RILEY & SHAWN.

Début de soirée, Shawn avait brièvement mangé une salade et s’était rendu aux bâtiments des Alpha. Non pas d’amantes, ni d’amis. Pour savoir ce qu’il était en train de faire dans cette maison, mieux valait se pencher sur la caractéristique des membres de cette confrérie. Leur intelligence, et leur culture. Effectivement. Shawn n’était pas idiot, loin de là, il aurait pu prétendre à une place dans cette maison s’il n’avait pas eu quelques lacunes en matière scientifique. Toutefois, adieu les mathématiques, physiques et autres sciences pour étudier les relations entres les hommes afin de devenir un grand homme politique. Toutefois avant d’y arriver, Shawn devait se faire un carnet d’adresse très important. Polyglotte, il avait néanmoins besoin de leçons pour parler japonais. Pour cela rien de telle qu’une petite japonaise alpha. Voilà qui il allait voir. Parfait cliché de l’étudiante sérieuse. Elle était petite boulotte, portait des lunettes, avait de sérieux problème avec l’acné, mais avait une rigueur incomparable. C’est pour cette dernière raison qu’il avait préféré lui demander à elle plutôt qu’une autre. Cela faisait plusieurs mois qu’ils suivaient ses cours avec intensité. En temps normal, les deux étudiants allaient dans la bibliothèque. Sauf que cette fois, elle ne pouvait pas. Shawn n’avait pas cherché à comprendre et avait accepté de se rendre dans sa chambre. D’un pas rapide, il avait passé sous les fenêtres des étudiants jusqu’à ce qu’un événement des plus improbables vient à se produire. De l’eau, il avait reçu de l’eau. Et non, il ne pleuvait pas. Shawn passa sa main sur sa tête et alors qu’il comprend ce qu’il vient de se passer, il peste. Sa voix rauque et grave résonne dans la petite rue qui mène au bâtiment. Pas grand monde dehors, mais les quelques étudiants dehors de sont retournés vers lui en essayant de comprendre pourquoi il venait perturber la quiétude des lieux.

« Mais bordel de merde, qui est le con qui a osé ? »

Mouillé de la tête au pied. Il est forcé de constater qu’aucune partie de son corps et aucun vêtement qu’il portait sur lui n’avait été épargné. Sa veste en cuir était probablement fichue, sa chemise trempée, son jean humide et ses chaussures avaient fait un bruit des plus étranges quand il avançait. Son sang n’avait fait qu’un tour. Shawn était un nerveux, qui détestait par-dessus tous les obstacles qui se mettaient en travers de sa route. Et clairement ce seau d’eau en est un. On l’empêche d’étudier. Shawn met sa main dans sa poche et remarque que son portable a été épargné. Enfin, il est mouillé mais fonctionne toujours. Rapidement, il cherche dans son répertoire la personne qu’il était censé voir et lui demande d’un ton sec de descendre immédiatement le rejoindre là où il était. Zélée, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle était devant lui, les yeux exorbités en le voyant mouillé comme s’il avait plongé dans une piscine. Dans ses yeux, il avait pu voir qu’elle aurait pu être facilement amusée par la situation si ce n’avait pas été l’héritier devant elle. Paniquée, elle ne sait pas ce qu’elle doit faire, alors elle essaye d’éponger avec son gilet l’eau sur sa veste. D’un geste de la main, Shawn la fait reculer, et cette fois ci nettement moins fort mais avec tout autant d’amertume, il reprend la parole, et n’hésite pas à se montrer directif.

« Leçon annulé. Fais moi entrer et montre moi qui était dans cette pièce là haut. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les voilà qu’ils montaient quatre à quatre les marches de l’escalier. La décoration était sobre et épuré. Typiquement Alpha. De loin, le jeune Williams préférait celle qui était dans sa propre maison, celle des Epsilon. Enfin, ils arrivèrent dans le couloir qui devait être réservé aux étudiants. Ca venait d’une chambre. Très bien. Shawn serra les dents, attendant de pouvoir envoyer son poing dans l’homme qui avait cru bon de balancer de l’eau par-dessus sa fenêtre sans vérifier si personne ne se trouvait en dessus. Les poings serrés également, il laissa l’intello se débrouiller pour compter les portes et s’arrêter devant celle qui contenait l’impudent. Elle frappa, et Shawn lui indiqua qu’elle pouvait repartir aussi vite qu’elle était venu et la remercier par le regard. Jamais il ne dirait merci, ça faisait partit de son caractère. Le poing serré, il frappa, encore et encore jusqu’à ce qu’on ouvre. Impatient, il allait frapper quand la porte s’ouvrit. Mais surprise, ce n’était pas un homme comme il aurait pu le croire. Le jeune étudiant avait du baisser la tête pour regarder un petit bout de femme. Pas le temps de l’analyser, de comprendre qui elle était. Il se retenait physiquement mais quand sa bouche s’ouvrit, quelques mots haineux sortirent.

« Ma pauvre fille, enfile tes lunettes, et la prochaine fois que tu dois balancer de l’eau, assure toi que je sois à des kilomètres d’ici. Parce que je ne risque pas d’être aussi agréable la prochaine fois. Compris, l’intello ? »

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Écouter The New Cities après une longue nuit de révisions sur les cardiomyopathies, c'était sans doute la meilleure idée que j'avais eue ce matin. Pour mon organisme, c'était bien meilleur que du café ou du thé. Et cela me permettait de m'aérer l'esprit avant de faire un peu de ménage dans ma chambre, dans un état pire que lamentable et pour cause : mon lit n'était pas fait, de même pour ma vaisselle, ainsi que la poussière qui s'accumulait depuis quelques jours sur mon bureau. Ce n'était pas que je sois particulièrement bordélique, au contraire, mon sens de l'organisation n'était plus à prouver, c'était simplement un manque de temps et de motivation. Ces dernières semaines s'étaient avérées particulièrement longues, notamment à cause de cours que je donnais à des élèves de médecine en première année. C'était plutôt utile quand il s'agissait de financer mes fins de mois. En fait, j'étais même enthousiaste à l'idée de me revoir quatre ans auparavant, débarquant à l'université, moi petite lycéenne qui ne connaissait rien de la vie. Mes élèves étaient souvent de jeunes garçons, ce que je n'aurais su expliquer sans une quelconque idée malsaine derrière la tête. Mais je demeurais optimiste quant à leur avenir, certains semblaient plus que prometteurs. Peut-être qu'eux aussi avaient définitivement abandonné le fantasme de conserver une quelconque vie sociale tout en voulant réussir ses études, ce qui expliquait certainement pourquoi je me sentais si proche d'eux sans les connaître vraiment.
J'avais d'ailleurs rendez-vous aux alentours de seize heures cet après-midi, avec un dénommé Jake, nouvel élève qui désirait en plus que je lui fasse visiter le campus. J'avais plus ou moins oublié de lui mentionner que j'étais moi aussi une novice, puisque j'étais arrivée à Berkeley il y a quelques mois seulement. Il me payait plus cher, et je n'étais pas en mesure de cracher dessus. Quoiqu'il en soit, puisque le jeune homme préférait étudier dans ma chambre, il me fallait faire un effort : et pour me motiver, la chaîne-hifi était allumée à fond, peu importe que cela puisse déranger mes voisins, eux ne se gênaient pas quand ils étaient en compagnie de leurs amants/amantes. Il y avait un nombre incalculable de papiers par terre, qu'il s'agisse de paquets de bonbons ou de cours dont je n'avais plus besoin, tout finissait direction la poubelle. Et cela me prit un long moment, avant que je ne décide à me mettre à la vaisselle. Une semaine de vaisselle à laver. Heureusement que j'étais seule dans ma chambre.

"Ah merde ! Comme si c'était le moment tiens ..."

Un évier bouché. Bah oui tiens pourquoi pas. Je sortais dans le couloir en espérant croiser quiconque saurait m'aider. Malheureusement, une fois n'est pas coutume, les rats de bibliothèque que nous étions tous travaillaient, naturellement. Je lâchai un soupir de circonstance et retournai dans ma chambre en traînant des pieds. Par obligation, je dus m'improviser plombier d'un jour. De toutes façons, je n'avais pas vraiment d'autres options : il fallait bien que je commence à me débrouiller toute seule, et cela ne devait pas être bien compliqué. Je m'agenouillai devant l'évier et observai un moment la mécanique de ces trucs là et je tentais une manipulation des plus délicates. Par sécurité, je plaçais un saut juste sous la canalisation incriminée et dévissais la pièce qui semblait poser problème. De l'eau noirâtre s'écoula du tuyau, et il me fallut prendre mon courage à demain pour aller chercher ce qui avait causé ce dégât.
C'est sans me poser de question que j'allai vider le saut par la fenêtre pour continuer mon petit manège, sans vraiment me préoccuper d'autre chose que de la propreté à venir de ma chambre. Je refermai ma fenêtre et me remis au travail. J'avais revissé le tuyau, et nettoyé les saletés qui traînaient par terre, quand on vint frapper à ma porte, d'une façon plus qu'énergique, presque furieuse.

"Oui deux secondes, j'arrive !"

J'étais agacée que l'on vienne me déranger ainsi, je n'avais certainement pas que ça à faire. Je me lavais les mains rapidement et allai ouvrir. Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris un jeune homme, qui n'était pas inconnu de moi d'ailleurs, trempé de la tête aux pieds, qui me toisait d'un regard haineux. Il me fallut un moment avant de comprendre, de faire le rapprochement entre mon geste inconsidéré quelques minutes plus tôt, et l'état lamentable dans lequel se trouvait Shawn. Tout du moins il me semblait que c'était son nom. Shawn, Chace, un truc du genre, je n'étais pas sûre.

"Je ... Oh mon dieu mais ... Je suis vraiment désolée j'ai pas regardé, vraiment, je savais pas que t'étais là ..."

Paralysée par tant de haine dans son regard, je n'étais pas sûre de la conduite à adopter, sûrement parce que j'étais un peu intimidée aussi. Fallait bien avouer que j'avais passé un certain moment à l'observer sur le campus et que j'avais toujours beaucoup de mal à articuler lorsqu'il se tenait à moins de dix mètres de moi.

"Si tu veux, j'ai des fringues à mon cousin qui traînent dans le placard .. Je peux te les passer, il est pas là, ça le dérangera pas. Écoute, j'suis vraiment désolée encore une fois ... J'ai été nulle, enfin heureusement, c'était que de l'eau, c'est pas si grave."

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A peine la porte avait elle ouverte, que Shawn et son œil d’expert examine rapidement la chambre de la propriétaire des lieux. Un sacré bordel. Shawn n’osait même pas imaginer le nombre de germes que devait comporter la pièce d’une dizaine de mètre carré. Shawn roule des yeux en l’écoutant parler. Sa voix semble tremblante en tout cas très peu sure d’elle. Du coup, il extrapole en pensant qu’elle doit être la moins bonne des élèves chez les Alpha. Son côté timide et son naturel ne lui plaise pas. En faite, il ne la regarde pas en elle-même, tout ce qu’il voit c’est le stéréotype de l’Alpha. Jeune femme qui passe sa vie à étudier, qui ne rencontre que des personnes que pour les cours. Ce genre de vie aurait pu être le sien vu que Shawn a un très bon niveau en langue et en histoire. Mais, jamais il n’aurait voulu de cette vie. Rien ne semblait être attirant dans ce qu’elle faisait. Agacé, et surtout trempé, Shawn n’allait pas la laisser s’en sortir avec ses airs de sainte ni touche et son petit sourire gêné. D’ailleurs, il la soupçonne même d’avoir rougi alors que l’étudiant tambourinait à sa porte. Quant enfin elle parle, c’est pour lui tendre le bâton pour se faire battre. La demoiselle avait donc un côté maso, ça tombe bien elle allait être servi avec l’héritier Williams. Ne décolérant pas, il desserre les dents et trouve qu’une petite remise en question ne lui ferait pas de mal. Shawn la regarde de haut en bas, hausse ses sourcils. Elle n’allait pas s’en sortir si facilement.

« Hey, l’intello’ tu penses sérieusement que je vais porter les fringues de ton cousin ? Pauvre fille… »

Il soupire, et décide de venir inspecter les lieux de lui-même. Prétentieux, il n’attend pas d’autorisation spéciale pour entrer dans la chambre de l’étudiante. Il passe à côté d’elle et va faire l’inspection des lieux. Mouais, comme il l’avait pensé. Il regarde sur le bureau et trouve une pille de papier de cours en tout genre. Un rapide coup d’œil sur des schémas d’anatomie lui avait comprendre qu’il y avait de fortes chances pour que la demoiselle étudie la médecine. De nouveau son regard vient à se tourner dans un évier ou un lavabo, il ne sait toujours pas à quoi peut bien servir cette chose innommable et voit le nombre de couverts empilés formant une tour de Pise des plus précaires. Dégoûté par le spectacle sous ses yeux, il fait un petit bruit significatif. Bien décidé à la rabaisser plus que nécessaire, il avance dans les appartements de la jeune femme. Sous prétexte que l’endroit n’est pas aussi propre que le sien, il va faire la fenêtre et l’ouvre en grand comme pour aérer les lieux. Une fois fait, il attend que l’odeur de l’extérieur envahisse les lieux pour s’adosser dans l’embrasure de la fenêtre. Adossé, il espère ainsi sécher grâce à la fraicheur de la nuit. Tout ce qu’il pourra surement avoir c’est un bon rhume et s’il a de la chance cela évoluera en grippe ou qui sait en pneumonie, quelle joie ! Les bras croisés contre lui, il garde un air sévère et intouchable avant de reprendre la parole.

« En faite, je vois que tu es pas très douée. Je t’explique ce que tu es censée faire. Déjà, tu expliques comment ç a se fait que je me sois pris une saucée pareil. Et ensuite, tu te débrouilles pour faire en sorte que j’ai moins les nerfs vis-à-vis de toi. Mais crois moi, il ne faudra beaucoup plus que me proposer les vêtements miteux de ton cousin. »

C’est ce qu’on appelle une personne vexante. Shawn, bien déterminé à exercer tous le sadisme dont il était capable compte sur ses positions pendant un bon moment. Et puisqu’il avait deux heures de révisions passés à la trappe, il allait les utiliser pour rendre chèvre la jeune alpha. Borné, il camperait sur ses positions pendant un bon moment. Sourire malsain sur le visage, il penche sa tête sur le côté et observe les réactions de la brune. Shawn est le genre de personnage qui aime bien se jouer des autres. Il se sent puissant en se montrant aussi méchant. C’est sa façon d’exister de se mettre ne marge de tous les codes que ses parents lui ont appris. Bien plus proche du cliché du jeune riche qu’il ne le voudrait, il réplique une nouvelle fois en étant cette fois ci beaucoup plus directif. Il décroise les bras et enlève sa veste pour dévoiler son tee shirt de marque qui marquait ses formes de sportifs du dimanche. Secouant son maillot pour le faire sécher, il termine sa petite parade.

« En faite, je suis pas un monstre. Je vais pas t’imposer ma présence pendant des heures. Simplement le temps que mes affaires sèches. Mais je te rassure, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de soleil. »

Sourire. Sarcasme, et sur ces bonnes paroles, il vient à poser ses fesses mouillées sur son lit.

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Si la première chose à laquelle j'avais pensé était de savoir d'où venait ce garçon et surtout ce qui lui était arrivé, la gêne me rattrapa bien vite : la gêne de lui montrer, à lui, Epsilon d'une classe qui n'était plus à prouver, le taudis dans lequel je vivais depuis quelques jours. J'imagine que son appartement devait toujours être d'une propreté impeccable, il avait d'ailleurs très certainement une femme de ménage qui s'évertuait à l'entretenir. Ce n'était pas mon cas. Et c'était aussi l'excuse la plus lamentable qu'il était possible d'entendre. Au fond, je n'avais aucune raison de n'avoir pas nettoyé avant. Je n'étais pas une grande maniaque, mais je n'étais pas non plus bordélique, et l'image que je véhiculais là n'était définitivement pas la bonne. Ma vaisselle qui attendait malheureuse sur le bord de l'évier, mon lit complètement défait et couvert de bouquins en tout genre ... Et pas seulement, d'ailleurs. Pour ma plus grande honte, un ensemble de sous-vêtements, achetés la veille, trônait fièrement sur ma chaise de bureau comme pour me dire "ahah, c'est bien fait, t'avais qu'à ranger !". Mais qu'importe, j'imagine que je n'étais plus à ça près désormais, même si le bordel qui envahissait ma chambre semblait le dégoûter au plus haut point. S'il était indisposé, rien ne l'empêchait de partir, et de me laisser reprendre le cours de mon ménage tranquillement. Il penserait juste à ne pas repasser sous ma fenêtre à l'avenir. Et comme je pensais bien qu'il ne repartirait pas dans cet état, je crus bon de lui proposer des vêtements, après tout, qui aurait voulu traverser le campus trempé et surtout par un froid pareil ? Apparemment, ça ne lui posait aucun problème ...

« Ben ... Tu vas pas sortir comme ça, si ? »

J'avais été plus que piquée par ses réflexions. La pauvre fille l'emmerdait, mais elle n'avait malheureusement pas le courage de l'assumer. C'avait toujours été la même chose ... J'avais des opinions, parfois relativement osées. A propos de tout, de tout le monde. Sur lui, elle était assez mitigée : un gosse de riche arrogant et fier, désagréable avec les moins fortunés que lui et avec ceux qui ruinaient ses vêtements. Ce dernier point était toutefois largement compréhensible. Malgré tout, pour l'avoir observé un moment, j'imaginais qu'il n'était pas si terrible, mais c'était sans doute un fantasme comme un autre, une fois n'est pas coutume. Et sa belle gueule ne l'autorisait certainement pas à entrer ainsi dans ma chambre pour me rabaisser plus bas que terre, alors qu'il ne valait pas mieux que moi, j'en étais sûre. Pour qui se prenait-il à me parler comme ça ? Certes, j'avais fait une gaffe, certes, j'avais massacré ses fringues, certes, j'avais été très conne. Mais il était un tantinet rancunier là ... Et je le regardais détailler ma chambre d'un air dédaigneux, insupportable. Ouvrir ma fenêtre comme si l'atmosphère qui régnait le dérangeait royalement. Que n'aurais-je pas donner pour l'envoyer balader ... Mais je lui étais redevable, bien malgré moi, et jusqu'ici j'avais toujours fait en sorte de régler mes dettes en temps et en heure. Et tandis qu'il s'adossait contre la fenêtre, je commençais à ranger mon bureau tant que faire se peut. Trier mes feuilles de cours, en tentant de ne pas lui prêter attention. Parce qu'au fond, je n'avais pas grand chose à lui dire, il était là, à toiser avec mépris mon taudis, et cette attitude m'exaspérant au plus haut point, j'étais sûre qu'une réaction de ma part n'aurait fait qu'empirer les choses. Loin de moi l'envie de m'attirer des ennemis, même si désormais j'étais persuadée que nous ne réussirions jamais à nous entendre. Et bizarrement, je pouvais presque affirmer qu'être dans le camp de ses adversaires n'était pas une bonne chose.

« J'ai eu ... Un problème de plomberie en fait. Il a fallu que je me débrouille toute seule, j'étais crevée, j'ai pas fait gaffe et voilà. C'était un accident. Ecoute, j'ai pas grand chose à te proposer. J'peux te payer le pressing, j'imagine qu'un mec comme toi lave pas ses fringues à la machine ... »

Ca avait été dit sur un ton tout à fait neutre, en réalité, cela sonnait plus comme un reproche que ce que je n'aurais voulu. Qu'il soit plein aux as, je m'en contrefichais, c'était son comportement typique d'un gamin riche qui me posait problème. Sauf que vraisemblablement je n'étais pas prête de m'en débarrasser, il n'avait pas l'air de bien comprendre que je n'avais pas que ça à faire, supporter ses caprices tout ça pour une petite douche ... Aussi étrange que cela puisse paraître, j'étais réellement mal à l'aise. Non que je culpabilisais, j'étais juste intimidée. Certainement le résultat de mes espèces de fantasmes puérils et réguliers sur sa personne. C'est pourquoi mes gestes étaient désordonnés, particulièrement maladroits. J'étais sur les nerfs, purement et simplement, alors que quelques minutes auparavant, je m'étais totalement détendue. Et il ne faisait rien pour arranger les choses, je le soupçonnais d'ailleurs de le faire exprès.

« Non mais tu peux pas rester ici ! J'veux dire, j'suis occupée, j'ai des trucs à faire, et ça se voit d'ailleurs .. Ma chambre est un vrai champ de bataille. En plus, j'ai des cours à bosser. »

RILEY & SHAWN.

Shawn était une version moderne du jeune héritier rebelle. Son histoire avait un fond d’adoption et de drogues. Histoire pathétique mais histoire réelle. Bien sur que cela humanisait l’archétype qu’il représentait, mais il n’allait pas s’en venter préférant paraitre antipathique et monstrueux. Du coup, assis dans le lit, il écoute à peine ce que l’inconnue a à lui dire. En faite, il entend plus sa voix timide mais sincère, il est déjà parti dans les contemplations de son téléphone portable. Non, il n’envoie pas de messages particulier, au contraire, il se jetait à corps perdu dans l’exploration de ses nombreuses applications. Un jeu, rien de plus débile dont le but était de faire grandir un serpent qui mangeait des pommes. Les bases du snake, un jeu sur lequel il n’avait plus joué depuis des années. Mais, il devait avouer que pour le moment il trouvait cela des plus palpitants. Il avait à présent un reptile d’uen taille plutôt imposante et cela faisait sourire Shawn. D’ailleurs, il comprit qu’elle avait enfin terminé de parler, et le serpent se mangea la queue. Il trouva donc qu’il pouvait éventuellement répondre à son excuse qu’il jugeait des plus pitoyables. Retournant sur le menu de son portable, il vit un message d’un de ses amis. Une connerie, il rit sans se cacher. Elle ne peut pas comprendre, ça lui importe peut. Il répond rapidement à ce message, faisant courir ses doigts sur les touches. Une fois fait, il le pose à côté de lui tout en répondant rapidement à la maîtresse des lieux.

« Mouais, bidon comme excuse. »

Sur ces bonnes paroles pleines d’amour et de compassion, Shawn retourne à son portable. Et cette fois ci, il se décide à appeler une personne. Puisqu’il a du temps à perdre, il décide de l’utiliser un peu plus intelligemment qu’à l’embêter. Même s’il doit avouer prendre un plaisir sadique à rappeler à l’alpha au rang de moins que rien, il se lasse assez vite. Du coup, il se dit qu’il va meubler le temps comme il peut. Faisant un tour rapide dans son répertoire, il tombe sur un frère de confrérie. Ravi, il se dit qu’il allait pouvoir prendre des nouvelles d’un de ses confrères tout en s’amusant à faire une petite réputation à la jeune studieuse. Ravi, il composa le numéro et laissa la sonnerie retentir à plusieurs reprises. Au final, il tomba sur le répondeur. Tant pis, il allait monologuer quelques instants et faire rendre chèvre la jeune femme qui semble s’affairer partout.

« Hey mec, c’est Shawn ? Comment vas-tu ? Je pensais prendre des nouvelles, j’avais du temps à perdre. J’étais parti bosser avec ma tête d’ampoule chez les Alpha, et je suis tombé sur une qui s’est pris pour un plombier. Enfin, rien de bien grave, du coup j’attend dans sa chambre. Tout ce que je peux te dire, c’est que tu as raison les culottes en coton, on peut avoir passé la vingtaine et toujours en porter. Si tu veux je me renseigne sur son prénom et je te file son numéro de téléphone. »

Large sourire sur le visage. Bien sur qu’il n’en sait rien. Shawn est un imbécile à agir comme cela, il faut l’avouer mais rien n’y changerait. Une fois terminé, il raccroche et va ranger son téléphone dans sa poche et se lève du lit. Mal assis, il se relève pour aller inspecter une nouvelle fois les lieux d’habitation de l’alpha. Debout, il trouve déjà que l’endroit est un peu plus clair depuis qu’elle s’affaire. Shawn se penche sur la demoiselle pour voir quels sont tous les papiers qui trainent autour d’elle. Du coup, voulant être particulièrement chiant avec elle, il lui prend une feuille des mains. Un magnifique schéma d’anatomie. Il sait qu’il a touché le pactole en inspectant les différents schémas. Un sourire malicieux quand il vient à garder le papier. Il s’adosse contre le bureau regardant de ses grands yeux sombres sa pauvre victime pour la soirée. Bien déterminé à l’embêter jusqu’à ce que ses vêtements soient secs et surement un peu plus par pur esprit de contrariété qu’autre chose. D’humeur on ne peut plus taquine et sadique, il la regarde, la prend de haut, et s’amuse.

« Le système reproducteur masculin. Mhm, c’est bien le problème de votre maison. A force d’étudier la théorie, vous allez tomber de haut quand vous passerez à la pratique. C’comme croire qu’on peut faire de la plomberie parce qu’on a trouvé où ça se dévisse. La prochaine fois que tu as besoin d’aide, fais appel à un professionnel. »

De quoi parlait-il ? Seul lui le savait. Mais vu son regard sombre pétillant, il avait surement fait exprès de faire en sorte que cette phrase soit extrêmement tendancieuse. A voir son air fier de lui, c’était encore une manœuvre déstabilisante pour faire en sorte de la mettre plus mal à l’aise au plus haut point. Et au lieu d’attendre bêtement qu’elle lui réponde, il regarde les autres cours un peu moins intéressant que celui qu’il tenait dans les mains.

RILEY & SHAWN :cadeaucoeur:

Je ne sais si c'était sa confrérie qui véhiculait cette impression, ou bien ses fringues impeccables -avant qu'elles ne soient complètement détrempées par mes soins-, mais j'étais persuadée qu'il était un connard par excellence. Sa façon de parler indiquait qu'il avait tout de même une certaine culture et qu'il ne se prenait pas pour le dernier des imbéciles. Un orgueil à tout épreuve, voilà sans doute ce qui l'avait conduit chez moi, afin de passer ses nerfs sur la pauvre petite étudiante pathétique qui lui servirait de souffre douleur jusqu'à la fin de l'année. Et naturellement, j'étais trop en tort pour oser me rebeller, après tout, il n'aurait pas été là si j'avais pris la peine de jeter un coup d'œil par la fenêtre. On aurait alors évité toute cette mésaventure. En même temps, c'était là un mal pour un bien. Moi qui m'étais toujours contentée d'observer Shawn de loin, sans jamais oser l'approcher, il était venu à moi de lui-même, bien que notre relation se détériorait de minute en minute, au fur et à mesure qu'il inspectait d'un regard très maniaque ma chambre, véritable champ de bataille. A bien y réfléchir, son silence était des plus angoissants, non que l'opinion des autres à mon égard ait une quelconque importance, mais lorsqu'ils entraient ainsi dans ma vie privée, de force, j'avais tendance à mal encaisser la moindre critique, et son absence de sarcasme était pire que tout. J'étais terriblement gênée, je jouais avec mes doigts, je les triturais, les craquais dans tous les sens en tentant de ranger au possible, sans pour autant lui faire le spectacle de ma médiocrité. Il était de ce genre de personne qui vous faisait vous sentir plus bas que terre, et ce par un simple regard dédaigneux et méprisant. J'avais tout de même réussi à débarrasser mon bureau sans trop de mal, je m'attaquais à mon lit, dépitée. Et tandis que j'attrapais ma couverture pour m'en aller la secouer par la fenêtre et l'aérer un peu, il se désintéressa un instant de son téléphone, juste histoire de remuer le couteau dans la plaie, et retourna laisser courir ses doigts sur le clavier avant de le porter à son oreille. Je n'y prêtais guère plus d'attention que nécessaire, mais je ne pus réellement m'empêcher d'entendre le monologue de mon invité qui n'en était pas vraiment un, et je crus défaillir un instant. Était-il sérieux ? Je pouvais admettre qu'il veuille se venger, mais qu'il ait une réaction si puérile, je ne l'avais pas prévu. Il aurait pu m'insulter, limite me frapper, mais ça, c'était plus bas que tout.

« Mais t'es complètement malade ! Tout ça pour un peu d'eau, t'es vraiment qu'un gamin bordel. »

J'avais beau être furieuse, je me voyais mal lui coller une gifle monumentale, même si l'envie était bel et bien là. Et il passait son temps à trouver n'importe quel moyen pour me faire sortir de mes gonds, pour me pousser à bout, je devais avouer qu'il s'en sortait plutôt bien depuis quelques minutes. Je me contentais donc de lui balancer la première chose qui me vint sous la main, à savoir un nounours dépiauté. Mais quel recours avais-je contre mon tortionnaire ? Et puis au fond, peut-être que cela me plaisait, que cette torture n'était pas si désagréable qu'elle en avait l'air. Cela pouvait paraître un peu masochiste, mais quelqu'un qui me témoignait un tant soit peu d'attention, ce n'était pas courant. Pour autant, je ne pouvais laisser passer de telles idioties sur mon compte. Je ne pouvais évidemment pas lui prouver le contraire de ses allégations en étalant sous ses yeux quelques uns de mes sous-vêtements les plus affriolants, que je portais par pure coquetterie. Lui faire entendre raison était une perspective intéressante. Je n'étais toutefois pas prête à lui montrer cette partie de moi-même, quitte à piétiner ma dignité, sur laquelle il avait de toute façon craché plus d'une fois. Je soupirais et me remettais au travail, m'attaquant à une pile de feuilles de cours désordonnées. Son nouveau passe-temps ? Fouiller dans mes cours pour je ne sais quelle raison, et naturellement, il en tira la plus intéressante, un schéma anatomique de l'appareil génital masculin. Malgré moi, je rougissais de honte, car je ne doutais pas qu'il trouverait une réplique bien sentie à m'envoyer en pleine face. Et cela ne manqua pas. L'originalité n'était pas au rendez-vous, car ce n'était pas le premier à me reprocher de me focaliser sur la théorie.

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'un professionnel. Sauf peut-être pour la plomberie, c'est pas vraiment mon domaine. Mais ... Qui te dit que j'ai pas une centaine de conquêtes à mon actif hein ? T'en sais rien au fond, ce sont que tes préjugés de merde qui te font parler. Ca se trouve, j'ai couché avec plus de gars que toi avec des filles, tu peux pas savoir. »

J'avais tenté de prendre un peu d'assurance en me retournant vers lui et en soutenant son regard mais il fallait plus de cran que je n'en avais jamais eu, et ce fut un effort monumental pour la jeune Alpha que j'étais et qui n'avais jamais osé se rebeller contre qui que ce soit. Mais il commençait sérieusement à m'agacer, à croire qu'il savait tout de tout le monde et que lui, parfait, n'avait strictement rien à se reprocher, et valait dix fois mieux que moi sous prétexte qu'il portait des fringues de marque.

« T'es qu'un abruti. Tu crois que tu sais tout mieux que tout le monde, alors qu'en fait tu sais rien du tout. Tu peux bien me coller ce foutu préjugé de filles bosseuse et sans vie sociale, je m'en fous, je l'assume parfaitement, et si ça te pose un problème, je ne te retiens pas. T'as qu'à aller faire sécher tes fringues chez une de tes conquêtes. »

RILEY & SHAWN.

Et voilà, il avait réussi. Ce qu’il voulait depuis tout à l’heure, c’est que son self control s’en aille, et il avait réussi. Il voyait dans ses petits yeux clairs qu’elle commençait à bouillonner à l’intérieur, mais à chacune de ses répliques, elle était toujours aussi prévenante. Trop au goût de l’héritier pour être humaine. Pas raciste, il n’aime pourtant pas les extraterrestres. Alors, il avait voulu prouver à tous et à toutes qu’on pouvait faire franchir les limites à l’Alpha. Il lui avait simplement fallu 19 minutes. Bon record, et il saluait la performance. A présent qu’il avait mit ses nerfs sur le vif, il se délectait de l’entendre parler plus fort, de laisser sortir ce qu’elle avait au fond d’elle. Shawn trouvait ça beau une femme qui s’énervait. Bien sur il faisait parti du genre de guss qui trouve que la place de la femme est au côté d’un homme. Néanmoins, il ne peut se retenir d’être admiratif vis-à-vis des femmes qui osent croire en leur conviction. D’ailleurs, il sourit à la jeune femme dont il ne connait pas le nom et ne le connaitra surement jamais. Dans son esprit, l’Alpha a un surnom bien choisi, et ça ne changera pas comme ça. Il regarde s’énerver, admiratif de la vitesse à laquelle elle arrive à débiter ses reproches. A présent qu’elle a une sacrée dent contre lui, il est temps pour lui de la titiller un peu plus. Toujours adossé contre le bureau, et toujours les bras croisés, il rit doucement. Amusé de plus en plus par la situation, il a décidé de ne pas s’arrêter si rapidement d’embêter la demoiselle. Mesquin et surtout joueur, il n’hésite pas une seconde à renchérir.

« Tout doux l’intello. » lui murmure t il d’une voix suave et charmeuse, comme le serpent dans le livre de la jungle. Shawn est un peu vicieuse quand il fait ça, il essaye d’endormir l’étudiante pendant qu’il prépare un coup beaucoup moins agréable que ses paroles. Il passe sa main sous le menton de la jeune femme afin d’être certain qu’elle ne va pas tourner la tête et continuer de la regarder dans les yeux. Par ces gestes, il lui interdit en quelque sorte de fuir la conversation. Il la regarde, ils se contentent de se regarder pendant de longues minutes sans que le jeune homme ne parle. Il attend, il aime se faire désirer et en joue. Du coup, il la regarde de ces yeux aussi aiguisés que ceux d’un animal nocturne. Shawn se contente de sourire. Un sourire faux, bien sur. Il plisse les yeux pour se donner un genre pour au final continuer de piquer à vif l’intello. « Déjà, le simple fait que tu penses avoir plus de partenaires que moi, c’est une erreur l’intello. » De nouveau un sourire sarcastique vient à s’inscrire sur son visage. Shawn peut être machiavélique quand il le veut. D’ailleurs, il laisse tranquille le visage de la jeune femme en reposant ses mains. Connu pour être toujours actif, et détestant être inactif, il repose les cours de la jeune femme, en continuant d’examiner les lieux de vie de la demoiselle. Il se retrouve une nouvelle fois devant la fenêtre. Un vent frais lui rappelle que ses vêtements sont mouillés. S’il s’écoutait, il enlèverait bien son tee shirt pour le faire sécher un peu plus vite, mais il a une éducation à assumer. Et puisqu’il a décidé de jouer la carte de l’epsilon prétentieux, il va continuer. Tant pis s’il est malade ou attrape un virus. Sa fierté aura encore une fois raison de lui. Il soupire en se demandant si c’est risqué ou non de revenir s’installer sur le lit de la demoiselle. Mouais, il hésite, alors pour meubler, il reprend la parole.

« Je t’explique l’intello, la seule façon que tu ais de prouver que tu as raison, c’est de me le prouver. Sauf que, soyons honnête l’intello. Sans te vexer, tu es pas mon genre. »

En faite, Shawn n’avait pas de genre particulier. En faite, si. Il fantasmait particulièrement sur les blondes avec des longues jambes. Oui, on reste dans les bases, mais jusqu’à présent jamais Shawn n’avait remballé aucune demoiselle parce qu’elle n’était pas blonde, ou qu’elle n’avait de grandes jambes. Enfin, n’allez pas croire qu’il ne dirait pas non à la morue du coin. Pour le jeune homme, un minimum est requis. D’ailleurs, il observe l’étudiante en penchant la tête, comme un homme le fait avant d’acheter une voiture. Non, il ne considère pas qu’elle puisse lui prouver qu’elle a tord, il ne pense vraiment pas que c’est le genre de l’inconnue. Shawn a un petit rictus sur le visage quand il a finit de la détailler de la tête au pied. Il fait un petit bruit avec sa langue pour lui signifier qu’elle ne doit pas encore parler, et qu’il a son constat à tirer avant. « Je pense que ton intérieur doit être pas mal, quoi qu’un peu banal à mon goût. En tout cas, beaucoup plus que cette carrosserie un peu négligée. »

Métaphore bien basse. Ne pas applaudir. Pourtant, Shawn sait qu’il est particulièrement désagréable quand il est comme ça. D’ailleurs, l’étudiant se déteste. Il n’est pas du genre à être vulgaire, simplement un provocateur. Du coup, il s’en veut un peu de sa dernière réplique. C’est comme s’il n’était qu’une pâle copie de ce qu’il est réellement, et ça ne lui plait pas. Le stéréotype devient pathétique. De ce fait, Shawn se pose un défi : être plus intelligent que ce qu’il a fait depuis qu’il est arrivé. Après tout, il est chez les Alphas, et chez les alphas, l’intelligence est de mise. Du coup, réflexe, il se redresse mais ne va pas pour autant s’excuser des mots qu’il a eus. Il s’éclaircit la voix, tout en lui tournant le dos, histoire de rentrer parfaitement dans ce qu’il doit être.

« Pour information, j’ai pas de conquêtes chez les alpha. » Il se retourne, il va la jouer stratégique en enlevant son tee shirt. Il se retrouve torse nu. N’allez pas croire qu’il fait un numéro de charme, loin de là. Au contraire, il va être arrogant mais avec un peu plus de finesse. Il lance son tee shirt à la jeune femme qui s’affaire encore à son ménage. Histoire de lui faire comprendre ce qu’il fait, il continue de parler. «En faite, si tu pouvais t’arranger pour me trouver autre chose le temps que ça sèche …. » Même si la formule est plutôt polie, son ton est un peu sec. Il n’en reste pas là. L’étudiant est un orateur et n’est pas un adepte du silence, alors il s’explique. « Si tu ne fais rien, je finis à poil dans ta chambre. Pas certain que les présidents de ta confrérie apprécieront. » Shawn illustre ses pensées en jetant un coup d’œil à la porte resté ouverte après l’entrer de l’impudent. Et puis, puisqu’il est autant un homme d’action que de paroles, il lui adresse un petit coup de tête.

L'intello. Ce surnom m'avait suivie tout au long de ma scolarité, et je n'y avais jamais accordé plus d'attention que nécessaire. A dire vrai, je préférai être étiquetée comme une bosseuse que comme une fêtarde qui finirait sa vie sous un pont, une seringue enfoncée dans l'avant bras. Ou comme une de ces filles prétentieuses, dont les parents pleins aux as s'intéressaient plus au cours de la bourse qu'à l'endroit où dormait leur progéniture. C'était probablement le cas de mon interlocuteur, pour autant je ne parvenais guère à éprouver une once de pitié à son égard. Les conditions de notre rencontre fussent-elles différentes que je n'aurais jamais réussi à le plaindre, sans doute son caractère de chieur fini n'aidait en rien ma nature généreuse à ressortir. Quoiqu'il en soit, pour une fois, cet adjectif avait piqué mon orgueil, si bien que je resserrais mes doigts sur les feuilles que je triturais, possédée malgré moi par le stress que provoquait son regard inquisiteur. Il désirait que je fasse une erreur, que je me ridiculise royalement devant lui, comme si ça n'était déjà pas suffisamment le cas. J'avais chaud, terriblement chaud, et nul ne saurait nier que sa présence dans ma chambre y soit pour quelque chose, en plus de la température ambiante. Et puis ce geste, apparemment anodin, qu'il eût à mon égard me fit presque défaillir, une main sous mon menton, les yeux dans les miens, afin de me faire comprendre, j'imagine, qu'il disposait d'un contrôle absolu sur ma pauvre petite personne, sans défense contre mon bourreau, bourreau qui prenait un malin plaisir à faire durer ma lente agonie. Cette joute visuelle occupa quelques minutes de notre temps, et malgré que j'essayai de m'en tirer, il m'en empêcha d'une poigne rude. Le discours qu'il me tint alors ne me surprit pas réellement, en fait, je m'y attendais plutôt.

« Appelle moi encore une fois l'intello, et je te jure que tes fringues, je te les retire pour mieux les brûler ensuite, d'accord ? » Je savais aussi me montrer particulièrement désagréable, et je commençais à en avoir assez de ces humeurs massacrantes. De toute manière, il était dans ma chambre, dans ma confrérie. S'il avait un quelconque problème, rien ne l'empêchait de s'en aller, et je ne pensais pas que ses vêtements trempés le dérangent tant que ça. En réalité, il avait juste trouvé en moi une nouvelle souffre-douleur, et j'étais décidée à ne pas me laisser faire. Peut-être était-ce là la plus mauvaise idée que j'aie jamais eue, mais quelque chose me poussait à refuser de me laisser marcher dessus. C'était quitte ou double : soit il abdiquerait, auquel cas il y avait peu de chance que je le revois un jour, soit il me pourrirait la vie jusqu'à la fin de ma scolarité. Je pense que j'arriverai tout de même à vivre avec, en médecine on était connus pour avoir un mental d'acier, cela servait aussi la vie sociale, quand on en avait une. « J'suis pas ton genre ? Admettons, alors va te trouver une autre conquête chez les Epsilon, après tout, c'est vrai que les gosses de riche superficielles et potiches, y a pas mieux. » Détrompez-vous si vous croyez avoir décelé dans ma phrase une pointe de jalousie. C'était de l'agacement pur et simple envers un garçon terriblement prétentieux qui méritait qu'on le fasse redescendre sur Terre, même si je n'avais pas la prétention de pouvoir changer le monde, encore moins faire des miracles. Bon et puis peut-être aussi que j'avais été un peu vexée de sa remarque, mais je me convainquais du contraire en quelques instants seulement et me saisissais de quelques nounours que je reposais à leur place, sur mon étagère, alors que Shawn continuait d'observer chacun de mes faits et gestes que j'effectuais avec une nervosité sans précédent. J'étais en colère et cela se lisait sur mon visage. Et sa manie de faire des avances sans les faire avait tendance à m'agacer au plus haut point en même temps que de me perturber, c'était d'ailleurs le problème. Je n'étais donc pas son genre, pourquoi s'évertuait-il à me narguer ainsi ? Je m'arrêtai un moment, blasée de cette soirée qui ne se déroulait décidément pas comme j'avais pu le prévoir, et eus tout le loisir d'observer le jeune homme me détailler de haut en bas, vulgairement, comme on regarde ... Une prostituée avant de payer. « Sauf ton respect, je me fiche un peu de te plaire ou non, en fait. D'ailleurs, cette métaphore des plus pathétiques que tu viens de faire me conforte dans l'idée que t'es pas du tout mon genre non plus. »

Et voilà que monsieur retirait son t-shirt, comme pour me contredire, et me le lançait en plein visage. Non mais sérieusement, pensait-il que j'allais le laisser m'insulter de la sorte ? C'était bien mal me connaître. Il avait réussi à me faire sortir de mes gonds, c'était désormais peine perdue que d'essayer de me calmer. Et son seul geste venait de me faire entrer dans une colère noire. « Si tu veux une conquête chez les Alpha, va en chercher une ailleurs. Tu veux te mettre à poil dans ma chambre ? Vas-y, fais donc. Quand t'auras attrapé une pneumonie tu viendras pas pleurer cela dit. » Je revenais peu à peu sur un terrain que je connaissais, à savoir la médecine, et je ne pouvais que présumer les risques qu'il prenait en s'exposant ainsi au vent, dénudé. Allais-je pour autant l'en empêcher ? Je ne l'imaginais pas aller jusqu'au bout, de toute façon, c'était ridicule. C'est pourquoi je ne pris pas la peine de refermer ma porte, et qu'au lieu de ça, j'allais m'asseoir sur mon lit, presque entièrement débarrassé. Pour être totalement honnête, je n'étais pas vraiment à l'aise avec ma colère. J'avais beau l'assumer pleinement, je sentais que celle qui parlait n'était pas moi, c'était une exagération de ce que j'aurai aimé être. Avoir la possibilité de se défendre, c'était plutôt jouissif, mais ça ne collait pas avec ma personnalité. Elle était où la p'tite médecine toute timide et toute gentille ? Shawn faisait ressortir un côté de moi que je détestais plus que tout au monde, en fait, et qu'en même temps, j'enviais. Ah, la complexité du cerveau humain m'étonnerait toujours.

RILEY & SHAWN.

Shawn était tellement soupe au lait qu’il pouvait en moins de temps qu’il ne le fallait passer du méchant Shawn au plus émotif Aaron. Sauf qu’avec un personnage aussi torturé, il fallait se douter que ça n’allait pas se passer aussi facilement. Que Monsieur Williams, ne laisserait pas respirer la jeune intello comme cela. En faite, s’il s’écoutait, l’epsilon aurait depuis longtemps prit de quoi manger et se serait installé en lançant de nombreuses boutades à la jeune demoiselle. Sauf que voilà, il n’avait rien à se mettre sous la dent. Toujours assis sur le lit, Shawn l’observe et s’amuse de ses réponses en faite, il faut d’admettre il prend un plaisir non caché à torturer l’alpha. En faite, il a trouve son occupation pour un bon petit moment. Rien de mieux pour Shawn pour passer le temps que d’être un sadique et d’avoir une raison de le faire. Grisé par ce sentiment de toute puissance et par ce rôle d’emmerdeur qui lui va à la perfection, il l’observe les yeux pétillants quand elle hausse le ton. Amusé plus qu’autre chose par la situation et ses réflexions, il hésite à attiser le feu qui bouillonne en elle, ou alors jouer à un jeu malsain avec elle. Alors qu’il hésite un long moment, histoire de gagner un peu de temps il se contente de répondre un peu fadement à tout ce qu’il raconte. Large sourire, il renvoie la balle à tout ce qu’elle sans pour autant être au meilleur de sa forme.

« Tu sais je suis un homme, je me contente de ce que j’ai sous la main. Imaginons, je prends l’avion, je traverse le pacifique. Un crash. Je me retrouve dans une île de grosses brunes à petits seins, le truc que je déteste. Bah, au bout d’un moment, j’aurai beau faire ce que je veux, je suis faible, et je me dirai surement qu’en fermant un peu les yeux ça peut le faire. »

Et puis, il se disait surtout qu’on n’est jamais à l’abri des surprises. Une de ces plus torrides amantes n’était pas vraiment la plus belle s’il était honnête, il pourrait même citer plus de cinq défauts physiques importants sans vraiment réfléchir. C’était peut être ignoble mais il assumait. D’ailleurs, les dernières jambes qui s’étaient enroulé autour de sa taille n’étaient pas celles d’une représentante de béta, encore moins une mannequin ou une jeune arriviste. Rien d’autre qu’un simple iota. Mais quelle iota, elle lui avait tourné la tête, indéniablement. D’ailleurs, en repensant à elle, Shawn eut une vague de plaisir vite remplacée par une de haine. Il savait qu’il avait merdé dans cette histoire, et il savait que ce ne serait pas possible de réparer cela rapidement. Long soupire, il fallait qu’il se change les idées. Et son regard se porta sur la petite intello, en faite, il avait devant elle une de ses poupées modulables à souhait au caractère visiblement lisse et dont son petit esprit intelligent regorge de codes d’honneurs. D’ailleurs, Shawn se dit qu’il n’y a pas de meilleure prétendante pour exorciser ses démons pour la soirée et d’éviter par la même occasion qu’il ne le hante pendant des jours encore. De nouveau debout, il se dit que le meilleur des jeux pour lui remonter le moral va pouvoir commencer.

« Je me sens d’humeur généreuse. » Il marque une pause se lève et marche lentement et de façon décidée vers la jeune femme, il prend ses cours dans les mains et pose sa pile de papiers de nouveau sur le bureau. Un léger vent vient le faire frissonner et fait hérisser quelques poils sur son corps avant qu’il prenne une profonde inspiration et explique ce qui fait de lui une personne si généreuse. « Ne rêve pas non plus, je ne vais pas te proposer une folle nuit de sexe sauvage, ton petit corps tout frêle ne le supporterait pas. » Il fait une petite moue et un sourire qui lui donnait un air étrangement gentil et sage. Evidement que peu de personnes avaient pu voir ce visage humain et attendrissant. Cela aurait pu une bonne chose pour la jeune inconnue si Shawn avait été de bonne humeur. Chose qui n’était vraiment pas le cas. « Néanmoins, je vais te prouver que derrière le vilain Epsilon que je suis, il n’y a pas qu’un monstre. » Juste que là les intentions semblaient plutôt on ne peut plus louables. Mais avec l’héritier de la famille Williams, rien n’était ce qui semblait être. C’est ce qui faisait toute la magie du personnage à défaut de faire son charme.

« Dis moi ton prénom l’intello, et j’arrêterai de t’appeler comme ça. Ensuite, je te laisse environ cinq minutes pour me trouver des raisons recevables pour que j’arrête de te faire payer ton imprudence. Ca te va ? »

En faite, ces dernières paroles n’étaient pas vraiment une question, et on le comprend vite à son ton. Ce n’est pas parce que l’étudiant a décidé d’adopter un ton plus mielleux et plus doux pour ne pas dire presque charmeur qu’il a pour autant perdu toute son ardeur. Bien au contraire en faite, ne dit on pas qu’il ne faut pas se méfier de l’eau qui dort ? Histoire de conclure à sa façon cette petite déclaration peu habituelle chez lui, il vient une nouvelle fois placer sa main sous le menton de la jeune femme et l’oblige encore une fois à avoir les yeux dans les siens. Voilà comment Shawn aime gérer les conflits : être face à face, un combat où tout se déroule dans le regard. Le moindre clignement d’œil, la moindre attitude fuyante, tout est passé aux cribles et au final il n’y aucune échappatoire possible dans ce genre de situation et c’est dans le fond ce que Shawn aime par-dessus tout : l’honnêteté contre l’habilité du mensonge.