the great escape
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reminiscence. (selina)

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MessageSujet: reminiscence. (selina) reminiscence. (selina) EmptyMar 27 Oct - 23:28

Allongé sous une voiture, ses mains recouvertes de camboui, Alec sifflotait d'un air absent, concentré sur son travail. Il montait et démontait des pièces avec minutie, cherchant d'où venait le problème dont lui avait parlé le client. Il s'acharnait sur son travail, sans pour autant parvenir à mettre le doigt sur l'anomalie. Il jura intérieurement, et donna un coup de pied sous la voiture. Ça ne l'aiderait en rien à régler son problème, il en avait parfaitement conscience, mais ça le soulageait pour au moins deux secondes et demie – ce qui était mieux que rien, à la réflexion. Malheureusement pour le sudiste, il n'était pas le seul à travailler dans l'atelier. « Foster ! » Rugit une voix qu'Alec ne connaissait que trop bien. Son patron l'avait réprimandé plus d'une fois pour ses coups de sang, et encensé pour sa dextérité et son habileté. Le Texan faisait du bon travail, n'abandonnait pas devant la difficulté, et était un employé facile à gérer. En apparence, on aurait pu croire que les deux américains s'étaient bien trouvés ; mais quand on y regardait de plus près, on comprenait vite que quelque chose clochait. Le texan décelait une forme d'hypocrisie dans les attitudes et les propos de son patron, mais il avait choisi de ne pas s'en formaliser. Il ne voulait pas prendre part dans les histoires latentes qui secouaient la ville. « Désolé, boss ! » Evidemment, il n'en pensait pas un mot. Il s'en fichait royalement, de ce que ce grincheux pouvait lui dire. Ce qui l'intéressait, lui, c'était de venir à bout de ses tracas mécaniques, qui risquaient bientôt de lui faire pousser des cheveux blancs, s'il n'en venait pas à bout. Il chercha à tâtons un outil, une clé particulière, et continua son travail.

Il salua poliment son patron et le fils de ce dernier, et se dirigea vers l'extérieur. Il vérifia son téléphone, et vit qu'il avait un appel en absence de William, son meilleur ami texan. Il soupira, et pensa automatiquement à Selina, qu'il délaissait depuis quelques jours. Il n'avait pas pris de ses nouvelles depuis des jours, et s'en voulait d'avoir été aussi négligeant. Lorsque son ami était décédé, il s'était fait la promesse de s'assurer que sa veuve ne manquerait de rien. Et il respectait tellement son engagement que s'en devenait presque... Trop. Mais Selina n'y était pour rien dans ses troubles intérieurs, et elle méritait mieux que ça. Il rangea son téléphone dans la poche de son jean, enfila son casque et enfourcha sa moto. Il fit ronronner le moteur pendant quelques secondes, s'assura que personne n'arrivait, et s'éloigna sur la route déserte en direction de chez l'aînée des Bishop. Ils avaient du temps à rattraper. Il ne mit que quelques minutes à arriver devant chez elle. Elle dut l'entendre arriver, puisqu'elle sortit sur le perron pour l'accueillir d'un sourire amical. Il retira son casque qu'il garda dans sa main droite, répondit volontiers à cet accueil chaleureux tout en marchant vers elle. « Bonjour Selina. » Murmura-t-il à voix basse, avant d'ouvrir ses bras pour la serrer délicatement contre lui. Il la garda une seconde contre lui, respira son parfum fleuri, et s'éloigna de la veuve d'un de ses meilleurs amis. Il avait l'impression de ne pas être venu lui rendre visite depuis une éternité, alors que le temps écoulé devait remonter à maximum deux semaines. Alec n'était pas particulièrement occupé, mais il craignait toujours de déranger. Et puis il savait que fréquenter Selina plus que nécessaire n'allait pas l'aider à y voir clair dans ses sentiments. « Tu vas bien ? » Demanda-t-il alors qu'il la suivait jusque dans la cuisine. Il déglutit en pensant que quelques mois plus tôt à peine, son ami se tenait debout, les bras croisés, les reins en appui contre le bord de l'évier. Il le voyait encore rire, passer une main dans les cheveux de sa femme, ou se rapprocher de lui pour lui donner une accolade virile. Alec ferma les yeux un instant, mal à l'aise. Il ne se sentait pas à sa place. Il avait l'impression de trahir son ami, depuis qu'il nourrissait des sentiments ambigus à l'égard de sa veuve. Comment aurait-il pu en être autrement, en même temps ? « Je comptais aller au cimetière. Je me disais que tu voudrais peut-être m'accompagner. » Proposa poliment le texan. Il détestait cet endroit – et tous les autres cimetières, de manière générale. Il trouvait ces endroits particulièrement lugubres, et estimait que l'on n'avait pas besoin de s'y déplacer pour penser aux êtres chers qui nous avaient été repris trop tôt. Il déposa son casque et ses clés sur la table de la cuisine. « Je t'attends dehors. » Dit-il simplement, retournant sur le palier. Elle vint le rejoindre quelques secondes plus tard, et il souleva un coude pour qu'elle y glisse son bras si elle le désirait. « Prête ? » Demanda-t-il, après avoir pris une grande inspiration.
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MessageSujet: Re: reminiscence. (selina) reminiscence. (selina) EmptyMar 17 Nov - 19:07

Le temps semblait filer à toute allure, comme pour se moquer d'une Selina éternellement coincée dans le passé. Quand tous avançaient autour d'elle, continuaient leur vie comme si de rien n'était, elle continuait de s'accrocher aux souvenirs, puisqu'il ne lui restait désormais plus que cela. Les souvenirs d'une vie heureuse, les souvenirs des rêves, du futur, des promesses. Lenny lui en avait fait des tas, des promesses : qu'il l'épouserait. Qu'il la rendrait plus heureuse que n'importe quel autre homme. Qu'il lui ferait deux enfants, au minimum, une fille et un garçon, et qu'il les élèverait avec la plus grande des fiertés. Qu'il l'aimerait jusqu'à la fin de ses jours et même après, si l'après existait, et qu'il ne la quitterait jamais. Mais voilà, Lenny avait menti, Lenny avait failli : il l'avait abandonnée, l'avait laissée à son quotidien si morne et si triste depuis son départ. Selina errait, donnait le change pour conserver un semblant d'apparence mais n'avançait plus. Elle était entourée, pourtant, probablement trop pour s'apitoyer sur son propre sort, alors elle prétendait. Elle accueillait les autres dans sa vie avec un plaisir feint, des sourires faux, des promesses creuses. Elle continuait d'aimer, mais par automatisme, plus que par envie. Parce que tout le monde n'avait que ces phrases pré-mâchées à lui balancer : ça va aller, Selina, tu verras. Ou alors il faut avancer pour lui, c'est ce qu'il aurait voulu. Ou encore mieux : il n'aurait pas voulu que tu restes malheureuse. Visiblement, tout le monde savait mieux qu'elle ce que Lenny aurait ou n'aurait pas voulu, comme si le fait d'être sa femme lui ôtait tout droit d'objectivité. On compatissait au chagrin, mais seulement un temps, parce que là encore, il semblait y avoir une sorte de délai à respecter, au-delà duquel le deuil n'était plus toléré avec la même compassion. Il irritait, agaçait, quand il ne laissait pas indifférent. Peu de gens comprenaient encore son chagrin, quand bien même ils prétendaient le partager. Et parmi ceux-là, elle doutait du bien fondé des intentions d'au moins la moitié d'entre elles. Seuls ceux qui connaissaient, qui connaissaient vraiment Lenny, restaient eux aussi englués dans le passé sans éprouver le véritable désir d'en sortir. Selina ignorait les autres, c'était même ce qu'elle faisait de mieux. Elle n'avait jamais été femme à porter particulièrement attention à ce qui se disait à son sujet, encore moins ce qui se pensait. L'opinion de centaines de personnes qui ne la connaissaient pas glissait sur elle comme de l'eau. Et puis, il y avait ces quelques personnes qui comprenaient, et à ceux-là elle donnait tout ce qu'elle pouvait encore donner. Ce n'était pas grand-chose, rien de comparable avec ce que la Selina du passé leur aurait donné, mais c'était mieux que rien. Il y avait Alec, par exemple. L'un des nombreux amis de Lenny qui s'était frayé une place dans sa vie à la seconde où son mari l'avait quitté. Alec, qui semblait mettre un point d'honneur à ne jamais la laisser seule trop longtemps, probablement pour rendre hommage à son ami. Et quand il disait que c'était ce que Lenny aurait voulu, elle le croyait. Quand elle voulait se fermer à la terre entière, il restait l'un des rares avec lesquels elle n'y parvenait pas. Alec était là sans l'être, il ne cherchait jamais à imposer sa présence, et ne réclamait pas celle de Selina. Il allait et venait dans son quotidien, sans qu'elle ne sache jamais si elle le reverrait, ou s'il ne déciderait pas de la laisser tranquille. Mais non, Alec s'accrochait à elle avec retenue et pudeur, ce dont elle lui était plus reconnaissante que les mots n'auraient su le dire. Alors quand il vint sonner à sa porte, elle l'accueillit d'un sourire aussi rare que sincère, réellement contente de le voir débarquer à l'improviste comme il le faisait toujours. « Aussi bien que possible » répondit-elle doucement avant de se détacher de son étreinte. « Et toi ? Tu ne devrais pas être au boulot ? » Elle se rendait compte chaque fois un peu plus que si lui la connaissait, elle en revanche ne savait que peu de choses sur lui. Et comme toujours, cette pensée lui arracha un pincement de culpabilité avant de s'évanouir. Elle le laissa entrer chez elle, la suivre jusqu'à la cuisine dans laquelle trônait un tas d'instruments dont elle ne savait pas quoi faire. C'était Lenny, le cuisinier. Elle, elle n'aurait pas su faire cuire un steak correctement et il ne l'aurait probablement pas laissée s'en approcher de toute façon, par mesure de prudence. Elle hésita quelques secondes à sa proposition. Selina visitait le cimetière au moins une fois par semaine, ne fût-ce pour s'assurer que les fleurs ne fanent jamais, mais elle évitait généralement la compagnie des autres dans un moment de recueillement qui appelait à la solitude. Pourtant, elle hocha la tête. « Plutôt glauque, comme sortie » commenta-t-elle avant de rire. Il s'éloigna et elle le rejoignit à l'extérieur, puis glissa son bras contre le sien. « Tu y as déjà été avant ? Sur sa tombe, je veux dire. Si c'est pas le cas, je suis sûre que ça fera plaisir à Lenny que tu y viennes. Et puis au moins il saura que sa femme ne reste pas toujours seule. » En vérité, Lenny n'en saurait jamais rien mais la pratique de la wicca lui avait enseigné que les âmes ne disparaissaient jamais entièrement : elles retournaient à la terre pour mieux nourrir celles des vivants.
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MessageSujet: Re: reminiscence. (selina) reminiscence. (selina) EmptyJeu 10 Déc - 17:02

« C'est vrai, ça ? » Qu'il demanda, souhaitant impérativement s'en assurer. Alec passait à l'improviste, comme toujours. Il ne s'embarrassait pas d'appels insignifiants, et préférait surprendre les gens – et encore plus quand il souhaitait être rassuré quant à leur bien être. Il faisait irruption dans leur vie, mais ne s'imposait jamais dans la durée. « Je veux la vérité. » Déclara-t-il doucement, mais fermement. Il ne demandait pas des confessions dans les moindres détails, mais voulait juste s'assurer qu'elle tenait le coup. Selina ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Perdre son mari aussi subitement, et si jeune ? Il ne souhaitait pareille épreuve à personne. « S'il te plait. » Ajouta-t-il, par pure politesse. Il savait aussi qu'employer la manière pourrait peut-être permettre à Selina à se sentir plus en confiance, plus en sécurité. Lui, le Texan à l'accent traînant, n'était qu'une pièce rapportée à la vie de la Bishop. Il était un ami du mari disparu trop tôt, et s'était senti à la mort de son ami, probablement à tort, investi d'une mission : s'assurer que Selina tenait le coup. « J'ai terminé pour aujourd'hui. » Répondit-il simplement. Ses journées étaient déjà bien chargées sans qu'il n'eut besoin de s'en rajouter pour s'occuper. Alec, en bon sudiste qu'il était, s'appliquait certes dans toutes les tâches qu'il entreprenait, mais savait aussi que lever le pied et se concentrer sur des valeurs morales fondamentales était absolument nécessaire. La vie était courte, et il fallait en profiter tant qu'il en était encore temps : c'était bien la leçon qu'il avait retenu, après avoir vu le cercueil de son ami disparaître dans sa dernière demeure.

Il opina du chef. Elle préférait en rire, mais le nœud qui s'était formé au plus profond de son être l'empêchait, lui, d'en faire autant. Le temps n'était pas venu. Oui, c'était glauque – et même pire encore. Il détestait cet endroit, et donc logiquement, détestait encore plus s'y rendre. Ses plus profondes croyances avaient été ébranlées, lorsqu'il avait appris le décès brutal de son ami. Son rappel soudain, alors qu'il était dans le plus bel âge, avait laissé Alec plein d'incertitudes, de doutes, et de questions sans réponses. La première avait naturellement été la suivante : pourquoi ? Comment Dieu pouvait-il rappeler à ses côtés quelqu'un qui avait à peine pris le temps de vivre, et à qui il restait mille choses à accomplir ? Pourquoi si soudainement ? Pourquoi lui ? Alec pensait avoir suffisamment connu Lenny pour dire de lui qu'il était une bonne personne. Il était un ami loyal et amusant, un époux fidèle et aimant, un être calme et sensé. Il n'avait pas mérité ce qui lui était arrivé – et Selina, victime collatérale de cette disparition, n'avait pas mérité pareille souffrance. « Si tu préfères rester ici, je comprends. Je peux m'y rendre seul. » Assura-t-il, ne souhaitant aucunement forcer la main de la veuve. Il avait juste pensé que sa présence pourrait, éventuellement, l'aider à traverser cette épreuve. Mais en aucun cas, il ne l'obligerait à quoique ce soit ; il pouvait très bien se rendre au cimetière seul, comme il l'avait fait jusqu'à maintenant. « Oui, j'y ai déjà été. » Avoua-t-il à voix basse après qu'elle soit venue le rejoindre sur le perron. Selina avait accepté cette main tendue – ou plus exactement ce bras ouvert. Il lui en fut reconnaissant et, d'une certaine façon, un tel comportement le soulageait. Elle n'était pas repliée sur elle-même. Elle allait de l'avant. « Quelques fois. » Précisa-t-il. Il n'y allait pas souvent, mais régulièrement. Il n'y restait jamais très longtemps non plus : une fois le besoin de se recueillir assouvi, un sentiment de honte et de culpabilité finissait toujours par l'envahir. Il accomplissait son devoir en venant saluer son ami, mais outrepassait largement ses droits en portant sur Selina un regard un peu trop appuyé. Au début, il s'était raisonné : un tel comportement pouvait toujours s'expliquer, se justifier. Et puis le temps avait passé, et ses sentiments à l'égard de Selina avaient fini par venir confirmer que ce premier regard insistant n'avait pas été anodin. Alec avait dû se rendre à l'évidence : il était attiré par la femme de son ami. Et pour ne pas arranger son sentiment de culpabilité, voilà que Selina se décidait à louer son comportement prétendument correct et bien pensant. Il préféra faire comme si de rien était. « Je suis sûr que nombreux sont les gens qui viennent te rendre visite. » Dit-il simplement. Selina vivait à Salem depuis toujours, et venait d'une famille très ancienne. Bien implantée dans sa ville, elle en était une figure majeure et sa boutique était incontournable. Tout le monde ici connaissait Selina Bishop, de près ou de loin. Alec poussa l'épaisse et lourde porte qui fermait le cimetière, et qui grinça d'un bruit lugubre. Il entra en compagnie de Selina, et la guida jusqu'à la tombe de son ami – à moins que ça ne soit l'inverse. Ils arrivèrent finalement devant la tombe fleurie de Lenny, et Alec fit son signe de croix en silence, avant de baisser les yeux. Sa main chercha à tâtons la fine chaîne qui entourait son cou, et ses doigts s'attardèrent un instant sur la croix en or qu'il y avait au bout. Le sudiste ne quittait jamais son talisman, que ses grands-parents lui avaient offert lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. Il essaya de faire le vide dans sa tête, d'oublier les soucis et les tracas de son quotidien. Il repensa à Lenny, et aux moments qu'ils avaient partagé. La meilleure image qu'il gardait de son amitié avec son ami disparu ? Leurs soirées avec Doryàn, tous trois avachis sur le canapé, à commenter les matchs de baseball en buvant de la bière et en mangeant une pizza. Un comportement semblable à ceux que pouvaient parfois adopter les adolescents, mais qui témoignait d'une insouciance et d'un plaisir d'être ensemble. Alec laissa un sourire furtif glisser sur son visage ; peu importe où son ami était, il espérait simplement qu'il était bien. En paix. « Tu veux que je te laisse un peu seule ? » Demanda doucement Alec à Selina, après quelques minutes d'un recueillement silencieux. Il pouvait s'éclipser et l'attendre plus loin, si telle était sa volonté.
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MessageSujet: Re: reminiscence. (selina) reminiscence. (selina) EmptyMer 6 Jan - 22:53

En seulement quelques semaines, Alec était devenu un repère dans son existence terne. Sans même y prêter attention, elle l'avait laissé rentrer dans sa vie en faisant fi de toute la méfiance qu'elle accordait par principe aux gens qu'elle ne connaissait pas. Une part d'elle, et sans doute pas la moins importante, tentait de se raccrocher désespérément à tout ce qui lui rappelait Lenny. Un parfum, une image, une chanson, un endroit et parfois, plus rarement, une personne. Tout au long de leur relation, elle n'avait connu d'Alec que ce que son mari avait bien voulu dire de lui. Oh, naturellement elle l'avait rencontré quelques fois, mais elle ne lui avait jamais prêté attention. Alec était un homme discret, qu'elle avait automatiquement rangé dans la catégorie des bougons taciturnes sans jamais avoir la preuve qu'il l'était réellement. Et à présent qu'elle le côtoyait régulièrement, elle découvrait de lui tout un univers qu'elle avait ignoré. S'il était discret, il était aussi attentionné, présent sans jamais l'étouffer. Il se souciait d'elle, de la façon la plus sincère et désintéressée qui soit. Il s'occupait d'elle, prenait de ses nouvelles, venait la voir même quand elle se terrait des jours entiers chez elle. Elle s'était habituée à sa présence et elle en était presque réduite à l'attendre désormais. Elle lui réservait des stocks de sourires qu'elle cachait d'ordinaire, parce qu'il y avait en lui quelque chose de si profondément gentil qu'elle ne pouvait pas lui adresser quoi que ce soit susceptible de ternir ce qu'il avait à lui offrir. Et une nouvelle fois, il venait la retrouver avec cette même discrétion dont il faisait toujours preuve avec elle, une espèce de retrait qu'elle mettait sous le coup de son caractère posé. « … Aussi vrai que possible » répondit-elle avec un demi-sourire, en faisant écho à ses propres paroles. Non, Selina n'allait pas bien et il y avait fort à parier qu'elle n'aille pas mieux avant un bon bout de temps. Chacun faisait son deuil comme il le pouvait mais elle se sentait accablée d'un tel sentiment d'injustice qu'elle ne pouvait s'empêcher de ressasser encore et encore le drame qui lui avait volé l'homme de sa vie. S'il était parti à 80 ans, après des décennies de vie commune, elle aurait été triste mais aurait estimé que c'était dans l'ordre des choses. Mais 26 ans... ? C'était trop vite, trop tôt, trop brutal. Rien ne l'y avait préparée et malgré ses vagues efforts, elle n'y parvenait tout simplement pas. Elle apprendrait, un jour. Mais pas tout de suite. Pas maintenant. Elle jeta un regard perplexe à sa montre. Il était encore relativement tôt pour quelqu'un qui travaillait toute la journée, mais elle décida de ne pas s'en formaliser. Son côté maternel n'avait de cesse de rejaillir aux moments les moins propices, une réminiscence des années passées avec son frère et sa sœur à tenter de leur inculquer des valeurs qu'ils oubliaient sitôt la porte de la maison refermée. Son instinct maternel était terriblement vif, encore maintenant. « D'accord » conclut-elle finalement. Après tout, Alec était un grand garçon capable de prendre des décisions par lui-même. Comme celle de lui proposer de se recueillir à deux dans ce qui devait pourtant être un moment éminemment personnel et intime. Malgré cela, elle accepta sans une once d'hésitation. Le soutien d'une personne qui avait connu, réellement connu, Lenny était bien plus encourageant que la perspective de s'y rendre seule comme elle l'avait si souvent fait. Comme si, à nouveau, quelque chose la raccrochait à son mari. Il aurait sans doute été heureux de savoir qu'elle s'était rapprochée de quelqu'un qu'il aimait. « Non, non. Je veux venir » fit-elle, d'une voix douce mais ferme. Le vague élan d'hésitation qui l'avait saisie avait disparu presque aussi rapidement. Qui savait, peut-être que cette visite à deux lui paraîtrait un peu moins triste que celles qu'elle lui rendait toute seule. « Nombreux, je n'irais pas jusque là. Ma sœur continue de s'assurer que je mange tous les jours et Blake... et bien Blake est fidèle à elle-même. » Son frère ne se donnait pas tant de peine – et il lui offrait même le plaisir de devoir prendre soin de lui lorsqu'elle aurait eu besoin qu'il se montre un peu moins égoïste et prenne enfin soin d'elle comme elle l'avait fait toutes ces années. Quant aux autres... Il y avait bien quelques personnes qui continuaient d'aller et venir dans sa vie, mais la plupart ne s'y attardaient pas plus que de raison. Ils se dirigèrent vers le cimetière sans échanger la moindre parole, mais le silence ne l'oppressa pas. Elle s'y était habituée, bon gré mal gré, et Alec ne l'avait frappé comme quelqu'un de particulièrement bavard. Arrivée devant la tombe, elle s'agenouilla pour replacer correctement les bouquets de fleurs et couronnes avec un rien de maniaquerie. Elle constata avec un sourire que Lila était passée un peu plus tôt, à en juger par une nouvelle composition florale qu'elle n'avait pas vue la dernière fois. Alec se recueillit, bien plus pieux qu'elle avec son signe de croix. Selina ne croyait pas en Dieu. Pas en ce Dieu-là, du moins. Elle croyait à tout ce que les wiccans célébraient : la nature, la renaissance, rien qui ne nécessitait de prier quelque chose qui n'existait pas. Au lieu de cela, elle resta accroupie, fixant l'épitaphe d'un air pensif, presque nostalgique. Tirée de ses pensées par la voix d'Alec, elle finit par se relever et lui jeter un regard. « Non, non, reste avec moi » demanda-t-elle en retour. La tombe de Lenny ne l'émouvait plus comme elle avait pu le faire au tout début. Elle lui paraissait... impersonnelle, presque irréelle, à l'inverse de tous les souvenirs que le simple fait de traverser leur maison lui évoquait. Elle pressa le bras d'Alec et lui adressa un sourire timide. « Merci d'être venu. Et d'être là. » Qu'aurait-elle pu dire de plus que cela, un merci simple et sincère ? « Ca compte beaucoup pour moi. »
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Nathaniel Atwoodth
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MessageSujet: Re: reminiscence. (selina) reminiscence. (selina) EmptyMar 26 Jan - 13:19

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