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Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt

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MessageSujet: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyVen 26 Juin - 20:12


Bradford & Wyatt



    Le centre humanitaire était ouvert aujourd’hui. Voilà deux semaines que Wyatt n’avait pas connu le plaisir de dormir dans un lit et de se laver autre qu’avec une bouteille d’eau. Ce n’était pas la première fois qu’il y mettait les pieds, et sûrement pas la dernière. L’une des responsables présentes ce jour-là connaissait bien Wyatt pour l’avoir vu à chaque fois. Elle l’accueillit à bras ouvert et lui laissa prendre un repas chaud ainsi qu’une bonne douche. C’était ces petites choses qui le mettaient de bonne humeur. Il se sentait bien mieux maintenant, et la femme, attentionnée telle une mère avec ses enfants, se proposa même pour lui couper les cheveux et tailler sa barbe. C’est vrai qu’il était dans un état pitoyable, mais que pouvait-il y faire ? Et maintenant présentable, il ne voulait pas abuser de la générosité de ces gens.  Il y avait passé la nuit et une bonne partie de la matinée, il était maintenant temps qu’il s’en aille et reprenne le cours de son quotidien, comme il savait si bien le faire.

    Il n’avait que des cigarettes pour se calmer, et il ne lui en restait plus qu’une qui plus est. En voyant l’unique, Wyatt lâcha un juron à voix basse et la cala entre ses lèvres. En fouillant dans ses poches, il trouva son briquet, et quelques pièces, mais pas de quoi regrouper ne serait-ce qu’un dollar. S’il y a bien quelque chose qui détestait par-dessus tout, c’était mendier. Il ne supportait devoir supplier les gens pour un peu de monnaie, la plupart le regardait de travers ou parfois l’ignorait totalement. Comment pouvait-il imaginer un avenir plus glorieux en voyant la façon dont les autres le traitaient ? Depuis le divorce de ses parents, de toute façon, Wyatt n’avait plus aucune raison de croire en l’humanité et le bien.

    Deux heures de plus tard, à force de marcher, Wyatt se retrouva devant le Riverwalk. Il y avait beaucoup trop de gens ici, mais il se fondait dans la masse maintenant qu’il était propre. Il avait recousu un trou de son jean comme il avait pu au centre ce matin, mais le résultat était grossier et pathétique. Il enfonça un peu plus son bonnet sur son crâne et se regarda dans le reflet d’une vitrine. Il avait beau être propre, ses yeux horriblement cernés de rouge et son teint pâle ne prouvaient qu’une chose : il était en manque. Et c’était le cas. Une semaine qu’il n’avait pas touché à l’héroïne. Il n’en trouvait plus, c’était trop cher, toutes ses économies y étaient passées. Alors forcément, il se retrouvait dans une impasse. Il passa une main sur son visage et sortit son paquet de cigarettes. Vide. Il avait oublié… Un juron lui échappa à nouveau et il balança le déchet dans une poubelle avant de regarder autour de lui. Il avait besoin de fumer. A chaque fois qu’il pensait à la drogue, il fallait qu’il fume, sinon il se sentait devenir fou. Son rythme cardiaque s’accélérait, ses mains devenaient moites.. Les passants étaient trop rapides, Wyatt n’avait même pas le temps d’en aborder un seul. Mais soudain, il vit un homme. On ne se fit pas vraiment à l’apparence de quelqu’un, mais il ne semblait pas plus désagréable qu’un autre. Alors, le sans abri s’approcha et marcha à sa hauteur. « Eh m’sieur, vous auriez pas une cigarette s’il vous plaît ? »

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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptySam 27 Juin - 11:09



Il est deux heures du matin lorsque je rentre chez moi, non sans grommeler dans ma barbe en pestant après ces foutus gamins de la rue que j'ai eu le malheur de vouloir séparer avant que l'irréparable ne soit commis juste à la sortie de mon bar. Je pousse la porte de la maison, et je tombe sur ma fille qui s'est endormie sur le canapé en voulant probablement m'attendre. Après avoir pris la peine d'éteindre le téléviseur et débarrassé la table basse, je la prends dans mes bras pour la porter jusqu'à sa chambre. Non pas qu'elle soit lourde, mais je grimace car elle appuie là où ce SDF enragé m'a mis un sévère coup au niveau des côtes. Une fois dans son lit, j'étends la couverture sur elle et je dépose un baiser sur son front. Elle sourit dans son sommeil. Je reste là quelques minutes, captivé par sa sérénité, puis je pars me coucher à mon tour. Ce n'est que le lendemain matin que mes ennuis commencent : je fais l'erreur de sortir torse nu de ma chambre et, à peine suis-je rentré dans le champ de vision de Hope, que je l'entends déjà élever une voix moralisatrice et inquiète en voyant l'hématome bleuâtre sur ma ceinture abdominale. "Non, j'me suis pas battu... Je me suis défendu." Non, visiblement, ça n'a pas l'air de prendre, vu le regard qu'elle me jette. Dommage. "Hier soir, un type était en train d'en tabasser un autre juste à la sortie du bar, tu penses bien que je n'allais pas laisser faire. Et le temps que les flics arrivent... C'est rien, t'en fais pas, j'ai rien de cassé. J'ai connu bien pire." Je pose mes yeux sur elle avec un air on ne peut plus sérieux alors qu'elle m'examine en bonne étudiante de médecine qui se respecte. Avec la vie que nous avons eu et les péripéties auxquelles nous avons été exposés, Hope saura parfaitement relier les points. J'évite de lui dire que ce type m'a menacé de mort, non pas pour éviter de l'inquiéter, mais plutôt parce que cette menace me passe clairement au-dessus du cigare. Ce n'était pas la première, et je doute que ce soit la dernière. Finalement, je coupe court à toute question supplémentaire en attrapant un t-shirt qui traine et en le passant. Nous déjeunons tranquillement, le temps de connaître les projets de chacun pour le weekend. Ainsi, après un interrogatoire en bonne et dûe forme sur le pseudo "camarade de classe" qui était censé venir réviser avec elle aujourd'hui, je décide d'aller me doucher et me préparer rapidement pour aller faire les courses. Ce matin, j'ai ouvert le frigo et j'ai failli pleurer de désespoir en le voyant quasiment vide. Même mon estomac a entonné le Requiem de Mozart à sa façon. Je passe ma vieille veste de moto en cuir, récemment retapée par un professionnel - non, hors de question de gaspiller de l'argent à en acheter une autre ! - et je prends les clés de la voiture avant de partir de la maison, direction le Riverwalk. Jour de promotions, autant en profiter. J'entre dans le hall central avec les galeries, puis j'arque un sourcil. Du monde. Partout. C'est bien la seule chose que je déteste en faisant les courses : se marcher les uns sur les autres. Dommage que je sois aussi juste ce mois-ci, sinon j'aurais fait mes courses au vieux marché du quartier française. J'entre dans la masse et j'adopte une démarche pondérée. Juste assez pour que les gens ralentissent et s'écartent sur mon passage. Il faut dire qu'avec ma carrure et l'air peu commode que je suis en train d'afficher, je suscite un peu plus de méfiance. Me bousculer serait malvenu. Tandis que j'observe la vitrine d'un magasin de téléphonie mobile, j'entends un type derrière me demander si je peux lui donner une cigarette. "Désolé, mec, j'fume que des cig..." Au moment où mes yeux le croisent enfin, je fronce les sourcils. En à peine une poignée de secondes, je vise ses mains, ses épaules et ses yeux. Mains moites, engoncées l'une dans l'autre. Épaules légèrement voûtées et crispées. Des yeux rougis et des pupilles dilatées. Ce type est clairement en manque, et je dirai à l'allure qu'il y a même un peu plus que ça. "Tu veux pas plutôt un patch ?" Non, ce n'est pas de l'humour, gamin, je dis ça seulement pour ta santé. Toutefois, en le regardant de plus près, je le reconnais immédiatement. Sérieusement ? Je regarde autour de nous et j'avance doucement vers lui. Dommage, il y a du monde autour. "Dis, tu m'suis depuis hier soir ? Tu penses sérieusement que tu vas me faire flipper, hein ?" J'attrape doucement le col de son manteau et je le rapproche de mon visage. À cet instant précis, même un champion de catch se ferait dessus en observant mon attitude d'ours sur le point d'attaquer. "Donne-moi une bonne raison de ne pas t'exploser le dentier et t'enfoncer la tête dans les toilettes du centre commercial, petit..." grognai-je, proche de son visage.
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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyDim 28 Juin - 0:02


Bradford & Wyatt


    L’avantage d’être dans une situation aussi critique que celle de Wyatt était le fait d’être totalement indépendant. Il pouvait faire tout ce dont il avait envie, aller où il voulait, quand il voulait. Rien ne le retenait, et il pouvait errer dans les rues jusqu’à ne plus en pouvoir. Le sans abris décidait rarement en avance où il se rendrait, il préférait laisser ça au hasard. La Nouvelle-Orléans n’avait plus de secret pour lui, il connaissait chaque recoin par cœur, mais il y avait toujours quelque chose à voir, des passants à observer, des évènements à admirer… Tout était susceptible d’être une source d’inspiration pour lui, et il pouvait l’exprimer à travers ses croquis. Avec les moyens du bord, ses dessins étaient maladroitement pliés et ranger dans la poche de sa veste. Il se procurait du matériel comme il pouvait, dépensait parfois le peu de dollars en sa possession pour des crayons et de nouvelles feuilles. Parfois, l’art prenait le dessus sur la drogue. Bien que le manque se faisait ressentir au quotidien, il essayait de passer outre et lutter contre les douleurs physiques et psychologiques que ça impliquait. Il perdait énormément d’appétit et ne cherchait plus à courir après des âmes charitables pour un morceau de pain. Il était malade, et avait des nausées au moins une fois par jour. Mais par contre, il crevait de soif. Un peu d’eau n’aurait pas été de refus, mais Wyatt ne se sentait pas de mendier pour ça aujourd’hui. Avec un peu de chance, il espérait trouver de quoi se désaltérer quelque part. Il ne fouillait jamais dans les poubelles, sa situation était déjà assez dégradante comme ça, mieux valait ne pas en rajouter. Parfois, il avait un peu de chance, on acceptait de lui donner un verre d’eau dans un bar, mais ça arrivait rarement. Aujourd’hui, peut-être que ce serait possible. En ayant fait ce petit effort sur l’hygiène, Wyatt était beaucoup plus présentable et ne serait pas susceptible d’effrayer toutes les personnes qu’il croisait. Et pourtant, il sentait qu’on le fuyait comme la peste. Son visage blafard et ses cernes ne mentaient pas. Dans ces moments-là, la pression de son crâne augmentait. Il n’y avait pas assez de place pour deux esprits, et sa tête menaçait d’exploser à tout instant. Il avait apprit à vivre avec cette douleur, mais une émotion de trop, et c’était le cataclysme. Il s’était promit de rester calme aujourd’hui, de ne pas s’emporter et de ne pas fuir au moindre regard agressif. Le sans-abri se déplaçait discrètement, tel un fantôme parmi les vivants. Pour l’instant, ça lui réussissait bien, il sentait à peine les yeux se poser sur lui. Mais dans un quartier comme celui-ci, il ne passait pas totalement inaperçu. Les rues étaient bondées, les passants allaient et venaient et des centaines de clients entraient et sortaient de la galerie marchande. Wyatt n’avait pas envie d’y entrer, il savait que si le personnel de sécurité était dans le coin, il se ferait jeter immédiatement à coups de pied au cul. Mieux valait ne pas tenter le Diable et rester calme, loin de tout ce qui lui était inaccessible. Cela étant, personne ne pouvait l’empêcher de rester devant. Il enviait toutes ces personnes qui ressortaient les bras chargés de sacs, le sourire aux lèvres. Lui aussi donnerait beaucoup pour dépenser son argent pour des conneries, rentrer chez lui et savourer ses nouvelles acquisitions, comme n’importe qui. C’était de la jalousie, mais après tout, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Les yeux rivés sur les vitrines, Wyatt se mordilla l’intérieur de la joue. Il savait qu’un jour, le destin serait clément avec lui, et il se plaisait à faire une liste de tout ce qu’il voudrait. Des nouveaux vêtements, une télévision, une super cuisine pour manger les plats les plus délicieux de sa vie. Toutes ces petites choses sont banales aux yeux de la plupart des habitants de la Nouvelle-Orléans, mais pour Wyatt, c’était comme songer à acquérir un trésor inimaginable. Ces rêveries ne l’empêchaient pas de penser à son paquet de cigarettes vide. Il fallait qu’il en trouve une, qu’il se détente un peu. C’est là qu’il vit cet homme, et s’approcha d’un pas hésitant pour lui demander. Il ne termina pas sa phrase, fronça les sourcils en dévisageant le sans-abri. Ce dernier se dit alors que c’était peine perdu, et s’apprêtait à faire demi-tour en s’excusant. Mais quelque chose le retenait là. Il avait l’impression d’avoir déjà vu ce visage, sans savoir exactement où. Probablement l’avait-il déjà croisé quelque part, et il l’avait marqué. Ce n’était pas difficile, ce type, avec sa carrure imposante et cet aura débordant de charisme aurait attiré l’attention de n’importe qui. Wyatt se sentait ridiculement petit face à lui. Soudain, il se sentit mal à l’aise, extrêmement mal même. L’homme regarda autour de lui et s’approcha. Ses paroles suivantes glacèrent le sang du junky. Ca y est, il avait peur. Il se crispa un peu et recula d’un pas, le regard tremblant, mais son interlocuteur l’attrapa par le col et le rapprocha. Les menaces qui suivirent le terrorisèrent, et il se mit à trembler. Il leva subitement les mains, comme pour s’assurer que l’homme face à lui les voyait bien, qu’il n’avait aucunement l’intention de faire quoi que ce soit. « Je… je… » Mais pourquoi avait-il l’impression de l’avoir déjà vu ? La pression de son crâne augmenta, la migraine devint insupportable. Il luttait contre une force imaginaire, quelque chose qui essayait de prendre le dessus. Comme si une petite voix lui disait : laisse-moi faire, je m’occupe de ça. Mais Wyatt, figé par la terreur, tenta de reculer alors que ses yeux s’embuèrent. « Je voulais pas vous déranger m’sieur désolé… lâchez moi s’il vous plaît, j’ai rien fait… » Il déglutit bruyamment, mais n’osait pas toucher son interlocuteur pour s’en écarter. Il avait perdu son entrain de jeunesse, cette assurance évidente où il aurait déjà envoyé un coup de boule depuis longtemps. Wyatt n’avait plus envie de se battre ou de menacer qui que ce soit, cette époque était révolue depuis qu’il avait été interné dans le Colorado. Il voulait retrouver le semblant d’humanité perdu après la trahison de sa famille. Le monde n’était pas responsable de son malheur, alors pourquoi s’acharner sur lui ? « S’il vous plaît m’sieur, vous me faites peur… je… » Sa gorge se noua, il n’arrivait plus à prononcer un mot. Sa voix avait tellement tremblé sur la fin qu’il fut prit d’une mauvaise sensation, son estomac se nouait, son cœur battait à une vitesse effrénée. Loin de lui l’envie de se faire casser la gueule par ce type.
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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyLun 29 Juin - 8:50



Son col de blouson en main, le poing serré et le regard haineux, je sens pulser dans mes tempes l'envie folle de passer ce jeune détraqué à travers la vitrine qui se trouve à côté de nous. Longtemps, et encore aujourd'hui, on m'a reproché ce caractère impulsif et brut de coffrage. Celui-là même qui ne laisse aucune autre alternative que celle de faire parler ses poings avant même que la langue ne vienne à claquer le moindre petit mot, aussi acerbe soit-il. La ride du lion qui plonge entre mes sourcils se dessine plus assidument à l'instant même où ses bras se lèvent. Pas de mouvement, petit. Cependant, malgré l'animal grondant à l'intérieur de mes muscles, je m'arrête sur l'attitude qu'il arbore. Ce n'est pas un comédien. Tout juste un type probablement esseulé et perdu qui agit par désœuvrement. Ces années passées à me méfier de tout et de tout le monde m'ont appris à discerner celles et ceux pouvant s'avérer être un danger récurrent, et ceux qui ne se mettent en travers de la route d'autrui que pour des raisons creuses. Peur ? Je te fais peur ? Ma tête s'incline légèrement sur le côté, comme un tigre s'apprêtant à jouer avec sa proie. Si je t'effraie, c'est bien suffisant. Je le lâche d'un geste sec, sans prêter la moindre attention à un couple de passants qui nous dévisagent un instant avec curiosité et inquiétude. Non, il n'y aura pas de baston à l'intérieur de cette galerie marchande. Je soulève vaguement un pan de mon t-shirt et révèle un hématome bleui au niveau de mes abdominaux. "Et ça ? Tu m'dis encore que t'as "rien fait" et j'te fous à l'hosto pour y manger liquide pendant trois semaines, pigé ?" Question purement rhétorique en guise d'avertissement. Je rabats mon vêtement et me redresse un peu, histoire de lui montrer que je me détends. Quelques secondes suffisent pour que je l'observe avec un peu plus de précaution. Si on outrepasse ses tremblements de panique, il a tout de l'attitude d'un drogué en manque. Je me penche dans mon caddie et je lui tends une petite bouteille d'eau, avec un signe de tête. "Prends. Allez, j'vais pas faire le planton pendant trois heures non plus." Je lui laisse la bouteille en main et j'attends qu'il en boive ne serait-ce qu'une gorgée. Même plus jeune, je n'ai jamais touché à la drogue, mais j'en connais les effets dévastateurs. A une époque, j'aurais foncé dans le tas pour lui infliger la correction de sa vie… néanmoins, on peut être un colosse sans pour autant être une brute totalement sans cervelle. Le simple fait de le mettre en garde devrait suffire à calmer ses ardeurs, alors quel serait l'intérêt de nous abîmer dans une vengeance inutile ? Personne n'a quoique ce soit à prouver, encore moins dans un lieu public. "T'as l'air moins fringant qu'hier soir." Était-il alors sous l'emprise de stupéfiants ou de l'alcool, pour qu'il n'ait visiblement pas l'air de se souvenir de quoique ce soit ? "J'irai pas porter plainte, si c'est ce qui te fait peur." Question de fierté. Et de protection, je n'aime pas faire parler de moi. Hope et moi avons enfin réussi à démarrer une nouvelle vie dans cette ville, elle ne me pardonnerait pas le fait de devoir plier bagages à nouveau pour nous enfuir loin d'ici. L'heure tourne, mais j'ai quelques instants à perdre de toutes manières, alors autant essayer de régler cette histoire pour de bon. "Tu vis dans la rue, c'est ça ?" Il a l'air d'être moins sale qu'il ne l'était dans cette ruelle mal éclairée la nuit dernière, mais certains signes ne trompent pas. Je croise les bras sur ma poitrine, attendant une réponse. Rien dans mon attitude ne supposait que je me payais sa tête ou que j'étais honteusement méprisant à son égard. Ne pas être commode est une seconde nature, chez moi, mais je ne détourne pas non plus mon regard de celles et ceux qui sont dans le besoin. Cela étant, il serait tout à fait compréhensible qu'il préfère s'enfuir, auquel cas je ne le retiendrai pas non plus.
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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyMar 30 Juin - 11:16


Bradford & Wyatt


    Wyatt était destiné à s’attirer des ennuis à longueur de temps, et souvent sans savoir pourquoi. Il ne connaissait pas cet homme, il ne se souvenait pas l’avoir vu ne serait-ce qu’une fois et pourtant, il semblait évident que leurs chemins s’étaient déjà croisés. Le sans-abri ne montra aucune forme de résistance et laissa son aîné l’attraper par le col et le menacer. Il était mort de trouille, il tremblait et ne pouvait pas prononcer une phrase correcte sans bégayer. La migraine qui s’était emparé de lui grandissait à mesure que les secondes défilaient. Son crâne était sur le point d’éclater en morceau, comme si des centaines de marteaux tapaient en même temps. Son endurance était mise à rude épreuve, et en vue de la situation actuelle, Wyatt était persuadé de ne pas tenir le coup. Il sentit une boule remonter le long de sa gorge, son estomac se nouer et bientôt, il fut prit d’une mauvaise sensation de nausée. Il ne fallait pas qu’il vomisse, pas maintenant en tout cas ou son interlocuteur serait plus en colère qu’il ne l’était déjà. Et comme si ses supplications intérieures avaient été entendues, l’homme le lâcha. Le sans abri vacilla légèrement en arrière puis resta pétrifié. Il ne pouvait pas bouger, alors qu’il n’avait qu’une envie, c’était de partir en courant. Il baissa vite la tête pour ne plus avoir à croiser le regard de son aîné, et croisa ses bras sur son ventre, le dos courbé, les lèvres pincées. Dans un coin de son champ de vision, Wyatt vit l’homme lever son tee-shirt et montrer un hématome au niveau de ses abdominaux. Le drogué en manqua regarda attentivement la blessure sans prononcer un mot, et baissa de nouveau la tête. Il y eu comme une étincelle dans son esprit, un flash de la soirée de la veille. C’est toi qui as fais ça… ? Pourquoi, pourquoi tu l’as frappé ?! Il s’est mêlé de ce qui ne le regarde pas, je n’allais pas le laisser faire. Il voulait te faire du mal Wyatt… Et personne n’a le droit de te faire du mal… Wyatt tira légèrement sur son bonnet et se mit à regarder autour de lui. La situation était très embarrassante, et il était décontenancé à l’idée que Ryan avait encore fait des siennes. Il ne lui attirait que des ennuis sans se soucier des conséquences. Mais le sans-abri n’en parlait pas, sinon, comme d’habitude, il serait considéré comme un aliéné. Il avait déjà beaucoup donné dans le passé à cause de ça, et il ne voulait pas que ça continue. L’homme lui tendit une bouteille d’eau, que Wyatt observa quelques secondes, méfiant. Mais il ne se permettrait pas de refuser, surtout pas après la trouille qu’il venait de lui infliger. Il prit la bouteille en le remerciant maladroitement, et retira le bouchon. C’est vrai qu’il crevait de soif… Il prit une petite gorgée, mais suffisante pour que sa gorge s’adoucisse et qu’il se sente un peu mieux. Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Il entendit à peine son interlocuteur lui dire qu’il ne porterait pas plainte, mais Ryan, lui, avait très bien entendu. T’as raison mon pote, et t’as pas intérêt parce que sinon, je te retrouve et je t’étripe, toi et toute ta famille. Tu t’en prends à la mauvaise personne, et je peux t’assurer que… « Chut, la ferme, tais toi maintenant. » marmonna Wyatt à lui-même, tête baissée. Il posa une main sur sa tempe et y effectua une légère pression, comme s’il était persuadé que cette voix s’en irait de cette façon. L’homme lui posa une autre question. Le malade leva les yeux vers lui, et hocha légèrement la tête. « Oui m’sieur, mais parfois je dors dans un foyer. » Il s’en fout, tout ce qu’il veut c’est se payer ta tête, tu n’as toujours pas compris espèce de crétin ? Regarde le avec son air suffisant. S’il en avait l’occasion, il t’aurait craché dessus depuis longtemps. « Mais ferme la putain, ferme la… » marmonna à nouveau Wyatt en se crispant légèrement. Il serra les dents. Il parlait trop fort, en tout cas suffisamment pour que son aîné l’entende. Il releva la tête vers ce dernier, et se pinça les lèvres. « Désolé… » Il sentit quelque chose lui chatouiller la lèvre supérieure, quelque chose de chaud glissait le long de sa peau. Il porta une main à son visage et toucha du bout du doigt. Du sang. Il saignait du nez. « Merde. » Il plaqua une main sur son nez, honteux. La migraine devenait insupportable. Comment ne pas devenir fou dans une situation pareille ?

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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyJeu 2 Juil - 17:05



Pendant longtemps, j'admets avoir été ce type de personne à croiser la misère humaine sans jamais lever le petit doigt pour changer les choses. Pourquoi ? Parce que je l'ai côtoyée de très près lors de mes premières années en Inde. Étranger en cavale, sans aucune ressource, et avec une fille âgée d'à peine deux ans sous le bras, il semble évident qu'on ne se bousculera pas au portillon pour venir aider d'une quelconque manière. Si j'ai pu nous éviter in extremis quelques bidonvilles, il n'en reste pas moins que la précarité a été une amie de longue date durant notre cavale. Je m'étonne ainsi, mais sans non plus une surprise hors du commun, qu'un pays comme les États-Unis préfère laisser croupir des malfrats dérangés dans le fond de ruelles coupe-gorges à une époque comme celle-ci. L'acte violent d'hier soir semblerait être un acte plus désespéré qu'autre chose, du moins c'est ainsi que je me plaît à l'interpréter… "Un foyer, hein ?" répétai-je sans trop savoir pourquoi, le visage muré dans une attitude à la fois fermée et sévère. Envers lui ? Pas totalement. Je suis en pleine réflexion intérieure, et ça se traduit par un air relativement peu commode, il faut bien le dire. J'allais ouvrir la bouche pour ajouter quelque chose, mais son intervention m'arrêta en plein élan. "J'te demande pardon ?" J'arque un sourcil, la tête à nouveau penchée sur le côté, comme un ours prêt à passer à l'attaque. Me la fermer ? Ok, il se fout définitivement de ma gueule. Afin de lui épargner le soin de ramper jusqu'au premier hôpital de la ville parce que mon poing aura fait sa loi avant que je ne le mette en garde, j'allais tout bonnement reprendre mon caddie et repartir en direction du parking. C'est le problème d'être un sanguin dans l'âme, malgré une fille qui fait tout pour vous tempérer, et des moines tibétains qui ont longtemps discipliné ma vie de paria. Toutefois, il s'excuse à demi-mot, malgré un regard fuyant. Embarrassé. C'est étrange, il donnait l'impression de s'excuser, mais pas pour lui : pour quelqu'un d'autre. On est tous seuls, pourtant, si on fait abstraction de la foule d'inconnus qui circulent autour de nous. Qu'est-ce que ça veut dire ? "Euh, tu…" … saignes du nez. Pas besoin de finir ma phrase, il s'en rend compte tout seul. Si je ne suis pas quelqu'un qui marche à la pitié, je dois pourtant reconnaître que celui-là me fait de la peine. A vue de nez, il n'a pas tellement l'air d'un mauvais type, mais plutôt d'un jeune homme bien à qui il est arrivé de mauvaises choses. Nuance. "Tiens. Et ne mets pas la tête en bas, ça sert à rien." Je prends un paquet de mouchoirs que j'ai acheté puis je lui donne pour qu'il s'essuie et bloque le saignement. D'un coup d'œil, j'observe que depuis tout à l'heure, il se masse les tempes de façon insistante, comme pour faire passer une migraine. Ça ne sert à rien de lui dire d'aller consulter : avec quel argent ? Puis sincèrement, les médecins… Je ne devrais pas dire ça, étant donné que ma fille est en fac de médecine, mais c'est une branche tout à fait spécifique, donc je peux me permettre. "Assieds-toi, ça t'évitera d'avoir des vertiges en prime." Je pousse mon caddie et lui montre le banc de la galerie d'un signe de tête. "Ecoute, j'veux pas passer pour le type qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, mais t'as une tête à faire peur. Et à ça, t'ajoutes que j'ai pas franchement envie d'avoir à gérer moi-même les rôdeurs autour de mon bar le soir." Je le fixe avec un air détaché, le poing légèrement fermé. A bon entendeur. Les flics, ce sera sans moi… les problèmes, je sais les régler tout seul. Et sans témoin, bonhomme. "Alors au lieu de te sortir un discours moralisateur, j'peux te proposer un truc. J'imagine que t'as pas de boulot ?" Question rhétorique, même si je voulais m'en assurer au préalable. "Il se trouve que j'ai un poste de serveur à mi-temps qui s'est libéré il y a quelques semaines, et je n'ai pas encore mis qui que ce soit dessus. Il s'agirait de servir les clients aux tables pendant que je m'occupe du bar et de filer un coup de main en cuisine pour la plonge de temps en temps." Je pose mes mains sur mes hanches, avec un air à la fois sérieux et un tantinet plus détendu. "Ca t'intéresserait ? Et me demande pas pourquoi je fais ça." Je la vois venir gros comme une maison, la fameuse question, et je préfèrerai éviter de m'épancher là-dessus. La sentimentalité, non merci.
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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptySam 4 Juil - 23:54


Bradford & Wyatt


    La situation devenait incontrôlable, et non sans dire que Wyatt était mort de trouille. Il ne voulait pas qu’une chose pareille se produise devant ce type, pas une deuxième fois en tout cas. Maintenant qu’il le voyait plus clairement et sans avoir quelques grammes d’alcool dans le sang, il était assez impressionnant pour ne pas avoir envie de lui chercher la petite bête. Le sans-abri se voyait mal essayer de fuir avec ce gorille à ses trousses. Il en voulait énormément à Ryan pour les ennuis qu’il avait faillit lui attirer. Si ce type n’avait pas gardé son sang-froid, Wyatt serait sûrement déjà en miettes à l’heure qu’il est. Au lieu de ça, il se montrait plutôt compatissant, bien que son visage de marbre ne laissait paraître aucune émotion particulière. Lorsque le sans abri se mit à saigner du nez, il lui donna même un mouchoir. Le garçon l’accepta sans broncher, en marmonnant un remerciement avant de coller le tissu contre son nez pour stopper le saignement. L’homme lui conseilla ensuite de s’asseoir, chose que Wyatt fit sans attendre. La migraine grimpait à mesure des secondes, il ne tarderait plus à perdre l’équilibre. Une fois posé sur le banc, le junkie souffla un grand coup et ferma les yeux en gardant le mouchoir contre son nez. Il sentait ses pulsions cardiaque contre ses temps, son cerveau se compressait contre les parois de sa boîte crânienne… La douleur était atroce, mais il y était tellement habitué qu’il n’en était pas à se tordre et à gémir comme une bête à l’agonie. Il avait aussi apprit à ne pas s’apitoyer sur son propre sort avec le temps, à accepter le destin comme il lui tombait dessus. Cependant, Wyatt s’était toujours posé la même question : est-ce qu’il le méritait ? Tout avait commencé avec le divorce de ses parents. Peut-être que s’il n’avait pas défendu sa mère ce soir-là, il ne se serait pas retrouver dans une telle situation. Plus de dix ans sans nouvelles de ses proches, pas même une lettre, ou une visite à l’hôpital, strictement rien. Wyatt n’estimait plus avoir aucune famille, et la solitude était ancré en lui avec tellement de force qu’il en avait fait son atout contre le monde. Qui était assez bon pour se préoccuper d’un misérable comme lui après tout ? Manifestement, cet homme l’était suffisamment pour rester là, et la suite de ses propos laissa le sans-abri sans voix. Il leva des yeux timides vers son interlocuteur, et fronça même les sourcils, pas vraiment sûr de comprendre. Il lui proposait un emploi ? Il y avait bien longtemps que Wyatt n’avait pas sentit une telle montée d’adrénaline en lui, et un sentiment semblable à la joie s’ancra dans son esprit, en conflit extrême avec la rage de Ryan. Tu ne vas pas dire oui j’espère ? Qu’il aille se faire foutre avec sa charité, on n’a besoin de personne. Dégage de là tant qu’il est encore temps. Laisse moi tranquille, ce n’est pas à toi de me dire ce que je dois faire.
    Comme un enfant, Wyatt se mit à hocher frénétiquement la tête en ne quittant pas son interlocuteur des yeux. Il ne le remercierait pas maintenant, car rien n’était fait. C’était une proposition, mais qui a dit que le garçon avait les épaules pour se responsabiliser et maîtriser les pulsions démoniaques de Ryan ? Il avait toute la conviction du monde, et il se disait qu’il ne perdrait rien en tentant le coup. « M’sieur c’est… je donnerais n’importe quoi pour avoir un boulot, vraiment… » Il retira doucement le mouchoir de son nez. Le saignement s’était stoppé, rien de bien méchant. Il essuya rapidement le reste de sang sur sa lèvre supérieure, puis se leva doucement du banc pour faire face à son aîné. « Ça me ferait vraiment plaisir de travailler pour vous. » Il était sincère, et même sans vraiment connaître cet homme, juste cette facette impassible et imposante, il se doutait qu’il ne risquait rien avec lui tant qu’il n’essayait pas d’attenter à sa sérénité. Ryan bouillonnait de rage, un hurlement strident résonnait en Wyatt, quelque chose d’horrible qu’il essaya d’ignorer de son mieux. Et comme pour provoquer davantage cette colère, il reprit la parole, sans se rendre compte de l’énorme connerie qu’il venait de faire. « Et je tiens à m’excuser pour… la dernière fois. Il ne savait pas ce qu’il faisait, il est toujours comme ça quand il est en colère. » Il haussa innocemment les épaules avant de chiffonner le mouchoir et d’aller vers la poubelle pour le jeter. C’est là que la voix se fit plus forte, lui faisant presque perdre l’équilibre. ESPÈCE D’IDIOT ! TAIS TOI MAINTENANT ! TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU VIENS DE FAIRE ?! Il porta une main à son front et manqua de tomber en arrière. Il se pencha en avant et prit appui sur ses genoux.
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MessageSujet: Re: Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt Don't be afraid, it's just a monster ▬ Bradford & Wyatt EmptyLun 6 Juil - 18:11



Qu'il s'agisse de l'Inde, de la Russie, du Pakistan, ou de toutes ces contrées étrangères que j'ai pu voir de mes propres yeux, la misère a été la première chose à laquelle j'ai été confronté. Lutter pour s'en sortir, je connais, à plus forte raison lorsqu'on souhaite l'épargner à sa propre chair. Cependant, pourquoi agir au point de m'engager personnellement alors que je n'étais pas non plus la première personne vers qui se tourner pour s'insérer à la Nouvelle-Orléans ? Parce qu'à une époque, j'étais l'homme à abattre. Parce qu'un village où seul le troc avait cours m'a accueilli et m'a offert le minimum pour vivre, ainsi qu'à ma fille alors âgée de quelques semaines seulement. Parce que ces gens ont été sacrifiés par mes ennemis pour avoir eu l'audace de m'aider, de s'être soulevés pour me défendre… Qui est ce type ? Je ne connais encore rien de son histoire, mais il m'a donné l'impression d'être un outsider qui n'a pas forcément demandé à être dans cette situation. Si je peux rendre la pareille pour faire bonne mesure, alors il n'y a pas à hésiter. Dans le regard de ce garçon, je perçois une lueur qui n'a absolument rien à voir avec celle que j'ai pu lire chez d'anciens postulants à ce job. J'ai conscience que serveur à mi-temps n'a rien d'un job de rêve, mais je préfère le donner à quelqu'un qui en aura réellement besoin, qui mesurera sa chance d'avoir au moins un minimum pour vivre. Ses paroles me font sourire, mais de façon très subtile seulement. Cette réaction est celle que j'attendais. Il n'est pas un SDF qui se plaint de sa condition, mais qui préfère se battre pour sortir de sa situation au lieu d'attendre qu'on le prenne entièrement en charge. Je garde les bras croisés pour le moment, mais je trouve déjà rassurant qu'il cesse de saigner du nez. "C'est l'esprit que j'attends chez les gens qui bossent dans ce bar." Nous ne sommes pas nombreux, mais je veux qu'il y ait une bonne entente entre tout le monde, que personne ne se sente lésé. C'est en s'apercevant qu'il fait partie de la maison que ce jeune homme saura retrouver un peu de cette confiance qui doit lui faire défaut, de ce que j'ai vu hier soir. Cet acte de désoeuvrement ne peut pas le conduire bien loin, si ce n'est en prison. "J'te prends à l'essai, pour le moment. Mais si tu te débrouilles bien, t'es engagé pour de bon." Je me dis que si un temps plein venait à se libérer pour une raison ou pour une autre, et qu'il bosse de façon impeccable, alors il pourrait améliorer encore davantage sa situation, mais nous n'en sommes pas là. "Quoiqu'il arrive, que tu sois pris ou pas, ta période d'essai te sera payée, t'en fais pas pour ça. C'est huit dollars de l'heure, avec 50% de plus le week-end et les jours fériés." Certes, ce n'est pas non plus le jackpot, mais j'imagine que ce sera toujours mieux que rien. J'allais lui serrer la main, mais les paroles qu'il prononça me firent froncer les sourcils. "Comment ça, "il" ?" demandai-je, tandis qu'il me tournait le dos pour mettre le mouchoir à la poubelle. A moins qu'il ne parle de lui à la troisième personne, mais ce serait plutôt étonnant. Le voyant chanceler, je pose une main sur son dos, mais je suis dubitatif. "Dis donc, j'sais pas ce que tu prends pour te défoncer, mais si j'te paie, c'est pas pour acheter ta merde." Non, ça n'a rien d'un conseil, c'est même plutôt un avertissement. Bien que je préfère donner sa chance à quelqu'un comme lui, je n'en suis pas moins exigeant sur la tenue à observer pendant et hors du service. Si je m'aperçois que la paie que je lui donne n'est bonne qu'à le conforter dans ses mauvaises habitudes, alors je n'aurais aucun remord à le mettre à la porte. "Bon, euh… c'est déjà bien de t'excuser." Restons positif. Mais ne me demandez pas de faire trop de compliments ou d'être rassurant… même avec ma fille, je rame. "C'est qui, ce "il", dont tu parlais ? Parce que, j'veux pas remuer le couteau dans la plaie, mais il te ressemblait quand même beaucoup…" ironisai-je en arquant un sourcil. "En attendant, tu veux pas un cachet pour le mal de crâne ? Ça a l'air de te miner depuis tout à l'heure."
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Wren Rosenbach
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