the great escape
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~ you can't lose what you can't hold.

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MessageSujet: ~ you can't lose what you can't hold. ~ you can't lose what you can't hold.  EmptyVen 25 Sep - 0:24

" Cover up the ash with flowers, cover up the ash with snow,
You can't fear what you don't know."

Ca avait commencé par des nuits agitées. Des nuits sans sommeil, sans rêves, où elle se tournait et se retournait entre ses draps, frôlant le corps de Zadig à quelques centimètres d’elle. Elle se levait, observait la ville du vice remuer sous ses yeux, décidait même de sortir le temps de quelques heures pour se changer les esprits, avant de retourner se coucher sans plus de chance. Elle cachait ses cernes sous des grandes lunettes de soleil, en toutes circonstances, cherchant et cherchant encore ce qui pouvait provoquer une telle insomnie, elle dont la vie si facile ne lui donnait que peu de raisons de ne pas dormir. Ses entrailles se nouaient en permanence, les nausées la prenaient plus souvent que pendant sa grossesse et elle frôla plusieurs fois le malaise, sans jamais en parler à Zadig. L’ignorant, béat Zadig, repu de sommeil, parfaitement inconscient de ce qu’elle pouvait tramer lors de ces longues nuits. Parfois, elle se mettait à l’observer, enviait l’aisance avec laquelle il parvenait à se laisser enserrer par les bras de Morphée quand chaque nouvelle nuit la mettait à l’agonie. L’insomnie ne naissait pas sans raison, elle le savait mieux que quiconque, mais elle, qu’avait-elle bien pu faire pour la mériter ? Le manque de sommeil jouait avec ses nerfs : irritable, nerveuse, agitée, les doigts tremblants et les traits tirés, elle était une ombre qui voguait d’un quartier à l’autre comme un chien perdu, craignant chaque soir un peu plus le moment où elle devrait à nouveau se glisser entre ses draps et assister à la longue chute de Zadig dans le sommeil. La mesquinerie l’avait poussée à envisager de le réveiller, plusieurs fois par nuit, simplement pour ne pas être seule mais elle n’avait encore jamais pu s’y résoudre. Il semblait si paisible lorsqu’il dormait. Ses traits gracieux n’affichaient plus aucune trace de sérieux, ni d’arrogance. Il paraissait serein, innocent, presque vulnérable, un spectacle qu’il n’aurait jamais offert au reste du monde. Elle sentait son cœur se gonfler d’amour à cette seule vision, avant de se laisser corrompre par la haine corrosive que lui inspirait ce sommeil si paisible. Pourquoi lui, petit prince des vices, pouvait encore dormir sans même essayer quand elle, plus sage et plus posée qu’elle ne l’avait jamais été, ne parvenait pas à trouver le sommeil ? Reed refusait de voir qui que ce soit, ni médecin, ni psychologue, ni qui que ce soit susceptible de lui débiter toutes ces conneries sur l’inconscient et tout ce qu’il pouvait bien cacher comme désirs refoulés. La vérité, c’est qu’elle avait une idée relativement précise de l’origine de ces insomnies à répétition mais n’avait pas la moindre envie de s’y confronter. Reed n’avait pas la culpabilité facile, elle qui avait fait un mantra de ne jamais rien regretter. Elle n’était pas croyante, mais avait le sentiment que tout ce qui se produisait dans sa vie avait un sens, pas nécessairement caché, une simple ligne conductrice qui la guidait sans savoir jusqu’où elle la mènerait. Peut-être qu’il fallait faire des erreurs, pour apprendre de celles-ci et grandit. Peut-être qu’il fallait se tromper, se blesser, tomber et s’écorcher pour se découvrir. Cette philosophie de vie n’avait longtemps connu qu’une exception : l’égarement de jeunesse qui avait failli coûter la vie d’un homme était une erreur qu’elle n’avait jamais été en mesure de se pardonner, n’en déplût à James et ses vaines tentatives pour la rassurer. Et puis, il y avait eu Arya. La faille béante qu’elle n’avait jamais vue venir et qui s’était imposée à elle soudainement, de cette façon pernicieuse qu’avaient les remords de vous hanter sans crier gare. Elle avait cru que son choix, si égoïste avait-il été, était le meilleur à faire. Laisser sa fille aux bras d’inconnus qui sauraient lui offrir l’amour qu’elle n’était pas en mesure de lui donner. Laisser sa fille affronter la vie sans jamais rien connaître de la femme qui l’avait mise au monde, comme s’il s’agissait d’un détail insignifiant qui ne deviendrait jamais une quête éprouvante de vérité pour enfin se trouver. Reed ne savait rien de l’abandon et de la pièce manquante d’un cœur qu’il pouvait créer. Elle était aimée, dieu qu’elle était aimée, comment pouvait-elle seulement imaginer ce que l’absence pouvait provoquer ? Mais l’idée venait la hanter, parfois, lorsqu’elle se trouvait seule sans Zadig pour la distraire de ses égarements. Et seule, elle l’avait été un peu trop souvent, un peu trop longtemps ces derniers temps, assez pour se demander ce qu’elle aurait fait, si elle avait eu l’occasion de revenir en arrière. Aurait-elle été moins égoïste, comme l’avait été Nate ? Aurait-elle accepté le rôle qui lui incombait de facto, qu’il lui plût ou non ? Elle n’avait jamais pensé, jamais ne serait-ce qu’envisagé l’idée qu’elle regretterait quelque chose qu’elle n’avait pas connu et pourtant, c’était le cas. Elle était mère, sur le papier, mais ne l’avait jamais été en pratique. C’était cela qui lui manquait. Absurde, mais sans doute humain. Mais tout cela, Reed n’en parlait pas. Encore moins à Zadig, qui n’aurait jamais pu comprendre ce qu’elle ressentait, et qui de toute façon n’en aurait rien eu à faire. Il restait Zadig, peu importait qu’ils furent ensemble ou non. Nate lui avait envoyé un message, resté évidemment sans réponse, un message bref, insignifiant, tellement qu’elle l’avait haï de lui faire ce coup-là : à quoi bon se rappeler à elle, s’il ne le faisait même pas dans les formes en lui offrant ce qu’elle attendait ? Mais de qui se moquait-elle, Reed ne méritait probablement pas autant d’attentions. Et c’était là que les nuits sans sommeil avaient commencées.

Zadig dormait déjà, évidemment, la laissant seule spectatrice de l’agitation de la ville. Mais pas cette fois. Cette fois, elle s’offrait le luxe d’une nuit sans le moindre remord, elle s’offrait le luxe d’une plongée béate dans les méandres du sommeil, et tant pis si pour cela, elle devait user de moyens non orthodoxes. Elle avait réussi sans la moindre difficulté à se procurer un somnifère réputé efficace – il était incroyable de voir tout ce que l’on pouvait obtenir dans cette ville moyennant une coquette somme – mais aux possibles effets secondaires. La mise en garde, loin de l’avoir découragée, avait été soigneusement ignorée. Les effets secondaires ne pourraient jamais être pires que les insomnies à répétition et la semaine cauchemardesque à laquelle elle comptait mettre un terme. Elle attrapa le cachet, et l’avala d’une longue gorgée d’eau fraîche. Après cela, il ne lui restait plus qu’à attendre que le sommeil vienne réclamer son dû. Rassérénée par cette perspective, elle retourna auprès de Zadig, les lèvres retroussées en un sourire serein, le regard rivé sur la silhouette endormie. Elle sentait ses paupières fourmiller, suppliant d’enfin pouvoir se fermer, elle sentait son esprit dériver ici et là, quémandant la chaleur des rêves, et elle sombra finalement, après une lutte acharnée contre elle-même. L’apaisement ne dura pas. Deux heures après, elle était de nouveau pleinement réveillée, et les bouffées d’angoisse l’avaient à nouveau saisie, offrant son corps à la merci de sueurs froides qui déposaient une fine pellicule sur son corps frêle. Ce fut là qu’elle la vit. Croyant à un jeu de son esprit, elle cligna des yeux avant de les rouvrir, mais la silhouette se trouvait toujours là, lui renvoyant le même regard aux accents mordorés, le même sourire rieur, la même fossette sur la joue. C’était elle, sans l’être tout à fait, comme si elle s’était plongée dans de vieilles photos de l’adolescence. Elle possédait encore la rondeur poupine de l’enfance dont elle ne se débarrasserait que des années plus tard. Seize ans ? Dix-sept ans ? Probablement pas plus. Il lui sembla reconnaître les vêtements, parmi les premiers qu’elle avait achetés avec la paie d’un job d’été quelconque. Sans doute aurait-elle du être apeurée, mais il n’en était rien. Doucement, par peur de voir la vision s’échapper, elle se glisser hors des draps et s’approcha de la silhouette, qui continuait de l’observer avec curiosité. « Je suis encore en train de dormir, pas vrai ? » demanda-t-elle à voix basse. C’était la seule conclusion qu’elle pouvait tirer de cette scène, et la seule raison qui justifiait de ne pas être effrayée. « Pas tout à fait » répondit la voix, qui se répercuta en écho dans toute la pièce. « Le somnifère. » Reed, du moins la Reed adolescente, acquiesça en souriant. « Je vois. » Elle patienta quelques secondes, pas tout à fait certaine du sens de ce rêve, vision, peu importait son nom. « Parmi toutes les hallucinations que j’aurais pu avoir, c’est tombé sur toi. Une raison en particulier ? » Son reflet lui sourit, visiblement amusée. « Je crois que tu le sais déjà. » Parce que la Reed de cet âge était éperdument amoureuse de Nate. La réponse s’imposa d’elle-même dans son esprit. Parce que c’était à cette époque qu’elle avait commencé à le perdre sans vraiment s’en rendre compte, lorsqu’il l’avait choisie elle plutôt qu’une autre, même si cela signifiait perdre une fille qu’il aimait sincèrement. « C’est une espèce de rite initiatique, c’est ça ? Une quête de moi-même que je dois accomplir pour me débarrasser de mes peurs, et toutes ces conneries ? » railla-t-elle, soudain mal à l’aise. « Je ne sais pas, c’est ton rêve, pas le mien. » Reed lui jeta un regard suspicieux. « Je croyais que ce n’était pas un rêve ? » Son reflet répondit d’un sourire malicieux. « Je croyais que ça n’avait pas d’importance ? » fit-elle à son tour. Evidemment, qu’elle savait déjà tout ce qui lui passait par la tête. Elle était elle. « Tu vois, le truc c’est que je sais très bien pourquoi c’est toi que je vois. Toi, moi, bref, là n’est pas la question. Parce que si je dors pas, c’est que je pense à Arya, ce qui nous amène à Nate, ce qui nous amène à nous, adolescentes, quand on pensait qu’on n’aimerait jamais quelqu’un d’autre que lui. Mais laisse-moi te dire quelque chose : c’était faux. Regarde, c’est pas à côté de lui que je dors, c’est pas lui que j’ai suivi dans une autre ville. C’est peut-être le père de ma fille, mais c’est la seule chose qu’on a encore en commun. C’est le moment où je dois te mettre en garde et te prévenir de tout ce qui va se passer ? Je le ferai pas. Tu sais déjà comment ça se passera, de toute façon, et si c’est pas le cas, alors mieux vaut se garder un peu de surprise. La seule chose que j’ai à te dire, c’est que la vie est remplie de surprises, certaines font mal, d’autres nous rendront heureuses, mais rien de tout ça n’arrive par hasard. T’apprendras forcément de tes échecs, et même si t’en ressors pas grandie, au moins tu sauras. C’est l’expérience qui compte, et des expériences t’en vivras des tas. Alors vis-les, pleinement, vis-les, savoure-les, nourris-t-en. Et si un jour tu perds le sommeil en pensant à tout ce que t’aurais pu faire et que t’as pas fait, alors pense simplement qu’il est jamais trop tard. » Son double lui offrit un nouveau sourire. « Tu vois, c’était pas si compliqué, finalement. » Et c’était tout. L’instant d’après, elle avait disparu, et Reed songea alors que ce discours, c’était celui qu’elle aurait pu tenir à sa fille si elle avait embrassé son rôle de mère. Ces mots, c’était ceux qu’elle ne lui dirait jamais, parce qu’elle lui donnerait aucune leçon de vie, n’écouterait aucune de ses peines, n’apaiserait aucune de ses tourmentes. Et étrangement, cette idée la rassura. Parce qu’elle n’était pas faite pour les discours rôdés et si souvent répétés qu’ils en perdaient tout leur sens. Parce qu’elle n’était pas faite pour être ce modèle-là, qui n’aurait aucun droit à l’erreur et qui devrait construire sa vie autour de quelqu’un qu’elle aimerait inconditionnellement avec la peur constante au ventre de ce qui pourrait arriver. Reed ne devait pas devenir mère. C’était un incident de parcours, une erreur qu’elle avait encore la possibilité d’accepter sans culpabiliser. Ce choix, elle l’avait fait en parfaite connaissance de cause et rien, ni personne, et encore moins Nate, n’aurait pu le remettre en question. Dans la pénombre de la chambre, son corps frêle, portant encore les marques de la grossesse, chercha le contact familier de Zadig, dont les bras vinrent l’enserrer naturellement. Et pour la première fois depuis bien trop longtemps, le sommeil s’empara d’elle avec bienveillance.
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Cameron Eynsford
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Cameron Eynsford
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MessageSujet: Re: ~ you can't lose what you can't hold. ~ you can't lose what you can't hold.  EmptyMer 27 Jan - 13:09

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