses erreurs passées, elle pouvait bien commencer par la plus ancienne. « Je trouve que faire comme si rien ne s’était passé était une très bonne solution personnellement. Pourquoi je ne l’ai pas fait ? J’en sais rien. J’ai pas d’explication particulière à te donner. Probablement parce que je me sentais coupable, et lâche. C’est pas dans mes habitudes d’être lâche comme ça et j’ai beaucoup regretté. J’étais juste…trop jeune, pas assez mûre, pas prête, je ne voulais pas d’une relation aussi sérieuse, je ne voulais pas d’engagement, ça me terrifiait, et j’ai été trop lâche pour le dire dès le début, et j’ai laissé les choses avancer, jusqu’au point de non-retour, jusqu’à ce que ce soit trop tard… Comme quoi, c’est marrant hein, j’avais peur de l’engagement et je me retrouve mère, tu parles d’une reconversion » acheva-t-elle avec dépit. Que se serait-il passé s’ils étaient restés ensemble ? Une question qui, des années après, venait la tourmenter. Avant de se rendre compte que s’ils étaient restés ensemble , sans parler du fait qu’elle n’aurait peut-être pas été heureuse, elle n’aurait surtout pas eu Andrea. Alors, c’était probablement un mal pour un bien, au final.

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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyVen 6 Jan - 17:54

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    Wrapped in Piano Strings by Radical Face

On dit que le passé nous rattrape toujours, quoique l’on puisse faire pour lui échapper. Je suis plutôt d’accord avec ça, et nous en étions la preuve même. Qui aurait cru qu’un jour je me retrouve juste là, devant elle. Nos accolades dans les couloirs étaient loin de présager de telles retrouvailles. A vrai dire, nous n’avions plus rien à partager si ce n’est nos remords, nos regrets, et notre rancune réciproque. Je gardais le goût amer de notre séparation au creux de la gorge, et j’ignore si je serai un jour capable de lui pardonner. En un souffle et à l’aide de quelques mots, elle avait balayé notre avenir pour le réduire en cendre. Sans doute étais-je bien trop naïf à cette belle époque. Candide de croire que je pourrai bâtir une famille, et accomplir ce que mes parents ont été incapable de faire correctement. L’ironie de l’histoire avait voulu que j’en sois moi-même inapte, puisque j’avais effleuré ce rêve du bout des doigts. Et quel doux rêve. Un mariage parfait. Un couple, main dans la main. Une épouse heureuse et un mari comblé. La naissance d’une petite fille, sans la moindre imperfection. Le genre de conte qui pourrait bercer les touts petits. Une ‘’happy end’’ digne des plus larmoyants films romantiques. Mais non, rien de tout cela. Mon château de cartes s’était effondré depuis bien longtemps pour se rependre en un amas de désordre. Le cœur s’était emballé trop rapidement, et les espoirs s’envolèrent du jour au lendemain. Le regard las et fatigué, je soupirais un coup avant de reporter mon attention sur elle. Sa voix raisonnait dans l’appartement, j’écoutais d’une oreille attentive les réponses qu’elle m’offrait. Instinctivement sans doute, je n’ai pu retenir un sourire se glisser sur la commissure de mes lèvres. Jeune mère célibataire d’un petit garçon. Andrea, magnifique prénom. Un an et demi ? Le même âge que Max donc… Je ne pouvais m’empêcher de les imaginer tout les deux, s’amusant ensembles. Qui sait, peut-être aurions-nous l’occasion un jour de faire se rencontrer nos Roméo et Juliette juniors. J’avalais une gorgée de liquide ambre qu’elle m’avait servi. Retour aux sources. « J’ai entendu dire que toi aussi t’avais un enfant ? C’est marrant, finalement, comment tout a changé en si peu de temps… J’imagine que ta relation avec Esthell doit être à peu près aussi mal en point que la mienne avec William » Un prénom. Anodin à première vue, et qui dans d’autres circonstances m’aurait fait scintiller de joie ; mais qui ce soir suffisait simplement à m’arracher une grimace. Douleur. William et Evan, Esthell et moi, même combat. Un couple démoli, mais relié par un petit bijou tombé du ciel. Le genre de détail qui bouleverse non pas une vie, mais bien deux. J’ignorais ce qui avait pu faire s’effondrer leur couple, mais vraisemblablement, Evan éprouvait une certaine culpabilité dans l’affaire. Je ravalais –non sans difficulté- ma curiosité pour focaliser mon attention sur la vitre extérieure. Vent, pluie, bourrasque. Rien de fameux à contempler. Mais je ne pouvais laisser mes prunelles rivées sur les siennes bien longtemps. Un nœud s’était formé au creux de mon estomac, et j’avais la désagréable impression de revivre notre rupture. Un flot de ressentis jusque là éteint, et qui refaisait subitement surface. « […] J’étais juste…trop jeune, pas assez mûre, pas prête, je ne voulais pas d’une relation aussi sérieuse, je ne voulais pas d’engagement, ça me terrifiait, et j’ai été trop lâche pour le dire dès le début, et j’ai laissé les choses avancer, jusqu’au point de non-retour, jusqu’à ce que ce soit trop tard […] » Elle avait répondu à mi-voix, presque gênée et déstabilisée par la question. Il y avait de quoi.. Et ce fut à mon tour d’être pris au dépourvu. Mes soupçons s’avéraient donc véridiques, mais je n’en étais pas comblé pour autant. Bien au contraire. La bouche entrouverte, je ne masquais pas ma peine. Tout ça, pour ça. J’admettais que pour notre jeune âge, notre relation était déjà fixée. Je me souviens même que nous avions envisagé de prendre un appartement ensembles une fois à l’université. A 19 ans, nous voulions tout simplement faire comme les vieux couples. Une erreur qu’apparemment je devais commettre pas mal de fois, puisque ma dernière compagne avait pris la fuite pour cette même raison. Je me laissais simplement submerger par une désagréable impression de déjà vu. J’essayais discrètement d’observer chaque trait de son visage, dans le but d’y déceler du chagrin, ou un profond regret. Sans réponse. La grande de la Sigma –mais aussi un fâcheux point qui m’avait toujours déplu- : sa contenance. Quelle que soit la situation, elle ne montrerait rien, ou presque, de son ressenti ou de son malaise. J’imaginais bien que ma précédente question l’avait quelque peu chamboulée, mais elle y avait répondu. Calmement, posément, comme si nous étions de bons vieux amis. L’étions-nous ? Je n’étais pas assez présomptueux pour pouvoir l’affirmer, mais je me sentais étrangement à l’aise ici. Nous jouions cartes sur table, franco, mais nous restions agréables dans nos paroles. J’appréciais l’échange, bien qu’une petite voix me murmurait que je devrais prendre mes jambes à mon cou avant qu’il ne soit trop tard. Notre relation avait beau être tendue et plutôt ambigüe, cela n’en restait pas moins dangereux. Qui sait ce qu’il peut se passer en une soirée.. Chassant mes cauchemars, je préférais reposer mon attention sur la jeune femme. « C’est drôle, parce que j’ai l’impression que l’engagement est un souci assez commun chez mes ex. » esquissais-je d’une voix partagée entre l’amusement et la rancœur. Au moins, voilà qui était dit. Je n’aurais pas besoin de m’étaler sur ma relation (ou ancienne relation) avec l’Epsilon. Mais je ne préférais pas m’attarder sur cette note à double-sens. « Ca fait plus de deux ans, pourtant je n’peux pas m’empêcher de me demander où on en serait aujourd’hui si nous ne nous étions pas séparés. Parents tu crois ? Ou on se serait montré plus ‘’responsables’’ et on aurait fait de longues et grandes études pour financer notre future giga maison avec vue sur la mer ? » Un léger rire s’ajouta à mes dires pour ponctuer le tout. Peu convainquant, mais malgré tout présent, j’affichais un calme sourire tout en portant mon verre au bordure de mes lèvres. C’est vrai ça, où en serions-nous aujourd’hui ? On pourra dire ce que l’on veut, mais nous formions un beau couple ensembles. Même grade social, même centre d’intérêts. Peut-être étions-nous un poil trop sur la même longueur d’onde. Hormis cela, je ne pense pas que ce soit un grand défaut.

J’avais l’impression que cela faisait des heures que nous parlions. En vérité, cela devait peut-être faire une trentaine de minutes que j’étais arrivé. Mais l’ambiance paraissait plus sereine, plus calme. J’avais eu la réponse à la question que je me posais depuis plus de deux ans, alors j’imagine que cela devait apporter son lot de réconciliation entre nous. L’air de rien, je tendais un bras dans sa direction pour l’inviter à venir me rejoindre sur le divan. Tant qu’à faire, autant parler sans être dans une pièce différente. Nouvelle gorgée et je terminais d’une seule traite mon verre de whisky. Une agréable brûlure longea le long de ma gorge alors que j’imprimais d’un coup d’œil sa silhouette s’avancer. Aller savoir pourquoi, l’alcool apaisait la douleur quasi omniprésente qui me broyait la poitrine. Voilà peut-être la raison qui expliquait pourquoi je devenais à moitié un clodo ivrogne. Bien que la tâche s’avérait plutôt difficile puisque Micah avait pris la sale manie de planquer toute bouteille susceptible de contenir le moindre petit pourcentage d’alcool. Pire qu’une mère, une tortionnaire. En parlant de mère.. je ramassais négligemment la petite tétine du gamin alors qu’elle s’installait à mes côtés. « Et oui, les rumeurs sont fondées. Je suis aussi père d’une petite fille, enfin.. dans un certain sens du moins. Et elle est aussi âgée d’un an et demi. Je suis certain qu’ils formeraient une sacrée paire tout les deux. » Max et Andrea. Rien qu’à les imaginer ensembles, j’en riais intérieurement. A cet âge, les enfants sont adorables. Ils jouent, sans même se soucier de ce qui les entoure. Ils possèdent ce pouvoir d’atténuer les mauvaises choses, pour favoriser les meilleures. J’ai toujours eu ce petit faible pour Max, quand elle se fiche éperdument de ses toussotements, et qu’elle continue à me sourire comme si de rien n’était. La lumière de tout mon univers. Je préférais faire l’impasse sur sa maladie, ainsi que sur le fait qu’Esthell était à nouveau enceinte. Il n’était pas impossible que je ne puisse même pas contempler le visage de mon propre enfant une fois qu’il sera né.. alors autant ne pas y songer, et renier son existence. Quelle tristesse de devoir en arriver à là. L’avantage du père ? Il pouvait prendre la fuite. L’avantage de la mère ? Elle pouvait garder l’enfant. L’un comme l’autre, cette situation était loin de me convenir. J’eu un léger pincement au cœur quand je pensais à William, qui lui avait eu cette chance.. mais qu’il semblait s’être volatilisé pour X raison. Leur dispute était-elle à ce point grave pour qu’il décide de partir ? Je ne crois pas qu’une raison puisse être suffisante pour en arriver à là. J’étais on ne peut mieux placer pour savoir qu’une famille désunies était loin d’être bénéfique pour l’enfant. Suffisait de voir ce que j’étais devenu aujourd’hui. Un jeune père, incapable de garder mon épouse et ma/mes fille(s). Un soupire naquit, et je soupirais mollement tout en me tassant au fond du fauteuil. Evan à mes côtés, je fermais les yeux en posant mon front contre sa tempe. Quelques instants de répit, juste le temps de réaliser. Dans notre malheur, nous pourrions former un beau duo je pense. Encore fallait-il que l’on puisse se faire confiance, et éventuellement ensuite nous aider mutuellement. Reculant légèrement le visage, je suis resté une poignée de secondes à l’observer de profil. « En bons parents célibataires que nous sommes, tu veux me parler de ce qui n’a pas marché avec William ? Il parait que les ex peuvent être de très bons conseils. » Prouvé ! Après tout, Autumn demeurait être ma meilleure amie à l’heure actuelle. Une petit princesse sur laquelle je pouvais compter, quelle que soit l’heure. Et pourtant, à la suite de notre séparation, plusieurs années se sont écoulées avant nos retrouvailles… Ma petite lueur de bien-être personnelle. Un trésor cette fille-là. A croire que j’avais le don pour sortir avec des blondes, et m’en faire ensuite des amies. Qui sait. L’avenir est plein de surprise, et cette soirée pouvait encore me le démontrer. J’osais croire qu’une sincère amitié pouvait s’installer entre la Sigma et moi-même. J’étais las de toutes ces tensions, de ces chamailles, et coups de gueule qui ne servent strictement à rien. Être mourant m’aura au moins fait ouvrir les yeux sur une chose : la vie est mille fois trop courte pour ne s’attarder que sur les mauvais souvenirs appartenant au passé. Et bien que j’ai un peu de mal avec cette forme de philosophie, j’essayais tant bien que mal de m’y accrocher. Pour ma fille, pour Esthell.

Et un son strident résonna soudainement dans l’appartement. Une voix de bambin, qui appelait sa mère. Ah, hé bien quand on parlait du loup. Andrea manifestait enfin sa minuscule présence, sans doute réveillé par nos discussions. J’ignorais bien quelle heure il pouvait être, mais c’est qu’il semblait avoir le sommeil léger le petit. A l’opposer de Max qui dormait comme un véritable ange dès que je chantonnais notre chanson officielle tirée de Tarzan. Mélancolie quand tu nous tiens. Nouveau soupire. Je me suis tourné vers Evan, tout souriant et le visage incliné d’un air presque suppliant. « Tu me présentes ton bonhomme ? Ou j’lui enfile du whisky dans son biberon demain matin. Ni vu, ni connu. » Une point d’humour, pour un brin de sérieux. Je me souvenais vaguement de la crevette rosée qu’elle avait pu tenir dans ses bras, alors qu’il venait de naître. Mais jamais je n’avais pu prendre le temps de contempler le tout petit trésor d’Evan. Avec un peu de chance, il s’avèrerait être l’homme parfait pour Max : beau, grand, musclé, intelligent. Hum. Mine de rien, la situation serait plutôt comique de voir les deux mères ennemies devenir belles-mamans. Quel pied. Et moi à côté, en guise de pot de fleur. Charmante représentation de l’avenir. Je balayais d’un coup mes pensées pour me relever d’un bond du siège. Les mains tendues vers la Sigma. Aller maman, on se lève, et on va dorloter le petit Andrea qui n’arrive pas à dormir.


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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyMer 11 Jan - 18:16

❝ When something is broken and you try to fix it,
trying to repair it any way you can ❞
« C’est drôle, parce que j’ai l’impression que l’engagement est un souci assez commun chez mes ex. » Le regard d’Evan se perdit dans le vide tandis qu’elle méditait sur cette réponse. On pouvait lui attribuer beaucoup de défauts, qu’elle assumait d’ailleurs volontiers, sachant se juger avec assez d’objectivité sur une personnalité des plus imparfaites, mais rarement dans sa vie elle n’avait pu être taxée de lâche. Elle était même plutôt l’inverse, du genre à prendre le taureau par les cornes, à affronter les problèmes en face, à ne jamais fuir, peu importaient les circonstances. Et puis parfois, elle redevenait aussi faible que le reste de l’humanité, incapable de résister à des pulsions primaires. Les animaux affrontent rarement leurs adversaires, ils préfèrent prendre la fuite, se cacher, car leur survie en dépend. Si les hommes étaient censés être l’évolution de la faune, ils n’en restaient pas moins habités du même instinct de survie. Prendre la fuite pour s’assurer son salut. Avec Benjamin, le prédateur n’était pas le Sampi, c’était le futur, l’incertitude. Evan n’aimait pas tout planifier, savoir de quoi le lendemain serait fait. Elle n’avait jamais su se projeter bien loin dans son avenir, et s’en contentait parfaitement. Vivre au jour le jour, carpe diem, un mode de vie choisi et assumé. Alors lui demander d’envisager une relation prenant une nouvelle tournure beaucoup plus sérieuse à elle, l’indécise de service ? Impensable. Emménager dans le même appartement et puis quoi après ? Une vie ensemble, un mariage, des enfants ? Ce n’était pas la vie faite pour elle, la voyageuse, baroudeuse qu’elle était. Comme quoi, elle ne devait pas se connaître si bien que ça. Ou peut-être tout simplement que Benjamin n’était pas la bonne personne et qu’elle l’avait senti. Toujours était-il que son départ lâche et puéril n’était pas quelque chose dont elle était fière, même des années après. Pas plus qu’elle n’était fière d’être partie à l’autre bout du monde l’été précédent, ne donnant pas un seul signe de vie à qui que ce soit. Il lui arrivait de faire des choses stupides, excepté que les conséquences dépassaient généralement de très loin ce qu’elle envisageait. Elle reporta son regard sur Benjamin, le gratifiant d’une moue à mi-chemin entre un sourire et une grimace. Elle se sentait suffisamment embarrassée comme ça, il n’était pas utile de l’enfoncer plus encore, d’autant que la comparaison avec Esthell n’était pas particulièrement source de fierté pour elle. Les deux femmes n’avaient que peu de choses en commun, Benjamin, avoir eu un enfant jeune, le parallèle s’arrêtait là. Le plus amusant était qu’elle avait récemment reçu une demande de sa part pour intégrer les Sigmas. En tant que présidente avec Esméralda, elles étaient les seules à pouvoir décider de son intégration chez elles et Evan avait savouré l’instant. Néanmoins, elle ne refuserait pas. La voir tous les jours ne serait pas une partie de plaisir particulièrement, mais enfin, sa confrérie passait avant tout, et chaque nouvelle recrue était la bienvenue. « Etait. En ayant un enfant, tu te doutes bien que l’engagement, maintenant, que ça me fasse peur ou non, je ne peux pas y échapper » répondit-elle, non sans une légère froideur. Si elle savait admettre ses torts ou ses défauts, en revanche, elle n’appréciait pas particulièrement qu’on les lui balance en pleine figure. Peut-être était-ce pas susceptibilité, ou parce qu’il était facile de s’auto-critiquer, mais moins d’accepter celle des autres.

« Ca fait plus de deux ans, pourtant je n’peux pas m’empêcher de me demander où on en serait aujourd’hui si nous ne nous étions pas séparés. Parents tu crois ? Ou on se serait montré plus ‘’responsables’’ et on aurait fait de longues et grandes études pour financer notre future giga maison avec vue sur la mer ? » A vrai dire, cette question, elle ne se la posait pas. Elle n’avait jamais eu trop de mal à dire que son histoire avec Benjamin était du passée, et la seule personne avec laquelle elle se demandait où elle en serait aujourd’hui était William. Elle préférait les choses passées dans le passé, et ses relations suivaient le même principe. Excepté celles qui n’étaient pas encore tout à fait terminées, physiquement ou dans sa tête. Maintenant que la question, il la lui posait, elle laissa son esprit divaguer quelques instants, tentant d’imaginer ce qu’ils auraient bien pu devenir ensemble… avant d’abandonner. A quoi bon se demander de quoi leur avenir aurait été fait, de toute façon, elle ne savait pas pour lui mais la concernant, elle avait tellement changé ces dernières années, tellement grandi, mûri, que repenser à celle qu’elle était avant était trop compliqué. « Je ne sais pas… » fit-elle en se mordant la lèvre, les yeux rivés au sol. « Je pense pas qu’on aurait été parents, pas si jeunes en tout cas. C’était pas vraiment comme ça que j’imaginais mon entrée dans la vie adulte. J’imagine qu’on serait dans notre appartement, luttant pour payer les factures et les malheurs de la vie nous auraient désenchantés depuis bien longtemps. On serait probablement encore ensemble par habitude, à défaut de s’aimer encore, et l’un de nous finirait par laisser tomber parce qu’il croirait encore à l’amour ». Vision sombre d’une éternelle pessimiste. Si ses paroles étaient dures, néanmoins elle savait qu’elle disait la vérité. Ils n’étaient pas faits pour être ensemble, c’était un fait, on ne pouvait rien contre. Elle n’aurait pas voulu être de ces couples ensemble trop jeunes, qui foirent leur vie à peine les 35 ans passés, parce qu’ils veulent faire ce qu’ils n’ont jamais pu faire dans leur jeunesse. Peut-être bien qu’elle-même finirait comme ça, même si elle était tellement convaincue d’avoir trouvé son âme-sœur qu’elle n’éprouverait jamais le besoin de vouloir profiter d’autre chose. Elle releva les yeux lorsqu’il confirma la rumeur qui n’en était pas vraiment une. Elle se demandait à quoi pouvait bien ressembler un Benjamin père de famille. Les souvenirs qu’elle avait de lui étaient ceux d’une personne géniale mais encore parfois enfantine. Mais après tout qui était-elle pour juger, à vingt et un an avait-elle vraiment le profil idéal pour devenir mère ? Non, et pourtant ça ne l’empêchait pas d’être douée pour ça. Elle tenta d’imaginer leurs deux enfants, peut-être qu’un jour ils seraient amis, peut-être même qu’ils tomberaient amoureux, allez savoir. Peut-être qu’un jour ils seraient ce que leurs parents n’avaient pas vraiment été, des âmes-sœurs, inséparables, indissociables, amis, amours, amants. Mais enfin, les deux avaient encore le temps, à un an et demi, le mieux qu’ils pourraient éventuellement trouver serait un compagnon de jeu chez l’autre. « Oui, peut-être » lui accorda-t-elle avec une moue peu convaincue. « Mais Andrea a beaucoup de mal à partager ses jouets » fit-elle avec un sourire en coin. C’était ça, d’être enfant unique choyé par ses parents. S’il était forcément le plus beau bébé du monde et le plus adorable, c’était aussi un capricieux né. En même temps vu les modèles qui lui servaient de parents, c’est le contraire qui aurait été étonnant.

« En bons parents célibataires que nous sommes, tu veux me parler de ce qui n’a pas marché avec William ? Il parait que les ex peuvent être de très bons conseils. » Une vie n’aurait pas suffi à expliquer les milliers de raisons pour lesquelles ça ne marchait pas avec William. Et quand bien même, elle n’était pas tout à fait certaine qu’en parler avec Benjamin soit le moyen le plus efficace d’arranger sa propre situation. Après tout, jusqu’à seulement quelques minutes plus tôt, ils étaient des étrangers avec un passé commun, rien de plus. Et dans la tête d’Evan, le Sampi n’était pas encore passé du statut d’ex petit ami, première relation sérieuse, à nouveau meilleur ami, aucune ambigüité, il est complètement normal d’étaler sa vie sentimentale avec quelqu’un d’autre. Oh et puis merde, après tout, Benjamin avait été quelqu’un d’important pour elle, qui la connaissait bien qui plus est et honnêtement, les occasions de pleurer sur quelqu’un, quel qu’il soit, se faisaient vraiment rares ces derniers mois. Au moins avant elle aurait pu aller pleurer sur l’épaule de Catahleen, maintenant elle ne pouvait même plus faire ça, alors si quelqu’un se montrait assez généreux pour la laisser parler du foirage monumental de sa relation avec William, mieux valait peut-être qu’elle sache saisir une telle opportunité. Elle vint s’asseoir sur le canapé à son tour, son verre de whisky presque entièrement vide. La logique aurait voulu qu’elle aille resservir son invité ainsi qu’elle-même, mais enfin, elle pouvait bien retarder ça de deux minutes. « La bonne question se serait peut-être qu’est-ce qui marche avec William. Pas grand-chose. Je pensais pas que c’était possible de commettre autant d’erreurs dans une même relation, et d’être pourtant amoureux comme au premier jour. On ne sait pas être ensemble, mais on ne sait pas être séparés, on se déchire et pourtant on s’aime, on se bombarde de reproches et finalement l’autre fait exactement tout ce qu’il reprochait à l’un. Pendant des mois je lui ai reproché d’avoir préféré prendre la fuite plutôt que d’assumer son rôle de père, et puis c’est moi qui ai pris la fuite cet été. Et celui qui en souffre le plus, c’est pas nous, c’est Andrea. Pendant plusieurs mois il avait son père, et maintenant, il ne le voit plus du tout, et je ne voulais pas lui infliger ça, mais enfin, je n’ai pas trop le choix. » Cela faisait du bien, de parler, de s’épancher sur cette relation qui n’en finissait pas et qui la meurtrissait chaque jour un peu plus. « On voudrait aller de l’avant, mais on n’en est pas capables. Et toi alors, qu’est-ce qui n’a pas marché avec Esthell ? » En posant la question, elle se leva pour aller chercher la bouteille de whisky entamée avant de la ramener sur la table du salon et de se rasseoir, prête à entendre les explications de Benjamin. Elle n’en eut pas le temps, les pleurs d’Andrea se mettant à retentir dans tout l’appartement. L’avantage avec lui, c’est qu’elle n’avait pas besoin de ces microphones pour entendre pleurer bébé. Non seulement l’appartement n’était pas assez bien isolé pour qu’elle ne l’entende pas pleurer, mais en plus ses cris étaient tellement forts qu’il aurait fallu qu’elle soit sourde pour ne pas l’entendre. Elle lança un regard peu amène à la remarque de Benjamin. « Le rendre alcoolique à un an & demi, quel bon exemple » lâcha-t-elle, froidement. « Excuse-moi ». Elle se leva et se rendit directement dans la chambre d’Andrea, attenante à la sienne. Il était là, dans son lit, pleurant toutes les larmes de son petit corps. Probablement un cauchemar. Il en faisait de plus en plus souvent, ces dernières semaines. Rien de quoi inquiéter la jeune maman poule qu’Evan était, mais tout de même, rien de très rassurant non plus. Elle le prit dans ses bras avant de revenir dans le salon. « Et voilà l’homme de ma vie » dit-elle à Benjamin en plantant son regard azur dans celui de son fils , faisant une moue qu’il adorait tout particulièrement. Comme toujours, il mit ses deux petites mains sur les joues de sa mère, tentant de reproduire la même expression mi concentrée mi en colère qu’elle, sans toutefois y parvenir réellement, le rendant d’autant plus comique à voir. « Probablement un cauchemar. » Elle posa son fils par terre, le laissant de lui-même aller vers sa tétine, qu’il avait très rapidement repérée. Il suffisait que sa mère le prenne dans les bras pour qu’il arrête automatiquement de pleurer. Le rêve. « Et toi alors, où es ta fille ? C’est Esthell qui l’a ? »


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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyDim 15 Jan - 12:10

J’écoutais d’une oreille attentive ses quelques confidences sur sa relation avec William. L’ancien Epsilon ? Je ne l’ai jamais vraiment connu. De vue bien sûr, sa réputation n’était plus à faire, mais en dehors de cela, jamais nos chemins n’avaient été amenés à se croiser. Dommage d’ailleurs. J’aurais apprécié pouvoir discuter avec l’homme qui avait pris ma place aux côtés de la Sigma. Rancunier ? Certainement pas. Juste curieux. Ainsi vint le douloureux moment où elle évoquait leurs débats, et l’origine de leur séparation. Indéniablement, ses mots me rappelèrent ma propre situation. Disputes en tout genre, reproches, et pour conclure le tout : un enfant qui souffre de l’absence de son père. Ahem. Y avait pas à dire : le hasard avait voulu que nous connaissions plus ou moins le même avenir, bien que séparés l’un de l’autre. J’ignore si c’est une bonne chose ou non, mais le gros avantage à toute histoire : je savais avec précision dans quel état d’esprit elle pouvait demeurer actuellement. Bien que nous soyons plutôt opposés caractériellement, j’étais quasi certain que sa peine équivalait à la mienne. Du moins, en ce qui concernait l’absence d’un membre de la famille à proximité. Andrea et Max ne se connaissaient, mais ils auraient au moins un sujet de conversation bien particulier lors de leur rencontre en maternelle : ‘’bah alors ton papa il est où ? – pas là – ah bah moi non plus’’. Bim. Comme ça. Rien que de songer à cette idée, j’en souriais tout en grimaçant légèrement. Pourvu que mon petit ange ne commette pas les mêmes erreurs que ses parents. Ou devrais-je plutôt dire : pourvu qu’un jour elle connaisse le bonheur du mariage réussi. Malheureusement pour elle, sa maladie l’empêcherait peut-être de réaliser un jour ce rêve. Mais enfin.. Le pire, c’est que jamais tout ça ne l’a un jour dérangé. Elle accepte la douleur que lui infligent ses jeunes poumons, et elle continue de sourire. Pour le coup, la gosse de deux ans était on ne peut plus courage que son papa. « On voudrait aller de l’avant, mais on n’en est pas capables. Et toi alors, qu’est-ce qui n’a pas marché avec Esthell ? » Aller de l’avant, c’est une chose pourtant si simple à dire. A faire.. c’en est une autre. Combien de fois avions-nous essayer de laisser nos querelles de côté, pour se focaliser uniquement sur notre petite ? Je suppose qu’au final, ça n’a jamais vraiment marché, puisque je me retrouve aujourd’hui à devoir passer une nuit chez mon ex. J’ai déposé mon attention au beau milieu de mon verre –vide- avant d’inspirer un bon coup. « Le couple qui s’aime et se détruit mutuellement, ça ressemble pas mal à ce que j’ai vécu. En vérité, tu l’as peut-être lu sur le blog de Watch Out, mais je suis malade. » Brève pause. J’ignorais si la blogeuse s’était un jour penchée sur mon cas de Sampi désespéré, mais quoiqu’il en soit je suppose qu’au vu de ma tête, aujourd’hui on pouvait aisément le deviner rien qu’en posant les yeux sur moi. Dans un soupire, j’ai repris à voix basse : « Pendant des mois j’ai reproché à Esthell d’aller voir ailleurs, de ne pas m’aimer suffisamment alors que nous nous déclarions être un couple. Ensuite j’ai appris pour ma maladie, je lui dis que j’aimerai qu’elle trouve quelqu’un d’autre : un homme qui puisse me remplacer, et qui a toute la vie devant lui. Alors elle a commencé à me chasser, et c’est ainsi que nous en sommes arrivés à là. Je pensais que ça m’apaiserais de savoir qu’elle ne souffrirait pu par ma faute, mais au final c’est pire que tout... » Des regrets ? Oh j’en avais, et pas qu’un peu. Je l’avais pour ainsi dire supplié de partir. Je l’ai chassé, à contre cœur bien sûr, mais pour son bien. Du moins, telle était mon intention. Au final, à droite et à gauche j’entends les rumeurs qui circulent, et qui ne m’apportent pas vraiment de bonnes nouvelles. Elle aurait replongé dans ses vieilles habitudes apparemment. Mytho ou vérité, je ne préférais pas le savoir. Mine de rien, c’était ‘’bien fait pour moi’’. Trop bon, trop con comme on dit. A croire que le véritable Amour est conçu pour n’être vécu que dans les larmes et la destruction. Pour preuve : même Evan en connaissait la douloureuse expérience. Je lâchais un soupire tout en guettant la Sigma se lever du fauteuil. Ah le petit Andrea. Je faisais impasse sur sa dernière remarque, souriant tout fier de ma connerie. Quelques minutes s’écoulèrent, le temps qu’elle ramène un petit monstre dans ses bras. Il ne pleurait plus, mais affichait carrément une trogne toute adorable à en faire pétiller les yeux des plus réticents face aux enfants. Mohh, la bouille. Les prunelles rivées sur le microbe désormais à terre, je le fixais avec un air qui frôlait la niaiserie. « Et voilà l’homme de ma vie » Et quel homme ! Bien choisi. Soit il finirait célibataire endurci, soit il se marierait à Max. Andrea galopait à quatre pattes en direction de sa tétine, et pouf, dans la bouche. J’adore les enfants, et cette manie qu’ils ont a pleurer trente secondes, pour ensuite rire aux éclats. « Probablement un cauchemar. » Sans doute. La vilaine maman Evan qui a caché la tétine de bébé Andrea. Hou, quel cauchemar. Levant les yeux au ciel, je m’enfonçais un peu plus dans mon siège avant de lever les yeux vers elle. « L’avantage d’endormir les enfants avec du whisky : ils dorment et se réveillent que le lendemain avec une gueule de bois. » Hé pim ! Un sourire se glissa sur mes lèvres avant que je ne reprenne à voix basse : « Pas taper.. Je plaisante. » Allez savoir pourquoi, cela ne faisait à peine qu’une bonne petite demi-heure que j’étais arrivé, et pourtant je me retrouvais là, à parler, boire, et plaisanter avec mon ex. Cela contrastait plutôt pas mal avec nos précédents accostages dans les couloirs de l’université. Mais bon, je n’allais pas m’en plaindre pour autant. Bien au contraire.

« Et toi alors, où es ta fille ? C’est Esthell qui l’a ? » La question se faufila alors dans la conversation, et je n’ai pu m’empêcher de grimacer. Ecouter les autres raconter leurs malheurs, j’adorais ça. Mais me confier moi-même et m’ouvrir, c’était une toute autre histoire. En dehors d’Autumn, on ne pouvait pas dire que j’étais particulièrement accro aux confessions. Il n’y avait guère que ma camarade d’enfance à qui je pouvais dévoiler tout et n’importe quoi, sans avoir peur qu’elle décèle en moi une quelconque faiblesse. Mais enfin… j’imagine qu’Evan avait autre chose en tête que de dénicher la petite faille. Et puis bon, ce n’est pas comme si elle m’était étrangère. Lorsque nous étions ensembles déjà, elle savait pertinemment que j’étais un accro aux morveux. Jouer le papa gâteau, c’était plus qu’une passion. Finalement, après quelques secondes de réflexion, je me suis levé tout en contournant le gamin au sol. « En effet. Mais pour moi c’est le contraire : je n’ai pas le droit d’aller la voir.. La dernière fois que je l’ai vu, ça doit remonter à notre rupture. Elle me manque.. William ne doit pas avoir conscience de la chance qu’il a de pouvoir se payer le luxe de serrer son fils dans ses bras. Je donnerai n’importe quoi pour revoir Max. » Regard rivé sur le petit, une touche de mélancolie m’agrippa. J’ai le souvenir d’avoir entrevu ce petit bonhomme, dans le train l’été de l’année précédente. Le hasard avait voulu que nous nous retrouvions tous bloqué dans un convoi, au beau milieu de la campagne. Evan était là, Andrea aussi. Sauf qu’il n’était qu’une toute petite crevette à cette époque. Et nous, nous étions deux vulgaires inconnus. D’ordinaire, je ne suis pas d’un naturel rancunier. Il fallait croire que pour certaines occasions, je pouvais me convaincre du contraire. Nous avions quand même mis près de trois ans avant de bien vouloir nous adresser de nouveau la parole. Comme quoi, même à plus de vingt ans, on reste de grands enfants qui boudent. Tout penaud, je me suis penché vers le bout d’chou à mes pieds, l’air gaga gravé sur les traits de mon visage. Même si Max me manquait, la présence d’un titit de son âge m’apaisait un peu. Je revoyais mon petit trésor dans ses gestes maladroits. Il est adorable ce truc-là. « Coucou bonhomme. Alors comme ça on a fait un gros cauchemar ? » Oui, petite précision à savoir chez moi : je pouvais m’adresser à un animal, ou un gamin d’un an et demi ici, comme si je m’adressais à un adulte. En guise de toute réponse, j’ai eu le droit à un beau regard tout mignon qui me fixe. Limite, j’étais quasi certain qu’il devait se demander qui j’étais. Nop, je suis pas papa, désolé. Et vloum, ma main ébouriffa rapidement quelques mèches de ses cheveux. Il avait les traits de sa mère le bougre. « Ca va, je connais pas William, mais il a bien hérité de toi ton gam… » Tout noir. Plus rien. Je me suis interrompu dans ma phrase. L’appartement était désormais plongé dans le noir, et la seule lumière qui éclairait les lieux étaient les éclairs qui tombaient à proximité. Hoplà, coupure de courant. Pourquoi pas. Et bien vite, les pleurs du petit se firent entendre. Normal, à cet âge, l’obscurité est notre pire ennemi. Max était du genre à faire tout un caprice lorsqu’on avait le malheur d’oublier de brancher sa veilleuse dans sa chambre. Dans un reflex, ma main agrippa celle du gamin, et les yeux plissés, je cherchais à distinguer la silhouette d’Evan. Poh, c’était pire qu’un film d’horreur cette scène-là. « Evan ? » M’emparant de monsieur pleurnichard, je me relever avec le bambin dans les bras. A l’aveuglette, je me suis avancé dans la pièce à la recherche de la jeune mère. On y voyait vraiment rien. La tempête était-elle à ce point aussi intense pour carrément couper l'électricité ? Heureusement que j'étais pas rentré à pied... La main tendue en avant, je tentais tant bien que mal de me répérer pour ne pas buter les meubles. Surtout qu'avec un bébé qui hurle dans ses bras, c'était pas une chose aisée. Ah ! Touché, trouvé ! « Ah ba t’es là. Bon, on s’fait un barbecue ou t’as des bougies ? J’te préviens, j’ai aussi peur du noir qu’Andrea. Alors dans 30 secondes top chrono je vais me mettre à pleurer aussi. »
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MessageSujet: Re: ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin ❝ Running 'round, leaving scars • evan&benjamin EmptyMer 25 Jan - 0:22

❝ When something is broken and you try to fix it,
trying to repair it any way you can ❞
Depuis qu’Evan avait rencontré William, elle avait l’impression que toutes ses histoires précédentes n’étaient rien en comparaison. Loin d’elle l’idée de diminuer l’impact de sa relation avec Benjamin, celle-ci avait été enrichissante, comme toutes les autres et elle avait réellement eu des sentiments à son égard, malgré la fin brutale de leur couple, mais du moment où elle s’était rendue compte de l’importance de son amour pour William, elle avait compris. Compris qu’elle ne pourrait jamais aimer personne d’autre de la façon dont elle l’aimait lui. Excepté Andréa, mais peut-on comparer le sentiment amoureux à la tendresse d’une mère ? Certainement pas. Et malgré tout, à tous ceux qui disent que ce qui compte, c’est d’aimer, la Sigma aurait bien eu envie de rétorquer qu’aimer ne faisait pas tout et surtout ne construisait pas un couple dans la durée. Cette leçon, elle l’avait durement apprise et continuait de l’apprendre jour après jour. Les deux avaient commis tellement d’erreurs que l’on pouvait se demander comment il était possible que depuis, ils ne soient pas passés à autre chose. Probablement qu’avoir un enfant ensemble changeait énormément de choses. Sans aucun doute, meme. Il était certain que dans l’hypothèse – qu’Evan espérait peu probable – où ils ne se remettraient jamais ensemble, ils seraient toujours liés par leur fils, et c’était le genre de lien indéfectible. S’ils ne se remettaient jamais ensemble… Elle n’osait pas l’imaginer. Meme si elle se doutait de l’intensité de la haine qui devait habiter son ancien petit ami à l’heure actuelle, après ce qu’elle avait fait, elle n’arrivait pas à envisager une vie sans lui. Etrange, lorsqu’on savait qu’ils avaient été plus longtemps séparés qu’en couple. Mais voilà, sa vie se résumait tristement à deux personnes, son ame-sœur et son fils. People who are meant to be will always find their way back together. Une philosophie à laquelle elle croyait profondément. Cela ne serait pas tout de suite, mais un jour, elle en était persuadée, elle le retrouverait. De toute façon, elle le savait pertinemment, elle n’aimerait jamais quelqu’un autant, et serait complètement incapable de passer à autre chose, son expérience avec Plastic l’avait prouvé. Avoir des sentiments d’une telle intensité pour quelqu’un, ça ne se contrôle pas, tout comme l’on ne contrôle pas le fait de ne pas en avoir pour quelqu’un d’autre malgré tous les efforts que l’on peut bien faire. Ce qui n’empechait pas leur relation d’etre complètement destructrice, pour elle comme pour lui. Mais qu’est-ce que cela pouvait bien faire, tant qu’ils s’aimaient. Elle fut tirée de ses pensées par la réponse de Benjamin. Elle se redressa sur le canapé, étirant ses muscles endoloris par la position inconfortable qu’elle avait adopté. En réalité, le Sampi se trouvait à la place qu’elle occupait habituellement mais il aurait été impoli de lui demander d’échanger de place, n’est-ce pas. Elle leva les yeux vers lui à l’annonce de sa maladie. « Désolée, je ne savais pas. A vrai dire, lire Watch Out est bien la dernière de mes préoccupations, d’autant qu’on ne peut pas dire qu’elle ait été tendre avec moi ces dernières années » Et encore, c’était un euphémisme. Sa vie à l’université avait été traquée, épiée, rapportée, amplifiée, déformée et elle ne comptait plus le nombre de mensonges qui avaient été dits sur elle, depuis la profiteuse vénale à la mère indigne, elle avait eu le droit à à peu près toutes les horreurs possibles et imaginables. Autant dire que cela lui avait passé l’envie d’aller lire les ragots du blog. Benjamin malade, c’était autrement plus important. Elle était sur le point de lui demander si sa maladie était grave, mais la suite de ses explications lui permit de trouver une réponse. Oui, a priori, c’était grave, autrement, comment justifier qu’il puisse demander à Esthell de se trouver quelqu’un avec la vie devant lui. Elle était loin d’etre la mieux placée pour donner des conseils sur un couple, vu le propre échec de son couple, mais elle ne put s’en empecher. Impossible de croire qu’elle aurait pu un jour défendre Esthell plutôt que son ex petit ami, mais comme tout arrivait, c’est précisément ce qu’elle fit. « Je sais bien que je ne peux pas juger, après tout ce n’est pas moi qui vis cette relation, mais lui imposer quelque chose de ce genre, ce n’était pas forcément la meilleure solution. Je me doute que ça partait d’une bonne intention, et c’est logique de vouloir qu’elle soit avec quelqu’un qui puisse rester avec elle longtemps, mais ce n’était pas à toi de faire un tel choix, mais plutôt à elle. Enfin, vu la calamité que je suis niveau relation de couple, je ne suis pas sure que mes conseils soient particulièrement avisés. Mais s’il y a bien une chose que j’ai apprise, à mes dépends, c’est qu’on n’a pas à choisir pour l’autre. Un couple, ça se fait à deux, et les épreuves douloureuses, c’est à deux qu’on les surmonte. Au final, vous vous retrouvez tous les deux malheureux et en plus, ce n’est pas comme si vous étiez les seuls concernés, il y aussi un enfant dans l’histoire, et ça change tout… » Elle était bien placée pour le savoir, peut-etre que si elle avait compris plus tot que la peine causée par la mort de sa meilleure amie pouvait etre réduite en la partageant avec William, à présent elle serait mariée avec lui, et ils seraient surement heureux. En tout cas bien plus heureux qu’elle ne l’était maintenant. Elle lança un regard noir à la nouvelle remarque de Benjamin sur l’alcool. Elle n’était peut-etre pas la meilleure des mères, mais elle n’irait pas jusqu’à endormir son fils avec un biberon de whisky. Elle savait qu’il s’agissait d’une blague, bien entendu, elle n’avait pas perdu son second degré, m’enfin, elle estimait que certains sujets ne valaient pas que l’on plaisante dessus. « J’espère bien oui, sinon t’es bon pour repartir comme t’es venu. » rétorqua-t-elle. Et vu que le temps n’était pas à l’amélioration, bien au contraire, c’était un genre de menace supreme.

« En effet. Mais pour moi c’est le contraire : je n’ai pas le droit d’aller la voir.. La dernière fois que je l’ai vu, ça doit remonter à notre rupture. Elle me manque.. William ne doit pas avoir conscience de la chance qu’il a de pouvoir se payer le luxe de serrer son fils dans ses bras. Je donnerai n’importe quoi pour revoir Max. » Evan lacha un soupir. Les paroles de Benjamin trouvaient écho en elle, et elle se sentit d’autant plus coupable d’avoir empeché pendant tant de mois William d’avoir son fils avec lui. Elle ne l’avait pas fait dans cette optique-là, malgré tous leurs différends, elle avait toujours tenu à ce que cela n’entache pas la relation qu’il devait avoir avec son fils, mais le résultat était le meme, elle avait fait sensiblement la meme chose qu’Esthell, et au vu de la réaction du Sampi, William devait avoir probablement eu la meme, sinon une plus désespérée encore. « Je suis navrée pour toi. L’intelligence voudrait que l’on ne prive jamais un enfant de ses deux parents, mais malheureusement en pratique, ce n’est pas toujours le cas. Je ne sais pas ce qu’il en est pour elle, ce que je sais en revanche, c’est qu’on ne le fait pas forcément pour punir quelqu’un, juste… je ne sais pas… » Elle n’alla pas plus loin, se contentant de se replonger dans ses souvenirs, et son départ avec Andrea pour Paris, un départ non prémédité, organisé à la va-vite et dont elle n’avait pas pesé le pour et le contre et encore moins les conséquences. D’autant plus qu’elle s’octroyait le droit de décider de tout concernant Andrea, après tout, on ne pouvait pas dire que William avait été un modèle de présence depuis le début, malgré tous les efforts qu’il avait fait pour se rattraper depuis. Evan observa Benjamin en train de jouer avec Andrea et ne put s’empecher de sourire. Elle aussi avait été une mère gaga, bien qu’elle se soit calmée depuis. Au départ, on pense toujours que son enfant est la huitième merveille du monde, et puis au bout d’un an et demi de sommeil interrompu et de mauvaise humeur, on finit par légèrement réviser sa position. Apparemment pour le Sampi ce n’était pas le cas. Tant mieux pour lui. « Ca va, je connais pas William, mais il a bien hérité de toi ton gam… » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, la lumière s’éteignant brusquement. Génial, il ne manquait plus que ça, la panne de courant. En meme temps, vu la tempete dehors, cela n’avait probablement rien d’anormal. Elle entendait le vent sur les carreaux, la pluie battante, et les coups de tonnerre ainsi que les éclairs zébrant le ciel, illuminant par intermittence la pièce, lui conférant une atmosphère inquiétante. Paranormal Activity, le retour, ne put-elle s’empecher de penser. Il ne fallut que quelques secondes pour qu’Andrea se mette à pleurer. Etonnant, lui qui d’habitude n’avait pas particulièrement peur du noir. Elle l’avait habitué depuis toujours à dormir dans le noir complet, l’une de ses propres habitudes à elle, et aussi en raison de sérieuses économies d’énergies. Elle se leva, tachant de se repérer. Evan avait beau vivre ici depuis un peu plus d’un an, elle avait encore beaucoup de mal à connaitre les moindres recoins de son appartement. « Evan ? » appela Benjamin. Elle se retourna, plissant les yeux pour déterminer l’origine de sa voix, se repérant également aux pleurs d’Andrea. « Je suis là. Ca doit etre une panne de courant à cause de la tempete ! » fit-elle. Quelques secondes plus tard, Benjamin entra en contact avec elle, la rassurant légèrement. Elle n’avait pas peur du noir mais la tempete cumulée à l’obscurité l’inquiétait bien malgré elle. « Ah ba t’es là. Bon, on s’fait un barbecue ou t’as des bougies ? J’te préviens, j’ai aussi peur du noir qu’Andrea. Alors dans 30 secondes top chrono je vais me mettre à pleurer aussi. » Meme s’il ne pouvait la voir elle ne put s’empecher de lever les yeux au ciel. Qu’à un an & demi son fils pleure, cela n’avait rien d’étonnant mais enfin, un gosse c’était suffisant, elle n’en avait pas besoin de plus. « Reste-là, et fais bien attention à Andréa. Je vais essayer d’arranger ça ». Elle avança, tatant son entourage des mains, prenant soin de ne pas se cogner contre un meuble ou de ne pas glisser sur les jouets de son fils. C’était dans ce genre de moments que l’on regrettait de ne pas avoir rangé une pièce. Elle finit par atteindre non sans mal le couloir, tatant le mur à la recherche du panneau où se trouvaient les plombs. L’avantage de vivre seule en étant une femme indépendante, c’était que l’on s’arrangeait pour savoir faire les trucs de base : changer une ampoule, remettre le disjoncteur en marche, meme faire quelques menus travaux de plomberie lors d’une fuite, des abilités qui lui avaient permis d’économiser un bon paquet d’argent, bien utile à l’époque où elle n’en possédait pas énormément. D’un main experte, elle redressa le levier et la lumière se ralluma dans tout l’appartement, calmant aussi les pleurs d’Andrea. Evan soupira avant de revenir dans le salon. « Je préfère l’option électricité, personnellement » fit-elle avec fierté. « Accorde-moi cinq minutes le temps de recoucher Andrea, et puis je propose qu’on finisse cette bouteille de whisky, après tout, je ne vais pas en faire grand-chose d’autre de toute façon ». Elle prit son fils dans ses bras, avant de partir vers sa chambre. Cinq minutes plus tard, elle était effectivement revenue. Il ne s’était pas encore endormi, mais cela ne saurait tarder, du moment qu’il restait calme. Elle reprit la bouteille de whisky avant de retourner s’asseoir. Elle resservit Benjamin, puis se resservit elle-meme avant de boire une bonne rasade du liquide ambré. Elle leva son verre. « A nos histoires de cœur foireuses ! » fit-elle avant de reboire une gorgée. « Si c’est pas triste, quand meme, boire un verre avec mon ex pendant que le père de mon fils est parti dieu seul sait où, alors qu’à l’heure actuelle, je devrais avoir la bague au doigt » lacha-t-elle, un voile de tristesse dans son ton. « Mais enfin, au moins je ne suis pas mourante » fit-elle, sans meme faire attention à la rudesse de ses propos envers Benjamin. « Désolée, c’est pas ce que je voulais dire. C'est grave à quel point ? Du genre tu vas mourir dans un an, ou dans dix ans ? » ajouta-t-elle, d’un air coupable.


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