for everybody knows about mississippi goddam - silver & alexander
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Sujet: for everybody knows about mississippi goddam - silver & alexander Lun 17 Aoû - 12:27
Une cigarette coincée entre les doigts, une fumée grisâtre qui s’échappait de ses lèvres, Alexander lorgnait les eaux noires du Mississippi. La lumière d’une lune blonde se reflétait dans le fleuve tandis qu’il savourait les dernières particules de champagne qui sommeillaient au fond de sa coupe. Un coup de vent léger et rafraichissant parcourait sa nuque avant de venir mourir sur l’épaule nue d’une Silver contemplative. Captivée par le spectacle des méandres endormis, elle se penchait en avant, comme désireuse d’effleurer l’eau du bout des ongles. Délicieuse dans sa robe de cocktail, il ne pouvait détourner son regard de son sourire presque béat, de ses courbes sensuelles, il aurait voulu avoir un appareil photo sous la main pour l’immortaliser à jamais. Un instant de calme juste avant la tempête. « Silver, si je t’ai invitée à faire cette croisière en ma compagnie, c’est parce que j’ai un service à te demander. » Expliquait-il en faisant preuve d’une incontestable franchise qu’elle pourrait juger blessante. Alexander n’aimait pas devoir compter sur d’autres personnes que lui-même car, il finissait toujours par être déçu ou insatisfait. Roman en était l’exemple parfait. Du jour au lendemain son associé avait quitté le navire pour se noyer dans les pupilles cristallines du Diable, là où le vice était une normalité. Ainsi, il faisait de son mieux depuis New-York pour la survie du magazine, il y sacrifiait son temps, son argent et sa vie privée. « Reste à New-York. » soufflait-il mais, ses paroles sonnaient davantage comme un ordre que comme une demande légitime. Il refusait de l’admettre, mais depuis son récent déménagement, il avait plus que jamais besoin d’une personne comme Silver dans sa vie. Pas une simple employée qui lui céderait tous ses caprices sans discuter, mais un fille avec un tempérament bien trempé à qui on peut accorder sa confiance sans risquer d’être invariablement déçu. Il avait conscience que ce qu’il lui demandait était plus qu’un simple service mais pourtant, il voulait y croire. Des arguments pour la convaincre de tout plaquer et de s’installer à New-York il en avait des dizaines, mais peut-être pas suffisamment pour qu’elle saute le pas. « Je te laisserai pas tomber si tu viens. J’ai des contacts sur la côte Est, je t’aiderai. » Silver se rêvait réalisatrice à Hollywood, étoile montante de l’industrie cinématographique américaine, lui, il l’imaginait en femme fatale à la tête de films d’auteurs présentés dans les meilleures cérémonies du monde mais, à l’autre bout du pays, à New-York, loin du star-system et de ses dérives. Silver méritait mieux que de supplier à genoux des réalisateurs vicieux pour obtenir un minable court-métrage. « Fais-moi confiance Silver. » murmura-t-il cette fois en l’attrapant par la taille. Son regard d’acier braqué droit sur elle, il attrapait délicatement son visage de porcelaine et, il effleurait ses lèvres du bout des doigts. Bientôt, il regrettait d’employer ce genre de stratagème pour la convaincre, elle s’attachait et il allait inévitablement lui briser le coeur. Mais, puisque le mal était déjà fait, puisqu’ils avaient déjà succomber aux effluves charnels, il n’hésita pas et s’empara de ses lèvres. Instinctivement, il lâcha sa coupe de champagne qui se brisa sur le parquet verni du bateau et il l’attira encore plus contre lui. Pendant un instant, il la faisait miroiter sur la possibilité d’une relation plus intime, doucement, il la poussait dans ses filets et se jurait de ne pas cesser ce petit jeu malsain, jusqu’à ce qu’elle cède. Si Roman était là, nul doute qu’il applaudirait de toutes ses forces, la séduire pour obtenir qu’elle reste était une méthode abjecte mais brillante. Il se rassurait en se disant que jamais Silver ne tenterait de le tuer d’une balle en plein coeur, que contrairement à Roman il parviendrait à garder son self-control et n’abimerait jamais son petit sourire comblé. Peut-être même qu’un jour viendrait où, au sommet de sa gloire elle le remercierait de l’avoir poussée à quitter San Francisco. Un jour elle comprendrait qu’il agissait dans son intérêt à elle, et pas seulement dans le sien. Un jour aussi, elle tomberait sous son charme indéfectible et regretterait sa naïveté. « Je te laisse y réfléchir, mais ne tarde pas trop. » Son mégot s’échoua dans les vagues et d’un pas lent, il regagnait sa cabine. Son plan était en marche, impossible de reculer.
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Sujet: Re: for everybody knows about mississippi goddam - silver & alexander Lun 24 Aoû - 22:16
for everybody knows about mississippi goddam
Silver & Alexander
Son pied tapotait le bois ciré du ponton avec un stress intense et palpable. Se mordillant la peau autour de son pouce, elle détruisait sa manucure et en plus, n’avait plus l’air d’une princesse quand pourtant, sa silhouette, qui se reflétait au travers de la lumière de l’astre lunaire sur les flots, lui offrait la vue convoitée d’une orpheline enveloppée d’un rouge sensuel et hypnotique. Désirable créature, Silver apparaissait métamorphosée. Ses courbes étaient toutes soulignées et son regard était allongé d’un trait d’eyeliner suave et sans bavure. Ses cheveux aux reflets cuivrés s’étalaient sur ses épaules en vagues soyeuses et lumineuses. Silver était splendide, magnifique même et à en juger par le regard des différents passagers qui croisaient son chemin, beaucoup étaient de cet avis. Pourtant, elle ne s’était regardée qu’une seconde dans le miroir de sa chambre qui trônait face à un lit au matelas de plumes immense. La belle avait eu besoin de prendre l’air et en un instant, elle avait attrapé une coupe de champagne et avait déversé le liquide doré dans sa gorge en espérant pouvoir calmer l’agitation qui l’a gagnait depuis qu’elle était montée sur ce bateau de plaisance. Son corps s’élançait au rythme des vagues et quant à son esprit il sommeillait chaque seconde pour se réveiller en sursaut l’instant d’après. Et ça en circuit continu qui ne cessait que lorsqu’un bruit venait interrompre le son régulier des vagues frappant la coque du navire grandiose et qui semblait insubmersible. Loin d’être comme son cœur et son âme, torturés depuis son plus jeune âge. Silver avait accepté la proposition d’Alexander la veille. Quelle idée elle avait eue… La jeune femme était partie à Amsterdam avec Isay pour voir son père et, sous des houleuses conversations, elle avait fini par vouloir finir ses vacances à Tijuana. Silver était perdue. Lorsqu’elle avait quitté New York c’était avec l’impression qu’elle n’arriverait pas à tout contrôler, qu’elle allait beaucoup trop loin dans le jeu, qu’elle s’en mordrait les doigts car, malgré ce qu’elle s’imaginait, la jeune scénariste avait bien peur que ses capacités à assumer certains de ses plans ne soient que de simples idées fantasmagoriques qu’elle ne cessait de se répéter pour les rendre vivantes. Rien de plus, rien de moins. Alors la jeune femme avait eu besoin de prendre le large pour réfléchir à tout. A Alexander, la gueule du loup à l’immensité dérangeante, à la manipulation coriace et aux états d’âmes humaines, éphémères mais si intenses… Puis elle avait revu Esteban, fantôme de son passé, homme qu’elle avait aimé, qu’elle avait pensé mort et ça avait été trop pour elle. Ce serait la croisière, la fuite sur les eaux avec le mauvais choix. Ce serait foncer pour obtenir des images sublimes, pour se le mettre dans la poche, pour tenter de se créer le film de sa vie, le jackpot assuré, l’apogée de sa carrière. Fallait-il que jusque là, elle ne finisse pas par craquer et se faire écraser minablement par ceux qui l’entouraient. Dont Alexander. Le pire. Si elle voulait fuir Isay, Esteban ou lui, il valait mieux penser que le pire danger pour elle était le copropriétaire de The Mating Mind. Et pourtant… Dorénavant à sa portée, elle tentait de calmer les signes d’angoisse qui la gagnait maintenant qu’elle ne pouvait faire demi-tour. Une contradiction à elle seule. Sa vie, sa carrière, ses mauvais choix. Elle étouffait un rire surpris lorsqu’il apposait sa voix méticuleusement douce, au calme froid de cette nuit estivale. Rester à New York ? Je travaille Alexander. Même si pour toi ça te semble futile ce que je fais, moi ça me plaît. Qu’elle disait en détachant enfin son regard bleuté de la mer pour observer enfin le regard puissant de l’homme. Il la dévisageait intensément. Elle aurait pu toucher son visage, ses lèvres, tenter de lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas accepter chacune de ses exigences et pourtant, elle en avait envie. Pour s’enfuir de nouveau, pour continuer son projet, par curiosité maladive qui la rongeait depuis cette nuit… Elle l’écoutait sans vraiment l’entendre et elle le laissait faire lorsqu’il s’accaparait ses hanches, glissait son doigt sur ses lèvres et venait enfin se les approprier avec force et sensualité. Il mettait tous les atouts qu’il avait pour la convaincre. Silver savait qu’il jouait avec elle, la jeune femme n’était pas dupe loin de là. Il détenait tout pour le faire en plus. Jamais elle ne lui avais montré qu’il n’avait pas ce pouvoir envoûtant mais, elle n’était pas sienne, elle ne voulait pas franchir cette dangereuse limite qui la guiderait vers sa perte plutôt que vers sa consécration. Souffrir de cet amour fugace, faux, contractuel pour obtenir un doux prix. Oui, peut-être qu’il lui apportait ce qu’elle avait besoin aujourd’hui même si la satisfaction ne serait qu’à sa moitié et jamais à son maximum. C’était ainsi depuis toujours avec Silver. Choisir la difficulté plutôt que d’essayer un bonheur qu’elle imaginait impossible. Alors elle finissait par vider sa coupe de champagne et faisait craquer la semelle rouge de ses chaussures aux talons aiguilles sur les morceaux de verre éclatés afin de rejoindre l’homme à la conviction inébranlable. Elle ne faisait pas le poids et pourtant elle suivait sa route, se mesurait secrètement à lui. Pauvre conne. Si je viens Alexander, tu m’obtiendras le sésame. La crème de la crème. J’ai travaillé parmi de grands noms mais si je te suis, je veux bien plus… Sa voix était grave et pourtant d’une réelle légèreté. Il avait besoin d’elle et Silver avait besoin d’un échappatoire et sous ses mains, elle ne résistait jamais bien longtemps. Je te suivrais parce que je ne peux plus rester. Et… Que je vais essayer de te faire confiance. Qu’elle disait en s’approchant de lui afin de caresser du bout de ses doigts le tissu éclatant de sa chemise immaculée. Elle entrelaçait ses doigts dans les traits réguliers de sa cravate et l’entortillait jusqu’à approcher l’homme d’elle. Silver se montrait entreprenante car il lui demandait un service. Elle semblait en position de force et si elle savait aussi que ce ne serait jamais le cas, c’était ce qui y ressemblait le plus. Mais si je viens avec toi, ça restera professionnel parce que je ne suis pas le genre d’employée à observer son patron devant lequel elle a succombé, s’offrir des parties de jambes en l’air avec chacune des femmes qu’il ramènera. En fait secrètement, elle espérait une intimité entre eux, une sorte d’ambiguïté. Quelque chose qu’il pouvait lui offrir. Mais jamais elle n’imaginait qu’ils continuent sans même lui avoir précisé quelques détails. Elle ne désirait pas un Roman Da Russo même s’il s’en approchait dangereusement au fur et à mesure du temps qu’ils passaient ensemble.
Sujet: Re: for everybody knows about mississippi goddam - silver & alexander Ven 4 Sep - 0:33
Son petit rire à peine étouffé venait s’échouer à la surface de l’eau et elle haussait ses malheureux yeux de biche vers le ciel d’encre en agitant le visage de gauche à droite. Distraite, elle lorgnait les flots noirs tout autour d’eux en prenant soin de ne pas croiser le regard impitoyable d’Alexander. Pourtant, il était là, penché juste au dessus de son épaule et prêt à bondir au moindre signe de faiblesse qui émanerait d’elle. Sans trop y croire, elle écoutait les requêtes absurdes de l’Astoria, tout plaquer pour recommencer ailleurs, faire une croix définitive sur la Californie, venir à New-York avant l’automne. Les informations pénétraient à peine son cerveau qu’il l’inondait à nouveau de paroles insensées et d’ultimatums cruciaux. Le temps défilait et doucement, elle perdait pied, s’embourbait dans ses réflexions intérieures, il remarquait même les contours d’une incontrôlable panique se dessiner tout autour de son petit corps agressé par le froid. C’était tellement plus simple de faire comme si la réalité n’était qu’une mise en scène, de cacher les doutes et les appréhension derrière un sourire factice mais convaincant. Or, elle était terrifiée parce qu’elle avait conscience que c’était lui qui, depuis le début, maniait toutes les ficelles. Silver était perdue, comme une pauvre marionnette à qui on aurait finalement couper les fils et qui, s’effondrerait d’un instant à l’autre. « Tu t’autorises à me tutoyer parce que tu as couché avec moi ? » déclara-t-il sans prêter attention à ses fausses excuses. Il reprenait son rôle habituel, celui qu’elle aimait le moins mais qu’elle admirait le plus. L’homme de pouvoir à qui on ne refusait rien. Elle évoquait son travail et il haussa les yeux au ciel d’exaspération. « Oui, tu travailles. Pour moi aux dernières nouvelles. » Il se moquait de son prétendu poste en Californie, l’industrie du cinéma ne l’aiderait jamais à devenir la réalisatrice qu’elle rêvait d’être. Il faudrait qu’elle se débrouille par elle-même, chose qu’elle avait déjà comprise. Elle tournait un film en ce moment, avec sa caméra vissée à la main, ses oreilles indiscrètes et ses questions trop invasives. En véritable enquêtrice, elle ne laissait aucun détail passer entre les mailles du filet, elle était là où on ne l’attendait pas, elle pointait du doigts les anomalies et les incohérences. Son pseudo-documentaire tenait plus de l’investigation policière que du divertissement et pour cause, elle avait enfin trouvé un sujet qui la passionnait, ici, à New-York. « Ton reportage sur The Mating Mind ? Non ça ne me semble pas futile. » rétorqua-t-il en l’attrapant par la taille, il savait d’expérience qu’il passait très bien à l’image et que, tenace comme elle l’était, il était presque impossible qu’elle abandonne de sitôt son précieux projet. Alors, il l’embrassa afin de forcer le destin, de mettre un terme à cette discussion stérile parce qu’elle savait, au fond d’elle, quel choix faire. Il l’abandonna sur le pont et marcha en direction de sa cabine. Ce n’était qu’une question de seconde avant qu’elle revienne, se jète à son cou. Naïve et romantique Silver à qui, il suffit de promettre la lune et les étoiles pour qu’elle en oublie toutes ses convictions. « Ne prends pas ce ton autoritaire avec moi, je suis pas un de tes amis. J’ai dis que je t’aiderai et que je ne te laisserai pas tomber, le reste ça dépend de toi. Je suis beaucoup de choses Silver, mais pas magicien. » déclara-t-il en retirant sa veste de costume taillée sur-mesure qu’il déposa sur une chaise. Silver était audacieuse ce soir, peut-être même trop à son goût. Elle essayait de prendre le contrôle d’une situation qu’elle serait incapable de gérer plus d’une nuit. Elle se voulait persuasive, séductrice, presque provocante comme une Eileen Rosenbach. Sauf que Silver n’avait pas de trône, pas de royaume sur lequel exercer son pouvoir et pas de roi à ses côtés. « Parce que tu ne peux plus rester...arrête de mentir Silver, si tu me suis c’est uniquement parce que tu en as envie. » concluait-il impassible alors qu’elle s’attaquait au noeud de sa cravate qui glissait entre ses doigts, bientôt ses mains délicates se posèrent sur sa chemise impeccable; des gestes en contradiction totale avec ses paroles. « L’emplacement de tes mains, tu le situes à quel niveau sur l’échelle du professionnalisme, là maintenant ? » Il n’y avait rien de tel pour la déstabiliser; plus elle s’octroyait de libertés plus, il riposterait de manière tout aussi désinvolte, jusqu’à ce qu’elle perde, pour de vrai. « Tu ne seras pas obligée d’observer, tu pourras participer. » la provoqua-t-il cette fois absolument épuisé par cette nouvelle position de force qu’elle pensait avoir mais qu’elle n’aurait jamais, du moins avec lui. « Et jusqu’à preuve du contraire, les filles dont tu parles, je les ramène chez moi pas au bureau. Non ne me dis pas que... » Il esquissa un sourire parfaitement détestable et caressa ses joues poudrées avec une délicatesse presque déplacée. «...Tu pensais t’installer chez moi ? ». Il la considéra un bref instant puis se laissa tomber en arrière sur le lit, son regard d’acier s’attarda quelques secondes sur le plafond alors que la pièce s’encombrait d’un silence paralysant; Silver voulait prendre le contrôle du jeu ? Grand bien lui fasse, il ne la laisserait pas faire.
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Sujet: Re: for everybody knows about mississippi goddam - silver & alexander Mer 16 Sep - 11:38
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Silver & Alexander
Silver ne ferait jamais le poids. Ni maintenant ni jamais. C’était une certitude qu’elle commençait à intégrer, placée sur des talons outrageusement hauts que l’homme lui avait fait portés un peu plus tôt dans la soirée. Comment pouvait-elle dire non aux moindres de ses fantasmes quand la majorité de ce qu’elle vivait avait été parfaitement agencé, minutieusement calculé et surtout, gracieusement payé par l’homme d’affaire ? Tout n’était qu’une question de timing, de bon procédé et pour ça, Alexander Astoria savait parfaitement comment tenir en laisse une demoiselle qu’il voulait faire plier à son avantage. Mais après tout, ce n’était pas comme si ce n’était pas non-plus dans les plans de la jeune femme. Mais se laisser amadouer aussi facilement n’était pas tellement dans ses cordes et il pourrait, par mille précaution lui souffler son venin au travers du visage pour qu’elle l’inhale sans s’en douter que Silver continuerait à rester sur ses gardes mais à envisager de le suivre comme si le charme de l’homme suffisait à la faire rester. Rien de tout ça. Encore une fois, elle préférait ne pas s’aventurer dans ce genre de songe car, même si elle n’avait pas peur de l’aura d’Alexander, elle aurait presque imaginé qu’il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert et ses projets ne figuraient pas à la liste des brillantes idées qu’il allait applaudir et dont il consentirait sans même prendre les armes pour se défendre. Alors, docile, elle tentait de jouer la comédienne et, à défaut de n’être jamais passée derrière la caméra, elle tentait de mettre ses mauvaises intentions dans un tiroir caché de son esprit afin d’obtenir des réactions plus vraies que natures face aux propos de l’homme. Non, loin de là mais, je n’aurais pas dû prendre cette habitude. D’autant que l’on était dans la même université. Au même niveau avec des envies similaires d’en sortir avec des rêves et des ambitions. S’ils n’étaient toujours pas au même niveau aujourd’hui dans la réussite de leur vie, Silver s’était toujours admonestée de sembler si faible face à lui lorsqu’elle le vouvoyait avec un brin de crainte dans la voix. Comme si son parcours professionnel comparé au sien pouvait le placer supérieur sur l’échelle de l’autorité. En aucun cas. Le CV de la belle aurait pu le convaincre qu’à de nombreuses reprises, la jeune femme avait fini par utiliser les astres du piston et en aucun cas, elle n’avait quelque chose d’inférieur. Juste que son parcours et son succès était plus long à se faire. Je pourrais m’y consacrer entièrement… Qu’elle disait en prenant conscience des propos d’Alexander. Il avait raison sur un point et Silver commençait à comprendre que ce ne serait pas son travail sur le plateau de tournage qui l’aiderait à se faire connaître mais bel et bien l’audace qu’elle aurait d’infiltrer ceux que l’on ne connaît que trop sans en savoir grand chose. Oui, j’ai envie de te suivre mais je ne veux pas être bridée. Je ne veux pas être traitée comme un vulgaire jouet ou comme un nouveau phénomène de foire par tes amis. Si je dois déménager et changer de vie je préférais que tu t’assures que je me sente à mon aise et pas comme débarquée d’une autre planète… Silver était minable et presque pitoyable. Qu’aurait-elle demandée de plus que d’entrer dans la bergerie où elle pourrait enfin dénoncer, sa caméra en main, toutes les atrocités auxquelles s’adonnaient sans loi ni foi, les plus hauts de ce monde ? Il lui offrait sur un plateau les clés qui pourraient menacer son siège et elle exultait à l’idée de les prendre vivement pour les lasser à jamais, autour de ses doigts belliqueux. Désolée… D’habitude je n’ai pas besoin de réfléchir à ce que je fais tout semble si… Naturel mais là, ce n’est pas le cas… Qu’elle disait en s’adonnant à se faire passer pour une pauvre chose qui, sous sa faiblesse, méritait sans doute un peu de belles paroles. Les deux voulaient la même chose finalement mais, plus il la pensait faible et plus cela serait un jeu d’enfant de parvenir à ses fins. En avait-elle le tempérament ? Lorsqu’elle voyait à quel point Alexander se jouait d’elle, Silver c’en sentait encore plus assurée. Elle enlevait ses mains et faisait la moue devant les propos obscènes de l’Astoria. Son visage mutin se renfrognait peu à peu jusqu’à ce qu’elle se sente vivement attaquée. Ses joues devinrent rose comme les traits colorées qui sévissaient dans le ciel lorsque le soleil se mêlait à l’horizon et elle abaissa son regard une seconde trop vite. Consternée par l’idée qu’il pouvait encore se moquer d’elle, la Elias-Bell l’observait de nouveau en s’étant néanmoins, écartée de lui d’un pas. Je ne trouve pas ça drôle et en aucune manière. Je travaille pour toi et je ne t’imagine pas faire la navette entre chez moi et chez toi tous les jours pour m’apporter tes chats non ? Je serais donc forcée de venir bien que cela ne m’enchante pas plus que ça. Je préfère de loin avoir mon intimité et me sentir partout comme chez moi. Qu’elle répliquait si vite qu’il aurait pu avoir du mal à discerner ce qu’il lui prenait soudain. C’était simple, Silver avait frémit devant l’air amusé d’Alexander et il était en aucun cas possible qu’il ne puisse encore ce jouer d’elle ainsi.
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Une cigarette coincée entre les doigts, une fumée grisâtre qui s’échappait de ses lèvres, Alexander lorgnait les eaux noires du Mississippi. La lumière d’une lune blonde se reflétait dans le fleuve tandis qu’il savourait les dernières particules de champagne qui sommeillaient au fond de sa coupe. Un coup de vent léger et rafraichissant parcourait sa nuque avant de venir mourir sur l’épaule nue d’une Silver contemplative. Captivée par le spectacle des méandres endormis, elle se penchait en avant, comme désireuse d’effleurer l’eau du bout des ongles. Délicieuse dans sa robe de cocktail, il ne pouvait détourner son regard de son sourire presque béat, de ses courbes sensuelles, il aurait voulu avoir un appareil photo sous la main pour l’immortaliser à jamais. Un instant de calme juste avant la tempête. « Silver, si je t’ai invitée à faire cette croisière en ma compagnie, c’est parce que j’ai un service à te demander. » Expliquait-il en faisant preuve d’une incontestable franchise qu’elle pourrait juger blessante. Alexander n’aimait pas devoir compter sur d’autres personnes que lui-même car, il finissait toujours par être déçu ou insatisfait. Roman en était l’exemple parfait. Du jour au lendemain son associé avait quitté le navire pour se noyer dans les pupilles cristallines du Diable, là où le vice était une normalité. Ainsi, il faisait de son mieux depuis New-York pour la survie du magazine, il y sacrifiait son temps, son argent et sa vie privée. « Reste à New-York. » soufflait-il mais, ses paroles sonnaient davantage comme un ordre que comme une demande légitime. Il refusait de l’admettre, mais depuis son récent déménagement, il avait plus que jamais besoin d’une personne comme Silver dans sa vie. Pas une simple employée qui lui céderait tous ses caprices sans discuter, mais un fille avec un tempérament bien trempé à qui on peut accorder sa confiance sans risquer d’être invariablement déçu. Il avait conscience que ce qu’il lui demandait était plus qu’un simple service mais pourtant, il voulait y croire. Des arguments pour la convaincre de tout plaquer et de s’installer à New-York il en avait des dizaines, mais peut-être pas suffisamment pour qu’elle saute le pas. « Je te laisserai pas tomber si tu viens. J’ai des contacts sur la côte Est, je t’aiderai. » Silver se rêvait réalisatrice à Hollywood, étoile montante de l’industrie cinématographique américaine, lui, il l’imaginait en femme fatale à la tête de films d’auteurs présentés dans les meilleures cérémonies du monde mais, à l’autre bout du pays, à New-York, loin du star-system et de ses dérives. Silver méritait mieux que de supplier à genoux des réalisateurs vicieux pour obtenir un minable court-métrage. « Fais-moi confiance Silver. » murmura-t-il cette fois en l’attrapant par la taille. Son regard d’acier braqué droit sur elle, il attrapait délicatement son visage de porcelaine et, il effleurait ses lèvres du bout des doigts. Bientôt, il regrettait d’employer ce genre de stratagème pour la convaincre, elle s’attachait et il allait inévitablement lui briser le coeur. Mais, puisque le mal était déjà fait, puisqu’ils avaient déjà succomber aux effluves charnels, il n’hésita pas et s’empara de ses lèvres. Instinctivement, il lâcha sa coupe de champagne qui se brisa sur le parquet verni du bateau et il l’attira encore plus contre lui. Pendant un instant, il la faisait miroiter sur la possibilité d’une relation plus intime, doucement, il la poussait dans ses filets et se jurait de ne pas cesser ce petit jeu malsain, jusqu’à ce qu’elle cède. Si Roman était là, nul doute qu’il applaudirait de toutes ses forces, la séduire pour obtenir qu’elle reste était une méthode abjecte mais brillante. Il se rassurait en se disant que jamais Silver ne tenterait de le tuer d’une balle en plein coeur, que contrairement à Roman il parviendrait à garder son self-control et n’abimerait jamais son petit sourire comblé. Peut-être même qu’un jour viendrait où, au sommet de sa gloire elle le remercierait de l’avoir poussée à quitter San Francisco. Un jour elle comprendrait qu’il agissait dans son intérêt à elle, et pas seulement dans le sien. Un jour aussi, elle tomberait sous son charme indéfectible et regretterait sa naïveté. « Je te laisse y réfléchir, mais ne tarde pas trop. » Son mégot s’échoua dans les vagues et d’un pas lent, il regagnait sa cabine. Son plan était en marche, impossible de reculer. 
Son pied tapotait le bois ciré du ponton avec un stress intense et palpable. Se mordillant la peau autour de son pouce, elle détruisait sa manucure et en plus, n’avait plus l’air d’une princesse quand pourtant, sa silhouette, qui se reflétait au travers de la lumière de l’astre lunaire sur les flots, lui offrait la vue convoitée d’une orpheline enveloppée d’un rouge sensuel et hypnotique. Désirable créature, Silver apparaissait métamorphosée. Ses courbes étaient toutes soulignées et son regard était allongé d’un trait d’eyeliner suave et sans bavure. Ses cheveux aux reflets cuivrés s’étalaient sur ses épaules en vagues soyeuses et lumineuses. Silver était splendide, magnifique même et à en juger par le regard des différents passagers qui croisaient son chemin, beaucoup étaient de cet avis. Pourtant, elle ne s’était regardée qu’une seconde dans le miroir de sa chambre qui trônait face à un lit au matelas de plumes immense. La belle avait eu besoin de prendre l’air et en un instant, elle avait attrapé une coupe de champagne et avait déversé le liquide doré dans sa gorge en espérant pouvoir calmer l’agitation qui l’a gagnait depuis qu’elle était montée sur ce bateau de plaisance. Son corps s’élançait au rythme des vagues et quant à son esprit il sommeillait chaque seconde pour se réveiller en sursaut l’instant d’après. Et ça en circuit continu qui ne cessait que lorsqu’un bruit venait interrompre le son régulier des vagues frappant la coque du navire grandiose et qui semblait insubmersible. Loin d’être comme son cœur et son âme, torturés depuis son plus jeune âge. Silver avait accepté la proposition d’Alexander la veille. Quelle idée elle avait eue… La jeune femme était partie à Amsterdam avec Isay pour voir son père et, sous des houleuses conversations, elle avait fini par vouloir finir ses vacances à Tijuana. Silver était perdue. Lorsqu’elle avait quitté New York c’était avec l’impression qu’elle n’arriverait pas à tout contrôler, qu’elle allait beaucoup trop loin dans le jeu, qu’elle s’en mordrait les doigts car, malgré ce qu’elle s’imaginait, la jeune scénariste avait bien peur que ses capacités à assumer certains de ses plans ne soient que de simples idées fantasmagoriques qu’elle ne cessait de se répéter pour les rendre vivantes. Rien de plus, rien de moins. Alors la jeune femme avait eu besoin de prendre le large pour réfléchir à tout. A Alexander, la gueule du loup à l’immensité dérangeante, à la manipulation coriace et aux états d’âmes humaines, éphémères mais si intenses… Puis elle avait revu Esteban, fantôme de son passé, homme qu’elle avait aimé, qu’elle avait pensé mort et ça avait été trop pour elle. Ce serait la croisière, la fuite sur les eaux avec le mauvais choix. Ce serait foncer pour obtenir des images sublimes, pour se le mettre dans la poche, pour tenter de se créer le film de sa vie, le jackpot assuré, l’apogée de sa carrière. Fallait-il que jusque là, elle ne finisse pas par craquer et se faire écraser minablement par ceux qui l’entouraient. Dont Alexander. Le pire. Si elle voulait fuir Isay, Esteban ou lui, il valait mieux penser que le pire danger pour elle était le copropriétaire de The Mating Mind. Et pourtant… Dorénavant à sa portée, elle tentait de calmer les signes d’angoisse qui la gagnait maintenant qu’elle ne pouvait faire demi-tour. Une contradiction à elle seule. Sa vie, sa carrière, ses mauvais choix. Elle étouffait un rire surpris lorsqu’il apposait sa voix méticuleusement douce, au calme froid de cette nuit estivale. Rester à New York ? Je travaille Alexander. Même si pour toi ça te semble futile ce que je fais, moi ça me plaît. Qu’elle disait en détachant enfin son regard bleuté de la mer pour observer enfin le regard puissant de l’homme. Il la dévisageait intensément. Elle aurait pu toucher son visage, ses lèvres, tenter de lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas accepter chacune de ses exigences et pourtant, elle en avait envie. Pour s’enfuir de nouveau, pour continuer son projet, par curiosité maladive qui la rongeait depuis cette nuit… Elle l’écoutait sans vraiment l’entendre et elle le laissait faire lorsqu’il s’accaparait ses hanches, glissait son doigt sur ses lèvres et venait enfin se les approprier avec force et sensualité. Il mettait tous les atouts qu’il avait pour la convaincre. Silver savait qu’il jouait avec elle, la jeune femme n’était pas dupe loin de là. Il détenait tout pour le faire en plus. Jamais elle ne lui avais montré qu’il n’avait pas ce pouvoir envoûtant mais, elle n’était pas sienne, elle ne voulait pas franchir cette dangereuse limite qui la guiderait vers sa perte plutôt que vers sa consécration. Souffrir de cet amour fugace, faux, contractuel pour obtenir un doux prix. Oui, peut-être qu’il lui apportait ce qu’elle avait besoin aujourd’hui même si la satisfaction ne serait qu’à sa moitié et jamais à son maximum. C’était ainsi depuis toujours avec Silver. Choisir la difficulté plutôt que d’essayer un bonheur qu’elle imaginait impossible. Alors elle finissait par vider sa coupe de champagne et faisait craquer la semelle rouge de ses chaussures aux talons aiguilles sur les morceaux de verre éclatés afin de rejoindre l’homme à la conviction inébranlable. Elle ne faisait pas le poids et pourtant elle suivait sa route, se mesurait secrètement à lui. Pauvre conne. Si je viens Alexander, tu m’obtiendras le sésame. La crème de la crème. J’ai travaillé parmi de grands noms mais si je te suis, je veux bien plus… Sa voix était grave et pourtant d’une réelle légèreté. Il avait besoin d’elle et Silver avait besoin d’un échappatoire et sous ses mains, elle ne résistait jamais bien longtemps. Je te suivrais parce que je ne peux plus rester. Et… Que je vais essayer de te faire confiance. Qu’elle disait en s’approchant de lui afin de caresser du bout de ses doigts le tissu éclatant de sa chemise immaculée. Elle entrelaçait ses doigts dans les traits réguliers de sa cravate et l’entortillait jusqu’à approcher l’homme d’elle. Silver se montrait entreprenante car il lui demandait un service. Elle semblait en position de force et si elle savait aussi que ce ne serait jamais le cas, c’était ce qui y ressemblait le plus. Mais si je viens avec toi, ça restera professionnel parce que je ne suis pas le genre d’employée à observer son patron devant lequel elle a succombé, s’offrir des parties de jambes en l’air avec chacune des femmes qu’il ramènera. En fait secrètement, elle espérait une intimité entre eux, une sorte d’ambiguïté. Quelque chose qu’il pouvait lui offrir. Mais jamais elle n’imaginait qu’ils continuent sans même lui avoir précisé quelques détails. Elle ne désirait pas un Roman Da Russo même s’il s’en approchait dangereusement au fur et à mesure du temps qu’ils passaient ensemble.