J'étais chez moi, confortablement installé sur mon grand canapé noir, une jeune femme dansant juste devant mes yeux, attrapant à la volée ma cravate fermement avec ses doigts. Je l'avais rencontré il y a quelques semaines de ça, sur le parking de Berkeley. J'avais au début cru que c'était une étudiante et était devenu froid comme une armoire à glace lorsqu'elle commença à me sourire en s'approchant de mon véhicule, se mordant la lèvre inférieure sans relâche. Je ne voulais pas d'étudiantes. J'avais déjà été sur ce terrain là, dont une avec qui cela s'était répété, plusieurs fois. Je risquais bien trop gros et je n'étais pas assez stupide pour me faire prendre avec une étudiante, encore moins, en public, au beau milieu d'un parking. Néanmoins, il semblait que cela ai été mon jour de chance, car cette jolie brune aux yeux noisettes n'était autre que la grande sœur de l'une de mes élèves, qui venait quémander quelques informations quant à son niveau.

Dès que j'eus su qu'elle n'appartenait plus au monde des études, mon regard changea du tout au tout. La donne avait changée, et je lui fis sentir immédiatement, sans passer par quatre chemins. Elle paraissait pourtant si jeune, mais je ne lui demandais même pas quel âge elle avait, ni quel était son travail, ni quel était son prénom. Je ne voulais rien savoir d'elle. Elle l'eut très vite compris, mes réponses se faisant brèves, inaudibles et inintéressées. Je répondis pourtant aux questions concernant sa sœur, par politesse, l'air ennuyé. J’entrouvrais très vite la porte de ma voiture, comme coupant court à la conversation, lui glissant mon numéro à l'oreille. Un sourire satisfait au coin des lèvres, refermant la porte derrière moi, je savais qu'elle en avait retenu chaque chiffre.

Et la voilà désormais dans mon grand appartement, s'exécutant à toutes mes envies. Elle m'avait fait passer un très bon début d'après-midi, mais j'avais encore un million de choses à faire. Refermant un à un les boutons de ma chemise, je lui ordonnait de sauter dans ses affaires au plus vite et alors que je l'attrapais par le bras, nous nous retrouvions sur le palier de ma porte d'entrée. Mon regard tomba sur celui d'Haley, en face de la rue, et mes yeux s'écarquillèrent. J'avalais ma salive nerveusement, mon expression indéchiffrable. Lorsque la brunette à mes côtés tenta de s'approcher pour certainement, m'embrasser, je reculai d'un pas, un sourire forcé au coin des lèvres. Son visage se décomposa, mais elle compris au moins que je ne lui offrirai rien d'autre, une fois passé le pas de la porte. Elle s'en alla, et je réajustai ma cravate, tranquillement, regardant Haley s'avancer en ma direction. “Je n'ai jamais rien eu à cacher” répondis-je à sa réplique, mon regard soutenant le sien. Je n'étais pas sur le point de me mettre à ses pieds, et encore moins de me justifier pour ce que je faisais. Je devais par contre, avouer que j'aurais préféré qu'elle ne voit pas cette scène. Je savais pertinemment que ça avait du lui faire du mal, dans un sens, et c'est ce que j'avais voulu éviter en la prévenant des difficultés que je pourrais avoir à être bon pour elle. Mais elle était là, devant moi, et elle me déconcertait… J'avais eu une facilité incroyable à reprendre le cours de ma vie lorsque j'étais précipitamment rentré de Londres, car il m'était tellement facile de trouver des occupations pour ne pas penser. En revanche, lorsqu'elle se trouvait à quelques centimètres de moi, je ne pouvais rien faire, absolument rien faire pour empêcher mon cœur de s'affoler dans ma poitrine. “Tu veux entrer ? T'offrir à boire, ça j'en suis capable” lui dis-je en attrapant sa main, redécouvrant avec frisson l'effet que me procurait le simple fait d'entrer en contact avec sa peau, tiède. Mon regard s’intensifie. Elle avait un tel pouvoir sur moi, elle me mettait dans tous mes états, sans même bouger le petit doigts. Néanmoins, je tentais de me calmer. Ce n'était pas le moment de s'emporter, peut-être pourrions-nous avoir une discussion. J'étais ouvert à la discussion avec Haley, et c'était bien la seule. Je repensais furtivement, à son mariage, et j'étais soudainement, refroidi. Il y avait tellement de choses entre nous qui n'étaient pas réglées et au fond, j'étais soulagé de l'avoir prévenu quant à ce qu'elle devait attendre de moi, même si ça ne lui plaisait pas. Elle ne pouvait au moins, pas me reprocher d'être malhonnête. Prêt à changer ? Voyons déjà, si elle était prête à m'adresser la parole, autre que pour me piquer avec ses paroles ardentes. Cacher un mariage, c'était pour moi plus important que la vision d'une jeune fille passant le pas de ma porte, que Haley comme moi ne reverrions sans doute jamais.