La bibliothèque universitaire, je devais m'y rendre dans les plus brefs délais. Oh, j'ai l'habitude d'y faire un saut pour mes devoirs, seulement, je n'avais pas envisagé de m'y rendre aujourd'hui. J'étais à jour au niveau de mes devoirs, enfin, je l'étais jusqu'à ce matin. Arg, c'est totalement de ma faute, mais aussi celle de Hyun-Su. Grr !! Pourquoi fallait-il que je passe du temps avec mon cousin hier soir ? Hum, je ne sais plus trop comment cela est arrivé, mais c'est chose faite. Sans vraiment comprendre la situation, mon devoir s'est transformé en éponge à Coca-Cola. Ah si, je m'en souviens maintenant. Mon stupide colocataire a renversé le contenu de sa canette sur ma copie qui est à rendre pour le lendemain. Je ne lui en veux pas énormément, je vais juste lui arracher sa paire d'yeux pour les lui faire manger. J'aurais le loisir de me venger plus tard, pour l'instant, je dois filer d'urgence à la bibliothèque, sans quoi je récolterais un zéro pointé pour travail non rendu. Encore une nuit de dur labeur, je le sens d'ici. Oui, si je veux le rendre demain matin, il va bien falloir que je sois penchée sur mon sujet toute la soirée, voir toute la nuit. Heureusement que la journée de cours est terminée pour moi, je crois bien que j'aurais fait une syncope si j'avais fini les cours vers vingt heures. Pff, en même temps, cela m'apprendra, la prochaine fois, je rangerais mes devoirs directement dans les tiroirs de mon bureau pour ne pas avoir de mauvaises surprises par la suite. Mais bon, je vais arrêter de ressasser cette mésaventure et regarder devant moi, c'est bien de regarder devant soit quand on marche, cela évite les mauvaises rencontres. Enfin, je veux dire que ce serait vraiment embêtant si je devais foncer dans une personne qui se trouverait sur mon chemin.

Je me stoppe d'un coup dans ma marche, je sors de mes pensées par la même occasion. Je regarde un peu sur ma gauche et un peu sur ma droite. Ok, je suis définitivement sous une malédiction, je viens de dépasser le bâtiment de la bibliothèque de 10 mètres. Il va falloir que je fasse un demi-tour sur moi-même pour ensuite revenir sur mes pas sans paraitre débile sur les bords, ce qui est un peu peine perdue quand on me connait. Je me dépêche de rejoindre la bibliothèque universitaire en accélérant le pas. Une fois les portes de l'antre des livres franchies, je cherche une place pas trop loin de la rangée de livres que je souhaite feuilleter. BINGO !! La place est justement libre, c'est d'un pas pressé que je me dirige vers le lieu tant convoité pour éviter qu'une autre personne ne s'y installe avant ma personne.

Une bonne heure que je suis assise sur cette chaise, les coudes sur cette table pour retrouver les éléments importants que j'avais trouvés dans les livres pour faire ce foutu devoir sur les cancers du sein. J'essaye de me concentrer un maximum, mais ce n'est pas vraiment évident. Et à dire vrai, cela doit bien faire dix fois que je lis et relis la même phrase. Pourquoi ? Parce que ma voisine de table n'a rien trouvé de plus intelligent que de frapper la table avec son crayon. Déjà que je ne le supporte pas vraiment quand c'est ma camarade de chambre sur le campus qui le fait pendant ma lecture, alors à la bibliothèque pendant que je fais mon devoir, non, je ne le tolère absolument pas. Elle aurait pu s'asseoir à une autre table, parce que visiblement, il n'y a pas grand monde alors pourquoi diable s'installer à la même table que moi ? C'est le destin qui fait tout pour me pourrir l'existence aujourd'hui ? J'ai renversé mon café sur le nouveau t-shirt d'une de ses pimbêches ou quoi ?

Concentration, concentration, il faut que je me concentre sur ma lecture, uniquement la lecture de ce gros livre et rester zen. Oui, zen, comme pendant les leçons de yoga, bien que je n'aie jamais de yoga de ma vie. Et voilà qu'elle s'amuse à chiffonner sa feuille, retenez-moi où je vais faire un massacre. Je ferme mon livre d'un coup sec en ayant pris le temps de mettre un marque-page avant de regarder ma Némésis du moment. Soufflant d'agacement doucement, je m'adresse à elle. « C'est quoi le souci ? Tu ne trouves pas la réponse ? Tu as peut-être oublié le sujet que tu devais traiter ? Ah moins que tu souhaites avoir un peu d'aide pour faire ton devoir ? » Lui proposer mon aide ? Suis-je suicidaire aujourd'hui ? Non parce que je ne voudrais pas dramatiser les choses, mais si je l'aide à faire son devoir dans une matière que je ne connais absolument pas, je vais faire mon travail quand ? À la Saint Glinglin ?

«La concentration est la faculté qui crée les as.»

Charlotte & Mealla

Aujourd'hui j'en avais ras-le cul de tout -pour changer- je n'étais pas d'humeur compréhensive et aimable. Du coup si quelqu'un allait me faire chier la pauvre personne allait se prendre mes remarques les plus cinglantes. Je m'étais levée de mauvais pied, j'avais mal dormi, j'avais encore de la coke dans le corps du coup la descente était fatale. Les cours d'aujourd'hui ? Pff inintéressant. Pourtant j'avais une masse de travail à faire et si je voulais bien commencer l'année je n'avais pas le choix de bosser pour mieux réussir mon année et ne pas l'avoir juste avec un dix de moyenne à tout casser. Ce matin déjà le café ne voulait pas chauffer, ma tartine était tombé du parterre et du mauvais côté comme par hasard, j'avais ma jupe en cuir qui avait craqué car je l'avais enfilé trop vite. Le talon de ma chaussure qui s'était pris sur le fil de chargement de mon ordinateur non décidément je n'étais pas prête à passer une bonne journée. Vous savez si dès le matin ça ne se passe pas le reste de la journée n'était pas sur le point de mieux se dérouler.  En sortant des cours je m'allumais une clope me demandant s'il fallait mieux que je rentre chez moi et que je boive un verre ou si je devais bosser sur ma dissertation de demain qui avait pour thème «  Quelle est l'implication de la Chine en Afghanistan ? » super comme programme ? Parler de l'implication militaire, gouvernementale, parler des limites avec l'Inde. Non je n'étais pas vraiment inspirée. J'étais plus inspirée pour ce genre de sujet «  A quel degré de folie acceptez vous que votre -accessoirement- mari soit fou d'une autre fille, bien plus en chair que vous? ». Et là je pouvais vous faire une dissertation sans problème . Solution un, vous faîtes la naïve et vous pardonnez tout comme si de rien était ? Solution 2 vous l'engueulez vous menacez de le quitter mais il vous dit qu'il vous aime et là vous fondez et enfin Solution 3 vous n'y pensez plus et on se met au travail au lieu de se mettre la tête à l'envers. Bien sûr en grande prêtresse de l'auto destruction j'avais envisagé les trois solutions pour arriver à ma question finale, celle d'une conclusion un peu hâtive je l'admets « Est-ce que j'étais seulement prête pour l'amour ? ». Et oui c'était là que résidais tout le problème de mon existence, je n'avais tellement pas de confiance envers les hommes que je doutais de tous les autres même celui qui était mon mari. Et au lieu de l'affronter à la dure réalité j'avais simplement esquivé comme les jeunes filles essayaient d'esquiver la pluie avec leur journaux sur la tête pathétique. Je me dirigeais alors vers la bibliothèque ne voulant pas être happée par mes vieux démons chez moi. Il n'y avait pas grand monde, et l'ambiance semblait bien trop morbide pour une personne que moi. J'avais sans cesse besoin de mouvement et de vies dans mon entourage pour me retrouver ici je n'avais pourtant pas le choix de subir ce silence. Je m'installais à côté d'une brune sans vraiment faire attention à son visage, à ses cours, à sa tenue je m'en foutais au fond. Largement. Je sortais mes cours bruyamment histoire de bien montrer que la présidente des Gamma était bien là. De nombreux regards noirs que je gratifiais d'un doigt d'honneur. Je les emmerdes.  Au bout d'une bonne demi-heure j'avais avancé sur ma première partie mais impossible de me concentrer mon portable n'arrêtait pas de vibre, avec un nom Alec. J'avais beau appuyer sur la touche silence, je savais que ça n'enlevait pas le fait qu'il était justement entrain de m'appeler. Nerveuse. Je faisais battre mon crayon sur la table doucement, puis frénétiquement quand j'avais le visage d'Alec qui me traversait l'esprit. Respire Charlotte.. Impossible. Toutes mes pensées obscures refaisaient surface j'étais une véritable boule de nerfs et je sentais que si je ne partais pas d'ici j'allais tuer quelqu'un. Mais je posais mon crayon sur la table en me mordant la lèvre en fermant les yeux un instant pour reprendre mes esprits. J'essayais de me focaliser sur les troupes chinoises en Afghanistan mais rien ne me venait . Comme si on m'avait un lavage de cerveau et qu'on y avait rien laissé. L'horreur la plus totale. D'un coup de colère je chiffonner ma feuille, un jeune homme en face de moi me regarder d'un air réprobateur je lui lançais la boulette de papier sur la tête ce qui le faisait déguerpir aussi vite qu'il était venu. Imbécile va.  Alors que je maudissais tous les petits cons à côté de moi la petite brune fermait son livre d'un coup ce qui me faisait sursauter sur le coup. Ne m'attendant pas à un bruit si sourd. Je la regardais d'un air suffisant quand elle se tournait vers moi. Tiens une asiat' elle pourrait m'aider sur le sujet si je me montrais cool avec elle, mais ses questions me donnaient mal au crâne, elle était insupportable que naturellement je lâchais un «  La ferme ». Elle me regardait d'une façon étrange. Quoi elle pensait que j'allais m'excuser en plus la naine ? Je raclais ma gorge en lui disant en haussant un sourcil et posant ma main sur son livre «  Tu crois que tes frères savent quelque chose de la puissance militaire  chinoise en Afghanistan ? Non tu ne sais pas ou tu ne pense pas ? Il y a peut-être de la censure et tu ne peux pas m'en parler ? » Disais-je de façon arrogante, catégoriser les gens ? Pas de problèmes. Cependant je ne savais pas ce qu'il m'avait prit ce jour là, je reprenais ma voix après un énième raclement de gorge «  Pour répondre à ta question , je n'arrive pas à répondre à ma question, voilà y a rien dire et je galère ? Donc soit tu es super intelligente et tu m'aides soit tu me laisse réfléchir en faisant du bruit au choix. ». Je regardais la pièce d'un regard en remarquant qu'elle était tout à coup bien remplie «  Car tu n'as plus le trop choix de poser ton cul ici dans l'état actuel des choses ». Concluais-je avec un sourire amusé . Moi une garce ? Non pas du tout.