the great escape
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cold-hearted (reed)

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MessageSujet: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyMar 4 Nov - 20:08

Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else;
you are the one who gets burned.

Zadig consumait en silence la silhouette orangée d'une cigarette, coincée entre deux longues lèvres pâles. Il fixait un horizon tumultueux, fait de remous, de vagues. La foule tranquille d'une San Francisco des heures tièdes ne l'effleurait même pas, impertubable statue au regard précis, il recrachait une longue arabesque de fumée grisâtre en repensant à une veille riche en révélations. Chapeautés de noir, les membres d'une prétendue Seven Society aux voyeurs anonymes avaient énoncé d'une voix grave bon nombre des secrets des étudiants de Berkeley. L'écran qui siégeait en maître des lieux avait accueilli le témoignage d'une Reed paumée dans ses propres émotions qui avouait à demi-mot l'inavouable. Il l'avait vu se tortiller sur son fauteuil, couiner quelques protestations affolées, avait savouré au spectacle en grand dandy désabusé, goujat voleur de cœur qui s'amusait de sa condition. Il s'était muré dans un sourire suffisant, avait affronté cette marée poisseuse de sentiments jeté à son égard avec une satisfaction moqueuse. Mais il ne s'était pas risqué à l'affrontement d'une Reed bouleversée par ses aveux publiquement diffusé, il avait préféré attendre une accalmie pour mieux remuer la grande lame dans la plaie béante. Zadig aimait sentir son pouvoir, ses grandes mains d'homme maîtresses qui jouaient avec les gamines déplorées. Il avait joué comme ça avec une Fitzgerald crédule qui l'avait suivi, incapable de saisir la supercherie, l'avait brisée sans plus de ressentiments, sans questions, sans serments. Et Reed lui avait tendu une longue perche avec ces rumeurs reportées jusqu'à lui. Ils avaient parcouru brièvement cette ville rutilante à deux, il savait où la trouver, à quelle heure, grâce à tous ces appels, toutes ces réclamations adressées à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il avait fait de brèves visites de son appartement, avait découvert la douce taverne de cette anglaise au ventre rond. Zadig l'attendait, adossé à sa voiture, fumant sa clope. Elle allait descendre, elle devait bien déjeuner, devait avoir craint sa présence, mais s'était sûrement estimée grâciée en ne le voyant jubiler de ses aveux arrachés une fois la réunion terminée. Quand il avait entendu ces grands mages ténébreux forcer Reed aux révélations, il avait senti comme un drôle de craquement dans sa cage thoracique. Grincement sinistre, de quoi, de son cœur peut-être, de son cœur-colère qui répondait bizarrement à l'appel d'un autre. Mise à part cette rupture brutale de quelque chose au dedans, aucune interrogation sur ses propres sentiments ne lui était montée à l'esprit, il s'était contenté des siens, s'était dit qu'il allait profiter de sa nouvelle supériorité sur elle. C'était au grand damn de Reed, mais il ne pouvait résister à l'appel muet du sadisme. Elle avait trop longtemps été la seule qui lui tenait tête, et aujourd'hui qu'il détenait enfin un poison violent qu'il pourrait brandir, il se réjouissait de sa nouvelle armure. Zadig avait toujours eu un goût prononcé pour le pouvoir qui, encore une fois, se manifestait envers ceux qui avait réussit à l'atteindre, à le toucher, ne serait-ce qu'infiniment. Un long corps enveloppé d'un large manteau dissimulant ses rondeurs ne tarda pas à apparaître, verrouillant la porte par habitude, lassé. Cette présence lui tourna le dos un instant, Zadig passa ses grands yeux dorés sur les boucles brunes qui se balançaient contre ce dos que ses mains avaient goûté, contempla son profil, puis son visage entier. Ce visage qui le fixait, horrifié quoique sans réelle surprise. Oui, Reed savait qu'il viendrait se vanter un jour où l'autre d'appartenir au cercle restreint de ceux qui avait pu percer le cœur de la poétique, bancale, mais sublime Reed Chamberlain. Il lui décocha un immense sourire, fier de son propre tour de connard assumé. Il s'approcha d'elle, trop décider à lui cracher son immense satisfaction de la savoir dépendante pour la laisser filer entre les quelques piétons qui flânaient dans les rues pavées. « On en apprend des bonnes tous les jours, dis-moi. » nouveau large sourire, avec cette hauteur flambante brûlant au fond des pupilles, s'imposant de sa grande carrure face à cette fluette vision qui ne pouvait lutter face à l'autre. Ils s'élançaient dans une nouvelle valse sans fin, sortirait leurs couteaux, leurs épées de mots et d'allusions joueuses et combatteraient, à sang. Sur, une fois encore, l'initiative entêtée d'un héritier enragé face aux caprices de la vie. L'autre fois, il s'était découvert un semblant de conscience, qu'il enterrait savamment en rôdant autour de son nouveau tourment. Il cracha une nouvelle longue boucle de fumée grise dans le ciel blanc d'automne, pris un petit temps pour s'acclimater à cette nouvelle condition de bourreau face à elle. Il n'était, il y a à peine une semaine, qu'un adversaire, et aujourd'hui il se sentait la supplanter. « Reed Chamberlain qui est... qui est quoi déjà ? Am... Amou... Oui, il me semble que ça commence comme ça. » Amoureuse. « Tu pourrais m'éclairer sur la prononciation de cet adjectif, je t'avoue que j'ai du mal à le dire. » grand sourire carnassier. « Juste une question de grammaire, que je puisse élargir mon vocabulaire, tu comprends. » et cette prestance, et cette assurance, qu'en dire, qu'en faire, comment peut-on se délecter du douloureux théâtre de Rosenbach quand on en est la cible ? Beauté diablesse moulée dans un pull The Kooples, débitant ses pamphlets assassins, ses diatribes véhémentes, succulente plâtrée de phrases écorchures, de syllabes brûlures, cocktail de poisons divers et lancinants. Zadig voulait l'entendre de la bouche de Reed, et s'il ne pouvait pas arracher ce mot d'entre ses lèvres, il remuerait la lame dans la chair. « En passant, je ne savais pas que tu fréquentais ma cousine. Encore quelque chose dont je n'étais pas informé. » clin d’œil à ses sentiments enfouis. Salaud de première il distillait doucement ses répliques, grandiloquent dans son élégance venimeuse. « Tu sais ce qui est bien avec toi ? Tu me surprendras toujours. » un énième de ses innombrables sourires satisfaits, content de lui-même et de sa cruelle méchanceté. Poignée de fer sur un corps de porcelaine, il n'avait toutefois pas prévu de la briser totalement. La craqueler lui était suffisant. « Des sentiments... J'aurais tout vu. Ça m'amusera toujours, ces fantaisies. »
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyMar 4 Nov - 23:22

" So leave me in the cold, wait until the snow covers me up, so
I cannot move, so I'm just embedded in the frost, then leave me in the rain,
wait until my clothes cling to my frame, wipe away your tear stains, thought
you said you didn't feel pain. Well this is torturous electricity between both of
us and this is dangerous, 'cause I want you so much but I hate your guts. "

L'esprit encore bien trop tourmenté par la charge émotionnelle de la veille, et l'incursion dans sa vie pourtant déjà complexe de cette auto-proclamée Seven Society, Reed s'était refusée à mettre un pied dehors une partie de la journée. Le temps, maussade, ne l'y avait guère encouragée et son humeur s'était accordée au ciel ombrageux dont aucun rayon de soleil ne parvenait à filtrer. Ressassant encore et toujours les mots si durs d'Alexie à son égard, celle qu'elle aimait et chérissait comme une sœur depuis toutes ces années, le sommeil avait fini par l'emporter loin de ses réflexions sinistres et l'amer goût de la trahison se dissipa, quelques heures seulement, avant que le réveil ne vienne à nouveau l'assaillir de pensées aigres. Ils s'étaient acharnés sur elle. Peut-être parce qu'elle faisait partie de ceux qui avaient le plus de choses à cacher, des choses qu'elle ne pouvait taire éternellement mais qu'elle aurait voulu ne jamais voir révélées au reste du monde. Consciente qu'elle ne pourrait éviter les rumeurs à son sujet, et la fatidique question du père de son enfant, elle avait repoussé autant qu'elle le pouvait l'échéance de son retour à Berkeley, et s'était finalement résolue à l'idée que pour les prochaines semaines, elle deviendrait une bête de foire, scrutée partout où elle se rendrait, de ces regards inquisiteurs, parfois mauvais, dont les gens qui pensaient n'avoir rien à se reprocher se gargarisaient, sans doute persuadés de valoir mieux que les pauvres filles de son genre. Vingt-trois ans, et enceinte. Quelle tristesse, pour cette pathétique Reed Chamberlain sur laquelle le sort semblait s'acharner sans raison valable. Pathétique, peut-être, mais courageuse, assez pour braver la tempête qui la frapperait de plein fouet sitôt le premier pas foulé sur l'herbe encore verte du parc de l'Université. Son esprit la ramenait inévitablement aux confessions des uns et des autres, aux siennes à l'égard de Zadig, à celles d'Alexie à son égard, et encore devait-elle s'estimer heureuse que le nom du père n'ait pas été révélé, puisqu'ici, préserver un secret relevait du miracle divin. Drapée dans un long manteau, boutonné jusqu'au col, qui protégeait son ventre désormais proéminent de tout regard malintentionné, elle esquissa les premiers pas d'un aller simple pour l'Enfer, dont elle ne connaîtrait pas de fin avant qu'un autre scandale ne vienne éclabousser celui-ci. La risée des autres, voilà ce qu'elle était sans doute devenue en l'espace de vingt-quatre heures. Le dernier scoop en réserve, capable d'alimenter le moulin des rumeurs pour une durée imprévisible. Il s'agissait là du lot d'une vie d'étudiante à Berkeley, accepter de devoir partager sa vie avec trente mille autres étudiants faisait partie d'un package dont Reed ne prenait conscience qu'aujourd'hui, alors qu'elle s'en trouvait être la cible privilégiée. Elle fut accueillie par la gifle glaciale du vent frondeur, lui aussi en guerre déclarée contre elle, et fut saisie d'un frisson qui l'obligea à serrer davantage encore son manteau contre elle. Sans avoir eu le temps de faire plus de quelques pas hors de son appartement, son regard croisa celui, inconsciemment redouté, de Zadig Rosenbach, rempli d'un méprisable aplomb. Sans doute lui aussi venait-il cracher à ses pieds et se moquer d'elle, comme beaucoup d'autres le feraient après lui. Mais lorsque le venin s'échappait d'entre ses lèvres, la morsure cicatrisait bien plus difficilement. Elle n'afficha rien d'autre qu'une moue dépitée. Voilà qu'il venait se vanter juste sous son nez, son égo soudainement regonflé par la confession involontaire qu'elle avait faite à son sujet, et qu'elle aurait préféré mille fois taire. « Tu viens parader devant moi ? Je te pensais mesquin, mais à ce point, ça bat tous les records » persifla-t-elle avec aigreur. La dernière chose qu'elle était en mesure d'encaisser aujourd'hui était bien le reflet triomphal dans ses yeux d'ocre, qu'il ne prenait même pas la peine de masquer. A quoi bon ? Il n'y avait qu'une seule raison qui pouvait le pousser à se rendre jusqu'à chez elle, alors même qu'il l'avait expédiée hors de ses draps et de sa vie quelques semaines plus tôt. Parader tel un coq, bien trop heureux de s'imaginer avoir vu juste et d'avoir fait une nouvelle victime qu'il accrocherait fièrement à son pathétique tableau de chasse. Il afficha son inébranlable assurance, celle qui donnait envie à Reed de le frapper encore et encore, jusqu'à lui faire perdre ce rictus sardonique qu'il lui réservait. Elle plissa les yeux, contint quelques instants la colère qui finirait inévitablement par déborder. A croire que c'était exactement ce qu'il venait chercher. La sensation d'être important aux yeux de quelqu'un peut-être ? Quelqu'un qui ne rampait pas à ses pieds, l'implorant de la garder près de lui pour le reste de ses jours ? Quelqu'un possédant un tant soit peu plus de panache que les autres ? Elle lui adressa un regard dédaigneux, traits étirés en une grimace de dégoût pour le moins convaincante. « Amoureuse ? » Reed éclata d'un de ces rires froids, sans chaleur, qui vous glaçait jusqu'aux os. « Te flatte pas, Rosenbach, on n'est pas encore rendu là. » Et on ne le serait peut-être même jamais, car ç'aurait été lui accorder une attention et un crédit qu'il ne méritait pas. Le bourreau de ces dames pouvait bien repartir en chasse car d'elle, il n'obtiendrait rien de plus que ce qu'elle lui avait déjà donné. Et de cela, déjà, il pouvait en faire ce qu'il désirait. « Navrée, la prochaine fois tu n'auras qu'à m'implanter une puce pour traquer mes moindres faits et gestes. » Et s'il espérait entendre de sa bouche que l'amitié bancale qu'elle partageait avec sa cousine prenait pour source lui, et sa relation avec Reed, il pouvait tout aussi bien mourir de trop attendre. Sa fierté déjà mise à mal, bien plus qu'il n'était nécessaire, elle ne lui ferait grâce d'un tel cadeau. « Je sais ce que tu cherches à faire, Zadig, et tu peux toujours crever pour que je te laisse le faire. » Pas si naïve, plus si fragile, Reed s'enveloppait d'une épaisse couche d'orgueil, une couche qu'il serait bien en peine de défaire, ou même de fissurer. « Il ne faut pas prendre les paroles d'une pauvre fille paumée pour argent comptant, tu devrais pourtant le savoir » ironisa-t-elle, laissant volontairement de côté les suppliques qu'elle lui avait adressées lors de leur dernière rencontre. Il était peut-être parvenu à la briser une fois, mais Reed Chamberlain apprenait chaque jour de ses erreurs. Une fois, mais jamais deux.
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyMer 19 Nov - 11:30

Bang, bang, my baby shot me down.

Théâtre gris de San Francisco, nuageux et brumeux, drapé dans son mois de novembre. Soleil blanc niché entre deux bancs de coton, ses rayons tombaient en petites tâches sur les pavés. Il pleuvait ces quelques gouttes de lumière sur le sol sale morcelé d'ombres. Dandy désabusé adossé à une Aston Martin aux phares tristes, Zadig consummait son cylindre de nicotine, monstre d'assurance qui recrachait de longues volutes de fumée couleur orage. L'homme aux démons pointés du doigt savourait sa solitude déguisée en laissant son regard ramper sur les façades de brique, happé dans des pensées troubles. Homme amer, trompé par ses certitudes, la veille il avait goûté à une suprême humiliation. Son secret projeté sur grand écran, dévoilé des lèvres d'une Aurore Hemingway acerbe, l'avait laissé avec la désagréable saveur d'impuissance contre la langue. Il s'était tu, avait laissé le spectacle battre son plein, les yeux s'étaient frottés à lui, sa gorge s'était serrée sous l'étau des regards. La clameur indignée avait écorché ses tympans, les prunelles déposées contre sa silhouette lui avait brûlé la peau. Sa seule consolation avait résidé dans le fait qu'il n'était, heureusement, pas seul. Il faisait parti de ces étudiants maudits à qui on avait arraché leurs scandales. Zadig s'était mis en tête de détester ces mages noirs jusqu'à la mort et de se charger de leur créer un enfer à leur mesure. Parmis ces écorchés d'une prétendue société secrète, Reed avait fait surgir des teintes de leur haine insoupçonnées. A travers quelques images pixelisées lancées sur une toile blanche, il avait découvert ce qu'il ne voulait pas savoir. Les lèvres crispées de son ancienne passion secrète avait avoué, bien malgré elle, ce que tout les deux ne voulaient pas voir sous-jacent. Inconsciemment, sa surprise avait eu un goût de fausseté. La chaleur qui avait irradié dans toute sa cage thoracique n'avait pas des températures d'étonnement. Le voile tombait et dévoilait ce qu'il entrevoyait d'un œil entre leurs cris et ses pleurs. Une semaine plus tôt, il la jetait dehors, gueulait, dandy hors de lui, perdait de son éternel sang froid et descendait trois verres de whisky pour se remettre de ce violent départ. Leurs diatribes qui ménageaient leur drôle de spasmodique douleur les avait mené à un point de non-retour et une fois qu'il avait fermé sa porte – littéralement – il avait su qu'aucune issue n'était désormais possible. Ils resteraient amants détestés, haineux, soucieux d'être le meilleur bourreaux. Pourtant, ils avaient désormais là un drôle de nouveau départ, il avait un nouveau tourment à lui infliger et ne s'en privait pas. Pas une seule introspection sur ce besoin qu'il avait eu de se ruer jusqu'à la porte de chez elle pour lui faire face, pour la voir le détester ardemment, il ne s'était concentré que sur les aveux auxquels il avait eu droit, tout joyeux qu'il était de se montrer supérieur. Le rouge sentiment qu'elle semblait lui témoigner honteusement n'avait pas été sujet de désarroi chez lui, pour une seule bonne raison : Zadig n'avait pas cherché à se poser les bonnes questions. Alors qu'il attendait, fixant son esprit sur d'autres choses en refoulant toutes ces choses qu'il aurait pu se demander, toutes ces analyses avortées sur ses propres ressentis qui revenaient hanter sa sérénité, elle descendit les marches du perron, verrouilla la porte d'entrée, s'apprêta à se laisser grignoter par cette foule dansante qui déambulait, creuse, dans les rues de San Francisco. Sous le ciel gris, elle était d'une couleur vermeille. Ses lèvres, rouges, ses cheveux, ambre, ses joues, roses, tout était teinté de chaleur chez elle. Reed était un tourbillon de couleurs au milieu d'un décor monochrome. Alors qu'il aurait pu partir dans une douce fuite, la laisser dans ses douleurs, dans les ombres de sa vie contre lesquelles elle se battait, il venait s'aditionner à elles, à ses ténèbres. Alors il se plantait face à son petit corps palpitant, aux lèvres sanguines et aux yeux mordorés et souriait, suffisant. « C'est l'avantage avec moi, je surprends toujours. » il tira une dernière bouffée de consolation sur sa cigarette et la laissa tomber à ses pieds, avant de l'écraser d'un coup de talon qui sembla, dans leur désolant silence, assourdissant. Armure d'acier arnachée à son corps d'escrimeur, il refusait de se laisser atteindre par cette voix lointaine, qui essayait de lui faire ouvrir les yeux sur cette condescendance blessante dont il faisait quotidiennement preuve. Il était une douloureuse tempête d'ardeurs déraisonnables qui n'étaient agréables que pour lui. Aucune pitié, juste un désir exacerbé de piquer au vif, de déranger les esprits. Surtout celui de cette fille, d'un de ses plus violents démons. Et pourquoi ne s'était-il pas interroger sur la réciprocité des sentiments qu'elle avait pour lui ? Parce que Zadig avait peur de ses propres réponses. Ses yeux tombèrent de nouveau sur le ventre rebondi dissimulé par le long manteau anthracite. Derrière l'infime tissu de chair se dessinait un corps, un être qui assistait à la violence des êtres, à la brutalité des sentiments. Dans leurs disputes, leurs accrocs, dans toutes ces fois où, les nuits suivant l'envol d'une Reed en pleurs, il avait fixé le plafond en pensant à elle, juste à elle, à ses cheveux et son visage, dans toutes ces cicatrices, ce sang versé sur le cimetière de leur désir, un cœur battait au milieu d'eux. Zadig en voulait à ce bébé, sans s'en rendre réellement compte, mais il le pointait du doigt et se disait que sans lui, il aurait pu caresser l'espoir de l'embrasser. Et puis la haine retombait vite, puisque leur passion serait morte d'une mort morne sans cet enfant, que le désir serait parti et qu'ils ne se seraient plus vus, qu'ils seraient retournés à leur vie. Il n'aurait pas eu droit à la tragédie qu'il réclamait. « J'ai quand même le droit de me féliciter d'avoir réussi à percer l'impénétrable cœur de mademoiselle Chamberlain. » exagération dans ses mots, il croisait les bras sur sa poitrine en riant au nez de cette fille faussement rieuse dont les ricanements devenaient presque sinistres à mesure qu'elle se laissait gagner par son amertume. Zadig faisait preuve d'une douleur communicative, et Reed lui rendait ses mauvaises sentiments au triple. Ils se rendaient la balle, la rendant plus brûlante chaque fois qu'ils se la passaient. Décidé à savourer sa suprématie sur cette future mère paumée entre ses haines et ses responsabilités, Zadig ne lâchait pas, laissait sa morsure verbale distiller son poison. « C'est bien plus drôle d'apprendre tes secrets à la dérobée. » sourire en coin, mauvais, mesquin, s'il voulait la traquer, il le ferait. Il se voulait supérieur à elle et pourtant, à travers la manière dont il revenait, à travers les combats entre eux qu'il forçait par son agaçante condescendance, il était au même niveau d'égarement qu'elle. Ils jouaient un mauvais Huis Clos de Sartre, chacun était victime et bourreau, sauf que dans leur version ils n'étaient que deux. « Ce que je cherche à faire ? Vas-y, dis-moi tout, Reed, toi qui a l'air de si bien me connaître. » ironisa-t-il à son tour. Il rejeta le visage vers le ciel gris qui grondait au dessus de leurs têtes. Bientôt il pleuvrait, ils joueraient leur pathétique comédie dramatique sous une pluie battante, parodiant un mauvais film. Les gouttes dégoulineraient sur ces deux écorchés vifs et pourtant il se réjouissait de la suivre et de continuer d'être le mauvais diable armé du poignard de ses déceptions. « Ne me dis pas que tu refoules tes sentiments pour moi ? La grande Reed Chamberlain aurait-elle honte d'elle, maintenant ? » il la regarda dans les yeux, content de ses mesquines audaces. Oh oui, Zadig Rosenbach était un héritier sans pitié qui se contentait d'enflammer et de réduire aux cendres ceux qui réussiraient à apposer une marque dans sa peau de métal. « On dirait bien. Deux exploits en deux jours, t'as raison, je bats des records. » jubila-t-il, sans finesse. Il lui lançait sa satisfaction au visage, crachait, vipère, ses grands contentements à cette fille avec qui il jouait trop. « Bon, raconte-moi Reed, t'as décidé de faire quoi de ta vie ? T'es enceinte, amoureuse d'un milliardaire... Des projets ? » vas-y, Zadig, enfonce le couteau dans la plaie. Il se sentait déraper, ne savait pas où il s'embarquait, mais il continuait de tracer son chemin, de la blesser, de faire taire ses incertitudes.
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyDim 23 Nov - 0:07

" And the silence of your heart, it beats in mine.
And you thought it might disguise the parting line. "

Les mots que Zadig prononçait, Reed les redoutait depuis la veille. Depuis plus longtemps que ça, même, si elle voulait être parfaitement honnêtes. Toujours soigneusement choisis, toujours pour l'atteindre, la blesser, lui faire mal. Quel plaisir tirait-il de ces piques, qu'y avait-il de si réconfortant à enfoncer Reed là où personne ne pouvait plus l'aider ? Des mois durant, elle n'avait eu droit qu'à la façade angélique d'un être ambivalent, n'avait vu en lui que ce qu'il y avait de bon à voir. Ils avaient formé un duo pour le moins intéressant, tous deux fêtards assumés aux côtés de James, à profiter des plaisirs de la vie tant qu'ils le pouvaient. Mais maintenant, Reed découvrait le démon déguisé sous le masque du gendre idéal. Il était cruel. Sournois. Egoïste. Sans la moindre pitié. Mortifiée d'avoir cru un jour que la comédie qu'il réservait aux autres femmes ne la toucherait jamais, elle s'en mordait à présent violemment les doigts. Elle était comme les autres. Un jouet, un passe-temps utilisé agréablement qu'il avait jeté une fois son intérêt perdu. Parce qu'elle avait été assez stupide pour se penser au-dessus des autres femmes qui composaient la cour de Zadig Rosenbach, Reed payait à présent un prix douloureux, celui de voir son cœur affiché sur la place publique et à présent malmené pour le même homme qui le lui avait pris sans qu'elle n'y prête attention. La tempête grondait en elle et menaçait de tout ravager sur son passage, Zadig compris. « Quel dommage que tu ne sois jamais capable de surprendre en bien » répliqua-t-elle avec mordant. Car si son égo flirtait maintenant avec le ras du sol, son orgueil, lui, n'avait jamais été aussi enflammé et virulent. Et jamais il ne se remettrait de confesser l'inavouable auprès d'un Rosenbach qui ne demandait qu'une occasion, une seule pour s'en saisir et l'utiliser contre elle. N'avait-il donc pas d'autres femmes à torturer, des femmes bien plus intéressantes et crédules, qui avaleraient la moindre de ses paroles et se feraient bêtement avoir ? Cela n'était-il pas suffisant pour lui, fallait-il vraiment qu'il prenne plaisir à s'acharner contre elle alors qu'elle se trouvait déjà à terre ? Elle avait choisi, depuis qu'il l'avait mise à la porte de chez lui, de mener son existence comme s'il n'en avait jamais fait partie. Libérée de l'emprise de Zadig Rosenbach, difficilement et dans les larmes, mais libérée malgré tout. A quoi bon revenir vers elle pour parader, quelle satisfaction trouvait-il à infliger pareils tourments ? Elle songea alors qu'elle avait peut-être réussi. Qu'il était venu à elle par égoïsme pur, incapable de rester éloigné trop longtemps de l'écorchée qu'elle devenait jour après jour et qui l'entraînait dans une chute aussi délicieuse que délicate. Mais si tel était le cas, Zadig donnait le change mieux que jamais, agaçant davantage encore une Reed déjà prompte aux émotions violentes guidées par un épuisant surplus d'hormones. « Mon cœur, impénétrable ? » répéta-t-elle, non sans une pointe d'amusement glacé. Son cœur n'avait rien d'impénétrable, bien au contraire. Tant d'hommes l'avait percé à jour, si souvent, si nombreux qu'elle ne parvenait même plus à se souvenir de tous les noms. Elle leur avait offert son corps, et un morceau de son cœur, jamais assez cependant pour ne plus pouvoir le récupérer. Ces hommes-là, ils n'avaient été que deux. Il y avait eu Neal, l'amour adolescent, l'alter égo. Et il y avait eu Nate. Nate dont elle attendait un enfant qu'ils n'avaient jamais désiré, Nate, le premier amour, l'éternel amour, l'ami, l'amant, la famille, le repère désormais enfoui sous les flots. Il n'y avait longtemps eu que Nate pour lequel ses yeux brillaient, pour lequel la passion s'animait. Mais ceux qui avaient percé son cœur ? Nombreux. Très. Trop sans doute. Elle était le cœur d'artichaut, qui n'offrait jamais plus d'un temps, jamais trop intensément par peur de s'y perdre. Et cette erreur, qu'elle ne commettait que rarement, elle venait de la reproduire avec la mauvaise personne. Zadig était le soleil autour duquel elle se brûlait les ailes, Icare désoeuvrée et pathétique. « Tu n'es ni le premier, ni le dernier à l'avoir fait, même si ce n'était que brièvement. Comme tu peux l'imaginer, ça ne veut donc pas dire grand-chose. » Elle mettait l'acidité dans ses mots, pour les rendre plus percutants, pour les imprégner dans l'esprit cruel de Zadig, pour lui faire perdre de cette contenance détestable. Mais elle-même n'y croyait qu'à moitié : trop hargneuse pour être crédible, guidée par les émotions plutôt que par la raison, elle ne parvenait qu'à le supplier silencieusement de croire qu'il n'y avait qu'un relent d'attirance mal interprété. « Ce que tu cherches à faire ? Me faire dire des choses qui sont fausses pour satisfaire ton égo surdimensionné. Me mettre plus bas que terre pour pouvoir parader comme le pauvre type que tu as toujours été et qui ne vit que pour la domination des autres. Et ça n'arrivera pas. » Elle aurait préféré crever, plutôt que d'admettre à haute voix que quelque part dans sa poitrine, son cœur pouvait battre pour un type comme lui qui ne demandait qu'à s'en saisir au creux de ses doigts pour mieux l'écraser. Il voulait la réduire à néant, au rang d'une moins que rien ayant commis l'erreur de tomber pour lui. Il voulait jouer avec elle à un jeu dont lui seul pouvait sortir vainqueur, comme il l'avait fait avec dieu seul savait combien de femmes avant elle. Mais encore certaine de n'avoir rien en commun avec celles-là, Reed se montrait assez intelligente pour refuser d'y jouer. Pas cette fois. Plus jamais même. Son cœur ne battrait jamais assez fort pour qu'il l'entende et l'utilise contre elle. Drapée dans son manteau d'orgueil, Reed ne lâchait rien. « Je n'ai pas honte de ce que je ressens. J'ai seulement honte que tu puisses croire une seconde qu'il s'agisse d'amour. Tu t'accordes beaucoup trop d'importance dans ma vie Zadig. » répondit-elle, feignant le désintérêt total. Indifférente en apparence quand tout son corps tremblait de le voir si près d'elle, physiquement, mentalement, elle recula d'un pas pour marquer une distance plus importante. « Tu veux que je te dise que j'ai des sentiments pour toi ? Très bien, oui j'en ai. De la colère. De la haine. Beaucoup de mépris. Mais de l'amour ? Non, vraiment pas. Navrée si mes paroles t'ont laissé croire le contraire, je suis désolée de briser tes illusions. » Aussi mauvaise qu'il était mesquin, elle ne comprenait trop tard que le jeu qu'elle tentait de fuir, elle le jouait déjà, dangereusement, maladroitement. Elle était en plein dedans, même quand elle refusait de le croire et luttait contre lui avec l'énergie du désespoir. Elle l'était, rien qu'à lui adresser la parole quand il lui aurait suffit de l'ignorer et de reprendre son chemin avec indifférence. Mais Reed ne connaissait pas l'indifférence. Elle n'avait jamais été de ces femmes capables d'ignorer soigneusement quelqu'un pour faire passer un message. Trop passionnée, trop impulsive, ses sentiments guidaient sa vie bien plus que ne le faisait son esprit. C'était à cause d'eux qu'elle se retrouvait enceinte, à cause d'eux qu'elle sentait sa vie se déliter sous ses yeux, à cause d'eux encore que malgré la meilleure des volontés, Zadig ne parvenait pas à la laisser indifférente. Peu importait que ce fût pour les bonnes ou les mauvaises raisons, que ce fût de l'aimer, ou de le détester. Il marquait son empreinte sur elle au fer rouge, douloureux et brutal. Elle choisit de ne pas relever ses derniers mots, s'évita les justifications hasardeuses et plus embarrassantes pour elle que pour lui, décida de le laisser croire, s'il le désirait à ce point, qu'elle l'aimait. Parce que c'était peut-être vrai, officieusement, parce que ça ne l'était pas, officiellement. « Et toi Zadig, dis-moi, t'as décidé de faire quoi de ta vie ? Pourrir la mienne ? Un milliardaire tellement occupé avec l'interminable liste de ses conquêtes et tu n'as rien trouvé de plus intéressant à faire ? On frôle le sommet du pathétisme. » Elle balaya le plafond nuageux d'un regard agacé. « Attention, on finirait presque par croire que tu ne peux pas te passer de moi. » Elle tenta la moquerie, cherchant la faille dans la carapace si solide qu'il affichait en permanence. Mais Reed savait, qu'elle l'avait effritée une fois, qu'il en avait perdu une partie dans leur précédente bataille. S'ils jouaient à un jeu dangereux, l'issue restait incertaine, pour elle comme pour lui. Et dans cette histoire, il avait bien plus à perdre qu'elle. « Pourquoi n'irais-tu pas perdre ton temps avec quelqu'un d'autre, plutôt que de me faire perdre le mien ? Oh, mais non, c'est vrai. Le grand Zadig Rosenbach a réalisé qu'il m'avait dans la peau et qu'il ne parvenait pas à se passer totalement de moi. C'est triste, n'est-ce pas ? L'histoire de comment un héritier manipulateur se laissa avoir par une gosse paumée. »
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyVen 5 Déc - 17:11

I won't let you close enough to hurt me
No, I won't rescue you to just desert me
I can't give you the heart you think you gave me
It's time to say goodbye to turning tables
reed chamberlain and zadig rosenbach

Qu'est-ce que c'était que cet amour là ? Amour violent, impulsif, douloureux. Graine de quelque chose d'infiniment étrange, résultat d'une complexe recette aux ingrédients ajoutés au hasard. Prenez deux êtres à l'esprit bancal, désespéré, mixez-les. Ajoutez-y une bonne dose d'orgueil, d'addiction et d'indélicatesse. Saupoudrez de passion et d'une pincée d'affection. Vous obtenez le fantastique mélange des deux, brûlant, fumant, vous obtenez une potion venimeuses aux vertues destructrices. Quelle drôle maladie que l'amour. Ils se déchiraient, se blessaient, s'embrassaient de nouveau et se retrouvaient dans un soupir. Ils se trouvaient fous et oubliaient aussitôt. Et c'en était toujours ainsi de leur manège. Ce virus violent donc, appelé amour par beaucoup, était la plus virulente des maladie. Elle s'attrapait en toutes saisons, vous prenait au coeur et consummait le reste. Pour les éternels chanceux, c'était une morsure chaude qui vous rendait rieur. Pour les autres, les vivants perdus, après des instants de douceur, la déflagration était trop grande pour eux seuls, devenait un fardeau, une douleur. Et pourtant, on s'évertuait à le chercher, cet impétueux amour. Le plus grand paradoxe de tous temps, genre de pandémie jamais calmée qui n'avait connu aucun survivant. C'était surprenant. Mais ces deux-là n'avaient jamais cherché l'amour. Ils l'avaient soigneusement évité toute leur vie. Elle s'était retrouvée atteinte bien malgré elle, il en allait de même pour lui. Pourquoi était-ce tombé sur ces deux coeurs fermés à un univers d'infinies possibilités ? Parce que quand ces deux fuyeurs de l'amour s'étaient trouvés, découvert grâce à un tiers, ils s'étaient reconnu l'un l'autre, comme un frère loup reconnaît sa soeur. Ils s'étaient trouvés, avaient compris qu'ils pourraient trouver en l'autre un réconfort, une chaleur sans sentiments. Et oui, au début le plan avait marché. Ils donnaient à l'autre uniquement ce qu'il désirait, n'étaient ensemble que pour une seule raison, s'oubliaient dans leurs bras respectifs et vivaient ainsi. Et était venue le temps des représailles. A ignorer cette peste sentimentale, elle les avait atteint sournoisement. Il s'était retrouvé amoureux d'elle. Elle s'était retrouvée amoureuse de lui. Alors ils s'étaient consummé avec plus de passion, couvrant le tout d'une grande cuillérée de déni. C'est là votre deuxième recette : celle du supplice amoureux. Ils avaient essayé de briser son fruit, de s'imposer une séparation, un mur de brique entre eux deux, entre ces deux loups divorcés de l'amour qui avaient - pour la première fois - trouvé un point d'ancrage. Et la provocation de Zadig était, encore une fois, la preuve que la fièvre amoureuse était pire que tout et qu'ils ne pouvaient rien contre elle. « Et comment surprend-t'on en bien Reed Chamberlain ? » questionna-t-il en écrasant d'un coup de talon sec le cadavre de sa cigarette à peine fumant. Son coeur qui battait tentait de lui faire comprendre, dans un petit effort, l'étendue des dégâts qu'elle avait su faire. Jusqu'où elle avait touché. Mais il restait sourd au rythme de cet appel, se concentrait sur sa discussion et pas sur les indices que son corps essayait de rappeler à lui. Zadig n'avait pas de sentiments, point à la ligne. Il était un glacial, despotique et orgueilleux futur homme d'affaire qui gueulait quand on s'approchait un peu trop. Il se promettait à lui même de n'être jamais que ça, fidèle à lui-même, à ses airs d'acier. « Tiens donc. Et j'aurais droit d'avoir la liste des hommes qui ont réussi à le percer ? » Elle se disait cœur d'artichaut et bizarrement, il grimaçait quand elle évoquait le nombre d'hommes qui avaient réussi à y séjourner, bien que brièvement. L'amertume qui lui fendillait le palpitant, il l'a crut presque parente de la jalousie. Et puis il chassa cette ébauche d'introspection d'un coup d’œil au ciel gris qui chapeautait la ville de nuages. Ils étaient au cœur d'une future averse qui ne tarderait pas à éclater. Comme leurs paroles, qui s’envenimaient chaque fois que l'autre renvoyait la pareille. Alors oui, ça l'emmerdait, cet impact qu'elle avait sur lui, sur sa personne qu'il croyait de glace. Petit à petit, de ses mains de fillette et de son ventre rond, Reed défaisait en lui quelques certitudes, faisait sauter quelques cadenas qu'il pensait bien poser. Quelle poisse, cette fille. Cette tempête. Mais il ne cherchait pas plus loin quand il pensait ça, ne cherchait pas dans les tréfonds de sa personne à connaître ses intimes vérités. Non, il restait stoïque face à elle, serrait les dents, faisait saillir les muscles de sa mâchoire et attendait que la crise passe. Une crise, allons bon. Un énième syndrome de la maladie dont on parlait tant. Il rit à ces accusations, à tout ce qu'elle lui crachait à la gueule en cet instant-là, ce qu'elle déballait, toute petite demoiselle au corps mangé par le tissu gris de son manteau. « Ça t'emmerde, hein ? Ça t'emmerde de voir que oui, je suis au dessus de toi parce que j'ai su rester de marbre. » qu'il était bon menteur. En réalité, ce qu'il disait n'était pas si faux, il sifflait ce qu'il croyait si bien savoir : qu'il ne tombait pas amoureux. Elle commençait doucement à déroger à la règle mais les sentiments évoqués n'étaient matériels qu'en un fiel poisseux au creux de son cœur. Cœur qu'il n'écoutait plus depuis longtemps, qu'il avait relégué à l'état d'organe secondaire depuis des années déjà. Alors non, Zadig n'était pas au courant de la hargne qu'il avait à l'aimer et s'appliquait à n'entendre aucun mot à ce sujet. D'où cette notion de vérité dans ses mots, car lui-même, en bon connard qu'il était, ne pouvait pas se douter de ce qui gronderait bientôt en lui. De ce qui n'était pour l'instant que sous-jacent. « Epargne-moi ton cinéma pathétique. Tu chiales sur le pas de la porte de chaque mec que tu détestes ? Pitié, on sait tout les deux de quoi il en retourne... Alors oui, je brise les petites gens. Mais si tu savais à quel point je m'en fous de tes sentiments. Je viens parader, ouais. Je viens parader parce que ça me fait marrer et que contrairement à ce que tu prétends, tu me détestes pas seulement. Et c'est encore plus drôle comme ça, d'ailleurs. Me fais pas croire que si on t'en donnait l'occasion tu m'embrasserais pas tout de suite. »  il lui décocha un de ces sourires victorieux dont il avait le secret. Un sourire qui voulait dire je t'emmerde, j'ai gagné, et tu es impuissante tout à la fois. Un sourire qui sonnait comme une ode au désamour, aux engueulades. Il crut presque voir les yeux de Reed faire un détour par ses lèvres avant de venir se replanter dans ses yeux. Zadig voyait brûler la fameuse étincelle de défi au creux des prunelles de l'anglaise. Drapée dans son manteau, ses cheveux tombant tout contre son cou fin, elle lui faisait face avec une force de lionne, forcée de se battre face à celui qu'elle voulait ardemment tuer. « Et en parlant de pathétisme, toi, impuissante, face à moi, indifférent : ça, ça l'est. » Elle avait le droit de le détester. Elle avait le droit de se laisser consumer par sa haine. C'était bien légitime. Épidémie d'amour mêlée à un déluge de haine, ça créait un explosif cocktail, une potion vengeresse qui vous foutait dans les veines la drôle d'adrénaline qui vous aurait fait cogner n'importe qui. Et ça tombait bien, puisque la première chose qui lui tombait sous la main, c'était Zadig. Ce grandiloquent, pittoresque, détestable et orgueilleux Zadig. Sur qui elle aurait pu cogner mille fois qu'il n'aurait pas arrêter de cracher sa valda sans discontinuer. La satisfaction de son discours se mua bientôt en une colère qui enflait tout contre son cœur. A mesure que Reed le provoquait, jouait avec ses nerfs, il sentait les phrases se presser contre son palais. Quand elle eut fini de lui prouver à quel point il était, inconsciemment, dépendant d'elle, il fit un large pas en avant, se retrouva tout près d'elle, approcha sa bouche de son oreille avec une lenteur mesurée. Son souffle venait se perdre contre son lobe, il eut un sourire discret. « T'aimerai bien, hein ? Que je sois fou de toi. ...T'en rêve. » il marqua une pause, toujours aussi proche de son oreille, lui susurrant ses mots. Il écarta une mèche brune, la laissant espérer, peut-être. « Navré de t'informer que tu ne me fais décidément ni chaud ni froid. » fier de l'impact qu'il avait dès à présent sur elle, il s'écarta doucement, laissa ses lèvres passer à quelques centimètres des siennes et se replaça face à elle. Moulé dans son costume d'écorcheur.
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyMar 9 Déc - 23:02

And who do you think you are ? Runnin' 'round leaving scars,
collecting your jar of hearts and tearing love apart.
You're gonna catch a cold from the ice inside your soul,
so don't come back for me, don't come back at all.

Elle osa darder un regard noir sur la silhouette de son bourreau. S'enveloppant d'une épaisse couche d'orgueil, comme elle le faisait systématiquement lorsqu'elle devait se défendre, Reed défiait Zadig dans un combat vain, sans victoire, de ceux qui vous blessaient plus qu'ils ne vous soulageaient. Qui vous atrophiaient le cœur et vous laissaient rempli d'une amertume dont on ne se remet pas. Reed se savait embarquée sur un chemin périlleux, qu'elle aurait volontiers laissé pour rejoindre la route rassurante si elle avait été capable de se soustraire à l'emprise inexplicable qu'il possédait sur elle. Tout autant qu'elle désirait le voir partir, et la laisser tranquille, elle appréhendait le calme qui suivrait inexorablement. Et lorsqu'elle ne serait plus animée de passion, que lui resterait-il, à Reed ? Quand elle n'aurait plus d'émotions vives auxquelles se raccrocher, que deviendrait-elle ? Involontairement, peut-être même inconsciemment, elle se nourrissait de ces moments, s'en abreuvait jusqu'à en noyer son être tout entier. Ce sentiment de ne plus vivre qu'au travers de moments d'intense passion, quelle qu'en fût la source, elle l'avait déjà ressenti auparavant, avec d'autres hommes. Mais jamais aussi fort. Jamais aussi violemment. Elle se laissa happer par le besoin irrépressible de prendre le dessus, de blesser autant qu'il pensait le faire avec elle. « Oh... Si tu voulais un mode d'emploi sur comment me plaire Zadig, il te suffisait de me le demander, je te l'aurais volontiers donné pour te permettre de l'utiliser. » Elle se para d'un sourire mauvais. « C'est vrai que c'est ton truc, ça, utiliser. Les objets. Les gens. Tout ce qui sert ton petit intérêt, en somme. » Elle balançait ça d'un ton dégagé, parfaitement neutre, parfaitement exempt de toute émotion. Amusant, cette façon qu'elle avait parfois de faire taire l'ouragan en elle qui ne demandait qu'à s'échapper. Elle faisait du sarcasme un cynisme mordant, et continuait de chercher la faille dont Zadig cherchait à se protéger. Lui ne le comprenait pas encore, probablement pas aussi bien qu'elle. Ils partageaient quelque chose qui ne se niait pas, pas plus qu'il ne se refusait. Sans doute s'imaginait-il pouvoir toujours garder le contrôle de lui, autant que celui sur la situation, mais il était déjà trop tard. Sa seule présence ici, face à elle, valait à elle seule de longues paroles. Incapable de se défaire d'elle, autant qu'elle avait été incapable de se débarrasser de lui dans son esprit. Quoi qu'elle fît, il trouvait toujours le moyen de s'immiscer insidieusement dans ses pensées. Et à présent, Reed acquérait la certitude que la réciproque était tout aussi vraie. Peut-être même plus.  Derrière un désintérêt feint, elle sentait poindre la jalousie, celle qui ne disait pas son nom et se prenait pour quelque chose d'autre : un soupçon de curiosité mal placée, sans doute. Mais Reed n'était plus dupe. Elle croisa les bras contre sa poitrine, haussa un sourcil et retint un ricanement. « Pourquoi, tu es jaloux ? » Ce n'était qu'une question rhétorique, à laquelle il n'apporterait aucune réponse satisfaisante pour ne pas perdre la face. Zadig essayait tant bien que mal de se convaincre qu'il était encore capable de quitter le bateau avant qu'il fasse naufrage. Reed, elle ? Oh, Reed se savait déjà naufragée. « Et bien, voyons voir... Il y a eu Maxwell, il y a eu Neal, il y a eu Robbie... oh et bien sûr il y a Nate. » Elle utilisa le présent volontairement, sondant d'un regard moqueur celui de Zadig. Elle n'était pas vraiment certaine de ce qu'elle y trouverait, elle le savait bien trop maître de lui-même pour lui faire cadeau d'une réaction emportée. Trop prévisible. Mais elle sentait que la curiosité masquait un sentiment bien plus pernicieux, qui ne nécessitait aucune explication et se suffisait à lui-même. Un sentiment que n'importe quelle personne ayant aimé quelqu'un aurait reconnu entre mille pour l'avoir déjà ressenti. « Ca c'est un choix de mot intéressant. Rester de marbre. Tu veux quoi, que je te félicite parce que tu es capable de te maîtriser ? Allons, on sait tous les deux qu'être capable de se maîtriser ne veut pas dire que tu n'éprouves rien. » Elle se délecta de reprendre un semblant de contrôle sur lui. Fier Zadig, qui persistait à s'enfoncer dans un mensonge absurde. S'il se pensait tant capable de pouvoir déceler en elle la naissance de sentiments à son égard, que dire de lui qui s'évertuait tant bien que mal à donner le change ? Elle l'écouta déverser un flot méprisant de paroles et ne put se départir d'un rire moqueur lorsqu'il termina. « Si en m'en donnait l'occasion, te foutre une baffe pour te faire ravaler ton égo surdimensionné serait la première chose qui me viendrait en tête. Mais si tu as envie de croire que je meurs d'envie de t'embrasser, je t'en prie, je ne voudrais pas gâcher tes illusions. » Elle sentait les soubresauts dans sa poitrine d'un cœur qui se débattait avec son esprit. Elle aurait sans doute pu capituler, si seulement elle avait été moins orgueilleuse. Mais il était une chose, déjà terriblement difficile, d'admettre ses sentiments à soi-même, alors les admettre à la seule personne capable de les utiliser contre elle... Si certains versaient dans un goût exacerbé pour le masochisme, Reed, elle, ne faisait pas partie de ceux-là. Dans cette lutte improvisée entre deux égos se voilant la face, elle avait de plus en plus le sentiment de se trouver à armes égales. Chaque moquerie qu'il lui envoyait, plutôt que de la mettre hors d'elle, trouvait écho dans les siennes. « Impuissante ? Et pourtant, ce n'est pas moi qui suis venue te voir » nota-t-elle dans un cinglant sarcasme. Ce n'était pas elle, qui n'avait pas pu s'empêcher de venir jauger de la véracité des aveux confessés bien malgré elle la veille. Ce n'était pas elle, qui avait fait le déplacement jusque chez lui, tout ça pour quelques échanges de piques. Il n'y avait rien d'indifférent chez lui, ni son regard, ni ses gestes, ni ses mots. Tout son être criait ce que ses paroles n'étaient pas capables de faire : qu'il l'avait dans la peau, autant qu'elle dans la sienne. Quand bien même auraient-ils cherché à le nier de toutes leurs forces, tout chez eux les ramenaient inévitablement à ce constat. Un constat qu'elle acceptait de toute évidence bien mieux que lui, tout en cherchant à le nier face à lui. Zadig s'approcha d'elle et, incapable d'esquisser le moindre geste, elle ne songea même pas à reculer pour l'en empêcher. Elle ferma les yeux, s'imprégna de son parfum familier, du souffle contre son oreille et son cœur fit une nouvelle embardée. « Tu ne sais pas de quoi tu parles » parvint-elle à prononcer douloureusement, tandis que son corps tout entier criait le besoin de lui. Elle crut, au cours d'une infime seconde, qu'il se laissait finalement aller à accepter ce que tous deux savaient fort bien, mais, fidèle à lui-même, il s'écarta non sans frôler ses lèvres dans une tentative – peut-être réussie – de la mettre au supplice. Elle sentit le contrôle lui échapper, et retrouver son plus digne propriétaire. Zadig affichait une mise sournoise et satisfaite. Mâchoire contracté, elle lui décocha un regard amer ombragé de colère. « Et bien dans ce cas, autant nous éviter de perdre plus de temps que nécessaire. Tu m'excuseras, j'ai des choses à faire. » A commencer par s'éloigner le plus rapidement possible de lui, avant qu'elle perde ce qu'il lui restait de fierté. Elle resserra son manteau contre elle et remonta la bretelle de son sac sur son épaule. Elle esquissa quelques pas en direction de la rue qui jouxtait la sienne, mais dut s'arrêter lorsque l'étourdissement la frappa. Soudain nauséeuse, prise de bouffées de chaleur qui ne devait rien à la température extérieure, elle sentit sa vue se brouiller et dut appuyer sa main contre le capot de la voiture rutilante de Zadig pour éviter de tomber. Mais au lieu de maintenir le contact avec la réalité, Reed se laissait lentement envelopper par l'inconscience qui la submergeait déjà et contre laquelle il ne servait à rien de résister. Sans qu'elle n'y pût rien faire, le sol se déroba sous ses pieds pour ne plus laisser que la froideur du goudron sous elle. Le dernier lien avec la réalité fut le regard perçant de Zadig voilé, pour la première fois peut-être, d'inquiétude avant qu'elle ne cède à la quiétude du néant.
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyJeu 18 Déc - 18:44


“There are few people whom I really love, and still fewer of whom I think well. The more I see of the world, the more am I dissatisfied with it; and every day confirms my belief of the inconsistency of all human characters, and of the little dependence that can be placed on the appearance of merit or sense. -- jane austen, pride and prejudice (reed and zadig)


Il la regardait dans les yeux. Elle était là, en face. Petite statuette aux cheveux bruns qui affrontait la brise. Silhouette au ventre arrondi, les mains serrées, les frissons grimpant le long de la délicate peau glacée. Reed. Dans toute la splendeur d'une mère amère. L'ancre de sa tristesse jetée dans un palpitant déjà cabossé par toute cette vaste anarque de vie noire d'horreur. Zadig tendait vers un elle un regard amusé, avec toute la fausseté d'un homme indifférent. Il la trouvait belle. Il n'allait pas lui dire. Il allait fermer sa gueule, la regarder affronter sa bile grise de connard et réprimer une dernière fois un feu de de violence et de larmes qui crépitait au dedans-d'elle. Au dedans de cette petite enveloppe de fille qui a tout vu, tout subi et qui, aujourd'hui encore, découvrait toute la diversité des souffrances. Il lui faisait goûter à un tout nouveau type d'humiliation, infiniment plus méticuleux. Plus soigné que toutes ces hontes de passage, ces situations cocasses ou ces irrespectueuses remarques lâchées dans l'air frais des couloirs. Il avait préparé ce plat spécialement pour elle. Confectionné sa vengeance avec application, grand connaisseur des douleurs à infliger. Ce grand bourreau, chapeauté de son orgueil, avait érigé cette haine-là à son honneur. Une haine fougueuse, brutale, avec les pépites de folie qu'exigeait toute tendresse refoulée. Il la regardait, toute couverte déjà de ce sang invisible dont il la couvrait à grand coups de pinceaux. Il l'envoyait en spectaculaires gerbes, ce poison rouge, qui n'était vu que d'eux. Ce poison sanglant qui la tâchait, qui coulait sur ses joues, qui s'insinuait en elle. Zadig peignait le désolant portrait de la femme décomposée. Bientôt Reed se glacerait, elle s'armerait des mêmes artifices que lui, de la même armure d'acier, elle deviendrait une forteresse impénétrable. En attendant, elle tendait de se protéger derrière ses boucliers d'amertume mais elle n'avait pas sa maîtrise. Tant en attaque qu'en défense, l'héritier avait un talent et une pratique hors norme pour un vingtenaire un peu grisé. Il excellait dans l'art de la bataille et celle qu'il lançait là serait celle qui, de toute, aurait la plus grande empleur dans leur deux vie. Ils ne le savaient pas. Elle ne savait pas qu'à travers ses répliques, sa beauté insolente et ses sourires lointains, elle signait la déclaration de guerre. Il ne savait pas que cet affrontement, il durerait une vie entière. Une vie entière de relation décousue, douloureuse, passionnée aussi, sûrement, mais une vie entière de ça. De tentatives d'atteinte, d'attaques avortées. C'était triste, mon dieu que c'était triste. C'était triste ce début, même si ça finirait presque bien. C'était triste ce sang-là, ce sang de mots, ce sang de phrases. Toute cette poésie barrée, raillée d'insultes. Toute cette lourdeur dans le cœur qui les saignait à blanc. « Je te l'aurai volontiers demandé... si seulement tu n'étais pas si facile à lire. J'aurais juste aimé entendre la version mensongère de la notice de Reed Chamberlain. » ses yeux glissèrent jusqu'au sol, remontèrent une nouvelle fois jusqu'à son visage. Il perdait de sa lumière à chaque coup de poignard asséné. « Soit pas jalouse, vas. Je t'apprendrai, un jour. Même si je doute que tu aies un quelconque potentiel dans cet art-là. » c'était faux. Il ne voulait pas apprendre à Reed les rudiments de la guerre froide car il formé son plus fort adversaire, son plus redoutable rival. Alors il trichait, comme toujours, il glissait ses mots de fiel entre deux courbettes à la population dorée de la haute bourgeoisie. Dans le jeu de l'aristocratie insolente, Zadig s'amusait toujours. Il lillustrait, comme tant de membre de sa famille, cette jeunesse qui ne servait que ses propres intérêts, qui savourait sa supériorité sans préoccupations autre que celle de sa supérmatie. « Non, j'aimerai juste évaluer le niveau de mon ex-plan cul. Et là je crois qu'on a bien dépassé la fille facile... Reed, une Marie-couche-toi-là. Merde, ça m'apprendra à mieux me renseigner sur les prochaines éventuelles filles paumées que je ramènerai chez moi. » il marqua une petite pause. « Va falloir que je dresse une liste des critères, d'ailleurs... Bon, premièrement, qu'elle ne se soit pas envoyé la moitié du campus. Deuxièmement, qu'elle n'ai pas secrètement de sentiments pour moi. Et puis, troisièmement, et pas des moindres, si elle pouvait ne pas s'être fait engrosser récemment, ça m'arrange aussi. » avec cet agaçant air de médiateur, posé, calme, il tourna un visage radieux vers elle. « Tu constates donc que tu ne corresponds désespérément pas, ma pauvre Reed. Pas la peine de venir t'époumoner puis chialer sur le pas de ma porte pour essayer d'avoir une place. » Il se sentait intimement obligé de continuer sur sa lancée, comme un accord tacite passé avec lui-même. Il avait passé ce pacte, qui en réalité était plus un défi qu'autre chose, une promesse audacieuse de la détruire sans remords et sans jamais s'essouffler dans son combat contre la fille perdue des temps modernes. Elle le regardait de ces yeux-là, de ces yeux qui disaient va te faire foutre, qui lui disait d'arrêter. Mais des yeux qui n'imploraient jamais. Pour rien au monde il n'y avait de la détresse dans ces yeux-là. Ces orbes étaient remplis de fureur, de haine, d'amertume, mais jamais d'un soupçon de supplication. Reed était la plus forte des femmes. « J'ai du mal à saisir. Tu t'acharnes à me persuader que j'ai des sentiments pour toi et de l'autre, tu essaies de me persuader que tu m'es indifférente... Des fois, t'as raison, j'aurais besoin d'une notice pour réussir à déchiffrer quelque chose à travers tes conneries. » nouveau sourire carnassier, combat de félins, puissants, pleins de ce pouvoir maléfique qui leur brûlait les doigts. Le pouvoir de destruction. Drapés dans leur fierté, ils étaient murés dans leur colère, faisaient reluire leurs crocs et s'acharnaient à être le plus violents. « Je venais savourer ma victoire, c'est tout, arrête de te faire des films, Chamberlain. » sifflait-il, alors qu'elle approchait des failles dans la stratégie rosenbachienne. Il revenait, inlassablement, vers cette fille qu'il prétendait sans importance. Il savait que cette brêche était là, béante, prête à laisser s'engouffrer n'importe qui en elle, à faire flancher ne serait-ce qu'un peu le monstre de combat, mais il l'avait simplement ignorée, trop soucieux de savoir ce qu'il trouverait en se lançant dans une introspection approfondie. Il n'avait pas pansé cette faille là, il l'avait laissé, par soucis d'ignorance, s'ouvrir à Reed. Et cette nouvelle approche d'elle, son parfum contre sa peau qui le frôlait, sorte de brume blanche qui mourait contre son épiderme glacé. Une scène pathétique. Le désespoir de deux bêtes qui ne croyaient plus en grand chose. Qui ne croyait que ce qu'ils voyaient. Et on savait que l'amour ne se voyait pas, ne se saisissait pas au creux des mains. Pourtant il était bien là, sorte de long courant électrique qui ondulait autour d'eux. Ils le voyaient, Reed savait et Zadig ignorait. Elle commença à partir après lui avoir lâché trois mots sur cette proximité sadique qu'il avait mis entre eux. « C'est ça, on se reverra, Chamberlain. » qu'il s'exclamait dans la clameur doucereuse de la ville. Elle s'éloignait, frôlait à peine les pavés, se glisserait bientôt au milieu des gens et redeviendrait ce qu'elle était. Insaisissable. Elle frôla le métal de l'Aston Martin et son corps tout entier s'afaissa sous le poids d'une invisble lourdeur. Il courut les cinq mètres qui le séparait d'elle avant qu'elle ne touche réellement le sol. Il la vit vaciller, n'hésita pas à enrouler ses bras autour de ce corps dolent qui s'abandonnait à sa torpeur. Reed ferma les yeux. « Tu me fais vraiment chier jusqu'au bout. »


Murs blancs d'un hôpital. Solitude du cri des sirènes derrière la vitre. Corps tiède napé de la blancheur d'un drap. Le ventre rond naissant sous la non-couleur. Visage tourné vers le plafond silencieux, les paupières closes, la peau rosie, le souffle qui se perdait dans un horizon livide. Et trois heures que ça durait. Qu'il n'y avait que le bruit du couloir qui le rattachait à une réalité, qui déchirait le calme de trois pas. Zadig s'était assis dans le fauteuil, contemplait un paysage pluvieux en laissant son regard retomber sur Reed le temps d'expirer ses inquiétudes. Lion contrarié, les sourcils froncés. Tout était gris dehors, la nuit tombait presque sur une San Francisco qui perdait de son théâtre de comédies, qui laissait valser des tragédies improvisées. Les gyrophares bleus et rouges balayait le plat décor d'une lumière agressive, le bruissement lointain de leur agitation n'arrivait pas à percer les pensées qu'il remuait. Son cœur battait lentement, s'était remis de la chamade qui l'avait secoué quand ils roulaient vers l'hôpital. Il y avait Reed à l'arrière, tombée dans les bras noirs d'un Morphée malveillant. Il avait conduit comme un fou, il avait écrasé l'accélérateur, n'avait pas desserré les dents de tout le trajet, même pas pour gueuler après les automobilistes prudents qui ne dépassaient pas les soixante. Elle avait ses deux mains crispées autour de la chair de son ventre, elle tremblait, parfois. Alors il avait roulé, sans se poser de question. Il avait juste conduit. Vite. Sa gorge s'était tellement serrée qu'il avait cru qu'il s'arrêtait de respirer comme elle s'arrêter de marcher. Il l'avait portée jusqu'aux urgences, il n'avait pas voulu attendre, il s'était énervé, avait réussit à fendre la foule de personnes implorantes et ils s'étaient retrouvés là, dans cette chambre, en attendant qu'elle se réveille, ses bras piqués de quelques perfusions qui la reliait, croyait-il, à quelques fils de la vie. Pas une seconde Zadig ne s'endormit. Il tourna son visage vers elle, se détourna de cette fenêtre tâchée de gouttes. « Reed, je te promet que si tu me lâches maintenant, j'irai buter l'inventeur de ces conneries de sentiments. » il irait buter qui, il ne savait pas. Celui qui avait inventé l'amour, il le chercherait partout. Mais ça elle ne l'entendrait jamais. Elle ne saurait jamais qu'il avait admis, une seconde à peine, ce qu'il reniait avec tant de véhémence. Il fixa le lit blanc. Elle gémit doucement, son bras tenta un mouvement. « T'as raison, peu de chance que j'y arrive. » il se leva, ouvrit la porte, respira l'air frais du couloir. Il attrapa une infirmière par l'épaule, expliqua que la poupée de porcelaine qui siégeait en semi-morte au milieu d'un lit tout aussi blanc qu'elle était en train de se réveiller. Il précisa qu'il n'était pas là. Précisa qu'un passant l'avait trouvé parterre dans la rue, que jamais il n'était passé ici. Il accompagna ses affirmations d'un billet, la voix grave, le visage fermé de cette sorte d'amertume qu'elle avait eu tout cet après-midi là.
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MessageSujet: Re: cold-hearted (reed) cold-hearted (reed) EmptyDim 21 Déc - 13:21


" From the very beginning - from the first moment, I may almost say - of my acquaintance with you, your manners, impressing me with the fullest belief of your arrogance, your conceit, and your selfish disdain of the feelings of others, were such as to form the groundwork of disapprobation on which succeeding events have built so immovable a dislike; and I had not known you a month before I felt that you were the last man in the world whom I could ever be prevailed on to marry. " - (reedig).


« Moi, facile à lire ? » Reed haussa un sourcil largement moqueur. « C'est bien le drame de notre relation Zadig, tu es incapable de me percer à jour. Et comment le pourrais-tu, alors que je n'y parviens pas moi-même. » Les derniers mots devinrent murmures songeurs et elle détourna précipitamment le regard. Qui aurait pu affirmer qu'il connaissait encore Reed Chamberlain quand la principale intéressée voyait une inconnue dans chaque réflexion que son miroir lui projetait ? Les mêmes traits familiers, la même fougue dans les yeux, le même amusement moqueur sur ses lèvres, mais elle avait la sensation de regarder un vague sosie, quelqu'un qui lui ressemblait trait pour trait mais n'était pas elle. Incertaine de pouvoir poser des mots sur la femme qu'elle était en train de devenir, sur l'enveloppe quittant l'adulescence pour rentrer de plain pied dans l'âge adulte, incertaine de savoir si elle accepterait jamais celle que le miroir lui renvoyait chaque fois qu'elle s'hasardait à y jeter un œil inquiet. Reed avait perdu son innocence enfantine et quitté le monde imaginaire. Et que le monde réel lui semblait cruel, froid, douloureux, maintenant qu'elle le fréquentait. Combien aurait-elle donné pour rester dans son monde d'adolescente, où rien n'avait d'importance, où les sentiments allaient et venaient à leur guise sans qu'elle ne s'en préoccupât... Sans doute tout l'or du monde. Ainsi c'était donc cela, grandir. Perdre pied dans une réalité qui ne nous convenait pas et devoir faire avec malgré tout en serrant les dents. Zadig ne voyait qu'une infime partie de la femme, ne touchait du bout des doigts qu'un centième de la complexité de Reed, pensait l'avoir cernée mais se fourvoyait, autant qu'elle le faisait en pensant se cerner elle-même. « Il n'y a pas de version mensongère de cette notice, il n'y a même pas de notice » souffla-t-elle finalement, et la brève accalmie s'envola presque instantanément. Elle afficha un rictus froid, presque amer, et se contenta de hausser négligemment les épaules. Elle lui laissait bien volontiers le rôle du bourreau, puisqu'il semblait y prendre tant de plaisir. Blesser les gens autour de lui était une seconde nature, et le plus tragique était qu'il le fasse systématiquement et toujours de la même façon. Qu'y avait-il à aimer chez cet homme pour que Reed Chamberlain se laisse avoir de la même façon ? Qu'avait-elle vu en lui pour lui donner l'illusion qu'il était digne de recevoir les sentiments de quelqu'un ? Elle qui avait si souvent cru son instinct trop affuté pour se laisser avoir par le premier beau-parleur passé devant elle, elle qui s'était si souvent prévalue de ne pas se laisser embarquer dans la course effrénée de l'amour, la voilà qui se trouvait maintenant rabaissée au rang de l'idiote de service qui s'était faite avoir, comme toutes les autres avant elle. Et quelle fierté pour Zadig, de savoir que même elle pouvait être bernée... « Je n'ai pas besoin de tes enseignements. Tu vois, contrairement à toi, je ne trouve pas d'intérêt à faire mal aux gens volontairement. » Sans doute était-ce même pire. Lui cherchait la fêlure, la faille dans laquelle s'engouffrer. Reed blessait les gens sans le vouloir, parfois sans même le réaliser. Mieux aurait-il sans doute valu qu'elle soit comme lui, maîtresse de ses gestes et de ses mots, qu'elle eut été moins spontanée et moins impulsive. Mais Reed ne regrettait rien, et priait pour ne jamais ressembler à cet homme face à elle. Elle l'écoutait parler, elle l'écoutait se moquer, et pinça les lèvres, s'efforçant furieusement de contenir le flot de haine entre elles. Elle se mit finalement à rire, d'un de ces rires nerveux qu'elle ne pouvait empêcher, signifiant qu'elle perdait tout contrôle sur elle-même. Elle ne releva même pas les insinuations douteuses quant à ses relations, après tout elle n'était ni la première ni la dernière à avoir couché avec plusieurs personnes et elle ne regrettait en rien tous les hommes qu'elle avait connus. Sauf peut-être lui. Mais ce qu'elle regrettait réellement, si elle voulait être parfaitement honnête, c'était de n'avoir pas su lui laisser ce rôle-là. Un type de plus, un sans grande importance, dont elle se souviendrait dans trente ans avec une nostalgie malicieuse. Zadig Rosenbach ? Oh, oui, j'ai couché avec lui. Un très bon coup. Un bon ami. On en est restés là, on ne cherchait pas grand-chose de plus lui et moi. Ce qui aurait du n'être que cela se muait en une chose bien plus pernicieuse, sur laquelle elle refusait de mettre ce fameux mot. Elle n'avait aimé qu'un seul homme dans sa vie, et cet homme-là, elle l'avait aimé de tout son être des années durant, parfois trop, parfois mal, mais avec constance. Elle n'était pas amoureuse de Zadig, pas comme elle avait pu l'être de Nate, elle l'aimait comme on aime le feu : avec fascination, avec intérêt, et avec peur. Celle de se brûler à trop s'en approcher, à trop s'impliquer. Il était le danger qu'elle avait pour habitude de fuir et dont elle n'arrivait pas à se détourner, bien malgré elle. Qu'y avait-il chez lui pour qu'elle ne prenne pas la fuite ? Qu'est-ce qui la ramenait invariablement vers lui, même quand tout en elle lui criait de s'éloigner de façon permanente ? « Une Marie-couche-toi-là que tu as pourtant pris grand plaisir à t'envoyer, si ma mémoire est bonne. Il ne m'avait jamais semblé que c'était un élément à prendre en considération, jusque là. » Elle refusa de débattre le reste de sa tirade : Reed se montrerait toujours trop fière pour admettre à voix haute, devant lui, quelle était la nature exacte de ses sentiments pour lui, et trop lassée pour continuer à les nier. Quant à sa grossesse... Ce n'était rien de plus qu'un accident de parcours, peut-être l'accident de trop. Elle se demandait, parfois, ce qu'il serait advenu de leur relation si elle n'avait pas été enceinte, combien de temps ils auraient continué à se fréquenter en clamant n'avoir aucune attache, et lequel d'entre eux y aurait mis un terme le premier. Les questions resteraient sans réponse, et c'était sans doute pour le mieux : elle s'était ainsi épargnée un tourment bien plus grand, et bien plus long. « Ce doit être rageant, n'est-ce pas, de savoir que je ne remplis aucun des critères que tu viens d'énoncer mais que tu m'as quand même dans la peau. Je comprends mieux pourquoi tu es incapable de te passer de moi bien longtemps, rien de plus excitant qu'un peu de changement dans un chemin si habilement tracé. » Ses sarcasmes ne parvenaient même plus à la convaincre, signe qu'il était temps de battre en retraite, tant qu'elle le pouvait encore, tant que les blessures n'étaient pas trop profondes. Après, il serait trop tard. « Savourer une victoire ? Quelle victoire exactement ? Celle du meilleur menteur ? Ou bien de celui qui prétend le mieux face à l'autre ? Dans ce cas félicitations Rosenbach, tu as gagné. Savoure-la, ta victoire. » Et quelques secondes plus tard, elle s'effondrait, peut-être moins forte qu'elle se l'imaginait, et moins insensible qu'elle ne l'aurait voulu face à l'acerbe Zadig. Et pourtant, dans une ironie que seule sa vie parvenait à lui offrir, il jouait les bourreaux, et son salut.

Son premier contact avec la réalité fut les effluves d'un parfum bien trop familier. Le deuxième, la vision agressive du carrelage blanc sur le mur face à elle. Enfin, l'odeur aseptisée de l'hôpital acheva de la ramener à elle et ses paupières se mirent à battre furieusement. Chaque muscle de son corps lui semblait ankylosé, comme roué de coups, et elle mit de longues minutes à se redresser sans que son visage affiche la moindre grimace. Une infirmière s'empressa de venir la voir et faire les premiers contrôles d'usage. Reed se laissa faire sans rien dire, trop épuisée pour protester contre quoi que ce soit. Trop perturbée, aussi, par le parfum de Zadig flottant encore dans la pièce ou ce qu'elle avait entendu, à demi-consciente, comme l'on entend les personnes dans les rêves. Elle se demanda si ce n'était pas seulement cela, un rêve qu'elle avait imaginé. « Comment je suis arrivée ici ? » s'enquit-elle auprès de l'infirmière, qui répondit qu'une ambulance l'avait amenée. Cette question valait à elle seule mille explications. Plutôt que de s'enquérir sur son état de santé, ou même sur sa grossesse, elle s'enquérait de son arrivée ici. Elle accusa la réponse difficilement, songea qu'elle perdait réellement la tête et avait imaginé la présence de Zadig dans cette chambre. Peut-être qu'une part d'elle espérait encore discerner l'homme sous la carapace de monstre, au point de croire sentir son odeur ici. Les illusions se brisèrent sous le coup de la réalité et elle tendit négligemment son bras à l'infirmière pour prendre sa tension. Celle-ci secoua la tête, visiblement mécontente. « Mademoiselle Chamberlain, nous pensons que votre perte de connaissance est due à une accumulation de stress et de tensions, ces derniers temps. Vous êtes en bonne santé, votre enfant également, mais une augmentation de votre tension telle que nous l'avons mesurée est mauvais signe. Il faut à tout prix être vigilante. Pour vous, et pour votre bébé. » Reed n'écoutait qu'à moitié et acquiesça vaguement. Son esprit avait déjà quitté cette chambre d'hôpital, qu'elle ne quitterait physiquement que quelques heures plus tard avec pour ordre de limiter les déplacements non-nécessaires et d'éviter toute source de tension, et ses pensées la ramenaient invariablement à Zadig, l'homme dont elle ne reconnaîtrait jamais qu'il lui avait volé son cœur et le tenait à présent entre ses doigts.
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