Bradyn était arrivé encore une fois enr etard ce matin. Lorsqu'il s'agissait de cours en amphithéâtre, cela ne posait pas problème étant donné qu'il y avait beaucoup de monde et que les profs ne comptaient pas les absents mais là, en groupe restreint, Bradyn s'était tout de suite fait remarquer. Et puis, il fallait aussi dire qu'il avait oublié de faire le devoir donné par le prof. Il avait bien tenté de se trouver de multiples excuses mais cet écart associé à ses nombreux retard habituels n'avaient pas joué en sa faveur et le prof, qui en avait plus qu'assez de cette attitude avait fini par lui donner 3 heures de colle. C'était pour cela que Bradyn se trouvait là, à cet instant, dans la fameuse salle de colle qui était d'ailleurs remplie d'étudiants. Bradyn salua quelques connaissances avant d'aller s'asseoir à uneplace libre sous le regard incendiaire du surveillant qui trouvait l'attitude de tous les étudiants présents déplorables. Du moins, c'est ce que laissait penser le regard qu'il leur adressait à tous...
A chaque fois qu'une nouvelle personne entrait, Bradyn relevait la tête en entendant le grincement dans la porte sans vraiment espérer quoi que ce soit; il n'arrivait tout simplement pas à se consacrer sur le devoir qu'il n'avait pas fait et auquel il devait s'atteler à présent pour être en mesure de le rendre l'après-midi même.
Soudain, alors que la porte s'ouvrait encore pour accueillir un nouvel étudiant collé, le regard du jeune homme tomba sur un visage connu... Merde... Perséphone... Ce n'était pas que Bradyn n'avait pas envie de la revoir, au contraire. Il avait de nombreuses fois tapé le numéro de son amie mais s'était ravisé au dernier moment, ne se sentant pas le courage de lui parler. Avec le recul, il se rendait compte que, même en étant désespéré ce soir-là, il s'était comporté comme un pauvre con avec elle. Peu après son départ du toit, Bradyn s'était effondré et s'était laissé allé à pleurer pour la première fois depuis longtemps. Il s'en voulait énormément de s'être comporté de la sorte avec elle. Il espérait sincèrement qu'elle lui pardonnerait même si la phrase de la jeune femme résonnait toujours dans sa tête comme une faible lueur d'espoir lorsqu'elle lui avait dit qu'ils pourraient se revoir quand tout cela serait oublié. Mais il savait que lui-même ne pourrait pas oublier ce qui s'était passé ce soir là.
En effet, la situation était des plus compliqué mais, dorénavant, Bradyn était au clair sur ses sentiments: il avait dû tirer un trait sur Dakota, d'un commun accord avec cette dernière car ils ne voulaient pas se faire souffrir l'un l'autre. Pour Perséphone, il fallait que ça s'arrête là: ok, la jeune femme était très attirante et Bradyn aurait bien aimé connaître d'autres facettes de sa personnalité que celles qu'il connaissait déjà. Mais elle était aussi son amie et il ne voulait pas la perdre ni la faire souffrir. Et puis, depuis quelques temps, il avait décidé d'être un peu moins volage et concentrait son attention sur une autre jeune femme bien que cela l'effraie car le fait de s'attacher à quelqu'un l'angoissait.
Toujours est-il qu'à cet instant précis, Perspéhone faisait son entrée dans la salle de colle et Bradyn ne pouvait pas la quitter des yeux. Comment allait-elle réagir en le voyant? Allait-elle l'ignorer? Lui pardonner? Autant de questions se bousulaient dans la tête du jeune homme qui n'allait sans doute pas tarder à obtenir des réponses, en espérant que celles-ci ne soient pas trop dures. Bradyn, une main dans la poche de sa veste, referma ses doigts sur le cadeau que Perséphone lui avait balancé à la figure.D'habitude, personne ne lui souhaitait son anniversaire mais là, même si c'était pour le faire souffrir, elle l'avait quand même fait... Enfin, ces derniers temps, ce collier était le seul moyen que le jeune homme avait trouvé pour garder un lien, même mince, avec la jeune femme...

Au bout d'un instant, Perséphone remarqua la présence de Bradyn qui ne savait pas vraiment comment réagir. Depuis l'incident du toit, il n'avait eu aucune nouvelle d'elle et n'avait pas tenté de la recontacter, craignant de se faire remballer ou de devoir affronter une nouvelle fois la colère de la jeune femme. Le regard que Perséphone venait de lui lancer n'augurait rien de bon. Elle ne semblait pas avoir digéré ce qui s'était passé. Bradyn se sentait vraiment mal à l'aise vis à vis d'elle. Il savait qu'il avait abusé, bien qu'il ne l'ait pas non plus forcée à faire quoi que ce soit.
Le jeune homme se concentra à nouveau sur le devoir qu'il avait à effectuer mais, au bout de quelques minutes, il releva les yeux de sa copie et laissa échapper un léger soupir. Impossible de se concentrer. Ce qui s'était passé entre Perséphone et lui envahissait son esprit et l'empêchait de réfléchir à quoi que ce soit d'autre. Peut-être qu'il serait temps de résoudre ce problème en présentant des excuses à la jeune femme...
Bradyn déchira un morceau de sa copie mais resta face au bout de papier vierge un bon moment. Que pouvait-il lui dire? Il n'allait tout de même pas la remercier pour son cadeau. Ce serait sans doute pitoyable comme démarrage pour des excuses, et puis, surtout, Perséphone risquait de l'envoyer ballader une nouvelle fois...
Finalement, Bradyn griffona quelques mots sur sa feuille et, après avoir vérifié qu'aucun surveillant ne regardait dans sa direction, il visa la table de Perséphone sans souci, s'étant entraîné pendant plusieurs années dans l'équipe de basket du lycée, cela aurait au moins servi à quelque chose. Le papier atterrit juste sous le nez de la jeune femme et Bradyn attendit, jetant de temps à autre un rapide coup d'oeil en direction de la jeune femme.

Code:

Je voudrais juste que tu saches que je regrette vraiment de m'être comporté comme un salaud avec toi.

Le papier ne comportait que quelques mots mais Bradyn ne voulait pas s'étaler en formules inutiles. Il voulait simplement que Perséphone sache qu'il s'en voulait à mort de s'être comporté de la sorte avec elle. D'ailleurs, il croisait intérieurement les doigts pour qu'elle accepte au moins de déplier le papier et d'y lire ce qu'il y avait inscrit, car il ne la connaissait que trop bien et savait qu'elle était capable de l'ignorer, tout comme elle pouvait être capable de lui répondre un truc méchant...

A présent, il ne restait plus qu'à Bradyn à attendre. Les minutes qui suivirent semblèrent interminable au jeune homme. Mais, soudain, le silence de la salle de colle fut brisé par une sonnerie de portable. Bradyn ne mit pas plus d'une secnde à capter qu'il s'agissait du sien. Il fourra alors sa main dans son sac et fouilla, à la recherche de son téléphone. Comme si ça ne suffisait pas niveau malchance, le temps qu'il saisisse son portable, le surveillant était à sa hauteur et tendait la main, attendant que Bradyn lui remette son portable en main. Tout en laissant échapper un soupir d'agacement, le jeune homme lui tendit le portable à contre-coeur. Il avait l'impression d'être de retour au collège...
Mais son supplice ne s'arrêta pas là. Il n'avait pas eu le temps de lire le sms qu'il venait de recevoir mais il savait déjà qui en était l'expéditeur. D'ailleurs, ses soupçons furent confirmé lorsque le surveillant lut à voix haute le message devant la salle de colle toute entière:

"Salaud est un gentil mot..." Le surveillant arqua un sourcil, visiblement incapable de comprendre ce que signifiait le message mais il reprit néanmoins la parole "Peut-être bien... Vous aurez certainement envie de m'adresser le même message monsieur Featherstonn mais sachez que le fait d'avoir perturbé une salle de colle toute entière vous coûtera trois heures supplémentaires..." Le surveillant tourna les talons et repartit en direction de son bureau mais, après avoir avancé de quelques pas seulement, il s'arrêta et se retourna à nouveau vers Bradyn "Et il va sans dire que vous irez récupérer votre téléphone chez le proviseur..."

Une fois que le surveillant se fut éloigné, Bradyn foudroya Perséphone du regard avant de fixer à nouveau sa copie toujours blanche. A présent, le silence qui régnait un peu plus tôt dans la salle de colle avait laissé place aux chuchotements des étudiants intrigués par cette interruption inattendue. Visiblement, ce n'était pas cet épisode qui allait améliorer les rumeurs qui circulient déjà sur son compte...
Finalement, la sonnerie retentit, annonçant la fin du supplice, c'est-à-dire la fin des trois heures de colle, du moins, pour aujourd'hui. Bradyn fourra toutes ses affaires dans son sac le plus rapidement possible. Il alla remettre sa copie au surveillant qui luèi adressa un sourire, histoire de renforcer son sadisme. Mais Bradyn n'y prêta pas attention. Il n'avait qu'une seule idée en tête: rattrapper Perséphone, qui encore une fois avait été plus rapide que les autres et était sortie la première de la salle de colle. Il l'aperçut un peu plus loin devant et accéléra le pas. En quelques secondes seulement il fut à sa hauteur. Etant donné qu'elle marchait en longeant le mur à cause de la circulation dans les couloirs, Bradyn n'eut aucun mal à lui barrer le passage en plaquant son bras contre le mur, juste devant elle, de telle sorte qu'elle ne pourrait pas lui échapper. Il plongea alors son regard dans le sien et s'adressa à elle sur un ton plutôt sec qui traduisait sa colère et sa déception.

Je suis peut-être un salaud mais je te signale qu'au début, tu n'avais rien contre, bien au contraire...

Bradyn fixa Perséphone encore quelques secondes, le regard empli de colère puis il retira son bras, laissant le champ libre à la jeune femme. Celle-ci n'avait pas encore bougé que Bradyn repartait déjà dans la direction opposée, sous les regards surpris et interrogateurs des nombreux étudiants qui venaient d'assister à cette scène qui allait sans doute alimenter encore un peu plus les rumeurs concernant le jeune homme qui, dorénavant, s'en fichait complètement puisqu'il n'avait plus rien à perdre...