En poussant les portes de ce supermarché, Adrian avait dans l'idée de n'acheter qu'un paquet de piles, il ne s'attendait pas à ce que ses envies tordues reprennent le dessus...Pourtant, il avait tant souffert dans ce centre français d'aide psychologique pour s'en débarrasser, c'était à ne plus rien comprendre. Passant les portes mécaniques en verre, il se dirigea illico presto vers le rayon en question, même s'il s'attarda un peu sur les divers aliments placés en rayon, espérant sans doute trouver quelque chose qui lui ouvrirait l'appétit, il faut dire qu'il n'avait guère très envie de manger quoi que ce soit ces temps-ci. Mais rien, pas même ses plats habituellement préférés ne l'attirèrent. Il continua donc son chemin à la recherche du rayon électroménager où peut-être dénicherait-il ce qui lui manquait. Le jeune homme n'hésita pas à aider une vieille femme à attraper un paquet de cornflakes situés sur la plus haute étagère lorsque cela s'avéra nécessaire, ne pouvant jamais passer comme si de rien était alors que quelqu'un se trouvait en difficultés devant lui. Le sourire aux lèvres, il finit enfin par trouver ce qu'il ne cessait de chercher des yeux, une quantité immense de piles se dévoilant à lui, allant des AAA aux plus grosses et à celles que l'on trouvait dans les montres. Son regard parcourut cet étonnant étalage de haut en bas. C'est fou comme une chose si banale peut paraître belle lorsque l'on est de bonne humeur et Adrian n'était certainement pas triste ce jour-là car il sembla bien qu'il aperçut cette beauté cachée des objets du quotidien. Ces appareils qui, grâce à des réactions chimiques, fournissent un courant électrique l'hypnotisèrent bien une dizaine de minutes, comme s'il était en train de regarder une magnifique peinture dans un musée renommé, y cherchant un sens caché. Mais en vérité, c'était un tout autre sentiment qui l'envahissait peu à peu, comme le forçant à souffrir en silence. Le danseur bulgaro-anglais serra les poings alors qu'il observait avec avidité un paquet plus petit que les autres. Il n'était pas cher et il aurait pu se l'offrir sans problème, mais son idée n'était pas de l'acquérir légalement. D'ailleurs, il n'en avait nullement besoin. Tout ce qu'il voulait, c'était le fourrer dans sa poche et sortir sans attirer les soupçons...Le voler. Juste le voler. Quoi de plus simple? Le rayon était quasiment vide...La tentation se faisait de plus en plus grande et le pauvre jeune homme commençait à haleter tant la chaleur l'envahissait...Sa kleptomanies refaisait surface. L'excitation que produisait l'idée de courir le risque de voler dans le supermarché était à son comble alors qu'il yeutait comme il pouvait les alentours. Il devait s'en défaire...Et vite! Vite penser à autre chose! Vite quitter les lieux! Mais son regard resta rivé sur ces piles inutiles...Tant rivés qu'Adrian ne put faire un pas, ne put même cligner des yeux. Abby lui en voudrait si elle l'apprenait, cela ne faisait aucun doute, mais il n'était vraiment pas à même de contrer ses pulsions nerveuses... Ce fut donc sans plus d'autres hésitations, son coeur battant à la vitesse grand V, qu'il fourra l'objet convoité dans la poche de sa veste.
Le regard satisfait, il commença à se guider vers la sortie, presque sûr d'avoir réussi...Il était en train de savourer sa victoire alors qu'une main s'agrippa à sa veste. Lorsque le danseur se tourna, il se trouva face à un vigile plutôt costaud et peu enclin à le laisser filer.
« Je crois, jeune homme, que vous avez dans votre poche quelque chose qui ne vous appartient pas...Auriez-vous oublier de passer par la caisse? »
Lançant des regards dans tous les sens, Adrian finit par déglutir avec difficultés, ne sachant que répondre, alors que sa main continuait à toucher le paquet de piles plates dans la poche de sa veste.
« Je..euh...Je...Non, enfin...C'est... »

Sans plus attendre, on commença à le guider dans le bureau de la sécurité, afin de faire une fouille plus ample...Car le jeune homme ne sembla pas vraiment décidé à sortir ce qu'il avait volé devant le gardien.

Trois semaines de chômage. Ca se fêtait vraiment ça ? A vrai dire pas pour Samuel. Ca faisait trois semaines qu’il s’était viré et autant de temps qu’il n’avait pas une seule réponse d’autres établissements qu’il avait contacté. Mais avec le fait qu’il ne travaille plus, il pouvait visiter la ville tranquillement. Seulement les factures finiraient pas s’accumuler, il devait donc se remettre à chercher un emploi rapidement. Ca lui fit penser qu’il devait appeler Addison dès qu’il aurait un moment. En effet Abby avait eu la bonne idée de lui dire de parler avec son amie à lui. Addison était une bonne amie, sa meilleure amie d’ailleurs, elle donc peut-être l’aider à trouver un emploi. Mais aujourd’hui Samuel n’avait pas envie de penser à cela. Il voulait sortir et visiter la ville. Ses enfants travaillant, il avait tout le temps qu’il voulait. Allant donc prendre un petit déjeuner dans un café pas très loin de chez lui, il alla ensuite en ville. Profitant de tout ce qu’il voyait, il en arriva à un centre commercial. Faisant quelques tours dans différentes magasins, il ressortit sans rien. Il n’avait pas vraiment envie de s’acheter quelque chose. Il voulait juste être dehors, en dehors de chez lui, pour ne pas se retrouver seul chez lui en caleçon dans son canapé à regarder la télévision. Même si c’était quelque chose qu’il aimait beaucoup faire, ça n’était pas le cas aujourd’hui. Allant manger à midi dans le même centre commercial, il finit par aller dans d’autres endroits. Cinéma, théâtre, il voulait voir ces endroits là en particulier pour savoir où il pourrait aller s’il voulait voir un film ou une pièce. Rentrant finalement chez lui, il se rendit compte qu’il n’avait pas fait les courses. Il lui manquait quelques petites choses à acheter. Sortant à nouveau, il partit au supermarché et alla prendre ce dont il avait besoin. Allant d’un rayon à un autre, il vit un jeune homme qu’il connaissait. Adrian, le jeune homme qui avait une relation avec Abby. Enfin s’il avait tout comprit apparemment ça n’allait pas entre eux en ce moment. Fixant le jeune homme de loin, il ne se fit pas voir. Seulement il voyait parfaitement ce que le jeune homme faisait et surtout le fait qu’il venait de voler. Soupirant et levant les yeux au ciel, Samuel le suivit tout de même. Il semblait plutôt bien s’en sortir, mais là d’un seul coup Sam vit une sorte de gorille sortir de nulle part et attraper le jeune homme. Les regardant de loin, Sam se disait qu’il devait peut-être aller aider Adrian. Seulement son instinct de père fit surface. Abby avait souffert à cause de lui, donc il devait se débrouiller seul face à son vol. Allant à la caisse, Samuel mit ses articles sur le tapis roulant et paya le tout pour ensuite aller à sa voiture. Seulement une fois à l’intérieur, il se sentit mal. Sortant et fermant le véhicule, il rentra à nouveau dans le supermarché et alla à l’accueil. Demandant à une jeune femme s’il pouvait parler à un agent de la sécurité, il attendit peu de temps avant de voir le gorille vu quelques minutes plus tôt. Lui expliquant qu’il connaissait le jeune homme qu’il avait embarqué quelques minutes plus tôt, il lui proposa même de payer ce qu’il avait volé. Le vigil semblait hésitant. C’est vrai que Samuel n’avait pas de preuves qu’il connaissait Adrian. Soupirant, il proposa alors à l’homme de le confronter à Adrian et il verrait bien qu’ils se connaissaient. Allant donc avec l’homme, ils arrivèrent dans une pièce plutôt petite. Voyant alors Adrian, le français soupira.

La prochaine fois tu te débrouilleras seul.

Regardant alors le vigil, il attendit de savoir ce qu’il comptait faire. Allait-il le dénoncer à la police ou accepter que Sam paye ce qui avait été volé, où qu’il reprenne l’objet volé, les laissant ainsi partir ?

Ce fut la tête basse et les yeux désolés qu'Adrian fut conduit au bureau des vigiles. Une salle étroite où il n'y avait que peu de lumière, pas vraiment joyeux. Les gardiens du magasin devaient vraiment être de mauvaise humeur à travailler dans de telles conditions. Et cet état de fait se fit fortement ressentir dans leurs paroles assassines. Adrian ne laissa échapper aucun son car il n'avait pas d'excuse , ces piles étant vraiment peu chères. Il n'osait pas non plus parler de sa kleptomanie...Une maladie plutôt honteuse, surtout après avoir tant bataillé pour s'en débarrasser à jamais. Et il était vraiment déçu. Le vol de cet objet lui avait procuré beaucoup de satisfaction et d'excitation, produites par l'adrénaline venant de la crainte de se faire prendre la main dans le sac. Mais, le coup avait foiré et voilà qu'on lui demandait d'enlever ses vêtements. Pourtant, il avait finalement tendu le paquet de piles tant convoité au vigile, un gros gaillard peu sympathique, mais cela n'avait pas suffi. On l'accusait d'avoir tenté de prendre bien plus de choses illégalement et il ne lui fut pas simple de rester stoïque. Adrian commença par s'énerver, mais cela ne fit qu'envenimer la situation, tant et si bien qu'il se retrouva vite en slip et menacé d'être donné à la police. Déjà devant les yeux du jeune homme se dessinait une image bien précise: des menottes aux poignets, on le conduisait pour une garde à vue. Ce serait véritablement une catastrophe! Et tout cela pour un simple paquet de piles stupides dont il n'avait même pas besoin...Et toute cette souffrance psychologique entraînée! Fort heureusement, personne n'appela le commissariat ou ne fit mine de souhaiter le faire. D'ailleurs, on le laissa seul dans la pièce le temps qu'il se rhabille, ayant convenu qu'il n'avait rien volé d'autre des étalages. Ce ne fut que quelques minutes plus tard, peut-être une dizaine, peut-être une vingtaine, que deux hommes pénétrèrent de nouveau dans la salle de garde, au plus grand étonnement de notre cher danseur bulgaro-anglais. Sitôt qu'il eut entendu la voix de l'homme venant d'entrer avec le vigile en personne, il le reconnût. N'osant même pas lever les yeux, il resta à fixer ses pieds bêtement, comme tétanisé. Il n'avait pas peur non, il avait tout simplement honte. Finalement, décidé à se sortir de ce mauvais pas, même dans une situation qui tuait son amour propre, il jeta un regard sur Samuel.
« Désolé, Samuel. »
A sa grande surprise, après ces quelques paroles toutes simples, le gardien accepta de le laisser partir, mais seulement s'il payait les piles qu'il avait tenté de voler et en compagnie de ce bon vieux professeur de philosophie. Bien entendu, Adrian ne perdit pas un instant, et ne se tâta point avant d'emboiter le pas de son aîné, le visage neutre. Ils passèrent par les caisses assez rapidement et notre jeune homme paya son butin, sous l'oeil attentif du grand gorille qui l'avait pris quelques temps plus tôt la main dans le sac.
Lorsque les deux hommes furent sortis, le danseur soupira. Il était vraiment très gêné.
« Merci » fit-il à l'intention de Samuel. « mais vous n'étiez vraiment pas obligé de m'aider... »
Puis, haussant un sourcil, il tenta de changer de sujet, un petit sourire timide aux coins des lèvres:
« Vous...Vous n'auriez pas besoin de moi pour un petit service? Par exemple porter vos courses dans votre appartement...C'est quand même lourd dans les escaliers, même si on est en voiture... »

Adrian espérait vraiment s'en tirer sans qu'on lui fasse la morale...Mais ce devait être peine perdu.

Partir ou rester ? Samuel avait vraiment hésité. Il savait que ça n’allait pas entre Adrian et Abby. Le fait qu’il soit aujourd’hui le père adoptif de la jeune russe, faisait qu’il voulait la protégeait comme un père se devait de le faire. Il avait eu envie de laisser Adrian seul face à son vol. Seulement il n’était pas non plus du genre à le laisser ainsi. Ce fut donc d’abord l’homme qui prit le pas sur le père. Allant parler au vigil, il lui expliqua la situation et arriva finalement dans la pièce où était Adrian. Fixant ensuite le vigil, il entendit le jeune homme s’excuser, mais Sam ne répondit pas à cela. Il resta donc fixer l’homme qui accepta de les laisser partir si les pilles étaient payés. Sortant son argent Sam donna le tout à l’homme qui les laissa partir. Rangeant son porte feuille, Samuel sortit du supermarché avec Adrian à ses côtés. Ne lui disant rien, il savait que désormais l’homme avait laissé place au père. En entendant l’étudiant lui proposer de l’aide, Sam se retourna vers lui.

Un petit service ?

Faisant mine de réfléchir, Sam le regarda en fronçant les sourcils.

Prends tes responsabilités.

C’était sans aucun doute ce qu’il devait faire en priorité. Il se devait de prendre ses priorités face à Abby et eux jumeaux à venir. Samuel ne parlait pas de l’opération qu’elle allait subir. Elle avait demandé à Tasha et à Sam de ne rien dire et il respectait cela. Il ne dirait donc rien, mais il parlerait franchement au jeune homme.

Pourquoi est-ce que tu continues ? Ca ne t’as pas suffit de te faire avoir une fois ?

Fronçant les sourcils un peu plus, Samuel croisa les bras et continua de fixer le jeune homme.

Je pensais que tu étais un homme et que tu prendrais tes responsabilités maintenant que tu avais une famille. Tu vas avoir des enfants Adrian, des jumeaux qui plus est. Un père se doit d’être là pour ses enfants.

Samuel savait de quoi il parlait. Avec Antoine et Lucie il n’avait pas vraiment été un bon père, pas tout le temps du moins et il savait que les enfants pouvaient être blessés par un mauvais comportement de la part de leur géniteur. Samuel l’avait vécu avec son propre père. Son père biologique était mort face à lui, il l’avait vu mourir sous ses yeux. Son père adoptif lui avait été un véritable monstre quand ils étaient seuls à seuls, alors qu’une fois face à tout le monde, « c’était le plus gentil des hommes ». Donc oui Samuel savait ce que c’était que de ne pas prendre ses responsabilités.

Tu comptes faire quoi à partir d’aujourd’hui ? Abandonner ta famille ? Finir en prison ?

Adrian aurait pu fuir après avoir remercié furtivement le professeur de philosophie, mais il ne le fit pas. Voilà bien ce qui devait être une erreur de sa part puisqu'il n'avait aucune envie qu'on le sermonne. Rien de plus normal en somme car personne n'apprécie qu'on mette en évidence ses erreurs et qu'on lui fasse la morale. Qui plus est, Adrian était au courant que ce qu'il venait de faire n'avait rien de bien...Mais il ne s'était pas attendu à ce que son interlocuteur commence à lui parler d'Abbygail. Levant les yeux sur Samuel, le bulgaro-anglais déglutit bruyamment avant de ne trouver que dire. Ses émotions étaient trop fortes et il n'avait pas encore trouvé le juste moyen afin de les exprimer sans qu'on ne fasse de contresens.

« Mais, pourquoi est-ce que vous sous-entendez que je ne suis pas capable de suivre le chemin qui m'ait assigné? J'ai bien l'intention de prendre mes responsabilités! Je ne vais jamais abandonner Abby... Et encore moins les jumeaux. Ces trois personnes représentent toute ma vie, vous comprenez? Sans eux, je n'ai plus aucune raison de vivre, Samuel. Je ne sais pas si je serai un bon père, mais j'ai bien l'intention de faire du mieux que je peux, même si, au bout du compte, je meurs d'épuisement! »

De bien belles paroles, n'est-ce pas? Notre cher Adrian les pensait vraiment, d'une manière si forte qu'il nous ait difficile de l'illustrer. Malgré tout, il avait d'énormes soucis de santé qui l'empêchait de garder cette promesse non-stop. Bien entendu, il s'était décarcassé lorsque sa chère et tendre était à l'hôpital...et la volonté ne lui manquait pas. Il fallait juste espérer que son corps réponde positivement à ses attentes. Pour le moment, ce n'était pas réellement le cas... Observant un instant Samuel, le jeune homme finit par pousser un large soupir.

« Ce qui s'est passé aujourd'hui dans ce magasin, je n'en suis pas fier, loin de là...Mais, je crois que vous pouvez me comprendre. Vous êtes médecin, non? Et bien...Ce genre de comportement me tombe souvent dessus, à vrai dire, surtout lorsque je suis fatigué. Je n'ai pas pu m'en empêcher, je devais voler ces piles...je le devais vraiment. C'était comme si j'allais étouffer...Je n'ai pas besoin de ce truc, mais il faut que je le vole...une impression de mort imminente qui m'assaille m'oblige à commettre cet acte...Peu importe comment ça va se finir, car le fait de le voler fait disparaître l'angoisse d'un coup afin de laisser paraître un immense soulagement...Et même, vous ne me croirez peut-être pas, mais c'est la vérité, l'on ressent un plaisir intense. C'est stupide, n'est-ce pas? Mais j'y peux rien. J'ai essayé de me défendre, de résister, je me suis débattu, mais ça m'a fait trop mal. »

Certainement Samuel avait-il compris de quoi il s'agissait. Si l'homme d'une cinquantaine d'années n'avait jadis pas su pourquoi Adrian avait été placé en centre d'aide psychologique plutôt que dans une cellule, il devait à présent tout savoir.

« Et avant que vous ne me fassiez la remarque...oui, je me soigne...ou plutôt je me suis soigné. J'ai du mal à aller voir un psychologue en ce moment....

Il se mordit la lèvre avant de ne trop en ajouter. Après tout, si Samuel veillait tant sur Abby, il y avait une raison et le jeune homme ne voulait pas se descendre lui-même en parlant de son anorexie, car cela commencerait à faire beaucoup. Pourtant, il souhaitait s'en sortir avant la naissance des jumeaux, mais c'était son corps qui s'y refusait.

« Aller...Acceptez ma modeste petite aide, faut bien que je me rachète et que je trouve le moyen de vous remercier de m'avoir sorti de cette mauvaise passe.... finit-il par ajouter avec un clin d'oeil complice.

Malgré ses écarts de conduite quand il était sous l’emprise de l’alcool, Samuel avait toujours été un père protecteur avec ses enfants. Antoine et Lucie avaient toujours pû compter sur lui. Aujourd’hui, il voulait faire comprendre à Nelligan qu’il pourrait lui faire confiance en toutes circonstances. Charles-Edouard et Abbygail eux avaient comprit cela. D’où le fait que le français parle beaucoup avec la jeune femme. Elle lui a d’ailleurs présenté sa sœur jumelle Tasha. Le courant n’est pas vraiment passé entre eux, mais le français ne désespère pas pour autant. Il sait qu’il devra s’occuper des bébés de la jeune russe avec sa sœur, donc il sait aussi que ça lui permettra de se rapprocher de Tasha. Ils pourraient apprendre à ses connaître et Sam avait dans un coin de sa tête une idée qui était de demander à Tasha de devenir elle aussi sa fille adoptive. Mais ça, ça serait seulement s’ils parviennent à s’entendre. Il ne voulait pas l’adopter comme Abby et Charles. Avec ces deux là c’était vraiment de l’amour filial qui passait et Sam espérait que ça serait aussi le cas avec Tasha. Seulement aujourd’hui Samuel devait faire face à une personne qu’il connaissait bien et qui commençait sérieusement à l’exaspérer. Adrian, à Paris, s’était fait arrêté pour vol. Depuis qu’ils en avaient parlés Sam pensait que le jeune homme s’était fait aider, mais apparemment ça n’était pas le cas. Il l’avait donc aidé, en payant aujourd’hui ce qu’il avait volé. Alors quand le jeune homme lui demanda s’il pouvait faire quelque chose, Sam lui expliqua qu’il devait prendre ses responsabilités et arrêter de jouer les imbéciles. Ecoutant alors le jeune homme lui dire qu’il ne comptait pas abandonner sa future famille, ça fit froncer les sourcils du français.

Ca n’est pas l’image que tu me donne pourtant.

En effet à toujours voler, Sam ne douterait pas que Abby se lasse de tout cela. Elle avait besoin de stabilité avec des personnes en qui elle pourrait avoir une totale confiance. Tasha et Sam pouvait lui apporter cela, mais sentimentalement, Sam n’était pas certain qu’Adrian soit le meilleur partie pour la jeune femme. Il commençait vraiment à douter et en temps que père, il se devait de tout savoir, à tous instants concernant le jeune danseur. En écoutant les propos du jeune homme, Sam soupira doucement. Il n’aimait pas entendre ce genre de choses. D’accord, il avait un problème, mais ça n’était rien à côté d’autres. Il parlait d’avoir mal, mais il ne savait pas ce qu’était la vraie souffrance. Fronçant les sourcils, il entendit le jeune homme dire qu’il se soignait.

Tu devrais changer de psy, ça marcherait peut-être mieux.

Il ne fallait pas dire ce genre de choses à Sam et encore moins faire du mal aux siens. Sam avait cette façon assez déstabilisante pour certains de devenir un homme vraiment méchant. Cette sorte de personnalité lui était arrivé quand il était tombé dans l’alcool et parfois ça pouvait lui sauver la vie pour ne pas à avoir à se justifier. L’entendant ensuite lui dire qu’il voulait l’aider pour le remercier, Sam soupira.

Je sais que tu n’aimeras pas ce que je vais te dire, mais un petit peu de morale ne te ferais pas de mal. Je sais que tu vas l’entendre, mais ça va entrer par une oreille et ressortir par l’autre, mais tant pis, je t’aurais au moins prévenu.

Fixant le jeune homme dans les yeux, il voulait qu’il l’écoute attentivement.

Tu parles d’avoir mal, mais ta maladie n’est rien à côté d’autres. Evidemment que c’est un problème comme beaucoup d’autres, mais à faire ce que tu fais, tu vas tout perdre. Tu vas perdre Abby, tu vas perdre tes bébés et crois moi de perdre sa famille c’est ce qui fait sans doute le plus mal au monde.

Samuel savait de quoi il parlait. Il avait perdu la femme qu’il aimait, la mère d’Antoine, dans un accident de voiture. Il avait perdu la mère de Lucie quand elle l’avait trompé. Il avait perdu ses enfants quand il était tombé dans l’alcool. Il avait faillit mourir quand il avait été hospitalisé pour une greffe du foie. Il pouvait tout perdre en un claquement de doigt si sa greffe lâchait. Ca c’était de vraies souffrances, tout comme beaucoup d’autres. Oui la cleptomanie était un problème, mais si Adrian ne voulait pas tout perdre, il se devait de mettre toutes les chances de son côté et ne pas jouer les fatalistes comme il le faisait aujourd’hui. Sam avait cette impression de voir une pauvre serpillère devant lui et non pas un homme qui veut se battre pour sa vie et sa famille. Il n’aurait jamais imaginé que le jeune homme soit ainsi, il avait toujours vu en lui un homme fort, mais apparemment il s’était bien trompé.

Si tu veux me remercier, ça n’ai pas en m’aidant que tu y parviendras, mais en t’aidant toi et en te laissant aider.

Le jeune danseur bulgare resta littéralement sur les fesses en entendant les paroles formulées sur un ton on ne peut plus grave de son interlocuteur. Samuel n'avait pas l'air de suivre sa pensée, et cela n'avait rien d'étonnant en soi... Sauf qu'Adrian ne pouvait en supporter d'avantage. Il avait l'impression d'être balloté, d'entendre un discours moralisateur qui ne lui donnait pas même une piste de sortie... le prenait-on pour un idiot? Le danseur ne quitta pas des yeux le professeur alors que celui-ci parlait, se contentant de pousser un mince soupir entre deux phrases entendues. Ce comportement n'était pas dû à de la lassitude, mais plutôt à une difficulté respiratoire engendrée par l'inquiétude, la fatigue et une certaine colère montant dans l'espace de ses tempes. En effet, le jeune homme, poussé dans l'abysse d'un désespoir à entendre les risques encourus, commençait à s'énerver pleinement. C'est pourquoi, il gesticula nerveusement tout au long du discours de son interlocuteur, avant de ne finir par exploser totalement.

« Franchement, dîtes-moi, vous me prenez pour qui? Vous pensez que je suis quelqu'un de stupide? Je connais parfaitement les conséquences que pourraient avoir mes actes, je sais que je risque de perdre Abbygail et mes enfants, je le sais... Malheureusement. Et je n'ai pas l'intention de me laisser pousser au fond du gouffre. Ce n'est pas la peine de me sortir votre discours pseudo-moralisateur sur la souffrance, je sais parfaitement qu'il y a pire que moi comme situation ou maladie... mais voilà, savoir qu'il y a des douleurs plus profondes, ça ne rassure pas et ça n'aide pas, mais alors, pas du tout! Savoir que d'autres souffrent en silence, se laissant crever, ça ne va pas me pousser plus que ça à réagir...Et puis, pour réagir comment? Comment? »
Il s'arrêta un instant, faisant quelques pas en arrière, afin de ne pas faire de bêtises, sachant pertinemment que la colère pouvait engendre en lui des gestes violents qu'il pourrait regretter par la suite.
« Tout le monde pensent que je suis quelqu'un de faible, mais c'est faux....Ce n'est pas parce qu'on arrive plus à se faire obéir de son propre corps que l'on est une limace! Je ne suis pas encore privé de volonté, si c'est ce que vous vouliez insinuer! C'est dommage, hein?  »

Baissant les yeux, fixant le carrelage, Adrian se tut un instant. Il semblait hésitant, mais en vérité, il était partage entre l'envie de pleurer toutes les larmes de son corps et celle de s'enfuir. Mais voilà, il ne fut aucun des deux. Il n'en avait pas le droit. D'ailleurs, sa colère était injustifiée...Après tout, Samuel n'était certainement pas au courant de tout...Le professeur ne savait rien de son anorexie engendrant sa faiblesse physique, ni même qu'il était sujet à l'épilepsie. Adrian ne lui avait pas non plus parlé du choc éprouvé lorsqu'on l'avait poignardé en pleine rue, lui faisant perdre un rein... Et non plus de la fragilité psychologique de sa mère, qui passait son temps à maugréer dans un coin.... Et il n'avait pas l'intention de le faire.
Levant de nouveau le regard sur son interlocuteur, il esquissa un léger sourire:
  « Excusez-moi...je suis désolé. Je n'avais pas à vous parler comme ça, je n'étais pas à ma place. Vous voulez m'aider et moi je mords la main qu'on me tend...Après tout, vous n'êtes pas au courant de tout, et je ne peux pas vous en blâmer... »

Poussant un soupir, il se cala contre le véhicule de Samuel, ajoutant doucement, à voix haute bien que ce fusse ce qu'il pensait fortement dans sa tête:

« Je ne veux pas perdre Abby et les jumeaux, ils représentent tout ce que j'ai.... »