the great escape
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❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin

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❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin Empty
MessageSujet: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyMer 17 Aoû - 19:10


Autumn Rowen-Glaswell

❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin Tumblr_lc5lv6ZwrR1qet2v6o1_500

❝ I'm gonna lose you ❞
Lose You by Pete Yorn
I don’t need a better thing,I’d settle for less, It’s another thing for me, I just have to wander through this world alone. Stop before you fall Into the hole that I have dug here, Rest even as you Are starting to feel the way I used to, I don’t need a better thing (Just to sound confused). Don’t talk about everyone, I am not amused by you.




Le temps rythme parfois nos vies d’une étrange manière. C’est à peine si nous avons le temps de l’entrevoir ; elle nous file à travers les doigts sans que l’on puisse la retenir. Chaque jour est une goutte de pluie parmi l’océan de notre existence. Existence que j’ai toujours pensée sans intérêt… Avant que je ne croise son chemin. J’ai cette chimère en moi qui me ronge de l’intérieur. Brûlant mes poumons et dévorant ma vie. Je ne sais même pas si j’aurai le droit de goûter à l’avenir… Comment pourrais-je parler de demain, alors que j’ignore si ce soir je respirerai encore ? L’idée est amer… Mais malheureusement, c’est la vie. C’est ma vie. J’aimerai pouvoir dire que je vivrai longtemps ; vieux, au côté de la femme que j’aime, de la fille que je considère comme mienne. Mais tous ces rêves ne sont qu’une utopie que je ne saurai un jour savourer. Alors je me contente en silence des larmes, de la souffrance, et de la peur. Combien de fois ai-je pu lire la crainte dans son regard azure… La frayeur, la même que celle que j’ai pu éprouver en pensant l’avoir perdu à jamais, sur cette plage, un soir pluvieux. Nous aurons beau nier l’évidence, un jour je partirai. Je m’en irai, comme un lâche, sans m’être suffisamment battu. Ce jour-là, j’espère être assez courageux pour lui demander de ne pas me suivre. Rester, survivre et oublier. A la manière de Rose & Jack ; elle restera, je m’éteindrai. Pour la première fois, nous serons séparés, jusqu’au jour où nous nous retrouverons. Puisque peu importe la place où je serai, mon cœur continuera à jamais de battre pour elle.

Brûlure au creux de ma poitrine. J’étouffe un hoquet de douleur alors que mes yeux s’ouvrent. Du revers de ma main, j’essuie la légère marque rouge qui tâche mes lèvres. Comme chaque matin, j’accusais le coup et je payais pour toutes ces cigarettes fumées. Vie de merde. Un rapide regard en direction de la baie vitrée. La matinée s’annonçait sombre. Nuages et torrents d’eau qui s’abattaient sur la ville. Et puis, je l’ai senti bouger à mes côtés. Mes yeux se posèrent alors cette fois sur sa silhouette endormie. Un ange. Un doux sourire relevait mes lèvres. Comme quoi, il suffisait d’un regard pour oublier la douleur. Du bout des doigts je caressais sa joue avant de l’embrasser, prenant garde de ne pas la réveiller. L’instant suivant, je m’échappais en silence, habillé et m’apprêtant à refermer la porte. Ma destination ? Pas la moindre idée. J’avais laissé à ses côtés un mot, disant que j’étais sorti pour me rendre à la pharmacie. Problème étant que ladite pharmacie n’ouvrait pas avant midi, et il n’était que 10h.

J’erre au beau milieu d’une rue inconnue. Mes pensées se baladant à mes côtés et ne sachant où donner de la tête. La pluie se repend sur la route, les trottoirs, moi. Etrangement, j’arrive à sourire. Les mains au creux de mes poches, mes pas résonnant silencieusement. La foule m’entourait. Alors pourquoi avais-je l’impression d’être plus seul que jamais ? Je sers du bout des doigts une lettre de ma mère. Celle qu’elle m’a envoyée pour mon anniversaire, il y a quelques semaines. Triste journée. Dire qu’autrefois nous formions une famille. J’ai encore du mal à réaliser qu’il fût un temps où je pouvais hurler sur mes parents. Aujourd’hui, j’ignore même s’ils n’ont pas encore une fois déménagé. Finalement, peut-être n’y a-t-il pas que les kilomètres qui nous séparent… Mais je n’en souffre pas tellement. A vrai dire, si j’ai toujours rêvé de pouvoir fonder une famille, jamais je n’ai vraiment su ce que cela impliquait. Des parents, des enfants et le chien qui court dans le jardin : la caractérisation typique de la famille dans les films américains. J’ignore ce que c’est que d’enlacer sa mère pour lui confier nos peines. Je n’ai jamais joué au baseball avec mon père. Je n’sais même pas ce que c’est que de taquiner sa sœur en lui volant ses poupées. Je n’dirai pas que ça me manque ou que je souffre de l’absence de ces éléments… N’ayant jamais éprouvé le plaisir de les vivre. Néanmoins… A voir mes rares compagnons venir tête basse vers moi en me disant qu’ils sont privés de sortie, cela m’amuse. Je n’sais même pas ce que le mot ‘punition’ implique. Sans doute est-ce pour cela d’ailleurs que je n’ai jamais vraiment apporté beaucoup d’importance dans le respect des règlements. Pourtant, aujourd’hui, je n’avais qu’un seul et unique rêve : pouvoir vivre suffisamment longtemps pour leur prouver que je peux être un bon mari, un bon père. Foutaises.

Mes pas franchissent la porte d’un café. Je n’y avais jamais mis les pieds, mais la tempête qui s’abattait désormais dehors ne m’incitait pas à faire demi-tour immédiatement. Sans m’attarder, je m’avançais lentement vers une table dans un coin du bâtiment. Grimaçant sans un mot face à plusieurs visages que j’avais pu reconnaître. Apparemment, je n’étais pas le seul à avoir eu l’idée de m’abriter ici. Un soupire m’échappa, je m’installais sur une chaise. Pluie, grêle, vent. Et quelques fous qui courent traverser l’averse, à l’aide de leurs parapluies à moitié troués. Les mains croisées sous mon menton, j’attendais tranquillement. Guettant les alentours, souriant niaisement. Finalement, cette matinée n’avait rien de très distrayant. Mes yeux fixaient un point invisible à travers la vitre face à moi. Etrangement, les gouttes qui s’écrasaient sur le carreau avaient quelque chose d’apaisant. A la manière du tic tac d’une horloge, le bruit constant de ces giboulées me berçait. Je refermais les yeux, l’espace de quelques secondes. Et j’entendais désormais mon propre souffle. Je ne faisais pas le moindre effort physique ; pourtant j’étais aussi essoufflé qu’un coureur de marathon. Et mon cœur qui frappait contre ma cage thoracique, tâchant de pomper le plus de sang possible afin de me maintenir encore un peu en vie. Je souffrais en silence, mais je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’elle endurait. Vivre à mes côtés ce calvaire n’était pas une chose simple.

« Vous prendrez quoi ? » La voix d’une serveuse me sorti de mes songes. Le regard vaguement fatigué, je levais les yeux vers elle. Je prendrais quoi ? Une paire de poumons neufs. « Chocolat chaud, et pourquoi pas une brioche avec, et… » Je me coupais au beau milieu de ma commande. Les yeux rivés vers une nouvelle silhouette qui venait d’entrer, je m’étais figé. Je l’aurais sans doute reconnue parmi une foule entière de personnes. Mon cœur loupa un battement, et je ne sus vraiment si je devais sourire ou faire la grimace. Sans m’en rendre véritablement compte, je m’étais levé. La guettant, jusqu’à croiser son regard. Deux secondes s’écoulèrent, qui parurent une éternité, avant que je ne daigne finalement lui adressé un doux sourire. « Et vous prendrez au passage la commande de la jeune femme qui vient d’arriver en la mettant sur ma note. » On dit que le hasard fait terriblement bien les choses. Je ne sais pas si c’est une rumeur ou non. Mais tout ce dont j’étais certain, c’est qu’en cet instant, je ne réalisais pas réellement encore qui j’avais sous les yeux. Je l’invitais d’un signe de la main à s’avancer, hésitant légèrement sur le comportement à adopter. Après tout, notre dernière rencontre n’avait pas été une partie de plaisir… Sauf si on aime les jurons et les vases qui volent à travers l’appartement. En l’espace de quelques secondes, ma journée venait de prendre un tout nouvel intérêt. J’ai cette boule au creux du ventre, un mélange de surprise et de plaisir. Mon Dieu, qu’il était bon de la voir… Elle s’approchait, je m’avançais d’un pas. En un soupire, j’entrevoyais notre enfance, nos sourires, nos vies liées. « Ma Petite Princesse ! » Et en un seul geste, je la prenais dans mes bras sans attendre. Il y a dix ans, nous nous enlacions de la même manière. Nous étions certes un peu plus petits en taille, mais l’intérêt que nous portions à l’autre était le même. Le Petit Prince avait retrouvé sa Princesse.
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❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin Empty
MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyLun 29 Aoû - 20:28

Des éclats de voix au milieu d’un parc désert. Un rire explose dans ses oreilles, tandis que des mains se déposent doucement sur ses yeux, lui cachant brutalement le monde aux alentours. Ces mains, cet éclat de rire, ce sourire taquin qu’elle apercevrait aussitôt qu’elle enlèverait ce bandeau lui cachant la vue…elle savait qui c’était ; elle ne le connaissait que trop bien. Cependant, lorsque ses doigts étrangement petits et fins se glissèrent sur les mains pour les retirer, lorsqu’elle discerna la silhouette sombre lui faisant face, elle laissa échapper un hoquet de surprise. C’était bien lui, mais avec dix ans de plus. Seize ans, le même parc, les mêmes protagonistes. Mais les éclats de rire ont laissé place aux hurlements de colère, aux mots lancés au hasard simplement pour heurter l’autre, aux jalousies infondées. Son regard la traversait, comme s’il parvenait à voir en travers d’elle, ce qui était sans doute le cas. Il était la seule personne qui la comprenait, qui la connaissait par cœur et dont le jugement ne l’effrayait pas…du moins par le passé. Ses yeux exprimaient une profonde colère, l’accusant d’avoir osé déposer ses lèvres sur un autre que son petit prince. Elle n’avait souvenir d’aucunes autres lèvres que les siennes, sa mémoire était troublée, même son visage, à quelques centimètres du sien, était flou. Lueur du soleil couchant, pensées troublées, elle essaya malgré tout de déposer sa main sur son meilleur ami, son inséparable, de l’étreindre dans un geste rassurant signifiant qu’il ne pourrait jamais la perdre. Alors que ses doigts atteignirent leur cible, que ses ongles vernis trouvèrent son épaule, son visage sombre, ses cheveux en bataille, il s’évanouit et disparut dans un tourbillon de fumée. Il lui avait échappé, ses doigts se refermèrent sur le vide.

Cinq ans plus tard, elle n’était toujours pas parvenue à le récupérer, ni même à revoir son visage. Il s’était échappé, la volute de fumée s’était envolée sous ses yeux, vers d’autres cieux, sans elle ; alors qu’ils avaient jurés de ne jamais se séparer, quoi qu’il advienne. Les cils collés par des larmes séchées, Autumn dut s’y reprendre à deux fois avant de parvenir à ouvrir les yeux ; cinq années plus tard. Ce n’était qu’un rêve…ou plutôt, un souvenir qui s’effaçait avec le temps. Pour une fois que ses nuits étaient peuplées d’un visage différent de celui qu’elle tâchait d’oublier ; elle se réveillait reconnaissante envers son inconscient. Reconnaissante, mais également perplexe. Voilà des années qu’elle s’était fait la promesse de le laisser partir, de l’enfermer dans le tiroir des souvenirs à oublier ; elle n’avait ainsi pas pensé à lui depuis très longtemps. Glacée, la tête à présent emplie d’images qu’elle aurait préférer classer dans des albums photos à brûler, Autumn s’extirpa avec peine de son lit, sans un regard pour la victime de la nuit dernière qui gisait à moitié amorphe, l’esprit encore embrumé par l’alcool, à ses côtés. Un inconnu, encore une fois. Drôle de routine, mécanisme dans lequel elle s’était coincée depuis son entrée à Berkeley, qui avait doublé de violence depuis qu’elle avait cessé de le voir, que les éclats de rire et les nuits sur le toit s’étaient enfuis avec lui, depuis qu’elle leur avait claqué la porte au nez. Aujourd’hui était un jour de repos, aussi elle tâcha d’effacer de ses pensées cette multitude de souvenirs qui se formaient dans son esprit, éclatant une à une les bulles de savon dans lesquelles évoluaient les silhouettes de son passé sans remords. Soudainement, la chambre lui paraissait suffocante, les murs semblaient peu à peu se rapprocher, se refermer autour d’elle, la coinçant dans le passé, la forçant à faire face à ses regrets. Pas question qu’elle reste coincée comme ça, there is no looking back.

Le temps restait très incertain, pourtant Autumn refusa de prendre sa voiture, moyen de transport qui la ramenait encore une fois à l’un de ces souvenirs qu’elle désirait plus que tout oublier. Ses talons claquaient donc sur le pavé, les regards se tournaient sur son passage ; cependant elle gardait les yeux rivés droit devant elle, ses pensées toutes dirigées vers le même objectif : un café pour achever de la réveiller, puis le reste de la journée s’improviserait ; la jeune femme ayant pour habitude de suivre ses instincts plutôt que de tout planifier. Les visages qui passent devant elle, les quelques personnes qui ne manquent pas de la saluer, les regards envieux des autres jeunes femmes et les langues limite pendantes des jeunes hommes croisés, tout ce beau monde, elle ne le voyait pas ; ses pensées étant toujours dirigées vers ce souvenir de lui, son petit prince. Les rues défilaient, les regards se faisaient insistants, comme à l’accoutumée, et toujours pas de Starbucks à l’horizon. Fronçant les sourcils, Autumn s’arrêta une seconde, observant autour d’elle, finissant par réaliser qu’elle s’était trompée de rue. Quelle idiote. Se blâmant tout le long de la rue, elle reprit le droit chemin, essayant de chasser de ses pensées le passé pour se concentrer sur la journée à venir, le présent, les rencontres qu’elle allait sûrement faire aujourd’hui, les aventures amusantes qu’elle pourrait bien inventer pour combler sa journée. Alors que le bâtiment à la tasse de café verte caractéristique se dessinait enfin dans son champ de vision, elle accéléra le pas, le corps en manque de caféine ; ne se doutant pas de la personne qui l’attendait.

Elle avait à peine poussé la porte pour s’engouffrer dans le café que déjà son cœur s’arrêtait brutalement, elle manqua de peu de chanceler sur le sol carrelé, se retenant de justesse à une chaise. Était-ce seulement possible que ce soit lui ? Persuadée d’une hallucination, elle resta quelques secondes inerte, à le fixer tandis qu’il parlait à la serveuse. Malgré les années passées, il avait toujours la même bouille qu’elle lui avait connu gamin ; de toute manière elle l’aurait reconnu entre mille. L’avait-il vue ? Était-elle censée le rejoindre et faire comme si leur dernière rencontre et leurs adieux jamais prononcés n’avaient jamais eu lieu ? L’ignorer et repartir, alors que la pluie tombait désormais dru sur les passants, le vent retournait les parapluies des quelques courageux et la tempête s’annonçait ? Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus. Sa main se leva, il lui faisait signe de le rejoindre. Le cœur battant, la tête emplie de souvenirs de rires et de bruit de vaisselle brisée, Autumn s’approcha, se frayant un chemin entre les nombreux clients pour finalement se retrouver face à lui. Hésitante, elle laissa un faible sourire se dessiner sur son visage, ne sachant quel comportement adopter. Benjamin, son petit prince, son meilleur ami. Pas l’ombre d’une hésitation sur son visage, il l’étreignit chaleureusement, comme si rien ne s’était passé. Une, deux secondes, puis, se noyant dans leurs souvenirs, Autumn ferma les paupières et se laissa prendre au jeu, répondant à son étreinte, son sourire s’élargissant tant qu’il ne le voyait pas. Les retrouvailles du prince et de la princesse.

L’étreinte dura de longs instants, finalement Autumn se sépara de lui, laissant son sourire lui échapper, gardant une mine indéchiffrable, ce faible sourire flottant quelques secondes sur ses lèvres, incertaine quant aux événements, ne sachant que dire. Les mots sortirent de sa bouche sans qu’elle ne le prévoit, se laissant envahir par ses émotions. Avec lui, elle n’avait pas peur de s’exprimer, il savait tout d’elle comme elle savait tout de lui…enfin, presque, étant donné les années qui s’étaient écoulées. « Mon petit prince ! L’émotion était perceptible dans sa voix, son sourire s’élargit à nouveau tandis qu’elle le contemplait de ses yeux de biche. Je n’arrive pas à y croire. Cela faisait tellement longtemps, elle posa sa main une seconde sur son épaule, comme pour s’assurer qu’il était bien réel, pas comme son rêve. Tu es là, à San Francisco, pourtant c’est la première fois que je te croise depuis…elle s’arrêta brutalement, puis reprit, essayant de chasser ces souvenirs. C’est incroyable. Qu’est-ce que tu fais ici ? Je voulais tellement prendre de tes nouvelles, mais…elle s’emmêlait complètement les pinceaux, tellement elle était surprise et heureuse de le revoir. Finalement, arrêtant les demi-phrases incompréhensibles, elle reprit. Comment tu vas ? Tu m’as tellement manqué. » C’était sincère. La petite princesse sans son petit prince était une princesse déchue. Désormais qu’il était là, devant ses yeux, elle ressentait le besoin de rattraper tout le temps perdu, laissant le passé et la vaisselle cassée de côté pour de bon.
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❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin Empty
MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyDim 2 Oct - 21:33

    autumn & benjamindes jours où nous saignons pour avoir ce dont nous avons besoin • my eyes are painted red. the canvas on my soul is slowly breaking down, again. today i heard the news, the stories getting old. when will we see the end ? of the days, we bleed, for what we need to forgive, forget, move on cause we've got one life to live, one love to give, one chance to keep from falling ;; alex band - only one

Le temps nous avait rattrapés. Pour autant, elle n’avait en rien changé et son visage gardait exactement le même éclat que dans mes souvenirs. Son sourire aurait suffit à rendre heureux tout un peuple désappointé. L’éclat de son rire était une mélodie somptueuse qui avait autrefois bercé chacune de mes journées. Mon Dieu, elle m’avait tellement manqué. Moi qui courrais depuis quelques temps après les fantômes de mon passé, voilà enfin que celui-ci se décidait à me faire un charmant clin d’œil. La rancune et la rage de notre toute dernière conversation s’étaient littéralement évaporées de mon esprit. Les paupières clauses, je profitais d’une once de bonheur qui m’enveloppait peu à peu d’un épais manteau. Pour la première fois depuis bien longtemps, je m’accordais quelques secondes de répits et de bien-être. Quelques petits instants précieux où je n’aspirais qu’à la serrer tout contre moi. Tout comme autrefois. Son parfum s’immisça paisiblement dans mes narines, me faisant frissonner d’un plaisir mal contenu. J’en souriais, béat comme un gamin. Si la vie nous réserve parfois des miracles, il semblerait qu’aujourd’hui le destin ait décidé de se montrer généreux avec moi… Ou devrais-je dire : avec nous. « Mon Petit Prince ! »Sa voix résonna à la manière d’une chanson douce. Je me suis paisiblement reculé, admirant les moindres petits détails de son visage. Tu es magnifique ma Princesse, tu es restée la même. Mon regard croisa alors machinalement le sien. Mon cœur se figea brusquement avant de reprendre sa cadence habituelle. J’avais oublié. Ses yeux bleus, si doux, si sereins. Un océan de tendresse qui s’empare de quiconque ose s’y attarder. « Je n’arrive pas à y croire. » Moi non plus à vrai dire, j’ai bien du mal de réaliser. Elle posa une main sur mon épaule, j’ai posé l’une des miennes sur sa joue. Elle est bien là, bien réelle. Ma Princesse. Ma si précieuse amie, tu es là, juste là sous mes yeux. Je peinais à y croire. « Tu es là, à San Francisco, pourtant c’est la première fois que je te croise depuis… » Depuis notre rupture ? En effet. L’expression de son visage fondit, comme dérangée d’avoir évoqué l’évènement. Je ne pu retenir un léger rire inaudible. Il fallait admettre qu’il n’était pas vraiment étonnant qu’on ne se soit jamais croisés auparavant. Mes sorties à l’extérieure étaient en règle générale rythmées par mes visites à l’hôpital. Le reste du temps… Je me consumais. Chassant tout scepticisme, je reprenais docilement mes esprits lorsqu’elle reprit la parole. « C’est incroyable. Qu’est-ce que tu fais ici ? Je voulais tellement prendre de tes nouvelles, mais… » Nouveau sourire de ma part. J’hochais la tête de gauche à droite. La pluie avait beau s’abattre avec ténacité sur la ville, je retrouvais mon rayon de soleil. A l’époque où nous n’étions que des enfants, nos réconciliations après quelques conflits ressemblaient en général à ça. Autumn, qui s’emmêlait les pinceaux en essayant de parler. Moi, qui la contemplais en riant. A chacun sa manière de s’excuser. Après tout : une princesse et un prince ne restent pas bien longtemps en conflit, sinon qu’adviendrait-il de leur royaume ?

« Comment tu vas ? Tu m’as manqué. » Inconsciemment, j’ai baissé les yeux. Voilà sans nul doute la question que je redoutais le plus dans les conversations que je pouvais avoir avec l’un de mes proches. A un étranger, j’aurais sans doute répondu du tac au tac un bref mensonge. Peu importe. Mais à elle… Quelle que soit l’excuse que je pourrais trouver, et malgré les années qui nous ont séparés, j’étais quasiment certain qu’elle me coincerait immédiatement. Elle me connaissait par cœur, savait à l’instant même où je pouvais mentir ou jouer la comédie. Sans doute était-ce d’ailleurs pour cette raison que notre couple n’avait pas fait long feu : chacun connait l’autre comme sa propre poche. Je n’ai pas de secret pour elle ; elle n’a pas de secret pour moi. Nous pourrions être muets et sourds qu’on se comprendrait sans la moindre difficulté. Un bel avantage lorsqu’on est amis. Un énorme inconvénient lorsqu’on forme en couple. Finalement, je me suis réinstallé sur ma chaise en tendant le bras afin de l’inviter à m’imiter. Ma main se posa sur la sienne, et nos doigts commencèrent à se chamailler ensembles. Un jeu sans règle ni loi. Sans vainqueur ni perdant. Mes yeux se mirent à la fixer quelques secondes avant que je ne daigne reprendre la parole : « Toi aussi tu m’as manqué. » Eviter la question ne me sauverait que l’espace de quelques secondes, j’en étais conscient. Néanmoins, j’avais fait l’erreur de dévoiler à Esthell la maladie qui me rongeait. Involontairement, je l’ai emporté avec moi dans ma chute. Chaque jour à la voir pleurer m’était insupportable. J’aurais mis fin à ma misérable vie si je n’avais pas été certain que cela la détruirait également, et plus encore. Malheureusement, plus on aime, et davantage on souffre. Elle était ma plus grande faiblesse, et je ne parvenais à me résoudre à l’abandonner. Dans nos malheurs, dans notre souffrance, nous tâchons de combattre main dans la main les aléas de la vie. Ce n’est toutefois pas simple. Qui plus est lorsqu’on regard son enfant suivre le même chemin que nous. Max, petit ange déchus… J’ai refermé les yeux, revoyant son visage. Son si beau visage. Ses yeux bleus, ses cheveux d’or. Et le son de sa petite voix qui résonne. L’image de sa frêle silhouette qui faisant ses premiers pas. Oh mon petit trésor, tu me manques tellement. Mais bien vite, je revins à la réalité. Quelques secondes de songes pour une éternité de malheurs. Lâchant un bref soupire, j’ai laissé mon regard s’attarder sur nos doigts entremêlés. « Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie depuis la dernière fois qu’on s’est vus. Des bonnes, des mauvaises. Mais si je me focalise sur les bonnes choses, alors oui, je vais bien. Très bien même. » Mettre de côté la maladie, et resongé uniquement à ce mois de février où j’ai croisé le chemin d’une certaine Epsilon. La femme que j’ai épousée. Celle qui a bercé mon existence depuis deux ans. « Et toi ? Comment vas-tu ? » Oui, comment vas-tu ma Princesse ? Tu m’as tellement manqué toutes ces années. La serveuse nous apporta notre commande au coin de la table. Je n’y apportai pas la moindre attention. Guettant avec un simple sourire en coin la silhouette d’une femme qui avait bercé ma vie depuis mon enfance.

Un souvenir, un sourire. Je me suis légèrement penché en avant, l’invitant d’un simple regard à faire de même. Mon visage frôla le sien, et mes lèvres s’approchèrent de son oreille. Ma voix ne fut plus qu’un murmure dans le vacarme du petit café. « Il faut que je te montre quelque chose de magique. » Mille étoiles scintillèrent au creux de mes prunelles. Je lui ai déposé un furtif baisé sur une joue avant de me relever. Sa main dans la mienne.« Suis-moi, tu verras ! » Je l’entraînais dans ma marche. Calmement, je l’incitais à me suivre, et nous nous dirigions vers la sortie du café. Aussitôt dehors, un bref rideau de pluie s’écrasa sur nous. Le vent s’en était allé, et aux loin se dessinaient quelques éclaircies. Le calme était revenu, il n’y avait plus que la pluie pour nous envelopper d’une bulle d’eau. Sa main toujours dans la mienne, je me suis posté juste devant elle en attrapant sa seconde main du bout des doigts. Elle marchait vers moi, je reculais tout en lui souriant et la guidant. Un pas, deux pas, trois pas… Et une poignée de minutes plus tard, nous voilà devant un parc de jeu pour enfants. Je m’arrêtais sur place, désignant d’un simple signe de la tête le petit endroit à nos côtés. Un toboggan. Une balançoire. Une toupie. Et une cabane perchée dans un arbre. Notre royaume était resté parfaitement intact, si ce n’est la peinture refaite et l’herbe fraîchement tondue la veille. « Tu penses que tu as toujours vertige en montant après l’échelle qui mène vers notre château ? » alias la cabane dans l’arbre. Il y a une dizaine d’années, nous étions deux enfants insouciants qui galopions sur des poneys invisibles. Nous régnions en maîtres sur notre royaume. Tout le monde nous aimait et nous acclamait. Dans le fond, nous vivions au sein de notre petite bulle imaginaire, sans nous soucier du monde extérieur. Elle était ma Petite Princesse, j’étais son Petit Prince. Et ensembles, nous étions les meilleurs amis du monde. Rien ni personne ne pouvait nous séparer. Sans la lâcher, je l’ai emmené avec moi. J’avais l’étrange impression de sombrer une nouvelle fois dans notre cocon. C’était surréaliste. Au milieu du parc, je l’obligeais à monter avec moi sur la toupie ronde. Et dans notre élan, la roue se mis à tourner lentement. La pluie continuait de tomber, les gouttelettes s’évadaient sur nos deux visages. J’ai enfin lâché ses mains, la reprenant au creux de mes bras. Les yeux clos, je profitais tout simplement de nos retrouvailles. Au beau milieu d’un parc, pas un bruit à l’horizon si ce n’est les ‘’ploc’’ de la pluie s’écrasant au sol. Au creux de son oreille, je chantonnais d’un air guilleret quelques mots innocents : « Il était une fois une Princesse et son Prince. Pour des raisons inconnues, ils se séparent et laissèrent derrière eux leur royaume. Aujourd’hui, les voilà de nouveau réunis. »
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❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin Empty
MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyDim 23 Oct - 17:28

Dès la seconde où ses yeux avaient croisé les siens à nouveau, prunelles dorées brillant de milliers d’étoiles, elle l’avait senti. Qu’il répondrait à côté, qu’il refuserait de lui dire ce qui se passait réellement dans sa vie à cet instant précis. Même si elle avait envie, avec toute la force dont elle était capable, de croire que tout allait parfaitement bien pour lui ; cette étreinte lui disait le contraire. L’étincelle dans ses yeux semblait briller différemment. Tout avait changé en lui, de la façon dont il la serrait dans ses bras, à cette intonation étrange que prenait sa voix. Leurs cœurs joyeux avaient beau battre à l’unisson, euphoriques des retrouvailles après tant d’années passées dans le brouillard, à chercher un royaume qui leur paraissait à jamais perdu ; Autumn savait que quelque chose avait changé. Évidemment, de nombreuses années s’étaient écoulées entre leur dernière rencontre et ce jour précis, ils avaient tout deux vécu des hauts et des bas, il ne suffisait pas d’une étreinte pour effacer le passé. Mais ce n’était pas cela, le problème. Le passé n’était que superficiel, sans la moindre importance alors qu’elle sentait son cœur battre fébrilement contre le sien. Il y avait un problème. Elle ne pouvait pas l’expliquer, c’était l’un de ces pressentiments qu’elle était incapable de définir, mais sur lequel elle ne pouvait se tromper. Il s’agissait de son petit prince, celui qu’elle connaissait par cœur, et elle ne pouvait fermer les yeux sur cette douleur intérieure qui le déchirait en cet instant précis, douleur dont l’origine lui était inconnue, mais qui la faisait tout autant souffrir que lui.

Ses yeux qui se baissent, ce regard fuyant ; elle apercevait tous les signes qui montraient clairement que son pressentiment était le bon. Il lui cachait quelque chose, et elle comptait bien découvrir ce que c’était. Ils s’installèrent dans le box, l’un en face de l’autre, leurs doigts se cherchèrent immédiatement comme si, eux aussi, étaient heureux de se retrouver pour recommencer à se chamailler. Réponse douce, yeux qui se croisent. Certes, ces mots la touchaient comme une douce caresse familière, mais il avait évité sa première question. Cela ne fit qu’accentuer le doute qui l’avait prise dès leur première étreinte, leur premier échange de regards. Soupir, yeux baissés à nouveau, tout dans l’attitude de son petit prince la persuadait que quelque chose n’allait pas. Après toutes ces années, il se contentait de deux phrases, ponctuées de « choses » à tout va, et c’est tout ? Pas le moindre détail, pas de mention de ses études, de sa vie à San Francisco, de ses amis, ses amours ? Frustrée au plus haut point par sa réponse, elle se contenta pourtant d’esquisser un sourire. Son cerveau s’était remis en marche, cherchant toutes les possibilités, toutes les erreurs, conneries ou autres qui avaient pu forcer Benjamin à lui mentir. Parce qu’il lui mentait, elle le savait. Tout n’allait pas bien, loin de là. Elle n’avait même pas besoin de lire dans ses yeux, elle le sentait à la façon dont ses doigts jouaient avec les siens, doigts moites et nerveux qui cachaient bien plus de choses qu’ils ne voulaient en laisser paraître. Pas question de se laisser berner, surtout lorsqu’il s’agissait de lui. Il était bien trop important pour elle, désormais qu’ils s’étaient retrouvés, elle était prête à laisser le passé derrière elle afin de reprendre ce départ tant attendu, de quitter le brouillard pour retrouver leur royaume ensemble. Mais cela ne pouvait se faire dans les secrets.

Tellement de mots voulaient sortir de sa bouche, le récit de ses mésaventures depuis qu’ils s’étaient quittés mourrait d’envie de sortir d’entre ses lèvres. Pourtant, elle se retint. Puisqu’il ne jouait pas la sincérité complète, il n’y avait pas de raison pour qu’elle fasse de même. Ses lèvres s’entrouvrirent, ses doigts jouant toujours avec les siens, son regard ignorant la serveuse passant pour leur apporter la commande. Ses yeux étaient rivés sur les siens, cherchant à lui montrer qu’elle savait qu’il omettait de tout dire, et donc qu’elle ferait de même. Cette capacité qu’ils avaient à lire dans les pensées l’un de l’autre depuis qu’ils étaient petits, elle espérait secrètement qu’elle ne se soit pas brisée en même temps que les assiettes contre la porte d’entrée. Puis, elle répondit, du ton le plus joyeux qu’elle put faire, malgré l’angoisse qui lui nouait la gorge. « Ça va très bien. » Quatre minuscules mots, voilà ce qu’elle se contenta de lui répondre, alors qu’il y avait tellement d’autres paroles qu’elle aurait voulu prononcer, sur lesquelles elle aurait aimé discuter avec lui. Tout n’allait pas bien. Elle se réveillait chaque matin aux côtés d’un type différent, gueule de bois, effets secondaires de plus en plus violents. D’ailleurs, elle allait sans doute foirer son année, vu la façon dont elle avait commencé. Ah, n’oublions pas le fait que ses parents aient décidé de la marier à celui qui fait battre son cœur, ce même qui prends un malin plaisir à la torturer jusqu’à ce qu’elle en crève, chose qui allait sans doute arriver sous peu. A part ça, tout allait parfaitement bien. Tellement d’événements, tellement de pensées qui se bousculaient en elle. Pensées qu’elle voulait partager. Si seulement il daignait le faire en premier.

Lorsqu’il se pencha vers elle, la jeune femme pensa à tort que toutes ces réponses s’offriraient à elle sur un plateau d’argent. Qu’il s’apprêtait à lui livrer ce petit secret qui flottait dans ses yeux, secret qu’il ne désirait pas dévoiler à haute voix, de peur d’être entendu. Le cœur battant, elle se pencha à son tour, écouta ce murmure si familier. Il lui fallut quelques longues secondes avant qu’elle ne comprenne ce qu’il lui disait. Son cœur s’effondra brutalement; ce n’était pas ce qu’elle s’imaginait, il n’y aurait pas de réponse, pas de confidences, aucune révélation. Ce baiser sur sa joue la ramena brutalement à l’âge de cinq ans, première rencontre, premières bousculades, le début des aventures du petit prince et de la petite princesse au royaume aujourd’hui en ruines. Malgré ce détestable pressentiment qui lui collait à la peau, l’étincelle dans ses yeux la poussa à le suivre. Jusqu’au bout du monde. Elle retrouvait avec joie cette sensation, cette confiance aveugle qu’elle avait en lui, et ce depuis toute petite. C’était sans aucun doute la seule personne qu’elle suivrait les yeux fermés, sans se poser de questions ; car elle savait pertinemment qu’il ne serait jamais celui qui la pousserait du haut d’une falaise, mais plutôt celui qui, en bas, la rattraperait dans une montagne de barbe à papa, sourire réconfortant collé à ses lèvres. Main dans la main, redevenant les deux enfants qu’ils avaient jadis été, ils sortirent du café en trombe, bousculant quelques personnes intriguées sur leur passage; Un large sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme tandis qu’ils marchaient, couraient, fuyaient vers leur paradis, les cheveux collés par les fines gouttes de pluie s’écroulant sur leurs visages hilares. Le temps de leur course, Autumn oublia tout. Ses problèmes, ses pressentiments, cette impression que quelque chose dans toute cette situation lui échappait. Il n’y avait plus qu’eux deux, deux enfants en quête de leur royaume, de leur petit coin de paradis ensoleillé. Deux personnes devenues adultes trop tôt, qui n’attendaient que ce petit rayon de soleil qui viendrait les illuminer pour les ramener à leur petit paradis perdu, à leur univers cotonneux et rosé qu’ils avaient perdus. Ils franchirent un portillon vert, et se retrouvèrent, à l’instant où les gouttes de pluie se tarissaient, devant une aire de jeux totalement méconnue, et pourtant familière. Leur univers, leur royaume retrouvé. A l’époque, il leur suffisait d’un toboggan, de deux balançoires et d’un tourniquet pour se sentir s’élever vers le ciel. Tout était tellement simple. Il y avait même une cabane dans le bosquet d’arbres entourant le parc. Tout était comme par le passé, si bien que la jeune femme fut forcée de se pincer afin de réaliser que ce n’était pas un rêve. Un sourire traversa son visage à la réflexion de Benjamin. Évidemment, qu’elle avait toujours le vertige, pensa-t-elle, tandis qu’une désagréable image d’elle prête à sauter du toit d’un immeuble, le cœur au bord des lèvres, traversa son esprit. La dernière fois qu’elle avait surmonté son vertige pour sauver sa peau, elle s’était retrouvée la main dans la sienne, une jambe cassée, les lumières défilant à toute vitesse sous ses yeux. Secouant la tête pour chasser ces pensées, elle laissa ces quelques mots s’échapper. « Sans doute, mais je pourrais compter sur toi pour me rattraper si je tombe, pas vrai ? Un sourire confiant. Même s’il lui cachait des choses en cet instant précis, elle savait qu’il serait toujours là pour elle. Comme elle le serait pour lui. Ils s’échappèrent ensemble sur la toupie, les yeux rivés sur les attractions enfantines, leurs pensées s’envolant vers le passé, vers leur royaume ;; les gouttelettes s’écroulant avec peine sur leurs visages épanouis. Ils tournaient, retournaient dans le passé, il n’y avait plus qu’eux, deux enfants, aucune responsabilité que celle de veiller à la prospérité de leur royaume de barbe à papa. La douce chanson de Benjamin, sa petite voix guillerette, et elle le voyait soudainement rajeunir, se transformer en ce gamin de cinq ans qu’il avait été. Elle secoua la tête, souriant largement, et poursuivit la chansonnette. A nouveau réunis, prêts à régner sur leur royaume à nouveau. Et tous les habitants hurlèrent de joie à leur vue, car ils savent que désormais, il n’y aura que joie et prospérité ! Ils tournèrent de plus en plus vite, la toupie s’emballait, et les soupçons revinrent brutalement agiter l’esprit de la jeune femme. Elle avait beau essayer de les effacer, ils revenaient à la charge ; et ses yeux azur se remettait à chercher dans les pupilles de son petit prince une quelconque trace la contredisant. Pourtant, elle ne trouvait rien.

Après plusieurs tours, les mains dans les mains, le vertige s’emparant peu à peu de la jeune femme, elle se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Sans prévenir, sans prendre de pincettes, elle lâcha la bombe. Je sais qu’il n’y a quelque chose que tu ne me dis pas. Je le vois dans tes yeux, ce n’est pas la peine d’essayer de le cacher. Elle saisit sa main dans la sienne, la serra plus fort, ne le quittant pas des yeux. Lui servant ce regard qui signifiait qu’elle pouvait tout entendre, qu’elle avait besoin de savoir. Que s’il allait mal, elle allait mal. Je t’en prie, ne mens pas, je sais quand tu ne me dis pas la vérité, tu devrais t’en souvenir, termina-t-elle avec un sourire, essayant d’alléger la gravité de ses propos. » Quelque chose n’allait pas, elle avait besoin de le savoir, elle le sentait, son cœur battait faiblement dès qu’il allait mal. C’était à se demander comment elle avait pu survivre sans son petit prince toutes ces années. La pluie doubla soudainement d’intensité, les gouttes s’abattirent avec plus de violence qu’auparavant sur leurs visages, cependant Autumn, attendant une réponse, ne bougea pas, son cœur se comprimant seconde après seconde contre ses côtes.
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MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyJeu 27 Oct - 14:12

    autumn & benjamincos you are the only thing that i got right now • you’ve got that smile, that only heaven can make. i pray to god everyday, that you keep that smile. yeah, you are my dream, there’s not a thing I won’t do. i’ll give my life up for you, cos you are my dream. and baby, everything that i have is yours, you will never go cold or hungry. i’ll be there when you’re insecure, let you know that you’re always lovely. ;;


Il fut un temps où nous n’avions peur de rien. La vie nous tendait les bras. Nous ne cherchions pas à voir le danger, ni même la mort. Plongés dans un monde utopique, nous jouissions d’une existence qui n’avait nulle règle. Main dans la main, elle et moi étions inséparables. Là où je n’étais parvenu à trouver du réconfort dans ma famille, elle m’apportait tout l’amour dont j’avais besoin. Nos étreintes possédaient un pouvoir dont nous étions les uniques propriétaires. Sur notre royaume, nous étendions un voile de paix. Les conflits étaient rares, et nous profitions pleinement d’une vie qui, malgré l’aigreur du paysage qui nous entourait, était d’une beauté flamboyante. Je me souviens de cette époque où nos rires résonnaient dans les ruelles désertes. Je la portais sur mon dos, faisant le preux chevalier, et elle se cramponnait à moi tout en m’ordonnant de courir encore plus vite, toujours plus vite. Secrètement, j’envie ce passé. Nous baignions dans une insouciance reposante. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir sombrer aussi bas que je l’étais aujourd’hui. Malgré cela, je n’ai pas eu une enfance malheureuse, et je ne pourrai jamais m’en plaindre. Autumn demeurait cet éternel petit ange qui m’avait appris à vivre, et j’avais une dette envers elle. Nos prunelles s’étaient croisées il y a de cela plusieurs années, et encore maintenant elles avaient le pouvoir de faire briller les miennes d’une lueur resplendissante. Je contemplais le bleu de ses yeux, un vague sourire traînant sur le coin de mes lèvres. Il lui suffisait d’un simple regard pour m’envelopper d’un drap de douceur. J’avais l’étrange impression de redevenir un petit garçon à ses côtés. Mes bras encerclant sa taille, je la serrais docilement contre moi. Son rire se fit entendre, et je n’ai pu que m’en réjouir davantage. Cette mélodie était sans nul doute la plus belle. « A nouveau réunis, prêts à régner sur leur royaume à nouveau. Et tous les habitants hurlèrent de joie à leur vue, car ils savent que désormais, il n’y aura que joie et prospérité ! » Joie et prospérité. Une devise pour le prince et sa princesse. Et quelle devise ! Le tourniquet continuait sa folle course contre le vent, nous faisant tourner encore et encore. Ses cheveux blonds s’égaraient de part et d’autre de son visage ensoleillé. Néanmoins… une touche d’inquiétude perlait désormais au creux de ses pupilles. Mes lèvres tremblèrent l’espace de quelques secondes. Inutile de me faire trop d’idées : Autumn était loin d’être dupe. Elle se doutait forcément de mon état actuel. D’ailleurs.. qui pouvait le nier : si mon moral dégringolait à une cadence folle, mon apparence physique quant à elle se rapprochait davantage à celle d’un cadavre que d’un être vivant. Ma pâleur trahissait la maladie. Fichu calvaire. Hésitant, elle fini néanmoins par rompre le silence une nouvelle fois. « Je sais qu’il n’y a quelque chose que tu ne me dis pas. Je le vois dans tes yeux, ce n’est pas la peine d’essayer de le cacher. » Touché coulé. Machinalement, je baissais les yeux au sol. Cherchant à y fixer un point invisible quelque part, distraitement, alors qu’autour de nous le paysage se figeait. Le tourniquet avait terminé son dernier tour. Sa main agrippa la mienne, je relevais les yeux vers elle et un frisson longea ma nuque. Ses deux perles d’azur me fixaient. Baignés d’inquiétude et de compassion. J’ai entrouvert lentement la bouche, m’apprêtant à répondre. Mais les mots ne venaient pas. Si seulement c’était aussi simple… Toute personne ‘’normale’’ pouvait aisément se confier à sa meilleure amie. Lorsqu’il s’agit d’une rupture, de soucis financier, d’engueulades avec des camarades. Mais pouvait-on décemment apprendre à quelqu’un que nos jours étaient comptés ? « Je t’en prie, ne mens pas, je sais quand tu ne me dis pas la vérité, tu devrais t’en souvenir » Un vague sourire amusé filtra sur mon visage avant de disparaître. La pluie s’effondrait sur nos deux silhouettes. Une cascade d’hésitations. Il était vrai que durant notre enfance, je ne parvenais à lui mentir sans qu’elle ne déniche aussitôt l’exactitude de mes propos. A croire que mon jeu d’acteur était pitoyable.. ou était-ce dû au fait qu’elle me connaissait par cœur ? Un peu des deux sans doute. Finalement, j’ai serré sa main, la commissure de mes lèvres dessinant un sourire faussement amusé. « Je m’en souviens.. chaque fois tu me frappais quand je te disais que j’avais pas triché à mes devoirs en cours. »Et quel souvenir. Nous étions en compétition à cet âge là. Celui qui emportait la meilleure note au contrôle gagnait le droit de faire un gâteau à l’autre. Bien entendu, je mettais toutes les chances de mon côté et n’hésitais pas à tricher durant les devoirs en classe. Chose que mademoiselle n’avait jamais apprécié et ne manquait pas de me faire payer à coup de tatanes sur le crâne. La réalité me rattrapait néanmoins très vite. Une main posée sur sa joue, j’ai cherché mes mots. Non… je ne pouvais pas lui dire. La seule personne qui était au courant de ma maladie était la femme que j’avais épousée. Ironie du sors, en faisant cela, j’avais dès lors déclenché une terrible souffrance chez elle que j’étais incapable de contrôler. Notre couple battait de l’aile depuis ce soir-là. Comment envisager un avenir avec la femme qu’on aime, sans pour autant la faire souffrir en sachant qu’il ne nous reste plus que quelques années à vivre ? La question ne se posait plus. « Je n’ai pas envie de me cacher.. j’ai simplement envie de te protéger. » Je caressais sa joue, une once de mélancolie dans le creux de l’âme. Mentir n’était pas une solution, certes. Mais il était hors de question de la confronté aux faits. Nous venions à peine de nous retrouver. « J’ai déjà détruis la vie de ma propre famille en dévoilant à celle que j'aime ce qui n’allait pas chez moi. Je ne ferai pas la même erreur avec toi. » Je ne pouvais concevoir le fait qu’elle me regarde autrement. Dévoiler à vos amis que vous êtes mourant. Ils ne riront plus avec vous, mais se contenteront de vous sourire, croyant que cela pourra vous réconforter. Je refuse la pitié des gens. Mon seul rêve étant de terminé mon existence tout comme je l’avais commencé : en m’amusant. Ma main se perdit dans sa nuque, et j’ai croisé son regard. Ce regard. J’en frissonnais intérieurement. Mes lèvres se posèrent contre son front trempé. Un chaste baiser fraternel et je reprenais la parole en un murmure. « Tu comptes tellement pour moi. » Bien plus que tu ne peux le croire… mais à trop s’attacher, on fini par blesser ceux qu’on aime.

Je m’éloignais d’elle, sa main tenant fermement la sienne, et nos pas retrouvèrent bientôt les galets du parc. Descendus du tourniquet, nous nous promenions sous le rideau de pluie qui s’effondrait sur nos épaules. Côte à côte, main dans la main, à la manière d’un couple nous traversions les sillons d’eau. Une flaque, deux flaques à éviter. Finalement, c’est sous le grand chêne du petit parc que nous nous sommes arrêtés. Un abri de fortune, mais qui nous protégeait de la douche sous laquelle nous nous trouvions. Contre le chêne, une échelle était clouée afin de regagner la petite cabane dans l’arbre. Notre château. Passant une main dans mes cheveux trempés, je l’ai regardé une nouvelle fois. Aller savoir pourquoi, j’avais cette boule au creux de la gorge qui me faisait douter. J’allais certes mal, mais vraisemblablement, je n’étais pas le seul. Autumn avait toujours été source de bonne humeur. Son sourire était contagieux et les étincelles de ses yeux pouvaient se refléter dans le regard de ses interlocuteurs. Pourtant aujourd’hui, il n’en était rien. Etait-ce du fait qu’elle se souciait de moi ? Me pinçant la lèvre inférieure, j’ai posé mes deux mains sur son visage. Un bisou sur le bout du nez suivi d’un large sourire. « Mais ne crois pas que j’ai perdu les bonnes habitudes : toi non plus tu ne me dis pas tout. » Le doute pesait, mais j’ai persuadé que quelque chose clochait. Restait après à savoir ce qu’il en était. Mais je soupçonnais l’Iota de ne pas me dévoiler son mal-être du fait que moi-même je ne désirais pas en parler. Donnant donnant… Elle n’avait pas changé pour un sous. Levant les yeux au ciel, j’ai repris sa main dans la mienne, nous guidant vers l’échelle. Un clin d’œil à son adresse, et j’escaladais la petite montée jusqu’à regagner notre château fort. Une petite cabane boisée avec un toit et une espèce de balcon donnant vue sur le parc. A l’époque, c’était notre maison de rêve. Aujourd’hui, bien que devant me plier en deux pour ne pas taper le toit avec ma tête, l’endroit restait relativement… simple. Je m’installais sans un mot, dos contre l’une des parois de la maison, attendant patiemment ma princesse. A son arrivée, sans un mot, j’ai rigolé en applaudissant à son égard. Elle était parvenue à grimper sans se casser la figure ! Un exploit. « Hallelujah ! T’es pas tombée ma Princesse ! » Moqueur ? Mais point du tout allons. Amusé, je lui tendais une main histoire de l’inviter à s’asseoir contre moi. Son dos posé contre mon buste, j’ai encerclé sa taille de mes deux bras. Un bref instant de répit où le silence était revenu. La pluie tombait face à nous, et le parc était baigné d’une quiétude reposante. J’ai fermé les yeux l’espace de quelques secondes. La fatigue me gagnait, toutefois, je préférais ne pas y faire trop attention.. a risque de me retrouver à faire la sieste de bon matin. L’esprit ailleurs, je divaguais légèrement. Songeant à mille et une choses. Notre rencontre tombait vraiment à un moment propice. Comment étais-je parvenu à vivre toutes ces années sans elle à mes côtés ? Mon monde était bâti, et elle avait été une part importante de celui-ci. Bien que notre rupture n’ai pas été des plus joyeuse, je regrettais de ne pas avoir pris l’initiative de revenir vers elle. Il était vrai qu’à nous voir ainsi, nous formions le parfait couple. Il n’en était rien de la réalité. Meilleurs amis pour la vie. Nous nous connaissions tellement que nous ne pouvions vivre en développant d’autres sentiments que ceux que nous éprouvions actuellement.

Le clapotis des gouttes de pluie m’éveilla. Poussant un bref soupire, je reprenais conscience en me remémorant mes dernières paroles. Elle ne parlerait pas si je n’insiste pas. Je connaissais assez Autumn pour savoir qu’il était difficile de négocier avec elle. Alors soit. Me penchant légèrement afin d’entrevoir son visage, j’ai chuchoté à voix basse quelques mots : « Alors, on va faire un marché : chacun notre tour, nous parlerons de ce qui nous tracasse. Mais à une condition : la pitié est interdite ! » Condition qui avait son importance. De là après à savoir si elle me dirait tout.. c’était moins sûr. Petit sourire au coin des lèvres, je lui envoyais un hochement de tête. « Les dames d’abord. » J’ignorais encore comment j’allais lui annoncer la nouvelle.. mais à quoi bon me cacher. Elle saurait dans tous les cas que quoique je dise, je serais entrain de lui mentir. Maintenant… fallait-il encore qu’elle ne s’effondre pas à l’entente de la chose. Douleur, hésitation.. l’histoire recommençait à nouveau.
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MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptySam 5 Nov - 21:12


Through chaos as it swirls, it's us against the world.

Si seulement elle avait la possibilité de retourner dans le passé. De tourner un sablier et partir dans les couloirs du temps comme ça, en une fraction de seconde. Tellement de choses qu’elle aurait changé, tellement de visages qu’elle aurait oublié, tellement d’erreurs qu’elle aurait pu réparer ainsi, la vaisselle cassée en premier qu’elle aurait scotchée de ses mains. Maintenant qu’ils se trouvaient à nouveau réunis, elle avait de la peine à croire qu’ils étaient parvenus à survivre si longtemps l’un sans l’autre…c’était comme s’ils avaient survécu sans respirer pendant tout ce temps, développant de nouvelles facultés de survie inconnues jusque là. Elle le sentait maintenant, elle le voyait dans ses yeux posés sur elle. Par le passé, jamais elle n’aurait imaginé faire un pas de plus en le laissant derrière. Pourtant, c’était ce qu’ils avaient fait, chacun était parti de son côté, ils avaient coupé le cordon qui les liait, ils s’étaient empêchés de respirer pendant des années, jusqu’à cet instant de salut où ils se retrouvaient enfin. A les voir, personne ne pouvait s’imaginer à quel point ils pouvaient être proches, ce qu’ils avaient traversé ensemble. Ils avaient construit des châteaux, de sable et de cartes, qui s’étaient effondrés les uns après les autres, mais dont le souvenir demeurait dans leur esprit, aussi frais que la pluie coulant sur leurs visages. Ils avaient combattu les forces du mal voulant abattre leur royaume, ils avaient empêché des tiers, des personnes insignifiantes, ils les avaient combattus jusqu’à la fin, ceux qui désiraient les séparer. Ils avaient réalisé bien trop tard que c’étaient eux-mêmes, leurs propres sentiments, leurs propres confusions qui allaient les séparer pour de bon. Le cœur au bord des lèvres, sa pulsation descendant jusqu’au bout de ses doigts qui croisaient les siens, Autumn réalisait enfin qu’il était sans doute la plus belle chose qui lui soit arrivée dans sa vie. Rien ne vaut un petit prince comme lui. Ils avaient tellement perdu de temps pour des idioties, maintenant qu’ils étaient à nouveau souverains de leurs royaumes, maitres de leurs pensées, rois de toute une existence rosée qui s’ouvrait devant eux, Autumn ne voulait plus le laisser s’en aller. Elle avait tellement besoin de lui, son petit prince, son inséparable.

Pas besoin de retourneur de temps, le tourniquet agissait de la même façon qu’un sablier magique, les entraînant tous deux dans le passé, les ramenant aux enfants qu’ils avaient été et qu’au fond, ils étaient encore. Comme par le passé, Autumn n’avait pas perdu cette faculté de lire dans ses pupilles comme dans un livre ouvert. Ses doigts dans les siens, elle sentait la pulsation de son cœur contre la sienne, elle percevait quelque chose d’anormal. Quelque chose qui n’allait pas. Dans ses yeux, dans toute cette attitude qu’il avait depuis qu’il l’avait serrée dans ses bras quelques minutes auparavant…tout clochait. Il pouvait baisser les yeux tant qu’il le voulait, répondre évasivement aux questions sur sa vie, il ne pouvait pas se cacher éternellement de sa petite princesse, celle qui le connaissait sur le bout de ses ongles manucurés. Après maintes hésitations, les mots qui lui brûlaient les lèvres s’échappèrent, cherchant la vérité au-delà de ses yeux, voulant comprendre ce qui le tracassait tant. Jamais elle ne l’avait vu si désemparé, et cela l’inquiétait. Ses yeux se mirent en quête de la faille, cependant il recommença à la fuir, sans la moindre discrétion cette fois, comprenant sans doute qu’elle avait touché le point sensible. Elle le touchait à chaque fois. Et lui se cachait. Un sourire amusé s’afficha sur son visage, tandis qu’il évoquait des bribes de souvenirs. Une seconde distraite de son but, l’esprit de la blondinette vagabonda quelques longues secondes dans le passé, faisant défiler des images d’eux riant aux éclats sur le toboggan, d’un petit Benjamin installé à la table devant Autumn, jetant un regard furtif à ses bouts de papier disséminés parmi ses stylos. Sans cesse, la jeune femme le punissait pour ses tentatives de tricherie, par cuillères entières de pâte à gâteau voltigeant dans la cuisine. Elle espéra pendant quelques instants que le simple fait de s’imaginer à nouveau dans cette cuisine, de la farine sur le bout du nez, les ramènerait à cet instant où leur existence était tellement plus simple, plus belle qu’aujourd’hui. Si seulement ils n’avaient jamais grandi.

La réponse tomba comme un éclat de verre s’enfonçant dans sa peau. Blessée, souffrante, elle fronça pourtant les sourcils, refusant de voir la blessure et le sang s’écouler. La protéger…monsieur cherchait plutôt une excuse pour se défier, simplement. Ne lui avait-elle pas prouvé maintes fois par le passé à quel point il pouvait lui faire confiance ? N’avait-il pas compris depuis le temps qu’ils étaient et seraient toujours le prince et la petite princesse, les inséparables et que quand tous les autres leur tournaient le dos, ils pourraient toujours se réfugier l’un chez l’autre ? Le temps avait passé depuis ces belles promesses, certes, mais cela ne changeait rien. La pluie ne les avait pas détériorées, ces serments étaient gravés à même leurs cœurs, quoi qu’il arrive. La caresse de ses doigts sur sa joue lui donna un frisson, pas de bonheur, mais frisson de peur. Même ses doigts semblaient différents, emprunts du mensonge qu’il lui servait, de l’omission qu’il refusait d’admettre, du vide qu’il ne souhaitait pas combler. Elle entrouvrit la bouche, prête à répliquer, cependant il la coupa dans son élan, la laissant bouche bée. Destruction. Ce mot suffit à lui donner des frissons le long de sa colonne, emmenant son imagination loin dans la collection de malheurs qu’elle connaissait. L’inquiétude monta d’un cran, la panique accéléra son rythme cardiaque soudainement, lui coupant le souffle. « Mais…» Les mots se bousculaient, mais ne parvenaient pas à former un ensemble cohérent, si bien que cette seule hésitation sortit d’entre ses lèvres. Elle ferma les yeux à son étreinte, cependant l’inquiétude la dévorait de l’intérieur. Ses paroles, au contraire de la rassurer, la rendaient folle. Sa vie était déjà bien amochée en ce moment, peu importe qu’il lui donne le coup de grâce. Il était son petit prince, elle avait besoin de lui et de savoir ce qu’il y avait au fond de lui plus que jamais.

Avant qu’elle n’eut le temps de protester, elle se retrouva entraînée hors du tourniquet. Le tournis s’emparait de ses sens, la pluie semblait coller ses inquiétudes à sa peau tout autant que ses vêtements. Se laissant prendre au jeu, elle le suivit sagement, serrant ses doigts dans les siens, évitant habilement les flaques d’eau, plongeant son pied dans la dernière, frissonnant au contact de l’eau glacée. Rien à faire, elle ne parvenait pas à oublier cette étincelle dans ses yeux, ce sentiment logé au creux de son estomac que le problème était bien trop grave pour qu’elle n’ose même l’imaginer. Ils s’arrêtèrent brutalement au pied du grand chêne, la cabane de leurs jours heureux perdus au milieu du feuillage. Les mains de Benjamin se posèrent sur son visage, et elle esquissa un sourire timide, essayant de chasser son inquiétude. Mission impossible. Pourquoi, soudainement, tout semblait foutre le camp, elle se le demandait. Sans prévenir, il répliqua. Coup de poing au ventre, brutal, à couper le souffle. Lui non plus n’avait rien perdu de sa faculté de la comprendre sans même qu’elle n’ouvre la bouche. Pour toute réponse, elle lui servit un regard sombre, accusateur. Comme si elle allait lui dire l’enfer qu’était devenu son existence alors que lui ne lui servait que du silence et des mots creux. Enfer, enfer…si seulement elle savait ce que son prince vivait, elle aurait reconsidéré sa vie bien vite. Elle ne prit pas la peine de répondre à sa provocation, il était hors de question qu’elle lui livre ses soucis s’il ne daignait pas faire de même. Levant les yeux au ciel, elle fronça les sourcils pour distinguer, au travers du rideau de pluie, leur petit château niché au creux des arbres, leur royaume retrouvé, leur abri. Benjamin s’engagea sur l’échelle sans la moindre difficulté, se retrouvant en haut en moins de deux. Le vertige la saisissait déjà, cependant elle savait que, pour atteindre son but, pour enfin qu’ils se retrouvent véritablement et, qui sait, la clé de son silence se trouvait peut-être en haut de cette échelle. Après une inspiration, elle grimpa à sa suite sans regarder en bas, le cœur au bord des lèvres, ses pieds tremblant sur les barreaux, l’esprit hanté de détestables souvenirs d’échelle et de jambe cassée. Elle arriva en haut plus vite que prévu, sous les applaudissements moqueurs de son petit prince. Un sourire éphémère traversa son visage, illuminé par un rayon de soleil. « Tu as vu ça, j’ai fais d’incroyables progrès. » La blague, comme si elle ne s’était pas écroulée il y a quelques mois de cela. S’installant contre lui, elle laissa son sourire s’éterniser quelques secondes, avant de fermer les yeux, ses pensées divaguant au rythme de la pluie s’écroulant sur le toit de la petite cabane de bois.

De longues minutes s’écoulèrent avant que Benjamin ne trouble le silence. Un marché, évidemment. Elle devrait parler la première, elle le sentait venir à des kilomètres. Cependant, son regard chercha le sien, ses sourcils se fronçant légèrement à la condition posée. De la pitié ? Quelque chose clochait, elle le sentait. Une alarme s’était mise en route dans sa tête, son cœur avait bondi. Elle allait tout savoir, et un sale pressentiment lui chuchotait à l’oreille qu’elle n’allait pas apprécier. Cependant, la curiosité était trop forte. Le flot de mots attendait au bord de ses lèvres, prêt à se déverser et à inonder la cabane. Cependant, elle prit une profonde inspiration et se tourna légèrement vers Benjamin de façon à ce que leurs visages se trouvent en face. « D’accord, deal. » Elle lui tendit l’une de ses mains pour qu’il la serre, essayant de détendre l’atmosphère alors qu’elle se sentait prête à exploser. La sentence tomba, et elle esquissa une grimace. Évidemment, les dames d’abord. « Quelle galanterie, dit-elle dans un soupir. Par quoi commencer ? Elle entrouvrit la bouche, à la recherche de ses mots, resserra l’étreinte de ses doigts dans les siens, et se jeta à l’eau brutalement. Je suis fiancée. Elle leva les yeux vers lui. Non, ravale tes félicitations. Ce n’est pas un mariage que je désire, mais que mes parents veulent. Baissant les yeux sur leurs mains enlacées, elle poursuivit, les mots se bousculant hors de sa bouche.Comment expliquer…ils ont décidé, évidemment sans mon accord, que la meilleure chose à faire pour que je me calme était de me trouver un petit mari. La blague, comme si cela allait changer ces interminables gueules de bois et ce remue-ménage dans mon estomac. Oh, attends, tu ne connais pas le meilleur. De tous les mecs de l’humanité, ils avaient besoin de faire leur petit pacte avec la famille Saint Rémy, les parents d’Alban précisément. Je sais pas si tu vois qui c’est, enfin, sûrement, qui n’a pas entendu parler de Monsieur Alban Saint-Rémy. Grimace dégoûtée, réveil des abeilles tueuses. Oh, habitude. Elle poursuivit sans s’arrêter, même pas pour respirer, de peur de prendre conscience de la pathétique histoire qu’elle vivait. Donc maintenant, je suis censée épouser ce connard, qui est également mon ex, on est sortis ensemble pendant des mois jusqu’au jour où je n’en pouvais plus de le voir coucher avec d’autres sur le côté, jour où je l’ai viré. Enfin bon, le pire, c’est que je crois que…elle baissa les yeux, serra sa main, les mots se trouvant bloqués. Non, elle ne pouvait pas les dire. Enfin, tu sais, peut-être que j’ai encore…elle n’en revenait pas de l’admettre à haute voix, c’était la première fois qu’elle prenait vraiment conscience de ce qui se passait dans son cœur. Finalement, elle lâcha quelques mots. Des putains d’abeilles tueuses dans l’estomac. » La jeune femme baissa les yeux, resserrant l’étreinte de ses doigts autour de ceux de Benjamin. C’était sans doute le seul avec lequel elle pouvait discuter de toute cette situation sans se sentir pathétique, elle savait qu’il essaierait de la comprendre et la soutiendrait quoi qu’il arrive. A se demander comment elle avait pu vivre et respirer sans son petit prince à ses côtés. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne lève à nouveau les yeux vers lui. « J’oublie pas ton marché. A ton tour, petit prince.» poursuivit-elle, lui lançant un regard d’un côté inquiet, de l’autre signifiant qu’il pouvait tout lui dire. Absolument tout. La pluie doubla de violence, les gouttes frappant la petite cabane à rythme régulier, presque assourdissant. Un éclair de lumière traversa le ciel, mais Autumn ne le quittait pas des yeux. L’instant fatal était arrivé, elle le sentait.
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MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyDim 27 Nov - 18:08

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    autumn & benjamin Children waiting for the day they feel good.• And I find it kinda funny, i find it kinda sad, the dreams in which I'm dying are the best I've ever had, i find it hard to tell you, i find it hard to take, when people run in circles it's a very, very mad world mad world ;; mad world - gary jules

    Mad World (feat. Gary Jules) by Gary Jules


Pas un bruit n’osait rompre la quiétude qui s’était installée entre nous. La pluie continuait son délicieux ballet, alors que le vent quant à lui commençait à s’apaiser. La tempête était passée. Place à l’entracte. La fraîcheur de la température extérieure me faisait néanmoins doucement frissonner. L’inconvénient de posséder un corps affaibli : notre résistance face au froid s’amoindrit. Elle s’était blottie contre moi, et j’encerclais son frêle corps de mes bras. Une posture qui aurait le luxe de nous tenir chaud tout en restant l’un contre l’autre. Patient, j’attendais qu’elle réponde à mes précédentes paroles. Ce que d’ailleurs elle ne tarda pas à faire en acceptant ma proposition. Satisfait, je souriais fièrement tout en serrant la main qui m’était tendue. J’arrivais toujours à obtenir ce que je voulais (ou presque). Elle aurait dû le savoir. L’attention fixée sur elle, je gardais sa main précieusement au creux de la mienne. Attentif à la moindre parole qu’elle allait désormais m’adresser. Un soupire, et elle entama son récit. Une histoire que j’appréhendais, mais qui attisait au moins ma curiosité et mon inquiétude. « Je suis fiancée. » Surprise. Elle levait les yeux vers moi, je baissais le visage vers elle, déconcerté. Fiancée ? La preuve qu’au moins j’avais loupé beaucoup de choses durant mon absence. La bouche entrouverte, je m’apprêtais à sourire avant qu’elle ne m’arrête. « Non, ravale tes félicitations. Ce n’est pas un mariage que je désire, mais que mes parents veulent. » Lèvres pincées. L’incompréhension était sans nul doute lisible sur les traits tirés de mon visage. Sans même chercher de quelconques paroles à lui adresser, j’haussais les épaules en arquant les sourcils. Il était vrai que je gardais un souvenir amer de ma relation avec ses parents. Nous ne vivions tout simplement pas dans le même monde. A leurs yeux, je n’étais qu’un microbe, un misérable. Là où leur fille était une petite princesse. Typiquement américain. Mais à dire vrai, cela ne m’a jamais empêché de vivre ou de respirer. Posant mon menton contre son épaule, je la laissais reprendre son récit. Les yeux rivés vers un point invisible flottant face à nous. Son histoire me faisait frissonner d’horreur. Empathie… Intérieurement, je regrettais amèrement d’avoir disparu après notre rupture. J’ignorais comment j’avais pu survivre toutes ses années sans ma princesse à mes côtés. J’avais beau avoir une sœur jumelle, Autumn n’en restait pas moins la seule et unique femme à qui je pouvais m’ouvrir sans la moindre crainte. Au fur et à mesure de son conte, sa main serrait davantage la mienne. J’en grimaçais. Au moins des fiançailles qui n’avaient pas été sans douleurs… Pourquoi cela me rappelait-il étrangement mes propres épousailles ? Lâchant un soupire entre deux de ses phrases, je laissais mes paupières venir recouvrir mes yeux. Les années ne l’avaient pas gâtée. Alban Saint-Rémy. Inconnu au bataillon, mais une silhouette on ne peut plus célèbre dans l’enceinte de Berkeley. Un petit con prétentieux parmi tant d’autres. Etonnant qu’il ne demeure pas chez les Epsilon. Mon regard dévia et je penchais légèrement mon visage vers elle. « […] Tu sais, peut-être que j’ai encore… Des putains d’abeilles tueuses dans l’estomac. » Mon cœur loupa un battement, peut-être deux tout au plus. Un sourire triste naquit sur mes lèvres. Une impression de déjà vu… Il y a deux ans, c’était une autre jeune femme blonde qui me tenait ce même genre de discours. Une femme que j’ai épousée. Ironie du sors : aujourd’hui, c’était ma petite princesse qui baignait dans une cruelle souffrance. La bouche entrouverte, je cherchais désespérément un mot, une parole réconfortante à lui murmurer. En vain. Autour de nous, la pluie redoublait d’intensité. Bien avant que je n’eu le temps de formuler une vague phrase, elle me renvoyait à sa précédente demande.« J’oublie pas ton marché. A ton tour, petit prince.»

J’ai souris.. je crois. Un éclair venait de jaillir, mais nos regards restaient rivés l’un vers l’autre. Un échange ou aucune parole n’était nécessaire. Durant quelques minutes, nous nous accordions une pause. Des secondes de répit, et de calme, ou nous pouvions nous contempler et rattraper le temps perdu. Il était bon de l’avoir près de soi. Cette vieille époque me manquait tellement. Auparavant, ce qui n’étaient que de simples soucis d’adolescents étaient aujourd’hui devenus des plaintes, des maux, voir des blessures incurables. Ensembles, nous avions inconsciemment suivi le même chemin dans le fond. Son regard las en disait beaucoup plus que ses paroles. Mes yeux verts reposèrent dès lors sur nos mains jointes, et je daignais enfin répondre à ses dires. Phrase par phrase, j’allais reprendre tout depuis le début. Un soupire, et j’entamais à voix basse : « Et qu’est-ce qu’il se passerait si tu décidais de ne pas te soumettre à la décision de tes parents ? Ils n’ont aucune idée de ce que tu traverses, et ce n’est certainement pas eux qui trouveront la solution à tout ça. » Pour une fois, je pouvais parler en connaissance de cause. J’avais toujours éprouvé une certaine rancune envers mes géniteurs à ce sujet. Eux n’essayent pas de vous comprendre. Je me souviens de chaque larme versé, et de chaque sarcasme envoyé. ‘’Des problèmes d’ado’’ disaient-ils. A leurs yeux, je n’étais qu’un enfant atteint d’une période dite ‘’noire’’, ou chacun de mes faits et gestes sont rythmés par une mode. Je n’ai pas connu une enfance malheureuse, mais j’ai toujours espéré pouvoir avoir une vraie famille. Un rêve pour le moins irréalisé jusqu’ici.. puisque j’avais grossièrement échoué. M’égarant dans mes pensées, j’inspirais un grand coup afin de reprendre conscience. L’heure n’était pas aux fantômes du passé. Il était étrange de constaté à quel point je pouvais redevenir nostalgique en fréquentant à nouveau sa présence. A croire qu’Autumn avait ramené avec elle un bagage de divers souvenirs d’enfance. Certains amusants, et puis d’autres que l’on aurait préféré oublier. Un triste sourire se dessina sur mes lèvres. J’embrassais furtivement sa joue tout en posant mon front contre sa tempe. « A chaque maux existe un remède. J’ai été absent durant pas mal d’années, maintenant je suis là. Tu iras mieux, je te le promets. » Je suis désolé. Pardonne-moi d’avoir disparu. Un sentiment de culpabilité naquit, et j’avalais difficilement la chose. En l’espace d’une poignée d’années, elle aussi avait sombré. Elle ne méritait pas cela. Petits, nous nous imaginions une vision utopique de notre avenir. Ironie du sort, le destin en aura voulu autrement. Satané hasard.

L’heure des révélations. Je lui avais juré de lui parler de mes soucis si elle faisait de même. Et elle n’était pas dupe : à sa manière de me regarder, on discernait facilement l’inquiétude au creux de ses yeux bleus. Lui accordant un bref sourire gêné, je me relevais tout doucement de l’endroit où nous étions assis. Attrapant au passage l’une de ses mains en l’invitant à me suivre, je nous conduisais jusqu’au bord du petit balcon de la cabane. Abrités par le toit, les gouttelettes s’effondraient à quelques centimètres à peine de nous. Un bourdonnement sourd résonna alors, remontant jusqu’au creux de ma poitrine. La seconde suivante un nouvel éclair déchirait le ciel. A la manière des paroles que je m’apprêtais à prononcer, et qui me déchiraient le cœur d’avance. Ma main tremblait au creux de la sienne que je serrais fort. La bouche entrouverte, je l’ai regardé. « En ce qui me concerne… » Inspiration, expiration. Je sentais la douleur refaire surface. Chaque fois que mon souffle devenait saccadé, mes poumons me tailladaient aussitôt. Je contemplais son regard, une touche d’appréhension et une poignée de regrets au creux de mes prunelles. « Je suis malade. » Voilà. Mes paupières vinrent aussitôt couvrir mes yeux. C’était dit. « J’aimerai que ça ne soit qu’un rhume, mais ce n’est pas le cas. » J’avais les flash de cette terrible soirée qui animait mes pensées. Le soir om j’ai appris à Esthell que j’étais condamné. Le soir où ses larmes ont coulé. Ce soir-là, qui n’était que le prémices d’une existence que je venais de terrasser. Comme quoi, les mots sont une magnifique arme : ils peuvent consoler un cœur blessé, mais ils peuvent aussi détruire une vie. En ce qui me concerne, ma langue était imprégnée de sang. J’ai lentement relâché sa main, fixant un point invisible quelque part dans le parc. « Les médecins sont assez pessimistes et si je ne subis pas de greffe dans les prochains mois à venir, ils estiment que je pourrai tenir encore deux ans, trois maximum. » Le temps. Je ne fais que courir après ce maudit temps. Savourer chaque secondes du mieux que je le pouvais. Il est assez horrible en soit de ne pas savoir si l’on serra capable de se réveiller le lendemain. Mais le pire supplice restait encore de voir ses proches endurer cette souffrance. Si je n’étais pas aussi égoïste, sans doute aurais-je coupé les ponts avec tout être aimé. Amis, femme, enfant. Tout le monde. Pour m’enfermer dans une prison de solitude, bâtie de mur et de briques infaillibles. Ainsi je disparaitrais sans provoquer la peine et la douleur. Si seulement c’était aussi simple. Sans m’en rendre réellement compte, j’adressais à haute voix mes propres pensées. Parlant d’une voix monotones, presque lasse. « Et je suis marié… mais notre couple bas de l’aile ces derniers temps. Je ne sais plus trop où nous en sommes. Le fait que je sois mourant l’empêche de vivre pleinement sa vie, même si elle ne me l’avoue pas. Mais d’un autre côté je n’arrive pas et ne peux pas me résoudre à la quitter. Elle mérite une vie meilleure, aux côtés d’un homme qui sera continuellement là à ses côtés. » Au fond, je regrettais tout. Si nous ne nous étions pas rencontré, nous ne serions pas tombés amoureux, et sans doute nos existences auraient-elles été différentes. En était-ce de même pour Autumn ? Après-tout, peut-être que si nous n’avions pas laissé les sentiments se mêler de notre relation, alors je serai continuellement resté près d’elle, et elle n’aurait pas connu toute la misère actuelle. Me pinçant la lèvre inférieure, je reportais mon attention sur sa silhouette. Un léger sourire se profila au coin de ma bouche. Le premier sincère. « Elle te ressemble beaucoup. » Quelques secondes de contemplation. Je la regardais, inlassablement fasciné. « Dis-moi en plus maintenant sur ces abeilles tueuses. Qu’est-ce que j’ai loupé ces dernières années. »
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MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyMer 21 Déc - 13:18


She should’ve felt way better. Déballer tous ces mots, toute cette rancœur, dévoiler au monde cette horrible mascarade, injustice, connerie, hurler au secours pour la première fois depuis..bien longtemps, admettre que tout lui dépassait. Elle aurait dû se sentir mieux, elle pensait qu’en libérant enfin tout ce qui pesait sur son petit cœur, tout finirait par s’arranger. Cependant, si une telle chose était possible, elle se sentait encore plus mal qu’auparavant. Les mots qu’elle venait de prononcer résonnaient encore à ses oreilles, s’infiltraient en elle, en écho dans son cerveau, répétés dans la moindre de ses pensées, battement régulier qui la rendait folle. Elle l’avait dit, c’était arrivé. Ce n’était que de simples phrases prononcées dans le vent, pourtant elles parvenaient à rendre tout plus réel, plus atroce encore. Les lèvres pincées, les yeux perdus quelques instants dans le vague, elle parvenait presque à visualiser la scène de son mariage, l’autel, la robe blanche, le sourire narquois, le « non » retentissant alors que son cœur explosait sur le sol jonché de pétales de roses dans un bruit de verre brisé. Non, elle trouverait, ils trouveraient un moyen de se sortir de ce pétrin ; il le fallait. Essayant pour l’énième fois d’échapper à ses pensées et tourments, la jeune femme leva les yeux vers Benjamin, qui semblait plus pensif que jamais. Ses problèmes lui parurent soudainement ridicules, face à la montagne d’obstacles que semblait affronter son petit prince. Même si elle en ignorait encore la nature, elle sentait dans la douce pulsation de son cœur, au bout de ses doigts, que ce n’était pas rien. Si seulement elle savait…

Le silence la dévorait, ses doigts fourmillaient, elle sentait que tout lui échappait d’une certaine façon, sans comprendre pourquoi. Et cela la rendait dingue. Le cœur battant, tous les sens aux aguets, prête à prendre la moindre bribe de mot qui s’échapperait des lèvres de son petit prince adoré, prête à interpréter toutes les significations du prochain mot qu’il sortirait. Il fallait qu’elle sache, il fallait qu’elle puisse apaiser cette angoisse qui la torturait depuis qu’elle avait croisé son regard à nouveau. Ils venaient seulement de se retrouver, plus jamais elle ne voulait le perdre. Leurs mains entrelacés, leurs dos collés contre la paroi de bois d’une cabane humide, les yeux rivés dans le vague, perdus dans les souvenirs de leur royaume enchanté…elle voulait rester ainsi pour toujours. Ou plutôt remonter le temps; à l’époque où ils n’étaient que deux enfants innocents, se préoccupant simplement de réussir à dresser les oiseaux pour qu’ils chantent l’hymne national d’un petit pays imaginaire leur appartenant et qui, bientôt, gouvernerait le monde entier. Leurs soucis n’étaient que foutaises, idioties qui se réglaient en une fraction de seconde, qu’un simple baiser humide de petits enfants ou une sucette de chocolat pouvait résoudre. Aujourd’hui, tout était plus compliqué, beaucoup trop compliqué. Après quelques minutes de silence, le jeune homme reprit finalement la parole, à voix basse, comme craignant de déranger le chant des oisillons dans les arbres, à quelques mètres d’eux. Haussant les épaules, elle détourna le regard. Ses parents avaient toujours été tyranniques, obsédés par la « bonne société », l’envie de plaire, surtout de cacher les moindres travers de leurs enfants - et les leurs par la même occasion - en sortant des liasses de billets ou en utilisant tous les moyens possibles et imaginables. Si elle choisissait de simplement dire non à ses parents, elle savait parfaitement ce qui arriverait. Ils lui couperaient les vivres et, madame n’ayant jamais travaillé, se retrouverait forcée à la tâche, histoire de payer la fac, histoire de vivre, tout simplement. A cette simple idée, un frisson d’horreur la traversa. « Disons que le nom de Rowen-Glaswell serait sérieusement entaché, et je pourrais dire bye-bye aux week-ends aux Bahamas, » dit-elle dans un petit rire, bien que le cœur n’y était pas. Alors que des milliers de gens crevaient de faim, une blondinette installée dans une cabane pour les gosses pleurait à cause de malheureux week-ends non passés au soleil mais à bosser dieu sait où. Quelle vie. Secouant légèrement la tête, la jeune femme fixa les gouttes de pluie s’écrouler sur le rebord du parquet de bois déjà assez pourri de la cabane, se demandant si, quand ils se lèveraient enfin, dans quelques minutes ou peut-être quelques heures, les planches n’allaient pas s’effondrer à cause du trop plein d’humidité dont-elles regorgeaient probablement. Un sourire traversa son visage alors que les lèvres du jeune homme se déposaient sur sa joue. Par sa simple présence, elle se sentait déjà rassurée. Oui, elle savait que, s’ils se juraient de ne plus jamais se quitter, tout irait bien.

Hélas, le destin en avait décidé bien autrement. Autumn sembla le sentir, alors que Benjamin reprenait sa main, l’aidant à se relever. C’était à lui de passer aux aveux, et, sans trop savoir pourquoi, ni comment, un vertige s’empara d’elle. L’angoisse revint de plus belle, alors qu’il évitait à nouveau son regard azur, choisissant de se perdre plutôt dans les gouttes de pluie s’écroulant des arbres, au dehors de leur cabanon. La pluie avait doublé, triplé d’intensité pendant ces quelques minutes passées à l’abri ; et un éclair zébra le ciel, accompagné d’un bruit tonitruant. Le ciel semblait vibrer pour eux, gronder en attente des lourdes révélations, ou simplement conscient que ce qui allait se passer allait bouleverser leurs vies. Autumn ferma les paupières quelques instants, chassant ces quelques pensées néfastes. Qu’allait-elle s’imaginer, tout allait bien, très bien même, désormais qu’ils s’étaient retrouvés. Pourtant, elle avait beau essayer de se rassurer, un détestable pressentiment continuait à la ronger. Sa main tremblait dans la sienne, elle le sentait. Lorsque son regard se posa à nouveau sur elle, elle le perçut, ce malaise, ce problème. Cette montagne qui allait s’écraser sur elle dans quelques secondes. Même si elle croyait pourtant être préparée à la nouvelle, quelle qu’elle soit, elle était loin de l’être. Loin de savoir que, dans quelques secondes, dans quelques mots, le monde s’effondrerait, le royaume s’écroulerait, bousculé par trois mots destructeurs. Lorsqu’ils arrivèrent, Autumn ne comprit pas. Ses yeux rivés dans les siens, elle fronça les sourcils, perplexe. Malade. Un rhume, une toux, rien qu’un bon médecin ne pourrait guérir. Elle en connaissait d’excellents, elle pouvait le conseiller aisément, rester à son chevet, à lui balancer des paquets de mouchoirs et lui raconter des histoires sans queue ni tête jusqu’à ce qu’il soit guéri. Non, ce n’était pas ça, confirma-t-il sans qu’elle n’eut besoin d’ouvrir la bouche. Pas qu’un simple rhume. Mais quoi, alors ? Son cerveau semblait s’être arrêté alors qu’elle le contemplait, interdite, ne comprenant décidément rien à ce qu’il se passait. C’est seulement à l’instant où elle sentit ses doigts glisser entre les siens, cherchant à s’échapper, que ça la frappa. Les médecins. Deux ans. Trois ans. Maximum. Les mots entraient, pénétraient jusqu’à son cerveau, cependant elle mit quelques instants avant de les comprendre, individuellement, puis ensemble. Les pièces du puzzle s’assemblèrent brutalement, tandis qu’un énième éclair zébrait le ciel. Ses mains furent prises de tremblements, alors que ses jambes se transformèrent en coton. Ses yeux, rivés sur Benjamin, le fixait avec une telle intensité qu’elle avait peur qu’un laser n’en sorte et le grille sur place. Mais oui, c’est ça, accélères-donc le processus, pauvre idiote. Ces pensées traversèrent son esprit, la figèrent. Non. Ce n’était pas possible. Il plaisantait, ce n’était qu’une blague de mauvais goût. Blague qu’il débitait avec un ton des plus monocordes, pourtant. Un ton qui la tuait sur place. Elle avait beau chercher l’ombre d’un sourire sur son visage, un éclat brillant dans ses yeux signifiant qu’il était en train de se foutre d’elle depuis le début…il n’y avait rien. Que le vide, le désespoir, le néant. Son cœur s’accéléra brutalement alors qu’il continuait sa tirade. Parlait de mariage, de regrets, d’amour battant de l’aile. Ses oreilles s’étaient bouchées dès la seconde où le mot mourant était sorti de ses lèvres. Et il disait cela avec une telle lassitude. Il annonçait la fin de tout, la fin de leur royaume, la fin du prince et de la princesse avant même qu’ils n’aient pu pleinement se retrouver. Ce sourire. Ces abeilles tueuses dont il parlait à nouveau. Ses paroles la traversaient, ne la touchaient plus. Elle ne l’écoutait plus. Mourant, maladie, deux ans, plus de temps, plus d’amour, plus que poussière. Ces mots défilaient en boucle dans son esprit, des images de son petit prince se flétrissant, se décomposant, s’étouffant, s’effondrant au coin d’une ruelle sombre, s’imposèrent à elle. Reprenant subitement conscience, elle fixa son petit prince, en chair et en os devant elle, sous les gouttes de pluie, esquissant un léger sourire. Elle voulait le frapper. Pour ne pas l’avoir appelé dès qu’il avait su. Pour ne pas avoir tenté de retourner ciel et terre pour retrouver sa princesse, au lieu d’attendre cet instant pour lui annoncer cela. Pour le simple fait qu’il arborait ce sourire idiot alors qu’il venait de lui annoncer qu’il avait déjà un pied dans la tombe. Les tremblements de ses mains doublèrent de violence, tandis que, pour la première fois depuis de longues années, sa vue se brouilla. « Tu oses me demander cela, tu oses vouloir entendre mes pathétiques histoires de gosse de riche alors que tu viens de m’annoncer que tout est terminé ? La colère la dévorait…ou était-ce plutôt de la peine qu’elle cachait ? Très vite cependant, la voix forte qu’elle avait adopté se brisa au dernier mot. Terminé. Tout était terminé. Ils avaient pour habitude de dire qu’ils avaient la vie devant eux, qu’ils construiraient leur royaume, y vivraient heureux jusqu’à la fin des temps. Sauf que la fin des temps, c’était dans deux ans. Comment est-ce que tu peux m’annoncer ça comme ça ? Comme si -- Sa voix se brisa. Sa vue était brouillée, les larmes avaient vite fait d’envahir son visage, couler sur ses joues de porcelaine, s’écroulant au sol, s’ajoutant aux gouttes de pluie. Essuyant d’un geste rageur les larmes salées sur ses lèvres, elle regarda le visage flou de Benjamin. Son petit prince. Son trésor. Son meilleur ami. Elle ignorait comment elle avait fait pour survivre sans lui tout ce temps. Savoir qu’ils seraient à nouveau amenés à se séparer, ce sans espoir de retrouvailles, la rendait dingue. Littéralement. Elle avait besoin de lui, aujourd’hui plus que jamais. Demain, après-demain, jusqu’à la fin. Non, ce n’était pas possible. C’est pas possible, tu ne peux pas, tu n’as pas le droit, reprit-elle, la voix brisée, les larmes inondant son visage. Elle se rapprocha de lui, posa ses mains sur sa poitrine, et commença à le frapper. Sur le torse, les bras, les épaules, de ses petits poings tremblants et bien trop affaiblis pour heurter quelqu’un. Tu ne peux pas, tu ne peux pas, répétait-elle incessamment, ses sanglots redoublant de violence, jusqu’à l’instant où elle ne put parler, étouffée par ses propres larmes. Ses poings finirent par se serrer autour de son cou, tandis qu’elle s’approchait pour l’enlacer, enfouissant son visage humide contre son torse. Je ne sais même pas comment j’ai survécu sans toi tout ce temps. Comment suis-je supposée m’accoutumer au fait que tu vas à nouveau me laisser ? parvint-elle à murmurer, alors que ses sanglots s’apaisaient enfin. J’ai tellement besoin de toi….mon petit prince, dit-elle, alors que sa voix se brisait à nouveau, et que les sanglots reprenaient le dessus. Levant finalement la tête vers lui, elle se mordit la lèvre, laissant quelques dernières larmes s’écouler. C’était bien le seul devant lequel elle pouvait se permettre de se laisser aller ainsi. Que…quand, comment, pourquoi ? Les questions se bousculaient dans son esprit, et, bien qu’elle s’imaginait qu’il n’ait pas envie de parler de sa maladie, elle avait besoin de savoir. Quand il l’avait su. Ce qu’il s’était passé pendant tout ce temps. Tout ce qu’elle avait manqué. Oh, comme il lui avait manqué…tellement de temps s’était écoulé, et il leur en restait tellement peu à partager ensemble. Cette réalisation la frappa à nouveau, plus violemment que jamais, si bien qu’elle resserra son étreinte pour s’empêcher de faiblir. Il ne pouvait pas. Non. C’était impossible. Elle avait beau se répéter ces mots en boucle tout en essayant de fuir ce regard de damné, ce regard de mortel condamné, mais cela n’y faisait rien. Quelle ironie…eux qui passaient leurs journées à se promettre qu’ils resteraient toujours ensemble, qu’un jour ils trouveraient le filtre de l’immortalité et pourraient ainsi à jamais faire prospérer leur royaume…tout cela n’était que foutaises, rêves d’enfants qui s’effondrent face à la dure réalité de la vie. Et, alors que son monde n’était plus que poussière, la pluie continuait à tomber, s’écroulant sur leurs visages tournés l’un vers l’autre.
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MessageSujet: Re: ❝ I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin ❝  I just have to wander through this world, alone ❞ autumn&benjamin EmptyMer 11 Jan - 21:00

tu entends comme je t'aime ?


un jour on se réveille, et contre toute attente, l’espoir renaît, et avec un peu de chance on se rend compte, en affrontant les événements, en affrontant la vie, que le véritable rêve, c’est d’être encore capable de rêver.
Le Chemin (feat. Sita) by Kyo


Il n'y a pas que des blessures superficielles. La plupart des blessures sont plus profondes qu'on ne l'imagine. Elles ne se voient pas à l'oeil nu. La tempête s’était apaisée, et le vent ne soufflait pour ainsi dire plus. Pourtant, nos deux cœurs étaient ravagés par une semblable souffrance. Touché, coulé. Je fixais quelque part un point invisible afin de ne pas croiser ses deux perles bleues. D’avance, je m’avouais vaincu face à son chagrin prévisible. Le regret et l’amertume s’étaient immiscés en moi, et je ne pouvais masquer ma déception plus longtemps. Peut-être au fond aurais-je mieux fait de mentir… Si je pouvais sans peine supporter la douleur physique, j’avais toujours eu du mal à digérer la vision d’un proche dans le supplice. Sans le moindre mot, je guettais l’horizon à la recherche d’une phrase à prononcer, de quelques mots apaisants à murmurer. En vain. Lui rendre le sourire ? Comment ? Surtout après la nouvelle que je venais de lui apprendre. Malheureusement, l’entaille était belle et bien tracée, et désormais il fallait qu’elle marche seule jusqu’à pouvoir l’accepter. Quels que soient mes efforts, je ne pourrais guère beaucoup l’aider.. Du soutien, de la compassion, mais que lui apporter de plus ? Des actes inutiles qui me rendaient impuissant face à la situation. De toute façon, à bien y penser, un mensonge n’aurait strictement servi à rien : elle m’aurait démasqué. Quelle que soit l’échappatoire, il fallait passer par cette terrible phase de la révélation. La pire, et la plus douloureuse.. aussi bien pour elle, que pour moi. J’aimerai tellement n’avoir qu’à claquer des doigts pour revoir apparaître son si magnifique sourire. Si seulement la vie était aussi simple. Nous avions été séparés durant de longues années, et j’admets avoir eu le luxe de songer à nos retrouvailles d’une toute autre manière. Elles avaient pourtant si bien commencées : ma petite princesse, notre royaume, nos fou-rires d’antan… Mais tout ceci n’était qu’éphémère, et très vite la réalité nous a rattrapés. Quel gâchis. Un soupire s’échappa de mes lèvres entrouvertes, mes yeux se posèrent sur nos mains jointes. Elle tremblait. De fureur j’imagine.. ou bien d’appréhension. Quant à moi, impuissant, je me contentais de resserrer mes doigts autour des siens. N’ai pas peur, il ne peut rien m’arriver avec toi à mes côtés. Mon petit rayon de soleil de la journée. « Tu oses me demander cela, tu oses vouloir entendre mes pathétiques histoires de gosse de riche alors que tu viens de m’annoncer que tout est terminé ? » Sa voix avait brisé le silence, et ses échos rebondirent sur les troncs d’arbre du parc vide. Bien sur le coup, sa remarque me décrocha un très mince sourire, je ne tardais pas à faire une fixette sur le mot ‘’terminé’’ qu’elle avait employé pour ponctuer sa phrase. Etait-ce exagéré comme terme ? Dur à dire… En vérité, j’ignorais tout de l’instant où surviendraient mes dernières heures, et je préférais ne pas le savoir. Vivre tout en connaissant le jour de sa mort, c’est bien loin d’être un atout. Plutôt une malédiction. Tout ce que je savais, c’est que j’avais intérêt de profiter de ces quelques années dont Mère Nature me faisait cadeau. Pendant qu’il est encore temps. Vivre, sourire, respirer. Max là-dessus était mille fois plus forte que moi. Elle était malade, elle souffrait chaque jour et devait supporter la douleur que lui infligeait la malformation de ses petits poumons. Et pourtant.. elle continuait de se battre, de sourire. Ce petit trésor qui m’était si cher ; je l’admirais tellement. En resongeant à ses deux yeux tout bleus, je me suis accordé quelques secondes de mélancolie. Bercé par la brise du vent, je soupirais un bon coup. Mon désir le plus cher était encore d’avoir le droit de voir ma fille grandir… Je donnerais ma vie pour elle. Que je sois condamné c’était une chose, mais que notre minuscule trésor le soit également, c’en était une autre que je ne pouvais supporter. L’idée était horrible… Ce sont aux enfants d’enterrer leurs parents, et non l’inverse. La roue tourne dit-on… j’espérais qu’elle nous fasse un jour l’honneur de nous porter chance. Mais enfin, mes espoirs restaient bien minces.

Retour à l’instant présent. Un éclair surgit non loin de nous, et ma petite princesse me sorti immédiatement de mes songes vagabonds. « C’est pas possible, tu ne peux pas, tu n’as pas le droit. » Sa voix tremblante me brisait littéralement le cœur. Elle s’est avancé, et alors qu’à nos côtés la pluie redoublait d’intensité, ses petits points vinrent s’écraser contre moi. Un coup, deux coups, trois coups, et j’ai arrêté de les compter. Baignée de désespoir, je ne pouvais rien faire d’autre que de la regarder me frapper. Je sais… Un sourire sans joie se matérialisa sur mes lèvres alors que je retenais mes propres larmes de couler. L’inconvénient d’être épuisé : on en devient nettement plus faible et sensible aux émotions. Ses coups n’étaient pas douloureux en soit, pourtant leur signification me frappa de plein fouet et je perdis l’équilibre quelques instants en m’appuyant contre notre abris. « J’ai tellement besoin de toi….mon petit prince. » Mes mains s’emparèrent de ses poignets, et je l’ai laissé m’étreindre sans un mot. Il était vrai qu’en dehors d’Esthell et de Max, je n’avais jamais pris le temps de songé à tous les autres que je laissais derrière moi. Je n’avais pas foule d’amis, mais maintenant que j’avais retrouvé ma plus précieuse camarade, il m’était difficile de concevoir mon départ. Pardonne-moi, je n’ai jamais voulu ça. Notre royaume s’effondrait petit à petit, sous les gouttes de pluie d’un automne qui perdurait. Mes bras l’entouraient, formant un cocon protecteur, et j’ai posé mon menton contre son front. Trouver les mots, les bons, ce n’était pas une chose aisée. Pire encore lorsqu’il s’agissait d’en parler à sa meilleure amie. Inspirant un grand coup, j’ai finalement murmuré quelques brèves paroles : « Ne dis pas ça. Tout n’est pas terminé : je suis encore là. » Et je serai toujours là. Dans ce monde, ou dans l’autre, je veillerai sur toi. Un doux sourire se logea sur mes lèvres, et j’ai baissé les yeux vers elle. L’une de mes mains s’est posée contre sa joue, et y a chassa toute perle salée qui osait s’y aventurer. Un si beau visage ne devait pas être gâché par ces larmes, et surtout pas par ma faute. Du bout du pouce, j’ai dessiné sur sa bouche la courbe invisible d’un sourire imaginaire. Et mes yeux sont restés accrochés aux siens. A l’abris, dans notre tout petit château qui surplombait le parc, nous étions biens. Deux âmes qui se retrouvent, se confient, s’aiment, et apprennent à contourner l’épreuve ultime de la vie. « Ecoute.. Quelle que soit ma maladie, je ne veux pas que tu agisses différemment. Je resterai là, aussi longtemps que je le pourrai. Nous avons encore mille et une choses à partager ensembles, et il est hors de question qu’on tire un trait sur tout ça, juste parce que j’ai un vulgaire.. ‘’rhume des poumons’’. » Ce n’était pas une demande, c’était un ordre. Inclinant le visage le visage sur le côté, je me suis finalement penché vers elle pour l’embrasser sur le bout du nez, pour ensuite m’emparer fermement de sa main. En quelques secondes, nous sommes descendu de notre perchoir pour aller affronter cette minie tempête destructrice de cœurs. Mes doigts entremêlés aux siens, je ne la lâchais plus et nous nous promenions désormais entre les gouttes qui s’effondraient sur nous. Tout était si calme autour de nous. La scène était d’une perfection inébranlable. Des flaques se formaient, des feuilles continuaient de tomber. Et nous étions là, la princesse et son prince, parcourant d’un pas lent leur royaume de bien-être et de fantaisies. J’aimerais tellement avoir le pouvoir d’effacer toute trace de peine chez elle. Malheureusement, il m’était impossible d’avoir recours à un sortilège.. toutefois, ne dit-on pas que les mots demeuraient notre plus grande arme ? Au beau milieu de la rue, je me suis positionné face à elle, marchant ainsi à reculons alors que continuait d’avancer vers moi. « Ecoute, nous n’avons pas d’emprise sur le hasard, ni sur l’avenir. Mais on peut au moins faire en sorte que celui-ci soit plein de bons et agréables souvenirs. » Nous pouvions passer un marcher : celui de profiter de chaque seconde qui nous était offerte. S’accorder trente petite secondes de peine, et ensuite tourner la page, et recommencer à rire aux éclats. Mine de rien, Autumn faisait partie de ma vie, et je ne pouvais la laisser. Nous venions de nous retrouver, mais j’aurais mille fois préféré que cela se fasse dans des conditions un peu meilleures. Finalement, je me suis stoppé sur place de telle manière à ce qu’elle me fonce à moitié dessus. Poum, prisonnière de l’étau de mes bras. Rigolant à moitié de ma propre bêtise, je fini par baisser les yeux vers elle. Une once d’espoir traversa mon regard, et je lui soufflais mes dernières paroles : « Tu as le droit de pleurer et me faire la tête jusqu’à ce qu’on arrive chez moi. Ensuite, on ira se préparer des crêpes et on se posera devant la télé, comme lorsque nous étions gamins. Ca te va ma princesse ? » A vrai dire… elle n’avait pas tellement le choix. Il était hors de question que nous passions notre précieuse matinée à déprimer à mon sujet. Qu’à cela ne tienne : je reprendrai les choses en main, et je lui faisais confiance pour accepter de me suivre sur ce chemin risqué. Quoiqu’il advienne, nos mains jointes s’étaient retrouvées, et n’étaient pas prêtes à se relâcher.
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