the great escape
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les yeux au ciel (lalou)

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MessageSujet: les yeux au ciel (lalou) les yeux au ciel (lalou) EmptyMer 1 Avr - 15:36

" I can feel the fear that you carry around and I wish there was something
I could do to help you let go of it because if you could, I don't think you'd feel so alone anymore. "

millie colman & lalou hartford
~




    Le parquet craque sous ses pas graciles, elle porte une robe qu'elle a acheté hier, bleue marine, fluide, cintrée à la taille et ouverte dans le dos. Le tissu caresse le haut de ses cuisses. Millie se tient là, sous le feu des projecteurs, dans toute la candeur de ses vingt deux ans, fausse innocente déclamant son texte et battant des cils face à un metteur en scène au regard un peu trop lubrique. Elle connaît les hommes et parfois elle les suit, rentre dans leur jeu, leur fait croire qu'ils ont gagné simplement pour la beauté du geste, leur offre sa peau ou son sourire. Jamais sa main. En réalité c'est toujours Millie qui dirige le jeu, elle a les cartes en main et jamais elle ne perd. Mais au théâtre elle oublie les règles, ne sait plus utiliser les cartes et est donnée perdante à chaque fois. Jamais elle ne convient au rôle, trop ou pas assez, à leurs yeux elle n'est qu'une parmi tant d'autres, une toute petite actrice, une poussière qu'ils chassent d'un souffle brusque, une étoile minuscule qu'ils ne distinguent même pas. Les théâtres sont des lieux étranges, surtout ceux de New York, où se croisent rêves, pleurs, bonheurs, tremblements, euphories et tragédies. Les théâtres tout comme la vie ne laissent aucun répit. Dans un couloir le metteur en scène la rattrape, la force à s'arrêter, il s'approche de son visage, sa main droite se pose contre le bas de son dos, effleurant sa peau. Près de son oreille droite il murmure dans un souffle on vous rappellera, elle aimerait déjà être loin mais elle laisse glisser sur ses lèvres un sourire un peu mutin. Il rappellera, oui, mais pas pour le rôle. Millie est condamnée à ça, être dans le regard des hommes ou au bout de leurs doigts, juste ça. Mais trop souvent le regard des hommes l'ennuie, elle qui rêve de contempler son reflet dans les yeux du monde entier, des enfants, des femmes, des spectateurs et des critiques. Elle reste là quelques secondes, le temps semble se suspendre, et puis elle s'échappe, s'envole comme un courant d'air, jette n regard en arrière et un sourire pour la forme. Dehors il lui semble qu'autour d'elle New York s'est rétrécis et que dans sa poitrine, ses poumons se compressent. Des fois ça vient comme ça, sans crier gare, parfois Millie a besoin de Lalou, cette fragilité faite femme qui a croisé sa route dans un couloir d'hôpital lorsqu'elle ne connaissait encore rien de cette ville et de ses habitants. Millie voulait vivre et Lalou mourir, cela a suffi pour les rapprocher. Sa meilleure amie, c'est comme ça qu'on dit ? Il y a quelques mois, Lalou lui a tendu la clé de chez elle, au cas où qu'elle a dit. Au cas où quoi ? Au cas où Millie doive encore ramasser les pots cassés ? Au cas où quoi, Lalou ? Mais elle n'a pas répondu, elle s'est contenté de sourire et de baisser la tête, Millie n'a pas insisté. Millie sait bien qu'entre ses immeubles, dans cette réception, cet ascenseur, sur cette moquette et au milieu de ce couloir elle n'a pas sa place, ça se voit, dans ses vêtements, ses gestes, son regard, son nom et peut-être même son cœur. Dans la serrure, elle fait tourner la clé, hésite quelques secondes, effrayée comme toujours de l'état dans lequel elle va revoir Lalou et puis elle s'avance dans l'appartement. Elle la retrouve au fond du canapé, là où elle l'avait laissé il y a trois jours, le regard perdu sur un programme télé qu'elle ne suit même pas. Millie s'interpose entre Lalou et la télévision, les mains sur les hanches. « Allez Lalou, debout, debout, debout ! » qu'elle s'exclame de sa voix toute gaie, comme une chanson ou un rayon de soleil qui vient éclaircir le visage de Lalou. Elle ne croit pas en Dieu Millie. Parce qu'elle sait que des choses horribles arrive à des gens biens. Des gens comme Lalou ou Grand Père. « Il te force jamais à bouger du canapé ton Alexis ? » Elle dit son prénom du bout des lèvres, d'une moue un peu dégoutée, comme si ça puait. Parce qu'elle le déteste Alexis, de tout son cœur et du plus profond de son âme, elle le déteste tellement que des fois ça la fait trembler de rage. Elle le déteste autant qu'elle haïssait Leïla. Elle déteste une morte, quand elle y pense c'est vrai que c'est ridicule, moche et pathétique. Mais c'est comme ça, la haine comme l'amour est incontrôlable et inexplicable, elle s'immisce en vous comme un poison, un incendie, et à partir de là, vous êtes foutu. Parce que la haine et l'amour balayent tout sans se soucier des dégâts qu'ils causeront au plus profond de vous et sur ceux autour de vous. Mais Lalou ne bouge pas, elle reste là, prostrée tout au fond de son canapé, de sa tristesse et au bord de son sourire d'absente. Millie se dirige alors vers la cuisine, plonge sa main dans le congélateur, en ressort un pot de crème glacée et attrape au passage deux cuillères. Revenue dans le salon, elle se laisse tomber dramatiquement sur le canapé à côté de Lalou dans un grand soupir. « Parfois je hais New York... » qu'elle dit en tendant une petite cuillère à son amie et en plongeant la sienne dans le gros pot de crème glacée. Il y a quelques jours elle a revu Samson. Un mirage, un souvenir, un bout de son cœur, une photo qu'elle croyait avoir brûlé, un rêveur qui a fait naufrage. Ca a foutu tous ses organes en vrac et elle n'arrive pas à savoir si ça va. Mais pour Lalou, Millie va toujours bien, elle trouve toujours en elle-même des forces surhumaines pour supporter tout le chagrin de Lalou, cette tristesse et ce cœur qui pèsent des tonnes, des kilos de plomb. Elle voudrait offrir à Lalou un bonheur immense et infini, un océan de joie qui recouvrirait la peine. Il est joli ce mot. Bonheur. Tout en douceur. Sept lettres qui glissent sur la langue, qui s'immiscent sous la peau, qui dans le cœur construisent un château. Ca a un goût de barbe à papa, de shampoing pour enfants qui ne pique pas les yeux, de rires. Mais le prénom de Lalou ne s'accorde jamais au mot bonheur. Ce sont des antonymes qui jamais ne se retrouvent. Il semble qu'autour de Lalou tout tombe constamment en ruine et Millie a beau se démener pour tout réparer, il y a toujours une canalisation qui fuit ou un mur caché qui s'écroule.
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MessageSujet: Re: les yeux au ciel (lalou) les yeux au ciel (lalou) EmptySam 4 Avr - 16:45

LORSQUE L'ENFANT PARAIT, LE CERCLE DE FAMILLE
Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
Fais briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.



Elle est assise tout en haut, comme tous les jours.
Tous les jours où elle va en cours.
Elle fait tout le temps ça, Lalou, ne pas aller en cours, et quand elle y va, elle se niche dans un coin, tout en haut, le plus haut possible. Et de son perchoir de fortune elle contemple le vide grouillant de vies qui s’anime sous elle, elle les caresse de ses iris ambrés, les effleure du bout d’une pensée, mais elle n’ose jamais y toucher vraiment, Lalou, n’ose jamais leur parler, et puis Lalou, elle leur dirait quoi ? Hein, Lalou, qu’est-ce que tu dirais ?
Elle n’a rien que du gris à leur compter, et ça, elle ne veut pas.
Alors elle fait semblant, toute la journée, c’est épuisant et parfois, elle abandonne. Elle baisse les épaules et elle dit d’accord la vie, t’as gagné.
D’accord la vie, je m’en vais.
Alors elle reste qu’une matinée ou qu’une soirée, elle existe seulement à moitié mais ça lui va comme ça, faut être présente mais juste assez.
Les soucis c’est qu’elle ne décide pas, Lalou, des jours où il pleut sur son cœur ou des jours où il fait gris, des jours-ouragans ou des jours-beau temps. Ceux-ci sont les plus rares et les plus fragiles, aussi, ils recouvrent son petit-gros cœur de porcelaine, et quand elle ils arrivent, tout ce qu’elle voudrait c’est ne surtout pas bouger, c’est rester allongée dans son grand lit et puis poser ses mains sur sa poitrine comme pour garder la chaleur à l’intérieur. Elle sait que si elle bouge tout risque de péter, mais elle le fait quand même et ça ne rate jamais. Parfois ça dure plusieurs heures, d’autres fois elle n’a le temps de faire un pas seulement. Mais elle connait, et ça fini toujours de la même façon, son cœur bat trop fort ou trop lentement et puis la coquille de porcelaine vole en dix milles morceaux très-trop coupants qui se plantent dans les parois de son intérieur comme des couteaux de malheur. Elles s’enfoncent très profondément aujourd’hui, les lames, leurs lames. Ça pique en dedans.
Elle a pourtant compris en arrivant qu’elle ne pourrait jamais, jamais tenir toute la journée. Mais sous l’eau noire de son esprit et elle a aperçu briller l’espoir et elle a dit d’accord, je vais essayer. Elle a soufflé ça tout bas et puis elle est entrée. Tout ce qu’elle voudrait, maintenant, c’est sortir.
Il vente très fort à l’intérieur et ça remue les brisures de la porcelaine de son palpitant qui lui palpite douloureusement.
Elle n’écoute pas elle n’écoute rien, elle se demande ce qu’elle fait là. Ça sert à quoi hein, Lalou ? Ça sert à quoi d’être là ? ça sert à rien juste à faire peur, mais elle continue à se traîner vers un avenir qu’elle n’arrive même pas à créer. Tous ses rêves bâtisseurs ne bâtissent que des riens, de très grands riens qui ne tiennent pas debout et un jour où l’autres ça s’écroule mais ça fait rien, ça, alors ils recommencent, inlassablement. Ils bâtissent des grandes maisons aux couleurs criardes de jamais mais y a toujours un truc qui foire, elle voudrait savoir quoi, pour que la prochaine fois elle puisse les rattraper, les fondations qui se fissurent et puis qui craquent, leur donner la main pour pas qu’elles disparaissent dans la poussière. Elle commence à avoir peur, Lalou, qu’un jour les rêves soient trop fatigués et qu’ils ne puissent plus se lever. C’est tout ce qui lui reste, ça rêver.
Et même ça, c’est pas assez.
Parce que comme tout avec Lalou, c’est des choses qui existent seulement à moitié.
La rumeur des étudiants trop vivants gonfle et elle cligne des yeux, c’est bon, c’est bon, c’est fini. Ça va aller.  
Elle a tenu même pas deux heures mais ça lui suffit et elle remballe ses affaires et ses pensées avant de s’éclipser comme elle est venue, c’est comme si elle avait jamais existé. Elle se fait oublier, Lalou, pour mieux s’oublier après.
Le chemin du retour lui prend une éternité et elle traîne sa carcasse usée dans les escaliers. Puis, quand elle arrive enfin devant la grande porte d’entrée, elle reste là un temps, la clef enfoncée dans la serrure. Elle sait comment ça va finir, sait que tout ce qui l’attend là-dedans c’est rien que la solitude et ses très lourds silences, et elle a un peu peur, Lalou, de s’y jeter toute entière. Elle tourne la clef.
Et puis, une fois derrière la porte, elle laisse tomber son sac avant de laisser glisser son corps fatigué contre la porte qui se referme brutalement. Toujours très violemment ses vides et ceux de l’appartement se heurtent dans un grand fracas de silences et elle se demande si elle ne pas trouer le plancher parce qu’elle a comme une enclume au fond du ventre, ça pèse une tonne. Elle a l’impression qu’elle ne pourra jamais se relever.
C’est un jour sans, aujourd’hui. Elle l’avait pourtant senti.
Elle n’en veut plus des soleils maudits même pas fichus de briller toute une journée.
Alors elle reste là, longtemps, longtemps.
Et puis quand elle se lève elle a envie de pleurer. Ça lui brûle la gorge et puis les yeux aussi, mais elle inspire-expire très fort, Lalou, parce que ça la fatigue de faire ça si souvent, pleurer. Pourtant elle se retient tout le temps parce qu’il ne faut pas, faut surtout pas laisser le flot inonder ses joues salées, mais y a des jours comme ça ou elle y peut rien et ça déborde. Elle n’en veut plus non plus, des grandes marées du sentiment.
Mais c’est dur, aujourd’hui particulièrement, elle a le corps qui sature de voir que même les journées qui comment avec un peu de soleil pour lui chauffer l’intérieur finissent par se laisser recouvrir par les troupeaux de nuages du soir. Il fait toujours nuit sur son cœur.
Lalou abandonne et s’abandonne finalement au fond du canapé. Ca sort tout seul, les larmes qui cachent des lames de porcelaine, ça lui brûle les yeux et puis le visage, ça glisse dans son cou. Elle se laisse submerger.
C’est tout.
Il n’est même pas onze heures et demi et elle a rendu les (l)armes, Lalou.
Puis quand enfin le flot se tarît elle allume la télé, elle caresse du bout des yeux ses couleurs artificielles qui s’animent sans le faire vraiment, elle imagine ses songes drapés dans la même teinte saturée, même ça, ça lui suffirait. Mais elle abandonne rapidement parce qu’aujourd’hui c’est un jour sans et que surtout, surtout, faut pas forcer. Elle est vidée, Lalou, usée et les parois en éponge qui la tapissent en dedans sont tellement emplie d’un océan de malheurs qu’elle n’ose pas bouger, elle a peur de trébucher et de les faire déborder. Ca a assez coulé pour aujourd’hui.
Ça suffit, ça suffit.
La peau de son visage la gratte et elle enfoui sa tête entre ses bras, un œil toujours vaguement posé sur l’écran qu’elle ne voit pas vraiment. Le temps s’étire très très lentement. Lalou a bougé.
Et puis au milieu des cris enregistrés qui fusent de la télé elle n’entend pas la serrure cliqueter et d’un coup y a une si jolie, jolie petite-grande fée qui pousse comme une fleur de bonheur entre ses yeux vides et leur écran. La voix de Millie recouvre celles qui ne vivent même pas pour de vrai.
-  Allez Lalou, debout, debout, debout !
Mais Lalou elle ne peut pas se lever, Millie, tu sais.
Elle voudrait pourtant, bondir sur ses pieds et puis la serrer entre ses bras, elle voudrait la garder tout contre son cœur et s’endormir dans sa lueur mais elle ne peut pas, pas aujourd’hui, reviens demain. Je suis fatigué, Millie, tu sais.
- Il te force jamais à bouger du canapé ton Alexis ? reprend l’oiseau-soleil.
Le dernier mot, il rebondit du bout de la langue de Millie et quand il rentre dans les oreilles de Lalou il s’est déjà dépossédé des grimaces dégoûtées dont elle l’avait doté. Il est soufflé comme un juron si révoltant qu’on ose pas trop appuyer et pourtant il appuie si fort contre le cœur d’une Lalou malade d’aimer. Non il dit rien mon Alexis, Millie. Il dit rien parce qu’il est jamais ici, et puis faut pas dire, ça, faut pas décorer son si prénom d'un ton parce qu'il m'appartient pas tu sais, il m'appartiendra jamais. Elle lève sur le visage rayonnant de son amie son regard de grande convalescente et elle décore ses lèvres d’un sourire un peu absent, d’un sourire pour faire semblant. Mais c’est pas assez pour retenir la fille-flamme qui se consume toute seule à ses pieds et qui disparaît soudain et puis ré-apparaît les mains serrées autour d’un pot de presque faux réconfort givré. Faut pas vaciller comme ça, Millie, pas aujourd’hui.
L’incendie se laisse tomber à ses côtés et Lalou s’y jette tout entière, dans sa très grande lumière. Elle accepte sans trop y penser la cuillère et se laisse réveiller doucement par la chaleur de la fée-bonheur qui s’est posée au fond du canapé-tristesse. Réchauffe mon cœur, Millie, s’il te plait.
- Parfois je hais New York...
Lalou émerge d’un coup et plonge ses yeux à l’intérieur de son amie. Casse un peu ta carapace, Millie. Mais les jours de pluie et même les jours où il fait seulement gris, la carapace reste un peu trop bien en place. Ça lui fait mal et elle s’en veut, d’être tout en noir et blanc et que les gens – surtout Millie – se déguisent en peintres de sa vie pour colorier les riens qui ne veulent plus briller. Elle a peur, Lalou, de leurs voler les leurs, de couleurs. Surtout celles de sa meilleure amie.
Millie est une lumière et elle brille si fort, pour elle déjà même si Lalou sait qu’elle voudrait le faire pour le monde entier, et elle voudrait tellement, tellement leur montrer, leur prendre la main et leur dire regardez, regardez ma jolie fée comme elle brille fort. Elle se sent coupable de garder une si belle lueur pour elle et elle a très peur de l’éteindre complètement à force de la submerger de tous ses malheurs, elle voudrait que rien qu’une fois Millie tombe le masque et qu’elle lui dise, tiens, tiens, moi aussi je suis fatiguée et moi aussi je veux pleurer. Peut-être que ça la libérerait parce qu’elle en est sure, Lalou, qu’il y a caché au fond de l’esprit de son soleil pleins de maux et de douleurs effacées dans l’unique but de mieux briller pour les autres. Pour Lalou, surtout.
Alors elle rassemble tout ce qui lui reste de bonheur dans le cœur et elle les glisse au creux des mains de son amies, regarde, regarde Millie, ça c’est tout ce que tu créé. Laisse-moi t’aider, grimpe sur mon dos parce que je suis suffisamment reposée, c’est à mon tour de te porter.
Elle regarde toujours son amie et elle lui sourit avec le cœur.
- Faut pas dire ça. qu’elle souffle avec douceur. Tu vas finir par la détester tout le temps, sinon.
Elle reporte ses yeux sur l’écran mort de la télévision qui continue de palpiter.
- Il s’est passé quelque chose ?

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MessageSujet: Re: les yeux au ciel (lalou) les yeux au ciel (lalou) EmptyMer 8 Avr - 10:35

" Elle trouvait qu'il fallait davantage se préparer au chagrin qu'au grand bonheur. Le grand bonheur, c'est facile, il suffit de se laisser glisser.
C'est comme descendre sur la pente d'un toboggan. Le chagrin, c'est remonter à pied un très long toboggan. "




    Avant de rencontrer Lalou, elle ne savait pas que les êtres humains peuvent être à ce point brisés. Elle a grandi dans le bonheur insouciant, Millie, entre les airs de jeux du quartier et les pavillons entourés de pelouse verte, au milieu des rires, des grasses matinées le dimanche et des chants au coin du feu. Bien sûr il y a l'absence de Papa et de Maman, la maladie de Grand Père, le départ de Samson et les portes fermées des théâtres. Mais ça c'est pas grand chose parce que de toutes ces petites blessures, Millie se relève, c'est pas très grave, elle peut continuer d'avancer, de sourire et de rêver. Avant de rencontrer Lalou, elle ne connaissait pas le poids des larmes, le cœur lourd, les regards lointains et les sourires mensonges qui disent tout va bien, je vais bien. Avant de rencontrer Lalou, elle ne savait pas qu'il existe des gens un peu boiteux, un peu bancals, privés de fondations, condamnés à s'écrouler sur eux-mêmes à cause des architectes désastreux de leur bonheur. Millie a découvert tout cela quand sa vie a percuté celle de Lalou. Elle se rappelle de sa peau, toute blanche, translucide, invisible, se fondant avec les murs de l'hôpital. Elle se rappelle de ses cheveux, sombres comme des nuages orageux, derrière lesquels elle se cachait. Elle se rappelle de son visage si triste, de ses yeux si vides, de ses mots si rares. Millie s'était assise en bordure de son lit d'hôpital et elle avait pris la main de Lalou dans la sienne, avec douceur, sans la brusquer. Et jour après jour elle était revenue pour recouvrir cette fille-mélancolie de petits morceaux de vie et de rayons de soleil pour réchauffer sa peau glacée. Ca fait deux ans maintenant qu'elle n'a pas lâché la main de Lalou, deux ans qu'elle y croit et se bat pour deux. Là où Lalou n'a pas le courage, Millie, elle trouve au fond de ses entrailles la force de gueuler, de râler, de s'énerver contre Leïla et puis Alexis aussi, de tout illuminer, de tournoyer, de rire, de danser. De sa torpeur, Lalou semble se réveiller soudainement pour tourner son visage vers celui de sa meilleure amie et lui offrir un sourire, timide retroussement des lèvres venu du cœur. « T'as raison. Faudrait pas que New York entende la façon dont je parle d'elle, elle me foutrait à la porte. » Un petit rire s'échappe comme un oiseau chantant et rempli le silence de l'appartement. Elle a peur qu'elle se dissoude, rongée par les larmes acides et salées, comme si Lalou pourrait disparaître dans le canapé, et, qu'à force de pleurer Lalou devienne une flaque, un océan de peine dans lequel elle finirait par se noyer. Alors, Millie aimerait tellement lui apprendre que la vie est jolie même sous la pluie, que les jours ne sont pas si moches quand on sait les colorier mais à Lalou, personne n'a jamais offert de crayons de couleurs alors ses dessins elle les a toujours fait en noir et blanc. Elle aimerait tellement lui apprendre que le soleil chasse toujours les tempêtes les plus sombres et qu'à l'intérieur d'elle l'hiver finira par passer, que des fleurs pousseront dans son cœur et que l'herbe repoussera. Il s'est passé quelque chose ? Son cœur s'accélère. « Quoi ? Ah...non. » Menteuse. Millie reste enfermée sur son secret. Elle porte son attention sur la télévision en plongeant à nouveau la petite cuillère dans le pot de crème glacé. Est ce qu'elle pourrait lui dire, lui raconter, lui expliquer ? J'me suis pris Samson en plein dans le ventre, comme un boomerang. Voilà ce qu'il faudrait dire. Pour Lalou, toujours, Millie se fait guerrière et amazone, indestructible et inébranlable alors quand ses murs tremblent et que l'édifice est menacée, elle enfouie ses petites blessures sous le tapis pour ne pas inquiéter Lalou. Elle refuse de lui montrer que sous sa carapace à l'apparence si solide, certains ont crée des entailles. Elle se sentirait coupable de ça, de rajouter du gris dans la vie de sa meilleure amie. Dans le canapé elle se redresse, cherche ses mots, inspire un bon coup. « J'ai revu Samson. » A Lalou, Millie a conté cet homme. Elle lui a parlé de leurs rêves, de leur jeunesse, de San Francisco, de cette distance qu'elle opposait malgré elle, d'eux deux contre le monde, de ces promesses qu'elle n'a jamais voulu faire, de cet amour qu'elle n'a jamais su donné et qui lui a couté Samson. A Lalou, elle ne peut rien cacher. Ca fait cinq jours qu'il traine dans son esprit, le jour, la nuit, sous les draps, sous la douche, dans la rue, dans le métro, assise ou debout. Samson-parasite qui s'immisce sous sa peau. C'est comme si elle l'avait rêvé mais il était là, en face d'elle, avec un costume qui ne lui allait pas et des mots tranchants. Millie aurait préféré, peut-être, qu'il ne soit qu'un mirage. Elle a revu Samson mais ils ne se retrouveront pas, ils ne vont pas recommencer là où ils s'étaient arrêtés, ils ne vont pas distiller leur nouvelle vie au dessus de cafés partagés, ils ne vont pas partager les étoiles de New York. Remuer la boue, rouvrir les plaies, gratter les souvenirs, s'y replonger, s'en émouvoir, s'y noyer. A quoi ça rimerait ? Millie hausse les épaules et ferme un instant les yeux, la télévision les accompagne en bruit de fond. Elle dépose le pot de glace sur la table basse avant d'attraper la main de Lalou dans la sienne. « Je vais te sortir de l'appartement. Tu vas voir comme la vie est jolie dehors, Lalou. On va manger des cheeseburgers, regarder les passants, se baigner des rayons timides du soleil et je vais t'offrir une jolie robe à fleurs qui tourne dans le bas. Ca va être bien, je te promets. » Promis juré Lalou, je vais pas laisser la vie te bouffer.

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MessageSujet: Re: les yeux au ciel (lalou) les yeux au ciel (lalou) EmptySam 13 Juin - 14:38

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