Encore une énième conférence à la Nouvelle Orléans. Une conférence sur les tétraplégiques et l’espoir qu’il puisse remarcher un jour grâce à la science, leur volonté et à celles des médecins. Si le progrès est motivant, les médecins travaillant sur cette cause en ont encore pour des années avant de voir le moindre essai concluant. Pour le moment tout cela n’est qu’utopie et il faudra encore des années de recherches et probablement des centaines d’autres conférences avant que l’on puisse crier hallelujah. Est-ce vraiment pour déplaire au Docteur Carmichael ? Certainement pas, la Nouvelle Orléans n’est qu’à cinq heures de vol de San Francisco, il loge ensuite dans les meilleurs hôtels et dine dans les meilleurs restaurants. Oliver adore ses voyages d’affaires et encore plus depuis six mois. Depuis le jour où il a rencontré son intrépide blonde, Calista. C’est le péché défendu, le fruit auquel il ne fallait pas gouter. Une tromperie d’un soir c’est déjà impardonnable mais alors avoir une amante régulière c’est inadmissible. Parfois Oliver se le dit, qu’il devrait cesser leur liaison, y mettre un terme et ne plus jamais revoir la jeune femme. Est-ce bien sa faute si le destin l’ait mise devant son chemin ? Oliver n’écoute absolument pas la fin de la conférence, il songe déjà au plaisir qu’il prendra ce soir. Il imagine la tenue que portera Calista, oh pourvu qu’elle porte une robe mais pas trop décolleté, parce que la vérité c’est qu’il meurt de faim et que si Calista est trop en beauté il se devra de sauter le diner et de l’emmener directement dans la chambre d’hôtel cinq étoiles (quel romantisme). Il mord le bout de son crayon avec lequel il est censé prendre des notes, pourvu que cette foutue conférence se termine rapidement. Son cellulaire vibre, il le sort discrètement de sa poche. Il s’attendait à recevoir un message de Cali, au lieu de cela il en reçoit un d’Ophélia, celui-ci est accompagné d’une photo d’elle et de son chat avec en sous-titre « tu nous manques, rentre vite ». Voilà comment de passer de l’état d’euphorique à coupable. Elle est si jolie dans sa robe fleurie, si innocente. Il ne la mérite tellement pas. Il ne mérite aucune des deux jeunes femmes. Des applaudissements retentissent, cela marque la fin du séminaire. Tout le monde se lève. Oliver n’est plus vraiment pressé de rejoindre sa belle blonde. Il passe à la salle d’eau se rafraichir avant de la rejoindre. Il l’imagine entrain d’attendre patiemment son arrivée. Quel goujat. Il envoie un texto à Ophelia en lui disant qu’il sera bientôt de retour et qu’elle lui manque aussi. Ce n’est pas totalement un mensonge si on met de côté le fait qu’il avait oublié son existence avant qu’il ne reçoive un message de sa part. Il devrait décommander avec Calista, il devrait changer de numéro et ne plus jamais la revoir, si Ophélia apprenait ce qu’il se passe, cela l’anéantirait. Mais Calista mérite au moins une explication, elle mérite de savoir que durant ces six derniers mois, elle a une liaison avec un connard qui est fiancé. Il se regarde dans la glace, il se demande vraiment comment il en est arrivé à une situation pareille. Et s’il préférait Calista ? Mais non c’est stupide il aime Ophelia, Calista c’est juste du sexe. N’est-ce pas ? Il sort de la salle d’eau en vitesse. Il se sent confus. Il doit retourner à sa chambre d’hôtel, il doit trouver une excuse pour ne sortir ce soir et il doit prendre le premier avion en direction de San Francisco. Ce petit jeu malsain doit prendre fin ce soir. Il n’a pas fait deux cents mètres qu’il aperçoit celle qu’il doit à tout prix éviter. Il est trop tard pour fuir, elle l’a déjà repéré. Elle le rejoint rapidement et il ne peut s’empêcher de remarquer son sourire. Elle a l’air tellement heureuse de le voir. Perturbé, il l’embrasse gauchement sur la joue avant d’essayer de lui rendre son sourire. Son sourire est crispé mais Calista semble trop rêveuse pour s’apercevoir du malaise. « Je .. oui, d’accord ! » Elle ne le laisse pas réellement parler et c’est peut-être mieux ainsi. Il ne sait pas dans quoi elle l’embarque ce soir, il se contente de la suivre dans le taxi qui les mène vers ce restaurant de rêve. Calista a approché sa main près de la sienne, elle attend très certainement un geste d’affection envers elle, il détourne les yeux vers la fenêtre et fait mine de ne pas s’en être aperçu. La lâcheté probablement. Très vite, ils arrivent devant le restaurant. La jeune femme n’a pas menti, celui-ci est superbe. Il leur réserve une excellente soirée, du moins cela aurait été le cas si Oliver n’avait pas en tête de tout lui dévoiler ce soir. Il lui dit qu’il est fiancé et puis il lui dit que c’est terminé et c’est ainsi que tout s’achève. C’est du moins ce qu’il planifie pour ce soir. Calista attrape sa main et ses pensées se brouillent. Il n’a absolument pas envie que cela s’arrête. Il ne veut jamais que ça s’arrête. On leur indique leur table réservée et ils s’y installent, Oliver tire la chaise pour sa copine. Il n’oublie jamais les bonnes manières et sa galanterie. S’il faut que ce soit la dernière fois qu’ils se voient ce soir, autant essayer de lui laisser un bon souvenir. Parce que c’est vrai qu’une fois qu’il lui aura fait part qu’il a déjà une fiancée, ce qui l’aura marqué ce soir c’est le fait qu’il l’ait aidé à s’assoir bien entendu ! « Alors quoi de neuf depuis la dernière fois ? » Il attrape son verre d’eau et le boit d’un trait, tant il se rend compte de la stupidité de sa question. Et puis qu’attend le serveur pour leur apporter la bouteille de vin qu’il vient de commander ? « Quel endroit … Somptueux. » Ajoute-t-il alors qu’il n’a même pas pris la peine de contempler ne serait-ce que cinq secondes l’endroit. Et voilà que désormais son portable vibre et il sait que c’est probablement Ophélia et il le laisse vibrer. « Je ne vais pas répondre, on passe la soirée ensemble, çà serait mal venu de ne pas te donner toute l’attention. » Mais ce qui est surtout mal venu c’est de songer encore et encore à la manière de rompre, tout cela en plein milieu d’un restaurant dès plus chic.

Il est confus ce soir. Il a attendu cette soirée durant des semaines, depuis leur dernier au revoir dans cette même ville, il a attendu patiemment l’annonce d’une nouvelle conférence et lorsque enfin il a reçu sa convocation, il appelé Calista pour lui annoncer qu’ils se retrouveraient d’ici quelques temps. Il se rappelle de l’excitation de la jeune femme à l’autre bout du fil après l’annonce de cette bonne nouvelle et il se rappelle du sourire qu’il avait plaqué sur son visage alors qu’il accueillait le patient suivant. Il se souvient également que le vieil homme qu’il devait soulager de son mal de dos lui avait que ce sourire cela ne pouvait être autre chose que l’amour et alors que Oliver s’était posé la question, le patient avait enchainé sur le fait qu’il était chanceux d’avoir une femme comme Ophelia dans sa vie. Alors son sourire avait disparu et il était revenu sur terre. Non ce n’était pas de l’amour, c’était du sexe. Rien de plus, juste un plan cul. Une histoire d’un soir qui s’éternisait un peu. Un truc sans importance qui ferait beaucoup de mal si cela venait à se savoir. C’était comme çà à chaque fois, il était heureux jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il avait quelqu’un d’autre dans sa vie, quelqu’un qui comptait beaucoup pour lui et qui était amoureuse de lui. Il avait l’impression d’être un adolescent qui cachait son amourette à ses parents sauf qu’il avait 10 ans de trop pour en être un et que c’était sa fiancée à qui il cachait la vérité. Ce soir c’était la même chose il était heureux de la retrouver jusqu’à ce que Ophelia se manifeste et qu’il se souvienne que ce qu’il faisait était mal. Il avait songé à tout arrêter ce soir mais maintenant que Calista était en face de lui et qu’elle souriait de son sourire innocent il se disait qu’il n’aurait ni le cœur ni l’envie de le faire. Et puis de toute façon le mal était déjà, il ne pourrait pas revenir dans le passé et ne jamais succomber au charme de la belle blonde, il avait trompé sa fiancée et le nombre de fois importait peu. Calista lui parlait de son travail et il se souvint de l’incroyable femme qu’elle était. Il ne devait pas être chose aidé de travailler avec des joueurs de footballs américains, la plupart d’entre eux étaient machistes et avaient l’habitude que leurs supérieurs soient masculins. Il la voyait cependant très bien savoir s’imposer et il valait mieux l’avoir de son côté que contre soi, il en était certain. « Et si l’on te proposait un poste pour une autre équipe, disons les San Francisco 49ers ? » Il impliquait bien entendu, qu’elle déménage dans la ville où se trouvait l’équipe, donc dans la même que la sienne. Il ne savait pas trop pourquoi il avait posé la question, cela semblait stupide. Cela ressemblait presque à une demande de devenir un peu plus officiel. C’est juste qu’il aimait être avec elle et il n’aurait pas été contre passer plus de temps avec la jeune femme. Mais là encore c’était stupide de sa place, avoir son amante dans la même ville que sa fiancée, quelle bien bonne idée ! Encore plus mauvaise puisque Calista ignorait tout de sa situation amoureuse. Vraiment il se sentait stupide d’avoir posé la question et fut ravie que la jeune femme enchaine avec une question. « Disons que la conférence était longue et qu’on pensait qu’il y aurait plus de progrès par rapport à la dernière fois. Les recherches vont être encore longues. » Ce qui signifiait également qu’il y aurait encore plusieurs conférences dans la ville était donné que la plupart des scientifiques travaillant sur la maladie se trouvaient dans la région. Certaines conférences se passaient également à San Francisco, Calista pourrait facilement y assister en tant que son plus un, mais inviter son amante dans sa vie était bien trop dangereux et Ophelia souhaiterait probablement l’accompagner à ses meetings. Il aurait aimé faire découvrir sa ville à la jeune femme mais c’était tout bonnement impossible. Et puis son téléphone sonna. Et il savait qui l’appelait sans même avoir à regarder l’écran de son iphone. Il aurait peut-être dû lui répondre, pour s’assurer que ce n’était pas grave, qu’elle allait bien oui mais si elle lui demandait où il se trouvait, il devrait lui mentir alors Calista se demanderait sûrement pourquoi il omettait la vérité, tout cela serait trop compliqué, il ne pouvait pas pour le moment. « Ce n’est probablement pas important, je rappellerai plus tard, en sortant du restaurant. » Il rejeta l’appel et se détendit légèrement, quitte à se sentir coupable autant l’être en passant une bonne soirée. Il attrapa la main de sa dulcinée et lui sourit. « Je ne sais pas si je te l’ai dit mais tu es vraiment superbe ce soir. » Il retrouvait sa vraie nature, celle du charmeur qu’il était. Le serveur apporta les plats qu’il avait commandé plus tôt et une fois ce dernier partit servir une autre table, Calista se confia à lui. Il savait que la jeune femme avait un lourd passé et ce qu’elle venait de lui dire le touchait d’une certaine façon. Il ne savait pas vraiment quoi répondre alors il embrassa sa main et il reprit. « Moi aussi je suis vraiment content que l’on puisse se voir. » Et c’était vrai, elle rendait ses journées à la Nouvelle Orléans très agréable et il savait que lorsque tout ceci serait terminé elle lui manquerait. Une fois il avait songé qu’il pourrait tout quitter et venir installer son cabinet ici, après tout des kinésithérapeutes il en fallait dans toutes les villes mais alors c’est Ophelia qui lui manquerait parce que malgré tout il aimait sincèrement sa femme. Et c’était çà son plus gros dilemme savoir qu’un jour il aurait à renoncer à l’une ou à l’autre et qu’il ne pourrait plus faire machine arrière. « J’aimerais te voir plus souvent, mais notre situation est bien compliquée… » Et c’était un sacré euphémisme.