Rayan lui manquait. La douleur au fond de son cœur ne cessait de saigner et Aengus ne parvenait plus à penser à autre chose. Son corps tremblait telle une feuille sous le vent. L’angoisse virait au cauchemar. La solitude ne la rassurait plus. Cette fidèle compagne rongeait son courage et la laissait tomber lentement dans des extrêmes effroyables. La peur poussait à la haine. Un grand homme avait dit que de l’amour à la haine, il n’y avait qu’un pas. Un seul minuscule petit pas. Aussi, Aengus courait à en perde à haleine. Elle courait, courait derrière Rayan dans l’espoir de passer cette ligne. Mais rien ne changeait. Lentement, elle aussi plongeait dans la haine. Pourquoi refusait-il de l’aimer alors qu’il avait pris une place immense dans son coeur ? Il était l’homme avec lequel elle s’était reconstruite. Le garçon qui l’avait aidée à oublier ce que les autres attendaient d’elle pour devenir une vraie femme. Il avait effacé ses cheveux roses, emprunte d’un passé qu’elle ne comprenait plus. Il avait préparé Aengus à son avenir en la libérant. Sans Rayan, Aengus avait l’impression de se perdre. Elle aurait tellement voulu qu’il soit à nouveau là et pouvoir se tenir à côté de lui.

Perdue sur le campus, la blonde trainait des pieds. Le nez planté sur la pelouse, elle soupirait. Encore une fois, elle s’égarait vers la maison de confrérie de Rayan. L’espoir de l’entrevoir l’animait à chaque passage d’un blond dans les parages. Alors qu’elle perdait espoir, Aengus tomba sur une scène particulièrement perturbante. Il était là, ce grand blond. Il discutait avec une pétasse blonde. C’étaient qui celle-là ? Elle voulait sa place !! Ils avaient l’air de bien rire, de bien s’amuser. L’estomac d’Aengus menaça de se retourner, imitation parfaite de la sensation particulière qui lui vrillait la poitrine. Son cœur se serrait si fortement qu’Aengus pensait qu’elle finirait par mourir. Jalouse, la gamma s’approcha du dos de Rayan. La discussion qu’il animait semblait prendre fin et l’étudiante en profita. La démarche aussi élégante qu’un pachyderme en rut et les grognements aussi délicat qu’un serpent à sonnette, Aengus s’arrêta sous le nez du Delta. Les mains se posaient aussitôt sur les hanches pour montrer son autorité, enfin, ce qu’elle essayait de réunir comme autorité.

« Arrête de bouder maintenant ! » Ordonna-t-elle en tapant du pied sur le sol.

La blonde ne savait pas réellement comment agir face aux comportements humains. Elle ne savait qu’exiger et réclamer. Capricieuse, elle savait comment obtenir raison. Peu importe si elle devait recourir au chantage pour que Rayan passe du temps avec elle. Non, elle ne le ferait pas chanter, évidemment. Elle ne savait pas faire. En revanche, elle pourrait le pousser à bout pour le forcer à passer du temps avec elle. La reine des emmerdeuses savait comment tourner les choses pour énerver toutes personnes passant dans sa vie. Elle avait même réussi à pousser Noah hors de lui.

« Si tu crois que tu vaux mieux que moi, tu peux toujours te fourrer un doigt dans le cul. » L’expression voulait que l’on dise un doigt dans l’œil. Mais que voulez-vous ? Aengus avait ses propres façons de dire. « T’as couché avec Charlotte alors que je sortais avec elle. T’as voulu délibérément me faire du mal, là où j’ai seulement merdé. » L’index se pointait sous le nez de Rayan pour le menacer. « C’est ça que tu veux ? Qu’on se déchire et qu’on se fasse du mal ? Parce que j’ai pleiins, pleiiiins de choses en répertoire pour te faire du mal, Rayan ! Oh oui ! J’en sais des choses. Et j’ai des preuves. »

Pour une fois, qu’elle ne résolvait pas ses problèmes à grands coups de violences… Enfin, rien ne prouvait qu’elle ne se permette pas un écart de conduite. Le regard azur étincelait d’une lueur peu commune, celle du désespoir, celui de ceux qui n’ont rien à perdre. Rayan n’était pas venu la voir à l’hôpital alors qu’elle avait failli mourir. La chambre était restée bien vide et Aengus avait veillé à pouvoir la remplir la prochaine fois qu’elle se retrouverait couchée dans un lit d’hôpital. Mais toutes les présences autour d’elle ne valaient pas celle de Rayan. Il était l’ami idéal, en quelque sorte. Venant d’Aengus, le compliment pourrait faire rougir un régiment de pommes et ramollir les plus hautes montagnes. Mais voilà, la seule pomme qu’Aengus voulait attendrir ne se laissait pas approcher.