C’était lundi, lundi midi. Je détestais le lundi. C’était toujours difficile de reprendre la semaine quand il venait d’y avoir le week-end. Surtout quand on est comme moi et qu’on aime beaucoup sortir. Ce week-end là je l’avais passé en boîte de nuit, le premier soir avec ma Holly chérie et le deuxième soir toute seule pour draguer un ou deux garçons. J’adorais les week-ends comme ça, pouvoir voir ma meilleure amie, ou même celle que je considère comme ma petite sœur m’avait fait du bien, beaucoup de bien. Même si elle n’avait pas pu boire une seule goutte d’alcool et qu’elle ne pouvait pas vraiment danser on s’était éclatée comme des petites folles. Je n’avais pas bu non plus, mais de toute façon je ne suis pas de ces gens qui pensent qu’il faut boire de l’alcool pour s’amuser. D’après moi si on n’est pas trop timide on arrive à se lâcher sans alcool sans problème aussi. Enfin bref, un week-end franchement parfait, je n’avais pas à m’en plaindre, mais le lundi était du coup beaucoup plus difficile. Lorsque mon réveil avait sonné j’ai d’abord cru à une blague, ce n’était pas possible qu’il sonne déjà, pour moi je l’avais tout simplement mal réglé. Mais pourtant non, c’était bien l’heure de me lever, c’était bien l’heure d’aller en cours et je n’avais aucune motivation à le faire. Il m’avait fallu bien dix bonnes minutes pour réussir à me sortir de mon lit et commencé à me préparer. J’étais du coup à la bourre, forcément ces dix minutes n’étaient pas prévues dans mon temps de préparation du matin vu que d’habitude j’arrivais à me lever assez rapidement. Mais le lundi c’était devenu presque une habitude que je sois à la bourre donc je savais que j’arriverais quand même à l’heure en cours. Je m’habillais en vitesse, ne déjeunais même pas et j’attrapais mes affaires à la va vite pour ensuite sortir de chez moi le plus rapidement possible. J’avançais dans les rues de San Francisco pour arriver devant la belle université de San Francisco qui n’était vraiment pas loin de chez moi, pas loin du tout même. Les cours du lundi matin n’étaient pas franchement les plus importants à mes yeux, c’était plus des branches générales qu’on était presque à chaque fois obligé de suivre et ça dans n’importe quelle branche que vous choisissez. J’avais donc un peu de temps pour dormir parce qu’autant vous dire que je n’avais pas vraiment besoin de suivre ces cours. J’étais assise tout au fond de la salle et je m’étais débrouillée pour dormir durant quelques minutes au premier cours. Les suivants j’étais déjà mieux, mais la mauvaise humeur était présente. Ma fois il y avait des jours comme ça où je n’arrivais tout simplement pas à garder le sourire et aujourd’hui c’était une journée comme ça alors autant vous dire qu’il fallait éviter de me déranger parce que je n’allais pas chercher à me retenir sur les mots que je pourrais dire.

La matinée se termina plus rapidement que je ne l’avais pensé et j’arrivais donc à ce fameux lundi midi. Je passais d’abord aux toilettes de l’université, puis à mon casier pour poser mes affaires et attraper une petite salade que je m’étais préparée très rapidement ce matin-là. Je prenais ensuite l’ascenseur pour me retrouver au rez-de-chaussée et pouvoir sortir et enfin manger. Je savais qu’une fois que j’aurais mangé je serais déjà de meilleure humeur, mais il fallait encore que cet ascenseur se décide à arriver, j’appuyais sur le bouton à plusieurs reprises et enfin il se décida à s’ouvrir. Quelques élèves en sortir et je fus la seule à y entrer. Les portes se refermèrent et je commençais à descendre les étages. Il s’arrêta entre deux pour laisser monter quelqu’un. Une personne que j’aurais préféré ne pas voir aujourd’hui, mon ennemie… Cette chère Ayleen. Entre nous deux le courant n’est jamais vraiment passé et je n’ai jamais compris pourquoi. Disons que c’est un peu elle qui a commencé les hostilités et je n’ai fait que suivre. Je ne vais pas non plus commencer à être gentille avec elle alors qu’elle ne se gêne pas de me montrer qu’elle ne m’apprécie pas. Ca faisait un bon moment que c’était comme ça à présent et je me demandais si tout ça allait pouvoir changer un jour ou l’autre. Ca m’était égal, ce n’était pas comme si j’étais en manque d’amis dans cette université non plus et de toute façon on ne peut pas apprécier tout le monde partout. C’est même impossible. Il y aura toujours des gens avec lesquels on aura de la peine. Par exemple je ne m’entendais pas avec Maël, mais celui-ci ne savait pas pourquoi, mais c’était comme ça je ne m’entendais pas avec lui et voilà. Enfin bref, je jetais un petit coup d’œil à Ayleen et les portes de l’ascenseur se fermèrent pour qu’il continue sa descente. Je m’appuyais contre une des parois de celui-ci en poussant un petit soupir. Je pensais que j’étais dans la pire des situations, mais je me trompais totalement. Je n’avais pas pensé à l’éventualité que ce satané ascenseur tombe en panne au milieu de sa descente et malheureusement pour moi c’est ce qui arriva au moment précis où je me disais qu’il faisait long pour arriver au rez-de-chaussée. J’allais pouvoir attendre encore un moment du coup. Je soupirais d’autant plus fort et levais les yeux au ciel tout en disant. Génial !

Cette matinée qui n’avait pas aussi mal commencé que je l’imaginais fini par retourner au cauchemar. J’avais prévu de prendre ma petite salade et d’aller me poser dans la cour avec peut-être Holly ou je ne sais quelle autre personne j’allais croiser pour passer une agréable pause de midi. Tout aurait dû bien se passer et j’aurais dû avoir un lundi assez bien pour une fois. Mais le destin en avait pas décidé ainsi, enfin je ne sais pas vraiment si on peut appeler ça le destin, surtout que je n’y crois pas franchement à ce destin. Mais disons plutôt que l’ascenseur de l’université en avait décidé autrement. Non seulement j’avais quelques problèmes lorsque je me retrouvais dans un endroit trop renfermé car je souffrais d’une petite claustrophobie, mais en plus j’étais coincée dans ce foutu ascenseur en présence d’Ayleen. Je ne pouvais tomber sur pire qu’elle dans cette université. Enfin quoi que j’aurais pu me retrouver avec Maël dans cette ascenseur et là je pense que j’aurais vraiment commencé à flipper. Bref, je n’avais pu m’empêcher de faire une petite remarque au moment où l’ascenseur s’est bloqué et de pousser aussi un profond soupir. C’était plus fort que moi quand je me retrouvais avec une personne que je n’aime pas j’étais bien obligée de faire comprendre à la personne que ça m’embêtait vraiment. Mais bon je me doutais bien qu’Ayleen était tout aussi embêtée que moi de se retrouver dans cette situation. Seulement à la différence de moi, Ayleen sait pourquoi elle me déteste, c’est elle qui a commencé tout ça et si elle ne l’avait pas fait peut-être qu’en ce moment précis dans cet ascenseur nous serions toutes les deux en train de discuter de notre matinée. Oui parce que peut-être que si elle n’avait jamais commencé ses hostilités elle et moi on aurait pu s’entendre. Je n’en savais rien. Mais de toute façon on ne peut pas changer le passé et elle doit bien avoir de bonnes raisons pour me détester. Ca doit être un problème avec ma façon d’être ou je ne sais pas quoi. Elle m’a souvent fait des remarques assez méchantes sur le fait que je couche avec pas mal de garçons, c’est peut-être ça qui la dérange, mais je ne vois pas en quoi ça peut être un problème pour elle. Fin je veux dire qu’est-ce que ça peut lui faire que je couche à droite à gauche, c’est ma vie, c’est mon problème pas le sien. Du coup je me demandais si c’était vraiment ça qui la dérangeait chez moi ou s’il y avait autre chose. Ca me paraissait plus probable qu’il y ait une autre raison. Mais enfin bon finalement ce n’était pas très important, elle voulait me détester, elle n’avait que le faire ça m’était égal, mais il ne fallait pas qu’elle s’attende à ce que je sois toute gentille avec elle non plus du coup. Je venais de m’appuyer contre une des parois de l’ascenseur alors qu’il venait de s’arrêter et après ma petite remarque Ayleen me dit que j’aurais pu tomber sur pire, alors qu’elle elle était tombée sur la pire personne qui existe. Elle me déteste vraiment là au moins c’était plus que clair et je devais dire que ça ne me faisait finalement ni chaud ni froid. Ce n’était pas comme si je n’avais aucun ami à l’université. En plus d’après moi je n’avais rien à me reprocher ! Je tournais la tête vers la petite brune, j’avais ce regard froid que je savais si bien adopté. Je ne comptais pas me montrer sympathique avec une fille comme ça et je n’avais pas de raison de chercher à arranger les choses alors que moi je n’ai rien demandé du tout. Oui c’est sûr tu n’as vraiment pas de chance, je suis un monstre ! J’aimais bien sortir ce genre de petite remarque. Comme si j’étais totalement d’accord avec elle sur le fait que je suis la pire personne de cette université. Bah après tout si elle souhaitait croire ça autant l’encourager dans cette direction et lui dire que moi aussi je me trouve méchante. Je sortais mon portable dans l’espoir de pouvoir envoyer un message à quelqu’un pour demander aux personnes qui s’occupent de cet ascenseur se dépêche de le réparer. Mais dès que je l’eus sorti de mon sac je pu constater que je n’avais tout simplement plus de réseau. Forcément. Quand un petit truc ne va pas le reste suit. Je me retrouvais dans le même ascenseur qu’Ayleen, il se bloque, elle me parle et finalement mon portable n’a pas de réseau. Je peux vous dire que s’il avait eu du réseau j’aurais appelé une amie et j’aurais discuté avec elle jusqu’à ce que l’ascenseur se décide à redémarrer. Mais là j’allais devoir supporter Ayleen, ça n’allait pas être évident. Je finis par m’asseoir dans un coin de l’ascenseur. Je ne savais pas combien de temps on allait rester coincée ici, mais dans tous les cas j’étais beaucoup mieux assise. Je regardais les 4 coins un peu anxieuse. Si je commençais à faire une crise de claustrophobie maintenant on avait tout gagné. Je commençais à respirer. Doucement. Il fallait que je me détente. Je laissais aller ma tête en arrière pour l’appuyer contre le mur et je fermais les yeux m’imaginant dans une immense pièce, très aérée et fraiche. Oui parce qu’en plus c’était l’été et autant dire qu’il commençait à faire franchement chaud.

HS: Mes réponses sont pires que médiocres aujourd'hui, je suis désolée, promis je me rattraperais!

Combien de temps j’allais rester dans cet ascenseur ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais je savais que dans tous les cas ce serait beaucoup trop long parce que j’avais eu la chance de tomber dans le même ascenseur que cette chère Ayleen. La galère. Celle-ci venait de me dire que j’aurais pu tomber sur pire, mais que par contre elle elle était tombée sur la pire personne de l’université. Au lieu de lui répondre par une petite phrase cinglante comme je sais si bien le faire, je m’étais contentée d’approuver en disant que j’étais un monstre. En attendant elle ne savait plus quoi répondre à ça et je ne voyais pas l’intérêt de me battre pour lui dire que je ne suis pas la pire. Si pour elle je suis la pire, tant mieux, ça m’est totalement égal, surtout que je ne sais même pas les raisons de cette haine qu’elle porte envers moi. Bon pour ça je n’avais pas grand-chose à dire, moi-même je ne portais pas Maël dans mon cœur et je ne lui avais jamais donné de raison, je me contentais de l’ignorer ou alors de l’envoyer se faire voir si jamais il vient me parler. Mais depuis le temps maintenant Maël s’amuse à venir me parler, souvent, trop souvent à mon goût. Il sait que ça m’énerve encore plus et apparemment il aime ça ! Mais enfin ça m’est égal, jusqu’à maintenant je n’ai pas craqué une seule fois et il ne sait toujours pas donc pourquoi je ne l’aime pas. Mais si je ne veux pas lui dire c’est parce que je devrais lui parler de mon passé et je n’ai certainement pas envie de faire ça. Alors que pour le cas d’Ayleen ça m’étonnerait que sa haine ait un rapport avec son passé. Enfin après tout on ne sait jamais, mais j’étais tout de même curieuse de savoir ce que j’avais bien pu faire pour qu’elle en vienne à me détester autant. Enfin bref, après ce petit échange Ayleen me dit que j’aurais sûrement préféré me retrouver coincée ici avec un homme. Je commençais vraiment à penser que c’était ça qui la dérangeait chez moi, mais c’était quand même étrange, je veux dire je fais encore ce que je veux, si j’ai envie de coucher avec pleins de gens. Je n’ai jamais cherché à le cacher parce que pour moi chacun a le droit de vivre sa vie comme il l’entend, mais je ne suis pas non plus en train de me vanter de mes conquêtes. Enfin en tout cas je n’ai jamais eu l’impression de le faire et si je l’ai fait ce n’était vraiment pas voulu. Mais enfin la réponse à la question était évidente, j’aurais préféré me retrouver avec n’importe qui d’autre sauf elle. Que ce soit un homme ou une femme ça m’était égal, je n’aurais pas non plus couché avec le mec dans cet ascenseur. J’aime bien coucher avec des hommes, mais quand même il y a quelques limites. Dans l’université, je ne me le permettrais pas ! Oui c’est plutôt évident que j’aurais préféré me retrouver avec un homme ou n’importe qui d’autre que toi c’est certain ! Pourquoi ça pose un problème que je préfère ça ? Je la regardais avec un petit air de défi. Après tout si elle me détestait bien à cause de mes nombreuses conquêtes alors autant aller chercher la petite bête pour que la vérité sorte enfin au grand jour.

Au moment où l’ascenseur s’était arrêté je n’avais pas du tout pensé à appuyer sur la sonnerie étant donné que je m’étais plutôt concentrée sur le fait que j’allais devoir supporter Ayleen jusqu’à ce que quelqu’un fasse quelque chose. Je levais les yeux vers le bouton alors que je venais de m’asseoir par terre et j’appuyais dessus plutôt fort. Je levais ensuite les yeux vers Ayleen, il est vrai que j’aurais pu y penser plus vite et que je passais du coup un peu pour une idiote. Mais ça m’était totalement égal, le ridicule ne tue pas comme on dit. Heureusement parce qu’avec toutes les fois où je me suis rendue ridicule je serais déjà morte depuis longtemps. Enfin bref. Oui j’attendais que tu me le dises, entendre ta voix est un plaisir pour mes oreilles et je voulais profiter de ta présence le plus longtemps possible. Bien sûr tout ça était dit sur le ton le plus ironique dont j’étais capable. Je continuais de fixer Ayleen droit dans les yeux, je sentais que cette pause de midi allait être longue. Je détestais les ascenseurs et j’avais l’impression qu’à chaque seconde qui passait je perdais un peu plus d’air. Ca c’était un effet de ma claustrophobie et je n’aimais pas ça, je n’aimais pas ça du tout. Je n’allais pas me sentir bien tout bientôt et je devrais en plus me concentrer pour supporter Ayleen. Il fallait que les réparateurs se dépêchent vraiment parce que je n’allais pas tenir ici des heures et des heures. Depuis que je suis dans cette université il n’y a jamais eu de panne, ou alors je ne me trouvais pas dedans. Alors pourquoi y en avait-il une maintenant ? Apparemment j’avais fait quelque chose de mal et il fallait que je sois punie. Mais il me semblait que dans mon enfance j’avais déjà été bien assez punie comme ça. J’étendais mes jambes sur le sol et respirait un bon coup avant de dire plus pour moi-même que pour Ayleen. Comme si j’avais déjà pas assez ramasser.

HJ : Pas de souci ça me va très bien

Je voulais vraiment comprendre pourquoi Ayleen me détestait ainsi, je voulais comprendre ce qu’il se passait dans sa tête pour qu’elle en arrive à me parler comme elle le faisait depuis quelques temps maintenant. Je n’avais encore jamais réussi à percer ce mystère et je devais avouer que ça me tendait un petit peu. A chaque fois que je le voyais je me creusais la tête à la recherche de quelque chose que j’aurais pu lui faire. Mais il n’y avait rien à faire, je ne voyais pas du tout où était le problème. Elle venait de me faire une remarque sur le fait que j’aurais sans doute préféré me retrouver dans cet ascenseur avec un homme. C’était exact, j’aurais préféré me retrouver avec un homme ou n’importe qui d’autre plutôt qu’avec elle. Sa présence me devenait presque insupportable. Non seulement parce qu’elle tentait toujours de me chercher un peu pour m’embêter, pour me faire réagir, mais en plus parce que je ne savais pas du tout les raisons de son attitude. Je n’avais jamais rien fait de dérangeant pour elle, en tout cas pas que je sache et j’avais beau réfléchir encore et encore je ne voyais toujours pas ce qui pourrait clocher chez moi. Je regardais Ayleen alors que celle-ci venait de me dire que je faisais comme je voulais de toute façon et que c’était sûrement ce que j’étais en train de me dire avec toutes les petites questions qu’elle me posait. Oui c’était vrai, elle se mêlait de quoi après tout ? Qu’est-ce que ça peut lui faire que je préfère me trouver là dans cet ascenseur en présence d’un homme plutôt qu’avec elle ? Je reportais mon regard sur la paroi en face de moi. Ayleen me détestait donc peut-être bel et bien à cause de mon côté séductrice. Peut-être était-elle jalouse ? Mais c’était une fille très jolie qui devait attirer beaucoup de jeunes hommes sans problème. En tout cas c’était ce que je pensais, je ne voyais pas vraiment pourquoi elle devrait être jalouse de moi. Alors qu’est-ce que c’était exactement ? Je n’en savais toujours rien du tout. J’espère bien que je fais encore ce que je veux, mais ce que je me demande surtout maintenant c’est pourquoi tu me fais une scène comme ça depuis je ne sais combien de temps, qu’est-ce que je t’ai fait ? Oui c’était là la vraie question. Mais je me doutais bien qu’elle n’allait pas me répondre aussi facilement que ça. Après tout je faisais exactement la même chose avec un certain Maël Lefevre. Je le détestais, depuis un bon moment. Mais il ne savait pas pourquoi et il souhaitait savoir bien sûr. Mais pour ma part je ne voulais pas lui en parler parce que ça concernait quelque chose de très personnel et il n’y pouvait pas vraiment grand-chose, mais c’était comme ça. Pour Ayleen je ne savais pas, c’était peut-être aussi quelque chose de très personnel, c’est bien possible je ne peux pas vraiment savoir en fait. Peut-être qu’elle va se décider à me le dire maintenant, qui sait ! En tout cas j’espérais que j’allais avoir la possibilité de le savoir un jour et non pas qu’on allait continuer comme ça encore longtemps à s’envoyer des vannes pour aucune raison précise. J’avais ensuite oublié d’appuyer sur le bouton pour signaler que nous étions coincées. Idiot je sais, mais je pense que j’étais tellement concentrée sur le fait que je me retrouvais en présence de cette fille que je n’avais plus pensé au reste. Enfin en tout cas maintenant j’avais appuyé dessus c’était certain tout en envoyant une phrase pleine d’ironie au passage. Ayleen me répondit en faisant elle aussi dans l’ironie, forcément. Je levais les yeux vers elle avec un petit sourire, comme si j’allais accepter qu’elle me fasse ça, faut pas rêver ! J’en avais déjà marre d’entendre sa voix maintenant. Je n’ajoutais rien à cette phrase, il n’y avait rien à ajouter, mon sourire en disait déjà assez long sur ce que je pouvais penser. Le silence s’installait dans l’ascenseur et j’appréciais ça pour quelques secondes. Mais je finis par rompre le silence, j’avais la poisse décidément. Il n’y avait que moi pour me retrouver dans des situations pareil. J’avais soupiré et dit que je pensais déjà avoir assez ramassé. Mais apparemment le destin en avait décidé autrement. Apparemment il voulait que je continue à galérer encore un moment. Je fus surprise cependant d’entendre la réponse d’Ayleen. Sa voix c’était totalement adoucie, à présent elle me parlait plus normalement, comme deux personnes qui seraient en train de faire connaissance et comme si elle ne m’avait jamais détestée. C’était étonnant, très étonnant et je ne comprenais pas exactement pourquoi elle commençait à me parler comme ça soudainement. Apparemment elle aussi avait ramassé dans sa vie. Peut-être qu’elle et moi pourrions très bien nous entendre. Oui seulement la demoiselle avait décidé de me détester pour une raison inconnue, je ne voyais donc pas pourquoi je devrais faire un effort pour essayer de bien m’entendre avec elle. Elle avait lancé les hostilités et lui montrer un peu de sympathie serait un peu trop facile pour elle à mon avis. Je regardais Ayleen quelques secondes puis je reportais mon regard où il était avant. Je ne suis pas d’accord avec ton tous, certains ramassent vraiment plus que les autres il n’y a aucun doute là-dessus. C’est injuste, mais enfin c’est comme ça et généralement ceux qui ramassent le plus doivent subir tout ça beaucoup trop longtemps à mon goût ! Voilà que nous étions partis dans des petites conversations sur la vie et sur le fait de ne pas avoir de la chance. Je n’en revenais pas qu’on en était arrivée là. Mais en même temps je préférais bien plus ça que de continuer à s’envoyer des petits pics sans aucune raison précise. Peut-être que tout ça allait nous mener à quelque chose d’un peu plus sérieux, peut-être que nous allions finir par avoir une conversation normale sans s’engueuler ou quoi que ce soit dans le genre. Mais est-ce que c’était vraiment possible ? Je n’en savais rien. Il ne me restait plus qu’à attendre et voir ce que ça allait donner.

Je n’aimais pas les ascenseurs, je n’aimais pas Ayleen, je n’aimais plus cette journée. J’avais qu’une seule envie sortir d’ici, rentrer chez moi et me poser devant un bon film. Mais je n’avais pas d’autre choix que de rester ici et attendre que quelqu’un se décide à venir nous ouvrir. Je venais de lui dire que j’espérais bien pouvoir faire encore ce que je veux. Ce n’était certainement pas à elle de me dire ce que j’avais à faire en plus. Apparemment avec ma remarque Ayleen ne savait plus vraiment quoi me répondre, elle n’appréciait sans doute pas que je lui demande ce que c’est son problème, ce que j’ai bien pu lui faire. J’en avais un peu assez de ces petites disputes pour rien du tout. Je voulais enfin savoir ce qu’il y avait, mais de toute évidence elle n’était pas prête à m’en parler. C’était malheureux, mais c’était comme ça. Nous allions continuer à nous disputer encore et encore sans savoir pourquoi. Je devrais encore la supporter jusqu’à ce que quelqu’un se décide à nous sortir de là, j’avais l’impression qu’on y était déjà depuis plus de 20 minutes, alors qu’en réalité ça devait faire 5 petites minutes que nous étions coincées. Mais le temps passe toujours très lentement lorsqu’on se trouve dans un endroit qu’on n’apprécie pas avec en plus une personne qu’on n’apprécie pas non plus. Mais oui tu fais comme tu veux. Je n’avais rien de plus à ajouter, ce qu’elle venait de dire n’avait que très peu de sens de toute façon et je n’allais pas chercher à m’énerver là-dessus. Par contre ce qui suivit ne m’enchantait pas vraiment. Pour une fois dans ma vie je m’étais plain de mon sort. C’était rare venant de moi, généralement je ne le faisais jamais. Je gardais sous silence mon passé et je montrais une joie de vie incroyable. Oui les gens qui me connaissent savent que je suis quelqu’un de très souriant et positif et franchement quand on connaît mon passé je pense qu’on peut voir ça comme un miracle. Garder le sourire après s’être fait frappée pendant 5 ans par son propre père, puis quelques temps plus tard par son petit ami, c’est un exploit à mon avis. Je ne supportais donc pas qu’Ayleen me reproche de me plaindre, j’estimais en avoir le droit, une fois de temps en temps et je n’étais pas du tout d’accord avec le fait qu’on pouvait faire quelque chose pour arrêter de ramasser. Oui je pouvais par exemple ne plus parler à qui que ce soit, pour ma part j’avais choisi de ne plus faire confiance aux hommes, de ne plus tomber amoureuse et de ne me contenter que d’histoire d’un soir. C’était une solution comme une autre, je n’avais rien trouvé de mieux et je ne trouvais pas que c’était franchement une chance d’avoir ce mode de vie. Etre presque condamné à ne pas tomber amoureuse n’était certainement pas une chance, en tout cas pas pour moi. Moi aussi j’avais envie d’avoir un petit copain, moi aussi j’avais envie de connaître ce que c’était la vie de couple et franchement je ne pensais pas qu’à 9 ans j’avais envie de me faire frapper par mon père. D’après elle si on ne voulait pas ramasser on pouvait l’empêcher, je ne pensais pas vraiment que ce soit le cas. Lorsque j’avais 9 ans je ne voulais pas me faire frapper par mon père, je voulais plutôt recevoir un peu d’amour de sa part, mais à la place j’avais reçu des coups et ce n’était pas quelque chose que j’aurais pu empêcher, certainement pas même. Ensuite pour ce qui était de mon petit copain, je ne m’étais doutée de rien et je pensais avoir déjà assez ramassé après 5 ans, mais non il fallait encore que ça m’arrive. Depuis je n’avais plus rien reçu c’est vrai, mais devoir vivre avec ça comme passé est un sacré poids. Surtout que je suis obligée de me mettre des barrières pour ne pas prendre le risque de me faire refrapper une fois. Bon je ne suis pas vraiment obligée en réalité, mais franchement quand vous avez vécu ça je pense que tout le monde ferait à peu près la même chose. Je me relevais donc calmement dans l’ascenseur pour faire face à mon ennemie. Je ne voulais pas m’énerver, ça ne servait à rien, mais ce n’était pas évident. Je détestais que les gens pensent que je suis une fille pourrie gâtée, mais ce que je détestais encore plus c’est qu’on me prenne pour quelqu’un qui passe sa vie à se plaindre. Je ne voulais pas dire par là qu’Ayleen ne savait pas ce que c’était d’avoir une vie difficile, en entendant son histoire je me doutais bien que tout avait dû être difficile pour elle. Mais elle ne connaissait rien de ma vie, elle ne me connaît pas du tout alors juger que je passe mon temps à me plaindre parce que j’ai eu le malheur de le faire une fois me rendait folle de rage. Quoi qu’il en soit j’arrivais à contenir cette rage au fond de moi, je respirais un bon coup et tentais de lui répondre sur un ton qui se voulait calme. Tout d’abord je pense que tu devrais attendre de connaître les gens avant de les juger parce que si tu avais pris cette peine tu saurais que je ne suis de loin pas le genre de personne à se plaindre constamment, en fait aujourd’hui c’est peut-être même la seule fois de ma vie où je l’ai fait. Ensuite encore une fois tu ne connais pas ma vie et je pense donc avoir le droit au moins une fois de m’en plaindre. Ca ne fait aucun doute tu n’as pas eu une vie facile et tu gardes cependant le sourire, c’est super et si tu me connaissais un peu tu saurais qu’il n’y a pas plus souriante et positive que moi. Finalement quand tu dis que si je ne veux pas ramasser tu ne ramasses pas je ne suis franchement pas d’accord avec toi. Je ne crois pas avoir choisi que mon père me frappe pendant 5 ans, je ne crois pas avoir choisi qu’une fois tout ça terminé mon petit ami s’y mette aussi et je ne crois pas avoir choisi qu’aujourd’hui je dois vivre avec tout ça tous les jours, à ne plus pouvoir avoir confiance en qui que ce soit à ne plus être capable d’avoir un petit copain à cause de ça. Non franchement je n’ai pas choisi ça une seule seconde, la seule chose que j’ai demandé c’est de recevoir un peu d’amour de la part de mon père et ce que j’ai reçu c’est des coups tous les soirs. Pourtant je ne voulais pas ramasser, c’est quand même arrivé et c’est comme ça aujourd’hui je vais devoir vivre avec ça toute ma vie et pour moi c’est comme si je continuais à ramasser. Devoir se méfier de chaque personne qu’on rencontre ce n’est franchement pas facile. Alors maintenant si tu penses que j’aurais pu éviter tout ça explique-moi ta solution miracle. Je ne pense pas non plus que tu aurais pu éviter ce qui t’es arrivé et aujourd’hui tu dois aussi faire avec et même si tu gardes la tête haute au fond tu sais très bien que ça va te poursuivre toute ta vie ! Je ne pense pas être la plus à plaindre, loin de là, mais je pense simplement que certaines personnes se plaignent pour des choses insignifiantes pendant que d’autres vivent constamment avec le souvenir de leur passé difficile. Et voilà c’était dit, je ne comptais pas rentrer plus dans les détails que ça, j’avais dit ce que j’avais à dire, elle pouvait penser ce qu’elle voulait à présent, mais je voyais les choses comme ça pour ma part. Je voulais bien essayer de passer par-dessus tout ça et faire comme si de rien était. J’y arrive, mais je n’arrive pas à faire confiance aux gens c’est tout simplement impossible pour moi.