La journée était claire, presque agréable. Les couloirs étaient calmes, comme les pas de Sacha qui rejoignait, sa pochette a dessin sous le bras et un pinceau à la bouche, les grandes salles d'art, qui le ravissaient au plus au point. C'étaient d'immenses salles, ou pouvait pleinement s'exprimer la créativité de chacun, ou explosait pleinement la spontanéité, ou l'idée s'imprimait, ou la forme s'exposait. Le jeune homme approchait les portes de son petit coin de paradis. On pouvait espérer être tranquille, cette journée était pour le petit français excellente pour complètement bénéficier de la salle. Il avait bien géré son coup: le mercredi après-midi, beaucoup bossaient, ou avaient souvent des activités extérieures qui rendaient l'université plus tranquille, au grand plaisir de notre petit artiste en herbe.
Ses pas raisonnaient dans le couloir froid, accompagnés par quelques éclats de voix plus loin. Les portes se rapprochaient, et là...

Un corps, de la musique, de la peinture déjà éparpillée... Sacha eut tout de suite un geste de surprise, bien vite suivi d'un rire amusé...

_ Eriin !!!

Et il courut vers elle, balançant derrière lui son manteau, son sac et sa pochette. Il l'aida à se relever. Il émit un simple rire lorsqu'elle fut en face de lui, un petit mouvement de sourcil bien connu, avant de se retourner vers ses affaires. Il les posa à l'entrée sans un mot, enleva ses chaussures, son pantalon, avant de sortir un jean marqué par les traces d'une créativité explosive, ainsi que des converses bleues dans un état semblable. Son levi's délavé pouvait paraitre une petite merveille, devant ces tâches si naturelles... Quel idée de dépenser tant quand on peut avoir mieux d'une façon si simple...
Alors il rejoignit son amie, avant de prendre un large pinceau, le tremper dans un pot pourpre, et donner un violent coup en direction d'une haute toile d'au moins deux mètres appliquée contre le mur devant lui...

_ Let's Rock !, murmura-t-il en se retournant vers son amie.

-> Thème

Et la folie créatrice s'était réveillée. Un berserk de l'art, une furie de la création, une erinnye |Pas de désir de jeu de mot, totalement un hasard ^^| du talent... Sacha allait s'attaquer a sa toile, pinceau et rouleau a la main. Dans une transe créatrice, il n'allait plus répondre de rien, balançant traits, formes et couleurs... Tout ça sur des rythmes aussi insondables que l'esprit d'Alex a ce moment même...

Le jeune homme voyait dans l'art, et dans sa pratique avant tout un moyen de s'échapper de tout. Surtout qu'en peinture, on pouvait pleinement se laisser aller, ce qui n'était pas totalement possible en musique! En tout cas, Sacha laissait alors pleinement parler son corps, il y avait des moment comme ça, ou il le fallait. Plus aucune contrainte ne le retenait en rien, alors, pourquoi se créer des limites là ou il n'y en vaait pas. Cette salle n'était que pour eux, il n'y avait aucun soucis alentour, et même le plus malheureux des hommes, a condition qu'il laisse s'envoler son esprit un instant, ne voudrait en repartir...
C'était aussi l'aura d'Erin qui permettait cela. Alex l'avait bien vite remarqué dès qu'il l'avait vu. Au-delà de son look, qui marquait bien vite son indépendance vis-à-vis des contraintes sociales ou morales, tout le monde avait à sa portée première ce genre d'opportunité. Celle de l'expression, pure et dure, était beaucoup moins abordable, ou du moins, pas acessible a tous. Et Mlle Hellington l'avait d'une très bien compris, mais avait par dessus le marché bien entreprit de s'accaparer ce pouvoir qu'est la création. Ausi déjanté, décalé, ou difficile soit-il.
On pouvait ne pas apprécier, on pouvait être indifférent, on pouvait ne pas comprendre, mais au moins tout ça s'extériorisait d'une manière ou d'une autre, et ça, c'était déjà énorme.
Sacha pouvait pleinement s'exprimer en sa présence, artistiquement parlant, car il savait qu'elle n'avait aucune difficulté a l'entendre.

Le jeune homme n'avait peut-être pas choisi la mélodie la plus poétique possible, mais devant l'aspect que prenait la pièce, l'illusion d'une fête s'imprimait sur les murs. Déchainement complet des membres et des goutes de peintures qui rejoignaient la toile, ou le sol ou les murs.
Il ne daigna dégager son regard de sa toile, ou des pots de peintures au sol. Seule la voix de son amie, qui lui rappela sa présence en l'avertissant lorsqu'elle lui envoya une bouteille d'eau, le sortit de cette transe. Il intercepta la bouteille, avant d'engager de longues gorgées. Alors Erin s'approcha de lui, attardant ses yeux sur le travail du français.
Il n'aimait pas ça, peut-être par une touche d'orgueil timide, mais Erin s'était montrée très rapide, et avec elle, disons que cela ne n'avait pas outré le jeune homme qui continua de boire doucement.

_ Je n'ai pas réfléchi... J'aurai peut-être du... Enfin... Là va falloir être plus précis à présent., finit-il dans un regard enigmatique a l'adresse de sa camarade.

Une toile simple, rectangulaire, de presque deux mètres de hauteur sur un mètre de large. Le jeune homme semblait petit face à l'éclatement coloré que la toile affichait. Une certaine composition florale, teintée comme un feux d'artifice en plein ciel nocturne. Un éclatement de la nature, comme si elle détruisait et créait à la fois. Du moins, c'était ce qu'il voulut représenter à l'instant.