Un froid de canard ! Voilà dans quelles conditions cette petite peste osait faire attendre son ami. Chaque fois c’était la même chose, il devait pourtant y être habitué non ? Et bien oui… Mais ça ne changeait rien qu’il préférait toujours arriver en avance, non pas pour subir mais pour jouer à son tour. Si mademoiselle voulait arriver dans 10 minutes, et bien soit, le jeune homme ne voyait pas pourquoi il devrait se geler les orteils à l’attendre, adossé au mur d’une boutique chique au lieu de se faire un peu plaisir… Ainsi il s’avança à l’intérieur du fameux magasin faisant se retourner machinalement deux vendeuses. L’une était jolie, cheveux roux et yeux chocolat, l’autre plus rondelette, mignonne mais pas plus attirante que ça. D’ordinaire, le studieux alpha craquait devant les tâches de rousseur… Pas cette fois. Sans interrompre sa trajectoire vers les écharpes qui lui faisaient de l’œil à l’arrière du magasin, il sortit de sa main gauche son portable. Comment ? Que dites-vous ? Ça ? Un PORTABLE ?! Amusant Darling j’adooore votre humour. Et pourtant oui, s’en était bien un. Un genre de frigo à la couleur encore jamais répertoriée dans la gamme pourtant longue, un écran occupant les ¾ de la place du boîtier, rayé et brisé à deux endroits, un clavier aux boutons tordus, certains enfoncés et d’autre effacés. Un nombre incalculable d’éclairages, les côtés fondus (on ne sait pas pourquoi), abimés bref… Un monstre qui rentrait pourtant facilement à l’intérieur de son poing. Beaucoup trouvait cette chose à l’image de son propriétaire, mais Arsène l’aimait beaucoup son téléphone. En effet, il l’avait depuis l’âge de 15 ans, il avait d’abord appartenu à son cousin, et il l’avait ensuite un peu modifié… (un peu, le reste s’est fait tout seul) De plus, s’il y était tant attaché c’était bien parce qu’il avait survécu à tout : enterré dans la boue ou le sable, oublié sous la pluie, dans la machine à laver, bouffé par un bovin (on vous épargnera la façon dont notre petit Russe à retrouvé son précieux U_U), tombé des centaines de fois, monté, démonté, remonté bref… Un véritable Tank qui fonctionnait encore à merveille. Sonneries modernes, bonne écoute, lecteur MP3, connexion internet, visio, radio, main libre appareil photo… Un petit bijou qu’il ne comptait pas changer avant un bout de temps. La seule personne fascinée par « la chose » était la même qu’il attendait en ce moment même, sa meilleure amie, petite punaise ambulante qui ne pouvait s’empêcher de trifouiller son téléphone légendaire.
Mais passons… Lorsqu’il voulu l’appeler, l’idiote s’amusa encore à lui faire perdre son temps, à tel point que Mr Von Gergiovden lui raccrocha au nez, sachant pertinemment qu’elle rappellerait.
Quant enfin les deux individus se retrouvèrent face à face, un silence absolu régnait à l’intérieur du magasin. Qui allait céder le premier ? Qui allait perde la face aujourd’hui ? Hors de question ! ça n’était pas cette petite peste aux dents de lapin qui allait lui filer une raclée ! Le duel commençait à s’éterniser les tous les deux pouvaient sentir quelques larmes glisser sur leurs joues. Ça piquait… ça brûlait même ! Le dandy finit par infliger à la belle une petite séance de chatouilles brefs mais efficaces qui la contraignirent à cligner ses petites paupières et ce, plusieurs fois de suite.

« Le jour où tu me mettras la pâté n’est pas encore arrivé p’tite chieuse ! » S’esclaffa-t-il tout en bondissant à l’extérieur du bâtiment. « tounépazalahoteuRrr » Reprit-il version mafioso Italien dans Tintin.

Puis il fourra sa main dans les cheveux de son amie afin de la faire avancer en même temps que lui en la poussant un peu en avant.

« Bon, on s’fait un resto ? ‘fait froid et moi j’ai faim… J’ai eu ma paye du mois dernier, j’t’invite poulette. » Reprit-il avant de se pencher à son oreille « faut que tu grossisse un peu si tu veux attirer des hommes… »

Se redressant avant de s’en prendre une, il s’avança, un sourire satisfait au coin des lèvres…

C’était pourtant bien connu, les gens qui ne mangent pas sont toujours frigorifiées et pour cause, leur corps n’a plus assez d’énergie pour fabriquer de la chaleur… Résultat ? Ces gens-là se les gèlent et tant pis pour eux. Non, la vérité c’est qu’Arsène était au courant de la mauvaise passe de son amie. L’anorexie comme la boulimie étaient deux maladies terribles. Une sorte de prison dans lesquels on à parfois tendance à rester tout simplement par peur de retrouver la vie d’entant. L’anorexie en particulier… Une façon de se protéger des autres, de se faire du mal au lieu d’en faire à ses proches. Quelque part, le jeune homme voyait ça comme une maladie « intelligente », par ailleurs, on dit que ce sont les individus les plus futés, les plus mâtures qui se retrouvent confrontés à ce problème. Lorsqu’il l’avait connu, elle était plus épaisse certes, et même si elle n’avait jamais été grosse, aujourd’hui il la voyait comme un petit fil de fer vivace et loufoque. C’était sans doute pour cela qu’ils s’entendaient si bien… Tous les deux décalés, parfois victimes… Ils se complétaient en un sens et s’amusaient comme frère et sœur chaque fois qu’ils se voyaient. Parfois quelques disputes… Qui terminaient toujours en fou rire. Normal qu’on les prenne pour un couple ! Qui avait déjà vu un homme et une femme s’entendre d’une telle façon ? Sans sexe ?! Incroyable mais vrai xD Il n’y avait jamais eu un seul geste déplacé, pas une caresse et pas un baiser. Leurs tendres moments se traduisaient par de gros câlins fraternels ou encore quelques discussions à peu près sérieuses. Des « j’t’adore vieux sac d’os » ou « moi aussi p’tite quéquette » et autres phrases affectives dans le même genre, ajoutez au tout une tape derrière la tête. Mais est-ce que deux sexes opposés pouvaient demeurer stables dans cette relation toute une vie ? Après tout, ils restaient tous les deux des êtres majeurs et vaccinés, qu’est-ce qui les empêchaient de s’envoyer en l’air chaque fois qu’ils se voyaient et non de se taper dessus comme deux enfants ? Allez savoir… Arsène s’était évidemment déjà dit que sa meilleure amie était charmante, mignonne, certes trop maigre à son goût mais quant même ! Non en fait il était amoureux d’amely, un membre de la famille d’Alizea ! Rendez-vous compte !! Il ne lui en avait jamais parlé et n’osait pas. Connaissant le côté parfois très immature de la belle, il craignait qu’elle se moque de lui (sait-on jamais) et n’en avait pas trop envie… Sachant qu’en amour, il n’y connaissait rien. Comment obliger cette Amely à l’aimer à son tour ? Mais on n’oblige pas les gens à tomber amoureux… Voilà pourquoi le jeune Alpha demeurait inactif à ce sujet et ne faisait pas l’effort d’aller parler à la donzelle. C’était trop dur ne serai-ce qu’imaginer qu’elle puisse lui rire au nez en courant ensuite voir ses copines et le ridiculiser devant toute l’école (oui, Arsène s’imaginait toujours les pires scénarios xD). Mais passons… (Il valait mieux )

Alizéa trouva drôle de serrer son interlocuteur dans ses bras lorsque celui-ci trouva amusant de lui rappeler qu’elle était toujours trop maigre. Ce dernier la porta alors comme une enfant durant quelques secondes en la regardant droit dans les yeux.

« Mais c’est vrai quoi ! Pas de sein, pas d’fesse. Tu compte te marier avec un salsifis ? » Maugréa-t-il tout en la reposant par terre.

Il faisait exprès de la provoquer de temps à autre comme ça car il lui semblait parfois que son amie se complaisait dans ce corps trop mince. Enfin… Tant qu’elle ne s’amusait pas à de nouveau manger trois feuilles de salade SANS SAUCE avec du jus de tomate SANS SEL alors il ne lui trouvait rien à redire de particulier.

« Un restaurant… Chinois ? Ou français ? Comme tu veux. Ou alors non, j’ai mieux, on achète juste un truc à manger et on continue à marcher. J’ai peur que dans un restau on te prenne pour ma petite sœur mal élevée… J’ai pas envie qu’ils appellent les flics tu comprends… » Ajouta-t-il innocemment en scrutant la ville de son regard bleuté.

C’est alors qu’il lui vint une petite idée… On ne sait jamais il pouvait toujours tenter… C’est ainsi que l’air de rien il reprit tout en massant la petite nuque fine de miss Ainsworth :

« J’imaginais bien une sortie un jour… Qu’on aille je n’sais pas… Au cinéma par exemple. Avec ta cousine, comment s’appelle-t-elle déjà ? Emily ? A… Amely ? Oui c’est ça je crois. Et elle pourra amener quelqu’un si elle veut. T’en pense quoi ? Tu t’entends bien avec elle n’est-ce pas ? Et moi je ne le connais presque pas… Tu pourras lui en parler ? Pas l’temps moi ! »

Tu parles ! Pas l’temps mon œil ! Pas le courage surtout. S’il se mettait à lui parler de la reproduction des étoiles de mer au lieu du projet de cette sortie, il passerait pour un débile et le pire c’est qu’il en était bien capable. Heureusement il jouait bien la comédie et il lui aurait proposé ça en parlant de son arrière grand tante que ça aurait été pareille.

Sacrée chieuse tout de même ! Alizéa ne pouvait décidément pas aligner une phrase sans y caser deux ou trois jeux de mot foireux, des blagues de primaire ou encore parler comme une gamine de 3 ans é demi (si ça n’est pas une insulte pour les gamines de 3 ans et demi xD) C’était aussi pour ça qu’il ne s’était jamais rien passé entre eux, ou du moins, rien de plus qu’une amitié qui dure. Arsène ne se voyait pas du tout sortir avec une fille pareille : trop épuisante pour sûre ! Et il ne parlait pas du côté sexuel de la chose ( rêve pas chérie xD) mais de l’ensemble. Imaginez-vous vous réveiller aux côtés d’une pareille chieuse qui, à peine les yeux ouverts se met à sauter partout, vous embêter jusqu’à vous obliger à vous lever pour lui préparer son petit-déjeuner, l’entendre vous débiter 1001 conneries à la suite à longueur de journée, supporter ses caprices… Non, le jeune homme savait pertinemment que ça n’était même pas la peine d’essayer, elle et lui… C’était impossible, impensable, idée définitivement rejeté. Et puis, physiquement parlant, elle était trop maigre ! On pouvait presque la confondre à une petite fille de 13 ans ! xD Si Arsène n’aimait pas les grosses dindes qui s’habillent le nombril à l’air, il ne pouvait pas non plus supporter les filles au squelette apparent… Alizéa avait beau déborder d’énergie, elle lui apparaissait toujours fragile, comme une poupée de porcelaine qu’il pouvait briser en la serrant trop fortement. Elle si jolie… Pourtant il connaissait son côté noir, celui qui l’obligeait à se réveiller dans le lit d’inconnu le matin sans même se souvenir de la nuit qu’elle venait de passer. Il connaissait hélas son côté fêtarde et son penchant pour l’alcool. Qu’elle couche avec qui elle veut, ça il s’en moquait, mais connaissant sa fragilité même mentale – qu’elle ne voulait pas forcément s’avouer – il n’était pas persuadé qu’elle se comportait de la meilleure façon possible pour s’en sortir. Mais encore une fois il n’y avait pas marqué « mère Thérésa » sur son front et il n’allait pas non plus la ligoter sur une chaise dans la cave pour l’empêcher de sortir.

Arsène avait osé… Il lui avait proposé son idée concernant Amely. On ne sait jamais, peut être allait-elle tomber dans le panneau. Der toute évidence : oui. Ouf… Le plus dur était passé. Quoi que… Il allait devoir passer une journée en compagnie de celle qui faisait battre son cœur sans se trahir pour autant, véritable défit. A tous les coups il allait encore paraître froid et distant, tout l’inverse de sa personnalité ordinaire : chaleureux, gentil et actif. Aucune importance… Profitons de l’instant présent. Les lumières innombrables des vitrines se reflétaient sur la peau claire du jeune homme qui avançait accompagné de son éternelle meilleure amie au milieu des magasins chics, le genre de vêtements, sac, cosmétique ou accessoires que jamais l’un comme l’autre, ne pourraient s’acheter un jour. Les parents du Franco-russe étant particulièrement pauvres, leur fiston s’était débrouillé pour rapidement trouver un travail afin de payer une bonne partie de ses études, ajoutant à cela sa bourses considérable qu’il obtenait par ses résultats toujours excellents. Mais étai-ce vraiment la vie qu’il souhaitait ? Une vie basée sur l’argent et le travail… Une vie d’artifices pourtant indispensables. Parfois il avait la nette impression d’être tombée dans un piège, une toile qui l’empêchait de véritablement profiter de sa jeunesse. De s’amuser comme les autres, de rire de tout et de rien. En effet, il y avait toujours un souci quelque part qu’il prenait trop au sérieux, l’empêchant par là même de se lâcher, d’oublier… Hein ? De quoi ? Oh… Encore une fois notre Parisien était parti rouler bouler dans ses pensés en oubliant presque la présence de la petite chieuse à ses côtés. Il la regarda tout de même un moment avant de répondre, le temps de se remémorer de quoi ils parlaient avant qu’il ne sombre en pleine introspection :

« Euh… Ouai nan j’en sais rien… ‘Fin bon tant que ça s’mange tu vois, pas de caprice ! »

Il la dirigea en même temps que lui vers un petit marchant ambulant à qui il acheta une sorte de beignet à la pomme pour lui tout en laissant choisir son accompagnatrice. Il ajouta à cela une bouteille d’eau, paya le fameux marchand, enfin ils purent reprendre leur marche… Bien qu’Arsène ne semblait plus tellement présent. En fait, il paressait même carrément absent. Alizéa devait avoir l’habitude, de plus elle savait très bien que dans ces moments-là il valait mieux ne même pas songer à le déranger auquel cas on risquait de ne plus l’entendre de la journée. Pas chiant le petit russe hein ? xD
Des regards… Des jeunes filles, étudiantes ou non qui lançaient de petits sourires au Parisien… Qui d’ailleurs ne leur répondait même pas. Elles semblaient surprises à l’idée qu’il soit en compagnie de sa petite amie. Un genre de « Quoi ? Ce canon sort avec cette gamine ? Elle à des dents de lapin ! » Mais alors qu’ils longeaient une immense vitrine de manteau à 5000 $ Minimum, une blonde aux cheveux longs et aux dents plus blanches que blanches vint aborder notre Dandy sans la moindre gène :

« Bonjourrrr ! Excusez-moi mais je suis sûre qu’on s’est déjà rencontré quelque part. Vous habitez dans le coin ? »

Elle ne faisait même pas attention à Miss Ainsworth et paraissait même faire exprès de ne pas la voir.

« Euh… Ah ? Non je n’vous connais pas désolé. » Répondit Arsène en toute simplicité s’apprêtant à reprendre sa route quand son interlocutrice attrapa même son bras et reprit sans se laisser démonter.

« Vous êtes sûre ?? Hann… Mais je jure de vous avoir déjà vu… Une fête peut être ? Ça vous dit un café qu’on discute ? Ça vous aidera peut être à vous souvenir… J’m’appelle Katie. »

« Héé ? Ah non non désolé mais je suis occupé là… » Il retira astucieusement son bras de l’emprise de la bimbo « Une autre fois peut être… Katie. »

Immédiatement elle le tira par la manche et au même moment, Mr Von Gergiovden sentit la moutarde lui monter au nez…

« Je vois… On résiste hein ? Mais je ne peux pas croire que cette fille soit votre petite amie désolée, allezzzz, on va bien s’amuser ! »

Mais encore… ?