infinity times infinity. (abi&aj)

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« with golden string
our universe was brought to light,
that we may fall in love
every time we open up our eyes. »

Le voilier tangue. Il tangue au grès des vagues, au grès du vent. Le temps est maussade aujourd’hui. Comme si quelque chose allait arriver. Une tempête, ou bien une éclaircie. Quelque chose d’inattendu, d’imprévisible. De bien, ou de mal. Aj est réveillé. Il est réveillé depuis plus d’une heure, vogue entre sommeil et éveil, rêveries et pensées. Puis il glisse hors de ses draps, encore engourdi, semi-endormi. Comme chaque matin, il se douche et fait sa toilette. Pour s’éveiller, et commencer la journée du bon pied. Il enfile un survêtement, un débardeur, attrape un livre et sort de la cabine de son voilier. La lumière extérieure l’éblouit quelques secondes, mais ça lui fait bien. Il ne sait pas quelle heure il est, il n’en a aucune idée. Il vit comme il en a envie, en toute liberté. Sans contraintes. Il s’installe alors à l’avant du bateau, et plonge dans son bouquin comme on plonge à la mer. Passionnément, à la recherche de sensations, de conquêtes, de trésors. La lecture est son péché mignon, sa gourmandise. Mais Adam-Jon n’a pas les moyens d’avoir une bibliothèque bien garnie. Alors il vole. Il vole ses livres, un à un, et les repose à leurs places quand il les a terminés. Il ne s’est jamais fait prendre. Pas une fois. Mais ça pourrait arriver. Il le sait. Et quelque part, ça lui plait. Cette infime touche de danger lui plait. Quand il était enfant, il volait tout le temps. Tout et n’importe quoi. À cette époque-là, Aj était une tête brûlée. Une vraie. Un pitre, un clown, un rebelle. Alors voler des livres, ça le rend un peu nostalgique. Les yeux plongés dans son bouquin, il saute de mots en mots, dévore les pages sans la moindre retenue. Jusqu’à ce qu’une bourrasque de vent s’emmêle dans ses cheveux longs. Alors Adam-Jon pose son regard sur l’horizon. Il a la sensation d’attendre. Sans doute parce que c’est le cas. Il attend. Cela fait des années qu’il attend. C’est long d’attendre, fatiguant parfois, et même douloureux. Mais c’est son espoir qui nourrit cette attente. Et son espoir est illimité. Son espoir ressemble à de l’amour. Il est beau, attendrissant, patient. Parfois il s’épuise un peu, devient légèrement morose. Puis il repart de plus belle. Beaucoup auraient lâché prise à sa place. Sauf que lui, il ne lâchera jamais. Parce qu’au bout de son attente, il y a elle. Et il n’y a rien de plus beau qu’elle. Elle est l’étoile qu’il poursuit aveuglément, inlassablement.

Des bruits de pas se font entendre sur le voilier. Surpris, Aj se retourne. C’est elle. Il a rêvé cette scène plusieurs fois. Mais cette fois, ce n’est pas un rêve. Elle est là, pour de vrai. Les sourcils froncés, le coeur affolé, il laisse son bouquin sur le côté, se lève et s’approche d’elle. « Abi. » Il se mord la lèvre, passe maladroitement une main dans ses cheveux dérangés. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Son esprit vagabonde. Pourquoi t’es là Abi ? C’est pas bien de débarquer ici sans prévenir. C’est pas bien de débarquer ici tout court. Tu ne devrais pas être là. Tu devrais être avec lui. Et c’est pour ça que moi je te fuis. Parce que tu es avec lui. Mais ce n’est pas grave. Tu vois, mon voilier est amarré. Il n’a pas bougé d’endroit, il est toujours ici. C’est parce que je t’attends Abi. Je ne bouge pas. Je t’attends. Les mots qu’il pense, il voudrait les lui dire. Mais il n’ose pas. Alors il se râcle la gorge. « Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? » Ou est-ce que tu passes seulement vérifier que je ne me suis pas enfui ? Parce que je suis là. Alors tu devrais retourner auprès de lui. Tu risquerais de lui manquer. Et ça fait mal le manque de toi Abi. C’est atroce. Mais ne t’en fais pas, moi j’y suis habitué. « Je n’ai rien à t’offrir. » Il ne réalise pas tout de suite que sa phrase pourrait être interprétée de différentes manières. Surtout qu’Aj, il a tout à lui offrir. Tout ce qu’il est, tout ce qu’il possède. « Enfin je veux dire, j’ai pas grand chose à boire. Ou à manger. » Adam-Jon reste là, figé. Il ne peut pas lui proposer « d’entrer », puisque de toute façon, sur son voilier elle y est déjà. Mais il ne l’invite pas à aller plus loin pour autant. Il voudrait savoir pourquoi elle est là. Puis il voudrait qu’elle rentre chez elle, puisque chez elle ce n’est pas encore auprès de lui.

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Abi regarde le ciel, elle avance sans faire attention où elle va parce qu’elle regarde les nuages qui avancent, qui défilent au dessus d’elle. Elle avance sans marcher droit mais pourtant elle ne cogne personne, peut-être qu’on la voit arriver de loin alors on se bouge sur son passage, on passe à côté en se demandant pourquoi elle fait ça, elle va finir par se faire mal, à faire n’importe quoi. Mais Abi cherche le soleil caché sous le gris qui prend sa place dans le ciel. Mais elle ne le voit pas beaucoup, ses rayons perces un peu les nuages mais peut-être qu’il disparaîtra bientôt, même si elle aimerait qu’il chasse le gris pour colorer le ciel de bleu. Elle avance et puis elle voit les bateaux au loin, elle voit l’eau et le ciel qui s’y reflète. Alors ses pensées se tournent vers Aj et son voilier qui vogue, et elle se rend compte qu’il lui manque, ça lui pince le cœur. Elle ne sait pas si elle le trouvera là-bas, mais tant pis Abi s’en va par là, elle oublie ce qu’elle devait faire, mais c’est pas important, c’est des détails qui l’occuperont plus tard. Elle arrive et elle le voit au loin, assis dos à elle, alors elle sourit, parce que ça va mieux, parce qu’il est là tout près et pas disparu, il est toujours là Aj, elle le regarde quelques secondes sur la terre ferme avant de monter sur le bateau. Elle avance tout doucement, d’abord sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit, et puis elle le trouve tellement beau son voilier, elle a peur de l’abîmer. Elle ne sait pas quoi dire, ne sait pas si elle doit l’appeler ou dire bonjour, salut, elle ne sait plus comment on fait, et puis ça se perdra dans le vent, sa voix s’en ira couler dans l’eau comme un caillou. Elle ne sait pas quoi dire alors elle fait quelques pas qui font du bruit, pour dire je suis là plus facilement qu’avec des mots. Il se retourne et elle se fige comme si elle jouait à un deux trois soleil, elle ne sait plus si elle voulait lui parler vraiment ou simplement le regarder lire, peut-être que c’était mieux et plus simple. Mais trop tard, alors elle sourit timidement, du bout des lèvres. Il fronce les sourcils, qu’est-ce que tu fais là ? Ça lui donne l’impression d’être une étrangère, une connaissance peut-être, mais rien d’important. « Je voulais être sûre que ton voilier était là, et vérifier que tu étais toujours là toi aussi. » Parce qu’elle se pose la question Abi toujours, elle se demande toujours si Aj n’est pas parti dans la nuit, s’il n’a pas levé les voiles pour disparaître encore, comme la dernière fois, c’est loin maintenant mais elle le revoit encore s’en aller sur son voilier alors qu’elle reste là toute petite au milieu des bateaux, toute seule et Aj qui s’en va sans un mot, elle entend encore la mer qui danse, la mer qui frappe les coques des bateaux, le bruit du monde autour et sa gorge toute serrée. Alors à chaque fois qu’elle s’apprête à le voir, elle a peur qu’il disparaisse encore comme ça, qu’elle vienne et qu’il ne soit même plus là. « Et je voulais te voir aussi, parce que ça fait longtemps. » Elle pose les yeux sur lui quelques instants et puis ensuite sur l’eau qui bouge, c’est plus rassurant, c’est plus facile que de le regarder lui. Aj sembler voler, comme les voiles de son bateau dans les airs, il s’envole de plus en plus loin et Abi ne sait pas comment le rattraper, il s’envole tout doucement et elle a peur qu’il grimpe trop haut dans le ciel, trop loin et qu’il disparaisse. « Non je crois que je n’ai besoin de rien. » Abi tout ce qu’elle veut c’est rester un peu avec lui, regarder le fleuve, écouter l’eau et les silences et puis regarder le ciel un peu bleu, un peu gris. Elle a besoin de rien, elle a juste besoin qu’Aj reste là, qu’il ne s’envole plus. C’est trop demandé peut-être, elle ne sait pas, alors elle dit rien, elle garde ses souhaits pour elle, les cache au fond de son cœur. Elle tourne la tête vers lui de nouveau les yeux plein de question, un instant elle ne comprend pas trop ce qu’il veut dire, elle fronce les sourcils et puis tout se dissipe. Elle hausse les épaules. Elle s’en fiche Abi, tant qu’il est là Aj, c’est pas grave le reste. « Ce n’est pas important, et puis j’ai pas très faim. » Elle sourit timidement du bout des lèvres encore, et ça lui fait tout bizarre de se sentir si loin. Mais elle essaye de ne rien laisser paraître, elle garde les questions pour elle. Elle n’ose pas bouger, elle se balance sur la pointe des pieds, sur ses talons les mains dans le dos, comme une enfant. « Qu’est-ce que tu lisais ? Lui aussi tu l’as volé à la bibliothèque ? » Elle demande tout doucement, posant les yeux sur le livre posé derrière lui. Elle sait bien qu’il prend ses livres là-bas, elle trouve ça drôle un peu Abi, quand elle l’a vu le faire elle s’est dit que ça lui ressemblais bien, qu’il n’avait pas changé depuis tout petit, qu’il était toujours le même. Un autre jour elle aurait avancée jusqu’au bout du voilier pour prendre le livre dans les mains, elle se serait assise à sa place et aurait lu le titre et puis la première et dernière page, elle serait tombée sur des mots sur les pages restantes et puis voilà. Mais elle est bloquée là Abi, alors elle demande presque timide et elle ne comprend pas pourquoi c’est comme ça, pourquoi Aj semble envolé, même devant ses yeux.

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Les nuages défilent, silencieusement. Ils défilent au dessus de la tête des gens. Des passants pressés, des lecteurs passionnés, des amoureux sur les voiliers. Les sourcils froncés, Aj sent son coeur se réveiller. Abi est là, et plus les secondes passent, plus les nuages défilent, plus son coeur s’affole. Il est heureux mais contrarié, surpris mais rassuré. Alors il lui demande ce qu’elle fait là. Machinalement, presque froidement, mais ce n’est pas son intention. Il ne veut pas être froid avec elle, ni même méchant. Il veut juste savoir. Savoir pourquoi elle est là. Puis il voudrait aussi qu’elle soit au bon endroit. Avec Samson. C’est là son bon endroit. Pas ici, pas avec lui. Pas encore. « Je voulais être sûre que ton voilier était là, et vérifier que tu étais toujours là toi aussi. (…) Et je voulais te voir aussi, parce que ça fait longtemps. » Adam-Jon est bel et bien là. Il n’a pas bougé. Son voilier non plus. Ils auraient pu pourtant. Oui, ils auraient pu s’en aller voguer ailleurs tous les deux. Visiter d’autres océans, d’autres continents. Le problème, c’est que ces continents auraient été vides de celle qu’il attend. Voilà pourquoi il reste là, sagement. Peut-être qu’il prendra son premier cheveux blanc ici, dans quelques années. Et peut-être qu’à ce moment-là, Abi sera toujours avec un autre que lui. Mais ce n’est pas grave. Il a le temps Aj. Il a sa vie entière. « Je suis toujours là. » Il hausse les épaules. « Je devrais peut-être venir vérifier que tu ne disparais pas toi non plus. Enfin non, puisque toi, tu préviens avant de partir. Même si tu préviens trop tard. » Il n’est pas très tendre, ni même non plus méchant. Il est seulement sincère. C’est vrai qu’elle est partie sans prévenir, et que si elle a des raisons de s’inquiéter, il en a également. Alors il voulait le souligner. Puis elle a été la première à fuir, et lui, le premier à souffrir. « Mais c’est vrai que ça fait longtemps oui. » Seulement, Aj pourrait attendre dix fois plus longtemps pour elle. Mais il ne le lui dit pas, il ne veut pas la brusquer, ni même l’effrayer. Il l’attend, c’est tout, sans permission. Qu’aurait-elle pu lui dire de toute façon ? Rien n’aurait pu le faire changer d’avis. Rien n’aurait pu étouffer ce qu’il ressent. « Non je crois que je n’ai besoin de rien. » Ce qu’Aj comprend, c’est qu’elle est venue comme ça. Pour le voir, puis pour se rassurer peut-être aussi. Ça lui fait plaisir, évidemment. Il voudrait qu’elle le sache. Qu’il est heureux de la voir, que son coeur bat plus fort, plus vite quand elle est là. Mais Abigail est en couple, et il ne veut pas que la situation soit plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Il ne veut pas briser son couple sous prétexte qu’il est amoureux. Alors c’est dur bien sûr, mais il tient bon. Il s’accroche. Même s’il s’égare un peu, et que ses mots se mélangent pour former des phrases indécises. Ça se voit qu’Abi comprend pas trop au début, elle fronce les sourcils. Puis tout s’éclaire. « Ce n’est pas important, et puis j’ai pas très faim. » Adam-Jon se rassure en se disant qu’elle ne restera pas longtemps. Qu’elle vient pour s’assurer qu’il n’a pas l’intention de partir, et qu’elle s’en ira quand elle sera rassurée. Et il se dit que c’est mieux comme ça. Abi a l’air d’une enfant. Elle sourit du bout des lèvres, et se balance l’air de rien, les mains nouées dans le dos. Aj la trouve attendrissante. Il a l’impression qu’elle n’a pas changé, qu’elle est toujours la même. « Qu’est-ce que tu lisais ? Lui aussi tu l’as volé à la bibliothèque ? » Lui en tout cas, il n’a pas changé. Il vole toujours ses livres à la bibliothèque, comme elle l’a deviné. Alors il regarde derrière lui, pose son regard sur le fameux bouquin, et reporte finalement son attention sur Abi. Ce qu’il lit, c’est un livre sur l’Univers. Un livre qui explique d’où nous venons, et où nous allons. « Une belle histoire du temps, de Stephen Hawking. » Aj sourit alors légèrement. « Je l’ai volé oui. Enfin emprunté, puisque j’irai le reposer quand je l’aurai terminé. » Ils sont là, debout, immobiles, silencieux. Tout cela devient gênant, mais ne devrait pas l’être. Et Adam-Jon le sait. Abi et lui, ce n’est pas ça. Abi et lui, c’est beau. Beau comme le soleil et les fleurs. Alors il fait un pas sur le côté. « Viens. » C’est alors qu’une idée folle lui traverse l’esprit. Lui qui devait faire en sorte qu’Abigail retrouve rapidement celui qui partage sa vie, semble désormais vouloir la garder un peu pour lui. « Tu as déjà barré un voilier ? »

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» Led Zeppelin - Good Times Bad Times [en l'occurrence BAD TIMES] EMMETT
» Good times bad times ! Pv
» infinity friend (louise)
» as the times goes by •• Elena
» hard times reveal true friends (constance)

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