J’aurais dû rentrer chez moi. Je n’aurais pas dû boire. Si j’avais sû que cela finirai ainsi…
Tout commença un mardi soir. C’était une soirée comme les autres pour la plupart des gens, sauf moi… Ce soir là c’était jour de fête, comme tous les soirs d’ailleurs, et je contais bien le célébrer. J’avais d’ailleurs eu une très mauvaise journée et j’étais plus tôt à cran en cette fin de journée.
Tout d’abord, je m’étais réveillée avec une énorme gueule de bois, résultat de la soirée arrosée en boîte de la veille. Un shot de trop c’est tout… Rien de grave, je vous l’assure! Bon! Honnêtement, ça a été la pagaille, comme à chaque fois que je faisais la fête. Ma chambre était dans un de ces états pour commencer. Verres brisés, bibelots fracassés, des objets qui se trouvaient sur ma commode sur le sol, des livres de ma bibliothèque; C’était le fouillis. Puis aux plis de mes draps défaits et à l’odeur qu’ils dégageaient ce matin là, jai su que je n’avais pas dormi seule. J’avais eu de la compagnie sûrement comme à presque toutes les nuits… J’aurais dit un homme cette fois-ci. Il s’appelait Pete, d’après ce que je remarquai, dans le texto qu’il m’avait laissé un peu plus tôt dans la matinée.
Sinon, je fus évidemment en retard à mon premier cours de la matinée. Chorégraphie. Le professeur, une vraie salope a refusé que je rentre en classe. J’ai dû alors attendre une heure et demie, soit jusqu’à la pause (le seul moment où le professeur laisse la rentrer les retardataires comme moi) pour assister au reste du cours. Seulement, arrivée là, je n’avais plus la tête à cela. Je n’avais plus de tête du tout en fait ! Même après deux cafés, j’étais encore grisée, j’avais mal à la tête et mon estomac faisait des siennes. En plus, je me sentais inconfortable dans mes collants et le top que j’avais choisi de mettre me serrait la poitrine. Voilà pourquoi je suis rentrée à la confrérie. Je suis restée couchée presque tout l’après-midi, puis vers six heures du soir, me sentant mieux, j’ai décidé d’aller manger.
Une fois dans la cuisine, j’ai regardé dans le réfrigérateur, puis les placards pour voir ce que je pourrais trouver à manger, mais ils n’y avaient rien d’intéressant. Je suis donc repartie dans ma chambre et je me suis habillée. Rien de compliquée, juste un débardeur, une veste en cuir, une paire de bottines, des skinny jeans et ma sacoche, puis j’étais partie. Direction : le resto thaï du coin.
Un pad thai et une liqueur au litchi plus tard, alors que je faisais le tour de ma voiture pour aller déverrouiller la portière de ma voiture, lorsque j’aperçu une tête qui me disait quelque chose. Peaches. Je décidai de la surprendre alors en me rapprochant par derrière.

Une jeune fille de ton âge ne devrait pas être au lit à cette heure ? fis-je d’un ton ironique.

Ma journée ne pouvait pas mieux finir. Peaches était là. J’étais sûre que j’allais passer une soirée de dingue, comme à toute les fois où on sortait ensemble… Cette fois-ci, c’était le hasard qui avait fait les choses. Pour le meilleur ou pour le pire? Qui sait, tout dépendait de notre humeur à toutes les deux. Reposée et passablement ennuyée par la journée de merdre que je venais de passer, je voulais un peu d’action. Je ne sais pas pour elle, mais je risquais de faire des bêtises. Je voulais faire des bêtises, plus folles que tout ce que nous avions pu faire par le passé, car Dieu sait que nous en avons fait des conneries. D’ailleurs, cela faisait partie de nos plus grands passe—temps ensemble. Foutre la merde, se moquer des autres et de leur stupidité, faire réagir les gens autour, mettre de l’ambiance, c’était notre spécialité. Un peu immature de ma part vous direz… J’aurais à répondre à cela que je n’ai rien de mature et que je me fous de ce que vous pensez de moi. On pourrait supposer que j’ai une mauvaise influence sur Peaches, mais je dirais plutôt que c’est elle qui a une mauvaise influence sur moi. Étonnant, non? Pourtant, tout comme Hàdy, car elle me rappelle plus ma sœur jumelle qu’autre chose, elle fait ressortir mes travers et surtout mon côté « joker ». Je ne dis pas qu’avec elle il n’y a jamais eu des conversations sérieuses, car sinon, nous ne serions pas aussi proches. De ce fait, on se comprenait plutôt bien. Sa vie passée n’avait pas été rose, ni la mienne. On se soutenait alors mutuellement. Pour ce qui est des soirées de confrérie, en boîtes ou dans les bars de SF à semer la bisbille, c’était juste le petit plus qui rendait notre amitié hors du commun. C’est ce que j’aimais de notre relation d’ailleurs. Puis en même temps, ce que j’aimais avec P’ c’était qu’on ne savait jamais comment la soirée allait finir. J’espérais d’ailleurs que ça allait bien finir, car il y a pas si longtemps de ça, on a failli finir en prison haha. Je ris là, mais je vous jure qu’à ce moment là j’aurais pu fumer tout mon paquet de 25 tellement j’ai eu la peur de ma vie. Mais n’en parlons plus. C’était le passé.

Il faut que je l’avoue, j’ai adoré foutre la frousse à Peaches. Apparemment, j’avais bien réussi mon coup, car elle m’avoua ensuite qu’elle avait été proche de la crise. Je me mis alors à rire tout comme elle. À sa place, j’aurais sûrement avalé ma clope et je me serais calciné la gorge. Cette pensée me fit rire encore plus. Je dus d’ailleurs m’accrocher à ma voiture pour ne pas tomber.

T’es même pas cardiaque P’, alors que veux-tu qu’il t’arrive? Ton cœur arrêtera peut-être de battre un petit deux trois secondes, mais ce ne sera pas la fin du monde… fis-je d’un ton ironique avant d’éclater de rire encore une fois.

Je lâchai par la suite la voiture, que je verrouillai par la suite, puis j’allai à sa rencontre. Je ne me gênais pas ensuite pour lui piquer sa cigarette que j’allumai avec le lighter qu’elle tenait encore dans ses mains.

Merci... fis-je avec un sourire en prenant ma première puff. J’écoutais ensuite ce qu’elle me dit par la suite. Je ris légèrement lorsqu’elle dit qu’elle avait retrouvée espoir maintenant que j’étais là, qu’elle allait passer maintenant une belle soirée. Puis elle m’intima d’entrer dans le bar qui nous faisait alors face. N’ayant pas envie de gaspiller ma cigarette, je l’éteignis avant de la ranger dans ma poche. Puis je suivis Pea’ à l’intérieur.

Rappelle-moi plus tard que je te dois une clope, fis-je en la suivant jusqu’au comptoir. Je l’imitai ensuite en prenant place sur le tabouret à ses côtés, puis je commandai un scotch, vu que j’aimais les boissons fortes. Peaches commanda après moi. Je me retournais ensuite vers la gamma en attendant nos boissons.

Je paye obligatoirement, puisque j’ai failli te tuer, puis que j’ai eu le culot de te voler une cigarette. déclarai-je en sortant un billet de vingt sur le comptoir. Profites, car bientôt je ne pourrais plus vraiment le faire… un sourire ironique s’afficha sur mon visage. Je n’avais pas fait part de tous les détails de ma vie financière à Peaches, mais je lui avait dit en tout cas que je devais ma minuscule fortune à mon paternel, qu’elle n’était pas grande, et qu’elle s’épuisait tellement rapidement depuis quelques temps que d’ici Noël je serais obligé de me mettre à travailler si je voulais lui offrir un cadeau. Sinon, ta journée ? Moi ça été de la vraie merde…Je vais te résumer ça en cinq mots : Teuf, Mec, Gueule de bois, Prof chiant, Bouffe Thaï…et me voilà. Ma réplique fut suivie d’un geste théâtrale. Je laissais ensuite une minute de suspens avant de me mettre à rire…puis plus rien. Mon regard s’arrêta sur un vieux quadragénaire bedonnant avec des cheveux qui j’en étais sûre n’était pas les siens. Une perruque sûrement.

P’ ! P! Regarde! chuchotai-je, l’interrompant dans son exposé sur sa journée. Regarde le vieux là-bas! Je suis sûre qu’il porte une perruque…