two pisces among sharks.
andrew and vixie.
≈ ≈ ≈
«
C'est bon, j'arrive. » hurla Vixie de sa chambre à coucher. Du moins, celle qu'elle avait occupé dans la maison familiale jusqu'à ses dix-huit ans. Rien n'avait bougé. Le lit à baldaquin, les draps bordeaux, les petits mots des amis griffonnés à l'intérieur du dressing, les photos placardées de façon brouillonne - façon Vixie - sur les murs aux nuances douces et violettes. Du haut de ses escarpins, la jeune brésilienne jeta un regard dans le miroir plein pied, légèrement cambrée afin d'avoir une vue sur son dos bronzé, tandis que ses doigts fins s'évertuait à remonter la fermeture éclaire de sa robe bordeaux. Elle avait toujours été de celles qui aimaient prendre leur temps. Au grand dam de ses parents, peu patients, qui n'avaient sûrement pas envisagé, il y avait vingt-trois ans de cela, de devenir les parents d'une petite fille aussi adorable que capricieuse. «
VIK ! Si tu ne descends pas IMMÉDIATEMENT, je te traîne dans les escaliers par les cheveux ! » une menace digne des répliques énergiques de Claudia Macieira. Malgré cela, Vixie ne s'inquiéta pas plus que ça des cris de sa mère, ni même des foudres de son courroux légendaire. Elle connaissait ses parents mieux que personne. Tant qu'ils ne l'appelaient pas par son prénom mais par son surnom, elle n'avait rien à craindre. C'est pourquoi, comme à son habitude, elle poussa le bouchon un peu loin, prenant tout son temps pour replacer quelques mèches auburn autour de son visage et faisant glisser une nouvelle fois son rouge à lèvre bordeaux sur sa bouche. «
A la bonne heure. » répliqua t-elle, guidée par l'ironie, mais à peine chuchoté, le tout en se parant de boucles d'oreilles. Inutile de provoquer les parents inutilement. Les brésiliens ont le sang chaud, il faut toujours s'en méfier. Elle était bien placée pour le savoir. «
VI-XIE ! » Aie. Le prénom en entier. En deux syllabes bien détachés. Et crié par son père, en plus. Cette fois-ci, ça ne plaisantait plus. «
CHEGO, EU DISSE ! »
J'arrive, j'ai dit ! la langue portugaise. Sa façon à elle de s'énerver à son tour. Elle soupirait déjà à l'idée de se présenter à cette soirée. Sûrement un énième bal des plus ennuyeux, des plus bourgeois, des plus interminables. Ses parents avaient tant insisté pour qu'elle s'y présente à leurs côtés. Et elle avait cédé. Comme d'habitude. Vixie n'avait aucune raison de jouer son ingrate : il fallait bien admettre qu'il n'y avait pas tout à jeter dans les privilèges que lui apportait sa condition. Certaines soirées n'étaient pas si désagréables, et certaines rencontres, largement supportables. De manière générale, l'argent ne faisait pas le bonheur, mais il y contribuait fortement. Elle ne l'avait jamais nié. Et ce malgré le fait que ses crises existentielles pêchaient quelques ressemblances dans l'océan de répliques cultes de la jeune rose dewitt-bukater dans
titanic, pauvre bout de jeune femme passant son tout son temps à se lamenter sur son sort et à se plaindre de sa condition, éprouvant un mépris considérable pour les machinations - notamment maritales - desquelles elle était victime.
“ Extérieurement, j’étais tout ce que doit être une jeune fille bien élevée. Intérieurement, je hurlais ... Je voyais ma vie entière comme si je l’avais déjà vécue. Un défilé interminable de fêtes et de cotillons, de Yachts, de parties de polo. Toujours les mêmes gens si étroits d’esprit, toujours les mêmes bavardages futiles. J’avais l’impression d’être au bord d’un grand précipice sans personne qui se souciait de moi ni même ne me remarquait !” et le pire dans tout cela, c'est que Vixie ne pouvait s'empêcher de juger cet aparté inutilement dramatique [...].
Pourtant, une petite heure à la soirée lui suffisait pour trouver en cette citation tout le sens qui lui échappait jusque-là. Et finalement, elle ne la jugeait plus cette citation cinématographique si exagérée que cela. Parce qu'elle s'ennuyait vraiment, ce soir-là, la brésilienne. Des bonjours à tout va, de grands sourires forcés à des gens qu'elle connaissait à peine, la cambrure du dos constamment soignée. Elle avait la nette impression de pavaner comme un objet de collection. Alors qu'elle s'ennuyait à mourir, tentant d'afficher un minimum d'intérêt pour la conversation qu'elle tenait avec Monsieur Grégorio, économiste italien quarantenaire au regard placé et à l'humour franchement ennuyeux, Vixie entendit son père l'appeler de l'autre côté de la salle. Heureuse d'abandonner son interlocuteur un instant, elle s'excusa dans un sourire gracieux, sa coupe de champagne à la main, et s'approcha du groupe que formaient ses deux parents et une troisième personne. «
Ma chérie, laisse moi te présenter Andrew Scott Pierce, directeur des ressources humaines à New York. » venait de déclarer son père, tout sourire, tandis que sa main se posait sur le bas du dos de sa fille. Cette dernière jeta un regard à l'homme qui se trouvait face à elle. Elle l'avait déjà aperçue à plusieurs reprises. Faisant preuve de politesse, elle lui adressa, avec délicatesse, un signe de tête. «
Andrew, voici notre fille, Vixie. » les sourires rayonnants de ses deux parents ne laissaient place à aucun doute. Il s'agissait, là encore, d'une présentation débordante d'intérêt. Elle savait reconnaître les présentations spéciales "future gendre parfait" auxquelles ses deux géniteurs adoraient s'adonner. Et visiblement, l'Andrew en question s'ajoutait à la liste des garçons en ligne de mire. Cette ambiance était gênante. Elle ne savait pas si l'inconnu la percevait, dans tous les cas, elle préférait faire déguerpir ses deux parents avant de lui en donner l'occasion. La honte ne tue pas, mais d'après Vixie, elle reste relativement dangereuse. «
... Qui est littéralement en train de mourir de faim. Si son père pouvait se dévouer pour lui apporter des amuses-gueules quels qu'ils soient, elle lui en serait éternellement reconnaissante. » enchaîna t-elle avec brio et élégance, dans l'unique but d'envoyer ce couple quadragénaire au comptoir, de l'autre côté de la salle, afin d'éviter le carnage. Inutile que le pauvre Andrew en question assiste à une colère Vixienne. Car les colères de la jeune femme pouvaient être spectaculaires, tout particulièrement lorsqu'il s'agissait de lui imposer des hommes en pâture qu'elle ne connaissait même pas. En attendant, Connor Oswald et Claudia Macieira furent tellement heureux - pour de mauvaises raisons - de laisser les deux jeunes gens parler seul à seul, qu'ils ne relevèrent même pas l'intervention originale de leur fille, laissant volontiers cette dernière en présence d'un brun aux yeux bleus, qui devait avoir son âge. D'ailleurs, suite à cela, Vixie posa assurément ses yeux noisettes sur lui.
Voilà, voilà.
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