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« a drop in a shark's ocean. »

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MessageSujet: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyVen 8 Mai - 17:50




Dire que je n'ai pas trouvé le sommeil serait un moindre mal : impossible de fermer l'œil à partir du moment où je me suis allongé dans mon lit. Alors que je suis adossé contre le mur sous la douche pour me réveiller, je songe à ce repas qui m'attend. Rien à voir avec mon activité au bar, c'est beaucoup plus grave que ça : aujourd'hui, j'invite ma famille au quasi grand complet pour qu'ils puissent rencontrer Hope. Hormis Benedikt qui n'a pu se libérer pour raisons professionnelles, et la petite Natacha qui doit se trouver chez le frère de Beni, tout le monde a pu faire le déplacement. Ma tactique pour tout organiser ? Aucune. Je vais me plonger corps et âme dans la cuisine, et ne faire que ça pour essayer d'évacuer le stress. Une fois sorti de la douche, je prends le temps de tailler ma barbe et passer rapidement un jeans ainsi qu'un t-shirt noir pour me mettre aux fourneaux. Non pas que je sois très précautionneux niveau fringues, mais disons que je n'ai pas envie de bousiller le peu que j'ai. En passant dans le couloir, je constate que la porte de la chambre de ma fille est toujours fermée. Vieille habitude du père suspicieux, j'y approche mon oreille. Rien. Tant mieux, il n'y a pas de garçon. D'où, que je suis étouffant ? J'ai seulement le fusil à portée de main si les poings et les grognements ne suffisent pas, c'est tout. Je continue ma route en direction de la cuisine où m'attendent ustensiles, four, plan de travail et surtout, le frigo. À l'attaque.
Deux heures plus tard, j'aperçois une tête blonde se profiler. Les mains prises par une pâte brisée, je pose des yeux attentifs sur Hope, habillée d'une manière tout à fait féminine et élégante. "Bonjour, ma puce." Lorsque je suis revenu de San Francisco pour renouer le contact avec ce qu'il reste de Shark dans cette région du monde, j'ai d'abord été visé par des réprimandes de ma fille quant à l'appel qu'elle avait reçu pendant ce séjour de courte durée… Savoir que son père est à l'hôpital pour la première fois depuis au moins une bonne vingtaine d'années, ce n'est pas rien. En même temps, qu'est-ce que j'y peux si mon cadet m'est tombé dessus comme un faucon fond sur sa proie ? Je me suis défendu, et il était dans un état un peu plus pitoyable que le mien. Bizarrement, ça n'avait pas rassuré Hope, mais passons. Au terme d'une longue discussion – oui, une demi-heure, c'est très long pour un taiseux dans mon genre – je lui ai laissé la possibilité de pouvoir rencontrer sa famille à son tour. C'est de son initiative que l'idée de les inviter tous ici est venue. Je n'ai désormais plus qu'à espérer que tout se passe pour le mieux et qu'elle y voit aussi un intérêt personnel… le but n'est ni de la forcer, ni de l'inviter à mimer mes décisions. "Il fait beau, tu veux bien installer la table et mettre le couvert dehors, sur la terrasse, s'il te plaît ? Fais-toi plaisir sur la déco." ajoutai-je avec un petit sourire. Lorsqu'elle passe à côté de moi, j'en profite pour déposer un baiser sur sa tempe. Ok, je ne parle pas beaucoup, mais je ne m'interdis pas d'être démonstratif et affectueux pour autant. Avec elle, en tout cas. Tandis qu'elle s'attaque à la table, je laisse reposer la pâte qui servira à façonner une tarte à la courgette et à la tomate.
Ce n'est que vers midi et demi que la clochette du portillon d'entrée de la maison retentit. Dans ma tête, j'ai l'impression que le glas de la mort vient de sonner, mais mon visage demeure imperturbable. Un roc. J'allais leur ouvrir, mais une main sur mon torse m'en empêche. "Quoi ?" Ca y est, il y a un souci. Hope se tient devant moi, bras croisés et le regard aussi autoritaire que celui qu'avait sa mère à l'époque. Elle arque un sourcil et me détaille des pieds à la tête. "Mais j'suis très bien comme ça, ça ira. On fait pas un défilé, non plus." Je vais pour la contourner, mais elle m'en empêche. Cette fois-ci, je la fusille du regard… rien à faire. Quand elle fait cette tête-là, aucune de mes manœuvres d'intimidation ne fonctionne. Agacé, je retire mon t-shirt et le jette par terre en grommelant. "J'sais pas de qui tu tiens pour être aussi bornée, gamine." Non, vraiment, on ne saurait dire d'où ça vient… Je me rends à ma chambre et je constate qu'une chemise rouge et noire a été déposée dessus, ainsi qu'un pantalon gris clair. Je roule des yeux, mais j'obtempère et je m'habille en vitesse. En sortant de ma chambre, j'ignore avec superbe le sourire victorieux et fier de ma fille, et je vais enfin ouvrir la porte. Bien sûr que c'est moi le patron, ici ! Une fois la poignée en main, je découvre en premier le visage de mon neveu, Connor. Plutôt élancé, même si pour un adolescent, il lui reste encore quelques années pour rattraper les hommes de la famille. Des cheveux aussi blonds que ceux de Hope, et un regard bleu azur semblable à celui de son paternel. "Bonjour, le mioche." Je récolte un air blasé tandis qu'il m'embrasse brièvement, mais qui se réjouit à nouveau lorsqu'il entre dans la maison. Celle qui suit est Camille, petite fille aux allures de princesse altière et supérieure. Tout son père, avec la grâce de sa mère. Elle me salue néanmoins avec un entrain mesuré et la curiosité lui fait suivre son grand frère. "Maman, je suis content de te voir !" Au tour de Martha Shark, à présent, matriarche de la famille. Tout petit brin de femme d'environ soixante-cinq ans, souvent comparée à la Thatcher pour son tempérament de fer dans un gant de velours. Je me courbe pour l'embrasser et la serrer dans mes bras avec une précaution toute particulière. Je me redresse en entendant le ton poli mais critique à l'anglaise de Joe. "Seigneur… c'est donc aussi "intime" que je me l'imaginais." Et c'est parti. "Si tu es venu pour me faire l'étalage des synonymes de "petit", je ne te…" Le regard en biais de ma mère nous impose le silence à tous les deux. Oui oui, nous avons la quarantaine passée… officiellement. Nous nous serrons tout de même fermement la main. Peut-être pour se la broyer en catimini, mais passons. Une fois tout le monde entré, je m'en retourne près de Hope. "Maman, Joe, Connor et Camille, je vous présente ma fille, Hope." Sans laisser le temps à un silence gêné de s'installer, les enfants sont les premiers à venir la saluer, mais c'est ma mère qui s'avance avec le sourire le plus ravi et ému de la pièce. "Hope… tu es magnifique, je suis si contente de faire ta connaissance." Elle prend délicatement la main de sa petite-fille dans la sienne, retrouvant sans doute les similitudes que je lui ai dépeintes avec elle, lorsqu'elle était jeune. Joe, lui, reste un tantinet en retrait et plisse légèrement les yeux après avoir hoché poliment la tête. Il analyse sa nièce, il la détaille des yeux avec une indifférence britannique contrastant avec sa curiosité polie.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyDim 10 Mai - 12:19

« a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o1_250 « a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o6_250

Depuis le début, je savais que cette rencontre était sans aucun doute la pire idée qui ait pu me passer par la tête ces derniers temps. Je n’avais en rien demandé à mon père d’organiser ce repas familial parce que j’en mourrais d’envie, mais bien pour lui faire principalement plaisir. Ainsi, j’avais passé une nuit des plus désagréables à me retourner dans mon lit maintes et maintes fois tout en jetant de nombreux coups d’œil à l’heure qu’affichait le radio réveil trônant sur la table de chevet. Les secondes s’étaient ainsi transformées en minutes et les minutes en heures, si bien que le matin, je mis un certain temps avant de m’extirper hors de mes draps. Attrapant une tenue choisie avec grand soin dans la penderie, je file sur la pointe des pieds jusqu’à la salle de bains afin de profiter de quelques minutes sous la douche et d’une étape maquillage qui n’est en rien à négliger. L’eau a su me requinquer, mais je n’en reste pas moins nerveuse quant au déroulement de la journée. J’avais peur que les choses tournent mal, un peu comme à l’image du bref séjour de Bradford à San Francisco. L’appel que j’avais reçu au cours de ce fameux week-end m’avait glacé le sang et malgré les explications que j’avais eu avec ce dernier sur le sujet, je ne lâchais en rien le morceau et ne cessais de lui glisser quelques allusions quand bon me semblait. Oh non, le morceau était difficile à avaler et d’ici quelques heures, j’allais me retrouver en face du responsable du fiasco qui avait eu lieu. Une fois pomponnée et habillée d’un haut noir décolleté ainsi que d’une jupe d’un bleu saphir arrivant juste au-dessus des genoux, je fais irruption dans la cuisine. Ce n’est sans grande surprise que j’y découvre Bradford, déjà affairé derrière les fourneaux. « Bonjour, papa. » Après lui avoir adressé un fin sourire, j’attrape une boîte de biscuits dans l’un des placards histoire d’avoir quelque chose dans le ventre avant l’heure fatidique. Je m’approche de mon père afin de glisser un baiser sur sa joue avant qu’il n’en glisse un sur ma propre tempe. S’il est difficile de lui arracher quelques mots, il est cependant plus aisé de recevoir ces gestes d’affections dont je ne saurais me passer. À dire vrai, je préfère cela plutôt que le contraire. « Avec plaisir. Et je te prive de couteau, toi comme ton frère. Sait-on jamais, un accident est vite arrivé. » Et je ferais aussi en sorte que vous soyez à chaque extrémité de la table pour que vous évitiez d’en venir aux mains à peine le déjeuner servi. En espérant que les hostilités ne démarreront pas avant. Après avoir donc grignoté quelques biscuits, je m’en vais donc m’affairer à la tâche qui vient tout juste de m’être confiée. Près d’une heure plus tard, j’admire mon travail avec fierté. Certes, le cœur n’a pas totalement été à l’ouvrage, mais cela m’a grandement permis de penser à autre chose qu’à l’arrivée très prochaine de la cavalerie Shark. Je pose les derniers couverts sur cette table vêtue d’une nappe blanche et alimentée d’un chemin de table et de serviettes d’une couleur vert anis. Je profite alors des dernières minutes de répit sous le soleil balayant la terrasse, mais lorsque la sonnette d’alarme est finalement déclenchée, mon cœur loupe un battement dans ma poitrine. Après des jours à m’être torturée l’esprit, nous y sommes et croyez bien que je compte encore gagner quelques minutes de répit. Je me précipite à nouveau dans la maison, arrêtant d’un geste de la main mon père avant qu’il ne vienne à ouvrir la porte. Une main sur son torse, je le contourne pour me poster entre lui et la porte d’entrée, un regard sévère étirant les traits de mon visage. « Attends une minute, qu’est-ce que tu fais ? » Croisant les bras contre ma poitrine, j’attends une explication, mais il ne semble pas cerner le problème qui se pose. Vraiment, papa, depuis tant d’années, tu devrais me connaître sur le bout des doigts. « Tu vas rester habillé de la sorte ? » Et voilà où se trouve le cœur du problème. D’accord, je n’ai jamais dénigré sa manière de s’habiller, mais si j’ai fait un effort dans ma propre tenue et en acceptant de rencontrer le reste de la famille, il peut également se mettre à son avantage. Bradford tente de me contourner, mais peine perdue, je ne lâcherais en rien l’affaire et ne le laisserais passer avant qu’il ne se soit plié à ma volonté. « Non, je ne te laisserais pas ouvrir cette porte tant que tu ne te seras pas changé. » Il n’avait aucune chance… sauf s’il se décidait à me porter par les épaules pour mieux me déplacer, et encore, je reviendrais tout bonnement à la charge. J’esquisse un fin sourire lorsqu’il retire son tee-shirt en grognant de mécontentement. « Moi non plus, mais mon petit doigt me dit que cela doit probablement venir de mon père. » Non, je n’oserais très certainement pas me moquer de lui… Je tâche de m’éloigner de la porte d’entrée afin de mieux aviser le retour de mon paternel avec sa nouvelle tenue. Une tenue que j’avais pris soin, suite à mon réveil, à lui préparer sans qu’il ne se rende compte d’une quelconque supercherie. Oh oui, je l’avais vu venir à des kilomètres à la ronde, lui et sa tenue attrapée à la va-vite dans le placard afin de préparer le repas. Un large sourire vient à étirer mes lèvres lorsque Bradford refait enfin surface, changé de la tête aux pieds. « Un véritable tombeur. », soulignais-je alors qu’il vient à s’approcher, mais je ne récolte rien de plus qu’un silence désagréable. Pas même un regard ne m’est adressé. D’accord, je l’ai peut-être un peu vexé de bien des manières, mais il s’en remettra dans moins de trente secondes. Alors qu’il s’approche de la porte afin de l’ouvrir, c’est armée d’une boule au ventre que je préfère rester en retrait. Arrête-toi, papa, et si on jouait aux morts ? Non, trop tard, la porte s’ouvre, laissant entrer dans un premier temps un adolescent et une fillette bien plus jeune. Il me reste encore la solution de l’évasion furtive, mais elle se doit de se dérouler dans les trente secondes à venir et… trop tard, une fois encore. Ma réflexion a semblé durer bien plus longtemps que prévu. C’est avec un sourire crispé que je salue les dénommé Connor et Camille qui se sont avancés en premier dans ma direction. S’en suit alors un face-à-face avec celle qui n’est autre que ma grand-mère. En la détaillant rapidement, j’ai cette lourde impression d’avoir sous mes yeux mon propre portrait avec quarante ans de plus. « Merci… Je suis aussi très heureuse de vous rencontrer… » Il ne faut pas plus longtemps pour que je me jette littéralement à son cou afin de l’enlacer. Un déclic vient tout juste de se faire dans mon esprit, m’incitant à ce geste qui n’avait en rien été calculé. Enfin une présence féminine qui m’intriguait et que je ne souhaitais en rien repousser. Par pudeur, je n’ose même pas adresser le moindre regard à mon père pendant cette courte étreinte à laquelle je mets fin pour me rapprocher de mon père et poser un regard plus dur sur Joe Shark. Dur et doté d’une pointe de mépris. « C’est comme regarder un portrait de toi, mais en plus raté. » Les mots qui dépassent la pensée Je n’ai en rien l’habitude d’être aussi désagréable avec les autres, mais pour cette fois, je ferais une brève exception.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyJeu 18 Juin - 15:26




Un accident, certes… ou une mise à mort, au choix. Mine de rien, Joey n'est plus tout à fait le jeune gringalet qu'il était lorsque nous nous sommes perdus de vue. Aujourd'hui, nous jouons tous les deux dans la catégorie poids lourds… sauf que lui, à défaut de mes muscles, il a le vice en prime. Bref, j'en oublie ces remarques et profite des présentations pour jeter un rapide coup d'œil à mon frère. Décidément, même si Hope a fait son possible pour m'habiller correctement – à 45 piges, c'est ma fille qui m'habille, normal – mon cadet demeure de loin plus classieux que je ne le serai jamais. Des vêtements sur mesure, et des tissus d'une qualité nettement supérieure. Je passe pour le paysan qui sort de sa campagne. Une chance, je ne suis pas non plus un obsédé de la mode ou du paraître… Ce qui m'importe le plus, c'est d'assister aux présentations entre Hope et son cousin, sa cousine, ainsi que sa grand-mère. Si elle est plus réservée et simplement polie envers les deux enfants, je remarque un changement d'attitude lorsqu'elle pose ses yeux sur Martha. En effet, c'est avec une soudaine spontanéité qu'elle la serre dans ses bras, laissant tout le monde – et moi le premier – assez stupéfait. Seule la matriarche Shark répond immédiatement en la serrant à son tour contre elle, le sourire figé sur ses lèvres et une petite larme roulant le long de sa joue. Cette vision fait naître une forte émotion que je tâche de dissimuler derrière mon habituel masque détaché, même si je ne peux empêcher mes yeux de briller. C'est exactement ce que je voulais pour ma fille : qu'elle trouve sa place dans une famille qui est la sienne, qu'elle réalise ce que cela peut lui apporter. Me faire pardonner en quelque sorte de l'avoir privée si longtemps de ces personnes qui auraient tant aimé la voir grandir. "Tu vas me tutoyer tout de suite, s'il te plaît, Hope, sinon je vais me fâcher tout rouge…" plaisanta-t-elle en chuchotant au creux de son oreille. J'accueille ma fille près de moi, une main rassurante et bienveillante sur son épaule. Attention, le plus dur arrive. Joey et Hope se jaugent, s'évaluent sans mot dire… jusqu'à ce que les premières piques n'arrivent. Un rictus très discret étire ma barbe : elle a toujours été hargneuse lorsqu'il s'agissait de défendre son paternel. Pourtant, je ne me suis jamais fait passer pour un modèle en la matière, ni pour le genre d'homme destiné à élever une fille à papa. Il faut croire que ces années mouvementées ont fait naître un instinct de protection mutuel très développé – presque trop – entre nous. Si je ne dis rien, je remarque que le regard bleuté de Joe s'anime d'une étincelle diabolique. "Et vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à votre père, c'est bluffant." lâcha-t-il avec une politesse britannique indiscutable. En d'autres termes : tu as l'air d'être aussi souillon et dénuée d'intérêt que lui à mes yeux jusqu'à nouvel ordre. Je fronce les sourcils en le fixant d'un air mauvais. Dire qu'avant ma disparition, nous étions plus inséparables encore que des jumeaux. Est-ce qu'un jour, ce sentiment renaîtra ? Il semble bien loin, pour le moment. Ma mère passe dans notre champ de vision, comme pour stopper deux loups sur le point de se rentrer dedans. "Ca sent drôlement bon, j'imagine que tu as dû nous concocter un repas délicieux, Bradford !" Gagné, maman. Je met de côté l'envie de mettre mon poing gauche à l'épreuve de la résistance de la mâchoire de mon frère pour guider la petite troupe en direction des tables… non sans ignorer avec superbe le fin sourire mesquin de Joey. Une fois sur la terrasse, la matriarche sourit en glissant un regard complice vers Hope. "Ca, c'est une table féminine… ton père sait cuisiner, mais je vois que ce n'est pas de lui que tu tiens le sens du style." Je lève les yeux au ciel en lâchant un rire jaune. J'ai beau être manuel, je ne suis pas particulièrement doué pour les choses trop délicates, en effet. Une chance que Hope ait su développer ce don toute seule. "Installez-vous, je vais chercher l'apéritif au frais. Non, pour toi, ce sera grenadine ou menthe à l'eau." lâchai-je à l'intention de Connor qui levait le doigt en l'air, s'apprêtant sans doute à réclamer un verre d'alcool. Raté, môme. Il se renfrogne, mais s'intéresse tout de suite à sa cousine face à qui il s'est assis. "T'es vachement jolie… t'as un copain ? Non… non, j'suis sûr que t'en as pas. Pas un vivant, en tout cas. Papa Ours voudrait pas, hein ?" Profiter de l'absence de l'Ours pour lui casser du sucre sur le dos… ingénieux. Martha lève les yeux au ciel et s'installe sur une chaise libre à côté de sa petite-fille. "Comment trouves-tu ta vie à la Nouvelle Orléans, Hope ? Bradford m'a expliqué que c'est toi qui avait choisi cette destination." Je reviens à cet instant pour remplir les verres de tout le monde, m'effaçant légèrement de la conversation pour laisser à Hope le soin d'apprivoiser ce premier contact avec les siens.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyJeu 25 Juin - 20:30

« a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o1_250 « a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o6_250

Pour rien au monde, je n’aimerais rompre ce contact avec celle qui s’avère être ma grand-mère. C’est ce que je ressens au plus profond de moi, mais j’en ai déjà bien trop montré en la serrant si soudainement contre moi. Alors, après quelques secondes passées l’une contre l’autre et les quelques mots prononcés par Martha Shark venant à se perdre à mon oreille, c’est avec une pointe de nostalgie et des yeux brillants que je recule mon visage pour mieux la fixer. « Pardon… Je suis désolée… », lançais-je à demi-voix, émue de par la situation. Émotion trahie par cet éclat brillant que l’on pouvait facilement cerner dans mon regard. Je laisse cependant ce côté un peu trop émotif derrière moi pour porter un regard plus dur et plus inquisiteur sur Joey Shark. Alias, mon oncle. Alias, le frère cadet de mon père. Alias, l’homme qui mériterait trois bonnes claques dans sa figure. Oui, avec mon gabarit, mieux vaut se contenter du minimum syndical. Un vague sourire étire mes lèvres, mais cela n’a rien d’un remerciement. Je ne suis pas née de la dernière pluie pour savoir que ces mots lâchés ne sont pas associés à un quelconque compliment et visiblement, je ne suis pas la seule à avoir décerné la supercherie. Je me blottis un peu plus contre mon père, glissant une main dans son dos pour le garder au plus près de moi tandis que Martha intervient à son tour à sa manière pour faire baisser d’un cran la tension régnant entre ses deux fils. Me détachant finalement de mon père, je détache complètement mon attention de Joe. Après tout, il n’en vaut pas tant la peine que ça. Emboitant le pas de ma grand-mère jusqu’à la terrasse, c’est un adorable sourire que je viens finalement à lui adresser. « Et heureusement, d’ailleurs. Si nous avons de nombreux points communs, nous savons aussi nous compléter d’une certaine manière. » Comment tacler son bon vieux père tout en me sauvant la mise sur cette pente plus que glissante. Par moment, je me dis cependant que je n’ai qu’à environ soixante pour-cent ce côté féminin. Le reste du temps, il m’arrive de me mettre dans des situations improbables, de frôler le danger, de foncer tête baissée, de rentrer dans le lard des autres tel un bourrin afin de sauver mes arrières… bref, j’ai un sacré côté masculin que je me tiens tout bonnement de dissimuler à l’heure actuelle. Et Dieu seul sait que j’aimerais réduire le prénommé Joe à l’état de poussière à coup de clé à molette. Une fois installée à table et gardant une place pour le Daddy à mes côtés, je me dois de faire face aux interrogations de Connor. Et quel sujet ose-t-il aborder…Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de rire face aux paroles qui s’extirpent d’entre ses lèvres. « Oh que non, il ne laisse même pas un garçon m’approcher à moins de cinq mètres. Et il doit avoir enterré les corps d’une dizaine de prétendants sous la maison. » Face au regard qu’affiche le jeune garçon, je ne peux m’empêcher d’en rajouter une couche. « Alors si tu ne veux pas les rejoindre, fais attention à ce que tu dis. » Mon mal-être refait surface lorsque ma grand-mère prend place à mes côtés, me poussant à avaler difficilement ma salive. D’accord, c’était très beau sur le moment, cette rencontre si soudaine et si… magique, mais j’ai l’impression qu’à présent, la familiarité qui s’est rapidement instaurée est de trop. Je ne perds cependant rien de ma politesse et esquisse un fin sourire tout en gardant un œil sur mon paternel qui s’occupe à remplir les verres. « Oui, en fait, c’était un peu une destination choisie au hasard, mais… je pense qu’au bout de compte, cette ville est faite pour nous. Papa a ouvert son restaurant-bar, j’ai réussi à obtenir une place en faculté de médecine et nous avons à présent une vie qui nous permet de disons… penser un peu plus à nous. » Avoir mis un terme à plus de vingt années de cavales où nous vivions au jour le jour fut sans doute la meilleure chose que mon père ait pu m’offrir. A présent, je n’ai plus peur des lendemains, car je sais majoritairement de quoi ils seront faits. Mon esprit se perd sur les premiers jours passés au cœur de la Nouvelle-Orléans, à découvrir la ville et le quartier dans lequel Bradford et moi avons posé os bagages. « Une atmosphère assez chaleureuse et festive… J’adore cette ville. Mais je ne suis pas tout à fait sûre que papa soit du même avis. » Cette nouvelle vie presque… barbante. Si je suis, un tantinet, nostalgique de notre passé, je suis convaincue que mon père l’est encore plus que moi. « Et si on trinquait à… cette rencontre ? Et surtout au succulent déjeuner qui nous attend. », lançais-je avec un fin sourire tout en levant mon verre. Si au passage ça pourrait éviter d’autres questions sur ma vie, cela m’arrangerait pas mal.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptySam 27 Juin - 10:58




Au moment où Hope m'a rejoint, j'ai senti quelques faibles tremblements dans son corps, juste assez pour comprendre à quel point la rencontre de sa grand-mère l'a bousculée. J'ai secrètement espéré que Martha puisse devenir - au fur et à mesure - une présence féminine de qualité dans sa vie, sans être envahissante pour autant. Il faut dire que ma fille n'a pu grandir avec un modèle en la matière, et même si le modèle en question arrive un peu tard, mieux vaux cela plutôt qu'il n'arrive jamais. Tout le monde prend place à table, j'entends discuter ici et là pendant que je pars chercher l'apéritif. Les yeux écarquillés, Connor prend la mise en garde de sa cousine très au sérieux, aussi crédule qu'on puisse l'imaginer. Sa sœur, elle, regarde son père avec un sourire poli mais non moins moqueur. En filles à papa, les deux demoiselles de la tablée peuvent largement se valoir, mais avec des styles bien différents. "T'façons, il me fait pas peur, hein..." lança l'adolescent pour se donner un semblant de contenance. Même Joe lui adressa un regard ennuyé pour toute réponse. Martha écouta avec plaisir les quelques explications de Hope sur sa vie à la Nouvelle Orléans, captivée par ses paroles et même le simple son de sa voix. Elle ne vit même pas le fin sourire en coin de Joe lorsque l'étudiante en médecine rappela que son père avait ouvert un restaurant bar. Il est vrai qu'entre un patron de comptoir, et un businessman à la tête d'un empire éditorial, la marche est de taille... Et il ne manquera pas une occasion de rappeler que deux patrons ne se valent en rien. Je reviens avec les apéritifs, voyant que Martha ne répondit à Hope qu'avec un hochement de tête et un regard bien plus éloquent que de vaines paroles. Tout le monde étant servi, je suis l'initiative de Hope en levant mon verre. "À cette rencontre !" J'adresse un clin d'œil complice à ma fille puis je bois une gorgée du champagne que je m'étais procuré pour l'occasion. Pendant un instant, je médite sur ses paroles. Appelez-moi masochiste si vous en avez envie, mais à force de vivre sur le qui-vive et en cavale, je pense y avoir pris goût. Je n'ai jamais su tenir en place, j'ai horreur de me tourner les pouces comme un sédentaire. Vingt ans, j'ai consacré vingt ans à surveiller tout et n'importe quoi pour que ma fille ne puisse courir aucun danger... M'installer trop longtemps quelque part me donne l'impression de me ramollir et de devenir inutile. La peur de ne pas savoir la protéger aussi bien que par le passé est une hantise pire que celle de vieillir tout court. Personne ne relance le sujet, et c'est tant mieux. "Tu as vu ça, Maman ? Tu as une petite-fille qui fait médecine ! Tu ne t'y attendais pas, à celle-là ?" Assis et le torse bombé de fierté, je pioche dans les pistaches pour en grignoter quelques-unes, tandis que mon regard rieur couve Hope. Papa Ours, certes, mais papa poule aussi, compte tenu de la réussite de ma fille. "Personne n'aurait pu s'y attendre... J'imagine que votre mère devait avoir de quoi remporter le prix Nobel." Pour compenser avec le balourd peu intellectuel qui vous sert de père. Cette dernière remarque n'est laissée qu'en suspens, mais elle attire un regard foudroyant sur Joe de ma part et de celle de notre mère. "Étant donné les circonstances, tout le monde n'a pas la chance d'avoir pu bénéficier des meilleures écoles britanniques. - Et cela ne tenait qu'à lui de pouvoir en faire bénéficier sa fille." Le regard bleu lagon de Joey plongea sur moi, glacial et rancunier au possible. Je sais ce qui le force à être aussi amer et hargneux envers moi : l'idée que j'ai tenu à ce que ma famille pleure ma mort, plutôt que de rentrer au pays et compter sur eux pour nous assurer une réelle protection. Malgré l'apparence du Diable qu'il maîtrise sans mal, je sais qu'il n'a pas un mauvais fond concernant les siens. Je préfère me raviser de répondre à cette remarque, et bien vite la conversation dévie sur un tout autre sujet. "Brad', t'as appris à te battre comment, pour survivre comme ça ?" Et c'est une foule de regards à mi-chemin entre le désespoir et l'étonnement qui se braque sur Connor d'un seul trait. L'art et la manière de poser les questions sensibles, sans jamais véritablement le vouloir. Je m'amuse de son manque de tact, reconnaissant là un point commun entre nous, puis je croise les bras sur mon torse. "Pas mal d'endroits... Mais surtout au Tibet. Pendant que les moines instruisaient Hope comme toi tu as été à l'école, d'autres m'ont formé à leurs pratiques, y compris les arts martiaux. - Trop cool... Tu sais pas t'battre comme ça, toi, hein Papa ?" Je pose un regard légèrement moqueur sur mon frère qui hausse les épaules. "Je suis un as aux armes à feu. Généralement, ça met tout le monde d'accord, même les Bruce Lee en puissance. - Bon, on peut pas parler d'autre chose que des trucs de garçons, tout le temps ?" Tiens, Camille se fait entendre, légèrement agacée par le sujet de conversation. Elle pose ses yeux sur Hope et la détaille avec un air plutôt étrange. "C'est bizarre que tu aies les cheveux aussi blonds... Elle était comment, ta mère ?" Pendant une poignée de secondes, je fronce les sourcils en regardant cette petite fille bien curieuse et génétiquement aussi diabolique que son paternel… cela étant, je perçois dans ses yeux la candide curiosité d’une fillette tout à fait normale. En outre, je sais qu’elle grandit également sans mère… peut-être cherche-t-elle à se rassurer en jaugeant la réaction de sa cousine. Silencieux, je laisse Hope gérer la situation, tout en posant ma main sur le dessus de la sienne, avec une infime discrétion.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyDim 12 Juil - 20:42

« a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o1_250 « a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o6_250

C’est un regard amusé que je pose sur mon paternel après l’avoir entendu se vanter quant à mes études, tandis que je secoue la tête au passage, de quoi lui montrer qu’il n’avait pas besoin d’en faire toute une histoire. Cette opportunité d’étudier la médecine, je la dois seulement au fait qu’il ait accepté que nous partions pour la Nouvelle-Orléans, sans quoi, toujours en cavale, j’aurais sans aucun doute cherché e petits boulots à droite et à gauche afin de ramasser un peu d’argent pour nous aider à survivre. Cependant, je joins mon regard foudroyant à celui de Martha et de Bradford lorsqu’il s’agit de fixer Joe. Et je ne le perds pas d’une seule seconde, surtout pas au moment-même où le businessman se décide à tacler mon paternel. Je m’attends à ce que mon père rapplique pour se défendre, mais rien ne sort d’entre ses lèvres et pour ma part, je ne peux garder ma langue liée plus longtemps. « Vous êtes plutôt mal placé pour juger ses actes. Vous devrez plutôt vous réjouir de l’avoir à nouveau en face de vous plutôt que de ressasser le passé. », lançais-je sur un ton aussi glacial que la température en Antarctique. Bradford s’avérait être si protecteur envers moi que je me devais de l’être en retour, et entendre pareils reproches à son encontre me mettait clairement hors de moi. Une chance encore que je pèse mes mots face au cadet des fils Shark, ne cherchant pas non plus le conflit avec ce dernier en cette magnifique journée. La voix de Connor s’élève finalement afin de passer sur un tout autre sujet, au plus grand étonnement de la tablée tout entière. Au moins un qui ne verra sans doute pas le mal partout aujourd’hui et qui saura faire redescendre la pression lorsqu’il le faudra. Un maigre soupir vient à m’échapper, trahissant un ennui profond face à la vantardise de Joe Shark alors que mes lèvres entre en contact avec le contenu de mon verre et c’est Camille qui vient mettre un terme à une potentielle querelle d’hommes. Cependant, ce qu’elle fait, est loin de m’enchanter : poser une question que jamais encore l’on ne m’avait adressé. Arquant un sourcil, je reste bouche-bée sur ma chaise alors que je ne peux lâcher du regard la fillette qui attend visiblement une réponse. Un frisson vient à parcourir mon corps tout entier en sentant la main de mon père se poser délicatement sur la mienne et j’avale difficilement ma salive. Le silence qui règne sur la terrasse est pesant et je me dois de le rompre au plus vite. « Elle… elle était très belle. C’est ce que papa dit toujours lorsqu’il parle d’elle. » Autant dire qu’il n’en parle que très rarement et j’avoue ne presque pas lui poser de questions quant à un sujet qui nous est assez sensible. C’est une vieille blessure dont je n’ai presque pas conscience, mais je refuse de remuer le couteau dans une plaie encore ouverte. Une plaie qui ne pourra peut-être jamais se fermer. Mal à l’aise face à cette petite fille qui ne cesse de me fixer avec un regard quelque peu insistant, je cherche à fuir cette situation sans trouver la moindre porte de sortie. Je m’étais préparée à tout : du comportement douteux de Joe jusqu’à la tendresse maternelle de Martha, mais jamais je n’avais envisagé la possibilité que quelqu’un puisse me poser la moindre question concernant une femme qui m’a mise au monde, mais que je n’ai jamais connue ou même vu. Si mon père a su m’en faire de nombreuses descriptions, je n’aurais jamais le véritable visage de cette femme sous mes propres yeux. « En fait, je n’ai jamais connu ma mère. Elle est morte à ma naissance. Et je n’ai pas le moindre souvenir d’elle. » Si extérieurement, je tente de sauver les apparences, intérieurement, mon cœur se comprime dans ma poitrine. Poser de tels mots est plus que douloureux, si bien que je me saisis temporairement de la main de mon père qui couvrait jusqu’à présent la mienne, la serrant quelque peu sans pour autant chercher à croiser son regard. Mes yeux restent plantés sur Camille alors que je lève légèrement le menton. Je sais parfaitement que la fillette est dans le même cas que moi, qu’elle aussi a perdu sa mère suite à sa naissance et qu’elle ne la connaîtra jamais, autre que sur papier glacé. Je m’empare de mon verre afin d’avaler une longue gorgée de champagne et abandonnant tout contact physique avec Bradford, je tourne mon regard vers ma grand-mère, seule personne autre que mon père à savoir me mettre à l’aise autour de cette table. « C’est comment l’Angleterre ? Je me disais que papa et moi, nous pourrions nous y rendre pendant quelques jours. Je suis sûre qu’il aimerait revoir un peu du pays… depuis toutes ces années. » Un fin sourire anime à nouveau un visage que j’avais tâché de garder fermé suite à la curiosité de la plus jeune des Shark présente dans la pièce. « Et ça pourrait nous permettre de nous voir un peu plus longtemps que pour un simple déjeuner. » Autrement dit, oui, j’ai grandement envie d’en apprendre un peu plus sur mes origines, et surtout ma famille paternelle. Je me tourne finalement vers mon père, cherchant à la convaincre d’une certaine manière. « Qu’est-ce que t’en penses ? Ça pourrait être bien de pouvoir s’organiser un petit séjour chez grand-mère dans les prochains temps, non ? » Chez grand-mère… seigneur, comment je parle ? Comme si je connaissais cette femme depuis des années alors que nous nous connaissons depuis vingt minutes à peine. J’ai vécu plus de vingt années seule avec mon père, et aujourd’hui, je réalise avec difficulté que trois générations de Shark se trouvent actuellement dans cette maison.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyJeu 16 Juil - 10:15




Ce n'est qu'un banal haussement de sourcils accompagné d'un rire mesquin qui font office de réponse à la froide remarque de Hope. Visiblement, Joe n'est en rien convaincu à l'idée de se réjouir de ma survie. Toutefois, je sais qu'il demeure vexé d'avoir dû endurer mon deuil ces vingt dernières années alors que j'étais toujours en vie… il se sent stupide et n'a pas pu se montrer utile pour assurer la défense des siens à l'autre bout du monde : ça le rend malade. Pour me donner une contenance, je me ressers un verre de vin et je le fais tourner sous mon nez avant d'en avaler une gorgée. Ajoutez à mon cadet cette morbide prédisposition à aimer souffrir d'une façon ou d'une autre, et vous aurez un portrait de cette réplique à dimension humaine de Satan. Un être plus torturé qu'il n'y parait. J'adresse néanmoins un regard de remerciement à l'égard de Hope, appuyé encore davantage lorsque Camille sort de son mutisme observateur pour interroger ma fille sur un sujet quasiment tabou. J'écarquille les yeux en observant la fillette : quel aplomb ! Elle ne la lâche pas des yeux et, aussi étrange que cela puisse paraître, le frisson de Hope se communique dans mon propre corps. Cela étant, l'origine du malaise n'est pas la même. Plus j'observe cette gamine et plus je lui trouve quelque chose de… dérangeant. Elle me fait penser à ces poupées de porcelaine dans les films d'horreur : hypnotisantes, possédées, malfaisantes sous des airs d'ange. C'est plutôt malsain de parler d'un enfant dans ces termes, mais je ne me sens absolument pas à mon aise lorsqu'elle se trouve dans les parages. En déglutissant, je préfère m'arracher à la contemplation de ma nièce et apporter davantage de soutien à Hope. Elle, même s'il s'avère qu'elle a hérité d'une bonne partie de mon caractère de cochon quand elle s'y met, elle me fait un peu moins flipper. "Malheureusement, nous n'avons aucune photo. Pas de téléphone, pas d'appareil… c'était spartiate, là-bas. – Attends, y avait même pas Internet ? Mais comment on peut vivre dans un trou pareil ?!" Cette fois, c'est Joe qui adresse un regard meurtrier à son fils avant de lui asséner une petite claque à l'arrière de la tête. Je lève la main en direction de mon frère, celui-ci se calme étrangement. Je n'en veux pas à Connor de cette bourde, il n'est pas supposé connaître l'étendue de ce que fut la vie dans ce satané camp égyptien. J'en ai même toujours épargné les détails à Hope, malgré des questions récurrentes à ce sujet. Je n'ai déjà pas une image de père parfait, inutile de salir encore cette image avec un passé on ne peut plus trouble. Camille croise les bras et hoche doucement la tête, consciente qu'il serait malvenu d'insister… pour le moment. Elle remercie alors poliment sa cousine et focalise son intérêt sur les olives. Hope change le sujet et, à ma plus grande surprise, aborde l'Hope change le sujet et, à ma plus grande surprise, aborde l'éventualité d'aller en Angleterre… Grand-mère ? Cette fois, je souris jusqu'aux oreilles, ému et ravi à la fois. Ce détail n'échappe pas à Martha qui presse doucement la main de Hope entre les siennes, avec une tendresse qui n'appartient qu'à elle. "Rien ne me ferait plus plaisir, ma chérie. J'ai de quoi vous loger, j'habite maintenant dans la campagne de Londres, grâce à Joe." Le concerné lève son verre en direction de la matriarche avec un léger sourire. "C'est trois fois rien." Petit regard dans ma direction, celui du bourgeois qui méprise en silence le parvenu. Mes yeux se lèvent au ciel tandis que je hausse les épaules. Ce crétin finira bien par se fatiguer, il faut juste que je passe au-dessus de cette formidable envie de lui enfoncer sa tête de businessman propret dans la jardinière de géraniums qui se trouve à deux mètres de lui. Oui, j'en rêve depuis que nous nous sommes assis. "Vendu, nous nous y rendrons pendant tes vacances d'été, Hope. Je peux fermer le bar une semaine, après tout." Sans rouler sur l'or pour autant, les affaires tournent suffisamment bien pour nous octroyer une pause sans finir sur la paille malgré les traites. "D'autant plus que vous n'aurez aucun frais sur place. – Maman, j'vais pas te forcer à piocher dans tes économies pour que n… - Tu t'occuperas de préparer les repas, Bradford." Martha coupe court à toute protestation, et ce compromis me semble acceptable. Je lui adresse un sourire et je me lève pour aller chercher le plat principal. "Bien, madame." J'embrasse la vieille dame sur la joue après avoir déposé mes deux mains sur ses épaules, puis je m'esquive en cuisine. Pendant ce temps, Martha prend le temps de peindre l'Angleterre à la jeune étudiante en médecine. "C'est un pays magnifique, très verdoyant car, il faut bien le dire, il pleut assez souvent. Londres possède de très vieux monuments à visiter, sans parler des places où la royauté se situe, comme Buckingham et son palais, par exemple. Si tu aimes les belles promenades en campagne ou encore les espaces plus urbains, c'est un pays qui te plaira ! Et puis… entre nous…" Elle se pencha avec un petit sourire en coin, complice. "… pour les belles jeunes filles, les soldes de Londres sont connus dans le monde entier." Elle lui fit un clin d'œil et se redressa en me voyant arriver. Au programme, une farandole de mets où chacun peut piocher selon son bon vouloir. "Tarte à la courgette et tomate, agneau masala, curry d'aubergines, crevettes vindaloo, du Bun Bo Hue vietnamien, des Pelmeni russes, canard laqué et une tourte à la viande avec la recette que tu m'avais laissée, Maman." ajoutai-je en lançant un clin d'œil à Martha. En voyant la montagne de victuailles et les odeurs qui s'en dégageaient, les yeux s'arrondirent autour de la table. Même Joe fut décontenancé, partagé entre un appétit de loup et une profonde hésitation. Finalement, c'est Connor qui prononça tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. "Ok… donc en gros, on va tous bouffer pendant trois semaines autour de cette table, c'est ça l'projet ?" Je fronce les sourcils, surpris. "Quoi ? J'en ai fait trop ?" Cette fois, c'est sa sœur Camille qui me jette un regard à mi-chemin entre l'amusement et la condescendance. J'hausse les épaules et commence à me servir. "Allez-y, prenez ce qui vous fait envie ! J'ai cuisiné ces plats en particulier car ils font partie de ceux que j'ai appris à faire au cours de nos escapades…" J'offre un sourire à Hope et je commence à taper dans l'agneau masala avec entrain. Du coin de l'œil, je repère Joe qui semble se méfier de tous ces plats, mais qui ne tarde pas à piocher dedans. L'estomac, c'est peut-être ainsi que je vais parvenir à l'avoir. "Hope, raconte nous ! Toi qui a beaucoup voyagé avec ton père, quels sont les pays que tu as préféré ? Tu as pu visiter quelques endroits sympathiques ? J'ai peu voyagé, j'aurais bien aimé avoir quelqu'un qui me raconte toutes ces choses que je n'ai pas pu voir…" En levant son pouce dans ma direction pour me féliciter sur le repas – plus belle récompense possible de la part d'une telle cuisinière – Martha attendit la réponse de sa petite-fille en commençant à manger le curry d'aubergines.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptySam 18 Juil - 19:22

« a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o1_250 « a drop in a shark's ocean. » Tumblr_n77rqkKHo41qjmsb1o6_250

Allez savoir pour quelle raison, j’éprouve une certaine forme d’aversion envers les enfants, et parfois même les jeunes adolescents, à l’image de Connor. Lui et Camille ont beau faire partie de la famille, je ne suis pas sûre de pouvoir les accepter dans l’immédiat, idem quant à leur père. Concernant Martha Shark, l’affaire est déjà dans le sac, même si une énorme partie de moi se montre plus qu’intriguée face à cette femme. Comment une lady comme elle a pu donner naissance à deux colosses et bourrins tels que Bradford et Joe ? Le tout semble assez surprenant. Malgré tout, je me dois de camoufler un pouffement de rire lorsque les paroles du plus jeune garçon de la tablée s’élève. Cela n’a rien de drôle en soit, certes, mais ses paroles m’ont clairement surprise. Il est vrai que nous n’avions jamais vécu avec la moindre technologie, tout du moins jusqu’à notre arrivée en Chine, plus précisément à Shanghai. Autant dire qu’encore aujourd’hui, il arrive à Bradford de parler tout seul à un ordinateur afin de souligner son mécontentement. Hilarant à souhait et tellement distrayant. Un sourire crispé s’étire sur mes lèvres lorsque Martha prend ma main dans les siennes. Désolée, mais le termegrand-mère m’a échappé et n’a rien de volontaire, mais je vais m’abstenir de le préciser afin de ne pas gâcher ce moment si… attendrissant. Le sourire que j’affiche s’évapore bien vite, merci au cadet des frères Shark pour ces quatre petits mots qui ont l’audace de me faire pousser un soupir de dépit. Assez de ses réflexions et pics incessants. Je retrouve cependant bien vite ma joie de vivre lorsque mon père approuve mon idée de passer quelque temps en Angleterre et je dois bien avouer qu’il me tarde d’y être. « Je préviens d’avance que je veux aussi goûter à tes petits plats ! », lançais-je subitement, coupant court à la discussion entre mère et fils. Non pas que j’ai horreur de la cuisine de Bradford, bien au contraire, Dieu seul sait à quel point je peux m’empiffrer jour après jour alors qu’il s’avère que j’ai un appétit de moineau. Alors que Bradford s’éclipse en cuisine, je me tourne complètement vers Martha, buvant la moindre de ses paroles concernant le pays où elle a toujours vécu, un nouveau sourire éclaircissant mon visage. Mais l’arrivée imminente de mon père met fin à la description de ce paysage qui me tarde déjà de découvrir. Pour l’heure, parlons bien, parlons nourriture et ce festival de mets qui s’étale sur la table tout entière. Je me lèche déjà les babines rien qu’à sentir les odeurs qui s’élèvent sur la terrasse et notamment en portant mon regard sur le canard laqué qui trône sous mes yeux. Papa sait pertinemment que je pourrais uniquement me nourrir de ce plat jusqu’à la fin de mes jours. Mais avant de me servir, je jauge les réactions des convives. Bradford paraît d’ailleurs surpris. « Je t’avais prévenu quant à leur réaction. » A l’énonciation du menu la veille au soir, je lui avais souligné le fait que nous ne serions que six personnes et non pas cinquante, mais il a malgré tout décidé de n’en faire qu’à sa tête. Je retourne finalement son sourire à mon père et attaque directement avec le canard qui semble me hurler dessus de le manger. T’inquiètes pas, petit, si je le pouvais, je te dévorerais en entier. À peine me retrouvais-je avec une bouchée en bouche que la voix de Martha s’élève. Tout en mâchant, je réfléchis quant à la destination avec laquelle je pourrais commencer. Et celle-ci ne tarde pas à venir au vu du plat que je déguste. « Avant de nous installer à la Nouvelle-Orléans, nous avons vécu quelque temps à Shanghai et c’est une ville tout à fait… incroyable. Le jardin de Yuyuan est une véritable merveille : un bassin empli de nénuphars et de carpes multicolores, une rocaille d’une dizaine de mètres de hauteur qui, une fois au sommet, nous permet d’avoir une vue surprenante sur la totalité du jardin, sans compter les nombreux pavillons destinés à la méditation. C’est un petit coin de paradis au cœur d’une ville en perpétuel mouvement. » Si je m’absentais un peu trop longtemps de la maison, papa savait exactement qu’il me trouverait au cœur de ce fameux jardin en train de méditer ou simplement en train d’admirer les pierres et plantes qui composaient l’endroit. Malheureusement, notre séjour à Shanghai avait été écourté par mon accident, ombre noire sur le tableau que je passe sous silence. « Le Tibet aussi, c’est un endroit fabuleux. Comme l’a dit papa un peu plus tôt, nous avons vécu pendant des années dans un temple de moines au cœur des montagnes. Un sublime temple surplombant un modeste village de paysans… » Bradford y avait perdu sa femme et le temple était tombé entre les mains des terroristes qui étaient à notre poursuite… Nouvelle ombre au tableau tenue une fois de plus secrète. « Mmh, quoi d’autre ? Les rizières au Viêtnam. Les terrasses de cultures s’étendent sur des kilomètres dans les collines et ont de quoi vous couper le souffle. Même si le climat y est atroce, entre saison sèche et saison humide, cela reste un pays à visiter. » Le Viêtnam, là où mon père m’avait surprise pour la première fois dans les draps d’un jeune paysan. Première victime d’une longue liste d’amants. Encore un secret de famille. « Nous avons aussi vécu quelque temps en Thaïlande, mais pour ma part, ce n’est pas un pays que j’ai vraiment apprécié. Cependant, j’ai gardé un très beau souvenir du jour de la fête des lumières où papa et moi avions construit une petite barque en feuille de bananier. Une bougie allumée déposée dessus et il suffisait de mettre cette barque à l’eau. Symboliquement, cela permet d’éloigner le mal. » Un sourire étire mes lèvres avant que je ne porte à nouveau ma fourchette à mes lèvres, continuant après avoir avalé. « Puis des lampions sont aussi lâchés dans le ciel et cela permettrait de chasser tous les soucis du quotidien. C’était une expérience vraiment incroyable. » Pas d’ombre au tableau pour cette fois-ci, rien que le fait que le pays n’était pas vraiment fait pour nous et que nous préférions grandement vivre sur la route. En portant à nouveau mon regard sur les plats disposés à table, une pointe de nostalgie vient à m’envahir, notamment au vu de l’évocation de ces quelques souvenirs parmi tant d’autres. Je joue délicatement avec la nourriture se trouvant dans mon assiette à l’aide de ma fourchette et pose finalement mon regard sur Joe. « Pourquoi avoir choisi de vous installer à San Francisco ? Pourquoi ne pas avoir monté votre entreprise en Angleterre ? » Oui, c’est à Joe Shark que je m’adresse, et non, ce n’est pas un rêve, un cauchemar ou même une hallucination.
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MessageSujet: Re: « a drop in a shark's ocean. » « a drop in a shark's ocean. » EmptyMar 21 Juil - 11:48




Si je ne réagis pas autrement qu'avec un banal haussement d'épaule quant à la quantité de nourriture que j'ai pu faire, je n'en suis pas moins amusé de voir Hope se jeter sur le canard laqué. Le seul met que son appétit d'oiseau pourrait avaler en quantités phénoménales. D'ailleurs, c'est une habitude qu'elle a toujours eu : au cours de nos périples dans ce vieux tacot à travers le monde, les principales pauses pour manger ne concernaient que moi. Je pouvais vivre plusieurs jours sur mes réserves, mais lorsqu'il fallait recharger les batteries, c'était un banquet qu'il me fallait. Une chance que je l'ai déjà prédécoupé, ce canard, car j'imagine très bien Hope se jeter dessus et le dévorer entier à mains nues. Elle a peut-être beaucoup hérité de sa mère et de sa grand-mère pour la distinction, mais son côté garçon manqué n'aurait pas eu le moindre mal à refaire surface. Silencieux pendant que je mange, une partie de mon attention voyage jusqu'à elle à mesure qu'elle retrace les étapes de nos voyages qui l'ont le plus marquée. Il nous arrive parfois d'en reparler, mais moins maintenant que nous sommes à la Nouvelle-Orléans. D'une part, elle n'a pas besoin de se raccrocher sans arrêt à ce passé chaotique, et d'autre part, cela ne ferait que me rendre nostalgique. J'ai fini par m'habituer à ce train de vie nomade, tant et si bien que je ne tiens plus en place aujourd'hui. Une chance, j'apprécie beaucoup cette ville et la vie que nous tentons d'y bâtir. Tandis que je préfère m'abstenir de commenter la ville de Shanghai, pour le peu que je l'ai adoptée, je remarque que ma mère boit les paroles de Hope… mais pas autant que les deux enfants en face d'elle. On a l'impression d'avoir deux petits de deux ans qui écoutent religieusement leurs parents raconter une histoire avant d'aller dormir. Cette réaction me fait sourire, mais je ne dis rien, n'interrompant pas ma fille. Celle-ci, d'un naturel tout de même réservé lorsqu'elle est inquiète, est visiblement détendue et prête à échanger beaucoup avec sa grand-mère. Je ne saurais dire à quel point j'en suis ravi. Je me crispe légèrement en entendant parler du Vietnam, revoyant ce saligaud de paysan en compagnie de ma fille. Une vision d'horreur qui me fait encore faire des cauchemars aujourd'hui. "Tu as vécu toute une vie, dis-moi… et tu racontes très bien." commenta Martha en cours de route à propos du récit de la jeune étudiante. "Tu n'as peut-être pas eu une belle scolarité ou un parcours comme tous les autres enfants, mais je pense sérieusement que malgré les difficultés, c'est une chance que tu as eu de pouvoir t'ouvrir l'esprit d'une telle manière, Hope." Je souris en croisant le regard de Martha, touché par ce compliment. Je m'en suis maintes fois voulu, de ne pas pouvoir offrir la normalité à Hope, et je sais que malgré ce qu'elle a pu essayer de me dire pour me convaincre du contraire, Hope en a souffert par moments. Désormais, tout ceci est derrière nous, c'est à elle d'en faire une force pour son avenir. Je manque finalement de m'étouffer en l'entendant adresser directement la parole à son oncle. Et visiblement, je ne suis pas le seul, car il n'y a que les mouches qui ont l'air d'être en mouvement autour de la table. C'est fou de voir à quel point tout le monde redoute de lui adresser la parole. Il avale sa bouchée, s'essuie poliment les lèvres et regarde Hope en saisissant son verre. "Il s'avère que je possède toujours une antenne de Shark Publications à Londres, bâtie sur une maison d'édition que j'ai annexée vers le milieu de ma carrière." Je me redresse sur ma chaise pour l'écouter, étonné du vocabulaire qu'il emploie. A l'entendre parler, le monde de l'édition a l'air d'être une guerre, à celui qui aurait le plus de territoire par rapport à son ennemi. Joey avale une gorgée de vin puis pose un regard tout à fait neutre, pour ne pas dire presque pas condescendant sur Hope. Un effort surhumain, mais qui n'a l'air de rien, à le voir faire. "J'ai finalement décidé d'installer le siège principal de la société à San Francisco afin d'étendre mon marché, les titres de journaux à produire et y dénicher une nouvelle veine d'auteurs." Son ton était relativement posé, comme s'il était agréablement surpris de la question de Hope. "Mais… c'était pas plutôt parce que t'avais tué cette femme, p'pa ?" Je lâche ma fourchette en regardant Joe, lui-même observant son fils avec l'envie avouée de lui briser les os. Martha baisse les yeux en soupirant, désabusée mais pas étonnée. "Tu as quoi ?!" Les pupilles azur de mon cadet fondent sur moi, glaciales et défiantes, avant qu'il ne prenne à nouveau la parole d'une voix plus caverneuse. "Il y avait deux raisons à mon départ. Celle du business, et l'autre… Connor s'était fait enlever par une concurrente et ex qui s'est avérée un peu trop… fêlée. J'ai récupéré mon fils et j'ai éliminé la menace qui pesait sur ma famille. Alors si tu souhaites me faire des repro… - Je ne te fais aucun reproche, Joe. Du tout." Ma façon calme de l'interrompre le surprend, de même que le regard à la fois grave et compréhensif que je lui offre. Tuer pour les siens… C'est extrême, presque barbare quand on est hors contexte. Primitif, en tout cas. Mais c'est au moins un point que nous avons en commun. Nous demeurons silencieux pendant quelques instants – surtout Connor – jusqu'à ce que Joe ne reprenne la parole. "Ce repas est aussi gênant que délicieux." Humour anglais. J'en émet un léger rire jaune. "Vous lisez ?" demanda-t-il à Hope. Après avoir réalisé la faute, il fronça les sourcils en secouant la tête. "Du moins, vous avez des auteurs ou des genres de prédilection ? C'est le sens de ma question." S'il avait pu être insultant précédemment, il avait l'air un tantinet plus disposé à faire un effort. Un petit effort : on n'en est pas à se tutoyer, quand même.
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