Le shopping, l’un des passes temps favoris de toutes femmes. Depuis son arrivée à San Francisco Eileen n’avait pas encore eue l’occasion de faire les boutiques. En effet entre les cours à l’Université, les devoirs, son installation au Palace Hôtel, ses allers-retours incessants entre San Francisco et Vegas, elle n’avait pas eue une minute pour elle. Elle comptait bien profiter de son après midi pour flâner dans les boutiques de San Francisco, espérant secrètement trouver son bonheur car rien sur Terre n’était comparable aux fantastiques et incroyables boutiques de Vegas il fallait l’avouer. Armée de sa carte de crédit elle quitta son hôtel s’engouffrant dans sa limousine. Eileen dépensière vous dites ? Jamais ! Sa destination ? Le Diamond Heights, un immense centre commercial regorgeant de boutiques tendances. Il y en avait pour tous les prix las bas, des grands couturiers, aux nouveaux et jeunes créateurs. Des magasins de bijoux fantaisies, et des vendeurs de rubis, diamants et autres pierres exceptionnelles. Ce fut donc avec le sourire que son après midi débutait.

Elle entra dans le centre commercial et inspecta son allure dans un immense miroir, elle portait une petite robe grise avec des escarpins assortis, un sac à main noir brillant, ses cheveux tombaient en cascade sur ses minces épaules. Elle s’engouffra dans l’une des premières boutiques qu’elle vit, et en ressortie une trentaine de minutes plus tard avec deux énormes paquet sous les bras. Elle avait littéralement flashé sur une veste, et avait absolument du acheter tous les accessoires qui l’accompagnait. Elle flâna ensuite entre les autres vitrines, quelques pièces attirèrent son attention, mais pas suffisamment pour qu’elle ait envie de les posséder, soudainement son engouement s’évapora. Elle n’était plus si heureuse d’être ici, surtout quand elle repensait à ses boutiques fétiches de Vegas. Elle commanda un café à emporter et alla s’échouer sur un banc, elle posa ses sacs à coté d’elle, et regarda les gens autour d’elle tout en sirotant son expresso. Brûlant d’ailleurs, qu’elle manqua de tout recracher.

A Vegas, lorsqu’elle avait ce genre de coup de blues de petite fille pourrie gâtée, elle avait un remède infaillible : les diamants. Elle espérait que ce centre commercial portait bien son nom. Sa bonne humeur réapparue au triple galop et elle fonça vers le plan le plus proche. Elle posa son index sur le point rouge qui indiquait sa position et chercha le magasin de bijoux le plus proche d’elle, mais aussi le plus chic. Elle le trouva, à l’étage supérieur, elle passa la main dans ses longues mèches blondes, s’y rendit. L’une des boutiques les plus chic du centre commerciale, les vitrines ultra protégées, brillant de milles feu, deux gardes de la sécurité à l’entrée, et plusieures vendeuses en tailleurs haute couture. Elle observa les vitrines comme une gamine dans un magasin de jouet, hésitant encore lequel de ces bijoux lui irait le mieux ? Une bague, un collier, un bracelet. Enfin une boutique à la hauteur de Vegas et de ses espérances.

Elle fit le tour des lieux et finit par repérer un bracelet assez fin en or blanc, serti de plusieurs centaines de petits diamants, plutôt discret, pas un bijou tape à l’œil. Ce fut lorsqu’elle fut sur le point d’interpeller une vendeuse qu’elle sentie une présence derrière elle, elle se retourna, une jeune femme venait d’entrer dans la boutique.

Noël, une étrange période de l’année qu’Eileen n’avait jamais eue le bonheur de connaître. Le sapin, les cadeaux, la famille au complet présente autour d’un bon repas. Elle ne connaissait pas cela, pour elle Noël avait toujours était un jour comme les autres, sauf qu’une cinquantaine de cadeaux l’attendaient dans sa suite, et que ce n’était pas ses parents mais une servante, ou une nourrice qui l’aidait à les ouvrir. Malheureusement les hôtels de Vegas ne fermaient pas leurs portes pour Noël. C’était peut être pour cette raison qu’elle détestait cette période de l’année, ou elle se remémorer ces Noëls passés en solitaire, alors qu’elle rêvait de ceux vus dans les films. L’absence de ses parents, trop occupés par leur travail. Depuis elle s’achetait des diamants pour combler cette absence en vain. Ils lui avaient laissé l’argent, oubliant l’amour. Autour d’elle, des familles venues acheter des cadeaux pour les fêtes, des petits déguisés en père noël, d’autre émerveillés face aux décorations, leurs sourires aux lèvres, leurs parents avec eux. Elle n’osait pas l’avouer mais ça lui faisait mal, elle aurait tellement aimé pouvoir vivre ça, mais des millions ne suffiraient pas. Cette année elle savait très bien comment allait se dérouler son Noël, elle se rendrait à Vegas, car il était hors de question de rester seule à San Francisco. Rejoindrait l’un des hôtels de son père, lui souhaiterait bonne fêtes et finirait dans une boite chic ou au casino avec d’autres jeunes aussi paumés qu’elle, soirée qui s’annonçait donc géniale. Elle soupira à cette pensée.

Les cadeaux, parlons en, Eileen détestait tellement Noël qu’elle n’offrait de cadeaux à personne, se rattrapant tout le reste de l’année, pour elle Noël était un jour comme un autre. Un jour qui lui rappelait qu’elle n’avait jamais eue de la part de ses parents l’affection qu’elle méritait, affection remplacée par des cadeaux puis des chèques. Mais elle n’avait pas le droit de se plaindre, elle le savait, elle avait tout ce qu’elle voulait, des robes les plus chics, aux parures de diamants, en passant par une ribambelle de voitures de sports. Une vie de rêve vous dites ? Ce ne fut donc peut être pas totalement par hasard que ses pas la guidèrent vers une bijouterie de luxe. Les cascades de diamants scintillaient, les prix, elle ne les regardait pas, son compte en banque n’avait aucune limite. D’ailleurs depuis quelques temps elle gagnait tellement au poker que l’argent de son père ne lui était plus aussi indispensable qu’avant. Elle ne lui téléphonait plus, coupant doucement les liens qui les liaient, se retrouvant seule, dans ce monde et à Vegas, elle doutait de qui était réellement ses amis. Des gens qui étaient amis avec elle pour l’argent, les soirées, les privilèges, ou pour entrer tranquillement dans les meilleures boites de Vegas oui, mais de véritables amitiés ? Elle en doutait sérieusement. Elle savait qu’elle était sa réputation, une garce, dépensière, croqueuse d’homme, fétarde invétéré, si seulement elle pouvait mentir sur son identité juste pour quelques jours … Cette période de fêtes deviendrait alors peut être moins douloureuse …

Soudain, perdue dans le fils de ses pensées et dans ses idées hallucinantes de se faire passer pour quelqu’un d’autres, quelqu’un lui rentra dedans. Une jeune femme qui devait avoir un peu près le même age qu’elle, de longs et brillants cheveux bruns, un visage fin, et des yeux pétillants. Sa tenue était simple, ballerines, jean et un manteau rouge qui mettait son teint en valeur. Le genre de fille qui d’habitude ne traîne pas dans ce genre de boutiques, le genre de fille qui pense que les filles comme Eileen ne sont que des petites filles à papa qui connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien, imbue d’elles même et égoïste, et elle n’aurait pas tort.

«Excusez-moi.. Je ne vous avais pas vu.»

Elle ne pouvait pas laisser passer cette chance, d’être quelqu’un d’autre, de jouer un rôle. Après tout, Jézabel faisait ça tout le temps et ça ne s’était jamais retourné contre elle. Eileen était certaine de pouvoir se prendre pour une fille normale, ni pauvre, ni riche, c’était tellement simple. Sans réfléchir plus longtemps, elle se lança, un sourire aux lèvres, une voix enjoué, espérant que ses escarpins de créateur ne la trahirait pas.

- Ce n’est rien, ne t’inquiète pas … Moi non plus je ne faisais pas attention, j’était en pleine émerveillement devant ces bijoux, mais il faudrait que je gagne le gros lot, pour pouvoir acheter quoi que ce soit ici …

Elle tendit sa main droite vers l’inconnue dans le but de se présenter, elle devait rapidement songer à un autre nom et prénom pour ne pas se faire démasquer. Son deuxième prénom « Cara », et un nom de famille, vite, vite, « Blackson » l’un des habitués de la table de Poker du Bellagio, parfait. Maintenant il était trop tard pour reculer.

- Je me présente, Cara Blackson.