« J’ai de bonnes nouvelles pour toi ce matin, Jodie ! » La jeune femme était debout à côté de la fenêtre, en train de regarder la belle vue sur l’autoroute qu’elle avait. C’était une belle journée qui se levait là sur San Francisco. Jodie se tourna vers son médecin qui venait d’entrer dans sa chambre et lui sourit. « Vraiment ? Génial. Allez, me fait pas plus languir. » À force de le côtoyer aussi souvent, la brunette s’était même permise de commencer à le tutoyer, et il n’avait jamais bougonné contre. Elle marcha doucement jusqu’à son lit pour s’y asseoir. Elle n’avait plus du tout l’air d’une malade. Elle prenait son bain par elle-même, pouvait porter ses propres vêtements, n’était pas attachée à des dizaines de fils – seulement un, c’était un bon début -, et elle marchait un peu partout dans l’hôpital sans qu’une infirmière la réprimande là-dessus. Le docteur s’approcha, posa une main sur la barre de métal des barreaux du lit, un petit sourire au coin des lèvres. « Tu peux rentrer chez toi aujourd’hui. J’ai bien analysé tes résultats des derniers mois et il n’y a plus de risque. Ton nouveau poumon se comporte comme s’il avait toujours fait parti de toi. Je n’ai plus aucune raison de te garder enfermée ici. Évidemment, il faudra faire un contrôle hebdomadaire, mais rien de bien interminable. » Un grand sourire illumina le visage de la brunette. Elle allait enfin pouvoir retrouver sa vraie vie, ses amis, son monde, son lit, sa confrérie, son été. Elle se leva d’un bond et alla enlacer son médecin, qui la reprit bien rapidement malgré son rire. « Désolée, montée d’enthousiasme ! Merci, merci beaucoup ! » Dès qu’ils eurent réglé quelques détails et que l’homme en chemise blanche quitta la chambre privée de Jodie, cette dernière se rendit jusqu’à un téléphone public et téléphona à son cousin. Son père travaillait et elle ne voulait pas le déranger, pas tout de suite. Peut-être lui faire la surprise ? Son cousin passerait la chercher et l’aider à récupérer tous ses effets personnels. Elle composa donc son numéro. « Junji ? … Coucou c’est Jodie ! … mieux que jamais et toi ? … devine quoi … je sors de l’hôpital aujourd’hui !! … ouais !! … alors viens me chercher, je t’attends … ok bye bye ! » Elle raccrocha, encore un gros sourire scotché à ses lèvres. Elle retourna à sa chambre et attendit impatiemment l’arrivée de son cousin.

Dès qu’elle raccrocha le téléphone, Jodie pensa à tout ce qui se trouvait derrière ces murs blancs. Elle avait tellement hâte de voir plus loin que cet autoroute. Évidemment, elle avait eu le droit de sortir sous la lumière du soleil durant son séjour. Elle n’était pas en prison non plus. Cependant, aller se balader un peu trop loin en revenait à s’afficher vivante au grand public, et elle n’était pas prête pour ça. Ou plutôt, son poumon ne l’était pas. Maintenant, elle allait faire la surprise à tout le monde, elle allait retrouver ses amis, son amoureux, sa vie. Elle avait tellement hâte de remettre les pieds sur le campus de l’université, d’entrer dans sa confrérie. Toutefois, la jeune femme ignorait que son retour ne serait pas aussi bien vu qu’elle ne l’aurait espéré. Dans sa petite tête naïve, les gens allaient être contents de la revoir, soulagés, euphoriques pour certains. Sans une seule once de rancune. Pourtant c’était tout le contraire qui l’attendait. On allait lui tourner le dos, lui reprocher d’être une menteuse, lui en vouloir de ne pas avoir été mis dans le secret, la trouver égoïste. Elle ne s’imaginait pas les retrouvailles ainsi et pourtant, c’était tout ce qu’elle méritait. Elle ne tarderait pas à le réaliser. Pour le moment par contre, elle sautait de joie sur place, dans sa chambre. Elle n’arrêtait plus de bouger tellement elle était excitée à l’idée de revoir tout ce beau monde. Puis elle entendit quelqu’un frapper à la porte. Elle se retourna vivement, avec un grand sourire au visage. « JUJITSUUUU ! » Elle sauta dans ses bras tandis qu’il l’attrapait par la taille. Il l’embrassa dans le cou, elle se contenta de sourire, aux anges. Il alla finalement s’asseoir et lui demanda si elle était heureuse de sortir de cet enfer. « Tu rigoles ? Et comme que je suis contente ! Faut vite faire mes valises ! » Elle se pencha et fouilla sous son lit, en retirant un gros sac presque vide, contenant quelques vêtements et effets personnels. Elle alla dans sa salle de bain privée, prit sur le comptoir tout ce qui trainait et le fourra dans son sac noir. Jodie se tourna vers son cousin, poings sur les hanches. « Tu sais si tu veux qu’on sorte d’ici de façon express, faudra que tu m’aides un peu là ! » La jeune femme lui lança un vêtement au visage pour le narguer et réalisa après que c’était un soutien-gorge. Elle écarquilla les yeux alors qu’il le regardait sous tous ses angles. « Rends-moi ça ! » Elle rigola en lui sautant dessus, essayant de reprendre ce qui lui appartenait de très intime. Cependant, Junji ne semblait pas prêt de lâcher le morceau.