the great escape
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« we won't turn our back on each other. »

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MessageSujet: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyMar 27 Oct - 9:20



Encore une journée à tourner en rond à Salem, aux yeux des passants du moins. Assis sur le côté de ma moto, je détaille les billets issus de ma "récolte" du jour. Récolte ? Pas de panique, je ne risque pas de virer paysan du jour au lendemain. Cette récolte provient d'une vente d'une poudre qui, pour les non-initiés, a tout d'une sorte de farine sous sachet plastique. Essayez un peu d'y goûter et vous trouverez rapidement que son arrière-goût n'a rien à voir avec la date limite de consommation. Puisque j'ai le don de me faire virer de mes jobs temporaires, j'ai décidé de me lancer dans un petit business bien plus fructueux, mais tellement moins légal… Toutefois, quel travail peut vous promettre une telle somme en seulement une journée de soi-disant dur labeur ? Un sourire en coin étire mes lèvres : cinq cent dollars, pour à peine quelques heures. Josh', mon pote, t'as pris la bonne décision. Exploiter les vices des autres pour m'en sortir, c'est ce que j'ai toujours su faire de mieux. Je glisse la liasse conséquente dans l'intérieur de mon blouson en cuir, puis je pénètre à l'intérieur d'un des bars d'Opus. The place to be pour les jeunes de Salem, l'endroit où il faut se montrer. J'ai à peine fait quelques pas que déjà, les têtes se tournent sur mon passage et les visages se parent d'attitudes toutes plus différentes les unes que les autres. Vu le nombre astronomique de conneries que j'ai pu inventer dans cette ville ces vingt-cinq dernières années, la foule se fend entre les admirateurs, les désespérés et les plus virulents des adversaires, qu'ils aient été des victimes plus ou moins éloignées. Je surplombe les quelques regards farouches avec un air narquois et provoquant au possible, jusqu'à ce que je parvienne auprès du barman qui me salue chaleureusement. Sans que j'aie quoique ce soit à demander, il me sert un mojito et une tape dans l'épaule. Maintenant, chercher la proie qui va satisfaire le prédateur pour la nuit. C'est le week-end, et toutes les étudiantes plus ou moins sages se trouvent ici, prêtes à être cueillies par le premier baratineur venu. Je ne suis pas à proprement parler un "animal" en matière de drague, mais j'aime me divertir… et jouer avec les envies de ces dames. Rapidement, j'en vois une à mon goût. Au milieu d'une bande de copines, les cheveux blonds courts, habillée en robe de soirée noire… Mignonne comme tout. Une gorgée plus tard, je repose le verre vide sur la surface du bar et j'avance vers la jeune femme en bougeant au rythme de la musique. La ronde de ces dames brisée, j'entre dans le cercle et sers mon plus beau sourire à l'élue de la soirée. Et ça a l'air de suffire : elle glousse comme une collégienne, des rougeurs naissent sur ses pommettes. Adorable. Nous commençons à entamer la conversation en nous éloignant de ses amies, et j'en profite pour remarquer quelque chose d'assez étrange. Chacune d'entre elles lui fait un signe négatif de la tête, elles me dévisagent toutes sans concession aucune. Je sais que j'ai une réputation peu glorieuse – et encore, ça dépend du point de vue – mais pour autant, je ne connais aucune de ces filles. Alors pourquoi autant d'hostilité ? "Dis, elles ont pas l'air emballées de me voir parler avec toi, tes copines… c'est quoi l'souci ?" Joan, puisque c'est son prénom, tourne la tête vers elle et rit en venant me murmurer à l'oreille. Tiens, c'est quoi, à son doigt ? Ah, ok, j'ai compris… Enterrement de vie de jeune fille, mademoiselle va devenir madame dans quelques jours. Tout homme à peu près respectueux ou sensé aurait poliment tourné les talons… et je ne suis ni l'un ni l'autre. "Alors t'as plutôt intérêt d'en profiter, pas vrai ?" Je pose mes mains sur ses hanches et commence à onduler en même temps qu'elle sur une musique veloutée, propice aux rapprochements. Son dos contre mon torse, le rythme l'invite à s'abandonner seconde après seconde. L'idée de faire un futur marié cocu m'amuse plus que ça m'effraie, ce soir. Ma bouche se niche près de son cou, sa peau est douce, un délicat parfum de rose vient taquiner mes narines… Et bientôt, nos lèvres se joignent. Gagné. Ou presque : je sens une main qui m'agrippe par l'épaule et qui me jette littéralement en arrière. Je chute sur le sol, au milieu des clients qui se sont écartés pour l'occasion. Je me redresse en secouant la tête et je tombe nez à nez avec une sorte de bonhomme taillé comme un rugbyman dopé depuis la naissance. "C'est toi l'futur marié, je suppose ?" Il souffle comme un bœuf. Si on poussait encore le bouchon ? "Pas cool, mec. Tu pourrais partager un peu, avant d'te l'accaparer à toi tout seul." C'était la phrase de trop. Il fonce sur moi comme un taureau qui aurait vu le drap rouge, de quoi me faire rire aux éclats. Je l'accueille avec mon genou en plein visage, et commence alors une lutte acharnée. Le problème, c'est que je suis tout seul. Lui, non. Je me fais bloquer pendant qu'il me cogne, impossible de répliquer. J'ai juste le temps de lui donner un coup de tête et me défaire de l'emprise de son copain pour laisser au barman le soin de s'interposer… le temps que les flics, dans les alentours en ce samedi soir, débarquent pour nous emmener gentiment au poste de police. Gentiment ? Pas trop. Ils grincent des dents rien qu'en me voyant. Faut dire qu'il se passe difficilement un mois sans que je ne sois en garde à vue. C'est simple, ils ont même proposé à mes parents de me faire une carte de fidélité. Le visage marbré de trois bleus et d'une fine estafilade au niveau de la tempe, je crache sur les pompes du fiancé excédé, et je ricane en le voyant se jeter sans succès sur les barreaux. Raté. J'avise un officier qui passe pour nous surveiller. "Eh, Logan ! Tu passes un coup de fil à ma frangine pour moi, s'te plaît ? Selina Bishop." C'est souvent la seule capable de me sortir de ce pétrin. "Si elle veut pas, t'as qu'à lui dire qu'elle pourra me badigeonner de ses herbes à la con tant qu'elle voudra, vu que j'suis un peu amoché… elle sera contente." Selina, la guérisseuse officielle de la ville. Auto-proclamée, en tout cas. J'ai beau me moquer d'elle, je suis forcé de reconnaître qu'elle maîtrise. Mais lui dire franchement, jamais. Le prénommé Logan soupire et sors son téléphone tout en regardant l'annuaire. Assis sur le banc en dur de la cellule, la tête reposée sur le mur froid, je ferme les yeux en reniflant. J'ai beau être un ingrat de première catégorie, ma sœur aînée ne me laissera pas tomber. Je le sais. C'est comme ça que ça a toujours marché.
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MessageSujet: Re: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyLun 2 Nov - 0:44

Selina possède un rythme de vie aussi simple que sain, auquel elle ne déroge que rarement. Ses journées sont toutes tracées et si certains désapprouveraient ce manque d’imprévu qui rend pourtant le temps bien plus agréable, elle, elle a surtout tendance à s’en réjouir. Savoir ce qu’elle a de prévu la rassure et lui permet de conserver un semblant de contrôle sur sa vie, et maintenant qu’elle ne vit plus pour deux, et qu’en vérité elle ne vit plus tout court, le rythme défini l’apaise. Parmi les recommandations qu’elle applique soigneusement, huit précieuses heures de sommeil par nuit, au minimum, pour épargner à la population de Salem la version la moins sympathique de Selina : agressive et franchement désagréable. Aussi, quand son téléphone perce le calme d’une nuit déjà bien avancée et la tire brutalement de son sommeil, elle commence à penser qu’elle finira vraiment par devenir une sorcière et conjurer les esprits pour qu’ils torturent les impudents qui osent la déranger – le fait que ce ne soit matériellement pas possible pour une raison évidente : la magie n’existe pas, ne lui traverse qu’à peine l’esprit. Elle envisage l’espace d’une seconde d’ignorer l’appel, mais les sonneries lui vrillent les tympans si fort qu’elle étouffe un grognement dans son oreiller et daigne se lever pour décrocher. La voix à l’autre bout se présente un certain Logan, visiblement mal à l’aise. Il lui explique qu’un certain Joshua Bishop lui a demandé de l’appeler pour venir le récupérer au poste de police. Et si elle n’est qu’à moitié surprise – elle aurait du s’en douter au moment même où le téléphone avait sonné, que son crétin de petit frère avait encore déconné – cela ne l’encourage pas à se montrer aimable avec ce pauvre Logan qui se contente de faire son boulot. « Qu’il aille se faire foutre » répond-elle froidement. Son frère possède une certaine facilité à la mettre hors d’elle, l’avantage sans doute d’avoir testé à peu près tous les tours pendables possibles et imaginables à une sœur bien trop sympa pour dresser d’emblée les barrières. Joshua a depuis pris l’habitude non seulement de foutre la pagaille dans sa vie, au seul motif qu’il la juge « trop chiante » (sic) mais aussi de faire d’elle la personne à contacter en cas de besoin. Et des besoins, ce frère indigne en a un peu trop régulièrement, et toujours pour des histoires à dormir debout qui lui ressemblent bien. Si l’idée de le laisser dans la merde pour une fois lui traverse l’esprit un peu plus longuement que de raison, le fait est qu’elle ne possède – fort heureusement – qu’un seul frère et qu’elle conservera toujours un instinct maternel relativement développé et le souci des autres. Il ne suffit à Logan que de prononcer la phrase magique « il m’a dit de vous préciser qu’il est un peu amoché » pour que sa raison vacille et cède finalement. Son frère aura sa mort, et ça, si elle ne le tue pas avant de ses propres mains. « Très bien, j’arrive. Dans l’intervalle, si vous voulez le brutaliser, vous avez ma bénédiction » qu’elle grogne, mécontente. Ensommeillée, elle peine à assembler de façon cohérente des vêtements, et elle songe qu’elle a la chance de vivre non loin de la station de police, s’épargnant ainsi une conduite sans doute hasardeuse. Le long du trajet qui l’y mène, elle réfléchit à toutes les idées possibles et imaginables pour se venger, et son esprit ne manque pas de créativité en la matière. Joshua a toujours été le trublion des Bishop, la terreur intenable semant discorde et problèmes sur son chemin. Si Selina a toujours été la plus patiente de la famille, bien plus encore que ses parents épuisés par leur sale gosse, il lui faut cependant reconnaître qu’il la met à rude épreuve, cette patience, et qu’elle est franchement généreuse d’accourir une fois de plus pour lui prêter main forte. Un policier tient l’accueil – quoique somnole soit plus exact – et elle doit se faire remarquer pour qu’il relève enfin la tête. « Je viens voir un certain Joshua Bishop » annonce-t-elle d’un ton blasé. Le policier hoche la tête et lui demande de décliner son identité, soudain pris d’un entrain qu’elle suppose dû à une vision excessive de séries télés sur le sujet. « Selina Bishop, sa grande sœur » précise-t-elle. A nouveau, il hoche la tête et l’amène auprès du dénommé Logan, qui l’accueille avec un sourire désolé. Qui disparaît bien vite quand il avise ses traits fermés, voire franchement froids. « Qu’est-ce qu’il a encore fait ? » Elle insiste sur le encore, pour bien marquer sa désapprobation. Logan lui résume brièvement la situation, et ses yeux flirtent ostensiblement avec le plafond. Elle aurait espéré qu’à vingt-cinq ans, Joshua se décide enfin à grandir mais ce n’est visiblement pas pour aujourd’hui. « Flirter avec une future mariée, rien que ça. J’ai presque envie de le laisser passer la nuit ici pour lui faire retenir la leçon. » Mais elle ne le fera pas, précisément parce qu’il ne retient jamais les leçons et que cela ne servirait finalement pas à grand-chose, si ce n’est à donner une raison supplémentaire à son frère de lui en faire voir de toutes les couleurs. Logan l’amène de bonne grâce devant la cellule dans laquelle se trouve Joshua. Selina croise les bras contre sa poitrine et le fixe d’un regard mauvais. « La grande classe, Josh. T’as envie de mourir jeune ou t’as une explication valable pour justifier tes conneries ? Tu sais quoi ? T’aurais mérité que je te laisse te démerder tout seul et que je reste chez moi sans n’en avoir rien à foutre de toi. Mais non, parce que comme d’habitude je suis la sœur sympa qui vole à la rescousse du crétin congénital qui lui sert de frère. Parfois je me demande si on est vraiment de la même famille, pas possible que mes parents aient engendré quelqu’un d’aussi con que toi. » Elle est dure, Selina, quand elle est de mauvaise humeur. Mais elle peut bien se lâcher, d’autant que Joshua n’est pas rancunier et qu’il ne lui tient jamais rigueur de ses coups d’éclat – fort heureusement, compte tenu du nombre de fois où elle est venue le récupérer au poste en 25 ans d’existence. « Tu peux même pas commencer à imaginer combien tu me gaves, et combien ma main me démange, là. Me faire réveiller au beau milieu de la nuit pour des conneries pareilles, c’est pas croyable ! Grandis un peu, merde ! Tu comptes continuer à déconner jusqu’à la fin de tes jours ? Mais rêve pas, Josh, la vie tranquille c’est fini ! Va falloir mûrir, et rapidement ! » Le problème, c’est que ça tombe dans l’oreille d’un sourd, et que si elle s’obstine à lui faire la morale, lui s’en fiche royalement et continue d’agir comme bon lui semble. « Donne-moi une seule bonne raison de te sortir de là plutôt que de te laisser croupir dans ta cellule histoire de te donner le temps de réfléchir avant ta prochaine connerie. »
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MessageSujet: Re: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyDim 8 Nov - 10:47



Ploc. Ploc. Ploc. Toujours ce même son répétitif et entêtant d'une goutte qui glisse du plafond en béton jusqu'au sol d'une matière toute aussi brute. Je suis l'écoulement d'un air presque hagard, un air concentré sur le visage. Autrefois, la seule psychiatre qui ait eu le courage de me suivre m'avait conseillé de focaliser mon attention sur ce genre de chose futile pour oublier les folies que mon esprit pouvait parfois imaginer à mon insu… Efficace, c'est bien une des seules infos sensées que je me sois donné la peine de retenir. Sans avoir pu calculer le temps entre ce coup de téléphone passé et maintenant, je relève la tête en entendant la voix si charmante et endormie de ma sœur aînée. Les talons martèlent le sol jusqu'à parvenir devant la cellule. Sur l'instant, je me rends compte que je regarde souvent les gens à travers des barreaux, comme s'il s'agissait d'un filtre familier… amusant. Bras croisés, yeux noirs, mine fatiguée et énervée à la fois. Bien des hommes auraient tremblé, alors que de mon côté, ça me donne seulement envie de rire. Deux claques, c'est tout ce que je mérite, je sais. Dans un silence presque pieux, pour ne pas dire moqueur, j'écoute les remontrances de Selina qui déverse son venin comme une vipère à bout de souffle. Tiens, elle avoue elle-même que sa main la démange ! Qu'est-ce qu'on se connaît bien, quand même… Si Marilou était là, elle nous observerait avec amusement, elle qui a assisté à ce genre de scènes toute sa vie. La sage et débrouillarde Selina remontant les bretelles de son incapable de frère cadet. Dans la pénombre, je la dévisage sans jamais chercher à l'interrompre. Ca peut paraitre dingue, mais je l'ai toujours trouvée bien plus intéressante et agréable quand elle laisse éclater sa colère de la sorte, plutôt qu'en se murant derrière un air détaché depuis la mort de son mari. Elle est belle, sauvage. Elle m'inspire des tableaux maculés de rouge vif, d'une noirceur classieuse et intimidante… un chef d'œuvre. Lorsque l'ultimatum tombe, j'hausse les épaules avec désinvolture. "Parce que si tu t'en foutais vraiment, tu te s'rais même pas déplacée. T'aurais attendu demain pour me faire la morale." Logique pure et simple. J'ai beau n'avoir jamais été un as à l'école ou même quelqu'un qu'on reconnaît à son intelligence, je n'en reste pas moins assez perspicace pour réagir. Et surtout l'ouvrir quand on veut me contraindre à la reddition. C'est ça, l'enjeu : Selina voudrait que je me rende à la raison… on sait tous les deux que c'est impossible. Je me lève en posant mes mains sur mes genoux, puis je marche jusqu'aux barreaux, dévoilant ainsi les quelques blessures minimes que j'ai au visage. Toutes masquées derrière un sourire goguenard et arrogant qu'elle aimerait tant me faire ravaler. "L'explication valable, c'est que j'suis plus canon que ce mec, et que j'ai eu le malheur de faire une faveur à une jeune inconsciente." Le futur marié, dans la cellule d'à-côté, cogne un coup dans les barreaux en me traitant de tous les noms. Il n'obtient même pas un regard de ma part, alors que je me réjouis intérieurement de le faire fulminer en jetant de l'huile sur le feu. "Tu dormais déjà ? Bien sûr que tu dormais déjà… T'as quel âge, toi ? J'grandis peut-être pas, mais toi, t'as toujours vécu comme une p'tite vieille." Non seulement je suis dans la posture la moins assurée, mais en prime, je me pique de lui prendre la tête alors que ma libération ne repose que sur son bon vouloir. Suicidaire. "Tu l'as dit : t'es la sœur sympa. C'est comme ça qu'on fonctionne, tous les deux. Et c'est aussi pour ça que j'vais pas te contredire quand tu me balances que je suis un crétin congénital." Je pouffe de rire en reprenant sa propre expression. Vexé ? Pour si peu, et venant de Selina, ça ne risque pas. Plus encore quand elle a raison. Finalement, je plonge mon regard dans le sien en essuyant une goutte de sang qui coule de mon arcade sourcilière. "Ici ou dehors, je ne réfléchis jamais à mes conneries, tu sais… Par contre, si je reste ici et que j'attrape le tétanos ou une maladie cheloue, ce sera ta faute. Parce que t'auras pas voulu me tartiner avec tes pommades bizarres." Selina a beau ne pas être ce qu'on peut qualifier de médecin, elle n'en a pas moins une mentalité tout à fait semblable : laisser un blessé dans le besoin, elle n'y arrive pas. Pire quand c'est son propre frère. J'appuie mon épaule contre un barreau et lui décoche un sourire en coin, en guise d'estocade finale. "J'promets que la prochaine fois que j'fais une connerie, ce sera avant que t'ailles te coucher. Allez, on va dire sept heures du soir." Un peu d'humour, quand même ! Mais dans le fond, si ma bouche ne profère que des mots qu'elle pourrait ignorer avec superbe, mon regard parle d'une manière bien plus éloquente. Je ne veux pas rester ici. Claustrophobe. Et je suis tellement timbré que je serais capable de me briser les poings en essayant de cogner dans la paroi en béton. "Tu m'sors de là, alors ?" Dire que c'est la même question qui finit par sortir depuis que j'ai cinq ans, quand je me mets dans le pétrin. Et qu'elle s'adresse toujours à la même personne.
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MessageSujet: Re: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyMar 17 Nov - 21:33

Son frère avait toujours su trouver les mots pour réussir à l'atteindre. Qu'ils fussent gentils, pour se faire pardonner une énième bêtise, ou durs, parce qu'il était dans une phase un peu plus sombre, ils faisaient une arme redoutable pour Joshua. Surtout quand celui-ci connaissait parfaitement sa sœur, ou du moins assez parfaitement pour savoir quels nerfs activer. Un peu comme cette soirée où elle devait encore venir à sa rescousse, malgré l'envie profonde de le laisser se démerder comme un grand. C'était peut-être ça, le problème avec Joshua : elle l'avait toujours materné. Beaucoup trop pour son propre bien. Avec l'assurance qu'il serait toujours protégé peu importe ce qu'il faisait, que sa sœur aînée assumerait toujours les conséquences à sa place, il s'était octroyé un surplus de confiance et de liberté. « Ou alors je suis simplement venue pour me moquer de toi, et dans deux minutes je serai de nouveau en route vers mon lit » rétorqua-t-elle froidement. Elle aurait pu le faire, Selina, si seulement elle ne se sentait pas si responsable de sa fratrie. Elle avait toujours pris le rôle d'aînée de la famille à cœur, veillant sur les siens comme s'ils étaient ses enfants. Non que leurs parents n'aient joué correctement le rôle qui leur incombait, simplement qu'elle était comme ça, Selina : maternelle, aimante et loyale. Cette pensée lui arracha un sourire amer. Elle en aurait fait une sacrée bonne, de mère. Excepté que maintenant, elle n'aura jamais l'occasion d'exercer ses talents autrement que pour venir en aide à son frère ou à sa sœur. La mort de Lenny a définitivement scellé tout espoir d'un jour avoir un enfant, un espoir déjà bien amoché par la perte du sien, à seize ans. Certains psychologues n'auraient sans doute pas hésité à voir dans son comportement un simple transfert, une façon de compenser pour sa fausse couche : protéger Joshua et Marilou, c'était un peu être mère par procuration. Et, tout comme une mère, l'envie de foutre une baffe à son gosse irresponsable lui démangeait la main. Heureusement pour tous, personne n'aurait à subir le courroux de Selina, grâce aux barreaux qui la séparaient de son frère. Le dénommé Logan observe la scène comme on observerait un spectacle : avec une pointe d'amusement haussant la commissure de ses lèvres. Probablement parce que ce n'est pas la première fois qu'il assiste à la scène, et que ce ne sera pas non plus la dernière. Encore et encore, Selina ira récupérer son frère en garde à vue, et elle continuera de lui faire la morale, désespérée à l'idée que rien ne s'imprime dans le cerveau minuscule du crétin qui lui servait de frère. Elle l'aimait, Joshua. Elle l'aimait, mais il lui donnait de profondes envies de meurtre un peu trop souvent pour leur propre bien. « C'est ça, continue, tu t'es pas attiré assez de problèmes » grogna-t-elle en jetant un regard désolé à son voisin de cellule – visiblement ledit futur marié. « Tu réalises que plus t'ouvres la bouche, plus t'as de chances de passer la nuit ici ? » Selina ne se vexait pas aisément, mais se faire traiter de vieille par un frère qui passait plus de temps à chercher les problèmes qu'à mener une vie décente malgré un âge qui ne le justifiait plus avait de quoi lui arracher un rictus mauvais. « Non, tu ne vas pas me contredire parce que tu sais que j'ai raison. T'es l'idiot de la famille, mon pauvre frère. Et ça, c'est la version sympa de la sœur sympa. » Si elle s'écoutait, elle se montrerait probablement plus virulente, mais elle préférait préserver un peu de décence face aux spectateurs de la scène. Ils auraient tout le temps d'échanger moins cordialement une fois qu'elle l'aurait traîné en-dehors du commissariat. Joshua tenta, avec plus ou moins de succès, de la faire culpabiliser, mais les années de pratique lui évitaient de tomber si facilement dans le panneau. Le poste de police était clean, aussi clean qu'un tel endroit pouvait l'être du moins, et ce n'était pas la peur de le voir chopper une maladie qui l'aurait empêchée de le laisser croupir ici. « Oh non, n'essaie même pas de jouer cette carte-là, tu sais très bien que ça ne fonctionne pas avec moi. Peut-être que Marilou serait assez naïve pour se laisser avoir, mais certainement pas moi. Tu pourrais choper le tétanos ici que ça ne me pousserait pas à t'en faire sortir plus vite. » Elle le ferait sortir. A un moment ou à un autre. Mais pour l'heure, elle préférait de loin l'idée de s'asseoir sur une chaise juste devant sa cellule, et de croiser les bras contre sa poitrine. « Je ne sais même plus quoi dire pour essayer de faire entrer quelque chose dans ton crâne de petit merdeux. Visiblement, toutes mes tentatives se sont soldées par un échec, alors jusqu'à ce que tu trouves les bonnes paroles au bon moment pour me convaincre que tu mérites de sortir cette nuit, on va rester tranquillement ici. Et quand j'en aurai marre de tes conneries, je m'en irai et te laisserai croupir aussi longtemps que nécessaire dans ta cellule. » Elle ignora volontairement la provocation de son cadet, dont les commentaires lui passaient au-dessus de la tête. Le jour où il aurait des leçons à lui donner n'était pas prêt d'arriver. « Non, je ne te sors pas de là, non. Je suis fatiguée de toi, et de tes conneries. Et tu crois peut-être que ça fonctionnera à chaque fois, mais laisse-moi t'expliquer quelque chose : j'ai passé l'âge. T'es assez grand pour faire tes propres choix, si stupides soient-ils, donc t'es assez grand pour les assumer. »
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MessageSujet: Re: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyMer 23 Déc - 11:02



J'ai conscience de jouer avec les nerfs de ma sœur. D'autres pourraient lui taper sur le système sans s'en apercevoir, mais ce n'était pas mon cas. C'est ça le cœur du problème : je la rend dingue, et j'y prends un plaisir que je ne m'explique pas. Pourtant, je passe mon temps à dire que Selina est une sainte... Allez savoir, le mot "sainte" sonne probablement comme une insulte aux oreilles de ceux qui connaissent mon taux de religiosité. Je la jauge, goguenard, depuis ma cellule comme si j'étais en position de force, alors qu'elle occupe déjà cette place. M'attirer des ennuis à chaque fois que j'ouvre la bouche ? "Faut croire que les ennuis sont arrivés quand sa meuf a commencé à ouvrir sa bouche." Vous le voyez, ce sourire arrogant qui trône fièrement sur mes lèvres, tandis que mon voisin de cellule tape du pied au sol ? Creuse encore, Joshua. Un haussement d'épaules accompagne à peine la réflexion de ma sœur. Idiot. Je le sais. J'en suis conscient, et effectivement, elle aurait pu être plus vulgaire... donc plus proche de la réalité des faits. J'ai toujours su que je n'étais pas une lumière, et il semblerait que j'ai fait une affaire d'honneur d'en faire la démonstration chaque jour que Dieu fait. Comme pour m'émanciper de ce modèle de droiture qu'est Selina. Si droite, d'ailleurs, qu'il semblerait qu'elle ait refusé de courber l'échine ce soir. J'ai beau rester debout et l'air aussi sûr de moi, elle vient de fragiliser le fort en me menaçant de me laisser ici pour la nuit. Non. Hors de question. "Tu bluffes." crachai-je avec un sourire qui se voulait dédaigneux. Visiblement, ce retournement de situation devait intéresser le policier qui, avec subtilité, s'était redressé sur sa chaise pour suivre l'échange. Ce soir, la sœur aînée, toujours prête à aider son prochain, avait décidé de prendre les armes pour résister à la connerie véhiculée par l'impertinence de son cadet. Il me faut une poignée de secondes pour comprendre que, cette fois-ci, elle ne pliera pas. Pas tout de suite, en tout cas. Et, malgré les efforts que je fais pour rester neutre, elle peut lire sur mon visage qu'elle vient de me prendre au dépourvu. Un peu comme un gosse de cinq ans à qui on ne cède pas ce sur quoi il pense être en terrain conquis. Je me détache des barreaux et croise mes mains dans mon dos, à la manière d'un soldat au repos. Le menton légèrement relevé. Reliquats d'un passage à l'armée qui n'a fait qu'exacerber certains travers. Je réfléchis, je jauge pour savoir où attaquer... et ne pas lui montrer que ma claustrophobie est de loin ce qui me pousse à vouloir sortir d'ici rapidement. Une crise de panique me rendrait faible à ses yeux. "Tu préférais que j'sois loin de la maison, c'est ça ? Te laisser vivre ta vie de ménagère et d'sorcière vaudou ? Je sais bien que j'ai toujours été un fardeau pour cette foutue famille." Mon regard sombre coule en elle. J'ai toujours été plus franc envers mes soeurs qu'envers la moindre autre femme. Seules Selina et Marilou pouvaient contempler l'émotion brute. À vif. Dangereuse. "Et si tu m'libérais pour que je puisse partir pour de bon, hein ? T'as passé ta vie à me sortir des ennuis, ce serait la moindre des choses. J'vais manquer à qui, si j'reviens pas ? Personne." J'agrippe les barreaux, le visage dur et marqué par une absence complète de gentillesse. "Tu veux quoi ? Que j'te dise que j'vais être un gentil garçon bien intégré dans la société ? T'es grande, t'as arrêté de croire au Père Noël." La franchise, qu'elle soit dérangeante ou non, c'est toujours ce qui m'a caractérisé. Et au fond, malgré ce qui peut passer pour de la provocation aux yeux des autres, je suis en train d'exposer un vrai problème. "T'as fait ta vie pendant que j'étais pas là, et même si elle a mal tourné, t'as quand même réussi à t'en sortir très bien toute seule. Marilou, elle s'en sortira aussi, elle est pas aussi extrême que moi. J'suis pas comme vous, et t'en as marre de m'voir comme ça. La solution, c'est que j'm'arrache pour de bon." Je lâche les barreaux et vais m'asseoir en tailleur en tournant le dos à Selina. Bras croisés. Pourquoi ? Pour qu'elle ne voit pas mes yeux embués. Je n'ai manqué à personne, je ne m'intègre nulle part, et j'ai cette envie incontrôlable de tout gâcher dès que quelque chose de bien se produit dans mon sillage. Je déglutis et soupire en fermant les yeux. J'aimerai faire quelque chose de ma vie un jour, mais je ne sais pas par quel bout commencer. "Tu t'es toujours débrouillée toute seule, j'comprends que t'en ai marre, et que t'aimerais bien qu'on s'occupe un peu d'toi pour changer." soufflai-je. J'ai beau être un con, je vois bien quand une de mes soeurs n'est pas au meilleur de sa forme.

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Nathaniel Atwoodth
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MessageSujet: Re: « we won't turn our back on each other. » « we won't turn our back on each other. » EmptyMar 26 Jan - 13:19

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« we won't turn our back on each other. »

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