the great escape
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❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila

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Swan Cartwright-Hansen
there's no place like berkeley
Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: ❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila ❝What goes around comes back around❞  ◂esthell, benjamin, leila EmptyDim 8 Jan - 16:40

Victims of a sudden impact are some of the hardest to treat. It's not just the collision that injures them, it's everything after ✦ “Safety net, don't hold me now. In this love, I've fallen down. Secret home, I made and found. And you wait to breathe. Skin of all, skin of all, I've had enough. And in the sickness you have faith, and in the thickness you find me finally. In the city you find pain. And the people you see there that remind you of your role. Let me go” ;; you can't prepare for a sudden impact. you can't brace yourself. it just hits you, out of nowhere ◮ « grey's anatomy»
◂ESTHELL, BENJAMIN, LEILA. what goes around comes back around.

Jeudi 03 Juillet, 1999. Los Angeles, Californie.
◂ Maman n'a pas eu besoin de nous parler en cet instant. Nous avions tous compris, lorsqu'un de ses pas a quitté la chambre. Ses yeux déjà rougies et fatigués, étaient baignés de larmes, et elle tentait de contenir sa peine autant qu'elle le pouvait. Elle s'était assise lentement aux côtés de ma tante, elle aussi anéantie par la nouvelle. Silencieusement, elles avaient versés quelques larmes ensembles, trempant mutuellement le tissu de leurs vêtements sur leurs épaules. J'ai retenu ma respiration un instant, ne sachant plus quoi faire. Mes doigts moites serraient le pan de ma robe. Notre famille s'enfermait dans un mutisme étrange, où personne n'osait briser le silence de notre chagrin commun. Je m'étais éclipsée, dans l'immense jardin de nos grands-parents, observant les premières couleurs de l'été fleurir sous mon nez. Je m'étais assise sur l'herbe fraiche d'une matinée ordinaire, près de l'arbre, où papi nous avait installé notre balançoire légendaire. Éreintée, je frottais mes petits yeux d'enfant, incapable de réaliser ce que nous allions traverser. Tous ensembles. L'air faisait balancer notre petite chaise de bois en avant, puis en arrière, et l'odeur des fleurs aux milles saisons, que Mamie avait planté tout près de notre air de jeux, soufflait doucement sous cette onde ensoleillée d'un début de juillet. Tout allait prendre une tournure différente. J'avais tout juste dix ans, et nos réunions familiales commençaient déjà à se faire plus rare. Pourtant, j'étais heureuse et rayonnante lorsque je venais ici, retrouvée le bonheur de mes premières années. Je passais mes journées dans la grande cour, aménagée spécialement pour Leila et moi. Et on s'imaginait grandir, devenir la nouvelle princesse d'Angleterre, ou bien l'épouse du président des États-Unis, chahutant sans arrêt sur nos plus beaux cadeaux. La paume de mes pieds avait effleuré la surface du bassin. Oui. J'adorais venir ici. Dans cette triste matinée estivale, Leila s'était assise à mes côtés, sans un mot. Elle semblait avoir perdue son entrain de gaieté, qui ne la quittait jamais, et que je lui enviais éperdument. Nous étions tous muré dans le silence. Nos esprits polluaient la pureté de la saison, d'un contraste fulgurant. « Tu sais ce que c'est toi, un cancer ? Je crois que c'est grave. Maman pleure. Elle ne pleure jamais d'habitude. » avais-t-elle murmuré, en un souffle, de sa voix de petite enfant du haut de ses six ans. Je me contentais de saisir sa main, et de la serrer fermement. Une larme était venue s'effondre dans l'union de notre poigne. « J'avais un garçon dans ma classe, on disait qu'il était malade,. Il avait un cancer. J'ignore si c'est grave ou non, mais ça se soigne, j'imagine. Papi a bien survécu » avais-je répondue, incertaine de mes mots. Je jeta un triste regard au visage toujours calme de ma cousine, lorsqu'elle prononça ces paroles poignantes. « Tu sais, moi je pense qu'elle va mourir. Elle ne parle plus depuis deux semaines, et personne ne veut que l'on entre dans sa chambre. Elle va mourir, Esthell. Elle va mourir. » Non. Elle n'a pas le droit de partir. Et d'ailleurs, elle ne partira pas. Ma poitrine se soulevait brusquement au rythme de ma respiration haletante. Je m'étais relevée d'un mouvement, poussant un long soupir, le coeur refroidi par la force du chagrin. « Tais toi ! Tu n'en sais rien strictement rien. Elle ira mieux tu verras, et après, elle nous fera de nouvelles robes identiques à toutes les deux. Elle est peut-être malade, mais elle guérira. Parce qu'on l'aime. » Je m'étais installé sur la balançoire, ne la quittant pas de la journée, même pour diner. Je ne voulais pas manger, dans le vacarme des pleurs. J'étais seule, loin de la tristesse grandissante, et de l'angoisse familial. Leila avait retrouvé sa mère, et la mienne jetait des coups d'œil de temps en temps pour s'assurer que j'étais toujours bien là. Et puis, j'avais quitté mon trône, me promenant à travers les fleurs de Mamie, priant pour qu'elle s'en sorte. Dans l'obscurité d'une douce nuit, j'ai pleuré, sur le rebord de la piscine, le reflet de mon visage enfantin à la surface de l'eau. Je tremblais au rythme des mouvements des vagues que je provoquais, inconsciemment. Je sentais toute force me quitter. Cette nuit-là, je m'étais levée de mon lit habituel, prenant soin de m'assurer que Leila dormait bien. Et puis, sur la pointe des pieds, j'ai rejoins la chambre de Mamie. La porte entrouverte, je l'ai vu, les yeux clos, paisible. Un sourire s'était feint sur mon visage, et je m'étais approché d'elle. J'avais saisi sa main, respirant l'odeur sereine et réconfortante de son parfum. Son visage, dessiné par quelques rides, gardaient toujours l'empreinte de ses touches d'amour et de tendresse. Pour la dernière fois, j'ai dormi avec elle, et j'avais encore l'impression de sentir ses doigts caresser mon front. Le lendemain, elle était morte. Un ultime supplice aurait suffit pour lui arracher la vie, mais ce fut un simple souffle qui le fit. Tout le monde savait, mais personne n'avait oser nous l'annoncer. Sa maladie avait été détectée bien trop tard, et il n'avait plus rien à faire. Alors qu'une lueur d'espoir naissait peu à peu dans la teinte de mes prunelles d'enfant, chaque membre de ma famille pleurait déjà sa perte. Chacun défilait dans la chambre, et en ressortait anéanti, au beau milieu du funeste couloir de la maison. Depuis ce jour, nos vies ont pris un immense tournure. Nos chemins se sont éloignés à jamais, laissant le corps de notre grand-mère inerte à l'abandon. « C'est l'Amour. L'Amour qui nous fait vivre. L'Amour encore, qui nous fait sourire. Il faut aimer pour être heureux, aimer, sincèrement et longuement, de tout notre coeur. » m'avait-elle dit, un jour de printemps une tasse de thé brulante à la main, l'odeur festive dans nos narines. Un jour similaire, à celui où elle est partie. Qu'il est difficile de donner de soi, quand on a tout perdu.
    C'est la troisième fois que je t'envoies ce message, parce que je pensais qu'il y avait peu de chance que tu y répondes. J'espère que tu ne m'en voudras pas. Écoute, je vais passer dans la journée pour voir les filles. Je suis désolée de ne pas avoir donner de nouvelles, j'étais, disons, occupé. J'apporterai le nécessaire en arrivant, alors ne te préoccupes pas de ça. Simplement, je pense qu'il serait plus judicieux de rajouter des couverts supplémentaires, il faut que je te présente quelqu'un. Je suis sûr qu'elle va te plaire. Bonne année, Esthell. Benjamin

Refermant la feuille jaunie dans son enveloppe d'origine, j'ai relis à plusieurs reprise le message, l'esprit à la fois fatigué et troublé. Un mot, quatre lettre, qui se répercute aussitôt dans mes pensées. « Elle. » Devrais-je y déceler une quelconque signification ? J'étais là, adossé contre la rambarde du fauteuil, une cigarette dans une main, l'autre soutenant le poids de ma nuque. Dans l'écho, une petite voix se fanait dans mon esprit. Max jouait avec ses deux petites peluches, comme à son habitude désormais. Elle était revenue à la maison, après des mois d'hospitalisation et l'intervention pour sa greffe des poumons, ayant extrêmement bien fonctionner. Elle n'avait pas changé. Bien sûr, son visage avait repris certaines couleurs, et sa peau semblait plus chaude et douce. Mais, elle restait toujours la même petite fille, dévorant la vie de son regard d'enfant. Je la voyais à nouveau marcher, cette fois-ci sans aucune once d'hésitation, parcourir quelques mètres sans lâcher. Et quand bien même elle devait se résigner et tomber, ses jambes répondaient immédiatement, et se relevaient sans un effort. Elle embrassait sans cesse, les joues roses de sa petite soeur, apaisée et rayonnante. C'était une nouvelle vie pour elle. Sa maladie avait volé ses premières années, mais désormais, elle avait en main son destin. Je ne vivais plus dans la peur de la voir partir un jour. Tout était définitivement terminé. Je pouvais regarder paisiblement grandir mes deux petites filles. L'une, de ses grands yeux bleus, courant à travers la neige lustré. L'autre, de son regard émeraude, s'amusant à attraper ma main, mon nez, l'alliance flottant autour de sa chaine. Quatre lettres pourtant, venaient s'immiscer dans ce quotidien imprévisible. Un message, dont l'impact inattendue, résidait dans mon esprit, me traquant à l'intérieur. Un coeur vide entre les doigts, elle s'imprégnait de mes sentiments, changeant mon humeur à la fois. Un silence partiel peignait l'atmosphère morose. Ravalant ma salive, je tentais de me relever, l'esprit ailleurs. Il n'y avait que des souvenirs dans mes moindres pensées, et je les sentais s'enfuir lentement de ma mémoire. Par la fenêtre, les premiers rayons lumineux perçaient les nuages épais, et l'air glacial de l'hiver. Cachée par ma chevelure, et mes mains tremblantes, mon visage était plongée dans l'agonie. J'osais enfin me le faire : il en aimait une autre. Il fallait bien que cela arrive un jour. Et, je l'avais consciemment contraint à le faire. Notre amitié naissante était une faible étincelle, dans un ciel éteint. On se parlait rarement depuis l'opération de Max. Il disait être trop occupé, et arrivait à l'improviste pour voir les filles. Jusqu'alors, je n'étais pas réellement consciente de son absence. Souvent, je repensais aux moments heureux disparus, une odeur d'un passé inachevé, et d'actes inexistants. L'Amour nous fait vivre, c'est vrai. Mais, l'Amour nous fait aussi souffrir. Terriblement. Éperdument. Cette enveloppe charnelle que je tiens entre mes mains humides, imprègne une vie qui n'existe plus. Ma propre existence m'abandonne, et elle vagabonde dans les affres de l'hiver. J'essaye tant bien que mal de songer au futur, et d'avancer un pas devant l'autre. Hélas. Il n'y a aucun échappatoire, et personne ne peut brûler les étapes. Je me rends compte d'une chose particulière, et mon regard fluide se dépose sur les deux alliances, perchés à mon cou. Nos vies s'estompaient peu à peu, après la mort de Mamie. Elle était le centre de nos joies, et elle seule, avait le don de rassembler toute la famille, malgré les divergences de chacun. Une perle de bonheur, ayant soudainement rejoins le ciel. Il nous fallait continuer à vivre, malgré la terrible absence, et la déchirure scindant nos coeurs sanglants. Le deuil d'un amour ne sonne pas la fin d'une vie. Seulement une part de notre existence, qui fait ce que nous sommes aujourd'hui. Le regard au teinte de la pluie, je devais enterrer mon coeur d'antan qui lui a appartenu un temps, comme on enterre un mort, l'âme enflammé et le corps lacéré par des larmes larmoyantes. Le déni, la colère, les négociations, la dépression, l'acceptation. C'est le coup de trop, j'imagine. Et l'épave qu'il reste de mon être, dérive sur les côtes de l'océan de mes larmes. Les souvenirs devraient me redonner espoir, et m'aider à me battre. Lasse. Non. Je ne peux plus. La douleur les remplace à petit feu. Je la sens. En me relevant, je sentais ma tête lourde, tournée, et des palpitations soudaine bouleversaient ma poitrine et déchainaient mon myocarde. Difficilement, je me dirigeais vers la salle de bain, me retenant comme je le pouvais aux meubles, et n'importe quel appui pour avancer. Vaste soupir. J'enfilais de nouveaux vêtements, cachait mon visage de ses innombrables blessures. Du bout des doigts, j'effleurais le tatouage qui recouvrait encore ma nuque. Sourire nostalgique. Il en aime une autre, me répétais-je à moi-même. Quatre petites lettres, qui me rendaient folle. Des coups, provenant de la porte d'entrée m'était parvenus. Je me précipitais sitôt, dissimulant le collier contre ma poitrine et les couches de vêtements, les paquets de cigarettes à moitié vide sur le divan, les enveloppes de nos lettres d'amour encore entrouvertes gisant sur le sol du salon, et ce CD que j'écoutais en boucle sur l'étagère près du piano. And I will try to fix you. Mes jambes étaient animées par l'angoisse, et l'appréhension. Je serai là si jamais un jour, peut-être, tu réclames mon aide ou ma présence. Ma main frémissante saisit la poignet amèrement, le coeur sous tension. Mais je ne serai plus... Des frissons m'assaillant douloureusement, j'ouvrais d'un seul geste la porte. Un léger sourire, au coin de la sécheresse de mes lèvres. Une faible pointe de fantaisie, rapidement voilé. Par la teinte familière de son visage. Je ne suis déjà plus… Rien.
And in the sickness you have faith, and in the thickness you find me finally.
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MessageSujet: Re: ❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila ❝What goes around comes back around❞  ◂esthell, benjamin, leila EmptyMer 11 Jan - 18:05

i will love you until my dying day.


on la connaît tous, cette solitude qui nous mine parfois. qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins. c'est la tristesse du premier jour d'école. c'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée. c'est orly ou la gare de l'est à la fin d'un amour. c'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble. c'est quelquefois moi. c'est quelquefois vous. mais il suffit parfois d'une rencontre ...
Your Song (feat. Alessandro Safina) by Ewan McGregor


Parfois, la vie nous donne l’occasion de saisir une nouvelle chance. Bien que je fusse sceptique les premiers jours, je ne l’ai pas laissée passer. Bien au contraire : je me suis accroché à elle comme un fou, et aujourd’hui en suis devenu dépendant. Ma drogue porte un nouveau prénom. Leïla. Je crois me souvenir que le jour de notre rencontre, j’ai dû me pincer à plusieurs reprises afin d’être persuadé que ce n’était pas un rêve. Mais elle était bien réelle, et me souriait chaleureusement. Ses cheveux blonds encadrant son visage de petite fille parfaite. Ses deux perles bleues trahissant la confiance et la sympathie. Il suffit parfois de peu pour que la petite flamme se rallume. Encore aujourd’hui, j’ai dû mal de concevoir que le hasard m’ait offert une seconde chance. Il y a quelques semaines à peine, je criais mon désespoir et ma solitude. J’enlaçais l’obscurité en souffrant de ces organes qui me consumaient à petit feu. Et plus que tout : j’avais ce creux formé tout autour de moi, vidé sans sa présence. Il fut un temps où j’enfouissais mon visage dans mes draps immaculés, me pinçant les lèvres pour ne pas hurler de douleur. C’est alors qu’Elle se présentait et m’enlaçait de ses bras angéliques, tâchant d’apaiser mon mal comme elle le pouvait. Elle me manquait plus que tout. Et pourtant dans ma peine, Leïla s’est présentée. Comme un ange qui vient frapper à la porte d’un désespéré, elle m’a sorti de l’ombre. De sa fine silhouette elle est entrée dans ma vie, et demeure aujourd’hui l’oxygène dont j’ai besoin pour survivre. Plus qu’un baume, elle m’était essentielle. Je ne pourrais jamais tourner la page que j’ai vécu précédemment je crois, mais mieux valait-il recommencer une nouvelle histoire plutôt que de rester là, à me morfondre. Mais enfin.. toute l’ironie du sort résidait sans doute dans le fait que ma nouvelle compagne était le portrait craché de l’ancienne. Les mêmes traits délicieux, le même regard, et cette couleur bleue que je pensais unique. Le monde est petit, et ce n’était sans doute pas pour rien qu’à notre première entrevue, je l’ai immédiatement appréciée. Je me berçais et me consolait en ayant l’illusion qu’elle était Esthell, et que nous nous étions retrouvés. Mine de rien, cette femme aura laissé une empreinte indélébile sur mon cœur fragilisé. Nos initiales toujours gravés à l’encre sur la peau qui couvrait ma poitrine. J’avais d’ailleurs eu plus d’une fois droit à un interrogatoire de la part de la Bêta. Ca crevait les yeux non ? Un tatouage, deux alliances et deux initiales. Ahem. D’après elle, je ferais mieux de me le faire effacer, mais je n’étais pas d’accord avec ce détail. Bien que j’appréciais Leïla, elle n’avait pas le droit de me dicter quelle page je devais tourner. Mais je peux néanmoins affirmer que notre amour était grand. Leïla et moi. Je m’envolais loin de tout ça, avec elle dans mes bras désormais. Elle pansait mes blessures, et je m’en réjouissais silencieusement. Et on pouvait en effet dire que son charme ne me laissait pas indifférent. Loin de là. Elle m’avait eu, et je m’accrochais désormais à sa main. Ne me lâche surtout pas. Dans le fond, je crois qu’elle représentait la toute dernière chance que je m’accordais. Aimer une fois, deux fois, trois fois… mais pas une de plus. Il y eu Evan. Il y eu Esthell. Aujourd’hui il y a Leïla, et pour rien au monde je ne comptais la perdre.

Le soleil brillait d’une faible lueur, et le froid demeurait hivernal. Nous deux, nous étions là, à avancer un pas devant l’autre. Une fine couche de neige recouvrait les trottoirs, et nous marchions paisiblement alors que je tenais d’une main le sac qui contenait la nourriture que nous avions acheté. Au programme aujourd’hui ? Repas de famille. Mon bras encerclait ses épaules, et j’avais posé mon visage contre le sien. Etrangement j’appréhendais légèrement la rencontre de ce midi. Cela faisait deux semaines que je n’avais plus vu Esthell, et j’ignorais comment elle allait prendre la nouvelle. Je l’avait prévenu de notre arrivée, mais j’espérais qu’elle me réponde ou m’appelle pour me confirmer tout ça. Rien. Bien entendu, ce n’était pas de son genre. Leïla était une personne en or, une amie digne de confiance, et une compagne présente. Un lot de qualité qu’elle-même avait autrefois porté sur ses épaules. Alors il n’était pas impossible qu’elle réagisse mal face au fait que je sois ‘’parvenu’’ à la remplacer.. d’une certaine façon du moins. Je restais sceptique quant à sa réaction. J’imagine bien que la situation aurait été inversée, je me serais rué sur l’homme qu’elle m’aurait présenté. Jalousie oblige. Une pensée qui d’ailleurs m’arracha un léger sourire avant que je n’embrasse furtivement la joue de celle qui m’accompagnait. La bouche entrouverte, je capturais quelques instants son regard avant de fredonnait une phrase du bout des lèvres : « Les filles vont être contentes de te revoir. Elles t’aiment beaucoup. » Véridique. Max et Lou, mes deux petits trésors, avaient accepté la présence de la jeune étudiante parmi nous. Je me réjouissais d’avance de voir Max s’avançait en galopant vers nous, et en criant à tout va ‘’Tatie Lalila, Tatie Lalila !’’. Ma toute petite puce, qui désormais pouvait vivre, respirer et grandir comme toute autre personne. Je ne regrettais en rien ma décision de noël : elle méritait tellement plus, pour toute cette joie qu’elle-seule avait le pouvoir de nous transmettre. Et Lou, cette minuscule petite crevette qui montrait dors et déjà quelques uns de mes propres traits e caractère : la jalousie. Ô mon dieu, qu’elle pouvait être jalouse lorsqu’on jouait avec Max et pas avec elle. Resonger à tout ça me donnait des ailes, et au plus profond de ma niaiserie, j’en souriais fièrement. J’imagine que je devais avoir l’air stupide ainsi, mais au moins je pouvais le clamer haut et fort : j’étais bien. Depuis si longtemps je n’aspire qu’à cela : connaître une vie sereine, aimer une femme parfaite, prendre soin de mes précieux enfants. Alors certes, notre histoire était faite de mille et une chutes, mais au final, le résultat m’est plutôt satisfaisant. Maintenant la seule petite chose qui attisait mon inquiétude restait la réaction d’Esthell vis-à-vis de ma relation avec Leïla. Il n’y avait pas de raison pour que cela dégénère, mais sait-on jamais… Une petite amie et une ex ensembles, ça pouvait bien faire des étincelles. D’autant plus que l’ancienne Epsilon avait le don inébranlable de savoir se battre comme un homme. Testé et prouvé. Un soupire s’échappa de mes lèvres. Nous arrivions devant le bâtiment. « Tâche de ne pas trop en faire, d’accord ? » Son visage entre mes mains, j’arquais un sourcil tout en contemplant ses prunelles. ‘’Trop en faire’’ dans le sens ‘’pas de bisous devant madame’’ bien entendu. Puisqu’on peut en effet dire que malgré tout, dans notre couple, nous restions relativement.. Démonstratifs. Chose qui me changeait bien de mes précédentes relations plutôt discrète. Là c’était carrément tout le campus –ou presque- qui était au courant. D’ailleurs, allez savoir pourquoi, depuis que je sortais avec Leïla, nombreux étaient les inconnus qui étaient venus me parler en me disant de me méfier de cette femme. Bande de jaloux. Quoiqu’il en soit, mieux valait-il prendre des précautions avec la Sigma. Je n’étais pas certain qu’elle soit au courant du couple que je formais aujourd’hui. Pire qu’une rencontre avec les beaux-parents. Nous étions devant sa porte. Je l’embrassais une dernière fois, comme pour sceller ce pacte, avant de frapper contre le bois. Une. Deux. Trois.

Elle a ouvert, dévoilant sa silhouette dans l’entrebâillement de la porte. J’ai retenu mon souffle l’espace de quelques secondes, resserrant mon emprise sur la main de Leïla. Je ne pensais pas que ça me ferait toujours aussi mal de la voir. « Salut Esthell. » Sourire peu convainquant, voix basse, j’ai inspecté les traits de son visage et immédiatement, son expression m’a frappée. Y avait-il un souci ? Bouche entrouverte, j’ai jeté un coup d’œil furtif à ma conjointe. Ce n’était pas vraiment le genre d’accueil auquel je m’attendais. Après plusieurs secondes de réflexion, je me suis finalement avancé pour la prendre dans mes bras dans une étreinte.. Amicale ? Oui, c’est cela.. Nous n’étions plus que deux bons amis désormais. Mais alors pourquoi avais-je gardé cette sale habitude de me délecter de son parfum qui m’avait tellement manqué ? Ahr. Les ruptures sont loin d’être mes plats fétiches. Pourvu que Leïla ne remarque rien. Il me faudrait du temps pour m’y accoutumer. « Est-ce que ça va ? T’as l’air.. Bizarre. » Au creux de son oreille, je lui avais murmuré ces quelques mots. Quoiqu’elle puisse dire, et quelle que soit notre relation, je m’en ferai toujours pour elle. N’était-ce pas ce que faisait deux bons ‘’amis’’ ? Se soucier l’un de l’autre ? Par-dessus son épaule, j’ai toutefois entrevu la petite merveille qui jouait paisiblement avec ses peluches. Nos regards se sont croisés, et elle m’a aussitôt reconnu. « Papa et Tatie Lalila ! Roooor sont là, sont là ! Boo, sont là ! » Heureusement, Max répondait toujours présente pour nous sortir d’une situation vraisemblablement déjà tendue. Ses petites jambes se précipitaient déjà à toute allure vers nous, et elle ne manquait pas d’ailleurs de passer entre les chevilles de sa mère, pour sauter dans mes bras. J’aime cette gamine. Sa tête posée contre mon épaule, ses bras entourant ma nuque, elle adressait même un ravissant sourire à sa Tatie. Et un bisou sur la joue, un. Ma petite princesse guérie. Ô ça oui, elle méritait notre admiration pour tout ce qu’elle avait vécu à son si jeune âge. Si Lou était née sans le moindre le souci de santé, ça n’avait pas été le cas de sa sœur aînée. Mais je suis fier d’avoir pu me ‘’sacrifier’’ pour elle. Il me suffisait de l’avoir là, tout contre moi, et sentir son souffle chaud contre mon cou pour savoir que oui, j’avais fait le bon choix. Peu importe mon avenir incertain, c’était elle avant tout. « Coucou mon trésor, ça va ? » Elle gesticulait dans tous les sens, tendant même sa peluche Pilou à Leïla, et celle de Sully à Esthell. Bah tiens, tant qu’à faire. Elle me faisait rire l’idiote. Alors que nous entrions dans l’appartement –sale habitude que j’avais prise à me considérer comme chez moi-, le sourire de Max s’évapora d’un seul coup alors qu’elle posa ses lèvres contre mon oreille. Un secret ? Je t’écoute trésor. « Zoui, mais mama elle, elle va pas bien ty sais. » Et bam. Trahison. Merci bien agent 007. D’instinct, je me suis mordu la lèvre inférieure. Si Max me racontait ça, ça signifiait qu’elle laissait les larmes couler, même devant ses filles. Mais à vrai dire, il ne me fallu pas plus d’une ou deux seconde pour deviner la cause de ses douleurs. Une musique de fond raisonnait dans l’appartement. Notre musique. Je déposais notre fille sur le divan, et je ne préférai pas m’attarder sur ces lettres que je reconnaissais avoir écrit. Elle continuait donc à vivre dans le passé… alors qu’elle-même avait souhaité notre rupture ? Le cœur des femmes reste et restera toujours pour moi un océan de mystères.. Mais j’ai préféré faire impasse sur tout ça. M’avançant vers les adultes cette fois-ci, je reprenais furtivement la main de Leïla dans la mienne, l’accostant d’un bref sourire. Hech, préoccupé par tout ça, j’en avais oublié les présentations. Boulet du jour, bonjour. « Oh, hum.. excusez-moi : Esthell, j’te présente Leïla. Leïla, voici Esthell. » Et voilà. C’était dit. Mieux valait-il ne pas préciser depuis combien de temps nous étions ensembles, voir même carrément esquiver les détails concernant notre relation pour le moment. J’imagine qu’il était déjà assez difficile pour elle de devoir accuser le coup. Néanmoins.. plus je les contemplais à tour de rôle, et plus j’avais l’étrange impression qu’un détail m’échappait. Leur ressemble était frappante, bien plus encore lorsqu’elles se tenaient côte à côte. Si je ne savais pas qu’Esthell était fille unique, j’aurais parié qu’il s’agissait de sa petite sœur. Le monde était petit… Vraiment tout petit.
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MessageSujet: Re: ❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila ❝What goes around comes back around❞  ◂esthell, benjamin, leila EmptyDim 22 Jan - 2:11

sometimes it lasts in love but sometimes it hurts instead

musicmp3.ru
Titanium (Feat. Sia) by David Guetta

La nouvelle était tombée : j'allais rencontrer Esthell. Rencontrer était un drôle de mot puisque je la connaissais déjà, je la connaissais depuis quelque temps, quelques années déjà. Une décennie. Le temps passait si vite que je ne me souvenais plus de la dernière fois où j'avais croisé son visage enfantin, ses doigts fins et sa voix enfantine. J'avais passé de très bons moments avec Esthell jusqu'au jour où. Fille unique, l'attention de mes parents était quelque chose de vital pour moi, je ne pouvais pas vivre sans et je ne comptais pas vivre sans. Six ans, aucune limite, je devenais le monstre de ma vie, la petite peste que j'avais toujours été avec mes parents, une manipulatrice née semblerait il. Je regardais les photos que ma mère venait de m'envoyer par e-mail. Elle avait scanné de très anciens clichés pour que je les montre à Benjamin, pour que je partage quelque chose de concret avec lui, que je partage un bout de ma vie passé. À l'époque, je n'étais pas aussi manipulatrice, calculatrice qu'au jour d'aujourd'hui. J'avais grandi et évolué, peut être pas dans le sens positif du terme. Les enfants se calment en grandissant, on m'avait toujours répété ça. Ma jalousie finirait par disparaître, je finirai par redevenir une petite fille au lieu de dicter mon monde, mes envies à tout le monde. Les photos d'Esthell et moi avec notre grand mère me faisaient tellement de bien et de mal en même temps. Elle était partie il y a plus de dix ans et je n'avais même pas fait plus attention à elle que cela. J'étais la petite fille un peu folle sur les bords, celle qui donnait la pêche à tout le monde, la petite rigolote de la famille mais si ma grand mère me voyait aujourd'hui, à dix neuf ans, elle m'en voudrait. Je le savais plus que personne, la personne que j'étais devenue, cette haine aiguisée comme un couteau que j'avais envers Esthell me consumait petit à petit et finirait par la consumer, elle aussi. Tout était orchestré dans mon esprit, dans ma tête qui me criait d'arrêter mes conneries pendant qu'il en était encore temps. Six mois à Berkeley et pas mal de personnes avaient compris mon plan, non pas dans sa totalité, mais ils avaient tous compris que Benjamin et moi, ce n'était pas de l'amour, pas le vrai amour, le grand Amour avec un grand A. Je voulais de cette relation mais sûrement pas pour me sentir bien, pour me rendre meilleur. Cet amour ne faisait que ressortir ce qu'il y avait de plus noir en moi mais ça ne me gênait pas tant que cela. J'étais une garde, voilà ce que j'étais et je continuais d'orchestrer ma vie comme un scénariste. Une pièce de théâtre, un chef d'œuvre, voilà à quoi se résumait mes dix neuf ans d'existence et tout risquait de changer aujourd'hui. Ce dîner, je n'étais même pas sûre d'en vouloir. Je n'en voulais pas. M'asseoir à une table et passer ma journée à regarder deux êtres qui – selon moi – venaient d'une autre planète. Ce n'était plus un secret pour personne : ces deux là s'aimaient plus que tout et rien ni personne ne pourrait y changer quelque chose. J'avais trouvé Benjamin dans un état si pathétique en septembre dernier que j'avais bien compris que même s'il semblait aller mieux, ce n'était pas cela. Il évitait son ex petite amie comme la peste, passait en coup de vent voir ses deux filles et revenait. Je me fichais bien de ce qu'il ressentait envers Esthell, pour Esthell. Tout ce que je savais c'était que s'il n'était pas assez amoureux de moi, que s'il ne se détachait pas d'elle, rien n'irait comme je le voulais, absolument rien. Chaque chose en son temps mais il fallait que je l'admette : je commençais à devenir légèrement impatience, je n'avais pas l'éternité devant moi et je voulais profiter de ma vie avant de me transformer en légume, avant que la maladie prenne le dessus. Parkinson avait été diagnostiquée il y a six mois de cela et je devais y faire face, je devais me battre et éviter que la maladie dégénère un peu trop vite, beaucoup trop vite. Passer mon temps à tenter de m'accrocher à Benjamin n'était pas la bonne chose à faire quand on y pensait, c'était une perte de temps, il était ma plus grosse perte de temps. Je ne regrettais rien, je savais que tout irait comme sur des roulettes si je continuais comme cela, si je prenais mon mal en patiente. Prendre sur soi et lancer une bombe dans une petite famille était quelque chose qui me ressemblait tellement. Un sourire naquit sur mon visage et je ferma l'ordinateur avant d'aller me préparer. Benjamin serait là dans une petite heure et y allait en short et t-shirt n'était pas la chose à faire, surtout que la ville était couverte d'une fine couche de neige. Tout était étrange, d'une façon ou d'une autre, je commençais à m'attacher au jeune sampi et plus le temps avançait, plus mon mensonge se clarifiait, plus il devenait réelle. Je pensais à tout cela, au fait que je prôner aimer ma relation avec le jeune homme, ce qui était le cas. Il y avait une différence entre aimer Benjamin et aimer l'étrange relation que nous entretenions. Tout cela, je le voulais – ou presque – et même si j'avais l'esprit tordu, ça, personne – ou presque – ne le savait. Je commençais à appréhender ma rencontre avec Esthell, doucement mais sûrement. Je devais être convaincante, calme et posée pour rentrer dans sa vie d'une drôle de manière. Tout était sûrement précipité mais Benjamin était comme cela, il m'aimait et voulait que son ex petite amie m'apprécie, même le minimum syndical. Le pauvre ne savait pas qu'il se lançait dans un chemin glissant et boueux mais il l'avait fait. Un rendez vous de ''famille'' qui allait finir en crise de larmes ou de nerf. Avalant mes cachets pour lutter contre Parkinson, je me sentis quelque peu mieux. Il leur en faudrait beaucoup pour me déstabiliser mais je savais que, sur ce coup, j'avais un avantage et un sacré.

« Ne t'inquiète pas mon cœur, je sais me contrôler voyons » Sourire aux lèvres, j'embrassais Benjamin pour la dernière fois de la demi journée, ce qui n'était pas déplaisant. Je n'étais pas moi même en sa présence et je faisais le pot de colle démonstratif ce qui ne me ressemblait absolument pas, loin de là même. Je jouais mon rôle à merveille avec le jeune homme et il ne c'était jamais rendu compte de rien, strictement rien sur mes sentiments qui devraient exister mais qui n'existaient pas. Benjamin était l'homme parfait, je ne pouvais pas le nier, mais l'homme parfait pour le commun des mortels, pour les jeunes femmes qui étaient en quête d'histoire d'amour, d'histoire à l'eau de rose, le genre d'histoire qu'on ne voit que dans les films. J'avais arrêté de rêver il y a bien longtemps et même si je faisais très bonne figure face aux explosions de sentiments du jeune homme, je n'en pensais pas moins. Encaisser, tout garder en soi et ne laisser paraître qu'un visage radieux. Je pourrais toujours pester et m'occuper plus tard, avec Zéphyr ou un quelconque homme, sauf si je finissais la nuit avec Benjamin. Depuis que je connaissais le jeune homme et que j'étais avec lui, les choses ont pas mal changer dans ma vie – ainsi que dans la sienne – mais aussi dans notre relation. Je me trouvais une âme beaucoup plus tranquille, j'acceptais bien plus de choses et me contrôlais de mieux en mieux. Toute cette mascarade était donc un mal pour un bien, je me cachais derrière un sourire intacte, un regard amoureux pour mener mon plan à bien ; pour réussir à détruire Esthell. Ma soif de souffrance était à un point que je n'aurais jamais pu imaginer un jour. J'étais horrible, je le savais et tellement de gens me le répétaient sans cesse, un vrai diable. Je n'étais pas l'ange que le jeune sampi pensait voir, j'étais plutôt le démon qui le consommait petit à petit, qui faisait son maximum pour l'éloigner de son ex petite amie. Je faisais mon maximum pour qu'il l'oublie, il n'y avait pas à dire mais le plus dure était ce tatouage qu'il avait sur la poitrine. Leurs initiales gravées indélébilement sur sa poitrine me déchirait le cœur, non pas parce que j'avais une quelconque rivalité avec ma cousine mais bel et bien parce que cet amour qu'ils avaient partagé, j'étais sûre de ne jamais l'avoir, de ne jamais le toucher, ne serait ce que du bout des doigts. Mon comportement ne me permettait pas d'avoir ce genre de chose et je savais bien que tout cela ne tenait qu'à moi, qu'à la petite personne que j'étais mais c'était trop pour moi. Le bonheur des gens me donnait envie de vomir alors que la détresse... C'était tout autre chose. J'étais perdue dans mes pensées lorsque je sentis les lèvres de Benjamin se poser sur les miennes. Il frappait à la porte et je savais que je n'avais plus qu'à prendre mon mal en patience, je n'avais plus qu'à attendre que ce dîner passe et de voir comment la jeune Sigma réagirait à ma vue. J'avais bien changé depuis mon enfance mais j'avais toujours ces joues un peu bouffies qui m'avaient valu des tas de surnoms bien douloureux. La voyant dans l’entrebâillement de la porte, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Elle était comme avant, un peu plus chétive. Ses cheveux blonds, d'une certaine longueur ; elle était la même en bien moins joyeuse. J'avais toujours été la plus joyeuse des deux et cela se vérifiait encore maintenant. Entrant dans l'appartement – suivant de près mon cher et tendre petit ami – je regardais rapidement tout ce qu'il y avait autour de moi. Une odeur planait et cette odeur n'était pas très agréable pour moi, ni pour les enfants. Je n'avais rien contre la cigarette mais je savais que la plus grande des deux filles Greenden-Vilammée avait été opérée des poumons. Enfin, je ne me voyais pas faire de remarques à ce sujet et préférait sourire à Max qui courrait vers son père. Je n'aimais pas les enfants et ni Max, ni Lou ne dérogeaient à la règle. Elles avaient ces petites bouilles tellement heureuses de vivre qui me serrait le cœur à chaque fois. Le bonheur me rendait malade parce que c'était à ce moment là que je me rendais compte que je n'étais pas heureuse et que je ne laisserais aucune trace positive sur terre. J'étais un monstre, comme celui que la petite fille me tendait. L'attrapant, je lui fis un sourire et je jouai rapidement – très rapidement – avec jusqu'à ce que son père lui demande comment elle allait. Max était une gamine comme les autres, un peu trop bavarde et qui disait des secrets à ses parents, secret que j'entendis et qui me fit sourire. Cela devait faire mal à Benjamin mais ce n'était pas mon cas. Rendant la peluche à la petite, elle fut amenée par son père un peu plus loin et je gardais mon sourire sur les lèvres en face d'Esthell qui devait m'avoir reconnu. Son regard la trahissait et elle n'avait vraiment pas changé : elle ne savait pas faire face aux évènements de la manière dont je l'avais toujours fait. Nous étions tellement différentes tout en étant pareilles. Il n'avait jamais fait de rapprochement mais j'avais l'impression que cela allait changer sous peu. Le sang qui coulait dans nos veines étaient plus ou moins le même et nous nous ressemblions sur bien des points. Sentant la main de Benjamin attraper la mienne, je souris un peu plus et l'écouta parler. Il en avait oublié les présentations mais elle m'avait reconnu. Je ne savais pas trop quoi faire ; jouer celle qui ne savait rien ou pas. « Esthell ?! Oh... » Je faisais celle qui n'avait rien vu, celle qui ne savait rien de rien. Une comédienne doublée d'une peste voilà qui j'étais. « Tu as tellement changé depuis la dernière fois qu'on c'est vu il y a quoi... Six ou sept ans.. » Je sentais le regard approbateur de Benjamin sur moi. Que se passait il ici, je commençais à lancer ma bombe sur le monde de ma chère et tendre cousine. Tournant le visage vers le jeune sampi, je dis « Esthell est ma cousine. » J'arborais toujours un large sourire. À eux de se débrouiller avec ce que je leur offrais : un spectacle digne d'une Greenden.
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila ❝What goes around comes back around❞  ◂esthell, benjamin, leila EmptyMar 31 Jan - 18:23


If our hearts are never broken, there’s no joy in the mending
« The lone neon nights and the ache of the ocean. And the fire that was starting to spark. I miss it all, from the love to the lightning. And the lack of it snaps me in two. If you were here beside me instead of in New York. In the arms you said you'd never leave. I'd tell you that it's simple and it was only ever thus. There is nowhere else that I belong. » ◂ If people were rain, I was drizzle and she was a hurricane. ;; John Green, in LOOKING FOR ALASKA.

Elle dit que plus jamais elle ne reverra la Lune brillée dans son spectacle étoilé, que des artifices ont depuis, explosés son coeur endolori.

◂ Les écrivains d'aujourd'hui ne parlent plus que de traumatisme psychique, de destruction permanente de notre société actuelle et de ses individus répugnants, de l'absence totale de solidarité entre citoyens de même sang, de solitude malfaisante des personnes perdus dans les lois de notre système restrictif. Comment pouvons-nous mesurer l'impact de tels évènements sur notre propre consicence ? Savons-nous à l'avance les conséquences que nos erreurs du passé pourraient engendrés sur notre présent ? C'est surement dans nos souvenirs que naissent nos doutes, les plus douloureux et persistants à la machine du temps. Quand ils ressurgissent, aucun d'entre nous ne peut l'anticiper. Nous sommes englobé dans notre monde sans une teinte de couleur, noirci par le sang de nos crimes barbares. Le silence, c'est tout ce qui nous reste. Deux mains, vides, seules, égarées, quelque part, en face de nos yeux humides de larmes éphémères. Il est vrai. Personne ne peut prédire ce qui peut bien nous tomber sur la tête. La simplicité voyons, n'a jamais été faites pour l'être humain. Il faut des jours et des jours, pour réussir à reposer un pied à terre, quinze de plus pour déposer le deuxième. Grandir, se relever plus fort que l'on ne l'a jamais été. Ainsi est-ce le cycle de nos vies, construits d'instants joyeux, de déceptions, de renaissances, de chutes émotionnelles, de sourires et regards réveillant nos coeurs, de rechutes, plus profondes, plus douloureuses encore que les précédentes, de réussites ponctuelles, d'apprentissages de soi, des autres, du monde dans lequel nous vivons, du retour brusque à la réalité. Quand bien même pensons-nous avoir vaincu le mal, il ressurgit entre nos yeux, se déroule dans nos cheveux, trace son passage au fer rouge peu importe le lieu où nous allons. La vie. Est-ce ainsi que les écrits de nos jours, la définit ? Sans scrupule, indigne, sale, et perdue ? Je crois que nous ne pouvons jamais nous déclarer vainqueur, d'une guerre sanglante, d'un match sportif, d'une maladie incurable, d'une agonie destructrice. Nous sommes tous pareils au fond. Il nous faut rêver pour embellir nos existences, croire en un faible espoir pour réapprendre à vivre pleinement. La simplicité voyons, n'a jamais été faites pour l'être humain. Il faut gravir des échelons, les uns après les autres, pour acquérir les hauteurs de la gaieté, et de la tranquillité. Hélas, pour un temps souvent restreint. Nous apprenons de nos erreurs, avançons de nos maladresses, régressons dans notre monde tyrannique. Restons sur nos gardes, quoi qu'il arrive. Car, la douleur ne se limite pas à notre éreintement physique et psychologique. La douleur, la vrai, attaque de ses griffes grandes ouvertes, nos âmes innocentes. Bien plus violemment que la première fois, de sorte que notre quotidien ne ressemble plus qu'à un sombre et sinistre enfer.

Dans la poussière dans les yeux. Je croyais en avoir, j'aurai voulu en avoir. Un instant, mon esprit restait figé sur ce visage, priant secrètement pour que ce ne soit que des fragments d'un mauvais rêve, une image irréalisable, un mensonge amer, un acte immonde de mon subconscient. Je m'attendais à voir une longue chevelure brune brune, teintée par un éclat plus clair au bout de ses mèches ondulées sous les lueurs du jour, un regard innocent à la Joey Potter, un sourire pétillant , pleins de sagesse et d'amabilité. Elle aurait été un peu plus grande que moi, hissée sur ses talons noirs, un bras autour du sien. Il me l'aurait présenté, prononçant un prénom d'origine étrangère, me racontant leur rencontre dans un cours universitaire, puis leurs premiers rendez-vous, au cinéma à regarder pendant deux heures un documentaire intéressant sur la nécessité de sauver notre stupide planète Terre, leur dîner dans un restaurant copieux de la ville, à s'échanger leurs plats, une cuillère dans chaucun de leurs mains ballantes. J'aurai sans doute souris brièvement, en guise de réponse. Quelle utopie. De la poussière, je vous en supplie, de la poussière. Je distinguais derrière ses mèches de cheveux plus blondes qu'autrefois, tombant sur ses épaules de jeune femme accomplie, son regard aguicheur, pointée par une féminité vraisemblablement affirmée. Je sentais mes pensées retourner en arrière, nourrir nos souvenirs communs assoiffés par le temps. Il ne me fallait que quelques secondes pour la reconnaître. La couleur de ses iris bleus cyan me rappelait alors subitement à quel point nous étions liés, il y a fort longtemps. Nous avions des traits semblables sur nos visages, que seules quatre années séparaient. Je me souvenais, amèrement, des plus infimes détails de notre enfance, dont nos réunions familiales, qui nous unissaient encore à l'époque. Je me sentais incapable d'effectuer le moindre geste, mon esprit sous l'emprise de l'immense bordel de ma pensée, persistant malgré tout. « Salut Esthell. » prononça t-il, à voix basse, comme pour amoindrir l'impact de l'instant. Un pas vers moi, il m'avait pris dans ses bras, une étreinte courte et brève. Il semblait soucieux de me voir dans cet état-là. J'aurai sans doute pu lui en expliquer la cause, si elle n'était pas présente à ses côtés, lui tenant la main. Depuis que nous étions séparés, notre relation avait radicalement changé. On ne se croisait plus que de temps à autre, dans les couloirs de l'Université, et quand bien même c'était le cas, nos regards s'esquivaient, se fuyaient l'un et l'autre, comme si quelque chose nous chagrinait encore le coeur. Il passait les samedi matin, récupérer les filles, et nous nous échangions seulement quelques mots délicats sur le pas de la porte, toujours sur le thème de nos deux gamines. Les semaines défilaient, sans visites, sans paroles prononcées, sans un seul contact quelconque, sans mémoire, sans souvenir, sans passé. Il semblait avoir été effacé. Je n'osais même plus le toucher, de peur de voir remonter à la surface les gestes d'antan. Le temps avait fait son oeuvre au sommet de nos sentiments, terrassait ce qui restait encore de notre amour, pour qu'il n'en soit, qu'une infime poussière, déjà envolée par les bourrasques de vent. Il faisait presque froid à présent, je sentais des frissons parcourir le long de mes avant-bras, pourtant parfaitement recouverts de mon pull de coton blanc. « Est-ce que ça va ? T’as l’air.. Bizarre. » marmonna t-il inquiet, au creux de mon oreille, avant d'amoindrir la pression de ses bras autour des miens. Dès lors, j'entendais les pas de ma fille ainé, déboulée vers l'entrée, en escaladant entre mes deux jambes. Elle avait ses deux petits bras en l'air, ordonnant que son père l'a prenne dans ses bras. Baissant légèrement le visage, un léger rictus se dessinait le long de mes lèvres. La nostalgie se créait un chemin dans mon esprit. Cette image, je l'avais si souvent admiré, autrefois. Une odeur du passé se mêlait dans l'atmosphère. Pourtant, je restais avec ce maudit sourire, dissimulé sur mon visage. J'avais une étrange sensation de morcellement, d'un vide creusé entre nous deux. Il semblerait que Max connaissait déjà le visage de cette femme, l'appelait déjà par son prénom, bien que difficilement par son langage de jeune enfant. Alors, cela faisait déjà plusieurs semaines, peut-être même des mois, qu'ils étaient.. ensembles ? Retournant les talons sans un mot, nous sommes entrés dans l'appartement. En le regardant, je regardais un monde qui n'existait plus. Je la voyais elle avec lui, sa main dans la sienne, son regard implanté dans le sien. Pourquoi donc ne m'en réjouissais-je pas ? N'est-ce dont pas tout ce dont je désirais ? Je lui avais ordonné de m'oublier, d'en trouver une autre, de tirer un trait sur notre histoire. Il l'avait donc fait. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Mes prunelles fuyaient incessamment celles de ma cousine, dont le prénom restait terne au fond de ma gorge. Une rage inconnue s'infiltrait au fond de moi. Progressivement, je prenais conscience de l'ampleur de la situation. La main dans les cheveux, j'écoutais les dires échangées, observant mon ancien amour agenouillé près de sa fille. Je me dirigeais un instant vers les étagères du salon, éteignant le disque audio. Un léger souffle lasse s'extirpait de mes lèvres. Lorsque je me suis retournée, il était de nouveau à ses côtés, un regard porté en ma direction. « Oh, hum.. excusez-moi : Esthell, j’te présente Leïla. Leïla, voici Esthell. » bafouilla t-il un premier temps, en esquissant un mince sourire. Cette dernière ne manqua pas de réagir sitôt, jouant à l'indifférence pour finalement, apparaître surprise. « Oh.. Esthell. Tu as tellement changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu il y a quoi... Six ou sept ans.. » L'intonation de sa voix remontait rapidement dans mes souvenirs. Je me remémorais de ses éclats de dire dans les jardins de grands-mère, ceux aussi dans notre chambre commune, au deuxième étage de la demeure familiale. Je n'ai pas laissé continuer le fantasme plus longtemps. L'envie me manquait. « Esthell est ma cousine. » expliqua t-elle fièrement, au jeune homme, probablement dans l'ignorance absolue. Elle ne lui avait donc rien dit. Restant de marbre, j'esquissais une mine étonnée, dans un silence pesant. J'avais recouvert mon coeur, désormais à l'abri des vices de l'extérieur. Aujourd'hui pourtant, je ressentais pour la première fois quelques maux, effrayés ma cage thoracique. Nos anciennes images fanées renaissaient dans mon esprit, comme prises soudainement d'une seconde vie. Le regard sur ces deux êtres que je connaissais parfaitement, l'un comme l'autre, il me fallait davantage prendre sur moi, rassembler mes ultimes forces. Faibles, et inertes. « Oui.. c'est ex.. exact.. On a grandi ensembles, nos parents étaient très proches à l'époque. Mais à vrai dire.. cela fait tant d'années qu'on ne s'est pas vus. Je ne savais pas que tu étais dans les parages. Il y a une raison à cela ? » répliquais-je, incertaine, néanmoins essayant de camoufler ma crainte. A quoi jouait-elle exactement ? Pas un seul coup de fil, ni la moindre nouvelle depuis presque une dizaine d'années, et elle n'avait même pas daigné m'annoncer qu'elle résidait dans la même ville que la mienne. Leïla, était une fille malicieuse, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Établir des plans, c'était son passe temps favori. Elle adorait ça, même bien plus que d'avoir dans ses griffes, des jeunes hommes qu'elle pourrait mettre dans son lit. La Californie. Certes, nous avions toujours été élevés dans ce cadre de vie ensoleillé et luxueux, elle avait déménagé avec toute sa famille, loin, très loin de nos habitudes. Pourquoi revenait-elle du jour au lendemain. Je ne comprenais pas. Et, à vrai dire, il n'y avait rien à comprendre avec cette fille-là. Bêtement, n'importe qui pouvait tomber dans son piège maléfique, confectionné sur mesure pour chacune de ses proies. Exterminer, détruire, tuer. Elle en bavait d'avance, à la vue de ses futurs victimes. Elle avait prévu quelque chose, j'en convenais sans aucun doute. Dépitée, je m'introduisais entre les deux, rejoignant Max installée sur le divan, toujours avec ses deux peluches dans les mains. C'est fou comme elle pouvait les aimer, ces deux là. « Dis mon ange, tu veux aller jouer dans ta chambre ? Il faut que maman parle avec papa, et.. tata Leila. Tu reviendras après si tu veux, mais en attendant, va voir si le méchant pirate est remonté à bord ! » m'exclamais-je en chuchotant par dessus le fauteuil, à son oreille de petite fille. Elle souriait d'avance, et semblait comprendre chaque mots que je venais de lui dire. Son visage s'est retourné vers moi. Ses deux petites mains posés difficilement sur ma nuque, elle essayait de me faire un bisou sur ma joue. « Mama.. mon navire de princesse, il va détruire les méchants monsieurs ! » ricanait-elle, en échappant des petits rires ici et là. Après l'avoir aidée à redescendre du canapé, elle est partie en courant dans sa chambre, une peluche dans chaque mains. J'en rigolais, presque émue de la voir heureuse ainsi. Voyant sa silhouette de petite fille disparaître, je me tournais vers la douloureuse réalité, contemplant un instant leurs mains entrelacés, un grincement inaudible fusant dans mes pensées. « Alors.. dites moi, ça fait longtemps que vous êtes ensembles ? Parce que je suppose que c'est le cas, n'est-ce pas ? Le moins que je puisse dire, c'est que tu as vraisemblablement toujours le béguin pour le même genre de femmes. » lançais-je fermement, après avoir pris une profonde inspiration. Les invitant à s'installer, je m'étais assise sur l'un des fauteils en face de la cheminée. « Et toi.. toujours là où l'on ne t'attend pas hein. Il faut croire que je ne suis pas prête de me débarrasser de toi. » poursuivais-je en direction cette fois-ci de ma cousine, dont la main s'était déposé sur le genoux de son petit-ami. Les jambes croisées, je les contemplais, un goût amer dans la bouche. La scène me donnait doucement envie de vomir. Elle, avec Lui. Ça n'était tout bonnement pas possible. De la poussière dans les yeux, ça doit être ça. « Oh.. excusez-moi.. j'ai oublié. Café, thé, jus d'orange, bière, ou autres ? .. Après tout, faites comme chez vous, ça m'est égal. » déclarais-je enfin, sur un ton plus sec. Pauvre idiote. Un jour pourtant, il me faudra bien accepter tout ça, cesser d'observer sans cesse cette main glissé sur sa jambe, son regard océan désormais qui illumine ses nuits. L'émeraude naïf est tombé sous le charme de l'azur diabolique.
Elle dit qu'elle meurt quelque part, entre leurs yeux bleus et verts, qu'elle ne voit déjà plus la silhouette de Lucifer.

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MessageSujet: Re: ❝What goes around comes back around❞ ◂esthell, benjamin, leila ❝What goes around comes back around❞  ◂esthell, benjamin, leila EmptyLun 6 Fév - 19:25

it's a love story for the new age


personne n’est propriétaire du bonheur, on a parfois la chance d’avoir un bail, et d’en être locataire. il faut être très régulier sur le paiement de ses loyers, on se fait exproprier très vite.
National Anthem by Lana Del Rey


« Oh.. Esthell. Tu as tellement changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu il y a quoi... Six ou sept ans.. » La base était posée. Ses paroles résonnèrent dans la pièce en une intonation délicate et naturelle. Sur le coup, je n’ai pas réellement réagi. Mais très vite, le sourire que j’affichais se mit à fondre comme neige au soleil. Incompréhension. La bouche entrouverte, j’ai posé mon regard sur Leïla à mes côtés, les traits tirés. Elles se connaissaient déjà ? Etait-ce seulement une bonne, ou une mauvaise chose… Baigné dans le doute et le malaise, j’attendais qu’on m’offre une quelconque explication. Et quelle explication. « Esthell est ma cousine. » A l’entente du dernier mot prononcé, mon sang se figea littéralement. « Ta.. cousine ? » Le souffle coupé, j’ignorais si je devais rire jaune, ou bien être choqué de cette nouvelle. Les yeux rivés à terre, je tâchais tant bien que mal d’imprégner l’information. Soit j’étais le garçon le plus malchanceux de la planète, soit je me dévoilais être le type le plus con au monde. Comment avais-je pu passer à côté de cette évidence. Leur ressemblance physique en disait long, leurs origines également. Crétin. J’avais le cœur qui battait la chamade dans ma cage thoracique, et bien vite, mes poumons s’enflammèrent de nouveau. Au diable la douleur physique. Je grimaçais quelques secondes avant de me redresser et accoster Esthell d’un œil hésitant. Le silence était devenu lourd, pesant. Un voile de honte s’était déposé sur mes épaules, et je recherchais désespérément un mot à prononcer. Pourquoi ne m’avait-elle rien dit ? Pourquoi Leïla avait-elle attendu aujourd’hui pour m’informer de tout ça ? Inconsciemment, j’avais relâché sa main pour la posé contre mon front. Seigneur.. le hasard fait décidément mal les choses. « Oui.. c'est ex.. exact.. On a grandi ensembles, nos parents étaient très proches à l'époque. Mais à vrai dire.. cela fait tant d'années qu'on ne s'est pas vus. Je ne savais pas que tu étais dans les parages. Il y a une raison à cela ? » Sa voix s’était élevée, brisant ainsi le fardeau de l’appartement. Si encore il s’agissait de deux cousines éloignées, même non, même pas. A en croire la scène, il semblerait néanmoins que les deux femmes soient loin d’être en très bon termes. J’avais encore eu une belle idée que d’organiser ce dîner. Soupirant un coup, je me pinçais les lèvres. Leïla était une personne en or, un bijou don j’étais particulièrement fier. Et encore aujourd’hui, il m’arrivait de me demander comment et pourquoi je me retrouvais à ses côtés. Après tout, nous étions physiquement loin de faire la paire. Elle était la Belle, j’étais la Bête. Nous n’allions pas bien ensembles, mais nous étions bien ensembles. Chose qui différait –et de loin- de ma relation avec Esthell.. si nous formions autrefois un beau couple, nous nous détruisions à petit feu. L’ironie du sort avait voulu que je trouve en sa cousine une femme dont j’allais tomber amoureux. Sans attendre la moindre répondre, la jeune mère s’en alla retrouver sa fille. Petit trésor adorable qui jouait paisiblement avec ses deux peluches. L’une offerte par sa mère, l’autre par son père. Deux objets qui avaient au moins eu le luxe de ne pas être séparés. Voir sa petite chevelure blonde s’éclipser en courant vers sa chambre eut au moins le délice de me faire sourire. Loin de cet univers impitoyable qu’est celui des adultes. Sacré trésor. Et puis très rapidement, cette temporaire quiétude s’envola aussi vite qu’elle était apparue. « Alors.. dites moi, ça fait longtemps que vous êtes ensembles ? Parce que je suppose que c'est le cas, n'est-ce pas ? Le moins que je puisse dire, c'est que tu as vraisemblablement toujours le béguin pour le même genre de femmes. » Cette fois-ci, sa voix semblait s’être imprégnée d’une toute autre teinte. La colère et le mépris perlait à travers chacun de ses mots, et sur le coup, je ne su véritablement comment réagir. J’imagine que mon visage déjà pâle d’origine devait frôler l’aspect cadavérique. Jamais je ne m’étais senti plus ridiculisé qu’aujourd’hui. Ma main logée dans celle de ma petite amie, je serrais doucement ma prise entre ses fins doigts. « Hum.. je te demande pardon ? » Chacun de ses mots s’étaient immiscés en moi, poignardant un morceau de l’infime cœur qu’il me restait. Notre séparation avait été difficile, et je ne crois pas m’en être encore remis au jour d’aujourd’hui. Leïla le savait pertinemment.. Peut-être dans le fond était-ce pour cette raison qu’elle ne m’avait jamais touché le moindre mot vis-à-vis de son lien de parenté avec mon ex. Idiot. Je m’étais plongé corps et âme dans l’affection que la jeune Bêta pouvait m’apporter, baignant la douce illusion qu’il s’agissait là de mon amour perdu. Je m’étais égaré en cours de route… pour notre plus grand malheur.

« Oh.. excusez-moi.. j'ai oublié. Café, thé, jus d'orange, bière, ou autres ? .. Après tout, faites comme chez vous, ça m'est égal. » La tension était à son comble. Pourtant, en apparence, la scène était on ne peut plus traditionnelle : nous étions installés confortablement sur les fauteuils du salon ; à nos côtés, la cheminée pétillait de ses flammes. Peut-être était-ce d’ailleurs l’unique touche de chaleur qui différait de l’atmosphère glaciale qui s’était rependue entre nous. Les yeux rivés sur celle qui autrefois était mienne, je la dévisageais. Qu’elle se comporte mal avec moi, peu m’importais, mais qu’elle prenne de haut Leïla.. c’était une chose que je ne pouvais heureusement –ou malheureusement- pas supporter. Ce spectacle me donnait la migraine, et j’en avais des fourmis plein le ventre. Les dents serrés, je marmonnais quelques brèves paroles en guise de toute réaction : « Au moins il y a bien une chose qui n’a pas changé ici : la manière avec laquelle tu traites autrui. » Il était rare que je m’emporte, ou même que j’éprouve un quelconque sentiment de colère vis-à-vis d’Esthell.. mais les temps changent, et son comportement était plus qu’inadmissible. Je ne parvenais décidément pas à la cerner.. Il y a encore un mois, elle me poussait à la quitter, en me donnant sa bénédiction pour trouver une autre femme. Aujourd’hui.. elle insulte la moindre parcelle de notre couple. A moins que ce n’soit la prise de cigarette mêlée à l’alcool qui lui redonne ce tempérament explosif ? Bref. Quoiqu’il en soit, ma main s’est glissée calmement contre le dos de la Bêta. Les lèvres posées contre sa joue, je lui ai lâché une poignée de mots à voix-basse avant de me relever. « Je vais chercher quelque chose à boire, je te laisse en bonne compagnie... » Une touche d’ironie pour un moment qui n’en réclamait pas. Ce disant, je me dirigeais vers le mini bar en priant intérieurement pour qu’elles ne se crêpent pas le chignon en mon absence. Quoiqu’avec les deux cousines ayant un tempérament semblable… tout était possible. Une pensée amusante qui eu au moins le luxe de me faire –très- légèrement sourire. Mais bien vite, retour à la réalité. Lorsque j’avais quitté l’appartement, on pouvait dire que niveau apéritif, nous étions loin d’être en manque. Et là.. plus rien. Des bouteilles vidées qui traînent au fond du bar, des verres renversés et encore humides.. Donc utilisés récemment. Ce repas était indubitablement riche en nouvelles. Le poing serré, j’attrapais d’un geste furtif l’unique et seul alcool qui n’était pas entièrement consommé. Il n’y avait plus aucun doute quant à son moral actuel au moins. J’étais quasi certain que si je faisais le tour de l’appartement, j’allais retrouver mégots de cigarette, verres voir carrément d’autres mauvaises surprises. Agacé, je l’étais. Enervé, plus encore. Mais par-dessus tout inquiet… Pour elle, pour les filles.. Sans prendre le temps de me réinstaller à leurs côtés, je fourrais l’alcool entre les mains de la Sigma. « T’as dû descendre une paire de bouteilles. J’ai rien trouvé d’autres qu’un litre de vin blanc à moitié vide. J’espère pour toi que les filles ne sont pas là quand tu te fais tes apéritifs solo’. » Vision d’horreur que celle de sa propre décadence. Nous ne nous étions pas quitté dans les meilleurs termes, mais apparemment, notre semblant d’amitié ne tiendrait pas non plus très longtemps. Il fut un temps où je la connaissais par cœur, où je pouvais prévoir chaque syllabe qu’elle s’apprêtait à prononcer, chaque geste qu’elle comptait faire. Aujourd’hui.. je contemplais face à moi une banale étrangère qui me dévisageait littéralement des yeux. Bien que la rancune soit présente, j’avais le cœur alourdi d’une peine imprévue. Sans ajouter quoi que ce soit, je me suis réinstallé aux côtés de Leïla qui semblait étonnement calme. Une main posée sur la sienne, je soupirais tout en penchant le visage en arrière. « Je suppose qu’on va pouvoir faire impasse sur la manière dont Leïla et moi on s’est rencontrés.. sauf si tu veux le faire mon Ange ? Je suis sûr que ta cousine a hâte de savoir avec précision comment nous nous sommes connus. » Salop, je l’étais sur le coup. Mais puisque le repas ne s’attarderait sans doute pas plus d’une heure ou deux (voir moins), autant en venir bien vite au sujet principal. D’ordinaire, je détestais la provocation. Et j’ignorais comment et pourquoi nous en étions arrivés à là. Je soupçonnais ma compagne de ne pas se montrer trop caractérielle envers sa cousine face à moi. Bien que nous ne nous soyons jamais disputés, Leïla traînait avec elle la réputation d’être une Bêta on ne peut plus hargneuse. Une qualité familiale vraisemblablement. Si avant d’entrer dans l’appartement j’avais précisé qu’il valait mieux ne pas trop en faire, finalement les choses prenaient une toute autre tournure à laquelle j’étais loin d’avoir été préparé. J’avais succombé pour un amour qui d’ordinaire m’aurait été interdit.. Dans l’ignorance, j’avais commis un acte qui était difficilement pardonnable. Alors oui, la colère d’Esthell à l’égard du couple que nous formions était justifiée. Mais peut-on lutter contre ses sentiments ? Il fut un temps, j’aimais deux femmes. L’une ne me l’a jamais pardonné et m’a abandonné un soir, au bord d’une plage. L’autre est devenue mère de mes enfants, mais n’est pas parvenue à supporter ma présence à long terme. Ironie du sort ? Peut-être bien. Mais il était hors de question que je refasse deux fois la même erreur. Aimer deux personnes.. Deux cousines qui plus est. Non. Je n’en avais plus le droit. A contre cœur, il me fallait faire un choix.. bien évidemment, je n’avais pas à y réfléchir bien longtemps. Las et fatigué, mon regard se déposa sur la jeune femme à mes côtés, mon menton appuyé contre son épaule, je lui murmurais quelques brèves paroles avant de me taire : « Je suis désolé que ça tourne de cette manière là. On aurait dû attendre. » Des mots susurrés à voix basse afin qu’elle seule puisse les entendre. Nous étions venus rendre visite à ma famille (ou du moins, ce qu’il en restait), et c’est ainsi qu’un banal quiproquo pouvait renverser complètement la situation.

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