Changer : devenir différent. Personne n'est à l'abri du changement. On croit qu'on sera toujours qui on est, qu'on ne changera jamais, que rien ni personne ne pourra nous rendre différent. On aime notre vie telle qu'elle est, et on ne veut pas qu'elle change. Pourtant, comment peut-on affirmer qu'on préfère notre mode de vie actuel à un autre mode de vie ? C'est bien connu, tant qu'on a pas goûté, on ne peut pas dire si on aime ou pas. Il fut un époque où Maxwell était particulièrement prétentieux. Et les filles lui couraient après. D'ailleurs, lui aussi courait après les filles. Il ne voulait pas de relation sérieuse, il ne voulait que profiter de la vie. Parce qu'à cette époque, profiter de la vie signifiait enchainer les histoires d'une nuit. Puis petit à petit, il a commencé à changer sur ce plan là. Il ne croyait toujours pas au grand amour, mais il était prêt à tenter des relations longues. Et sa première relation longue, c'est avec Evan Callaway qu'il l'a vécu. Jusqu'à ce que finalement, il ne l'a trompe. Après ça, à chaque fois qu'ils se voyaient, ils se gueulaient dessus, se traitaient de tous les noms. Jusqu'à ce qu'un jour, ils se retrouvent coincés dans un ascenseur. C'était la pire chose qui aurait pu leur arriver. Quoi que... Après s'être engueulés une bonne demi-heure, ils s'étaient expliqués, pour finalement, oh miracle se réconcilier. Comme quoi, tout peut arriver. Maxwell enchaina ensuite quelques relations d'un ou deux mois, mais sans tomber réellement amoureux. Après son accident qui l'obligea à arrêter le football, et qui lui causa des troubles de la mémoire, il changea encore un peu plus. Sa prétention disparaissait petit à petit, ce qui étonnait pas mal de monde. Et puis le grand jour arriva. C'était il y a six jours. Nous étions samedi. Edward, le jumeau de Max, était parti en week end. Et Lyzabeth Stewart, celle avec qui Ed' entretenait une relation complexe, avait confondu les deux frères, pensant donc être avec Edward. Et jamais elle n'aurait pu faire meilleure erreur. Maxwell, ne lui avait pas avoué qu'elle s'était trompée. Pourquoi ? C'est dur à dire. Elle l'intriguait, il avait envie de passer du temps avec elle, de la connaître. C'est ce jour-là qu'est né le Maxwell d'aujourd'hui et le Maxwell de toujours. Avec la Gamma, il avait été totalement différent, elle l'avait rendu différent. Romantique, sans plus aucune prétention, attentionné. Lui-même avait eu du mal à y croire au début, mais il était tombé amoureux. A la fin de cette journée magique, Lyz' avait essayé de l'embrasser, mais le Delta avait esquivé le baiser, pensant à son frère. Le lendemain, il lui avait été incapable de faire quelque chose d'autre que de penser. Penser à Edward qui n'apprécierait pas tout ça. Mais surtout penser à Lyzabeth. Rien que de penser à elle le rendait heureux, et lui faisait éprouver ce sentiment si rare qu'il n'avait encore jamais ressenti auparavant. Il le savait, Il avait changé, pour de bon. Et ce qu'il voulait désormais, c'était vivre une relation sérieuse avec elle. Le fait de penser à ça l'étonnait, pourtant il était sûr de ce qu'il voulait. Et le lendemain, son rêve se réalisa. Lyzabeth et lui formaient désormais officiellement un couple. Cependant, ils devaient parler à Edward chacun de leur côté (ou alors ensemble...).

Avez-vous déjà fait plusieurs rêves en une seule nuit ? Comme s'il s'agissait de plusieurs épisodes ? Cette nuit-là, c'est ce qui arriva au Delta. Il fit trois rêves. Ou plutôt trois cauchemars. Le premier était le moins important, et celui qui lui avait fait le moins peur. Vous allez vous moquer de lui, mais bon, maintenant que j'ai commencé à raconter, je dois finir. Dans son premier cauchemar, il y avait eu une invasion d'araignées géantes sur la planète Terre. Les araignées, il en avait toujours eu peur. Toutes ses pattes. Et la vitesse à laquelle elles marchent. Bark. Bref, passons. Son deuxième cauchemar était pire que le premier. Il redevenait le Maxwell d'avant, coureur de jupons, et prétentieux. Mais cela n'arrivera jamais dans la réalité. Cependant, ce cauchemar lui avait été insupportable. Enfin, le dernier. C'était le pire qu'il pouvait faire. Sa plus grande phobie. Lyzabeth pleurait. Elle ne s'arrêtait pas de pleurer, elle souffrait. C'était intenable pour Max. Puis elle disparut. Il l'avait perdu, elle n'était plus là. Heureusement, le réveil sonna. Et le jeune homme était en sueur. Il s'étira, se frotta les yeux, et bondit de son lit. Petit réflexe, il se pinça pour être sûr d'être bien éveillé. Puis il s'empara de son téléphone portable, fouilla sa boîte de réception pour lire un message de celle qu'il aimait tant. Rassuré, il bondit de son lit, et cria "je l'aime", comme pour menacer le cauchemar qu'il venait de faire de ne plus revenir, mais aussi parce qu'il avait envie que tout le monde le sache.

Il prit une bonne douche, sans cesser de penser à elle, puis s'habilla et quitta sa chambre. Il se rendit compte qu'il était en retard, sûrement à cause de ses pensées qui l'avait fait marcher plus lentement. Il se dirigea vers son premier cours, alors que la sonnerie avait sonné depuis dix minutes déjà, et arriva en retard. Heureusement, étant sérieux en cours, le professeur l'accepta sans lui demander d'explications. Il aurait bien envoyé un message à Lyzabeth, mais étant donné qu'il était arrivé en retard, il ne pouvait pas se le permettre. Alors il attendit sagement la fin de son cours. Puis il changea de salle, tout en restant aux aguets, au cas où il la verrait. Mais malheureusement non. Alors, cette fois-ci, il lui envoya un message, dans lequel il disait qu'elle lui manquait, et qu'il l'invitait à le rejoindre à 15h, à l'endroit où ils étaient allés la dernière fois. Un petit "je t'aime", et il envoya le sms. Attendant une réponse, il n'écouta pas les paroles du prof. Puis son téléphone vibra, et un sourire illumina son visage quand il découvrit la réponse positive de Lyz'. Il voulait que le temps passe, et vite. Il voulait être cette après-midi, être avec elle. Et il savait que les cours passaient plus vite quand on s'y intéressait. Alors il s'y intéressa. Et la journée passa plutôt vite.

Il était 14h43 quand Maxwell arriva enfin au parc, ayant déposé ses affaires dans son casier. Il se dirigea vers le banc sous le grand arbre où ils étaient venus mercredi. L'endroit était désert pour l'instant, la sonnerie n'avait pas encore retentit. Si Max était déjà là, c'est parce que le prof les avait laissé sortir plus tôt comme ils avaient été très efficaces. Et c'était parfait, car le Delta voulait arriver le premier. Il ne voulait surtout pas la faire attendre. Il s'assit sur le banc, et attendit sagement. Il entendit la sonnerie, et un sourire se dessina sur son visage. Il se leva et commença à chercher du regard. C'est alors qu'il l'aperçut. Elle était magnifique, comme toujours. Son sourire s'intensifia. Il avança vers elle, et la serrait dans ses bras en fermant les yeux. Il avait l'impression de l'aimer de plus en plus jour en jour. Puis il posa son front contre le sien, l'embrassa tendrement, et prit la parole.

"Bonjour, lui dit-il en souriant. Puis il se mordit la lèvre. Tu m'as tellement manqué."

Ils étaient là tous les deux, et ne se doutaient pas un seul instant de qui allait les rejoindre bientôt.

C'est incroyable comme le temps passe vite quand on est deux. Ca ne vous est jamais arrivé de prendre un café avec un ami, de commencer à discuter, à rire puis de regarder l'heure à un moment et de vous dire "oh mince, j'ai pas vu l'heure passer" ? Alors que au contraire, quand vous êtes seul, le temps passe trop lentement. Le contraste est visible quand la personne qui est avec vous est un(e) simple ami(e), mais alors quand il s'agit de celle que vous aimez plus que tout au monde, je ne vous explique même pas... Dans un premier temps, Maxwell avait été seul un petit moment, dans le parc du campus, à l'endroit où il avait donné rendez-vous à Lyzabeth. Le temps lui semblait long, lui qui n'avait qu'une seule hâte : qu'elle arrive. Et quand enfin il l'aperçut, à des dizaines de mètres devant lui, un sourire se dessina automatiquement sur son visage. Elle avait le pouvoir de le faire sourire dans n'importe quelle situation. Il n'avait qu'à la regarder, qu'à poser son regard sur son visage pour sourire automatiquement. Certainement parce qu'à chaque fois, la voir était un réel bonheur pour lui. Quand elle arriva enfin, le Delta la serra contre lui, fermant les yeux. Le simple fait de l'avoir dans ses bras faisait de lui l'homme le plus heureux de la planète. Avez-vous déjà vécu un amour aussi fort que le leur ? Ma question est stupide, non, évidemment, c'est impossible. Alors avez-vous déjà vécu l'amour, avec un grand "a" ? Si oui, je suppose que vous avez déjà ressenti ce sentiment indescriptible que l'on ressent au fond de soi pour cette personne qu'on aime plus que tout au monde. Et bien ce sentiment, Maxwell le ressentait puissance cent milliards. Et il grandissait un peu plus de jour en jour. Ce qu'il ressentait en ce moment était si fort. Il avait l'impression d'avoir un incendie de bonheur qui brûlait au fond de lui. C'était tellement fort qu'il en était figé sur place et qu'il en avait le souffle coupé. Ils étaient là, tous les deux, sur leur petit nuage, à des lieux de s'imaginer ce qui allait se passer un peu plus tard, suite à l'arrivée de...

Evan. Maxwell la voyait arrivé, elle se dirigeait doucement vers eux. C'est plein d'appréhension qu'il la regarda s'approcher d'eux. Il tenta alors de cacher cette appréhension à Lyzabeth, tenant sa main dans la sienne, essayant de n'afficher aucune grimace sur son visage. On dit que l'erreur est humaine, qu'admettre la sienne est surhumain, et que de pardonner est divin. Avant d'admettre son erreur, et avant le pardon, il y a l'erreur même. C'était il y a plusieurs jours. La Gamma venait d'apprendre que Evan était sa demi-soeur, et elle semblait particulièrement déstabilisée, particulièrement chamboulée. Et quand Lyz' demanda à Max' s'il la connaissait, au lieu de répondre la vérité, il avait menti, affirmant ne pas la connaître. En lui avouant qu'il était sorti avec elle et qu'ils étaient désormais amis, il avait préféré ne rien dire, par peur de compliquer les choses encore plus qu'elles ne l'étaient. Au moment même où il avait ouvert la bouche pour dire "non, je ne la connais pas", il s'était rendu compte de la gravité de son erreur. Et mentir à celle qu'il aime plus que sa propre vie, lui avait été insupportable. Il avait mauvaise conscience et se sentait mal, mais il se disait que c'était pour la bonne cause, et qu'il lui avouerait quand elle serait prête à l'entendre, en espérant qu'elle comprenne... Parce que rien que d'apprendre que son père a eu une autre fille sans qu'elle ne le sache, cela devait être compliqué. Et la seule chose que le Delta voulait, c'était que Lyzabeth prenne le temps d'accepter sa toute nouvelle demi-soeur, qu'elle accepte cette nouvelle, et qu'elle le prenne de la meilleure façon possible.

Elle était là, elle les avait rejoint, tellement vite... Preuve de plus comme quoi le temps passe beaucoup plus vite quand on est deux. L'espace d'un instant, Maxwell avait eu envie de s'enfuir en courant, avec la Gamma dans les bras. Mais il n'avait pas envie de prendre la fuite. Il devait assumer ses actes, et il était prêt à le faire. Il n'y avait aucune chance pour que Lyz ne découvre pas la vérité. Il risquait d'y avoir des présentations, et c'est évident que d'une manière ou d'une autre, elle serait au courant. La Sigma, elle, ne devait pas se douter de ce qu'allait provoquer le fait qu'elle soit venue les voir. Et elle n'y était pour rien dans ce qui risquait de se passer. Sourire aux lèvres, elle enleva ses lunettes, inconsciente de la situation. Lyzabeth aussi n'avait aucune idée de ce qu'elle allait découvrir. En réalité, Max était le seul à savoir. Il rendit son sourire à Evan, avant de serrer la main de la Gamma un peu plus fort dans la sienne. Celle-ci s'apprêta ensuite à faire les présentations, qui s'avéraient en réalité inutiles... Le Delta avait son regard posé sur Evan, un regard qui montrait à Lyz qu'il la connaissait. C'est certainement la raison pour laquelle elle se stoppa net dans les présentations. Le jeune homme se mordit alors la lèvre, comprenant ce qui lui restait à faire. Il n'avait pas d'autres choix que de lui avouer la vérité. Car si elle l'apprenait de la bouche de sa demi-soeur, cela risquait d'engendrer des conséquences encore plus graves. Il tourna alors doucement la tête vers Lyzabeth, plongea un instant son regard dans le sien, avant de se lancer.

"Euh... Il grimaça un instant, conscient qu'Evan ne devait pas comprendre pourquoi il agissait ainsi. Evan et moi nous... Il laissa échapper un soupir. Nous nous connaissons..." Il sentit alors la main de la Gamma glisser et se libérer doucement de la sienne, mais en réalité, il ne savait pas si c'était Lyz' qui avait récupéré sa main, ou si c'était lui qui l'avait lâché. Il était tellement stressé par la façon dont celle qu'il aimait allait réagir. C'était la première fois qu'il vivait ça. Une histoire comme celle qu'il vivait avec la Gamma, mais également la peur qu'il ressentait en ce moment. Une partie de lui ne cessait de se répéter que ce n'était rien, et que tout allait bien se passer. Mais une autre partie de lui, celle en laquelle il croyait le plus, disait qu'elle allait mal le prendre. Maxwell ne put s'empêcher de réfléchir aux conséquences que cela allait avoir. Il s'imagina plusieurs scénarios catastrophes, mais dans leur globalités, ils étaient presque tous identiques. Lyzabeth et lui seraient en froid, il ne pourrait plus la prendre dans les bras, il ne pourrait plus l'embrasser. Si cela se passait comme ça, il risquait d'avoir du mal à survivre. Il chassa ses mauvaises pensées de sa tête, son coeur commençant déjà à s'émietter alors que rien ne s'était encore passé, et que peut-être, peut-être rien de ce qu'il s'imaginait ne se passerait. Si seulement... Max posa un regard désolé et triste sur Lyz', attendant sa réaction avec encore plus d'appréhension qu'il en avait tout à l'heure. Sur la planète entière, elle était la seule à pouvoir le blesser...