“.Souviens-toi que tu es comme un acteur
dans le rôle que l'auteur t'as confié: court, s'il est court; long, s'il est long. Il dépend de toi de bien jouer ton rôle
mais non de le choisir.” La Californie avait toujours été l’endroit où être. Il y avait cette énergie constante, cette frénésie envoutante, ce bouillon de culture d’inventivité, d’histoires, de dons, de réussites, c’était l’état des Etats-Unis dans lequel il fallait être quand on veut réussir. Et pour faciliter les choses, la plus grande partie des plateaux de tournages, de télévisions, de concerts, de soirées, bref, tout était en Californie. La réussite appartenait à la Californie. Et qui ne parlerait pas de réussite sans parler de Kate Steinfeld-Smith, de son vrai nom Katherine Meghan Lily Smith. Elle était l’une de celles qui était prête à se damner pour réussir. Véritable perfectionniste, elle accouplait ce trait de personnalité à son ambition et à sa qualité travailleuse. Elle travaillait en tant que serveuse les soirs et une grande partie de la nuit pour pouvoir payer son maudit appartement qu’elle avait pris l’habitude d’appeler son mètre carré ou sa cage à lapin et continuer de suivre ses cours d’expression scénique et assurer les castings qui se déroulaient en journée. Tout était paramétré à la minute près pour mettre toutes les chances de son côté pour réussir en tant qu’actrice. Elle espérait être à l’aube de sa réussite, la veille du casting qui lui offrira un rôle sur grands écrans. Et toutes ces programmations pour oser toucher son rêve du bout des doigts commençaient par des réveils aux aurores, footing de quarante-cinq minutes, suivie de la salle de musculation, de cours d’expression scénique, de castings, puis de son travail de serveuse jusqu’à une heure du matin en semaine, plus tard les weekends. Tout tournait autour de son rêve. Elle, elle croyait à l’adage qui dit que rien ne vient sans efforts, que si on dépasse jamais ses limites on ne progressera jamais. Alors elle se donnait les moyens d’obtenir ce qu’elle désirait, laissant peu de place à des relations amicales ou amoureuses, aucune distraction n’était permise. Et pourtant, elle se retrouvait encore une fois à quitter la chambre d’hôtel de Raphaël à six heures du matin, prenant ses affaires pour débuter sa journée chronométrée. Elle venait à peine de fermer la porte de la chambre d’hôtel dans lequel Raphaël résidait pour quelques jours à San Francisco pour une quelconque affaire avec sa veste sous le bras et ses chaussures à la main qu’elle regardait déjà sa montre. Elle avait décroché un rôle dans une pub débile, non pas pour ses qualités d’actrice mais pour sa plastique. Le chargé de casting avait levé les bras lorsqu’elle était rentrée dans la pièce lors du casting
« Enfin une potiche magnifique ! » s’était-il écrié en se levant pour aller serrer la main à Kate qui se trouvait au milieu de la pièce en maillot de bain
« Magalie vous fera signer le contrat en sortant et vous donnera les infos » avait-il dit tout en vérifiant les mensurations de Kate qu’il avait sur sa fiche avec la réalité. Ce n’était pas le rôle de ses rêves loin de là, faire la potiche en maillot de bain dans une publicité l’enchantait guère mais cela lui permettra de s’en sortir mieux pendant un mois voire deux dans le meilleur des monde. Le voiturier arriva avec sa voiture en face de l’hôtel à peine quatre minutes après qu’elle lui ait donné son nom. Raphaël et son portefeuille bien garnit l’étonnera toujours, elle qui habitait dans un petit appartement Californien elle se trouvait plonger dans
Pretty Woman. Elle introduisit la clef de sa voiture dans le conteur lorsque son portable vibra :
« toujours aussi matinale » s’inscrivit sur son écran alors qu’elle démarrait. Elle sourit, sachant que le message venait de Raphaël qui avait surement entendu sa discrétion légendaire lorsqu’elle quittait la chambre. Elle ne prit même pas le temps de répondre qu’elle filait déjà sur l’autoroute principale qui la mènerait à son appartement, histoire de prendre une douche et des affaires propres pour se rendre au tournage de cette publicité.
Elle arriva au tournage quinze minutes en avance, comme à son habitude. Cette fourmilière, c’était sa maison. Des assistants affluaient un peu de partout, papiers et cafés en mains, caméraman et ingénieur du son passaient avec des mains remplis de boites, mallettes et valises en tout genre qui contenaient leur matériel. Un sourire apparut sur les fines lèvres de la blonde mais elle ne resta pas bien longtemps en contemplation et se fit sortir de ses rêveries par une jeune femme pincée et stressée qui l’attrapait par le bras
« Mademoiselle Steinfeld, vous pouvez poser vos affaires dans la pièce là au fond et vous passerez au maquillage ici, à 9h le tournage commence, Monsieur aime pas être en retard. Bon courage » fit-elle tout en la conduisant d’une main directive vers le petit local qui lui servirait à poser ses affaires. C’était un local d’un mètre carré sur un mètre d'hauteur de plafond. Bienvenu à la réalité Kate ! Posant son sac au sol, elle s’interrogeait sur les derniers mots de la jeune femme. Pourquoi lui avait-elle souhaité bonne chance ? Devait-elle s’inquiéter sur le producteur ? Soupirant et chassant ses peurs, elle se dirigea vers la maquilleuse et passa une demi-heure entre le maquillage et la coiffure. On lui donna un maillot de bain à enfiler derrière un simple paravent, on lui maquilla le corps pour que son bronzage ressorte mieux à la caméra. Toutes ses petites mains qui s’affairaient autour d’elle la mettaient mal à l’aise mais dans un mal-être appréciable. Sadomasochiste, non, elle se rendait compte que finalement, son rêve d’actrice n’était pas si loin que ça, et ça, ça lui collait un grand sourire qui dévoilait ses dents blanches. Ses yeux bleus pétillaient tandis qu’elle enfilait un peignoir et qu’elle suivait une jeune femme. Elle se retrouva en face de l’homme qui l’avait sélectionné, lui serra la main par politesse, serra la main du producteur encore par politesse puis suivit les deux hommes qui avait cette allure, cette prestance et ce style vestimentaire particulier aux personnes qui travaillaient dans le milieu : casquette, tatouages, le combo parfait du producteur qui se respecte. Elle sourit à cette réalité qui venait de lui traverser l’esprit avant de se retrouver en face d’un jeune homme, joueur de sport dont elle ne se souvenait plus, elle n’y avait pas prêter attention trop concentrer sur les directives qu’on lui donnait pour le tournage.
« Rhian, Kate, Kate, Rhian » présenta très vite le producteur, à peine avait elle eut le temps de lancer un sourire au jeune homme que le tatoué enchainait sur les directives et les poussait sous la lumière, là où tout allait se jouer. Pas le temps d’apprendre à connaitre Rhian que Kate devait déjà se mettre en bikinis, à nu quasiment, devant les caméras et faire ce qu’on lui avait demander de faire : la potiche, chose qui sera plus facile à faire pour elle lorsqu’on lui demandera de jouer le rôle de la potiche aguicheuse ou de faire telle ou telle action car elle n’était pas une simple belle plante qu’on avait bien arrosée mais aussi une actrice fière de longues années d’entrainements, d’expression scénique et de cours de théâtre en tout genre.
« Je suis sure que je suis la première femme à se mettre aussi vite à nu devant toi » lanca-t-elle au jeune homme avec un sourire pour détendre l’atmosphère alors qu’on s’activait autour d’eux pour faire des retouches maquillage
« Habituellement j’attends le troisième rendez-vous » conclua-t-elle en souriant.