❝ People always leave. ❞

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❝ People always leave. ❞

Savant mélange de tabac froid et d'alcool, voilà ce à quoi j'étais confronté en ce moment même. Je ne savais plus trop ce que je faisais accouder à se comptoir à siroter un whisky au gout affreux qui pourtant me permettait d'oublier énormément de choses. Enfaîte si, je savais très bien ce que je faisais ici et je faisais absolument tous pour ne pas y penser, pour me sortir toutes ces idioties de la tête. Pourtant je n'y arrivais pas. Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ? Pourquoi fallait-il qu'à chaque qu'une chose bien se passait dans ma vie, je devais forcément l'auto détruire. Cela faisait un certain temps que je n'avais pas touché une goutte d'alcool, mais ce soir il avait fallu que j'entre dans ce bar pour prendre un verre. Je ne savais pas à quoi cela allait me mener et bizarrement je n'en avais rien à faire. Je ne voulais pas rentrer chez moi, je ne voulais plus penser à rien ni à personne, pourtant elle était là, à occuper mes pensées et je m'en voulais, je m'en voulais terriblement. Ces dernières semaines avaient été formidable pour moi, j'avais vécu l'une des plus belles périodes de ma vie en compagnie de Valentina, pourtant ce soir je me surprenais à penser à une autre et je n'en avais pas le droit. L'alcool n'aidait en rien, mais cela m'apaisait, réduisant un peu ma culpabilité. Si je devais m'écouter sur-le-champ, je prendrais sans doute la fuite. C'était ce que j'avais toujours fait lorsque les choses prenaient une tournure que je n'aimais pas, enfaîte je n'étais pas ce genre de personne qui disait tous fort qu'ils seraient prêts à tout affronter, j'étais plutôt un lâche. Mais cette fois je ne fuirais pas, car je ne le pouvais pas, ne le voulait pas. Et puis ou irais-je ? J'avais déjà bien assez vagabondé comme ça, il faudrait bien qu'un jour ou l'autre je prenne ma vie en main. Malgré ça j'étais toujours ici, un verre à la main, essayant d'oublier tous mes problèmes. Je savais que c'était impossible et pendant un an de ma vie c'est ce que j'avais désespérément essayé de faire, touchant le fond. Aujourd'hui avait été une journée très particulière et si j'avais eu le choix j'aurais décidé de l'oublier. D'ailleurs c'est sans doute ce que j'essayais de faire en portant ce verre à mes lèvres. Normalement ce soir j'aurais dû rentrer à mon pavillon et ce comme à mon habitude depuis maintenant des mois, mais j'en avais marre, je le savais et je préférais l'ignorer. Jusqu'à maintenant j'avais vécu une vie avec un tantinet de rebondissement et reprendre une vie dite normale ne me plaisait pas. Quelques-fois il m'arrivait de vouloir retomber dans ce que j'avais tous fait pour fuir. Cela pouvait sembler bizarre aux yeux des autres, mais pas aux miens. Je crois que tous cela n'était du qu'à l'ennui. Je devenais au fur et à mesure une personne que je ne souhaitais pas être. Always Love. Voilà en quoi pouvait se résumer mon quotidien. Pourtant, la relation que j'entretenais avec Valentina était loin d'être nul, enfaîte elle était même géniale, mais j'étais lasse, je n'arrivais plus à être celui qui était tombé amoureux de cette superbe femme. Pourquoi fallait-il toujours que je me complaise dans mon malheur ? J'avais beau tourner et retourner cette question dans ma tête, je n'y trouvais aucune réponse. Du moins pour le moment.

Déposant mon verre sur la surface du bar, je fis signe au serveur de m'en mettre un autre puis quittais le tabouret sur lequel je m'étais assis. Il fallait que je bouge, que je me change les idées. Je ne connaissais pas très bien ce bar, enfaîte je n'y étais jamais venu auparavant, j'en avais seulement entendu parler et on ne m'en avait pas dit que du bon. Pourtant il s'était trouvé là, sur mon chemin et je m'y étais arrêté. Je ne savais pas ce que j'allais bien pouvoir faire pour occuper ma soirée, à par boire, mais je ne voulais pas rentrer. Je savais que Valentina risquerait de s'inquiéter et finirait surement par harceler mon répondeur, mais je n'en avais pas grand-chose à faire. C'était surement dû aux effets de l'alcool, car habituellement je ne me serais jamais conduis ainsi. J'étais amoureux d'elle et je ne souhaitais en aucun cas la faire souffrir, pourtant c'est ce que j'allais faire ce soir et la culpabilité passait souvent bien mieux avec un verre. Il fallait que je fasse le point. Poussant la porte des toilettes, j'allais mettre mes mains sous l'eau avant de les passer sur mon visage. L'eau ruisselait le long de mes joues et cela pouvait s'apparenter à des larmes, ce qui aurait pu être le cas, si je n'étais pas la personne que je suis. J'avais la sensation que mon reflet ne m'appartenais pas, ne m'appartenait plus. Que cette personne qui me faisait face n'était pas moi et ne l'avait jamais été. J'en avais marre de faire tous ses efforts, de vivre comme on me le dictait et de ne plus être libre comme je l'avais été. Bien sûr il fallait que je grandisse, que j'arrête avec mes rêves de grandeur. Je n'étais plus ce mec qui pouvait aller ou bon lui semble sans jamais rendre de compte à personne. M'essuyant le visage, je jetais le papier à la poubelle et retournais dans la salle ou de nombreuses personnes s'alignaient le long d'un bar pour boire jusqu'à plus soif. Ruminant encore et encore je ne fis pas attention et je percutai quelqu'un devant moi, sans gravité heureusement. « Désolé. » Levant la main, je ramassais son sac que j'avais fait tomber et lui tendis. Ce n'est qu'à ce moment là que je reconnu cette fille que j'avais un jour croisé dans un club de la ville. D'ailleurs je ne gardais pas un excellent souvenir de cette nuit et cela devait être similaire pour elle. J'avais beau essayer de me souvenir, son prénom ne me revenait pas en tête. Pourtant je me rappelais l'avoir contrarier à ce niveau. « On c'est déjà rencontré non ? » Cela devait bien faire six mois que cette histoire était arrivée et qu'elle m'avait vu dans un état particulièrement humiliant. Du moins c'est ce que j'aurais pensé à sa place. « Tu t'appelles Jack c'est ça ? » Cela m'était revenu en une fraction seconde et j'espérais qu'elle ne se souvenait pas trop de l'état dans lequel j'étais lorsqu'elle m'avait rencontré.

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Accoudée au comptoir du dernier bar hippie à la mode, Jack était lancée dans une interminable discussion sur le pourquoi du comment San Francisco était de loin la meilleure ville de Californie. Pour animer le débat, elle se voyait opposée à un type, un grand blond genre surfeur de Los Angeles, qui prônait l'évidente suprématie de la cité des anges. Jack éclata de ce rire rauque, avant d'avaler une nouvelle gorgée de son cocktail – terriblement cher pour la qualité, par ailleurs – et de poursuivre le débat animé. « Non, non, non, Los Angeles c'est tellement surfait, avec toutes ces filles refaites de partout et ces gars qui passent plus de temps à se faire bronzer et muscler qu'à se plonger dans des bouquins, sans vouloir t'offenser... » L'inconnu lui répondit par un sourire malicieux et ne semblait en rien vexés des propos fermes de la jeune femme. Ils avaient fait connaissance à peu près dix minutes plus tôt, alors qu'il se trouvait lui aussi au bar, à attendre une fille qui avait de toute évidence décidé de lui poser un lapin. Chanceux qu'il était, Jack se retrouvait dans la même situation, excepté qu'elle attendait une amie, non un quelconque garçon. Bien rares étaient ceux qui se seraient aventurés à lui demander un rendez-vous. Farouchement indépendante et du genre à décider des hommes à fréquenter, elle aurait envoyé baladé la proposition d'un geste négligé de la main avant d'éclater de rire. Non, ce soir, Presley, aka la nouvelle venue chez les Eynsford, avait décidé de mettre à l'épreuve la patience de son aînée. Elle apprendrait très vite que leur nom de famille ne s'associait pas avec la patience, bien au contraire, et qu'ils n'aimaient pas attendre. Fort heureusement, elle pardonnerait l'affront, uniquement parce que cela lui permettait de discuter avec quelqu'un de nouveau. Jack se lassait très vite des gens autour d'elle, ces gens qu'elle voyait tout le temps et qui, à force, en devenaient fades. L'inconnu répliqua, lui arrachant un nouveau sourire. « San Francisco est le seul endroit de Californie où il ne fait jamais beau et jamais chaud. » Touché, ne put-elle s'empêcher de constater. Cette ville était une drôle de ville, avec son temps si imprévisible, qui en faisait pourtant tout le charme. Ca, et l'esprit multiculturel qui se ressentait dans chaque rue. San Francisco, c'était sa ville, et elle l'aurait défendue bec et ongles s'il l'avait fallu. Partout, l'atmosphère animée, les rires des gens, les musiques venues d'horizons divers, du rap, du rock, des musiques indiennes, de la funk, de la dance, du jazz. L'ambiance lui faisait penser à celle que l'on trouvait à la Nouvelle-Orléans, pour autant qu'elle ait pu le voir à la télévision, dans les films, ses voyages ne l'ayant jamais amenée jusque là. Elle vouait un véritable culte à sa ville natale, en dépit de ce temps capricieux et jamais chaud. « Ok, tu marques un point. Mais il n'empêche qu'ici, rien n'est surfait, tout est vrai, sincère, les gens, ils sont pas pareils, ils sont pas faux. Tu vois ce que je veux dire ? » Pas sûr. L'alcool aidant, elle commençait à ne plus trop savoir ce qu'elle était en train de dire et où elle voulait en venir. Elle sirota une nouvelle gorgée d'un cocktail qui lui montait désormais à la tête et elle commençait à voir en cet inconnu la potentialité d'une nuit passée ailleurs qu'ici, dans un endroit plus intime. Pourtant, elle ne l'avait pas trouvé mignon, à la base, n'entamant la discussion que pour combler l'ennui que lui inspirait ce bar, mais à présent, elle lui découvrait un charme jusqu'alors insoupçonnable et insoupçonné. Le regard lancinant qu'il lui lançait ne trompait pas : la même idée venait de germer dans son esprit et c'est sans innocence aucune qu'il s'était emparé de sa main, lui faisant comprendre qu'il était plus que grand temps de partir. Tant pis pour Presley, elle n'avait qu'à pas être en retard. Alors qu'elle se levait de son tabouret, prête à frayer son chemin parmi la foule dansait qui dansait un rythme d'une musique atroce, elle fut bousculée par quelqu'un qui, de toute évidence, ne semblait pas regarder où il allait. Le contenu de son sac se renversa sur un sol détrempé par l'alcool et elle leva les yeux au ciel face à tant de maladresse. Fort heureusement, le malotru se montra assez gentleman pour le lui tendre avec l'intégralité de ses affaires. Elle posa le regard sur lui, et fronça les sourcils, persuadée de l'avoir vu quelque part, sans toutefois pouvoir se rappeler d'où. Elle avait rencontré tellement de gens dans tellement d'endroits différents qu'à force, elle en perdait le fil. De toute évidence, ils s'étaient effectivement déjà vu quelque part, John Doe venant de le lui signifier par une question inquisitrice. Elle se fendit d'un sourire charmeur, comme toujours, les yeux plissés comme si ce geste pouvait l'aider à le resituer. « Il me semble... » fit-elle, laissant la réponse en suspend. Ce n'est que lorsqu'il mentionna son prénom qu'enfin, elle parvint à le replacer dans un contexte, un contexte qui, en l'occurrence, n'avait rien de glorieux, au moins pour lui. « Effectivement. Et toi tu es... » Elle marqua une pause, tentant désespérément de se rappeler de son prénom. Enfin, l'éclair traversa son esprit et sa voix se fit plus haut perchée. « Dawson ! Et bien, tu m'as l'air en bien meilleure forme que la dernière fois » nota-t-elle, sans se donner la peine de masquer le dédain qu'il lui inspirait. La première et dernière fois que leurs chemins s'étaient croisés, le jeune homme était à deux doigts d'une overdose dans les toilettes d'un bar miteux et, généreuse devant l'éternel, et surtout pour ne pas qu'on vienne l'accuser de non-assistance à personne en danger, elle l'avait aidé à se relever de la cuvette des toilettes dans lesquelles il semblait prêt à s'endormir. « Tu as appris à doser la drogue, maintenant ? » lâcha-t-elle froidement, de ce ton condescendant parfaitement insupportable.

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La fumée venait lécher les cloisons, montant avec douceur se coller sur ce plafond aux couleurs fades. Les ombres quand à elles allaient et venaient, ne montrant jamais totalement leurs visages. Les lumières tamisées de cette sale donnaient une étrange sensation d'étouffement. Un écriteau bringueballant venait se balancer lentement aux grès des courants d'air et au fur et à mesure que le temps passait. Une chevelure d'un blond presque blanc, un visage à en faire rougir le plus perspicace des hommes. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas croisé une aussi jolie fille. Il était dommage que son arrogance soit à la hauteur de sa beauté. Je ne me souvenais pas de l'intégralité de notre dernière rencontre, mais il était sûr qu'elle n'en gardait pas un excellent souvenir. Du moins c'est ce que je compris au vu du ton qu'elle avait employé. « On dirait bien. » Ce soir là elle était affublée d'un nouveau pantin. Un jeune homme à la mine sombre et au regard vide. Elle avait dû le ramasser là, au coin du bar, histoire de s'amuser ce soir. « Et toi on dirait que t'as enfin réussi à trouver quelqu'un pour te supporter, ça à pas du être facile. » Il était vrai que j'étais un tantinet joueur et si mes souvenirs ne me trompaient pas, elle devait s'en rappeler. Au vu de notre rencontre assez particulière, je ne savais plus trop par ou commencer. Déjà lorsqu'elle m'avait remit sur pied la dernière fois, le courant n'était pas automatiquement passé. Pourtant je ne gardais pas cette rencontre comme un mauvais souvenir. Enfaîte c'était même plutôt le contraire. Jack était loin d'être le genre de personne que j'apprécie en général. Elle était même le genre de fille que je préférais éviter, mais bizarrement elle ne m'avait pas laissé une mauvaise impression. Elle était peut-être cette exception qui confirme la règle. Grâce à cette rencontre fortuite, j'avais réussi à oublier le pourquoi de ma venue dans un endroit aussi désagréable que celui-ci. D'ailleurs que pouvait venir faire une personne telle que Jack dans un endroit aussi sordide. Elle qui s'était pourtant ouvertement revendiquer présidente des epsilons lors de notre dernière rencontre. « Qu'est-ce que tu viens faire par ici ? C'est pas trop le genre de club que tu fréquentes habituellement. » Laissant mon regard filtrer le sien, j'allais déposer mes yeux sur le jeune homme en arrière fond qui l'avait tenu par la main quelques minutes auparavant. J'en aurais presque oublié son existence s'il ne lui avait pas fait signe pour s'en aller. Etait-il si presser que ça de concrétiser et de toucher le jackpot ? Ce n'était peut-être pas ton jour de chance buddy. Ce soir ne ressemblait à aucun autre. Les minutes avaient filé et je savais que ce soir je ne rentrerais pas chez moi, car je ne le voulais pas. Je n'avais aucune excuse, ni même de prétexte, mais quelques-fois il faut faire avec. Une musique monta lentement le long des murs, se faisant un peu plus présente à chaque minute. Knockin' on Heaven's Door. Le vieux jukebox crachait avec délicatesse ces paroles à présent tant célèbre. Quand à moi je continuais de fixer cette blonde que j'avais bousculée déjà plus d'une fois.

L'alcool que j'avais siroté me permettait de m'amuser d'un peu près toutes les situations et il était vrai qu'un homme qui tape du pied pour s'enfuir dans le froid de l'hiver en compagnie d'une jolie jeune fille était assez drôle à voir. Non enfaîte le plus comique c'était qu'il allait repartir tous seul. J'en avais décidé ainsi. Je n'avais pas envie de continuer à boire tous seul, il me manquait quelqu'un à qui parler, quelqu'un à ennuyer et je me doutais que Jack aimerait beaucoup de moquer de mes problèmes, après tous elle était très forte pour ça. Et puis ce n'était pas comme si nous nous connaissions tant que ça. Nous n'étions pas amis et rien ne nous reliaient. Il était également vrai que j'avais prit beaucoup de plaisir à l'ennuyer lors de notre dernière rencontre. « Je suis sûr que t'aimerais beaucoup finir la nuit avec elle, mais je vais être obligé de te l'enlever pour l'emmener boire un verre avec moi. » C'est vrai qu'il était plutôt culotté de lancer une telle chose à un jeune homme qui avait été choisi par mademoiselle Jack pour passer le reste de la nuit en sa compagnie. Surtout que je n'avais pas laissé son mot à dire à la principale intéresser, qui j'en étais sûr, n'allait pas accepter aussi facilement. Après tous elle aimait autant me chercher que moi. Je ne risquais pas grand-chose, à par finir la soirée seul accouder à ce bar miteux, il m'était donc préférable de l'inviter à s'asseoir à mes côtés pour boire un verre ou deux. « Qu'est-ce que t'en dis ? Passer encore un peu de temps en ma compagnie ? Tu ne t'étais pas tant que ça ennuyer la dernière fois. » Un rictus au coin des lèvres, je lui envoyais un grand sourire et ne faisais absolument plus attention à l'impatience du jeune pantin qui se dressait fièrement derrière elle. J'avais une chance sur deux de me prendre une gifle, une solution qui ne me plaisait pas vraiment plus que ça, mais c'était le risque. Et puis ça n'aurait pas été la première fois, j'y avais déjà eu le droit quand elle avait désespérément essayé de me réveiller sur cette cuvette de toilette.

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Si Jack s'agaçait souvent d'un tout et d'un rien, elle était toutefois assez intelligente pour ne pas se formaliser trop longtemps de ce que les gens pouvaient bien dire. Néanmoins, une fois le taux d'alcoolémie légal dépassé depuis au moins une heure, elle s'emportait bien plus vite qu'en temps normal. Surtout lorsqu'elle se voyait rebattre le caquet par un drogué ascendant suicidaire, autant dire, le genre de personnes qui l'insupportait plus que tout le reste. Elle jeta un regard condescendant à Dawson, assez idiot pour insinuer que son contact était déplaisant. Qu'en savait-il, ce crétin ? Ce n'était pas comme s'il l'avait fréquentée suffisamment longtemps pour pouvoir l'affirmer, et quand bien même, elle n'accordait aucun crédit aux paroles d'un drogué, point final. Piquée au vif, elle choisit néanmoins de lui répondre, avec tout le mépris dont elle était capable. « Oh, probablement plus facile que de supporter un gars dans ton genre » répliqua-t-elle froidement, les yeux posés sur sa probable conquête d'un soir qui l'attendait bien gentiment quelques mètres plus loin, lui adressant de grands signes pour qu'elle termine cette discussion bien rapidement et le rejoigne. Parti comme c'était, il avait de grandes chances de voir sa requête aboutir. Si elle n'aimait pas être jugée au premier coup d'oeil, elle supportait encore moins de se prendre de tels commentaires en pleine face de la part de quelqu'un qui, la première et dernière fois qu'elle l'avait vu, était parti pour s'endormir sur la cuvette des toilettes et ne jamais se réveiller. Elle arqua un sourcil dédaigneux à l'adresse de Dawson. « C'est amusant, à t'entendre on dirait que l'on se connaît particulièrement bien. Ne te fais pas d'illusion. Le fait que je sois venue te porter secours il y a presque un an de cela ne signifie absolument pas que tu puisses te permettre ce genre de commentaires. Toutefois, pour répondre à ta question, je suis ici pour passer du bon temps, et malheureusement tu m'en empêches. » Là où d'ordinaire elle se serait emportée contre ce crétin, elle se contentait de répliques glaciales. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes, et elle ne fréquentait pas ce genre de personnes, ce qu'elle espérait qu'il imprimât dans son cerveau de toute évidence atrophié par l'abus de substances illicites. « Et je fréquente tout type de club, pour ta gouverne, je trouve simplement dommage que l'on ne fasse pas plus le tri à l'entrée » poursuivit-elle, histoire de l'enfoncer un peu plus encore, dans l'espoir de mettre un terme très rapidement à cette discussion qui n'en était pas une. Elle ne voulait pas s'appesantir dans un débat avec lui, et surtout n'avait aucune raison de se justifier. Il ne la connaissait pas et elle, elle ne voulait surtout pas apprendre à la connaître. La compassion dont elle avait fait preuve à son égard la dernière fois était aussi éphémère que le reste de ses émotions volatiles. Jack se serait attendue à beaucoup de choses, mais certainement pas à ce qu'il prenne ses remarques acides pour un appel ouvert à la drague. Elle l'observa congédier sa future conquête, incrédule, interdite, ses yeux écarquillés exagérément. Elle vit la mine déconfite du playboy, puis l'air furieux, détaler sans demander son reste. Sans doute pensait-il que Dawson était son petit ami, son rendez-vous, qu'importe. The point was, il ne l'était pas, absolument pas et surtout n'avait aucun droit d'interférer ainsi dans sa soirée. Qu'il fût seul, soit, mais il n'avait pas à vouloir noyer sa compagnie avec elle. Elle darda un regard noir dans sa direction. « Mais qu'est-ce qui ne tournes pas rond chez toi ? T'as pas pris ta dose, ce soir, c'est pour ça ? Ou alors t'es du genre maso, plus on te repousse plus tu t'attaches ? » fit-elle, d'une voix un peu plus forte. Adieu tentatives d'indifférence glaciale, l'hystérique était de retour. « Mais qu'est-ce qui a bien pu te passer par la tête pour imaginer ne serait-ce qu'une seconde que je prendrais un verre avec toi ? On n'a pas élevé les cochons ensemble l'ami, je ne te connais pas et surtout je n'ai aucune envie de te connaître, compris ? » Ses prunelles délavées ne jetaient plus que des éclairs, et elle acheva son verre d'une seule traite, savourant l'alcool pour lui permettre de se calmer un tant soit peu. Elle éclata d'un rire froid à sa remarque. Oh oui, elle avait adoré passer sa soirée à essayer de le garder conscient, plus encore à se défendre d'un passé dont elle n'était pas fière, naturellement, qui n'aurait pas aimé ? « Non, penses-tu, c'est toujours un plaisir de venir à la rescousse de drogués idiots, comment pourrais-je m'ennuyer » pesta-t-elle, alors que d'un signe de la main, elle intimait au barman de lui resservir un autre cocktail. Très bien, s'il tenait tant à son verre, il allait l'avoir et apprendrait très vite que Jack n'était pas le genre à se laisser faire et pire, qu'elle avait le sarcasme facile, plus encore lorsqu'elle avait trop bu. « Tu veux ton verre ? Parfait. T'as deux minutes pour me convaincre que tu n'es pas uniquement un drogué ascendant crétin congénital et que tu vaux la peine que je gâche ma soirée. Plus une minute pour me convaincre que tu as bien fait de me priver de ma distraction de la soirée. Bonne chance. » Ce n'était pas de chance, dont il aurait besoin, mais d'une sacrée dose de courage pour oser se confronter à Jack.

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