Chuck et Sloan dans la même pièce c’était soit une mission suicide, soit un pur moment de rigolade. Y’avait pas d’échappatoires, ça passe ou ça casse, et franchement, ils étaient connus pour mettre de l’ambiance plutôt que pour rajouter du lourd à l’atmosphère. C’était de vrais gamins, toujours à faire n’importe quoi pour satisfaire une pulsion de folie. On peut dire qu’ils s’étaient bien trouvés, ce qui était plutôt surprenant pour des alphas. Leurs enfantillages leur faisaient garder les pieds à peu près sur terre, et rendaient leur vie au campus plus agréable et déjantée. C’est pourquoi, quand il fallut attendre -mot difficilement acceptable pour l’awesome duo- d’arriver à l’étage de la boutique de déguisement, les deux jeunes adultes - ou vieux enfants - se mirent à soupirer de lassitude. Y’avait pas grand chose à faire dans un escalator aussi long et aussi lent. A peine au quart de la distance qui les séparait de l’arrivée, Sloan se mit à la regarder avec cet air si familier qui pressentait une bonne boutade. « On se fait chier, tu trouves pas ? » « Pire que ça. » Il lui fit un signe pour qu’elle regarde, et dès qu’elle eut posé les yeux sur un homme bien plus âgé qu’eux à l’air complètement frustré, elle comprit. My gad, que c’était bon d’être avec Sloan. Elle ne s’ennuyait jamais. Elle posa ses yeux malicieux sur lui, qui s’échauffait avant son grand coup. « A trois, on court. » Prenant un air sérieux, elle se prépara, regardant la scène en pouffant limite déjà. Il commença le décompte, et lorsqu’il tira d’un coup sec sur le pantalon de l’homme, Chuck faillit manquer une respiration tellement le spectacle était splendide. Sans s’étendre plus longtemps, elle dévala les marches à l’envers en compagnie de l’alpha, riant aux éclats alors que les insultes fusaient dans tous les coins. Arrivés en bas, Chuck tenta de reprendre son souffle, encore morte de rire. Il l’avait tué, encore, comme toujours. Elle en pleurait presque, mais passa délicatement un doigt sous ses yeux, reprenant une respiration à peu près normale. Il lui proposa de prendre les escaliers, ce qu’elle approuva plus d’une fois d’une voix chevrotante. « Chuck, on fait la course. Le dernier en haut offre une gaufre double nutella et chantilly à l'autre, d'accord ? » Evidemment. Monter des escaliers sans rien faire ? Un cauchemar. Il fallait toujours tout pimenter, c’était leur vision de la vie. Un sourire, un regard de défis, et voilà qu’ils étaient partis, renversant quelques enfants et parents au passage. Arrivés à la moitié de l’escalier, elle n’hésita pas une seconde à lui faire rater une marche d’un simple croche-pieds ; pas de pitié pour Charlotte, la victoire c’était tout ce qui comptait. Après plusieurs coups bas lancés par les deux étudiants, Chuck toucha en première un vieil homme qui se trouvait juste en haut des marches et qui, surpris, les traita de tarés. Levant les bras en signe de victoire, elle les rabaissa vite pour reprendre son souffle et regarder Sloan avec des yeux pétillants de malice. « Allez Caldwell, tu me dois une gaufre ! » Elle partit donc en direction du vendeur qui tenait une petite gaufrerie au coin, en commanda une et fit payer son ami avant de la déguster sous ses yeux, se fichant pas mal de s’en mettre pleins les doigts et pleins le visage. Elle se croyait retombée en enfance avec lui. Cette enfance qu’elle n’avait pas pu avoir, il la lui faisait vivre, et elle l’adorait pour ça. Après quelques piques gentilles à l’intention de celui qui n’avait pas eut de jolie dégustation, elle lui fit un bisous dégoulinant de chocolat sur la joue, avant de partir guillerette en direction du magasin de déguisements. Ils y entrèrent en même temps que deux enfants d’à peine dix ans, l’air de rien, comme si c’était normal. Ils se dirigèrent vers le coin réservé aux adultes, où les costumes passaient de l’infirmières sexy à la religieuse en passant par shrek et les tortues ninjas. Que du bonheur à l’état brut. Pire qu’un rêve, c’était l’endroit qui pouvait le mieux déterminé leur folie. Passant dans les rangées avec des yeux émerveillés telle une petite fille de cinq ans, elle touchait les tissus comme si ça valait bien plus qu’une robe dior ou qu’un sac chanel. Elle choisissait des costumes au hasard, Sloan faisant de même, ils s’engouffrèrent rapidement dans une cabine. Elle tomba en premier sur un déguisement de wonder woman, et après avoir revêtu les cuissardes rouges sang aux bordures blanches, elle sortit de l’endroit clos, fouet en main. « Sors de là mon coco ! » Son regard perverti mua en une moue hilare dès que Sloan sortit de sa cabine. Difficile de ne pas exploser de rire : lui, déguisé en un poulet prêt à déplumer. C’était trop beau. Elle sortit son portable, agrémenta la scène d’un « cheeeze » à bout de souffle tellement elle riait. Direction la photocopieuse et distribution dans tout berkeley le lendemain baby. Bien sûr, il lui ferait payer sa moquerie par bien pire qu’un costume de poulet...