Bon, on allait pas mentir, ça n'avait pas été le coup de sa vie mais ça avait tendre, et merde, ça faisait toujours du bien un peu de tendresse dans ce monde de brute. C'était bon de savoir aussi qu'Aaron était capable de prendre les choses calmement et avec douceur, de profiter lui aussi sans violence. Dans le bon sens du terme, parce que fallait pas pousser, elle était loin d’être prude et elle appréciait quand il la prenait sauvagement ici ou ailleurs. Cela dit, elle avait aimé aussi ce soir. Dans ses yeux, elle voyait que lui aussi. Avant de rencontrer Aaron, Gemma avait toujours pensé que les militaires étaient de grands enragés, qui certes défendaient le pays, mais qui en devenaient des bêtes humaines. Preuve en était que non, qu'entre ses bras, Aaron pouvait être une toute personne. Avant de le connaitre, elle avait fréquenté toutes sortes d'hommes. Au lit, il y avait eu de tout également, des surprises et des déceptions, des joies et des pertes de temps. Malgré tout, en termes d'amant et de compagnon, elle choisissait sans hésiter Aaron.

Lentement, elle se redressa légèrement, le coude appuyé contre le matelas, un large sourire sur les lèvres qui en disait long sur ce qu’elle avait pensé de ce moment à deux. Sa main libre, elle, caressait le bras du policier. Elle laissait courir ses doigts sur sa peau, montait et remontait, puis lui touchait la joue, laissait les lèvres de son homme embrasser ses paumes, glissait ses doigts dans ses cheveux.

Puis elle se pencha en avant et l’embrassa.

- Je t’aime.

Elle lui claqua ça tout naturellement, comme un môme claque une carte maitresse de Pokémon sur la table. On faisait toujours un foin de ses trois mots, mais sérieux, était-ce vraiment si grave. Gemma ne voulait pas se prendre la tête ce soir. Elle ne lui proposait pas le mariage, elle ne lui proposait pas de le présenter à ses parents, elle n’attendait pas de « moi aussi je t’aime » (même si ça aurait été cool, mine de rien) ni rien...Elle lui disait juste qu’elle l’aimait et mince, on allait pas en faire toute une histoire.

Jetant un coup d’œil sur le côté, elle chercha le tube de crème. Elle le trouva, il était tombé sur le sol pendant le feu de l’action. Puis elle regarda Aaron. Il avait sué peu, étant donné que ce n’avait pas été tellement sportif, mais il avait sué quand même.

- Une douche, et après je te mets cette fichue pommade ?

Et ensuite, au lit, parce que demain, il faudrait se lever tôt pour préparer la chambre pour Zoé puis aller la chercher…

Elle roula des yeux, un peu vexée elle aussi et légèrement déçue que son "je t'aime" soit passé si inaperçu. Au lieu de lui dire le "moi aussi" qui l'aurait réellement transportée, nunuche comme toutes les femmes qu'elle était, son Aaron ne trouva rien de mieux que lui reprocher son invitation sous la douche. Bon. C'était loin d'être la réaction à laquelle elle aurait voulu assister, mais elle était patiente. Ce qu'elle n'obtiendrait pas aujourd'hui, elle l'obtiendrait un autre jour. Tôt ou tard, il céderait. Un sourire s'afficha sur ses lèvres.

- Tant pis pour toi, on aurait pu faire plein de choses sous la douche....

Mais apparemment, Aaron avait d'autres idées en tête, et elle ne tarda pas à savoir lesquelles lorsqu'il la fit rouler sous lui. Elle ouvrit la bouche pour protester...non sérieux, ce n'était pas raisonnable dans son état, mais sa bouche brusquement plaquée contre la sienne lui imposa le silence. Puis il descendit, et descendit encore pour son plus grand plaisir. La tête et la nuque noyées dans l'oreiller, Gemma fermait les yeux et gémissait, fort. Ses doigts glissaient sur les draps, plissant le tissu, avant de venir plonger entre les mèches de son homme.

- Plus...plus...Elle n'essayait même plus de se mordre les lèvres pour faire moins de bruit Putain, j'aime quand tu me fais ça....

A cet instant précis, elle ne voulait pas que la nuit se termine. Oh non, elle aurait aimé rester des heures ainsi, la vie entière même. Lentement, elle se releva et entreprit de s'occuper de lui, aussi bien qu'il s'était occupé d'elle....

- Dis-moi, mister râleur, tu vas râler pour....tout?

Il avait râlé pour la douche, pour son langage, pour son bandage maintenant...pour tout en fait. Aaron avait beau être un amant hors pair, le meilleur qu'elle ait jamais eu, et un homme qu'elle aimait passionnément, il n'en restait pas moins qu'elle se devait de tout mettre en œuvre pour corriger ce petit détail. Faire des commentaires à tout bout de champ pendant qu'ils faisaient l'amour, on ne pouvait pas dire qu'elle avait décroché le mec le plus romantique de la terre. Prévoyant de nouvelles protestations, elle posa le doigt sur ses lèvres.

- Shhhht, tais-toi,, souffla-t-elle. Fais juste ce que tu fais si bien.

Lentement, elle ôta la bande avec des gestes précis et en prenant garde de pas tirer trop fort. Sous les bandages, la peau était devenue mauve par endroit, témoin des coups puissants qu'il avait reçus. Cette découverte lui fit froncer les sourcils...d'accord, elle savait pertinemment qu'il avait été durement touché mais voir les ecchymoses rendait les choses encore plus difficiles à accepter. Décidément, il était temps qu'il se mette moins en danger...Elle y veillerait personnellement.

Elle ravala pourtant ses inquiétudes et se contenta de caresser doucement la peau qui entourait ces zones tuméfiées. Puis elle le suivit dans la douche, où les deux se laissèrent aller de nouveau au plaisir des caresses et baisers sous le jet d'eau brûlant. Tantôt c'était Gemma qui prenait les rênes, tantôt elle se laissait aller entre les mains expertes de son homme, les deux profitant de toutes les possibilités coquines que leur laissait l'espace réduit entre les quatre parois de verres, ainsi l'autre préservatif qu'Aaron avait amené. Puis finalement, une fois que le dernier gémissement de plaisir se fut évaporé dans l'atmosphère, la jeune femme se laissa aller entre les bras de son homme, dans une étreinte chaude et tendre. Son visage enfoui dans le cou de son amant, ses mains unies derrière la nuque et les doigts farfouillant les mèches mouillées, elle se laissait à de tendres et silencieux baisers, profitant du moment.

Puis finalement, elle se sépara de lui et éteignit l'eau, avant d'attraper les larges serviettes à portée de main de la cabine de douche. Celle d'Aaron et la sienne, qui depuis quelques semaines était devenu un élément indispensable de cette pièce. Ils frottèrent, se séchèrent, puis finirent par sortir. La serviette enroulée autour du corps, le nœud juste au dessus de ses seins, Gemma secoua ses cheveux et passa les doigts entre les mèches pour les coiffer sommairement. Puis, attrapant le tube de crème, elle en appliqua sur le bout de ses doigts.

- Viens par ici. Doucement, elle en étala sur la peau d'Aaron avant de commencer à masser. Tu me dis si je te fais mal, ok?

Le lendemain.

7h45. La sonnerie du réveil s'activa, désagréable et incessante. Aussitôt, un bras sortit de sous les couvertures et tâtonna jusqu'à trouver le bouton d'arrêt. Un grognement de protestation l'accompagna et dans la foulée, Gemma se retourna entre les couvertures, les yeux fermés, et se colla contre son homme, cherchant le refuge de ses bras et le câlin du matin. Non, les réveils, Gemma n’avait jamais aimé ça et celui-ci ne faisait pas exception, surtout à une heure aussi matinale. Alors qu'Aaron sortait également doucement du sommeil, elle chercha ses lèvres et l'embrassa, alors que ses mains venaient se glisser dans les siennes.

- Bonjour, murmura-t-elle d'une voix encore endormie.

Elle s’approcha encore plus, se lovant doucement entre ses bras et profitant de l’étreinte qu’il lui accorda. Puis elle s'éloigna quelque peu avant de s'étirer comme un chat et ouvrit les yeux. En contemplant le plafond à travers la pâle lueur du jour qui filtrait dans la chambre, elle se rappela alors le programme de la journée. Zoé. Ex-femme. Et elle referma de nouveau les yeux aussi sec. Derrières ses paupières closes, elle fit la moue alors qu’elle se recollait contre l’homme.

- Tu y vas tout seul et je reste ici ? gémit-elle.

La perspective de revoir la petite Zoé était excitante et lui donnait des ailes, mais celle de devoir croiser l'ancienne compagne d'Aaron lui donnait juste des envies de se taper la tête contre le mur… En plus, il faisait froid, son envie de sortir du lit frôlait donc le zéro absolu. En soupirant, elle finit pourtant par s'exécuter et se détacha de l’étreinte d’Aaron. Hors des couvertures, les températures étaient dignes d’un mois de décembre, alors elle sauta rapidement dans des vêtements chauds. Pendant qu'elle partait dans la salle de bain pour une douche rapide, Aaron s'occupa de se rendre à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Elle se lava, sommairement, vu qu’elle était déjà propre de la veille et revint dans la chambre. Enfila un jean et une chemise propre d’un sac qu’elle avait amené à l’appartement d’Aaron quelques jours plus tôt, puis se dépêcha et rejoignit Aaron dans la cuisine. Son homme leur avait préparé quelques pancakes, fait du café, le tout accompagné de verres de jus d’orange. Déjà plus motivée, elle apprécia ce moment calme aux côtés de son compagnon, puis il se prépara à son tour tandis qu’elle mettait en ordre des dossiers à elle. Quand il eut finit, elle s’occupa de ses blessures.

Un peu plus tard, ils étaient assis dans sa voiture au beau milieu des rues de San Francisco, Gemma au volant, Aaron sur le siège passager. De toute façon, Aaron blessé ou non, c’était sa voiture, c’était elle qui conduisait et bien sûr, elle ne supportait qu'on lui fasse des remarques sur sa conduite, ausi Aaron avait tout à gagner à ne faire aucun commentaire. Arrêtée à un feu rouge, les pieds jouant sur les pédales pour tenir la distance avec les autres voitures, la pédiatre gardait ses yeux rivés sur la route. Sans le regarder, elle discutait avec son homme, de tout et de rien. Et alors qu’ils arrivaient en vue de la maison de l’ex-femme, elle commença à freiner et se tourna vers lui.

- J’espère que ça va bien se passer. Essaie de rester calme, ok ?