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« La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly

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MessageSujet: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyLun 31 Mar - 0:18

La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis !.
Vitaly & Hazel

Devant moi, une porte en bois très travaillée et probablement très difficile à forcer. Je lève ma main pour frapper, ignorant la sonnette qui me nargue sur le côté. Deux secondes avant d’atteindre le panneau de la porte, je ferme les yeux et me souvient ce qui m’a conduit ici.

Quatre heures plus tôt, j’étais au laboratoire avec mes camarades de promotion effectuant une recherche. L’engouement le plus total animait toute l’équipe, nous étions à ça de terminer la recherche que nous avions lancé des moins auparavant et à coup sûr on validerait tous la pratique ce semestre. Satisfaite, je tapais dans la main de ma collègue de paillasse et sursautait en entendant mon téléphone avant de rire de cette frayeur idiote. Ôtant mes gants en latex, je regardais mon mobile avant de froncer les sourcils. Ma mère. Jamais elle ne me téléphonerait pendant les cours, elle très au fait du décalage horaire qu’il y a entre nos deux géolocalisations. Je fis signe aux autres que je m’absentais une minute et attendis d’être seule dans le couloir pour décrocher. « Allo, Hazel, je sais que tu es en cours mais j’avais quelque chose d’important à te dire. ». Ma mère, fidèle à elle-même. Je lève les yeux au ciel – au plafond du couloir pour être plus exacte – et ne peux m’empêcher de répondre de façon assez cynique « Oh maman. Je vais très bien, merci de t’en faire pour ta fille unique vivant à des milliers de kilomètres. » Je l’entends soupirer à l’autre bout de la ligne. Elle déteste que je fasse ce genre de chose. Pour lui faire plaisir, j’aurais dû faire passer ce qu’elle avait à me dire avant tout « Je t’écoute. » je finis par lancer ne souhaitant pas perdre du temps inutilement. « C’est grand-père Henri, Hazel. Il a fait un infarctus… » Je me figeais dans le couloir. Henri était l’homme le plus charmant au monde. Le père de ma mère était son parfait opposé. Alors que sa position au sein de mon pays natal était très importante, il n’était pas du genre à se prendre au sérieux et aimait profiter de la vie. Seulement, ses excès de bonnes choses l’ont conduit bien souvent à faire des infarctus. Je grimace et coupe ma mère « Dans quel hôpital il se trouve ? Je vais l’appeler tout de suite, et je viendrais le voir ce week-end. » « Si tu voulais bien cesser de m’interrompre Hazel Pearl Montgomery ! » J’arque un sourcil, ma mère n’élève pas la voix. Elle préfère inspirer la terreur par d’autres moyens. Aussi, je me tais subitement inquiète de ce qu’elle a à me dire. « Il ne l’a pas fait cette fois chérie. Ton grand père est… » Un sanglot étouffé termine sa phrase et je me laisse glisser contre le mur en me mettant la main libre sur le front. Je ne parviens pas à y croire. Ce n’est pas possible, tout cela n’est qu’une blague. Les sanglots de ma mère se rapprochent et une autre voix prend finalement la parole dans le combiné « Hazel, je suis désolé qu’on ait dû t’apprendre ça par téléphone. Je t’ai fait envoyer des billets d’avions, tu dois partir au plus vite. Je préviendrais Vitaly et vous prendrez l’avion ensemble. » Une seconde plus tôt dévastée par la mort de l’un de mes êtres les plus chers, je retrouve mon aplomb et mon cynisme « Ton fils ne montera jamais dans un avion avec moi, Emerett. Il a passé les cinq dernières années à me fuir comme la peste ! » La venue de Vitaly ne me surprends, pas. Mais la folie de nos parents pour ce qui est de nous faire prendre un avion ensemble. Ca, ça me choque profondément. « Tu sais combien il aimait Henri. » Se contente-t-il de me répondre. Je grogne avant de soupirer, agacée contre moi-même. Pourquoi faut-il que j’éprouve de la compassion pour lui alors qu’il m’a abandonnée à l’époque où il était juste mon monde ? « Dis seulement à ton fils que je dois passer le voir pour lui annoncer quelque chose d’important. Il serait capable de me claquer la porte au nez sinon. Et ne t'inquiète pas il sera là. » Ne lui laissant pas le temps de répondre, je coupe la communication et sent ma gorge se nouer. Hors de question de se laisser submerger par mes émotions. J’ai une mission à effectuer et c’est ce qu’il y a de plus important.

J’avais expliqué brièvement ma situation familiale à un de mes professeurs et une absence exceptionnelle m’avait été autorisée. Suivant les consignes de mon beau-père, j’avais récupéré les billets d’avion, et jeté à la hâte quelques vêtements dans un sac de voyage. Puis, le cœur lourd j’avais pris ma voiture et conduit jusqu’ici. Ouvrant enfin les yeux, je frappais à la porte deux coups secs. J’avais toujours frappé de cette façon. A l’intérieur, mon identité devait lui avoir été révélée précocement de ce fait. Cela lui laissait le choix de m’ignorer. Et c’était sans doute quelque chose qui m’arrangerait. Si on m’avait dit ce matin que je me serais retrouvée dans une telle situation. Soudain, la clenche se tourne et je retiens ma respiration en me composant un visage neutre. La porte s’ouvre sans un grincement et en temps normal cela m’aurait presque arraché un sourire. Au manoir, aucune porte ne grinçait jamais tant les gonds étaient précieusement surveillés. Les yeux fixés sur la porte, il me faut une petite seconde pour mettre mon regard à la hauteur du sien. Je déglutis, et lui offre un sourire forcé « Bonsoir Vitaly. ». Notre première rencontre me revient en mémoire, et finalement on en est presque au même point aujourd’hui.

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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyLun 31 Mar - 14:44

Hazel & Vitaly
La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abruti !



Elle se tenait devant lui. Magnifique. Ils s’étaient quittés adolescents, pour se retrouver aujourd’hui face à face, jeunes adultes se dardant du même regard que quatre ans auparavant. Retrouver ce regard fier, ce port de tête altier, cette manie de le fixer sans ciller, en attendant patiemment, sans accepter d’être la première à détourner les yeux. Tout cela avait quelque chose de rassurant qu’il n’aurait su s’expliquer, qu’il ne voulait pas s’expliquer. Il la revoyait encore, du haut de ses six ans, franchir pour la première fois les portes du manoir, version miniature de sa mère qui se tenait à ses côtés. Plongés dans un mutisme profond, ils s’étaient longtemps observés, évaluant l’autre tout en restant imperturbables, valeur que leurs parents leur avaient inculquée dès leurs premiers mots.

Il avait été prévenu de son arrivée par Emerett, qu’il avait du mal à évoquer comme son père depuis ce fameux soir de juillet, presque cinq ans auparavant. Celui-ci n’avait pas décroché son téléphone, n’avait pas composé le numéro de son fils depuis ce jour-là, depuis qu’il lui avait ordonné de s’en aller sans jamais chercher à revenir. C’est pourquoi, le matin même, lorsque la sonnerie stridente de son poste fixe avait retenti dans l’appartement, Vitaly ne s’était certainement pas attendu à entendre sa voix au bout du fil. Le jeune homme était en plein défilé dans la pièce, vêtu d’une simple serviette autour de sa taille, passant et repassant dans le salon, là où était tranquillement installée sa colocataire. Théâtralement, il était allé décrocher le combiné, et avait susurré un « allô » , le regard planté dans celui de Silver, alors qu’il retenait ses éclats de rire. « Vitaly ? » Son timbre grave, qui parcourait des milliers de kilomètres pour se retrouver à la portée de son oreille, le prenant totalement de cours. Son sourire avait décliné lentement sur ses lèvres, un voile sombre était passé devant ses yeux bleu-vert, alors que ses cordes vocales semblaient décidées à le maintenir aphone pour les minutes à suivre. Instinctivement, il avait tourné le dos à la Sigma qui se trouvait sur le canapé, ne souhaitant pas qu’elle profite davantage du spectacle de son désarroi. La voix interrogatrice de son père continuait à le chercher, répétant son prénom, avant de s’éteindre lorsque le jeune homme reposa brutalement le téléphone sur son socle, complètement perdu. Son cœur eut un raté lorsqu’un nouvel appel sonna à nouveau, un instant plus tard. En temps normal, il enfermait profondément dans un coin toutes les pensées qui lui étaient désagréables, pour continuer à avancer sans se poser mille et une questions. C’était comme si parler à son père allait tout faire remonter à la surface, le submergeant de souvenirs dont il n’était pas prêt à se rappeler. Pourtant, dans un mélange de détresse et de colère, il décrocha immédiatement, avant de se diriger d’un pas décidé vers le balcon. Il ne tenait pas à ce que quiconque profite de la situation, et encore moins quelqu’un qu’il s’employait à déstabiliser à longueur de journée, et qui serait susceptible de retourner tout cela contre lui.

« Vitaly ? » Seul le grésillement de la ligne fut audible pendant les dix secondes qui suivirent. « Bonjour papa. » Même si la seul pensée de ces mots l’horripilaient en temps normal, à cette heure-ci il se moquait éperdument de les prononcer à voix haute. Il prit appui sur la rambarde qui délimitait sa terrasse, le regard perdu dans le lointain, attendant avec une certaine appréhension ce que son père aurait à lui dire. Lors de leur toute dernière conversation, quand Vitaly s’était attendu à ce qu’ils se retrouvent entre père et fils, pour discuter à cœur ouvert, il s’était révélé bien trop naïf. Finissant par se faire expulser du domaine familial. Il avait attendu sans trop de conviction le jour où son père regretterait ses paroles, en réalisant qu’il avait trop perdu en reniant son fils unique. Au fil des années, c’était comme s’il avait totalement renoncé, n’attribuant plus aucun crédit à son géniteur, qui avait osé donner la priorité à des étrangères plutôt qu’à son propre sang. Les pensées de Vitaly à leur égard s’étaient révélées acerbes au fur et à mesure que le temps s’écoulait, s’accroissant en parallèle de sa rancune. Un soupir à l’autre bout du fil. Plus soulagé qu’exaspéré, même si la limite entre ses deux émotions avaient toujours été compliquées à déceler chez Emerett. « Je suis content que tu ais décroché. Écoute moi, je n’ai pas beaucoup de temps pour te parler. Il faut que tu sois chez toi en fin d’après-midi. » Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Un espoir un peu fou vint prendre place dans la poitrine du jeune homme, transparaissant dans son ton, enthousiaste malgré lui. Il s’était juré que si son père revenait vers lui, jamais il ne lui pardonnerait. Mais à présent qu’il reprenait le contact, les résolutions de Vitaly s’étaient envolées aussi rapidement qu’elles s’étaient installées. Comme si parler à son père le rendait à nouveau aussi naïf qu’un gamin. Oubliant presque que son père n’était pas du genre à faire les choses sans qu’il n’en tire un intérêt. Oubliant presque que si il avait été capable de le chasser, ce n’était pas pour le regretter un peu plus tard. « Très bien, je vais m’arranger. Puis-je au moins avoir un indice quant à… » « Parfait. J’ai eu Hazel au téléphone il y a une heure. Elle passera chez toi en début de soirée. C’est très important Vitaly. Tu dois me promettre de rester chez toi jusqu’à ce qu’elle arrive. » Sa mâchoire manqua de se décrocher, au fil des mots que son père débitait, comme s’il était pressé que cette conversation se termine. Comme si, après des années sans aucune nouvelle, il n’était même pas capable de lui demander s’il allait bien. Au moins ça. Il ne lui demandait pas la lune. Juste de se comporter comme un père, et non comme un putain d’enfoiré. Voilà, la colère prenait le pas sur toutes ses autres émotions, et le Gainsborough était à deux doigts d’éclater le combiné contre un mur, de le jeter si fort qu’il s’en serait luxé l’épaule. Non seulement, il n’avait pas envie de savoir que son père restait encore en contact avec sa belle-fille par alliance, quand il n’était même pas capable de chercher à joindre son fils. Mais le pire restait peut être que sur seule demande de la jeune femme, il était prêt à l’appeler pour lui donner un ordre, et à raccrocher aussi rapidement qu’il avait composé le numéro. « C’est une plaisanterie ? » Cinglant, froid. Il n’avait pas envie de voir Hazel, il n’avait pas envie qu’elle lui rappelle que sans elle, sans sa mère, il serait toujours lié à son père. Tout était tellement plus simple en rejetant la faute sur elles. « Non, Vitaly. Je suis on ne peut plus sérieux. Je ne t’appellerai pas s’il ne s’agissait pas de quelque chose d’extrêmement important. » «  Bordel, tu te rends compte de ce que tu dis ? » «  Vitaly, s’il te plaît, surveille ton… » « Mais nom de dieu papa, tout ce que tu trouves encore à faire est de me reprendre sur mon langage ?! Tu te moques de moi ?! Est-ce que tu es au courant que tu m’as interdit de vous revoir ? Que tu m’as jeté comme un étranger alors que j’étais même pas majeur ? J’sais pas, je préfère te le rappeler, car visiblement ce détail t’a échappé ! » Le silence s’était installé à l’autre bout du fil, tandis que le lambda déjetait toute sa rancœur sur son père. « Merci de me rappeler que tu m’as rendu service en me chassant. » Son ton s’était calmé, et il avait prononcé ses mots autant pour lui-même que pour lui. « Je vais raccrocher maintenant. » Les mains rendues tremblantes par l’énervement, Vitaly serrait si fort le téléphone dans sa main que ses phalanges en étaient devenues blanches. « C’est ça, au revoir. » Mais déjà la ligne était coupée. Il resta un moment immobile, fixant la mer qui s’étendait à perte de vue devant son regard. Sans réfléchir davantage, son sang ne fit qu’un tour, et il lança le téléphone de toutes ses forces dans cette direction.

Trois heures s’étaient écoulées, durant lesquelles il n’avait pas suivi les ordres d’Emerett. Il était parti courir, et avait l’impression qu’il aurait pu ne jamais s’arrêter. Pourtant, quelque chose en lui le sommait de rentrer, d’attendre qu’elle vienne frapper à sa porte. C’est ce qu’il avait fini par faire, ayant juste le temps de prendre une douche et de changer de vêtements, pour passer un jean noir et un T-shirt. Désormais, il se trouvait là, face à elle, en ayant l’impression que rien de tout cela n’était vraiment en train de se passer. Tandis qu’aucun mot ne franchissait la barrière de ses lèvres, un léger sourire crispé apparut sur le visage de la jeune femme. Même si ses traits restaient plus ou moins figés et que n’importe quelle autre personne aurait pu la considérer comme inébranlable en cet instant précis, avoir vécu plus d’une dizaine d’années ensemble permettait à Vitaly de déceler une faille dans son regard. « Hazel. » lui répondit-il simplement. Il remarqua alors seulement le sac qu’elle avait apporté avec elle. Le jeune homme arqua les sourcils dans un accès de méfiance, craignant de comprendre la raison de sa venue. « Si tu me dis qu’il a appelé parce que tu as besoin d’un toit, ça risque de fortement m’énerver. » Sa voix pouvait paraître douce à n’importe quelle personne, mais il savait pertinemment qu’elle décèlerait la menace dans son ton. Il ne voulait pas lui proposer d’entrer. C’était malpoli, mais il ne s’était jamais soucié de l’impression qu’il pouvait lui donner, mis à part lorsqu’ils tentaient de prendre l’ascendant l’un sur l’autre. Il lui en voulait. De se tenir là, comme si rien ne s’était passé. Il ne lui pardonnerait jamais de l’avoir laissé partir sans même lui dire au revoir, alors qu’elle était certainement au courant bien avant lui de la décision d’Emerett. C’est ce qu’il avait toujours pensé.



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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyLun 31 Mar - 20:14

La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis !.
Vitaly & Hazel

Les convenances m'ont bien souvent agacée, toutefois, aujourd'hui elles me permettent de garder un semblant de contenance. Devoir venir le voir, alors qu'il m'a évitée chaque fois qu'il m'a vue à Londres et que jamais il n'est revenu vers moi alors qu'il a choisi de s'en aller, cela me coûte vraiment. Ma rancœur d'avoir été rejetée sans explications puis abandonnée sans qu'il n'ait daigné m'adresser la parole me tord l'estomac. Alors oui, je suis heureuse de n'être que convenances et politesse. Car sinon, je ne donne pas cher de sa peau. J'ignorais jusqu'alors la colère que j'avais accumulée à son égard, mais le pire était sans doute ce sentiment, cette impression d'être enfin complète en me retrouvant en face de lui. Être consciente qu'il m'a manqué m'irrite au plus haut point, mais je range ce sentiment dans une boite. Et j'éloigne cette boite, comme on m'a enseigné à le faire. C'est d'autant plus simple que j'ai une mission à exécuter. Toutefois, éloigner mon ressentiment ne me rends pas moins nostalgique. Je pense alors à mon grand-père, et au lien que le jeune homme en face de moi avait avec lui. Même quand il a commencé à s'éloigner de moi il est resté proche de Henri. Ce dernier m'avait dit qu'il fallait peut-être du temps à Vitaly pour comprendre la profondeur de notre attachement. Bien sûr, j'avais fais comprendre à mon grand-père qu'il était fou de dire quelque chose comme ça, et que je voulais juste comprendre. Sa sagesse me manquerait, et ses sourires emprunts de tendresse lorsqu'on s'opposait à lui également. Il était bien conscient d'avoir raison, surtout quand je m'insurgeais contre lui étalant ainsi tout le savoir que j'avais pu accumuler et exhibant le côté le plus volcanique de mon être. A son tour, Vitaly me salue me sortant de mes pensées paradoxales et nostalgiques.

Et idiotement, je me dis que ça va être plus facile que je ne le pensais. Son regard se pose sur mon sac, et étant comme moi sur ce point, il fait des conjectures avant que je n'aie eu le temps de m'expliquer. Un moment, je me demandais ce qui était le pire : ses mots, ou son ton. Laissant tomber mon sac à terre, je croise les bras et renonce à tout signe de convenance. Il souhaite être malpoli, ne pas m'inviter à entrer et me menacer. Hors de question que je me laisse faire. Pense-t-il qu’il peut se permettre d’être aussi hostile après le comportement qu’il a eu envers moi ces dernières années ? Ce n’est pas parce qu’il est un joli cœur que je vais lui passer ça. « Je vais très bien, je te remercie. Et toi, comment vas-tu depuis toutes ces années où tu m’as fuis comme la peste ? On avait l’habitude de critiquer nos parents sur ce fait. Ne pas nous demander comment on va, en somme n’en avoir strictement rien à faire. » Je secoue la tête, et me rends compte que je ris jaune un instant avant de reprendre mon sérieux. « Pour ta gouverne, je préférerais avoir à me prostituer plutôt que devoir vivre avec l’idiot que tu es devenu. » Prête à continuer à me disputer avec lui des heures durant, je me pince l’arête du nez. Sa capacité à m’outrer en une seconde est aussi puissante qu’elle a pu l’être auparavant. Je ne suis pas là pour ça, et pourtant je ne peux m’en empêcher. Et cela me rends honteuse, vis-à-vis d’Henri qui n’a jamais aimé que l’on s’engueule. Toujours pour la paix des ménages il préférait rire de nos disputes ce qui avait le don de m’agacer plus encore, avant de finir par me dérider un peu. S’il nous voyait là, il aurait sûrement une réplique spirituelle pour nous faire comprendre que c’est ridicule, et qu’il faut montrer un peu de maturité. « Je ne suis pas là pour me disputer avec toi. Je rentre en Angleterre au plus vite, d’où le sac. » Je me garde d’ajouter que si je venais emménager chez lui j’aurais beaucoup plus de bagages. Et des valises, assez énormes d’ailleurs. Parce que même si j’ai fait en sorte de ne pas apporter trop de chose depuis Londres, j’ai une tendance à acheter les choses qui me plaisent avec beaucoup d’aisance. Le fait que mon compte en banque comporte bien plus de zéros que de raison m’aide, cela va sans dire. Pour une fois, je me sens maladroite. Il ne semble pas disposé à me laisser entrer, or je ne souhaite pas annoncer pareille nouvelle dans un couloir. Cela requiert un peu plus de tact que ça. Tact qui a manqué à ma mère lorsqu’elle m’a téléphoné plus tôt, et c’est pourquoi je fais l’effort de me tenir en face de Vitaly à présent. On ne devrait pas apprendre des mauvaises nouvelles de façon aussi brutale. En dépit du fait qu’il n’y a aucune façon d’enjoliver des choses si terribles, on peut tout de même faire en sorte que cela soit fait en douceur. « Ecoute, je ne suis pas là par plaisir Vitaly. C’est juste que j’ai quelque chose à te dire. Alors si on pouvait faire un effort, juste le temps que je t’explique tout ça. Puis, tu pourras reprendre le cours de ta vie si tu le souhaites. » Bien que j’en doute. Il est peut-être très peu accueillant, je suis consciente qu’il va souhaiter prendre le vol pour dire adieu à mon grand-père. Le fait sensible dans l’équation, c’est moi. Si quelqu’un de totalement éloigné lui avait expliqué tout ça il aurait été capable de politesse, et aurait compris. Je complique les choses, je le vois bien. Hélas, il n’y a que nous deux à San Francisco, alors on n’a pas vraiment le choix sur ce coup-là. Même s’il ne l’imagine probablement pas, ça me coûte autant, sinon plus, qu’à lui d’avoir à passer du temps en sa compagnie de façon totalement forcée.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyMar 1 Avr - 23:17

Hazel & Vitaly
La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abruti !



Au fond de lui ronronnait le feu de sa colère, n'attendant qu'une étincelle pour s'embraser sans qu'il n'ait le temps de réfléchir. Ses yeux ancrés dans le regard clair de celle qui fut son amie, il ne prenait même pas la peine de revêtir un regard froid, la laissant lire en lui comme dans un livre ouvert. Il voulait qu'elle comprenne qu'il ne fallait pas trop le pousser, qu'elle était à deux doigts de lui faire perdre le contrôle de ses paroles, et qu'elle finirait par le regretter amèrement. Pas de jeu avec elle, plus de jeux. Adieu la malice, toi qui adoucissait même les répliques les plus acérées qu'il avait pu prononcer auparavant. Aujourd'hui, la rancune était bien trop installée en lui pour qu'il essaye de lui parler avec son ironie habituelle. Il était brutal, tant dans ses mots que dans ses expressions. Si elle avait eut assez de courage pour venir devant sa porte, après toutes ses années, elle encaisserait sans doute le fait qu'il s'adresse à elle sans plus d'égard que s'il parlait à une inconnue. Et pourtant, les mots d'Hazel lui firent l'effet d'un coup de poing dans l'estomac, lui donnant presque envie de vomir. Évidemment qu'il ne prendrait pas la peine de prendre des nouvelles, après tout, en avait elle pris de son côté, durant ces quatre années ? Mais l'écouter lui reprocher sa distance à son égard, voilà qui était susceptible de le révolter encore plus. Les poings de Vitaly se serrèrent, ses ongles s'enfoncèrent dans les paumes de ses mains, cherchant dans la douleur un moyen de se canaliser. Elle avait toujours su où appuyer pour le faire sortir de ses gonds, et il ne tenait pas à lui donner cette satisfaction. Il ravala la rage qui menaçait de lui éclater en pleine figure. Les rires d'Hazel ne faisaient qu'accentuer le mélange explosif qui bouillonnait au fond de ses entrailles, bien qu'il sache pertinemment qu'elle était sûrement aussi peu ravie d'être là que lui. Le jeune homme déglutit avec difficulté, levant les yeux au ciel de manière bien marquée, avant de les baisser à nouveau vers elle, un air clairement exaspéré sur le visage.« J'allais très bien, jusqu'à ce que tu décides de venir frapper à ma porte. Qu'est ce que tu cherches ? Tu arrives avec quelques années de retard, si tu attends de moi que je m'intéresse à ta petite personne. » Amer comme rarement il avait pu l'être dans sa vie.

Pourtant, quelques heures auparavant, il avait l'impression que tout allait pour le mieux. Il avait appris récemment qu'il partirait sur un nouveau chantier cet été, dans le cadre de ses études; l'entente avec sa colocataire était loin d'être aussi cataclysmique que prévue; son poste de pianiste au Burlesque lui apportait énormément. Et tout volait en éclat avec un simple coup de fil et deux coups secs frappés à sa porte. Situation tellement absurde. Qu'en auraient pensé les Hazel et Vitaly du passé ? Jamais ils n'auraient pu s'imaginer vivre dans un monde où ils se comporteraient de la sorte l'un envers l'autre, il en était persuadé. Cette pensée le rendait nostalgique, tandis qu'il l'observait, quelque chose d'autre venant prendre place au sein de ses prunelles, apaisant légèrement l'éclat de colère qui les animait depuis quelques minutes. Et pourtant, il commençait à s'en vouloir à lui aussi. Parce que malgré tout ce qui avait pu se passer, malgré tout ce qu'il pouvait lui reprocher, c'était comme s'il pourrait toujours tout lui pardonner. Cette faiblesse avait toujours fait partie de lui, aussi loin qu'il s'en souvienne. Vitaly avait toujours su que s'il se retrouvait à nouveau face à elle, il serait susceptible de passer l'éponge, quitte à s'en mordre les doigts une fois qu'il serait seul. Hazel lui reprochait de l'avoir fuie comme la peste, et il ne la comprenait pas. Cherchait elle à se délester de ses remords, en lui attribuant tous les blâmes ? Lorsque des années plus tôt, Emerett lui avait annoncé sa décision, Vitaly s'était senti vide de toute émotion. Il s'était contenté d'acquiescer docilement, avant de lui demander s'il pouvait disposer. Avec monotonie, comme sans véritablement réaliser ce qui était en train de se passer, il avait commencé à charger ses affaires dans des cartons, attendant le moment où Hazel allait venir frapper à la porte de sa chambre, pour lui faire ses adieux. Le garçon avait toujours eu l'impression d'être le dernier au courant de tout au sein du Manoir, et il pensait que derrière la décision d'Emerett se cachaient aussi celles d'Eleanor et d'Hazel. Après tout, peut être qu'il avait mérité leur colère, après l'évènement de juillet. Hazel et Emerett ne connaissaient pas ses raisons, et avaient certainement dû le considérer comme fou de se conduire de la sorte. Il fallait également dire que sa relation avec Hazel en avait pris un coup depuis quelques temps. Mais de là à lui ordonner de quitter les lieux pour toujours... C'était quelque chose qu'il ne pourrait jamais accepter, quand bien même il n'avait pas d'autre choix. Il avait donc attendu des heures que retentissent les deux coups secs caractéristiques de la jeune fille. En vain. Aujourd'hui, il ne savait pas ce qui le blessait le plus. Ne pas les avoir entendu à l'époque, ou bien les entendre seulement maintenant.

Soudain, Vitaly émergea de ses souvenirs en entendant Hazel reprendre la parole. « Au plus vite ? » L'heure n'était plus à la rancoeur. Il savait pertinemment qu'Hazel n'était pas femme à employer les mots avec légèreté, et l'entendre lui annoncer qu'elle devait rentrer rapidement lui laissait présager le pire. Tout commençait à prendre son sens dans son esprit. Quelque chose de grave était certainement arrivé. Le jeune homme hocha la tête en guise d'acquiescement, s'écartant du cadre de la porte pour la laisser pénétrer dans le salon. Jamais il n'aurait imaginé qu'elle mette un seul pied dans son appartement. Par chance, Silver était encore à l'université, cela lui éviterait d'avoir à faire les présentations. Il ne savait absolument pas comment il aurait pu lui présenter Hazel, d'ailleurs. Même à l'époque où ils étaient encore proches, il n'avait jamais su quelle étiquette mettre sur leur relation. Parce qu'ils ne rentraient dans aucune case déjà toute faite. Et il n'avait certainement pas envie de raconter sa vie à la sigma. Vitaly referma la porte derrière elle, l'invitant d'un signe de la main à prendre place sur le canapé, tandis que lui même préférait rester debout. « Je t'écoute. » Son cerveau fulminait sous la pagaille d'idées morbides en tout genre qui faisaient leur chemin dans sa tête. Déjà, il ne s'agissait pas de son père, puisqu'il l'avait eu au téléphone. Vitaly n'avait que faire d'Eleanor, et doutait qu'Hazel parvienne à rester aussi calme si quelque chose lui était arrivé. Il ne restait alors plus qu'une seule personne qu'ils chérissaient tous deux depuis presque toujours, qui vivaient en Angleterre, et qui était susceptible d'avoir eu un accident. La crainte de comprendre s'empara de lui, tandis qu'il ne lâchait pas Hazel des yeux, attendant qu'elle lui annonce à voix haute ce qu'il redoutait d'entendre.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyJeu 3 Avr - 21:57

La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis !.
Vitaly & Hazel


Il m’est compliqué de rester de marbre face à lui. Toute mon éducation est un rempart aux émotions qui tentent de me submerger. Aussi, je reste stoïque même en pensant à mon ancêtre qui désapprouverait notre querelle. Après le départ de Vitaly, jamais je n’avais accepté de reparler de lui en sa présence. Chaque fois qu’il tentait d’amener le sujet, je me mettais en colère. Je ne pouvais m’en empêcher. Son prénom était tabou à la maison, et c’était une bonne chose. Car penser à lui ne faisait que d’augmenter l’amertume et ma rage à son encontre. Des mois durant, il s’était éloigné de moi, n’avait plus répondu aux questions que je pouvais lui poser par inquiétude, puis avait fini par faire une scène avant de prendre ses valises et de s’en aller sans daigner me dire au revoir. Je l’avais maudit plus que raison, parce qu’il me manquait, parce que le manoir était vide et austère sans lui, parce que je voulais qu’il revienne même si jamais je n’ai pu me résoudre à lui demander lorsque je le croisais à Londres. Ma fierté était trop importante pour ça, il m’avait blessée alors il était hors de question que je fasse le premier pas. Cependant, aujourd’hui, les circonstances étaient différentes. Nous ne sommes plus des adolescents, je ne peux me permettre d’être en colère contre lui car il y a d’autres choses plus importantes aujourd’hui. Notre présence à Londres est requise et il nous faut nous y rendre. C’est pourquoi je ne m’insurge pas lorsqu’il réplique à mes paroles de façon dure. S’il savait à quel point j’avais tenté de me faire violence pour venir le voir. Son arrogance en cet instant me fit ne pas regretter mon orgueil et ma fierté qui m’avaient tenue à l’écart. Ce n’était pas moi qui était partie du jour au lendemain, ce n’était pas moi qui l’avait repoussé alors que tout allait bien. Et j’aurais dû revenir vers lui. C’est sous-estimer mon caractère. Penser que je ne suis qu’une enfant sage, or, lui le premier devrait savoir que ce n’est pas le cas. Elevée pour n’être que convenances, il y a autre chose en moi. Quelque chose qu’il a éveillé et que je ne peux refréner à présent. Un besoin, une envie, d’aller toujours plus loin, de me prouver que je suis en vie. Notre situation est ironique ce soir, je me tiens face à celui qui m’a enseigné qu’il n’était pas bien grave de s’écorcher les bras en marchant dans les sous-bois. Pourtant, j’ai peur que cette nouvelle l’égratigne et qu’il ait besoin de soutien. Je comprends que le mien n’est pas la bienvenue, mais personne d’autre que moi ne sait ce qu’il a partagé avec Henri. Alors, j’ai l’impression que je suis à ma place, malgré son hostilité, malgré ma colère que je tente de maitriser, donc je reste, je serre les poings aux moments où il m’agace et fait ce que l’on m’a enseigné : je ne montre rien. Je ne montre pas la profondeur de ma déception face à sa réaction, je ne montre pas ma tristesse, je ne montre pas à quel point tout cela me dévaste et à quel point une part de moi souhaite seulement lui dire qu’il me manque. Fière, déterminée, en mission, je supprime toutes les distractions possibles de mon esprit en me faisant violence. Puis je m’enjoins à la douceur envers lui, en mémoire du jeune homme drôle et prévenant qu’il était envers moi. Je me force à voir ce garçon sous sa colère. Car c’est lui qui pourrait être blessé par ce que j’ai à lui dire. L’homme froid en face de moi n’a l’air de ne pouvoir être atteint par une telle nouvelle. A moins que ce comportement me soit exclusivement réservé, je ne saurais le dire.

Finalement, Vitaly répéta la fin de ma phrase et je me contentais de hocher la tête en guise de réponse. Tout comme le mien, son comportement changea et si je ne le connaissais pas si bien, je n’aurais pu déceler l’étincelle d’inquiétude brillant au fond de son regard. Ma gorge se noue lorsqu’il m’autorise à entrer, et je me laisse distraire quelques secondes par son « chez lui ». Tout est très bien décoré, luxueux, cela ressemble à notre monde. Sincèrement, je suis étonnée, j’aurais imaginé quelque chose de totalement différent, des couleurs totalement peu conventionnelles au mur. Toutefois, rien de tout cela. Une fois de plus, en de toutes autres circonstances cela aurait pu m’arracher un sourire. Docile, je le laisse me diriger vers la pièce de son choix et m’assoit sur le canapé qu’il me désigne et prends une grande inspiration. J’ouvre la bouche et me rends compte que je reste muette. Rapidement, je referme la bouche et me mord la lèvre. Cela ne me ressemble pas, je suis un bon messager habituellement. Je peux tout dire, mes amis disent même que je rends les choses déplaisantes plus faciles à accepter. Cependant, je ne trouve plus de mots, je ne trouve rien pour adoucir la situation. En fait, il n’y a rien que je peux dire et qui ne me donnera pas l’envie de pleurer. Discrètement, je serre le pan de mon chemisier et tente de dénouer ma gorge par de profondes respirations. Affrontant le regard de Vitaly, je vois bien qu’il est en train de deviner de ce qu’il peut s’agir. Je suis venue pour lui annoncer ça en face, il n’a pas à faire le travail à ma place. C’est ce que j’ai voulu. Qu’il ne soit pas seul pour apprendre tout ça. Qu’il ne soit pas comme la pauvre fille assise dans un couloir en plein déni que j’étais il y a quelques heures. Même si en toute franchise, je ne parviens toujours pas à y croire. « Plus tôt dans la journée, ma mère m’a… » En bonne scientifique, les descriptions factuelles me rassurent, néanmoins en le regardant je ne peux pas faire le récit de ce qui s’est passé plus tôt dans la journée il serait cruel de ne pas l’éclairer au plus vite. « Elle m’a téléphoné. C’est Henri, c’est mon grand-père Vitaly. Il est… Il a fait un autre infarctus, et cette fois ci ils n’ont rien pu faire. » Je finis à temps pour réprimer un sanglot. Je ne sais que dire, ou que faire d’autre. Il n’y a pas moyen d’enjoliver ça. Un instant, je ferme les yeux priant pour me réveiller de ce cauchemar.

On parle tellement de la mort, on dit qu’elle est la fin d’un long chemin, un voyage. Tant de phrases toutes faites supposées apaiser notre chagrin. Tant de balivernes destinées à nous faire sentir mieux. J’ai lu des centaines de ces calomnies aujourd’hui, cela ne sert à rien. Cela ne rend rien plus facile, après la tristesse, il ne semble avoir que plus de tristesse. On a beau lire tous les textes que l’on veut, religieux ou non. Les superstitions rassurent certainement les personnes qui vont décéder, mais rien n’apaisera jamais le chagrin des endeuillés. Dissimuler les émotions, c’est ce que l’on apprend à faire aux enfants d’aristocrates. Hélas, on ne leur apprend pas comment ne plus rien ressentir. Je regarde toujours Vitaly et me demande ce à quoi il peut bien penser. Je me demande si il est aussi amer que moi par rapport à tout ce que l’on peut dire, ou si il pense à ses souvenirs avec Henri. Je secoue la tête, je ne peux pas le croire, pas totalement. Et si ça n’était qu’un plan totalement fou de ma mère pour me faire rentrer, pour nous faire rentrer, pour je ne sais quel évènement mondain. Elle aurait bien été capable de pleurer au téléphone ou de payer quelqu’un pour ça. Oui, c’est ça, c’est probablement ça. C’est forcément ça, ça ne peut pas être autre chose de toute façon. Grand père ne peut pas être mort, la mort c’est définitif, bien trop définitif. De mon sac à main, je sors une enveloppe et la tend à Vitaly. « Ton billet d’avion. » Je me contente d’ajouter, n’osant pas avancer ma théorie. Il pourrait tenter de démontrer le contraire et je pense que je ne parviendrais pas à argumenter sans me mettre à pleurer. Et les pleurs c’est juste la moins pudique des émotions, alors je me garderais bien de l’exprimer devant lui.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyVen 4 Avr - 14:42

Hazel & Vitaly
La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abruti !



Le silence était pesant. Attentivement, le jeune homme s'était mis à relever les moindres détails du comportement d'Hazel, de sa manière à s'acharner sur ses vêtements pour cacher son malaise, aux muscles contractés de son cou trahissant sa respiration irrégulière. Cherchant dans son regard quelque chose de familier auquel il aurait pu se raccrocher. Alors, Hazel prit la parole, lui épargnant de longs préambules inutiles, pour lui annoncer la nouvelle qu'elle avait porté pour eux deux depuis cet après midi. Il acquiesça en silence, d'un bref hochement de tête, tandis qu'elle terminait son difficile travail de messager. Elle n'avait pas cherché à préparer le terrain pendant des heures, et il lui en était reconnaissant. N'étant pas d'un naturel patient, l'attente de ce genre de révélation lui était insupportable. Immobile, les bras croisés sur son torse, incapable de prononcer un seul mot. Il craignait qu'en brisant le silence, il ne se fasse autant de mal qu'il pourrait lui en faire à elle. Henri était mort. C'était la seule personne qui l'avait rattaché à son pays natal, tout au long de ses dernières années. Certes, il y avait également Mavis, mais ce n'était certainement pas la même chose. Henri, bien que ne partageant pas son sang, avait toujours été l'une des personnes les plus importante de sa vie. Il fallait dire que Vitaly n'aurait jamais connu la notion de grand père sans cet homme. Sa famille du côté maternel vivait en Russie, et c'était comme si cette partie de sa vie avait disparu au dernier souffle de sa mère. Vitaly avait uniquement une grand mère, du côté paternel, la femme la plus psychorigide du monde selon lui. Henri, qui avait accompli de grandes choses dans sa vie, était pourtant resté très terre à terre. Lors des insupportables dîners mondains, au cours desquels Hazel et Vitaly acceptaient quelques heures de se donner en spectacle devant tout le gratin britannique, ils trouvaient toujours un peu de réconfort auprès de lui. Et lorsqu'ils lui faisaient le récit de leurs aventures dans les environs du Manoir, Henri était leur meilleur public. Le vieil homme avait toujours su garder précieusement le secret de leurs escapades parfois téméraires, et riait de bon coeur de leurs anecdotes. Et lorsque Vitaly avait du partir, quatre ans plus tôt, c'était la seule personne de la famille à lui avoir rendu visite. Le jeune Gainsborough se souvenait encore de l'avoir trouvé sur le pas de la porte de son appartement, de son regard compatissant face à l'adolescent, et de ses paroles rassurantes. Ce jour là, Vitaly s'était littéralement écroulé, et Henri avait été là pour l'aider à se relever. C'était d'ailleurs ainsi qu'ils en étaient venu à se retrouver de temps à autres, gardant le secret de leurs rencontres pour ne pas encore plus perturber l'équilibre fragile de leur famille. Même avec son départ pour la Californie, le contact n'avait jamais été rompu, et Vitaly lui racontait toujours avec autant de passion les étapes de sa vie qu'il franchissait les unes après les autres. Trouvant du réconfort dans la fierté qu'éprouvait Henri, lorsqu'il lui parlait de ses études d'archéologies, de ses voyages sur des sites anciens lors des vacances d'été. Comme si, orphelin par défaut, il avait projeté tout son besoin d'attention sur le grand père d'Hazel. C'était tout un personnage, cet homme. Le genre de personne qu'il avait toujours cru invincible. Mais désormais, plus rien. Plus jamais il ne le reverrait, et plus jamais il ne partagerait ses exploits avec lui. Vitaly n'était pas de ceux qui s'imaginaient retrouver les êtres chers dans la mort, cette théorie devait avoir été inventée pour supporter la perte de ses proches, mais n'était rien de plus qu'une jolie histoire à ses yeux. Au revoir conseils précieux, phrases rassurantes. Vitaly sentait sa gorge se serrer, et il baissa les yeux. Dorénavant, il serait véritablement seul. Et cette pensée lui était insupportable.

Hazel lui tendit son billet d'avion, et Vitaly se rendit compte qu'il n'avait pas soufflé mot depuis qu'elle lui avait annoncé la nouvelle. « Merci. » dit il simplement, en lui prenant l'enveloppe de la main, avant de brutalement réaliser qu'il était vraiment en train de jouer le parfait connard, alors qu'elle avait fait l'effort de venir lui annoncer la nouvelle en personne. Dans un geste impulsif, il posa sa main sur le poignet qu'elle baissait déjà, maintenant qu'il s'était saisi du billet. Il referma ses doigts sur sa peau, dans un geste un peu maladroit, plongeant son regard dans le sien. « Merci, et pas seulement pour le billet. Je sais que tout ça n'est pas évident pour toi.» Les mots sortaient sans qu'il ne cherche à réfléchir, et il la fixa encore quelques secondes avant de libérer son bras. Ce simple geste lui semblait bien trop familier, comme s'ils n'étaient plus en droit de se permettre de tels égards l'un envers l'autre. Cette pensée lui parut stupide, d'autant plus qu'ils n'avaient jamais éprouvé de pudeur entre eux, à l'image des gamins qu'ils avaient été, et qui ne réfléchissaient pas à tout ce que certains gestes auraient pu signifier d'un point de vue extérieur. Se prendre le bras ou la main en courant dans les bois, se chamailler en se pinçant les hanches, passer la main dans les cheveux l'un de l'autre sans aucune arrière pensée. Tant de gestes que leur éducation ne leur aurait jamais permis de faire, mais qui n'avait jamais eu de sens déplacé pour eux deux. Aujourd'hui, tout était très différent, et Vitaly ne savait pas si ce simple geste allait paraître déplacé à Hazel. Comme si, rattrapés par une éducation dont ils s'étaient toujours plus ou moins moqués, chacun se cachait derrière ses beaux principes et se renfermait dans la pudeur que leur imposait leur milieu. Le jeune homme se sentait presque lâche d'agir de la sorte. Elle aurait du être capable de pleurer devant lui, et il n'aurait pas du réfléchir avant de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Le voilà à présent confronté au prix à payer de ces années d'absence, comme si tout ce qui s'était construit entre eux n'était désormais plus que poussière. « Je vais préparer mon sac, tu peux te servir quelque chose à boire si tu en as envie. » Il avait rapidement marmonné ces quelques mots, avant de partir dans la direction de sa chambre. Là, il sortit rapidement un sac de voyage qu'il jeta sans ménagement sur le lit. Vitaly y fourra quelques vêtements, les affaires nécessaires pour les prochains jours, et s'arrêta ensuite en face de son armoire, le ventre noué. Il décrocha délicatement le cintre sur lequel reposait sa plus belle veste de costume noire, ainsi que le pantalon assorti. Un instant, il se laissa mollement tomber assis sur le bord de son lit, tenant le costume entre ses mains. Le jeune homme tourna la tête vers la porte de sa chambre qu'il avait laissée ouverte, apercevant Hazel qui se tenait toujours dans le salon. Il esquissa un bref sourire un peu triste à son attention, son regard embué ne laissant pas de doute sur ses nerfs à deux doigts de lâcher.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyVen 4 Avr - 20:18

La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis !.
Vitaly & Hazel


Vitaly s’empara de l’enveloppe au moment où je sentais que ma main allait commencer à trembler. Et non pas à cause d’une quelconque fatigue musculaire. Juste à cause de la lassitude s’emparant de moi. M’apprêtant à me saisir de nouveau de mon chemisier pour me canaliser, je suis surprise par ce qui est un geste d’affection – j’en suis certaine. Une fois de plus, il me remercia alors que nos regards semblaient ne plus pouvoir ce quitter. Après notre rencontre où ces derniers avaient été glaciaux, le temps n’avait fait que de les adoucir, pour les rendre empreints de sincérité et d’émotions nous permettant de ne pas avoir à parler de bien nombreuses fois. La chaleur de sa peau sur la mienne avait un effet rassurant, contenant, et j’avais comme l’impression idiote que si on restait ainsi il pourrait repousser toutes ces émotions. Je l’écoute me remercier de nouveau et hoche la tête pour lui répondre quant à la difficulté de la chose. Jusqu’à me retrouver devant lui, rien ne paraissait difficile. J’étais sous le choc, dans l’action, dans le déni. Une part de mon être souhaitant toujours se cacher derrière des hypothèses abracadabrantes pour ne pas y croire. Sa main quitte mon poignet et je le pose sur ma cuisse, me sentant infiniment seule. Puis je pense à Henri, lui qui avait perdu son épouse, la femme de sa vie, jeune et qui disait que de nous voir emplissait son cœur assez longtemps pour que dans ses expéditions les plus lointaines il ne soit pas accablé par la solitude. Un homme solide, un philanthrope quelque peu philosophe sur les bords dont les phrases avaient toujours été enchanteresses. Perdue dans mes pensées, je suis étonnée en voyant Vitaly se lever, et il me fait comprendre qu’il fait ses bagages. Une fois de plus je hoche la tête, même s’il ne me regarde plus s’en allant en direction de ce qui s’avère être sa chambre.

Je suis soulagée de ne pas avoir à rester seule, les différentes phases du deuil décrites par Kubler-Ross me semblent totalement inadaptées dans mon cas. Bien sûr que je ne souhaite pas y croire, bien sûr que je suis en colère contre Henri car il n’a pas attendu que l’on se revoit et que l’on se dise de belles paroles pour nous quitter, évidemment que je marchande, mais bon sang qu’est-ce que je suis triste. Et c’est la tristesse qui prime, le reste est comme inexistant. Je doute aujourd’hui de pouvoir réussir à passer à la dernière étape. Je n’y crois pas. Mes connaissances sur la chose ne m’aident pas. Et c’est la première fois de mon existence que je me retrouve impuissance en dépit du savoir que je couve. Le bruit de Vitaly remplissant son sac de voyage à la hâte est la seule chose me prouvant que la vie continue, que le temps ne s’arrête pas. Que je ne vais pas rester dans un coin et y penser encore et encore. Non. Je vais devoir affronter toute l’aristocratie Britannique qui sera venue lui faire ses honneurs. Je vais devoir rester aux côtés de ma mère qui s’est effondrée au téléphone. Car son père était la seule personne avec laquelle elle pouvait oublier l’étiquette, oui, même elle que j’accuse d’être sans cœur parvenait à être meilleure en sa compagnie. Telle un automate je me lève, et un instant je me demande où je vais aller. Dois-je courir jusqu’au moment où mes jambes ne me porteront plus ? Dois-je m’enfermer chez moi et me couper du reste du monde pour être seule dans tous les sens du terme ? Dois-je me rassoir et attendre poliment ? Finalement, je ne fais aucune de ces choses. Ma réaction est juste celle qui m’a été la plus naturelle pendant quelques années. Je m’active et m’arrête dans l’embrasure de la porte de la chambre de Vitaly, tandis qu’il referme la fermeture de son sac. Dans sa hâte, dans ses gestes méthodiques, dans sa posture, je ressens sa tristesse, et à travers cette émotion que je partage je vois de nouveau le jeune homme que j’aimais tant en lui. « Je ne sais pas si je vais pouvoir le faire. » Je me contente de dire avant de fermer les yeux, luttant contre les larmes, luttant contre la peur, luttant contre ce chagrin qui me semble dévastateur. Il est idiot de ma part de tenter de me raccrocher à lui. Alors que j’ai souhaité aller lui parler pour qu’il puisse se raccrocher à moi. Car il a toujours été celui qui m’a montré que les conventions n’étaient faites que pour les idiots. Et que vivre c’était s’en émanciper. Après tant de temps, je ne parviens pas à pleurer en face de lui. Après tout ce temps, je me sens pourtant un peu réconfortée rien qu’en le regardant.

C’est étrange, de voir à quel point toutes les autres choses peuvent passer au second plan quand une telle nouvelle surgit. On dit toujours que les familles peuvent se déchirer, mais seront toujours unies dans les épreuves. Vitaly n’est pas mon demi-frère, aujourd’hui encore je ne parviens pas à le mettre dans cette case. Mais il est certain qu’il est ma famille. En un sens que je ne saurais décrire, et que je ne souhaite pas décrire. Se serait indigne de notre passé, indigne de toutes ces égratignures, toutes ses engueulades subies ensembles, de toutes ses réunions secrètes dans le grenier pour mettre en place de nouvelles escapades. Qu’est-ce que grand-père pouvait aimer nos récits et que l’on montre discrètement nos égratignures. Souvent, il disait qu’avec nos anecdotes on lui rapportait un peu d’enfance et que cela l’aidait à toujours être jeune, d’esprit du moins. Ouvert, brillant, exquis en société, drôle, sincère, et droit. Henri avait toujours été mon modèle. Je voulais être comme lui. Avoir ma liberté, tout en me pliant aux convenances nécessaires à mon rang. En faisant quelques extras parfois, car il y a des règles qui doivent être enfreintes disait-il. Toute cette nostalgie ne rendit la nouvelle de sa mort que plus vraie et mon malaise s’accrut au fil des souvenirs auxquels je pouvais penser. J’allais finir par ne plus être en mesure d’être en contrôle de mon faciès. « Tu peux m’indiquer où est la salle de bain, s’il te plaît. » Demandais-je à Vitaly, évitant son regard.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptyMer 9 Avr - 20:38

Hazel & Vitaly
La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abruti !



Tout était prêt, et pourtant il avait l'impression d'oublier quelque chose. Les mots d'Hazel le reconnectèrent au semblant de réalité dans lequel ils évoluaient depuis quelques minutes. Vitaly tourna la tête dans sa direction, et resta un instant bouche bée, en la voyant tout à coup si vulnérable. Lorsqu'il l'avait retrouvée, il n'avait eu qu'une vision d'ensemble de sa personne, ne retenant que sa force et sa maîtrise d'elle même. Et maintenant, c'était comme s'il découvrait seulement l'horrible chagrin qui traçait les traits de son visage. Il aurait aimé lui dire quelque chose, à ce moment là. Cependant, les mots restaient bloqués derrière ses lèvres, et il finit par baisser les yeux, pour ne pas affronter ce visage duquel la tristesse commençait à faire son domaine. Ils restèrent un instant ainsi, immobiles, perdus dans leurs souvenirs. Il ne doutait pas un instant du contenu de celles d'Hazel, certainement dirigées vers les souvenirs qu'elle avait avec son grand père. A de nombreuses reprises, Henri avait parlé de sa petite-fille à Vitaly. Le jeune homme se rappelait encore précisément de la première fois au cours de laquelle il lui avait parlé d'Hazel, seul à seul. Oh, c'était lorsqu'ils étaient encore jeunes, et n'avaient pas dépassé la dizaine d'années. La belle époque, certainement la plus heureuse qu'ils aient vécu au Manoir, selon Vitaly. Henri avait toujours eu pour habitude de passer quelques jours chez eux, lorsqu'il rentrait de ses voyages, emplissant leurs yeux d'étoiles lorsqu'il leur contait les merveilles qu'il y avait découvertes.

C'était une après midi de printemps, et ils étaient tous réunis dans le jardin, alors qu'Hazel suivait une leçon dans la véranda. Il la revoyait encore, avec ses longs cheveux bruns qui cascadaient sur sa robe, répéter les phrases en peaufinant son accent, à l'image du professeur qui lui apprenait la langue française. Henri avait ébouriffé les boucles brunes du garçon, celui ci lui souriant, essoufflé et les joues rougies par sa course dans le jardin. Vitaly avait adopté Henri dès la première rencontre, et cela avait surpris tout le monde autour de lui. Il fallait dire que l'homme avait su l'apprivoiser, et l'intriguer qui plus est. Emerett était venu s'installer à la table qu'ils avaient installée sous l'un des grands saules pleureurs, et avait déposé un baiser sur la tempe d'Eleanor, sous le regard bienveillant du grand père. Vitaly avait chuchoté quelques mots à l'oreille d'Henri, déclenchant son rire communicatif, et il s'était levé pour le suivre. Le garçon lui avait montré la facilité avec laquelle il escaladait les arbres, et avait même partagé une partie de cache cache avec lui. C'était le seul adulte susceptible de participer à ses frasques d'enfant sans le réprimander, de le laisser vivre en somme. Ils étaient revenus exactement pour la fin de la leçon de la petite fille, et celle ci avait rapidement compris à la terre recouvrant les vêtements de Vitaly qu'il n'était pas resté bien longtemps devant ses devoirs. Emerett avait vaguement réprimandé Vitaly quant à sa versatilité, et Eleanor était partie dans la direction du Manoir, certainement pour discuter avec le professeur de français. Vitaly quant à lui s'était installé sur une chaise de jardin aux côtés d'Henri, sans avoir manqué de charrier Hazel en lui lançant un « Mademoiselle la comtesse » dans un français portant un fond d'accent anglais. Le jeune garçon n'avait pas étudié cette langue contrairement à sa soeur par alliance, mais n'avait pas manqué de demander deux ou trois traductions à son professeur il y avait environ un an de cela. Depuis, à chaque fois qu'Hazel jouait les petites filles modèles, Vitaly s'arrêtait face à elle avec un air inspiré et une main sur le coeur, lui attribuant ces titres dans la moquerie la plus totale, rendant le tout bien plus pimpant encore dans la langue de Molière. Qui aime bien châtie bien. Et l'on pouvait dire sans se tromper que depuis cette dernière année, ils en étaient venus à s'apprécier réellement. Henri avait jeté un oeil à Hazel qui suivait les pas de sa mère, et s'était tourné vers Vitaly. « C'est bien que vous vous ayez l'un et l'autre. » Il avait prononcé cette phrase d'un ton un peu pensif, et Vitaly avait pensé qu'il la disait presque pour lui même.« Et bien, il faudrait peut être la prévenir que c'est une bonne chose alors ! Je ne suis pas sûr qu'elle soit au courant. » Vitaly avait rapidement porté son verre d'orangeade à ses lèvres, un air innocent profondément ancré sur le visage, bien que la malice transparaissait dans son regard, comme toujours. Henri n'avait pu s'empêcher de sourire, un peu tristement, et le garçon avait reposé son verre. En y repensant aujourd'hui, Vitaly comprit qu'Henri avait sûrement pensé à sa femme à ce moment là. « Elle le sait, au fond d'elle même. Il faudra toujours que vous soyez là l'un pour l'autre. » Vitaly avait hoché la tête frénétiquement, souhaitant juste voir Henri sourire à nouveau. Hazel les avait rejoint, d'abord en marchant, puis, jetant un coup d'oeil en arrière pour vérifier que personne ne la regardait, avait fini par s'élancer en courant pour arriver à leur niveau.

Aujourd'hui, ironiquement ses mots prenaient tout leur sens. Vitaly se leva alors que la jeune femme lui demandait de lui indiquer où était la salle de bain. « Oui, bien sûr, suis moi. » Il la rejoignit près de la porte, sachant pertinemment qu'elle n'avait sûrement pas envie qu'il la toise en attendant que les larmes coulent. Il parcourut les quelques mètres de couloir qui les séparaient de la salle de bain et lui indiqua la porte. « C'est là. » Et à nouveau, cette retenue qu'il ne s'expliquait pas. Il s'écarta pour qu'elle puisse y entrer, mais ne retourna pas dans sa chambre. Il resta un instant appuyé dans l'encadrement de la porte, l'observant, fit quelques pas dans le couloir et s'arrêta en plein milieu, levant les yeux au ciel et marmonnant silencieusement après lui même. Il ne voulait pas qu'elle pleure, car il n'aurait pas su quoi faire dans cette situation. Mais il avait aussi envie qu'elle puisse relâcher un peu la tension, quitte à ouvrir les vannes et à laisser les larmes couler sur ses joues. Il était là, immobile dans le couloir, tiraillé entre la furieuse envie de la rejoindre pour la serrer dans ses bras, et l'envie de faire comme si de rien n'était. Et les mots d'Henri continuaient à tournoyer dans sa mémoire.


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MessageSujet: Re: « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! » Ft. Vitaly « La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis ! »  Ft. Vitaly EmptySam 12 Avr - 22:13

La mort est un voyage. Celui qui a dit ça était un abrutis !.
Vitaly & Hazel


Soudainement, je sens ma carapace se craqueler. Je suis Vitaly la tête basse, toute curiosité pour son lieu de vie oubliée. Une seule chose émerge : mon besoin de contrôle, mon besoin de pudeur. L’envie de ne pas le laisser me voir totalement effondrée. Il est ironique que je ne souhaite pas avoir l’air faible en face de lui. Celui qui m’a vu dans mes pires bêtises. Dans des situations totalement incongrues qui me feraient rougir si il les racontait  à quiconque. Cependant, le temps a passé. Même si il a vécu éloigné des convenances ces dernières années, ce n’est pas mon cas. Constamment entrainée par des obligations diverses et variées, j’ai porté le nom de famille de ma mère à San Francisco en dépit de mon envie de le laisser derrière moi. Arrivant à l’université, j’avais bien essayé de prendre le nom de famille de mon père que jamais on ne m’avait laissé porter. Hélas, c’était sans compter la crise d’hystérie de ma mère. Et le fait que mon père continue de tout lui passer, en dépit du fait qu’ils ne soient plus ensemble depuis des années. Je lui en veux d’être parti, de s’être éloigné pendant trop longtemps. Je lui en veux toujours pour tout ça, mais sa liberté me rend jalouse. C’est probablement pour ça que je m’accroche aux rebords de l’évier en fermant les yeux, tout en entendant ses pas s’arrêter dans le couloir. Des années auparavant, j’aurais fait demi-tour sans aucune pudeur et l’aurait pris dans mes bras sans penser à rien d’autre qu’au réconfort qu’il aurait été en mesure de me donner. Je vois bien qu’il est différent depuis qu’il a compris que je n’étais pas là pour quelque chose d’anodin. Néanmoins, je ne peux rompre la distance entre nous. Parce qu’il pourrait m’abandonner de nouveau une fois cette épreuve passée. Et aujourd’hui, cette idée m’est insupportable. On ne peut perdre ce que l’on n’a pas.

Je soupire et ouvre les yeux. Mes joues me brulent, alors que des larmes silencieuses dévalent mes pommettes. Au comble du dépit en percutant mon reflet, je finis par rire de l’idiotie de la situation. Jamais je n’aurais dû me retrouver ici, si je n’avais pas été trop… Trop attachée à cet imbécile au milieu du couloir. Doucement, mon rire se mue en un sanglot que je tente d’étouffer en serrant les poings. Rien ne sert de pleurer Hazel, je me répète cela plusieurs fois mais mes joues sont toujours aussi humides. J’ignore combien de temps passe, et j’ai l’impression d’avoir encore des litres à pleurer. Toutefois, notre avion ne va pas nous attendre. Et en consultant ma montre, je sais qu’il faut que je me reprenne. Passant de l’eau fraiche sur mon visage, je suis gênée par mes joues rougies et me maudit de ne pas avoir pris mon fond de teint avec moi. Je me fais une raison, en me disant que même si j’ai tenté de ne pas faire de bruit, il m’a probablement entendue. Prenant une grande inspiration, et place mes cheveux plus près de mon visage qu’à l’accoutumée. Ma mère ferait une moue réprobatrice et me sommerait de les mettre en arrière. « On doit voir ton visage Hazel… » Dirait-elle sûrement. Penser à elle me serre le cœur, elle fait toujours froide et distance, et pourtant elle était effondrée tout à l’heure. Si elle n’est pas au top de sa forme, je devrais être notre vitrine. Je comprends bien trop vite, que ces larmes sont sans doute les seules que je pourrais me permettre avant un long moment. Et je me sens comme anesthésiée après avoir pleuré, puis je prends une grande inspiration et rejoins Vitaly. « Désolée de nous avoir fait perdre tant de temps. On… on devrait y aller. » Ma voix n’est pas aussi froide que je l’aurais souhaité, en même temps il serait ironique de jouer les dures après avoir pleuré.

Ne supportant pas de rester dans l’inaction, tant je suis gênée, je retrouve la pièce principale et prend mon fond de teint dans mon sac. J’entends du bruit, et déduis qu’il est en train de réunir ses dernières affaires pour que l’on s’en aille. Rapidement, je me recompose une allure à peu près correcte. Mes yeux sont toujours rouges, mais la couleur de mes joues est moins traitresse. Mordillant ma lèvre, je me fais l’effet d’une fille très superficielle. Finalement, je me rassure en me disant qu’il ne s’agit là que de pudeur. Hors de question que quelqu’un à l’extérieur se demande ce qui se passe dans ma vie pour que j’aie une telle figure. Ils blâmeraient sans doute Vitaly, ce qui pourrait donner des situations assez cocasses. Mais, aucun de nous d’eux n’est d’humeur à traiter avec des individus un peu trop curieux. Plus présentable, je peux à présent le regarder sans me sentir totalement honteuse. « Tu es prêt à y aller ? » Je lui demande simplement, ayant peur de marcher sur des œufs à n’importe quel moment. « Je ne veux pas te presser, c’est juste que… » Je soupire, et maudis ce maudit nœud qui entrave ma diction parfaite et me fait passer pour une pauvre petite chose. La vérité, c’est juste que je souhaite rentrer au plus vite chez moi. Car on rentre toujours à la maison quand tout va mal. Mon cœur moins serré que tout cet après-midi semble me hurler que je suis déjà à la maison. Une fois de plus, mon regard croise celui de Vitaly. Et je sais que mon ressentis n’est que vérité. La maison n’est pas un endroit, c’est juste, lui. Ma maison. Ce sentiment me désempare, et je reste comme une idiote à le regarder mes sacs dans les bras.



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