“ A twin sister is a little bit
of childhood that can never be lost.”

Finalement si elle avait su elle n’aurait jamais tant voulu arriver en 2011. Si une petite fée ou qu’importe lui avait prédit un règlement de comptes où sa propre meilleure amie en était la victime, une Fleur qui ne revenait toujours pas, des examens non-révisés, une amie qui se mettait en couple avec son ex à elle. Elle se figerait sûrement en 2010 et déciderait d’y rester tant que tout n’était pas revenu à la « normale ». Manon avait beau avoir passé la fin d’année avec Wyksie, et avoir eu Estevan quelques jours après au téléphone. Y avait eu toujours un vide, un vide dont elle ne ressentait pas l’existence avant. Avant de croiser son double quelques mois plus tôt. C’était compliqué mais à la fois intriguant l’évolution de leur relation ; Manon avait du mal avec Plum au début. Pour une elle, une jumelle serait exactement sa copie et le caractère l’incluait sauf qu’avec la jolie Plum y avait eu une radical opposition. Si bien que Manon hallucinait de voir sa double aussi calme parfois, mais à force de discussions, de conversations elles avaient appris à se connaître, à se supporter, à se découvrir pour finalement s’apprécier. Maintenant si elle devait à nouveau être séparée de sa jumelle elle sentirait quelque chose Plum portait son nom maintenant elle faisait partie d’elle, de son sang, de sa famille. La française savait que sa sœur passerait ses congés de Noël avec sa famille dite adoptive et que forcément les retrouvailles ne seraient pas aussi animées que prévues. Manon avait tenté de la rassurer du mieux qu’elle pouvait, de toutes façons que pouvaient-ils lui dire, lui faire ? Rien du tout, elles avaient juste découvert la vérité sur leur séparation, leur éloignement. Elle en voulait toujours un peu à son père mais vu la réaction de sa mère la brunette avait préféré passer l’éponge. Le temps serait leur allié à présent et vu qu’elle comptait s’installer définitivement à Berkeley elles auraient tout le temps de se connaître de rattraper un peu le temps perdu.

Ce soir se présentait comme l’occasion idéale, depuis que sa jumelle était revenue elle ne l’avait pas vue mais lui avait juste parlé au téléphone. Elles avaient parlés de Constance surtout, et de leur incompréhension totale face à cet accident. Le reste Manon l’avait complètement zappé alors que lors du bal des Iotas/Delta il n y avait pas eu que ça. La française cuisinerait sa sœur face à face juste pour connaître de A. à Z. le déroulé de sa soirée. Et qu’elle évite de raconter la vie des autres, Manon s’en fichait ce qui l’intéressait elle c’était le baiser Ethan/Plum. Qu’elle se débarrasse de Damian était une chose, mais qu’elle le trompe en somme ne rimait pas avec Plum. Non pas qu’elle se permettait de la juger mais juste de constater. Manon et les relations ne faisaient guère bon ménage alors au moins la seconde Petrov-Versier pouvait inverser la tendance. Rendez-vous donné par téléphone avec des instructions simples ; ne pas arriver en retard, et entrer toutes les deux dans le restaurant. Parce que d’une Manon arriverait sûrement soit en avance soit juste, juste et qu’au cas où sa double arrive en retard elle n’aurait pas à poireauter seule. Car s’il y avait bien une chose qu’elle détestait c’était de devoir attendre ; attendre le rendu d’une copie, attendre un appel, attendre l’employée de Saks qui mettait trois plombes à chercher pile la chose qu’elle voulait plus disponible en réserve, attendre dans le froid, attendre toute seule dans le restaurant. Et la liste pouvait s’allonger en un temps record. La française pouvait paraître autoritaire quand elle donnait des rendez-vous avec des heures précises il s’agissait tout bêtement d’un caprice. Malheureusement pour eux les caprices font monnaie courante chez la brunette.
Deux heures trente-minutes plus tard deux jeunes femmes parfaitement identiques à l’entrée d’un restaurant à crier comme des folles, à se faire remarquer et à quasiment se faire éjecter de l’établissement alors qu’elles n’étaient même pas encore installées. THE PETROV-VERSIER TOUCH ! Un regard noir lancé pour l’employé et Manon annonça cyniquement son nom et l’indication précise de la réservation. Si une Petrov-Versier veut exprimer sa joie dans la rue, elle le fait et cela même si ça en vient à perturber l’ordre public.

Assises dans l’un des restaurants les plus chics de Sunset District le Lotus Steak & Seafood proposait surtout des plats de poissons et des viandes. Pour une pizza, ou un hamburger on repassera. Un souvenir de son court séjour à Disneyworld à même sa peau la chemise avec la jolie fée clochette en version kaki qu’elle ne regrettait pas d’avoir acheté même si niveau maturité elle semblait sortir tout droit du cour élémentaire. Techniquement s’ils faisaient des fringues avec des tailles de femmes elles pouvaient être portées non ? Passant sa main sur le jean Paul & Joe qu’elle adorait elle faisait quand même son âge ou légèrement moins grâce aux Bianca de Christian Louboutin à ses pieds. Entièrement sponsorisée par C.L elle posa sa pochette Bikini medium noire sur le coin de la table fixant sa jumelle avant de lancer taquine :

« Bon histoire d’entrer dans le vif du sujet je te propose de parler de trois choses ; de ta soirée du bal, ou bien de ta soirée du bal avec Ethan, ou encore mieux de ta soirée du bal avec Ethan et du Pluthan kiss ? »

Pour combiner deux prénoms et en faire un truc moche y avait qu’elle pour faire ça. Exit les banalités d’usage les salut ça va, blablabla de toutes façons « ça va » était sans compter la question la plus hypocrite qui puisse exister. Et les deux jumelles parlaient normalement depuis quelques minutes déjà. Elles n’étaient pas le genre à chercher un sujet de conversation car ne sachant pas trop quoi dire, non Manon ferait tout de toutes manières pour qu’il n y ait aucun blanc dans leur conversation. Un blanc c’est toujours mauvais signe dépendait des contextes aussi. Mais entre deux sœurs c’était souvent mauvais…

Tapotant sur la table avec ses ongles fraîchement manucurés, elle sifflota innocente. Prête à continuer sa mission d’enquêtrice digne d’un agent du federal bureau of investigation. Priant pour qu’un serveur ne choisisse pas pile ce moment là pour venir les interrompre elle se lança à plusieurs reprises (dés qu’un serveur croisait son regard en fait) à lire attentivement la carte qu’elle connaissait presque par cœur. La combine était simple dés qu’un serveur croisait son regard elle baissa la tête faisant mine de se concentrer complètement dans sa lecture ; comme si choisir un plat dépendrait de sa vie actuelle, future. La carte portait des noms bien poétiques mais rien de bien croustillant et à choisir elle prendrait juste une salade caesar et des crevettes. Rien de plus, rien de moins. Niveau alcool elle éviterait à coup sûr dieu seul savait le genre de bêtises qu’elle pouvait sortir sobre alors saoule. Mieux fallait-il ne pas tenter le diable…

Il a fait ça pour s’amuser ? Manon roula des yeux et fixa quelques secondes le plafond, elle ne savait pas trop si elle devait prendre cette affirmation comme blague, comme ironie, ou juste profonde déception. La française ne ferait jamais de la concurrence à Cupidon mais il y avait vraiment anguille sous roche. Déjà par le ton qu’employa Plum puis ensuite le certain détachement dont elle fit preuve ; une curieuse manière de vouloir lui faire comprendre qu’elle s’en foutait tout en étant réellement touchée. Pour une fois Manon jouerait sur les deux tableaux ; la sœur rigolote, et celle de bons conseils enfin elle essaierait. Grimaçant, ses sourcils se froncèrent sa sœur lui cachait quelque chose. Quelque chose qu’elle s’empresserait de trouver ou tout faire pour lui tirer les vers du nez. Jetant un regard autour d’elles, elle remarqua que la plupart des clients étaient vraiment concentrés sur leur choix de plats, leurs conversations, mais personne qui créerait une petite animation.
Du genre une demande en mariage en direct live et une Manon qui lèverait son verre en l’air pour féliciter les jeunes mariés et ensuite jouerait à la maîtresse désabusée. Fallait voir la tête des deux intéressés : c’était tout simplement sublime, avec Constance elles avaient du déjà faire un truc du genre la future femme s’était indignée avait prononcé un non bien net et précis et s’était tirée. Par respect pour la seconde Petrov-Versier elle ne lui infligerait pas une honte pareille connaissant sa volonté de tenir une image parfaitement lisse et bien sous tous rapports. A croire que cette image serait bientôt brisée si la demoiselle continuait à jouer la cachottière.

« Il a fait ça pour s’amuser ? Non, non tu peux dire ça à tout le monde mais à pas à moi…Regarde-toi t’es même pas convaincue par ce que tu dis. Oh god t’es toujours pas prête à mentir comme tu respires ! »

Bon au moins Manon arriverait encore à deviner quand elle lui mentait ou quand elle lui cachait des choses. Pas du tout un ton de reproches bien au contraire, ça serait vraiment grave si Manon avait complètement déteinte sur sa sœur. Elle essaya de se remémorer toute la soirée et sentit une vilaine migraine. La carte entre ses mains elle fixait les noms des cocktails, plats, menus proposés mais se faisait violence pour rassembler tous ses petits flashs en souvenirs concrets. C’est FINI la boisson pour les soirées étudiantes ! Ou pas.

Les souvenirs du bal lui semblaient lointains et vagues, arrivée alors que la fête battait déjà son plein (on ne change pas une équipe qui gagne) son regard avait fait le tour de la piste, de l’assemblée pour venir se poser d’abord sur Plum, Plum qui dansait donc avec son Damian sauf que lorsque les silhouettes se mirent à bouger ce Damian normalement brun devenait blond. Pensant qu’elle était déjà éméchée Manon avait fixé plus attentivement sa sœur et avait donc vu Ethan. Premier souvenir clair check ! Le reste incluait Havier et Lina, sur le moment Manon aurait pu faire un scandale, les insulter ou leur préparer un sale coup, ou carrément galantiser avec son ex sous les yeux de son actuelle. Contrairement à Lina, Havier ne lui avait sûrement pas dis les trois mots magiques alors qu’à Manon si et toc ? Pour se donner bonne consciente elle se vengea sur les cocktails même si se défouler à critiquer avec sa sœur apparaissait comme la solution idéale elle ne voulait pas la déranger. Manon ne refilerait pas sa sale humeur alors que sa sœur s’amusait enfin Ethan s’était le plus amusé visiblement. Puis ensuite y avait eu Matthew, quelques mots échangés et le reste de l’histoire réglée en privé. Pourtant après son excès de courage pour sauver Constance et se prendre une balle quelque chose avait changé. Dans d’autres circonstances Manon remercierait le sauveur brièvement ou carrément pas, mais là… Elle était passé le voir pas mal de fois et même si ils ne se retrouvaient plus pour leurs 5 à 7 habituels leur relation avait évolué. Et par évolué elle redoutait déjà la signification sachant déjà à quoi elle faisait référence. Annoncé comme ça : ça sonnait comme pathétique, et la brune se voyait mal raconter ça à sa sœur.
Surtout que Plum connaissait très bien Matthew, au pire elle ne se chercherait pas à connaître l’emploi du temps exact de Manon et elle pourrait toujours esquiver et changer de sujet. Faire la fausse déprimée à cause d’Havier, tiens dans les séries et les films une fille qui sortait difficilement d’une rupture pouvait faire tout et n’importe quoi on lui pardonnait tout. « Ah les chagrins d’amour c’est pas facile… » Donc voilà si elle se sentait pas prête à étaler sa vie elle ferait la gueule et aurait des larmes aux yeux. Manon pouvait pleurer sur commande et ce genre de don lui permettait de sortir de pas mal de situations où normalement elle devrait en sortir dans un sale état. Les larmes des filles ça touche tout de suite et on en oublierait presque la faute commise. En parlant de faute le sujet dévia sur Damian et pour Manon sortir avec un mec comme lui se dessinait comme le truc à éviter. Au moins il rendait sa sœur heureuse enfin aux débuts car depuis quelques temps leur relation qu’elle pensait solide semblait affronter quelques petites turbulences.

« Et je ne sais toujours pas comment tu fais pour le supporter…Je reste sur l’idée qu’il ne te mérite pas, et que si t’es attirée par quelqu’un d’autre autant foncer. »

Ne venait-elle pas de lui laisser une porte de sortie ? Hop elle dénigre un peu son petit-ami mais nuance et accentue le fait qu’elle mérite cent fois mieux. Son Damian était tellement amoureux d’elle qu’elle savait qu’il reviendrait sans problèmes même si Plum rompait pour aller ailleurs quelques mois. L’amour rendait vraiment niais ! Le jour où Manon deviendrait comme ça Plum se devait de l’emprisonner et de ne pas la nourrir jusqu’à ce qu’elle arrête ses hallucinations digne du pays des bisounours. En attendant c’était de l’américaine dont il s’agissait et si elle pouvait la tirer hors des griffes de Mercury elle se sentirait vachement utile. La bonne action de l’année accomplie ! Quelle classe …

« Tu sais tu peux tout me dire hein ? Je ne vais pas me permettre de te juger surtout que je suis mal placée pour. DONC si il t’as fais du mal ce Daniels dis-le moi et on s’en vengera dignement ! »

La voilà avertie ! On ne s’attaque pas à une Petrov impunément surtout quand ce sont les descendantes de Petrova herself (a). Encore face au choix cornélien de ce qu’elle mangerait elle laissa son regard s’aventurer sur un aquarium situé non-loin de leur table où des dizaines de poissons vaquaient à leur occupations insouciants. Les pauvres ils ne savaient pas que dés qu’un client dirait «  je veux celui ci » ils termineraient leurs courses dans une casserole ou au bain-marie. L’étudiante n’était pour le moins végétarienne, mais juste de voir ces êtres vivants là et une fois dans son assiette elle en sentit un violent haut le cœur. Osant penser qu’elles pourraient peut être changer de restaurant elle estima l’idée bête vu la réservation effectuée ici et l’heure qui avançait déjà pas mal.

Prête encore à jouer la gossip de service elle entreprit de laisser un son s’échapper de ses lèvres quand un serveur pas mal dans son genre fit irruption. Sourire colgate, costume au nom de l’établissement oblige et yeux qui fixaient les deux jeunes femmes. Ce mec aussi n’avait jamais vu de jumelles ? Bon d’aussi jolies qu’elles non, donc ça c’était compréhensible. « Avez-vous choisi mesdemoiselles ? » Pourquoi pas mesdames ? Manon n’avait au final toujours rien choisi donc elle sortit la première chose qu’elle avait en tête : « Des macarons… » Long silence, l’employé croyait qu’elle blaguait et attendait la chute le moment où Manon dirait « non c’était une blague donnez moi du caviar. » Sauf que le caviar elle n’aimait pas ça. « Des macarons ? Mais… Eum Mademoiselle il s’agit d’un dessert… » Non ? IMPOSSIBLE ! Manon pensait qu’il s’agissait de l’entrée (ironie) « Tant pis je veux des macarons quand même… » Quelle chieuse. Tout ça parce qu’une envie de macarons (son pêché mignon) venait de sonner dans sa tête le pire c’est qu’elle commanderait un plat normal juste après, de quoi donner la nausée à certaines personnes.
Préférant jeter l’éponge illico-presto il nota quelques mots dans son bloc notes puis fixa ensuite la seconde Petrov-Versier priant sûrement pour qu’elle ne soit pas aussi chiante que la première.

Savoir mentir ; un don, un talent, une faculté qui l’avait sortit de pas mal de situations embarrassantes. Dans ses plus lointains souvenirs Manon avait toujours pu mentir sans qu’on la grille, sans qu’on puisse mettre en doute ce qu’elle racontait. A force elle faisait partie de ceux qui peuvent mentir sans aucune gêne, avec un furieux répondant du tac-au-tac comme si la réponse était vraiment naturelle. D’un côté Manon n’appréciait pas vraiment cela, c’était tromper les autres dans un sens mais dans un autre côté quand elle voyait l’évolution des relations sociales elle pensait qu’il s’agissait de la meilleure solution. Au même moment la voix de sa double résonna dans la salle « Et c’est mal ? » Bonne question, qui ferait une bonne question dans une dissertation d’un de ses cours de philosophie chiants. Manon ne pouvait pas répondre par un oui ou un non, ni un peut être. Elle aimait Plum et sa spontanéité, son honnêteté, elle ne voulait pas qu’elle devienne comme elle.

Pas par jalousie mais juste par raison, elles avaient la vingtaine ; la vie encore devant elles. Elle aurait tout le temps de devenir aussi mesquine qu’elle, et pas aussi blessée par un garçon que ça. Tout ça à cause des garçons et leurs conneries, tout ce qui fait qu’on les aime, et qu’ils nous attirent l‘amour c‘est con, ça nous rend niais, c‘est beau au début enfin ça en a l‘apparence mais au final un choc et plus rien.
Manon grimaça et répondit se voulant être la plus neutre possible :

« A toi de voir si c’est mal ou pas… »

Si un cours de yoga pouvait être dispensé là maintenant, la française forcerait vivement sa jumelle de l’accompagner, sophrologie et yoga un cocktail idéal pour évacuer toutes les mauvaises ondes. Quoique des macarons pourraient prendre ce rôle de sauveur ce soir. Le sauveur ne serait pas Damian en tout cas, quitte à mourir plutôt que de devoir le supporter. C’était physique, légitime elle avait du mal à l’encadrer, Plum méritait cent fois mieux. Une liste de IOTAS que Manon pourrait lui fournir, au pire un Alpha ils sont intello sans être barbants mais la plupart gentleman. Pas de Delta par contre elle ne se voyait p as avec un delta tout comme elle ne voyait pas la brunette aux prunelles noisettes en face d’elle avec un Delta. Beta + Delta = amour pour toujours blablabla comme dans tous les stéréotypes. Iota + Iota = la perfection atteinte parfaitement. Bordel autant caser Plum avec Ethan plutôt qu’avec Damian.

Vraiment le sujet Damian la mettait dans des états de folie et dans des tas de raisonnements liant algèbre et logique (enfin logique à sa manière) pas possibles. Elle se demandait si certains pensaient qu’elle ressentait de la jalousie envers la relation de sa sœur et de son petit-ami ; niveau idylle y avait pas meilleur. A part peut être Fleur ; son bébé et le mariage express enfin elle n’était pas encore mariée mais avait vécu un coup de foudre total pourtant vous voyez où ça l’avait mené ? Non elle ne ressentait aucune envie, aucune jalousie elle était contente pour sa sœur ; la voir sourire, être heureuse mais sans aucun doute elle le serait cent fois plus si sa moitié était quelqu’un d’autre. A sa réponse elle sentit l’agacement et la nervosité oui elle pouvait l’aimer ça elle comprenait enfin essayait. Mais on ne doit pas tout endurer juste par amour ; il ne fallait pas qu’elle culpabilise pour quelque chose. L’erreur est humaine son mec comprendrait sinon il n’avait rien à faire avec elle. Valait mieux lui rendre sa liberté maintenant elle aurait du mal à vivre son absence mais ça lui passerait. Dieu qu’elle était vaccinée contre l’amour en analysant ses pensées, pour elle aimer était un synonyme de s’autodétruire Havier lui avait laissé un souvenir amer comme tous les autres. Qu’elle soit neutre vraiment pas seulement avec sa voix et son attitude mais aussi ses positions, qu’elle essaie vraiment de faire abstraction qu’il s’agissait de Damian mais plutôt qu’un mec lambda et de sa sœur. Maintenant à quoi elle pensait ? Maintenant voyait-elle vraiment l’amour comme un truc impossible, cruel ? Elle l’aimait elle n’avait pas à interférer dans la vie sentimentale de la seconde Petrov-Versier c’est tout… Conclusion qui sonnait comme une évidence qu’il fallait appliquer maintenant (oui ou pas).

« J’aime pas te voir tiraillée comme ça… T’as le choix soit de continuer d’être tranquillement dans ton monde de bisounours avec lui ; oh l’amour c’est mignon ! Oh tiens un an que vous êtes ensemble vous êtes TROP mignons ou de me raconter ce qui te tracasse… Honnêtement P. depuis quelques semaines t’es soucieuse et les rumeurs commencent à faire bon train dans la confrérie. Je m’en fiche moi de savoir si c’est de la faute à Damian ou non je veux juste que tu me dises ce qu’il se passe… »

Là ce n’était même plus une perche qu’elle lui tendait mais l’échelle équipée voire même un escalator où il fallait juste qu’elle se mette sur la position On et parler. Manon était bavarde oui mais elle ferait exception pour ce soir, écouter les confessions de sa jumelle ne la dérangeait pas. On peut rigoler beaucoup, et avoir un coup de blues c’était ça aussi la complexité humaine.
La preuve encore ? Avec leur caprice de vouloir des macarons comme apéritif, entrée, plat principal et dessert. Si le restaurant en avait des saveurs différentes elle en serait vraiment capable ; les basiques comme entrée, les saveurs exotiques en plat et les nouvelles comme dessert. Si il lui servirait des macarons au surimi on rigolerait bien en voyant sa tête. Le serveur était vraiment mignon mais n’était pas prêt psychologiquement à supporter ses petites crises sinon elle lui aurait déjà demandé son numéro tout en restant dans le genre Drama bitch Queen of course. Mit à part des crevettes, le reste en viande ne l’emballait pas des masses seulement la partie des desserts de la carte lui faisait de l’œil. A croire que les jumelles ne se suivaient pas elle se complétaient vu que l’américaine exigea la même chose. La demande qui suivit la surprit même, whaa Plum qui commande du champagne ? C’est vraiment que cette soirée s’annonçait comme THE PETROV’S NIGHT ou un truc accrocheur du genre. Manon se versa de l’eau dans son verre et fixa les deux verres qui se tenaient en face d’elle ; un verre à eau et un verre à vin c’était bien ça ? Les cours de bonne conduite elle les avait complètement zappé depuis son enfance ces nurses étaient vachement chiantes sur ce niveau. On s’en fout pensa-t-elle, un verre est un verre tant qu’elle ne boit pas dans le pot de fleurs elle n’est pas en tort. Adressant un sourire complice ravageur et un clin d’œil à sa double elle la taquina :

« Hé bien tu me sors le grand jeux ce soir ! »

Suivit d’un éclat de rire, elle aimait sa sœur. Un truc quasi-incommensurable, elle l’avait découvert depuis quelques mois elle avait toujours cette impression qu’elle se retrouvait enfin après avoir longtemps vécues loin l’une de l’autre. Enfin c’était toujours étrange quand elle y repensait ; l’histoire des doubles Manon y croyait moyennement mais là c’était affreusement différent. Il s’agissait d’une vraie gémellité pas juste d’un sosie. Un sosie qui avait le don de pouvoir se trouver dans sa tête et y dénicher des idées saugrenues. Mais adorablement intéressantes ! Action/vérité nouvelle génération ? Bien sur qu’elle signait. Elle qui refuserait un truc de ce genre ? C’était suicidaire, ce genre de déclarations pouvait la ravitailler en gossip pour le mois entier. Ne pas être l’objet des rumeurs mais les lancer ? Attention sournoise Manon est dans la place. Opinant du chef déjà triomphante elle claqua sa main dans la sienne digne d’un High-five à la B.Stinson.

« HERE WE GO ! Tu sais que moi vérité et question dans la même phrase je suis partante direct ! »

Leur tape fit un bruit sourd dans la pièce, si bien que des clients se retournèrent vers elles. Qu’est-ce qu’elle pouvait en faire ? Des macarons, du champagne, une session de « je déclare toute la vérité rien que la vérité » que demande le peuple ? Ce que Manon demande en tout cas c’est d’avoir droit au joker au cas où des sujets sensibles seraient évoqués. Tiens là ça s’annonce bien moins happy evening que prévu. Au pire elle n’aurait qu’à monopoliser le temps de paroles pour les questions qui à déborder de sujets à chaque fois et pour faire genre se proposer même comme cobaye la première ; quelle preuve de mauvaise fois. Rien que pour ça Manon méritait de se faire avoir…

« Bon t’as du endurer ma leçon de morale je te donne le privilège de commencer ! Vas y I’m on fire ! Rien que la vérité tout la vérité… » Chantonna t-elle légèrement. Plum pourrait s’en donner à cœur joie…

« Il n’a pas fait que m’embrasser au bal. Je l’ai embrassé à mon tour et on allait coucher ensemble et…. Il est parti. » Soit elle venait de se réveiller d’un sommeil lourd avec la migraine qui suivait, soit elle n’écoutait que leur conversation qu’à moitié et venait vraiment de réaliser ce qu‘elle lui disait. Manon entendit seulement cette phrase s’agiter comme l’annonce du siècle dans tous les tiroirs de sa tête, les yeux écarquillés elle lâcha un « oh » de surprise, d’étonnement. Si le sort de stupéfaction existait réellement Plum savait parfaitement le lancer rien qu’à lancer des phrases qui firent l’effet d’une bombe. Reprenant ses esprits elle lui adressa un sourire compatissant et prit sa main dans la sienne. Si la brunette avait besoin de sa jumelle elle serait là pour elle, sans la juger, sans lui dire que c’est mal ou qu’elle n’aurait jamais du le faire, elle n’avait pas la tête à l’emploi et pas la motivation pour. Une glace ferait bien l’affaire pour bien en mettre une seconde couche, pour l’instant elle se contenterait de ce réconfort tactile. En lui faisant la bise, en la prenant dans ses bras Manon ressentait l’étrange impression de s’auto-câliner, qu’elle se rassurait en d’autres manières. Enlacer son double, l’avoir ainsi sous les yeux, la française arrivait donc maintenant à savoir à quoi elle ressemblait quand elle était triste, soucieuse, énervée, ou tout simplement rayonnante. L’image que lui renvoyait Plum pile à cet instant précis lui fendit le cœur (quasi-invisible je vous l’accorde mais bel et bien présent).

Qu’elle ait fait bien plus que l’embrasser ne la choquait pas vraiment, elle ne voyait clairement pas sa double tromper son petit-ami mais ça n’allait pas plus loin elle ne le lui ferait aucun sermon à ce sujet et ne chercherait pas à savoir pourquoi avec lui, et pourquoi pile ce soir là. Plum est majeure, elle fait ce qu’elle veut et ce qu’elle juge lucide de faire. Mais car il y a toujours un mais si l’américaine l’a fait c’est qu’elle le voulait vraiment. Contrairement à Manon qui agissait souvent par feeling, coup de cœur, sans écouter sa raison, Plum n’agissait qu’en réponse à une réflexion déjà bien établie. A savoir qu’elle ne tromperait pas son Damian avec n’importe qui juste parce que le type en question l’embrasserait, elle ne se laisserait pas faire si justement il s’agissait de quelqu’un d’autre. Ce souci semblait plus préoccupant que le reste si elle venait à s’amouracher d’un mec comme Ethan Manon ne savait pas trop comment sa jumelle le vivrait. Se voulant rassurante elle ne pu laisser un juron s’échapper en réaction :
« Such an asshole… » Au départ les insultes pensées dans sa langue maternelle semblaient plus trash alors la demoiselle fit usage de l’anglais. La barrière de la langue n’entrait pas dans leur relation de complicité extrême et heureusement d’ailleurs, pourtant l’étudiante en littérature ne pouvait pas retenir plusieurs mots en français à chacune de ses conversations. Ces tics de langages qui ne se décidaient pas à la lâcher de sitôt mais qui se gommaient au fur et à mesure. Tapotant la paume de sa main sur le revers de celle de sa jumelle elle hésita avant de continuer. Ce genre de situations elle n’avait jamais exploré, autant niveaux relations amoureuses on pouvait lui adresser une palme autant pour celle de Plum celle-ci méritait la palme d’Or. Reproches / pas reproches ? Conseils / pas conseils ? Questions / pas questions ? A croire qu’elle faisait office d’enquêteur.
« Je suis tellement désolée ma belle… » Absolument pas de sa faute mais autant commencer doucement, et puis vu la tête qu’elle faisait des excuses seraient toujours les bienvenues. L’attitude du sexe opposé méritait l’édition d’une série de bouquins qui s’écoulerait à perte. Avec pour Tome I ; explication des actes de fuite, et autres tracas quotidiens. Si ses études ne se déroulaient pas comme elle l’envisageait elle pourrait toujours se reconvertir et cette idée d’encyclopédie serait vraiment à exploiter, si Plum serait tourmentée elle obtiendrait une place sans problèmes dans cette affaire. Estevan pourrait tellement les aider… Enfin bref. « Je suppose qu’il s’est contenté de bafouiller un lâche désolé je dois te laisser ? » Tellement prévisible, dans tous les téléfilms l’intrigue collait identiquement à celle-ci. Dans les films ils se retrouvaient ; un happy end ultra bien réglé. La remarque ne se voulait pas assassine, mais plus pour lui permettre à comprendre. Si elle suivait vraiment l’idée du caractère qu’elle se faisait de sa sœur elle aurait parié que Plum serait partie. Non pas qu’elle soit craintive mais c’est l’image qu’elle lui reflétait elle ne réussissait à l’imaginer tromper son Iota. Et pourtant à l’entendre c’était bien elle la plus entreprenante à le vouloir plus que tout : « Et tu gardes ça pour toi depuis… Tout ce temps…» Tout se collait : son air lointain et détaché, les rumeurs, les vacances précipitées. Manon se sentait clairement inutile elle était une mauvaise sœur que ça ? Pour que sa double ne se confie pas directement ? Ne lui répétait-elle pas sans cesse qu’en cas de coup dur il lui suffisait de faire un signe ? L’appeler à trois heures du matin, ou n’importe quand et Manon ferait acte de présence. Elle garderait ses secrets comme l’autre brunette le ferait et la boucle se bouclait.
Elle ne pensait qu’elle doutait de sa capacité de garder ce genre de confidences pour soi, même si La Petrov-Versier n’avait pas la réputation d’être une tombe et aux débordements faciles. Ce cas là changeait complètement la donne ; si elle balançait un mot ça virerait à une mission suicide et ça tomberait forcément dans les oreilles de Damian. Fronçant les sourcils : « Laisse moi deviner l’autre n’est pas au courant ? » Non elle ne le faisait pas exprès, l’autre se référait obligatoirement à son potentiel futur ex-beau frère. Sadiquement cette formulation lui fit esquisser un sourire : dire ça l’éjectait un peu plus de sa position de petit-ami. Il passerait donc par la case prison en évitant la banqueroute.

Un ange passe, et le serveur leur apporte la solution à leurs tourments, la bouteille qui scintille qui arrive comme un cadeau. L’éclairage de l’établissement met tout l’ensemble en valeur, elle n’aime pas le champagne trouvant ça trop fade, trop amer mais ne peut s’empêcher d’avoir des yeux qui pétillent à faire concurrence aux bulles présentes dans la bouteille. Une certaine accalmie s’est installée, leur parlote reprendrait ensuite de plus belle. Le barman leur sort le grand jeu limite tout un cérémonial pour ouvrir cette foutue bouteille. Le liquide aux reflets de couleur or se répand enfin dans leurs flûtes en cristal, le mariage est parfait tout est à sa place.
Manon se sent dans son élément, tout l’attirail de fille gâtée, d’argent dépensé à flot, de non-dits, de souvenirs de soirées, de Lyon, de ses premières rencontres avec ses acolytes de Berkeley. Portant le cristal à son verre elle remarqua qu’elles n’avaient pas portés un toast, ça ne servait à rien elles avaient déjà tout ce qu’elles souhaitaient. Ce goût désagréable en bouche alors que ce champagne était encensé par la critique, une petite grimace et la question lancée si candidement qu’elle paraissait vraiment comme normale. Havier son point faible, un point faible qui se dissipait mais qui se ravivait quand le sujet était à nouveau lancé. Elle l’avait aimé, elle doutait de ce sentiment à présent, en fait elle en savait guère trop. Pour elle tout sonnait faux son couple avec Lina, leur première apparition en publique qu’elle trouva plus synonyme de mascarade qu’autre chose. Lina est son amie, et en faisant office de nouvelle petite-amie à son ex elle passait du côté « était son amie » première à prôner les amitiés au profit des amours. Y avait néanmoins des limites à tout, si elle lui avait parlé à elle avant de tenter quoi que ce soit elle n’aurait rien dit et se serait contentée de ruminer intérieurement. Sauf que non ils la mettaient devant le fait accompli qu’on s’étonne pas qu’elle couche avec le premier qu’elle croise ensuite… Havier ne méritait pas de faire partie de cette soirée il ne le méritait plus, il ne la méritait plus. Ennuyée elle accepta quand même de répondre à la question en donnant son accord pour jouer fallait jouer le jeu…

« Je ne crois pas, il m’a déçu je ne pensais pas qu’il irait se mettre en couple avec la première fille qu’il verrait. Et qui plus-est, pas avec une personne que je prenais pour une amie proche, Havier est un grand garçon s’il estime qu’il peut être heureux avec Lina et bien je respecte son choix. Il prendra conscience bien trop tard que j’étais celle qu’il lui fallait… » Accentuant bien sur le celle, Manon fixa ses couverts et prit enfin conscience de ces paroles. En parler la libérait presque elle qui se focalisait à éviter le sujet. Les sentiments qu’elle lui portait étaient toujours là mais bien moins intenses qu’avant. Elle préférait se focaliser sur autre-chose mettre de côté tout ça. Pourquoi devrait-elle vivre dans le passé alors que monsieur s’amusait ? Ce n’était pas digne d’une PV ça…