Qu'est-ce qu'il lui avait prit? Plus jamas de relations sérieuses, plus jamais ! De toute façon, depuis le décès de sa femme, il s'était abonné aux aventures d'une nuit, et lorsqu'une relation commencait à prendre ne serait-ce qu'un tout petit peu d'ampleur, il arrivait toujours à tout bousiller. Peut-être était-ce son destin? Peut-être ne connaîtra-t-il plu l'amour en couple? De toute façon, en ce moment, il n'en avait pas spécialement envie. Tout était bien trop compliqué. Il avait cru trouver en Caitlyn une merveilleuse demoiselle avec qui il pourrait construire quelque chose. Il avait ressentit comme un coup de foudre pour elle, il l'aimait, c'était indéniable. Néanmoins, lors d'une soirée, tout avait basculé. La jeune femme s'était fait blessante, decevante, si bien que les deux tourteraux avaient installé une certaine ambiguïté, celle de savoir s'ils étaient encore en couple ou pas. Dans l'esprit d'Edward, la réponse penchait plus vers le "non". Et bien évidemment, il s'était trompé. Il avait noyé son chagrin en tombant dans les bras d'une autre jeune femme nommée Angelic. Quel rayon de soleil celle-là. En une soirée, il s'était considérablement rapproché d'elle, non seulement sur le côté physique, mais également sur ce qu'il ressentait à son égard. Non, il ne l'aimait pas, néanmoins, il ressentait pour elle une telle passion, un tel désir. Passer du temps avec elle relevait du bonheur. Il s'était attaché à elle, et aujourd'hui, il se demandait comment son coeur pouvait balancer pour deux femmes. Puis Caitlyn était réapparue... enceinte. En y repensant, Edward se croyait dans un film. Comment ce genre de choses pouvaient arriver dans la réalité? Et forcément, c'était pour sa poire. Il ne lui restait qu'à acheter une corde et se pendre. Un enfant... il en avait déjà un, et ce n'était pas une tâche facile que d'assumer celle de père. Comment pourrait-il s'occuper d'un deuxième. De toute façon, Caitlyn était bien trop jeune pour garder ce bambin. Et si elle décidait de mener sa grossesse à terme? Juste cette idée donnait des vagues de frissons particulièrement désagréables à Edward. Néanmoins, voulant assumer ses actes, car il avait été élevé ainsi, il lui avait promit d'être présent pour elle. Si elle voulait de cet enfant, il assumerait son choix, le reconnaitrait et l'aiderait à l'élever en tant que merveilleux papa.

Désormais, comme la culpabilité le rongeait depuis quelques jours, d'une part pour avoir trompé Caitlyn, certes, sans trop le savoir, et d'autre part, pour avoir de la même façon manqué de respect à Angelic, il avait décidé de tout avouer à cette dernière, il lui devait bien ça. Edward ne voulait pas être considéré comme le dernier des enfoirés, il ne voulait pas qu'on le compare à tout les autres hommes. Mais pour le coup, il avait agit comme un vrai salopard. Ainsi, après avoir passé exactement deux jours à éviter la demoiselle, il avait décidé de prendre son courage à deux mains et de tout lui raconter. Encore fallait-il qu'il la trouve. Voila la raison pour laquelle il lui envoya enfin un message sur son téléphone portable afin de lui donner un rendez-vous. Et comme à son habitude, il ne fit aucune faute à ce texto.

Citation :

J'aimerais te parler. Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelle avant, le temps m'a manqué mais ce n'est pas la seule raison. Tu dois certainement m'en vouloir. Je serais à 15h à North Beach. Je t'attendrais, en espérant que tu viendras. A tout à l'heure peut-être.

Il fut là à l'heure, même une dizaine de minutes à l'avance. Le nord de cette plage était bien moins fréquenté, donc, il y avait moins de chances de se faire remarquer par quelques personnes victimes de la fièvre des potins. Vêtu d'un simple jean et d'un T-shirt marron, Edward marchait sur le sable chaud. Les journées se faisent de plus en plus brûlantes, ce qu'il supportait assez mal, venant d'Irlande, là où le climat était bien plus pluvieux qu'ici. Il n'aimait pas vraiment le soleil, il lui troublait la vue et lui donnait des maux de tête à se frapper la tête contre les murs, en plus de le faire saigner du nez. Soit. Il s'approcha d'un grand rocher bordé par la marée, retira ses chaussures afin d'être pieds-nus, puis commença à marcher dans l'eau afin de le rejoindre. Finalement, il alla s'y asseoir. L'odeur de la mer lui faisait du bien, le vent faisait virvoleter ses cheveux bruns et légèrement bouclés. Fixant l'horizon, il se faisait peur à lui-même en s'imaginant en plein océan, alors qu'il avait peur des grands bassins d'eau et ne savait donc pas nager. Néanmoins, il ne pouvait nier que le paysage était si beau qu'il aimait venir ici.

Angelic avait-elle fait quelque chose de mal ? Avait-elle dit quelque chose de mal ? Même si elle connaissait la réponse, elle restait persuadée que si Edward l’évitait, c’était de sa faute. Lors de cette fameuse soirée, tous les deux avaient pourtant l’air de ne rien regretté, alors pourquoi est ce que cela tournait aussi mal ? Si la jeune Bush avait su, elle serait restée tranquille et n’aurait même pas prit la peine de faire entrer son professeur chez elle. Malgré ça, son caractère la poussait à être sereine et confiante. Tout comme il l’a poussait à détester cette situation. Etre évitée de cette manière la rendait folle, et ce, même si Edward n’était pas la personne la plus chère à ses yeux. Elle aurait pu être indifférente, mais ce n’était pas le cas. Bien sur, plus les jours passaient, et plus elle oubliait ce qu’elle ressentait. Ange se rapprochait d’autres gens, leur parlait convenablement et ainsi, cessait de se torturer avec ses questions dites « inutiles ». Edward ne voulait plus la voir, ni lui parler, point final. En tout cas, elle, ne lui courrait pas après.

A l’université. Tout était différent. Angelic, qui était heureuse de vivre autrefois, se sentait soudainement très mal à l’aise. Plus particulièrement lorsqu’elle passait dans les couloirs, devant sa salle habituelle d’histoire-géographie. Inquiet, l’un de ses amis avait voulu lui venir en aide mais c’était inutile. Angelic ne pouvait pas leur dire ce qu’il se passait pour la simple et bonne raison que le statut d’Edward -en tant que professeur- n’était pas négligeable. Peu importe. Au fils du temps, elle ne se prenait plus la tête et de nouveau, son sourire illuminait son visage. D’ailleurs, durant le week-end dernier, son frère, Noah lui avait rendu visite. Les Bush s’étaient alors promené dans toute la ville, bras dessus bras dessous, se racontant leurs dernières anecdotes. C’est fou ce que cela avait fait du bien à Angie, qui serait volontiers repartie avec son ainé chez leurs parents. Mais malheureusement, c’était impossible. La vie allait se poursuivre sans son protecteur de frère à ses côtés. Dommage parce qu’elle aurait bien aimé avoir son avis quand à ce message qu’elle venait de recevoir, un jour fait pas comme un autre…

Edward Oxford a écrit:

J'aimerais te parler. Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelle avant, le temps m'a manqué mais ce n'est pas la seule raison. Tu dois certainement m'en vouloir. Je serais à 15h à North Beach. Je t'attendrais, en espérant que tu viendras. A tout à l'heure peut-être.

En lisant ce texto, le cœur d’Angelic se resserra. Pourquoi revenait-il à la charge après autant de temps ? D’après ses mots, il aurait quelque chose à lui dire ? Et si la belle ne voulait rien entendre ? Après tout, Edward l’avait laissé dans le brouillard et dans le doute pendant tellement longtemps. Soit. La curiosité d’Angie et son envie d’obtenir des réponses la forcèrent tout de même à se rendre à ce fameux rendez-vous. Néanmoins, elle ne s’interdit pas le droit d’avoir quelques minutes de retard. Pas qu’elle veuille se faire jolie ou quoi que ce soit d’autre, loin de là. Elle voulait juste montrer à Edward à quel point cela pouvait être désagréable d’attendre sur quelqu’un. Ainsi, la jeune femme ne se rendit à North Beach qu’aux alentours de 15h15. Ce retard n’était pas tellement énorme parce que, malgré sa bonne volonté, Angelic n’était parvenue à se montrer un peu plus longue. Au fond, elle détestait faire attendre les gens, même si ceux-ci le méritaient. Bref. Uniquement vêtue d’une robe légère de couleur blanche, la belle se mit à marcher parmi les grains de sable bouillant, chaussures à talons dans une main. Son regard était pensif alors qu’instinctivement, elle cherchait la silhouette de son professeur. Où pouvait-il être ? Elle n’eut pas à se poser la question deux fois. Plus loin, sur un rocher, Edward était installé. Décidée, Angelic s’approcha de l’homme puis glissa l’une de ses mains dans ses cheveux. Quelques mètres les séparaient à présent. « ce n’est pas la seule raison ». Qu’est ce qu’il voulait dire ? La belle avait beau réfléchir à une allure démesurée, aucune réponse ne lui venait. De toute façon, elle allait tout savoir maintenant.

-Salut…

Que dire d’autre ? Angelic ne savait même pas. D’ailleurs, il n’était pas impossible qu’aucun sarcasme ne se fasse entendre lors de cette conversation. L’ambiance n’était plus du tout la même ; d’ailleurs, il n’y avait qu’à regarder les anciens amants pour s’en rendre compte. Physiquement, tous les deux étaient distants, le regard d’Angelic n’était plus aussi tendre. Son visage changeait également : Son sourire apparaissait difficilement, malgré sa joie de vivre palpable. Etre dans l’ignorance était une sensation plutôt gênante et désagréable.

Les yeux bleus d'Edward observaient l'horizon, se déposant sur un bateau au loin, qui paraissait si petit. Cependant, il ne doutait pas de sa taille si ce dernier s'approchait de lui, comme les quelques paquebots ancrés au port. Ces derniers étaient bien plus impressionnants que les petits bateaux de pêche à côté. D'ailleurs, en les observant de plus près, Edward semblait comprendre l'horreur qu'avaient ressentit les victimes du Titanic lorsque ce dernier était en train de couler en pleine nuit. Du moins, il en avait une petite idée. Les mouettes volaient dans le ciel, s'adonnaient à quelques figures à sensation forte, voyageaient de rocher en rocher, piquaient leur bec dans l'eau avant de s'enfuir à une vitesse incroyable. La liberté. C'était tellement plaisant de s'imaginer en train de voler comme un oiseau, être libre comme l'air. Un tendre sourire se dessina sur les lèvres de notre Franco-Irlandais.

Il se souvenait des quelques heures de cours qu'il avait eu avec la classe d'Angelic. Certes, il l'avait cherché du regard dans l'immense amphi-théâtre. Et lorsqu'il l'a repérait, il continuait son cours, non sans s'attarder timidement sur sa beauté frappante. Parfois elle fuyait son regard. D'ailleurs, il lui en voulait pour ça. Néanmoins, lorsque leurs yeux rentraient en contact, le professeur Oxford détournait aussi la tête, gêné, de peur de bagayer, de ne plus réussir à se concentrer pour continuer son cours. Car oui, face à des centaines d'élèves, il fallait une certaine concentration, c'était indéniable.

L'espace de quelques instants, Edward posa ses yeux sur sa montre grise Pulsar, attachée autour de son poignet. Quinze heure dix passé. Angelic était en retard, et Dieu sait que notre Franco-Irlandais était un impatient né. Cependant, il ne pouvait oser lui en vouloir tant il s'était mal conduit face à elle. Il garda donc le silence, reposa sa main à plat contre le rocher brûlant et attendit, observant la beauté du paysage face à lui. Il se perdit dans ses pensées, l'espace de cinq minutes, jusqu'à ce que la voix cristalline qu'il aimait tant entendre, parvienne jusqu'à ses oreilles :

Il sentait tellement d'hésitation et de gêne dans sa voix, la même qu'il ressentait à cet instant précis. Edward avait peur de se retourner et de lui faire face, comme si le discours qu'il avait répêté des centaines de fois dans sa tête, venait de s'envoler pour le laisser victime de l'improvisation. Néanmoins, il ne se fit pas prier et descendit du rocher, afin de se tenir débout face à elle, par simple politesse. De plus, sentir l'eau sur ses pieds et ses chevilles -dont il avait retroussé son jean afin de ne pas le tremper-, lui faisait le plus grand bien. Finalement, il leva les yeux vers elle, ces même yeux légèrement plissés face à la lumière du soleil qui l'éblouissait, se trouvant derrière Angelic.

Répêta-t-il, comme s'il avait pas mal de choses à se reprocher. Il prit la peine de l'observer. Elle avait enfilé une de ses robes légères et blanches dont il était fou. Dedans, elle représentait tellement bien la pureté de la jeune femme de vingt ans. Edward lui adressa un petit sourire en coin, timide, et lui avoua tout de même :

D'autant plus qu'avec le reflet du soleil, ses cheveux se faisaient plus roux que jamais. Un merveilleux spectacle qu'il ne se serait jamais lassé de regarder. Il repensait à la soirée qu'il avait passé ensemble, les rires, les sarcasmes, les étreintes, ses lèvres sur sa peau douce, leurs corps ne faisant plus qu'un, la nuit dans ses bras. Il en oubliait presque la raison pour laquelle il lui avait donné rendez-vous ici, si ce n'est qu'il voulait goûter à ses délicieuses lèvres. Soudain, il secoua légèrement la tête, de gauche à droite, comme pour chasser ses idées et reprendre sa concentration. Finalement, il hocha la tête avant de lui lancer avec politesse :

En effet, après un quart d'heure d'attente, il avait cru qu'elle ne viendrait plus, tout bonnement car il connaissait Angelic très ponctelle. Il avait donc pensé qu'elle n'avait pas voulu lui parler, ce qu'il aurait aisément comprit après le comportement qu'il avait adopté ces derniers jours.

Revoir Edward, même après tout ce temps, faisait remonter beaucoup de souvenirs. Décidément, quoi qu’elle fasse, et malgré toutes ses tentatives, Angelic n’oublierait jamais cette soirée où ils avaient partagé tant de choses. Son professeur l’avait fait rire, avait illuminé son visage durant de nombreuses heures et il lui avait fait l’amour en la respectant. L’étudiante n’avait pas eu beaucoup de conquêtes, mais les quelques unes qu’elle avait eu, lui avaient toutes manqué de respect. L’égoïsme était un énorme défaut.
Soit. Edward était maintenant descendu de son rocher pour faire face à son élève. Et déjà là, on pouvait largement ressentir cette atmosphère désagréable qui régnait. En temps normal, le professeur se serait montré plus joyeux, plus souriant voire même… plus sarcastique. Comment Angelic pouvait être à l’aise à présent ? Elle était sûre que quelque chose n’allait pas.

-Salut...

Sa voix se faisait discrète. Angelic, malgré tout, esquissa un fin sourire avant de glisser sa main dans ses cheveux aux reflets roux. Ceux-ci lui cachaient le visage alors qu’elle aimerait bien pouvoir regarder son interlocuteur dans les yeux.

-Tu es magnifique.

Dans d’autres circonstances, ce compliment lui aurait fait plaisir. Mais ne dit-on pas que les hommes avaient cette fâcheuse tendance à dire d’agréables choses aux femmes avant de leur annoncer quelque chose de plus difficile à entendre ? En somme, pour se faire pardonner. Les hommes étaient prêt à tout. Néanmoins, Angelic ne pouvait s’empêcher de sourire plus largement. Elle n’y pouvait rien… Malgré tout, elle était une femme joyeuse et incroyablement gentille. Le texto d’Edward aurait pu la pousser à abréger les choses, lui demander des explications, mais ce n’était pas le cas. Sa présence lui faisait toujours autant de bien. Sa bonté la perdra… Quoi qu’elle préférait largement être comme elle était plutôt qu’une élève méchante et détestable. Ne pas être appréciée ne la comblerait jamais. Contrairement à certains étudiants de Berkeley.

-Merci.

Angelic plongea son regard dans celui d’Edward puis déposa ses chaussures à talons sur le sable chaud afin de pouvoir croiser ses bras sous sa poitrine. Le vent embêtait toujours ses cheveux mais étrangement elle n’y faisait même plus attention. Voir son professeur d’histoire dans cette ambiance presque tendue lui rappelait cet instant, sur le parking, qui avait tout déclenché. A la différence près qu’auparavant, tous les deux n’hésitaient absolument pas à se lancer quelques pics.

-Merci d'être venue.

Edward avait bien raison que la remercier, parce qu’effectivement, Angelic avait hésité. Ses questions s’étaient bousculées dans sa tête, la forçant à peser le pour et le contre de ce rendez-vous. Cela ne servait peut-être à rien de se torturer l’esprit de cette façon mais qu’y pouvait-elle ? C’ était dans sa nature. Soit. Tout en haussant ses frêles épaules, Angelic passa sa langue sur ses lèvres. Elle aurait tellement aimé qu’il lui dise ce qu’il avait sur le cœur, là, maintenant et qu’il fasse en sorte qu’elle arrête de se poser mille et une questions. Malheureusement, Edward semblait favoriser la carte de la politesse. A quoi est ce que cela servait ? Il avait été tellement tout le contraire d’un homme poli durant ces quelques jours où il avait préféré éviter son élève… La jeune Bush détourna un instant son visage, prenant le temps d’admirer le paysage qui s’offrait à elle, puis répondit d’une voix douce et fluide.

- Ton message a eut le don de m’intriguer. J’serais peut-être pas venue sinon… Après tout, tu ne m’as même pas adressé la parole ces derniers jours…

C’était une façon indirecte de lui demander « pourquoi ». Pourquoi est ce qu’il avait agi de cette manière. De toute évidence, il avait une bonne raison… Et Angelic avait hâte de l’entendre. Cette dernière tourna de nouveau sa tête puis plongea son regard dans celui d’Edward, alors qu’un fin sourire illuminait son visage. Un de ses bras de détacha de l’autre afin qu’elle puisse -sans difficulté- remettre une mèche rebelle derrière son oreille. Son impatience se lisait sur son visage. Elle aurait pu bouger dans tous les sens, comme dans les cas d’attente interminable, mais elle n’allait pas non plus dans les extrêmes.

Dix-huit ans, elle n'avait que dix-huit ans. Pourquoi ressemblait-elle à une jeune femme un peu plus âgée? Pourquoi avait-il fallu qu'il tombe sous son charme? Pourquoi ne s'était-il pas retenu de lui sauter dessus? Certes, Angelic avait été plus que consentante. Néanmoins, elle était trop jeune pour qu'il lui inflige ça. Pourquoi fallait-il toujours qu'Edward ne se contrôle pas? Pourquoi ces derniers temps, il semblait aussi attiré par les demoiselles qui auraient presque l'âge d'être ses filles? D'abord Massie, puis Caitlyn, et enfin Angelic. Elles étaient ses élèves. Tout d'abord, il prenait un énorme risque pour son travail. Si le directeur prenait connaissance des petites aventures du professeur d'Histoire, il serait aussitôt viré. Une fois... ça pourrait être pardonnable. Deux fois, il y aurait un certain doute. Mais trois fois... il avait presque envie de donner sa démission. Pourtant, Dieu sait qu'il a également beaucoup de succès avec les femmes de son âge, les femmes même un peu plus âgées que lui. Avec tout celles qu'il pouvait avoir, pourquoi prenaient-ils les cas les plus difficiles? Il semblait rechercher la jeunesse, les demoiselles de vingt-ans, comme si ces dernières représentaient un fantasme. Ou bien tout simplement, les quelques filles qui avaient réussit à le charmer, se trouvaient être des étudiantes. Le fait de les voir tout les jours devaient beaucoup jouer dans ce genre de relations. En somme, il ne connaissait pas la raison certaine qui le poussait à entretenir des liaisons avec des femmes beaucoup plus jeunes que lui. Certes, il n'avait que trente-quatre ans, néanmoins, il se trouvait dans l'âge des responsabilités, où un homme a déjà sa vie bien en main, un travail, des enfants, une maison, une voiture, de grandes valeurs, et surtout... très souvent une épouse. Même si Angelic ou bien Caitlyn se trouvaient être plus mûres que d'autres de leur âge, il n'en restait pas moins qu'elles n'étaient pas aussi adultes que des trentenaires. Ca paraissait tellement simple de leur faire voir les plus belles choses. Edward commençait à s'en rendre malade. Encore, s'il le faisait exprès... mais ce n'était même pas le cas. Peut-être avait-il un problème? Si Caitlyn n'était pas tombée enceinte, il aurait certainement donné une lettre de démission pour fuir cet endroit. D'ailleurs, il était fort probable qu'il le fasse si la jeune femme décidait d'avorter. Quel merdier... il en avait jusqu'au cou.

Edward avait tellement mal au ventre avec toutes ces histoires, elles lui donnaient même la nausée. Jamais il n'avait dû autant se détester. C'était un type bien, le gendre idéal, sur qui on peut compter. Pourtant, ces derniers temps, il semblait devenir l'inverse de l'image qu'il avait donné aux gens tout au long de sa vie. Le problème, c'était que notre Franco-Irlandais culpabilisait beaucoup trop. Ainsi, juste l'idée de faire souffrir une personne chère à ses yeux le rendait complètement malade. Il se sentait idiot, plus bas que terre. Il osait à peine regarder Angelic dans les yeux. D'ailleurs, pour passer aux choses sérieuses, elle reprit la parole :

Honteux, Edward baissa les yeux sur l'eau qui s'écrasait contre ses propres chevilles dénudées. Prenant une bouffée d'air frais, il prit son courage à deux mains, releva la tête et plongea son regard dans celui d'Angelic, par respect, puis commença à s'expliquer, la voix légèrement tremblante, remplie de culpabilité, comme s'il était certain qu'il la ferait souffrir :

Edward avala difficilement sa salive, alors qu'il tentait de chercher les mots justes.

Il attendait la sentence, comme un gamin qui venait de faire une bêtise importante, étant sur le point de se faire gronder par ses parents. Devait-il préciser que cette jeune femme en question était une élève? Si Angelic jetait uncoup d'oeil au site de Watch Out comme beaucoup d'étudiants, elle le saurait probablement. Lui, ne savait même pas qui était Watch Out donc...

Le regard d’Edward était tellement fuyant qu’Angelic semblait totalement mal à l’aise. Elle n’aimait pas lorsque son interlocuteur se mettait dans de tels états tout simplement parce qu’elle appréhendait ce qui allait suivre. Le professeur avait-il quelque chose de si terrible à annoncer ? Au point que cela ait des conséquences sur la jeune Bush ? Cette dernière se mordillait la lèvre inférieure, pour tenter de se décontracter mais évidemment, ce fut en vain. Et puis, pourquoi se sentait-elle aussi mal alors que son enseignant n’avait encore prononcé aucun mot ? Angie se préparait tout simplement. Elle se préparait au pire…

-Avant... avant que l'on ne passe la nuit ensemble, j'étais déjà avec une personne. On a finit par se disputer, si bien que pour ma part, j'étais incapable de savoir si j'étais encore en couple avec elle. Je penchais plus pour le "non", et puis tu es arrivée...

Une autre femme ? Edward avait une compagne… C’ était donc ça la raison de son absence ? De son silence ? Angelic se mordit plus fortement la lèvre inférieure puis baissa son regard vers le sable bouillant qui lui cachait la moitié des orteils. Heureusement qu’elle s’était préparée à tout entendre. Bien que cette alternative -qu’Edward soit un salopard- fut évincée de son esprit au moment même où ils avaient fait l’amour une première fois. Le brun l’avait tellement respecté… Pourquoi aurait-il osé lui faire du mal ensuite ? C’était insensé pour Angie, et pourtant… Quoi qu’il en soit, elle restait persuadée d’une chose : « Les hommes sont tous les mêmes. ».

-Après notre nuit, je l'ai retrouvé. Je... lui ai avoué que j'avais vu quelqu'un d'autre et j'ai comprit que je l'avais trompé. Et... elle est enceinte...

Il avait comprit ? Quel progrès ! Angelic esquissa un sourire ironique puis hocha la tête positivement. Edward aurait pourtant très bien pu, ou il aurait même du mettre les choses au clair avec sa petite - amie avant de voir une autre femme. Angelic ne souffrait pas dans la mesure où elle n’attendait rien de son professeur. Depuis le début, elle savait que cette soirée serait unique et ne se reproduirait pas. Tout simplement parce que leur statut opposé à l’université les empêchait. Jamais elle n’avait pensé se mettre en couple avec Edward. Seulement voilà, le respect était tellement important pour elle qu’elle pourrait difficilement pardonner l’acte de l’homme. Désormais, Ange en était certaine ; leur rapport changerait du tout au tout. Auparavant, ils avaient des rapports tendus, puis en quelques heures, ils s’étaient rapprochés -autant physiquement que moralement- mais maintenant… Edward était redescendu tellement bas dans l’estime de la jeune femme. Cette dernier soupira silencieusement puis plongea son regard clair dans celui de son ancien amant.

-Qu’est c’que tu veux que j’te dise ? J’suis pas vraiment étonnée. Enfin… Si parce que j’avais vraiment l’impression que tu me respectais. T’étais pas comme les autres alors j’me suis dis que, vu ton âge, tu étais plus mâture. Mais en fait… T’es pire que les mecs de 18 ans. Eux, sont cons… Ils veulent impressionner leurs potes. Mais toi ?! T’as plus de trente ans… Tu dois savoir quand même que ça s’fait pas. Je souffre pas Edward…

Pour la première fois depuis cette soirée, elle osait l’appeler par son prénom. Le tutoyer avait déjà été un acte difficile alors prononcer son prénom n’était même pas envisageable. Pourtant, cette situation était assez importante et sérieuse pour que ses mots sortent de sa bouche sans qu’elle ne les contrôle. Son cœur parlait. Faire la moral -à 18 ans- à un homme de trente ans… n’était ce pas une situation ironique ? Peu importe.

-J’ai plus mal pour ta copine… Moi, on m’a déjà trompé alors je sais c’que ça peut faire… Les mecs sont tous les mêmes. Et je ne pense pas changer d’avis maintenant.

La belle haussa doucement les épaules.
Evidemment, elle n’était pas totalement indifférente puisqu’elle s’était gentiment attachée à son professeur, mais ce n’était pas de l’amour. Maintenant, c’était à lui de gérer ses problèmes de couple. Angelic n’était plus concernée par tout cela. Ainsi, elle se baissa afin de ramasser ses chaussures à talons puis passa son index sur chacune d’entre elle pour ôter le sable qui s’y était déposé.

-En tout cas, merci d’avoir été sincère. C’est pas donné à tout le monde.

Angelic devait-elle vraiment rester ici ? L’ambiance allait être tellement tendue après cette révélation qu’elle ne s’imaginait même pas discuter normalement avec son professeur. Soit. Peut-être qu’au fond, puisqu’il n’y avait aucun malentendu et aucune ambigüité, tout irait bien. Edward & Angie n’étaient plus des enfants, ils savaient s’expliquer.

Edward était conscient que la soirée qu'ils avaient passé ensemble ne signifiait pas qu'ils étaient devenus un couple. Néanmoins, il s'était attaché à elle, bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Après tout, il s'était endormit dans ses bras, chose qu'il ne fait pas sans être à l'aise. Néanmoins, il doutait fortement que cela soit réciproque. Elle n'attendait rien de lui, certes, mais il éprouvait pour elle assez de respect pour lui dire la vérité.

Ces paroles lui donnaient une impression de déjà vu. Encore une fois, il se faisait passer pour un véritable salopard. Certes, ces derniers temps, il en était un, il en était conscient. Mais le fait de l'abaisser au même niveau que des garçons de dix-huit ans, soit obsédés et complètement idiots, le blessait. Pourtant, il continuait à croire que malgré ses fautes, il n'en était pas à ce stade. Si ça avait été le cas, il n'aurait jamais avouer à Caitlyn qu'il l'avait trompé, et n'aurait pas non plus mis au courant Angelic. Non, il avait fait l'effort d'être sincère, et ça, ça témoignait son âge.

En aucun cas il n'avait voulu lui manquer de respect. Il avait été sincère à chaque seconde. Elle avait représentée pour lui un échappatoire. Désormais, il fixait le sol, se mordillant la lèvre inférieure, visiblement mal à l'aise. Il n'eut même pas le courage de répondre, encore moins de lever les yeux pour la regarder. Il ne voulait pas être comme tout ces mecs, il n'avait pas été élevé comme ça. Le fait qu'Angelic pense cela de lui le blessait. Même si d'un côté, il était d'accord avec elle, il restait conscient qu'il aurait pu être bien pire s'il l'avait voulu. Il aurait pu se taire, pourquoi pas jouer un jeu, coucher avec ces deux jeunes femmes à tour de rôle, les prenant pour de vraies petites idiotes.

Au moins, elle lui reconnaissait cette qualité. Même si le mal être d'Edward restait immense, il fut tout de même un petit peu soulagé par ces paroles. Après quelques secondes de silence, notre Franco-Irlandais avança de quelques pas et alla s'asseoir sur le sable chaud. Jambes repliées, il passa ses coudes sur ses genoux pour prendre son visage entre ses mains. Un court instant, il s'ébouriffa légèrement les cheveux, avant de prendre la parole, sur un ton sincère :

Mettant à plat ses bras sur ses genoux, il appuya son menton et ses lèvres dessus quelques instants. Il fixait les petites vagues s'écraser sur le sable blanc. Finalement, lorsqu'il reprit la parole, il voulu prendre un peu sa défense :

Doucement, il redresa la tête, leva les yeux afin de croiser son regard.

Un sourire nerveux s'afficha sur ses lèvres, comme pour lui faire comprendre qu'il aimait énormément le fait qu'elle soit énervante :

Et Dieu sait que tout ce qu'aimait Edward chez les femmes, étaient rassembler en une personne appelée Angelic Bush. Après, à elle le loisir de le croire ou non. Finalement, il se leva, récupéra ses chaussures. Le fait est que Caitlyn avait beaucoup de soucis à ce faire, car même sans le savoir, Angelic serait pour elle une concurrente. Il n'était pas amoureux d'elle, non, mais il ressentait tellement de passion et de sentiments à son égard qu'il faisait difficilement la différence.

Sur ces mots, il lui adressa un sourire tellement mince qu'il fut difficile de le détecter. Puis il tourna les talons et se motiva pour entreprendre une longue marche afin de partir, pensant qu'il lui avait dit tout ce qu'il avait à lui dire. Il l'avait déçu, il n'avait donc plus aucune raison de rester.

Angelic se souvenait encore de ce jour où elle avait apprit que son petit-copain l’avait trompé avec l’une de ses pires ennemies. En cet instant là, elle se serait volontiers mit une balle dans la tête tellement sa souffrance était grande. Néanmoins, elle refusait d’agir aussi bêtement pour un garçon qui n’en valait pas la peine. Son ancien petit-ami ne valait pas la peine qu’elle se mette dans tous ses états. Il n’était qu’un salaud ; tout comme le précédent d’ailleurs. Angelic n’avait jamais eu de chance avec les garçons mais ça, elle se gardait bien de le dire à tout son entourage. Son but n’était pas qu’on la prenne en pitié. Loin de là. Elle savait se débrouiller seule et puis, sa vie privée ne regardait personne. Evidemment, son frère s’était posé des questions en la voyant enfermé dans ses draps, à pleurer comme une madeleine. Soit. Noah -son ainé- avait le droit de savoir. Lui seul. Elle s’était donc confiée.
Quoi qu’il en soit, Angelic sentit son cœur se serrer en voyant Edward s’assoir au bord de l’eau de cette façon. Pourquoi culpabilisait-elle si soudainement ? Elle avait pourtant dit ce qu’elle pensait…

-Je déçois tout mon entourage en ce moment on dirait.

Tout son entourage ? Eh bien ! Angelic esquissa un léger sourire, ironique bien évidemment, puis passa l’une de ses mains sous ses cheveux pour serrer faiblement sa nuque. Face à Edward, elle se sentait différente… Et pourtant, il avait fait une erreur qu’elle ne pourrait pas pardonner si facilement. L’adultère était un acte qui l’avait trop fait souffrir dans le passé ; et même si aujourd’hui, ce n’était pas son tour, elle avait mal pour Caitlyn.

-L'erreur est humaine, non? Plus de trente ans... qu'est-ce que ça veut dire? Pense aux hommes qui trompent leurs femmes durant des années sans leur dire, jusqu'à ce qu'elles l'apprennent par hasard? Ces hommes sont adultes, et ça n'empêche pas qu'il agissent comme des enfoirés...

Exactement ! L’erreur est humaine. Néanmoins, il y en avait certaine à éviter. Edward savait pourtant que les jeunes femmes allaient souffrir. Du moins, il se doutait que Caitlyn ne prendrait pas la nouvelle avec gaité de cœur. Car même si leur couple n’était plus d’actualité, elle ne serait pas forcément ravi d’apprendre que son « ex » l’avait déjà « remplacé », bien qu’Angelic ne soit pas du tout la petite amie d’Edward. Soit. Il comparait son cas avec celui d’un enfoiré de la pire espèce ? Pourtant, le professeur n’en était pas là…

-Ma "copine" comme tu dis, n'est pas blanche comme neige non plus. Pourquoi croire que j'ai fait ce que j'ai fait uniquement par irrespect, comme si ça m'amusait? Un homme aussi peut être blessé. Et tu es arrivée, tu as été mon échappatoire. Cette soirée là, tu étais tellement belle, tellement... énervante...

Son échappatoire ? Cela pouvait être flatteur comme très blessant. Angelic aurait peut-être aimé être considérée comme autre chose qu’un « simple » échappatoire. Elle et Edward avaient tout de même fait l’amour à deux reprises, ils s’étaient embrassés et s’étaient cajolés pendant des heures entières avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Ce n’était pas anodin pour la jeune Bush. Leur relation était loin d’être banale. Déjà par leur statut, puis par les mots qu’ils échangeaient. Tout prêtait à croire qu’ils se tournaient autour et pourtant… Ange ne voulait absolument pas faire parti d’un trio infernal et amoureux.

-J'ai été sincère. A aucune seconde j'ai joué un jeu avec toi. Tu peux penser que je ne vaux pas mieux que tout ces types, mais à ce moment, je ne voyais que toi. Il ne m'est pas encore possible de résister à une femme qui représente la perfection... ma perfection du moins.

Angelic était à deux doigts de se laisser amadouer. En cet instant même, elle l’aurait volontiers embrassé tout en le serrant dans ses bras mais ce n’était pas possible. Seulement voilà, quelle femme était capable de rester insensible face à de tels mots ? La belle n’y parvenait pas, elle. Evidemment, elle se posait des questions, du genre « Est-il vraiment sincère ? ». Après sa révélation, elle avait le droit de se poser ce genre d’interrogation. Mais sa réponse, basée sur son instinct, penchait plus vers le « Oui ». Ainsi, tout en souriant faiblement, la jeune femme baissa son regard vers le sable chaud. Son cœur battait la chamade. Et si elle avait passé ne serait-ce qu’un peu plus de temps avec son professeur, elle aurait sans doute versé quelques larmes. Ses sentiments étaient confus dans sa tête… Angie appréciait son professeur, malgré tout.

-Une dernière chose. Si c'était à refaire, je recommencerais certainement. J'aurais pu faire une nouvelle fois mon "salop", juste pour le plaisir de t'entendre rire des heures entières et de m'endormir dans tes bras.

Un sourire sincère mais faible se dessina sur ses lèvres. Encore une fois, elle était touchée. La belle avait honte de ressentir cela, elle se sentait faible face à Edward et ne parvenait même pas à se montrer dure et juste.

-Et à ta copine, tu lui as dit quoi ? Que tu regrettais c’qui s’est passé ? Que tu ne recommenceras plus ?!

Angelic n’avait pas eu énormément de copains, ni même de conquêtes. Seuls 3 petits-amis, et de courtes durées. Contrairement à toutes ces filles qui collectionnaient les coups d’un soir, la belle restait un ange et une fille excessivement sage. Soit. Elle haussa doucement ses épaules puis se mordit la lèvre inférieure. Juste avant qu’Edward ne s’éloigne, elle ajouta quelques mots :

-J’aurais certainement recommencé moi aussi. Mais par respect pour ta copine, je n’aurais pas été trop loin. J’ai passé un bon moment, vraiment…

Puis, Edward partit sans même se retourner une seule fois. Complètement déboussolée, Angelic ne savait même pas ce qu’elle devait faire. Le rattraper ? Non, ça serait contradictoire avec ses précédentes paroles. Néanmoins, elle en avait envie. Quoi qu’il en soit, à force de réfléchir comme ça, elle commençait à se sentir lourde et fatiguée. Elle s’installa donc sur le sable chaud, sans même prêter attention à sa robe blanche.

*Putain…Quelle c*nne…*