Les nuages défilent devant les iris marronnées de la jeune Grimaldi. Les yeux dans la vague, elle a du mal à apprécier le voyage tant ses pensées sont occupées par une personne. Qu'elle s'efforce d'effacer depuis quelques jours. En vain. Des cernes cerclent ses traits de poupée. Les nuits blanches se dessinent doucement sur le visage d'Ellie. Elle est tellement fatiguée. De tout. De ce voyage à Monaco, d'elle, de ses sentiments pour Maxim, du rejet de ce dernier, des nuits passées à pleurer. Elle voudrait remonter le temps et ne jamais avoir cette conversation avec son meilleur ami. Celle qui l'a complètement détruite. Et bousillée son cœur au passage. Ellie lâche un soupir las en repensant à tout ça. Assise confortablement en première classe dans l'avion qui l'a mène loin, très loin de San Francisco, elle pose son front contre le hublot de l'avion. Elle ferme les yeux, tentent de rejoindre les bras de Morphée. Qui semble lui aussi la rejeter. Tout comme Maxim l'a fait. Il l'a rejetée. Il ne veut pas d'elle. Ni de ses sentiments. Et c'est une réalité bien dure à accepter pour la française, qui pensait naïvement finir sa vie aux côtés de l'anglais. Mais en revenant de Monaco, elle ne pouvait pas. Elle n'y parvenait plus. Vivre sous le même toit que lui. Ecouter ses allers et venues. Sentir son odeur enrober chaque recoin de l'appartement. C'était devenu insupportable pour Ellie de rester ici. Avec lui. Alors elle a ramassé les bribes de son cœur et est partie. Sans même un au revoir. Elle a prit ses valises et est montée dans le premier avion. Direction la Bulgarie. Et sa meilleure amie. Celle capable de lui apporter tout le réconfort dont elle a besoin à l'heure actuelle. Ellie n'a pas pris la peine de prévenir Meleya. Elle n'a pas réfléchi à son acte et sait que sa meilleure amie ne la laissera pas à la rue. Elle espère juste que la jeune femme soit présente chez elle à son arrivée. Les perles salées ont cessé de couler depuis quelques minutes. Les yeux rougis de la française l'irritent mais elle n'a rien pour les soulager. Juste l'espoir que ses réserves lacrymales soient épuisées. L'homme assis à ses côtés s'est même pris de pitié pour elle et lui a chaleureusement offert un mouchoir et quelques boutades à la clé pour lui décrocher un sourire. Mais malgré la sympathie de cet homme, la douleur est toujours aussi vive, lancinante. C'est le cœur bien lourd qu'Ellie a posé le pied sur le sol de la Bulgarie, dans l'espoir que ses problèmes soient restés en Amérique. Ou du moins son problème. Ellie récupère sa valise et monte à bord du premier taxi qui croise sa route. Elle lui indique l'adresse de Meleya et laisse le paysage défiler sous ses yeux. Il est tard, pratiquement une heure du matin. Il fait nuit, il fait froid, mais rien n'est plus sombre que les abymes de son cœur. Elle n'avait encore jamais ressentie pareille douleur. Enfin si, une fois. A cause de Roman. Et elle s'est jurée de ne plus jamais souffrir à ce point. C'était sans compter son attachement pour Maxim. Arrivée à destination, Ellie paye le taxi et se pointe devant la magistrale porte d'entrée du palais. Elle prie de toute ses forces pour que Meleya soit là et sonne dans l'espoir de voir la porte s'ouvrir rapidement. Elle attend quelques minutes, et au moment où tout espoir s'effondre, le visage de sa meilleure amie se dessine dans l'embrasure de la porte. C'est le soulagement. « Meleya... Je suis désolée de débarquer comme ça, à l'improviste ». Sa voix tremble, les larmes menacent de s'écouler à nouveau. La surprise se lit sur le visage de Meleya et Ellie se sent tout à coup mal d'être ici, sans avoir prévenue personne. Elle n'a pas été éduqué comme cela, mais sur le coup, elle agi sans vraiment réfléchir. Ce départ était vital pour elle. « Il fallait que je parte de San Francisco et je ne savais pas où aller » avoue-t-elle, d'une petite voix. Evidemment, elle aurait pu rentrer chez elle, à Monaco. Mais sa famille l'aurait bombardé de questions ou de sarcasmes et ça l'aurait agacée. Elle n'a pas besoin d'être jugée ou qu'on lui rappelle à quel point elle s'est montré naïve de croire qu'un homme comme Maxim pourrait être amoureux d'elle. Sa mère ne se serait pas faire prier pour lui rappeler que Maxim et elle ne sont pas du même monde et que cela ne fonctionnerait jamais. Evidemment qu'entre eux ça ne sera jamais possible. Mais pas parce qu'elle est une princesse et pas lui. Mais parce qu'il ne l'aime pas. Tout simplement. « J'espère que je ne te dérange pas... J'ai vraiment besoin de ma meilleure amie ». Et d'un chocolat chaud. Avec des kinders. « Tu crois que je peux rester ici quelques jours ? » ajoute-t-elle, en levant un regard vers Meleya. Regard rempli de tristesse et de désespoir. Regard qui certifie à quel point elle a besoin d'elle. De celle qu'elle considère comme sa sœur.

Le visage réconfortant de Meleya se présente devant Ellie et le poids qui oppressait son cœur s'envole, comme par enchantement. L'espace de quelques secondes, elle oublie la douleur qui lui bouffe les tripes et contamine tout son corps depuis quelques jours. Elle oublie les nuits blanches, les larmes, les fissures dans le cœur, les appels à son frère à quatre heures du matin parce qu'elle n'est pas capable de s'endormir sans entendre sa voix. Elle est devant sa meilleure amie, qu'elle considère comme sa famille. C'est exactement ça. Elle est arrivée chez elle. Chez Meleya. Chez la personne qu'elle a seulement rencontré à San Francisco mais qui compte comme un véritable membre à part entière de sa famille. C'est son frère qui lui a suggéré de venir jusqu'ici, en Bulgarie. Parce que lui ne parvenait plus à calmer les sanglots de sa cadette. Qu'il était incapable de la consoler comme il le fallait. Et Ellie ne souhaitant pas rentrer à Monaco, Meleya s'avérait être sa seule solution de secours. Pourtant, Ellie n'a jamais été du genre à demander de l'aide. A venir frapper à la porte de quelqu'un. Ellie, elle est plutôt du genre indépendante, du genre c'est pas grave ça passera. Elle préfère se débrouiller toute seule, quitte à mettre sa vie en danger. Parce qu'elle n'aime pas trop déranger les gens. Elle a toujours peur de s'imposer, de ne pas être la bienvenue. Même si elle sait que Meleya ne l'a laissera jamais tomber, au fond ça la gêne de débarquer ainsi. Mais cas de force majeur oblige. Et puis son frère ne lui avait plus laissé le choix. Soit elle s'envolait pour la Bulgarie, soit il rappliquait à San Francisco botter les fesses de Maxim. « Oui mais bon, je sais que j'aurai du prévenir de mon arrivée .. ». Mais elle n'était pas en mesure de le faire. Elle a fait ses valises en dix minutes, réservé un vol en cinq minutes et a claqué la porte de l'appartement en une minute. Elle n'a pas pris le temps de téléphoner à qui que ce soit. Ni laisser un mot à Maxim. C'est la première fois qu'elle part comme cela. Qu'elle s'enfuit. Sans rien dire. Surtout pas à lui. A son meilleur ami. Elle n'a pas eu la force de lui faire face. Ni le courage de lui écrire. Tant pis, elle lui enverra un mail dans quelques jours. Ou l'appellera. Peut-être. « Ca va me faire du bien qu'on passe un peu de temps ensemble. Tu me manques tellement depuis que t'es partie Meleya, je te jure ! » s'exclame-t-elle, avant de laisser échapper un petit soupir. Elle a l'impression d'être bien seule à San Francisco sans Meleya. Il lui reste bien Maxim, mais il est bien occupé avec ses gardes à l'hôpital. Et même si pendant deux semaines, son ennui s'est vu bafoué par Adriel, les vacances ont vite pris fin pour l'américain et il a du repartir à New York. Laissant une Ellie seule et déboussolée. Meleya et Ellie avaient l'habitude de passer de nombreuses après-midi ensemble avant, à faire les magasins, à discuter, à s'occuper de Charlie. Meleya partie, il est bien diffile à la française de trouver des occupations. Ellie n'a jamais eu beaucoup d'amis et maintenant qu'ils se sont tous envolés aux autre coins du monde, il lui faut créer de nouvelles amitiés. Compliqué pour une jeune femme aussi timide que la jolie brune. « Et puis je vais pouvoir profiter de Charlie aussi ! ». Ellie adore les enfants. Depuis …. toujours. Elle est folle de son neveu qui vient d'avoir tout juste un an et lorsqu'elle a rencontré Charlie, elle est tombée amoureuse de ce petit bout d'homme. Il est clair que la jeune femme rêve d'avoirs des enfants. Deux ou trois peut-être. Ellie se laisse guider jusque dans les appartements de sa meilleure amie et ne peut réprimer un sourire à la remarque de Meleya. Un bon chocolat, c'est exactement ce qu'il lui faut. Comme quand elle était petite et que son grand-père lui en faisait le dimanche soir. Pour combattre la déprime de fin de week end. Celle qui arrive avant la reprise de l'école. Et qui vous gâche les précieux instants qu'il vous reste, avant le moment fatidique. Ellie se laisse choir sur un canapé et soupire. « Non c'est pas Adriel ne t'inquiètes pas. Je ne l'ai pas revu depuis notre fameux rendez-vous et depuis qu'il est rentré à New York. » explique-t-elle, sans lever un regard vers Meleya. Elle n'ose pas la regarder, de peur de pleurer à nouveau. Son cœur se resserre à l'évocation d'Adriel, mais la tristesse qui l'habite chasse bien vite cette petite pointe. Adriel est le cadet de ses soucis en ce moment. Clairement. « En fait … c'est Maxim.. » lâche-t-elle, étouffant un nouveau sanglot. Les perles salées pas assez contenues se déversent encore sur son jolie minois. Ellie ne peut les retenir. Impossible. « Excuse moi, je suis tellement pathétique ». La française passe ses mains sur ses joues, pour effacer toute trace de douleur. Elle voudrait se montrer forte, courageuse, comme elle s'obstine à l'être la plupart du temps, mais Maxim est sa plus grande faiblesse et aujourd'hui, toute sa carapace forgée au fil des années s'est rompue. Elle est plus vulnérable que jamais. Plus amoureuse que jamais. Plus meurtrie que jamais.

Ellie et Meleya. C'est une amitié sans faille qui unit les deux jeunes femmes. Une amitié sincère, pure. Une amitié comme on n'en connais que peu. Ellie, d'ordinaire, elle ne s'entend jamais très bien avec les filles. Elle est plus proche des garçons parce que les garçons, ça fait moins d'histoire, c'est moins compliqué et c'est plus drôle. Pour avoir grandi avec ses deux frères, avec Edison, elle a toujours développé une relation particulière avec les garçons. Et a souvent été jalousé par les autres filles. Mais voilà, Ellie elle est simple, elle ne se prend pas la tête et elle a les même passions que les garçons. Le sport, le vélo, piloter, faire du quad, regarder le hockey ou le handball. Petite, elle préférait aller faire du tennis avec son frère plutôt que de jouer à la poupée avec sa voisine. Et encore maintenant, elle possède plus d'amis hommes que femmes. Et ne se verrait pas vivre avec quelqu'un d'autre qu'avec Maxim. C'est moins prise de tête les mecs et dieu que ça lui fait du bien. Mais avec Meleya, tout est différent. Parce que Meleya lui ressemble beaucoup et qu'elle aussi est destine à régner sur un royaume, alors elle comprend Ellie plus que n'importe qui. Le lien qui les unit dépasse celui de la simple amitié. Meleya et sa meilleure amie et la sœur qu'elle n'a jamais eu. « Tu n'as eu aucunes nouvelles de Kenzo ? » demande-t-elle, peinée pour sa meilleure amie. Ellie se plaint que Maxim ne soit pas amoureux d'elle mais Meleya a vécu bien pire ces derniers mois. Perte d'un bébé, divorce. La bulgare a vu sa vie être totalement bouleversée et Ellie se souvient des soirées passée en sa compagnie, à lui sécher ses larmes et à manger tout le chocolat qui se trouvait à leur disposition. Ellie aurait voulu que Meleya vive ses rêves aux côtés de l'homme de sa vie Kenzo, mais la vie en décide toujours autrement. Malheureusement. Le nom d'Adriel est évoqué et Ellie ne peut s'empêcher d'émettre un léger rire face à la remarque de Meleya. Non Adriel a été même plus que courtois avec elle et il est le dernier à vouloir la blesser. Et puis Ellie est naïve mais pas dupe. Elle a bien cerné le personnage du new-yorkais et avec une telle gueule d'ange il doit en faire chavirer des cœurs. Et en profiter. Et vu l'état du cœur de la jeune femme a ce moment même, mieux valait pour elle qu'elle ne le confie pas à quelqu'un comme Adriel. Pourtant ils se sont embrassés ce fameux soir, mais elle reste persuadée que cela ne voulait strictement rien dire. Et qu'elle figurait comme nouvelle proie sur son tableau de chasse. That's all. Une nouvelle crise de larmes survient, qu'elle ne parvient pas à refouler. Les larmes s'écrasent sur son jean et d'un geste agacé, Ellie s'essuie les joues. « Oui mais bon, ça fait des jours que je pleure, faudrait que je pense à arrêter à un moment donné » peste-t-elle, contre elle-même. Elle se trouve ni ridicule à se mettre dans des états pareils. Elle s'était promis de ne pas pleurer devant Meleya, d'arrêter de passer pour la pauvre petite chose fragile, de ne plus accorder une dose de malheur à Maxim. Mais seul le fait d'évoquer son meilleur ami et elle a mal à en crever. Le cœur au bord des lèvres, prêt à en vomir ses détritus. « Non on ne s'est pas disputés. C'est presque pire que cela je crois... » avoue-t-elle. Elle n'est pas certaine qu'ils arrivent à passer cette étape ensemble. Elle n'est pas sure qu'ils surmontent cette étape. Peut-être est-ce la fin de leur amitié. Elle n'espère pas. Mais comment savoir s'ils vont parvenir à se comporter comme ils le faisaient avant. Avant tout ça. « Je veux bien ». Ellie attrape son chocolat chaud et en boit quelques gorgées, le regard dans le vague. Elle profite de la chaleur du beuvrage et se délecte du réconfort qu'une simple boisson peut lui apporter. « C'est une longue histoire Meleya. Tellement longue histoire. C'est depuis ton enterrement de vie de jeune fille à Londres. Tout a changé à partir de ce soir-là et je croyais naïvement qu'après ce qu 'il s'était passé il éprouvait peut-être des sentiments pour moi mais je me suis complètement fourvoyée » explique-t-elle, après un soupir. Elle se doute que Meleya va être des plus surprises après cette révélation. Personne n'est au courant que Maxim et elle se sont déjà embrassés. Plusieurs fois. Personne n'est au courant de leur discussion sur leurs soit-disant sentiments – qui sont réels pour Ellie - . Ils ont voulu garder cela secret, pour que personne n'interfère dans leur relation, n'étant pas sur d'eux. Plus d'une fois Ellie a voulu en parler à Meleya, mais une voix lui disait de se taire. D'attendre. « Il ne veut pas de moi. Jamais » confie-t-elle, au bord des larmes, encore une fois. Il a été très clair au mariage de son frère. Les désillusions sont vite tombées. « Et moi, je crois que j'ai beaucoup plus que de simples sentiments amicaux à son égard... ». Complètement amoureuse est même plus approprié. Mais au fond, Ellie préfère ne pas l'admettre. Cette histoire déjà assez compliquée à gérer. Elle n'a jamais voulu qu'ils en arrivent là et surtout elle n'imaginait pas que pareille tragédie se déroule. Surtout pas entre eux. Eux si inséparables, si forts ensemble, si uniques. Et la réalité est bien difficile à accepter. « Je suis complètement perdue... ». Et déboussolée. Ses mains cachent son visage fatigué et larmoyé. Elle voudrait tout oublier. Tout recommencer. Différemment.

Ellie, les pieds dans le plat en parlant de Kenzo. Elle ressent la souffrance des plus palpables de Meleya. Mais en tant que meilleure amie, il est de son devoir de prendre de ses nouvelles et de savoir où elle en est. Même si évoquer ce sujet lui martèle le cœur, Ellie veut s'assurer que Meleya est n'est pas complètement malheureuse. Et qu'elle arrive à faire front. « J'imagine. Je ne sais pas comment tu fais. A ta place, je n'aurai même pas la force de skyper avec lui. Et puis qui sait, un jour ta colère finira bien par disparaitre ». Et vous pourrez à nouveau être ensemble. Ellie n'ose pas ajouter ces mots. Et elle ne peut que comprendre l'état de Meleya. Si elle aussi avait perdu bébé, well, elle ne préfère ne pas y penser. Ellie rêve d'être mère depuis des années. Elle ne se voit pas vieillir dans une horde de petits montres autour d'elle. Elle a l'instinct maternel depuis toujours. Il faut voir comme elle s'occupe de son neveu depuis qu'il est né. Ellie le cajole, le couve de cadeaux, l'adore. Elle n'a jamais été aussi heureuse que le jour de sa naissance. Et sa plus grande fierté a été quand son frère lui a demandé d'être la marraine de ce petit bout d'amour. Elle est faite pour avoir des enfants. Elle s'est même mise secrètement à espérer depuis quelques semaines que Maxim puisse devenir le père de ses chérubins. Mais c'est plutôt mal parti. Ellie soupire et boit une gorgée de son chocolat chaud avant de débuter son récit. Elle ne sait même plus par où commencer. « Et bien avec Maxim, on s'est souvenu de quelque chose … après s'être réveillés dans le même lit.. en sous vêtements.... » débute-t-elle, sans oser lever un regard vers sa meilleure amie. Sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi, Ellie se sent légèrement honteuse de lui raconter cela. Elle a toujours été de nature très pudique alors déjà se réveiller aux côtés de son meilleur ami, presque nue fut une épreuve pour elle, alors en parler avec Meleya ne l'aide pas à relativiser la chose. « On t'a rien dit mais on était tellement.... déboussolés qu'on a préféré ne rien dire et savoir où on en était avant de dire quoique ce soit. ». Elle aurait aimé lui en parler bien avant mais Ellie était incapable de savoir si tout ceci était réel ou complètement fictif. Si ça se passait que dans sa tête ou non. Elle avait d'abord besoin de savoir ce qu'en pensait Maxim avant de tout dévoiler. « Je pensais que c'était qu'un baiser sans importance et puis après Londres on a continué ce petit jeu... et à force j'ai compris que je ne le considérais plus seulement comme étant mon meilleur ami.. ». Et c'est là que tout s'est compliqué. Elle n'avait pas prévu de tomber amoureuse de Maxim et pourtant, elle ne pouvait empêcher son cœur de battre la chamade dès que le regard du jeune homme se posait sur ses traits princiers. Ses baisers l'envoûtaient et la charmaient chaque jour un peu plus. Et avant qu'elle ne puisse dire non, c'était trop tard, le piège s'était refermée autour d'elle. Elle l'aimait. Vraiment. « Oui je le sais, je le connais mais je sais pas, je comprends plus rien. Un moment il m'embrasse, puis le moment d'après il n'assume plus ». Et ça commence sérieusement à la fatiguer la Ellie. Elle peut être d'une patience rare, mais à force de jouer avec ses sentiments, Maxim risque bien de lui esquinter son cœur déjà fragilisé. Ellie, ce qu'elle aimerait, c'est d'arrêter de tomber amoureuse d'hommes qui lui brisent le cœur. Il faut toujours qu'elle en souffre. Et lorsqu'elle tombe sur un homme bien, qui prend soin d'elle et l'aime sincèrement, comme le faisait Esteban, il faut que d'autres filles s'en mêlent et au final ça finit toujours en drames. Ellie est fatiguée et voudrait bien vivre une belle histoire d'amour. Simple, et sincère. Mais c'est sûrement trop demander, oh oui. La française est amusée par le petit mensonge que sort sa meilleure amie afin d'esquiver sa réunion. Débat diplomatique sur l'amour, ça c'est certain. « En fait on était au mariage de mon frère à Monaco, il est venu me rejoindre et puis à un moment on s'est isolés, et c'est lui qui m'a embrassé le premier alors moi je croyais que... ». Qu'il m'aimait, qu'il voulait de moi. Naïvement. Pourquoi s'entêtait-il l'embrasser si c'était pour la repousser ? Le comportement contradictoire de Maxim désabusait complètement la monégasque. « Et puis je lui ai demandé clairement où il en était par rapport à .. tout ça. Et il m'a simplement répondu ne pas être prêt blabla. Et tu connais Maxim, il dit ça mais on sait très bien qu'il ne sera jamais prêt en fait. Et que c'est sa façon gentille de me dire, désolé Ellie mais jamais je ne sortirais avec toi » explique-t-elle, faisant des grands gestes avec les mains pour illustrer ses propos. Ellie quand elle est nerveuse, ou triste, ou qu'elle raconte une longue histoire, elle bouge des mains. Un peu trop des fois. Comme une manie italienne. Ça la rassure. « En fait je crois qu'il a honte de moi » finit-elle par avouer, du bout des lèvres. Quelle autre explication ? Il ne l'embrasse, la prend dans ses bras, que lorsqu'ils sont tous les deux. A Monaco, il a attendu que personne ne les remarque pour déposer ses lèvres sur celles d'Ellie. Il n'a jamais pris le risque de le faire devant tout le monde. Parce qu'il a honte de l'embrasser elle. Ellie. La pauvre petite chose qu'on ménage toujours. La jeune femme à l'amour trop encombrant, trop envahissant.

L'évocation de cette soirée, de cet enterrement de vie de jeune fille ramène Ellie à des souvenirs lointains. Comme si toute une époque s'était écoulée depuis. Elle a l'impression que des années lumières se sont passées. Que tout cela ne se rapporte qu'à de très loin événements, qu'elle n'a plus envie de se remémorer. Seulement quelques mois et pourtant on dirait que tout cela relève d'une autre vie. Celle de l'université. Celle où tout semblait simple. Où il n'y avait qu'Ellie et Maxim, tout simplement. Ellie voudrait revenir à cette époque-là, celle des plateaux-repas devant la télé et des soirées à discuter. Mais les sentiments se sont mêlés à leur amitié et tout est parti en vrille. « Quoi ? Non non !! Bien sur que non. » s'exclame-t-elle d'un seul coup. Mon dieu, elle n'ose même pas imaginer ce qu'il se serait passé si Maxim et elle avaient couché ensemble ce soir-là. Déjà que la situation s'avérait assez compliquée comme cela. « On n'a pas couché ensemble, ça n'a pas dérapé aussi loin heureusement » affirme-t-elle. Bien que tous les souvenirs de la nuit ne soient pas complètement revenus, elle est certaine, et Maxim aussi, qu'ils n'ont pas couché ensemble. Leur conscience les a rattrapé au bon moment. Au dernier moment. Avant de faire l'ultime erreur. L'irréversible erreur. « Tu sais avec le boulot de Maxim à l'hôpital, des fois il arrive qu'on ne se voit pas pendant plusieurs jours. C'était juste quelques moments et quelques baisers volés. C'est jamais allé au-delà et je ne savais pas comment réagir ni quoi dire. ». Pourtant Meleya est sa meilleure amie et elle ne lui a jamais rien caché. Mais là.. tout est différent. Meleya est aussi la meilleure amie de Maxim et Ellie était bien trop perdue pour en parler à qui que ce soit. Et surtout, elle se persuadait que rien n'était réel, que ses sentiments n'étaient que fictifs. C'était plus facile de ne rien dire, d'oublier qu'ils étaient bien là, présents, tapis au fond de son cœur. Si elle en avait parlé à Meleya, tout serait devenu réel tout à coup et Ellie n'était pas prête à l'accepter. « J'étais avec Esteban mais quand on est rentrés de ton enterrement de vie de jeune fille, j'ai appris qu'il avait embrassé sa meilleure amie au bal de fin d'année. Drôle de coincidence hein ». Les deux amoureux qui embrassent leurs meilleurs amis respectifs. Le couple modèle amoureux d'autres personnes. Ca aurait pu fonctionner entre eux. Ellie aurait pu tomber follement amoureuse d'Esteban. Il était parfait, gentil, attentionné, prévenant. Mais il avait embrassé Mackenzie et le charme avait été rompu. La confiance s'était étiolée, envolée. « Et puis il jouait au faux couple avec Lola alors j'ai rapidement mis un terme à tout ça ». Cette relation ne remplissait plus le rôle qui lui incombait. Elle ne lui correspondait plus. Alors avant de trop souffrir, elle avait préféré rompre avec Esteban. Pour se protéger. « Tu vois au final, je ne suis que le deuxième choix, la copine de l'ombre » lâche-t-elle, d'une petite voix. Le deuxième choix. Celui qu'on fait par dépit. Celui qu'on prend, faute de mieux. Ça la chagrine mais elle a appris à vivre avec ce sentiment de ne jamais être assez bien. Pour personne. « Je sais qu'il a peur mais merde, moi aussi je suis effrayée ! Il est l'une des personnes les plus importantes pour moi, c'est grâce à lui que je me suis reconstruite après mon accident d'avion. Alors moi aussi je crève de trouille à l'idée que notre amour – si amour il y a – nous éloigne. Mais je sais pas, j'imaginais peut-être naïvement qu'il aurait plus de courage que cela... ». Ellie n'est pas seulement triste. Elle est aussi en colère. Contre Maxim. Contre sa lâcheté. Contre l'espoir qu'il a fait naitre en elle avant de tout bousiller en un clignement de cil. Un crachement de maux. Pour elle la peur ne justifie pas tout. S'il l'aimait vraiment, s'il éprouvait des sentiments sincères à son égard, il ne la rejetterait pas de cette manière. Il assumerait. Devant tout le monde. Il lui prendrait la main et lui promettrait que tout se passera bien. Qu'ils feront face aux problèmes ensemble, à deux. Qu'il est là et sera toujours là. Et même si Ellie est consciente que même s'ils ne sont pas en couple, son meilleur ami veillera toujours pour elle, elle ne peut pas s'empêcher d'éprouver des regrets face à cette situation. Elle n'aurait pas du tomber bêtement amoureuse de lui. C'est le genre de truc stupide qu'elle s'était jurée de ne pas faire et pourtant elle se retrouvait ici, avec Meleya et son cœur brisé, en miettes. « Oui tu as peut-être raison, je ne sais pas... Mais ça fait tellement mal... ». Mal à en crever. Plus mal que lors de son premier chagrin d'amour. Le genre de douleur qui vous réveille en pleine nuit, qui vous coupe le souffle, vous empêche d'avancer. Mais à ce qu'il paraît c'est comme ça que l'on reste en vie. Lorsque ça fait si mal que vous ne pouvez plus respirer. « J'ai apporté une bonne bouteille de vin français, on a cas l'ouvrir. » déclare-t-elle en souriant à sa meilleure amie. Ellie s'empresse d'aller chercher cette bouteille qu'elle voulait d'abord envoyer par la poste à son amie avant de se raviser et de préférer lui offrir en main propre. Un bon vin soulage n'importe quel chagrin d'amour. C'est bien connu.