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leap of faith. (w/cassandre)

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MessageSujet: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyMer 17 Sep - 21:39

“ take a risk, dare to move,
love is a leap of faith.”

- - - - - - - - - - - - - - -
ft. damian san mercury & cassandre scofield

Damian s'était rarement montré aussi nerveux – et aussi bien apprêté. L'Irlandais avait fait des efforts, avait même mis les petits plats dans les grands, désireux de faire de cette soirée une occasion spéciale, et la première d'une longue série à venir. Il avait troqué ses éternels tee-shirts vintage pour une chemise blanche (dont il n'avait tout de même pas poussé le vice jusqu'à la boutonner au col) sur un jean brut, avait remplacé ses baskets par des chaussures qui lui avaient coûté un bras et devaient servir pour de grandes occasions. Et bien... ce soir, c'en était une. Assis à une table au fond du restaurant Gary Danko – une nouvelle adresse qui n'existait pas deux ans plus tôt, il aurait pu le jurer – il observait les clients aller et venir, en attendant d'être rejoint par son rendez-vous. Beaucoup de couples, qui se tenaient la main, les yeux dans les yeux, éclairés par la lumière tamisée d'une bougie. Bien, s'il avait voulu s'épargner le décor ultra romantique et donc kitsch à souhait, c'était raté. Il jeta un coup d'oeil rapide à sa montre, grimaça en constatant qu'elle était en retard, avant de hausser les épaules. Elle lui avait dit qu'elle serait là, il devait seulement se montrer un peu plus patient. Damian n'était pas un grand habitué de ce genre de rendez-vous. Non, en fait, s'il voulait même se montrer totalement honnête, c'était le tout premier, preuve que quelque part entre sa dernière année à Berkeley et son retour aujourd'hui, quelque chose avait changé en lui ; la sensation que la vie était trop précieuse pour perdre son temps, peut-être ? Il repensa avec amusement à l'empressement dont il avait fait preuve. Là où certains attendaient des jours avant de se jeter à l'eau, lui avait proposé à Cassandre un dîner le soir-même, pour 'apprendre à la connaître' avait-il dit. Cassandre, dans un bref sourire, avait acquiescé d'un hochement de tête à son plus grand soulagement (il n'aurait plus manqué qu'elle l'envoie sur les roses). C'était le genre de chose qui n'arrivait qu'une fois dans une vie, la certitude d'être tombé sur une personne spéciale, qui en plus de ne pas le laisser indifférent, lui donnait envie d'en apprendre plus, de la découvrir entièrement, de mettre à nu son âme, plus encore que son corps. Ce n'était pas une question de physique, c'était autre chose, quelque chose de plus grand, de plus intense. Certains appelaient ça le coup de foudre. Damian, plus pragmatique, appelait ça un immense coup de poker. Il avait passé sa journée à songer à la soirée qui les attendait, s'était montré distant et rêveur, au point d'éveiller les soupçons de Harlow. D'abord hésitant, il avait fini par admettre, un peu penaud, qu'il sortait voir une fille ce soir. Face à la curiosité de son amie, il n'avait eu d'autre choix que de tout lui raconter et d'observer son visage se rembrunir au fur et à mesure de l'avancée de son histoire. C'était pour ça qu'il hésitait à lui en parler, précisément pour ça : Harlow désapprouvait systématiquement le fait qu'il puisse rencontrer d'autres filles, ce dont il avait parfaitement conscience puisque lui-même réagissait de la même façon à son égard. Elle trouvait le moyen, dieu seul savait comment, de la faire culpabiliser. Mais, si d'ordinaire il aurait rendu les armes et annulé son rendez-vous, pour lui faire plaisir et pour la rassurer, il s'était aujourd'hui montré plus ferme qu'à l'accoutumée. Non. Il ne laisserait pas passer cette opportunité, même si cela devait mettre en rogne son unique repère à Berkeley (au moins pour l'instant). Elle avait objecté qu'ils venaient à peine de reprendre les cours, qu'elle ne connaissait personne, qu'il allait la laisser de côté et qu'elle serait seule, il avait argué en retour que c'était faux, et qu'il ne la laisserait jamais de côté, pour personne. Harlow avait haussé les épaules, avant de se détourner pour s'enfermer dans sa chambre, arrachant un soupir blasé à Damian. Mais à présent, il était bien loin de ces préoccupations, trop impatient à l'idée des heures à venir. Peut-être se faisait-il des idées, peut-être qu'ils ne s'entendraient pas, peut-être qu'ils n'auraient rien en commun et que le dîner serait une catastrophe, donnant raison à Harlow, mais il avait envie de croire à son instinct et de l'ériger en véritable mère de sûreté. Et si les choses se passaient mal, il aurait au moins essayé. On ne lui en demandait pas plus, après tout. Alors qu'il jetait un nouveau regard impatient en direction de l'entrée du restaurant, il l'aperçut, pénétrant à l'intérieur, le cherchant du regard. Il l'accosta d'un sourire avenant, attendit avec nervosité qu'elle le rejoigne. Il avait mentalement préparé une liste de questions qu'il pouvait être susceptible de lui poser, si la conversation venait à être trop régulièrement ponctuée de blancs. Gentleman devant l'éternel – quand l'envie lui prenait du moins – il maintint une distance raisonnable, ne s'aventura pas à déposer un baiser chaste contre sa joue et se contenta de lui tirer la chaise avec élégance. « Content que tu aies pu venir » fit-il, sourire aux lèvres, tandis qu'il se rasseyait sur son siège. « Il faut que je t'avoue quelque chose : je n'ai jamais fait ça avant. Donc je risque de tâtonner. » Et ce n'était rien de le dire. A l'aise en communauté, lorsqu'il se trouvait entouré de plusieurs personnes, il perdait beaucoup d'aplomb lorsqu'il se retrouvait seul à seul. Etrangement, sa capacité à prononcer des phrases cohérentes et spirituelles se trouvait bien amoindri. Si l'on ajoutait à l'équation une jolie fille, autant dire que Damian San Mercury avait toutes les chances de perdre son panache.
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyJeu 18 Sep - 1:12

Cassandre ne réfléchit plus, parce que, quand elle le fait, elle se dit qu'elle devrait annuler ce rendez-vous et se plonger dans un bouquin à l'eau de roses pour combler le vide immense que décrit sa vie amoureuse. Ce soir, elle peut changer cela, elle le pense réellement, quelque chose s'est passé, elle ne saurait pas vraiment l'expliquer ni même le décrire, mais il y a eu quelque chose, et c'est suffisant pour qu'elle s'y raccroche fortement. Elle n'est pas désespérée, Cassandre, mais elle sait saisir une occasion quand elle en voit une. Ses amies lui auraient sûrement reprocher cette hâte, cette façon de répondre sans attendre et par l'affirmative à son invitation. Elle n'avait même pas réfléchi à l'éventualité de refuser, elle qui pourtant était d'un naturel plutôt méfiant. Il y avait eu cette alchimie immédiate et incontestable, il y avait eu ces sourires et ces regards, ceux sur lesquels on ne peut mettre de mots, ceux qui ne se commentent pas mais qui se comprennent, qui se ressentent. Cassandre n'avait pas eu à chercher plus pour accepter son invitation à dîner le soir même. Pourtant, maintenant que l'heure approche, la demoiselle s'interroge sur la réalité de ce qu'il s'est passé plus tôt, elle commence à se figurer que ce n'est que dans son esprit, et que cette invitation n'est qu'une façon détournée pour le jeune homme de se faire de nouveaux amis. Elle a l'impression d'être de retour à l'adolescence, Cassandre, à voir ses joues rougir alors qu'elle se maquille discrètement, à réfléchir durant plusieurs minutes à la tenue qu'elle devait enfiler. La Cassandre confiante semble s'être envolée pour ne dévoiler qu'une demoiselle emplie de doutes et d'interrogations, qu'elle finit par confier à sa meilleure amie Jules, sans citer de prénom ou d'endroit, simplement les questions existentielles type "qu'est-ce que je porte ?" ou encore "est-ce que je dois montrer que je ne fais jamais ce genre de choses ?". Finalement, Cassandre ne suit aucun de ses conseils, bien qu'ils soient sans doute plus avisés que ses propres ressentis, et opte pour une petite robe noire classe, mais aucunement tape à l’œil, accompagnée d'une paire d'escarpins aux semelles rouge vif. Elle se rend compte qu'il y a longtemps qu'elle ne s'est pas autant posée de questions sur une tenue, ou même sur une soirée. Mais elle sait pourquoi, Cassandre, elle sait qu'elle n'a aucune porte de sortie, aucune excuse appropriée pour conclure ce dîner plus rapidement que prévu, aucune autre personne vers qui se tourner pour faire la conversation à sa place. Tous ses gestes sont remplis d'une inquiétude presque palpable, elle ne fait jamais ce genre de choses, elle n'agit jamais sans réfléchir, sur un coup de tête, tout est toujours très mesuré chez elle, et ce rendez-vous la fait sortir des sentiers battus. Il y a l'adrénaline qui donne à son coeur un rythme plus soutenu, il y a cette sensation, déjà, qu'il l'a fait changer, évoluer vers une personne qu'elle ne se connaît que très peu. Elle a peur de ne pas être à la hauteur, Cassandre, de le décevoir s'il s'est déjà fait une première opinion d'elle, ou, à défaut, de lui déplaire simplement. Elle ne prend pas ce genre de risques habituellement, elle fait en sorte de ne pas avoir besoin de se mettre à nue intellectuellement parlant pour intéresser quelqu'un, ou disons pas dans un face à face sans réel échappatoire. Là, elle sait que c'est blanc ou noir, qu'il n'y aura pas de seconde chance, pas de touche delete sur laquelle appuyer pour changer une tournure de phrase. Il n'y aura que la vraie Cassandre, sans embellissement possible, il n'y aura qu'elle face à lui. Déjà, elle se sait en retard alors qu'elle sort à la hâte de son appartement pour monter dans le taxi qui l'attend plus bas. Elle se cherche mille excuses pour expliquer l'heure de son arrivée, toutes plus farfelues les unes que les autres, alors que la véritable raison est son inquiétude, son incapacité à gérer cette situation qu'elle sait incontrôlable. Quand elle se retrouve devant la porte du restaurant, elle inspire profondément avant de pénétrer tranquillement à l'intérieur et chercher du regard un visage qui lui serait moins méconnu que les autres. Elle le reconnaît immédiatement, Cassadre, et elle a la sensation d'avoir intégrer chaque détail de son visage, elle qui croyait n'avoir qu'un souvenir flou de ce à quoi il ressemblait. Sa respiration se bloque alors qu'elle s'avance vers lui, nerveuse au possible, ses mains jouant avec la pochette qui lui fait office de sac pour ce soir. Un sourire charmant se pose sur ses lèvres alors qu'elle le remercie pendant qu'elle s'installe. Et elle se rappelle enfin qu'il faut qu'elle respire. Et, finalement, elle se voit rassurée quand elle l'entend déclarer que c'est sa première fois à lui aussi. Ses paupières se ferment un peu plus longtemps que la normale, alors qu'un fin sourire de satisfaction éclaire son visage. Pourtant, les battements de son coeur ne se freinent pas pour autant, c'est presque pire, car elle trouve touchant qu'il avoue ceci immédiatement. « Pourtant, tu n'en as pas vraiment l'air. Ton élégance, la chaise tirée, on a l'impression que tu as fait ça toute ta vie. » Elle ne ment pas, Casssandre, les mots sortent naturellement de sa bouche, alors qu'elle croyait s'étrangler par la pression. Elle porte un regard sur l'ensemble du restaurant, et découvre l'ambiance générale des duos que forme quasiment chaque table. Ils font tâche à leur façon, mais il faut bien commencer quelque part. Et ses yeux se déposent de nouveau sur le jeune homme qui lui fait face. Damian est charmant, c'est le moins qu'on puisse dire, et sa tenue lui va à ravir. Les secondes s'égrènent sans qu'elle ne dise rien, et quand elle s'en rend enfin compte, le rouge monte immédiatement aux joues de la demoiselle qui, pour se redonner une contenance, place une mèche de sa chevelure derrière son oreille, avant d'ajouter finalement sur le ton de la confidence : « Si ça peut te rassurer, c'est ma première fois aussi. Soyons indulgent l'un envers l'autre, et tâtonnons ensemble. » Elle laisse échapper un rire, avant de planter son regard droit dans celui de Damian. « Je suis désolée pour mon retard, je n'ai pas d'excuse valable si ce n'est le stress. En tout cas, je n'étais jamais venue ici avant, j'aime vraiment bien l'endroit, chacun est dans sa bulle. » Déjà, Cassandre a l'impression de trop parler, alors qu'elle tente de ne pas trop réfléchir à l'effet qu'elle va lui faire. Elle doit se détendre, et le serveur semble percevoir cela puisqu'il s'approche pour les interroger sur ce qu'ils désirent boire en apéritif. La réponse fuse immédiatement dans l'esprit de Cassandre, pourtant, elle ne dit rien, laissant à Damian la possibilité de choisir, ne voulant pas s'imposer dans un dîner qu'il avait proposé. Pendant ce temps, elle tente de reprendre ses esprits, cherchant à arrêter de s'inquiéter de la sorte, cela était sans compter le bruit assourdissant que faisait son palpitant dans sa poitrine.
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyMer 24 Sep - 0:09

Sa remarque lui valut un sourire rassuré, qui se voulait plein d'assurance, de la part d'un Damian San Mercury qui n'en menait pourtant pas large. Et ce n'était rien de le dire. S'il appréhendait généralement les premières fois avec sérénité, cette fois-ci, c'était différent. Aucune trace de sérénité, seulement l'angoisse, le saut dans le vide sans filet, et la peur de s'exploser contre le sol. Mais c'était une sensation appréciable, constata-t-il intérieurement. La boule au ventre, qui lui serrait l'estomac, les soubresauts dans sa cage thoracique, les veines qui palpitaient dans ses tempes, les mains légèrement moites. C'était un tout, et un tout délicat, et délicieux. Peu de femmes lui avaient fait cet effet, c'était même, s'il voulait être parfaitement honnête, la première. Et pourtant, il ne savait rien d'elle, rien d'autre qu'un nom, et des traits gracieux sur un visage aux courbes encore enfantines. Cassandre avait la rondeur d'un poupin, habilement tranchée par un rouge à lèvres qui n'avait rien de vulgaire, présent uniquement pour accompagner un sourire malhabile alors qu'elle apparaissait de toute évidence aussi peu rompue à ce genre d'usages que lui. Bien, c'était rassurant finalement. S'il plongeait dans le vide, il n'était pas le seul, et il pouvait toujours envisager de lui tenir la main avant de s'écraser par terre. Il se montra gentleman, non parce qu'il l'était, mais parce qu'il sentait que c'était la bonne chose à faire, au bon moment. Et c'était là toute la subtilité d'une rencontre, et d'une rencontre réussie : la bonne chose, au bon moment. Le bon regard, le bon sourire, le bon mot, dans un bon timing. Si ces circonstances étaient réunies ce soir ? Il n'en avait pas la moindre idée, comme pour toute première fois qui se respectait. Mais au moins s'en donnait-il les moyens. Il hocha légèrement la tête. « N'est-ce pas. Des années d'entraînement enfin mis en pratique, je suis officiellement un gentleman, un vrai. Merci à toi, Cassandre, de me permettre d'exploiter ce talent. » Il eut un rire bref avant de retourner s'asseoir, désormais incertain de la suite à donner à ce premier échange. Intérieurement, il se félicitait : il estimait ne pas donner l'impression d'être un abruti de première, ce qui aurait pu être le cas en d'autres circonstances. Pas encore de vannes foireuses, ce qui n'aurait su tarder car il ne pouvait chasser le naturel bien longtemps, Damian donnait le meilleur de lui-même pour impressionner au moins un peu son interlocutrice. Il n'était pourtant pas dans ses habitudes de faire des efforts, il n'en avait généralement pas besoin. L'Irlandais n'avait rien d'un séducteur et se serait fait humilier par les Deltas experts en la matière, mais il n'avait jamais eu le moindre problème à plaire. Sa bonne humeur et un sourire qui avait fait ses preuves suffisaient généralement. Sauf avec Cassandre. Dès le premier regard, il avait eu l'intime conviction que cette femme-là devait être séduite avec temps, patience et finesse. Qu'elle n'était pas de celles qui se laissaient avoir par un sourire en coin, ou par des yeux rieurs. Non. Avec elle, il se devait de se montrer légèrement plus habile qu'avec les autres. Et c'était intéressant, finalement, de savoir qu'elle ne lui était pas acquise, et qu'il devrait apprendre à la connaître, puis à la séduire. « Ca me va » répondit-il en acquiesçant. Tâtonner ensemble lui semblait une bonne alternative à lui, tâtonnant tout seul et lui laissant le loisir de se moquer de lui pendant ce qui ressemblerait à une éternité. Elle s'excusa de son retard, et il haussa les épaules. Cela n'avait aucune importance : une femme devait savoir se faire désirer, et dans son cas, c'était chose faite. Bien sûr, il avait eu l'angoisse difficilement contrôlable de ne pas le voir venir et de se faire planter dans l'un des restaurants les plus chics de San Francisco. L'angoisse également de voir Harlow se moquer de lui lorsqu'il rentrerait et devrait confesser à son amie le fiasco total qu'avait constitué cette soirée. Mais rien de tout cela n'arriverait – encore que la partie fiasco n'était pas encore totalement exclue – puisqu'en dépit de son stress, Cassandre était venue. « Je comprends. On n'a pas tous les jours l'occasion d'aller au restaurant avec une bombe atomique dans mon genre » se moqua-t-il, retrouvant soudain sa gouaille légendaire. Damian n'avait aucun problème avec la dérision, et encore moins de problème avec l'auto-dérision. Se moquer de lui-même était une sorte de thérapie, qui lui permettait de ne pas laisser l'occasion aux autres de le faire à sa place. Savoir rire de ce qu'il était le rassurait. Et lorsqu'elle laissa échapper un rire, il se sentit rasséréné. Bien. Il était en mesure de la faire rire, ce qui était plutôt bon signe. « Moi non plus, c'est une grande première. Décidément, c'est le soir des grandes premières. Tu ne le trouves pas trop... trop ? » s'enquit-il, à nouveau nerveux. C'est vrai qu'à bien y réfléchir, il aurait pu choisir un restaurant un peu moins chic, un peu moins snob, un peu moins gastronomique et surtout, un peu moins romantique. Un tel cadre était à double tranchant : si la soirée se passait mal, le décor ne ferait que renforcer la gêne ambiante. « J'ai voulu faire les choses correctement, mais tout bien considéré, j'aurais peut-être du miser sur quelque chose de plus conventionnel, pour une première fois. » Comme un simple restaurant italien, qui aurait parfaitement fait l'affaire. Toujours dans sa lancée gentleman, il lui tendit l'un des menus et ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil pour s'assurer que les prix y étaient inscrits. Il n'aurait plus manqué qu'ils aient atterri dans l'un de ces restaurants où l'on donnait le menu avec les prix à l'homme, forcément censé payer puisqu'il était... un homme. S'il devait se montrer parfaitement honnête, cet endroit était bien au-dessus de ses moyens – corrects, mais pas exceptionnels – mais il fallait savoir faire quelques sacrifices pour le bien d'une mission. « N'hésite pas à choisir ce que tu veux, ce soir c'est moi qui régale. Evidemment, si tu choisis quelque chose au-delà de deux chiffres, je risque de prétendre devoir aller aux toilettes pour en réalité m'échapper de là et te laisser régler la note, mais je ne veux pas te mettre de pression, évidemment. » Il parlait trop, n'est-ce pas ? Oui, il parlait vraiment trop. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être nerveux. Cassandre, qui parlait pour le moment moins que lui, était intimidante.
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyLun 6 Oct - 23:34

«Tout l'honneur est pour moi. » Cassandre est à la fois gênée et flattée. Gênée parce qu'elle a peur de décevoir, évidemment. On peut se dire que puisqu'il est un sombre inconnu, la finalité de cette soirée n'a que peu d'importance, pourtant, la demoiselle est inquiète au point de réfléchir à ce qu'elle pourrait dire ensuite, sentant son estomac se nouer sans qu'elle ne puisse rien y faire. Ce rendez-vous compte, d'une étrange manière, indescriptible. Et flattée car l'impression d'être la seule, l'unique à qui il offre ces attentions, est tout simplement rassurant, et vivifiant. Elle sourit, tentant de camoufler la couleur légèrement rosée qui vient habiller ses joues. Il y a bien longtemps qu'elle ne s'est pas sentie ainsi, Cassandre. Comme une enfant ayant un béguin instantané, celui qui vous fait chercher vos mots, les trouver, et les perdre de nouveau, celui qui vous fait réfléchir à chaque tournure de phrase, à chaque façon de se tenir pour ne pas paraître idiote. Celui qui vous fait remarquer chacun de vos défauts, ou vous fait sourire bêtement. Celui qui vous fait rougir toutes les deux minutes alors qu'il n'a fait que vous regarder dans les yeux, que prononcer le mot ok. Elle déteste être ce genre de filles, Cassandre, le genre niaise et dénuée d'un quelconque intérêt. Pourtant, ce soir, elle accueille ce sentiment avec un plaisir non feint, parce que c'est différent, et que ça fait du bien, dans le ventre et dans le cœur. Surtout dans le cœur. Il y a toutes les inquiétudes qui vont avec, il y a le questionnement permanent et le besoin irrépressible d'être à la hauteur, et bien plus que ça. Il y a l'envie d'édulcorer le naturel pour plaire, et celle complètement inverse d'être soi, purement et simplement. Cassandre est partagée, comme toutes les autres filles à sa place. Elle sait qu'au final, elle se laissera aller, qu'au bout d'un certain temps, elle arrêtera de réfléchir au pourquoi du comment, pour vivre le moment présent, sans retenue. Étrangement, avec lui, elle veut presque laisser tomber son masque de mystère, celui qu'on lui définit constamment, elle veut presque être transparente et qu'il lise dans ses yeux comme dans un livre ouvert. Parce qu'il a quelque chose de différent, quelque chose qu'elle ne pourrait pas vraiment définir, mais qu'elle sent comme si c'était palpable. Sa remarque la tire de ses pensées, et la fait pouffer sans qu'elle ne puisse le contrôler. Retour à la période pré-pubère, bonsoir. Elle a presque honte d'elle. Pourtant, elle essaie de ne pas s'en tenir rigueur, et reprend le contrôle d'elle-même pour répondre un sourire mutin aux lèvres. « C'est exactement ça, et comme tu as pu le constater, j'ai tenté de me mettre au niveau. Visiblement, c'est un échec. » Le jeune homme la fait déjà quelque peu craquer, elle pourtant si difficile à satisfaire. Il semble avoir confiance en lui, malgré les doutes qui le rongent concernant le restaurant dont il met l'ambiance en question. Elle le trouve touchant avec ses remarques, empli d'une anxiété qu'elle aimerait apaiser immédiatement. Elle porte de nouveau un regard circulaire sur l'endroit, et hausse les épaules, tranquillement. « Disons qu'il est trop, et laissons libre à chacun d'ajouter l'adjectif qui convient. Le bon côté, c'est qu'au prochain rendez-vous, il y aura moins de pression. Et puis, chaque première fois est anxiogène, alors il vaut mieux que ce soit par rapport à l'endroit plutôt qu'autre chose. » Pourtant, il semble évident que la nervosité de Cassandre ne se porte pas que sur le lieu, même pas du tout sur le lieu, mais sur le rendez-vous dans son ensemble. Sur elle-même principalement. Elle remet en question chacun de ses mots, et n'est satisfaite d'aucun d'eux. Il lui tend un menu qu'elle saisit d'une main malhabile, avant de se plonger dans la lecture comme si elle détenait entre ses mains l'ouvrage le plus intéressant qui soit. Il lance une remarque qu'elle reçoit avec un sourire naturel, s'empêchant de rire aux éclats dans cet endroit si chic. Puis elle coule un regard vers lui, plantant ses yeux dans les siens sans sourciller. « Evidemment, zéro pression. Au pire, on peut aussi partir en courant dès que la note arrivera à notre table. » Pour Cassandre, l'argent n'est cependant pas un problème et ne l'a jamais été. Mais évidemment, elle ne mettra pas ce sujet sur la table, car ce serait déplacé de parler de leur fortune respective alors qu'ils ne se connaissent qu'à peine. Son regard parcourt une dernière fois les pages du menu, confirmant son premier choix et son visage se tourne vers le serveur « Pour moi ce sera les Saint-Jacques, merci. avant de retrouver celui de Damian. Je ne sais pas ce que tu préfères boire, du champagne, du vin ou simplement de l'eau. Choisis, tout me convient. » De nouveau, elle rougit, alors qu'elle se rend compte qu'elle a dû ressembler à une bourgeoise sans même le vouloir. Et elle n'est pas certaine que ce côté de sa personnalité plaise au jeune homme qui lui fait face. Elle respire tranquillement, tentant de calmer la chaleur qui attaque ses joues, sans vraiment y parvenir. Une fois la commande de Damian prise et le serveur éloigné, Cassandre dépose ses coudes sur la table, avant de déposer délicatement son menton sur ses mains croisées, pour ne plus quitter le jeune homme du regard, et enfin pouvoir poser la question qui lui brûle les lèvres. « Tu viens d'arriver à l'université, non ? Je pense que je t'aurais remarqué plus tôt si tu étais là l'an dernier, à moins que je ne sois complètement aveugle. »
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyMar 14 Oct - 21:22

Cassandre faisait preuve d'une certaine retenue, et Damian la sonda du regard, curieux de savoir s'il s'agissait d'un simple jeu et d'une réelle sincérité. Etait-elle modeste au point de croire qu'elle n'était pas assez belle pour être vue avec lui ? Rebondissait-elle sur sa pointe d'humour ? Ou pire encore, jouait-elle aux fausses modestes pour se donner un genre ? Il écarta bien rapidement la troisième option, qui aurait inévitablement conduit à une immense déception pour lui. Lui-même particulièrement franc, et ennemi farouche de l'hypocrisie et du mensonge, – quand bien même il lui arrivait, occasionnellement, de se montrer manipulateur – il aurait été plutôt décontenancé d'avoir mal cerné cette fille, même s'il ne s'agissait là que d'une observation faite au premier regard échangé. Difficile de cerner Cassandre, à dire vrai, alors même qu'elle ne lui offrait que les premières minutes d'une relation potentiellement amenée à se développer dans le temps. Ce dîner n'était qu'une excuse – quoique très efficace – pour passer plus de temps en sa compagnie et apprendre à la connaître, et savoir si la première impression qu'il s'était fait d'elle était justifiée. « Un échec ? J'espère que tu n'es pas sérieuse. Tu es splendide. » Il lui adressa un sourire convaincu avant de se renfoncer dans sa chaise, adoptant la position d'un psychologue en face de son patient. Triste comparaison, et plus triste encore de se dire qu'il n'était pas capable de sortir de ses études même lorsqu'il profitait d'un temps libre bien mérité. Mais l'étude de la psychologie n'avait pas été un choix par défaut, plutôt le prolongement d'un caractère relativement perspicace qui lui permettait de deviner aisément lorsqu'on lui montait, ou lorsqu'on lui cachait quelconque secret. Il n'avait rien d'un magicien, mais il déchiffrait les profondeurs des âmes de tous ceux qui l'entouraient, lorsque l'occasion lui en était donnée. Et ce soir, Cassandre la lui donnait, cette occasion. Damian sourit à sa remarque, et garda le silence quelques secondes, juste assez longtemps pour qu'elle comprenne que, sans se moquer d'elle, il était amusé. « Au prochain rendez-vous ? Ne serait-ce pas présomptueux... ? Je veux dire, on ne sait jamais, d'ici la fin du repas tu auras peut-être envie de prendre tes jambes à ton cou pour partir le plus loin possible de moi. » Et réciproquement, quoiqu'il doutât fort de cette probabilité. Il aurait fallu que Cassandre soit particulièrement odieuse pour qu'il n'ait jamais envie de la revoir et, reconnaissons-le, après avoir supporté, toléré puis eu de l'affection pour Manon Petrov-Versier, sa patience en la matière se révélait particulièrement élevée. « Mais je le reconnais, mieux vaut stresser à cause du degré de sophistication du restaurant, plutôt que celui de la personne en face de soi. » Non qu'il ait été réellement stressé par Cassandre elle-même, c'était plutôt le contexte, le dîner, toute la symbolique autour qui avait de quoi décontenancer même le plus assuré des hommes. Et puisque Damian n'était pas cet homme-là, il était précisément nerveux quant à tout ce que ce repas pouvait signifier. Mais c'était une sensation agréable, qu'il n'avait plus connue depuis longtemps, c'était comme d'avancer à l'aveugle, sans aucune certitude de la direction à prendre ou du but à atteindre. C'était... l'inconnue la plus totale, et rien de plus grisant que ce vaste champ de possibilités qui s'ouvrait à lui. A eux. Il hocha la tête avant de rire. « Tu lis dans mes pensées, je songeais à la même chose » plaisanta-t-il. Non qu'il comptât la mettre à exécution. S'il l'avait invitée ici, c'était parce qu'il pouvait le faire. Gentleman jusqu’au-boutiste, l'idée qu'ils puissent ce soir respecter la parité et faire moitié-moitié ne lui effleura même pas l'esprit. Cassandre annonça son choix au serveur, un espèce de pingouin à peine rien moins qu'aimable, qui l'observait avec un mépris visiblement caractéristique de son espèce, dans ce restaurant au moins. Il tourna la tête vers lui. « Je vais vous prendre... » il fit mine de consulter le menu, pour le simple plaisir de le voir exaspéré et impatient. « … le filet de turbotin. Et on prendra une bouteille de votre meilleur Chardonnay. » Le serveur acquiesça avant de repartir, plus coincé encore que lorsqu'il était arrivé. « Avec du poisson, le vin blanc est encore ce qui accompagne le mieux » expliqua-t-il à son interlocutrice, sans jamais chercher à paraître prétentieux. Ses innombrables voyages aux quatre coins du monde lui avaient enseigné une ou deux choses qu'il était toujours ravi d'exploiter. Et notamment quel type de vin s'accommodait le mieux avec quel type de plat. S'il avait choisi une viande, il aurait été plutôt mal barré, en y pensant, vu le prix exorbitant des bouteilles de vin dans ce restaurant, comme tout le reste, finalement. Cassandre le tira de ses pensées avec une question qu'il médita de longues secondes. Il se demanda s'il devait lui dire la vérité à son sujet dès maintenant, ou s'il valait mieux ne pas s'appesantir sur les détails les moins glorieux et les plus tragiques de son existence, au risque de plomber une ambiance qui se voulait plutôt badine. Il finit par hausser les épaules. « Oui et non. J'ai étudié quelques temps ici et puis... j'ai été contraint de partir en cours d'année il y a deux ans. Et cette année marque mon grand retour. Disons que les choses ont changé ici, elles ne ressemblent plus à ce dont j'avais l'habitude. Mais je ne suis pas vraiment nouveau. » Réalisant qu'il paraissait peut-être pédant, et cherchait à se donner un genre mystérieux qu'il ne possédait pas, il conclut par un sourire. « Je suis désolé, je ne veux pas jouer les hommes secrets, je ne suis simplement pas trop à l'aise quand il faut parler de cette période. »
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyJeu 6 Nov - 22:31

Cassandre ne réfléchit pas à ce qu'elle dit en cet instant, elle laisse ses pensées s'exprimer sans les filtrer au préalable, elle se dit que c'est sans doute la meilleure manière pour pouvoir la cerner. Pourtant, elle voit l'air hésitant de Damian quand elle parle du mal qu'elle s'est donnée pour tenter d'apparaître sous son meilleur jour, et elle se dit que ce n'est pas forcément une bonne idée de laisser tout couler de la sorte. Evidemment, elle ne dit pas ça pour qu'il la rassure, elle ne dit pas ça forcément sérieusement, ni même dans le but de paraître plus modeste qu'elle ne l'est réellement. Car elle l'est, modeste. Ce n'était sans doute qu'un trait d'humour, une manière assez maladroite de détendre l'atmosphère. Pourtant, l'effet est complètement l'inverse, car le rouge monte vite aux joues de Cassandre qui ne sait plus véritablement où se mettre. Et il s'accentue d'autant plus quand le jeune homme la complimente tranquillement. Elle laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres, avant de laisser échapper quelques mots incertains. « Je... Merci. » Elle hausse les épaules, tente de reprendre contenance pour ne pas paraître pour une cruche devant lui qui semble tellement à l'aise. Est-elle la seule à bafouiller comme si elle venait d'apprendre la langue ? Est-elle la seule qui n'arrive plus réellement à réfléchir distinctement ? Est-elle la seule à penser qu'elle va foutre ce dîner en l'air ? Elle tente de se rassurer en se disant que ce sont les pensées de tout ceux qui ont un premier rendez-vous, mais ça ne fonctionne pas forcément pour le mieux. Arrêter de penser, voilà ce qu'il y a de mieux à faire dans ce genre de situations, vivre l'instant présent, ne pas réfléchir à demain, profiter, simplement. Et elle se permet une remarque sur un rendez-vous futur, qui pourrait faire suite à l'actuel. Et elle le voit dans ses yeux que ça l'amuse Damian, qu'elle s'avance de la sorte, qu'elle semble si certaine d'elle. Cassandre, elle voudrait lui dire, lui avouer qu'elle a l'impression que tout cela coule de source, que leur rencontre quelques heures plus tôt semblait être évidente. Elle pourrait lui dire qu'elle n'a aucune incertitude le concernant, ni même concernant la finalité de ce rendez-vous, la seule chose sur laquelle elle doute est elle-même. Il lui a plu dès qu'elle a croisé son regard, comme s'il avait quelque chose en plus qu'elle n'avait pas trouvé avant, et elle sait que cette soirée ne va faire qu'affirmer ce qu'elle pense déjà à son encontre. Pourtant, elle ne dit rien de tout ça, Cassandre, parce que ce n'est pas le moment, parce qu'ils ne se connaissent pas. Pas vraiment. « Si c'est pour ça que tu me dis présomptueuse, alors je te l'accorde. Je doute fort que cela arrive, mais tu as raison, on ne sait jamais. » Elle esquisse un sourire malicieux, et rajoute alors : « Oh, tu sais, l'un n'empêche pas l'autre. » Et elle ne dit pas ça parce qu'elle pense qu'il n'est pas à la hauteur, mais plutôt à l'inverse. Elle doute qu'il ne comprenne pas là où elle voulait en venir, car ses yeux semblaient refléter en cet instant tout ce qu'elle pensait au plus profond d'elle-même. Le sentiment est étrange, celui de se sentir l'âme à nu devant un inconnu, comme si face à lui, elle est obligée de dire tout ce qu'elle pense, dépeignant une première image d'elle véridique, à défaut d'être forcément attrayante. Mais il vaut mieux qu'il sache directement qui elle est, ce qu'elle est, plutôt que d'être déçu plus tard, si plus tard il y a évidemment. Elle se dit qu'ils se correspondent assez bien, qu'ils sont sur la même longueur d'ondes, même lorsqu'il s'agit d'idioties concernant une possibilité de partir sans payer de ce restaurant haut de gamme. Elle les figure bien, prenant leurs jambes à leur cou tels des voyous, ce qui ne semble pas réellement leur ressembler, elle les voit courir dans la rue comme des enfants ayant faits une énorme bêtise, des rires éclatants sortant de leur bouche. Et elle sourit, Cassandre. Comme depuis le début du repas, et même avant quand elle se préparait devant son miroir. Et son sourire s'agrandit d'autant plus en observant Damian jouer avec le serveur qui semble au bord de la crise de nerfs, se demandant sans doute ce que ce duo fait ici, et s'ils vont réellement régler l'addition. Puis il finit par fuir, sans attendre son reste dès que la commande est passée. « Je suis complètement d'accord. Heureusement que tu n'as pas pris de la viande, ceci dit. » Elle finit par changer de sujet, se questionnant sur la présence de Damian à l'université, sur son arrivée surtout. Il prend son temps pour répondre, comme s'il réfléchissait à la meilleure façon d'expliquer la chose, comme s'il avait quelque chose à cacher peut-être, ou tout du moins à ne pas révéler tout de suite tout son passé, ce qu'elle peut comprendre aisément. Il finit par s'exprimer, et Cassandre l'écoute, attentive. Mystérieux, il l'est même si ce n'est pas son but premier, et ce n'est pas pour déplaire à la demoiselle, sans doute est-ce pour le mieux qu'il ne lui dise pas tout au premier rendez-vous, qu'il se découvre au fur et à mesure, sinon quel serait l'intérêt d'avoir plusieurs rendez-vous ? Pourquoi se mettre en couple avec quelqu'un si on sait tout de lui immédiatement ? Pas qu'elle pense à se mettre en couple avec lui pour le moment. Alors, elle se retrouve attendrie face au jeune homme qu'elle a face à elle, et qui semble avoir, malgré qu'il veuille le dissimuler, un vécu derrière lui. Et elle se veut rassurante lorsqu'elle s'exprime. « Aucune pression, je te rappelle. Je ne suis pas là pour mener une enquête sur toi, malgré ma curiosité. Ça me suffit amplement, pour l'instant. Tu reprendras tes marques rapidement, je suis sûre. » Cassandre pense ce qu'elle dit, elle veut y aller doucement, baby step comme on dit, lentement mais sûrement, ne pas forcer les choses, car il n'y a rien à forcer. Vivre le moment présent, simplement. « En attendant, je crois que le serveur ne nous aime pas, toi encore moins que moi, si je ne m'abuse. » Le sujet du passé est clos, Cassandre sait quand elle ne doit pas être insistante, et cette situation est clairement un de ces moments. Elle est passée maître dans l'art de changer de sujet, et il n'y a rien de plus facile que de cibler une personne qu'ils pourraient descendre ensemble.
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyLun 17 Nov - 23:36

Constater que le simple fait de la complimenter avec sincérité suffisait à la faire rougir lui donna envie de rire. Pas de se moquer, non, simplement de rire face au manque de confiance en elle que Cassandre affichait. Damian ne s'était jamais caché d'aimer les belles femmes. Et comme sa mère le lui répétait souvent, n'est pas beau ce qui est beau et beau ce qui plaît. Et rien n'était plus simple que de lui plaire. Il se laisser attirer par un rien : un grain de beauté, une fossette, une façon de sourire, de parler, de rire, ou de se remettre les cheveux en arrière. L'assurance chez une femme n'était jamais aussi délectable que l'insécurité. La peur de ne pas être assez bien, ou assez jolie. Mais Damian, habitué à la psychologie humaine, ne se laissait plus berner par la seule beauté extérieure. Il se payait le luxe de se montrer un peu plus exigeant, de voir au-delà de la surface, de découvrir ce que les autres cachaient au regard du monde, et de juger si oui ou non cela correspondait à ce qu'il pouvait chercher. S'il avait été un temps où l'Irlandais flirtait avec tout ce qui avait une paire de seins, et où il accumulait les conquêtes, cette époque était enfin révolue. Tout ce qu'il avait vécu, et notamment le fait de passer si près de la mort, lui avait fait prendre conscience de ne pas gâcher les instants précieux et de ne pas se contenter d'un assez bien, et dont la seule qualité résidait en un physique attrayant. Oh, certes, quoi de plus satisfaisant que d'afficher devant tout le monde une conquête de toute beauté faisant office de pot de fleurs, ou, dans le meilleur des cas, de faire valoir ? Mais Damian avait compris que la beauté ne suffisait pas et lui préférait un charme qu'il trouvait dans tout et n'importe quoi, accompagnée d'une personnalité intéressante. Et Cassandre possédait tout ça. Il l'avait su à la seconde où il avait posé les yeux sur elle. Sans même la connaître, il s'était fait une impression d'elle qu'il savait vraie, au moins dans une certaine mesure, et qu'il appréciait de pouvoir vérifier autour d'un dîner gastronomique, dans un restaurant chic. « Voyez-vous cela ! Je suis peut-être un psychopathe, pour ce que tu en sais... Derrière mon physique particulièrement ravageur, j'ai peut-être un fond désastreux et je prévois de te découper en petits morceaux... » se moqua-t-il, ne cherchant même pas à faire preuve de sérieux. Il était, à peu de choses près, ce qu'il laissait paraître : un type sain et sociable, maniant l'humour et l'auto-dérision comme personne. Il y avait bien sûr ce qu'il taisait, ce qu'il gardait pour lui, comme cette tendance à cerner facilement son entourage et, parfois, à le manipuler pour obtenir ce qu'il désirait. Mais en-dehors de cet aspect moins reluisant, Damian n'avait pas grand-chose à cacher et surtout, rien qu'il ne pût cacher aux yeux perçants de Cassandre, qui reprenait un peu d'aplomb et laissait sa timidité de côté pour rentrer dans ce badinage. « Je ne comprends pas comment tu peux être nerveuse à cause de moi. Je sais qu'on n'a pas tous les jours la chance de passer du temps en compagnie d'un dieu vivant, mais je t'assure, aucune pression » se moqua-t-il à nouveau, jamais à court de traits d'humour pour détendre l'atmosphère. Si l'un d'eux devait se montrer nerveux, c'était plutôt lui, peu coutumier de ce genre de rendez-vous, où tout restait à faire, et tout restait à apprendre. Il n'était pourtant pas si maladroit, en temps normal, et affichait même une assurance presque insolente, mais il n'y avait rien à faire : Cassandre ne le laissait pas assez indifférent pour qu'il puisse lui servir la même comédie qu'aux autres. Avec elle, impossible de ne pas craindre le ridicule, ou de ne pas vouloir se montrer sous son meilleur jour. Replongé soudainement dans la violence de ses souvenirs, parfois encore flous, Damian se rembrunit, inconsciemment. Il hésita longuement sur les mots à choisir, hésita plus encore sur le fait de lui raconter sa triste histoire ou préserver une part de mystère. S'il opta pour la deuxième option dans un premier temps, l'ingénuité dont elle faisait preuve le poussa pourtant à faire marche arrière. « Je suppose que tu as du entendre parler de cette fameuse fusillade, il y a un peu plus de deux ans ? Je me suis fait tirer dessus et j'ai été laissé pour mort. J'ai quitté Berkeley par avion, rapatrié d'urgence à Dublin, entre la vie et la mort et j'en ai réchappé de peu. Quelques minutes de plus et c'était foutu. » Il poussa un soupir, détourna le regard, inquiet à l'idée de soulever à nouveau cette histoire. En parler la rendait toujours plus concrète, plus réelle, et seule Harlow avait eu le droit à l'histoire complète, racontée minute par minute. La peur au ventre, qu'il avait fait taire de sarcasmes, ou la Petrov-Versier, qu'il avait protégé en prenant la balle qui lui était destinée. L'attente interminable avant que les secours n'arrivent, et le moment bienheureux où il avait perdu connaissance et s'était laissé envahir par la torpeur. Pourtant si détaché de tout, Damian se refusait encore à se remémorer pleinement les heures de chasse à l'homme. « Il m'a fallu pas loin de deux ans pour m'en remettre, physiquement du moins. Psychologiquement... j'y travaille encore. » Et c'était une bataille de longue haleine et de chaque instant pour dépasser le traumatisme laissé par la fusillade. « Bien, maintenant que l'ambiance est totalement ruinée, à ton tour de me parler de toi. »
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyMar 2 Déc - 1:51

Le masque de glace que porte habituellement Cassandre semble fondre à vue d'oeil, sans doute à cause de la chaleur qui brûle ses joues, les colorant d'une teinte qu'on n'a pas l'habitude de lui voir porter. Mais c'est plus fort qu'elle, face à Damian, il semble qu'elle ne puisse pas faire semblant, qu'elle ne le veuille pas. Elle n'est ni hautaine, ni désintéressée, bien au contraire, et tente de faire bonne impression au jeune homme qui a déjà laissé des marques sur elle. Elle ne change pas, Cassandre, mais elle s'ouvre, se laissant porter par le courant, par le mouvement que prend cette soirée, sans lutter pour ne pas trop s'impliquer dans ce rendez-vous, et les émotions qui pourraient en découler. C'est trop tard, elle est déjà impliquée, Cassandre, ça se voit à la rougeur de ses joues, aux battements de son coeur, au sourire malicieux et gêné sur ses lèvres, ça se lit dans sa façon de s'exprimer, dans sa façon de se tenir, dans ses mains qui touchent tout sans jamais s'éterniser sur rien, ça se sent dans sa voix et dans son regard. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure qu'il y a quelque chose entre eux, ou en tout cas, que Cassandre a quelque chose pour lui. C'est indéniable, et même si elle se targuerait du contraire, les signes ne trompent pas, et elle en dissémine déjà un peu trop depuis le début de ce rendez-vous. Pourtant, elle n'est pas de celles qui montrent leur sentiment si facilement, c'est plutôt l'inverse, puisqu'elle dissimule habituellement tout cela derrière un masque d'indifférence pure et simple, qu'elle feint plus ou moins en fonction des circonstances. Pour l'instant, ce n'est pas le cas, elle ne feint rien, ne force aucun geste ni aucune parole, et elle agit avec un naturel qu'elle ne se connaissait plus, Cassandre. Comme si la seule présence de Damian suffisait à la rassurer, à la mettre assez en confiance pour qu'elle se laisse aller de la sorte. C'est une sensation étrange pour Cassandre, différente mais excitante, inquiétante mais électrisante. Il y a l'adrénaline qui se déverse dans ses veines, mélangée à ce stress qu'elle n'arrive pas à éloigner, à repousser suffisamment pour qu'il ne fasse pas trembler quelques peu ses mains, battre un peu trop fort son coeur. Ça semble si stupide, car c'est le genre de sentiments qu'on lit mais qu'on ne vit pas, jamais, ce genre d'accroche instantané, de crush indéfinissable sur lequel on préfère ne pas poser de mots, au risque de le dénaturer, de l'abîmer. Cassandre ne veut pas comprendre ce que c'est, ce que tout ça signifie, et ce à quoi ça pourrait conduire, Cassandre veut simplement le vivre, pleinement. Elle rit franchement, sourit sans honte, parle sans gêne, et rougit sans retenue. « Je pense que je vais m'arrêter au physique ravageur pour ce soir, alors. En espérant que tu ne prévois pas de mener à bien ton plan dès ce soir, ce serait bête de finir ce dîner sur une si mauvaise fin, je préférerais découvrir ce côté de ta personnalité sur le long terme, on va dire. » Elle ne se retient plus Cassandre, elle parle sans langue de bois, sans chercher à savoir si elle va plaire ou non, s'il va l'apprécier ou simplement terminer ce repas sur une phrase qui laisserait clairement entendre que l'expérience ne se réitérerait pas. L'inquiétude fait partie du rendez-vous, elle ne peut pas l'enlever, le faire disparaître, alors il vaut mieux qu'elle fasse avec et le transforme en quelque chose de positif, sans quoi, elle serait sans doute assez vite submergée. « Attends, laisse-moi réfléchir, peut-être le fait d'être en rendez-vous qui m'intimide, surtout avec un dieu vivant, ou qu'il semble que mes principales premières fois se déroulent toutes en même temps avec toi, ou alors l'ambiance du restaurant ? Peut-être est-ce simplement toi, juste toi. » Elle s'est laissée emporter, et déjà, une nouvelle teinte vient s'emparer de ses joues, encore plus rouges que les précédentes. Elle a envie de se prendre la tête entre les mains, de se cacher sous la table, ou même simplement de courir dans la direction opposée à la sienne. Elle veut disparaître purement et simplement, ou alors juste qu'il oublie cette phrase et fasse comme s'il ne l'avait jamais entendue, comme si elle n'avait jamais traversé la barrière de ses lèvres. Alors, elle essaie de se rattraper tant bien que mal. « Je pencherais plutôt sur le restaurant, du coup toi ou un autre homme, du pareil au même. » Elle sourit, gênée, espérant que cette blague stupide suffise à faire oublier tout le reste. Et elle se répète cette phrase, pour tenter de s'apaiser. Aucune pression. Pourtant, elle ne ressent que ça, elle se noie sous cette sensation étouffante qu'elle n'arrive pas à contrôler. Elle pose le regard ailleurs, rougit une nouvelle fois, avant de faire face à son regard, et à réussir à se détendre, comme si son sourire, la lueur dans ses yeux agissaient comme un tranquillisant. « Aucune pression, oui. Je crois qu'on peut élire cette phrase comme celle de la soirée, une sorte de "toujours" ou de "okay" à nous. » Et ça continue, voilà qu'elle s'enfonce un peu plus dans son pathétisme, le sourire aux lèvres, en les comparant, en citant le livre qu'elle avait dévoré cet été. Elle rit nerveusement, constatant à quel point elle doit sembler stupide et enfantine en cet instant. Et comme pour s'excuser, elle rajoute immédiatement. « Je fonctionne très mal sous ce genre de pression, comme tu peux le constater. » La nervosité et l'agitation reprennent bien vite leur droit sur elle, comme une main s'abattant sur son épaule, face à laquelle Cassandre ne peut pas lutter. Elle regarde ailleurs, cherche à se donner une contenance, retrouver ses esprits, et lance un sujet qui, elle l'espère, pourra mettre derrière cette situation gênante. Et elle ne s'imaginait pas à quel point. Elle l'entend prendre son souffle, et entamer de longues phrases. Ses sourcils se froncent quand elle entend le mot fusillade, ses yeux s'arrondissent quand il parle de mort. Elle ne se doutait pas qu'elle soulèverait une telle histoire avec sa question stupide. Et elle se sent d'autant plus gênée par sa curiosité maladive, et vraiment mal placée. Pourtant, elle boit chacune de ses paroles, ne le coupe pas dans son récit peu détaillé mais assez prenant comme cela. Quand il soupire, ça la frappe, sa fragilité, son côté cassé mais reconstruit, le fait qu'il lui raconte ça, à elle, complète inconnue il y a encore quelques heures. Elle se sent flattée, Cassandre, même si la sensation de ne plus savoir où se mettre la dépasse largement. Il arrive à retourner la situation avec sa simplicité et son humour, qui permet à Cassandre d'esquisser un sourire, et lui donne la force d'aligner quelques mots. « Ne t'inquiète pas pour l'ambiance, c'est moi qui suis gênée. Je ne voulais absolument pas te forcer la main, ni que tu te sentes piégé, et obligé de me raconter des choses dont tu ne veux pas parler. Pour le coup, je comprendrais complètement si tu voulais me découper en petits morceaux à la fin du repas. » Elle tente à son tour une réplique qu'elle veut amusante, à défaut d'être très fine. Elle essaie de détendre l'atmosphère qu'elle a créé, Cassandre, du mieux qu'elle peut. « En tout cas, je suis désolée, si on peut dire ça comme ça, que tu ais dû traverser ce genre d'épreuves. Ça me tue qu'une université comme celle-ci doive vivre ce genre de drames. Mais c'est une bonne chose que tu sois là, que tu ailles mieux à défaut d'aller forcément bien, vraiment. » Cassandre préfère se taire qu'en rajouter encore, tourner le couteau dans une plaie qui ne semble pas s'être totalement refermée. Elle n'est pas sadique. Mais elle espère pouvoir contribuer à cette guérison psychique, d'une façon ou d'une autre. Vient le temps de parler d'elle, et Cassandre ne sait pas quoi dire, ni même si ce qu'elle va dire l'intéressera suffisamment pour lui changer les idées, lui vider l'esprit d'images, de souvenirs dont elle a, d'une certaine façon, forcé le retour. « Je ne sais pas trop quoi dire. Mes parents sont divorcés, depuis quelques années maintenant, je pense que c'est parce que mon père était complètement obnubilé par son travail, je ne suis pas vraiment sûre. Ma mère vit en France depuis. Ce n'est sans doute pas la chose la plus importante à savoir sur moi. Ce serait plutôt mon frère, mon jumeau, c'est lui la chose, la personne la plus importante pour moi. » Elle sourit, tranquille et apaisée, ne cherche même pas à savoir si Damian l'écoute pour reprendre. « Il était à Berkeley aussi, il est parti cet été. Je crois que je ne m'en suis pas encore remise, tu vois, parce que c'est vrai ce qu'on dit sur les jumeaux, sur le lien indéfinissable qui les unit. Deux corps d'une même âme, sans mentir. Mais j'ai préféré ne pas le suivre, ma place est ici finalement, mes études et peut-être même mon avenir, qui sait. » Sam lui manque, c'est atroce, un trou béant dans sa poitrine, qu'elle ne peut combler, qu'elle ne veut combler. Pire que lorsqu'elle est partie en France, parce qu'elle n'y est pour rien, parce qu'elle ne peut rien y faire à part tout quitter pour le retrouver. Elle sait qu'il ne le voudrait pas, elle sait qu'elle lui en voudrait toujours un peu si elle faisait ce pas. Alors elle reste, et vit avec son absence. Elle finit par hausser les épaules, comme pour signifier que rien de tout ça n'est trop grave, que tout est surmontable. L'absence d'une moitié, comme une âme bousillée par un coup de feu.
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MessageSujet: Re: leap of faith. (w/cassandre) leap of faith. (w/cassandre) EmptyDim 7 Déc - 18:18

« Sur le long terme ? » répéta-t-il, sans pouvoir se départir d'un léger sourire. « Décidément, entre plusieurs rendez-vous, le long terme, je vais finir par croire que tu es déjà folle de moi. » Il fixa Cassandre malicieusement, toujours bien trop content de voir le rouge lui monter aux joues. Il n'avait pourtant pas souvent été cet homme-là, à faire des plans d'avenir, des projets pour le futur. Au contraire, Damian, avait souvent préféré se laisser bercer par l'inconnu et la surprise, un sentiment gratifiant qui rendait sa vie toujours pleine de nouveautés. Il n'était pas de ceux qui se traçaient une ligne de vie à suivre soigneusement. Il avait souvent changé d'avis, sur lui, sur les autres, sur son futur. Il aurait pu devenir beaucoup de choses, s'il s'était écouté du moins : photographe – même sans talent - , footballeur professionnel, psychologue, super-héros, champion olympique, astronaute. Son esprit germait de milliers d'idées, de milliers d'envie, et aucune pression pour les réaliser dans un délai imparti. Il prenait les choses comme elles venaient. Si elles venaient. Et puis, il était passé à côté de la mort. De quoi lui faire revoir ses envies de prendre les choses comme elles viennent. Il avait fallu qu'une balle frôle de très près son cœur et perfore un poumon pour qu'il réalise la quantité de choses qu'il gardait à l'esprit et qu'il n'avait jamais eu l'occasion de faire, à force d'attendre qu'elles viennent à lui. Un tel événement a le mérite de vous remettre la vie sous une nouvelle perspective : courte, éphémère. Et lorsque la plupart des gens auraient adopté le crédo de tout vivre à cent à l'heure pour être sûr de ne rien manquer lorsque la mort frapperait réellement à leur porte, Damian préférait commencer à réfléchir à l'avenir. Ce qu'il ferait de ses études, quel métier il exercerait, s'il se marierait, s'il aurait des enfants. Il y avait quelque chose d'infiniment rassurant à y songer et à développer des plans d'avenir. Sur le long-terme. « Oh je ne suis pas sûr que tu aies très envie d'apprendre que je suis un psychopathe capable de te découper en rondelles, ni maintenant ni jamais » se moque-t-il. Mais quelque chose lui disait que psychopathe ou non, Cassandre resterait là toute la soirée, assise face à lui, prête à se dévoiler rien qu'un peu, autant que lui sans doute. Réconforté à l'idée qu'elle n'ait pas encore eu envie de fuir, Damian se sentait plus à l'aise de seconde en seconde. Dire qu'il n'avait pourtant jamais eu de problème pour séduire auparavant. Qu'était-il arrivé à l'espèce de bourreau des cœurs qui plaisait tant aux étudiantes de l'université et se faisait un plaisir de ne jamais se montrer sérieux avec elles ? L'épineuse question, sujette à d'innombrables étalages psychologiques, ne lui avait jamais paru aussi concrète : pouvait-on réellement changer ? L'expérience de la mort avait-elle le pouvoir de transformer un abruti comme il avait pu l'être en jeune homme sain, posé, mature ? Il se demandait parfois si tout cela n'était pas qu'une façade soigneusement mise en place, dont il se servait, mais alors, si c'était le cas, pouvait-il ne pas s'en rendre compte ? Damian avait longtemps été persuadé que les gens ne changeaient pas, quoi qu'ils fassent. Un constat sans doute un peu sombre, mais pourtant vérifié à de nombreuses reprises. On ne changeait pas ce que l'on était, au plus profond de soi-même. On grandissait, on apprenait les compromis, on plaçait certains éléments au-dessus d'autres et on agissait en conséquence, mais on ne pouvait jamais réellement se renier. Conscient que son élucubration silencieuse ne serait pas de grande utilité ce soir, il revint à lui et au concret : Cassandre, jolie Cassandre, et leur dîner gastronomique. « Je comprends, un tel restaurant, ça mettrait la pression à n'importe qui. Je veux dire, regarde-moi ce menu aux mots tellement compliqués que tu ne sais même pas ce qu'il y aura dans ton assiette ! » plaisanta-t-il à nouveau. Seulement à moitié, cependant. Damian ne venait pas d'un milieu particulièrement riche. Dans son Irlande natale, il faisait partie de la bonne classe moyenne, celle que l'on ponctionnait plus que les autres pour les taxes, mais qui parvenait à maintenir un train de vie correct. Il n'avait pas passé sa vie de gala de charité en gala de charité, au milieu de ses congénères, affichant son dernier costume Armani sur mesure et ses pompes Weston hors de prix. Les restaurants gastronomiques ne le comptaient pas parmi leurs fidèles clients, et en fait c'était même la première fois qu'il se rendait dans l'un d'eux. Et tout ce qu'il pouvait dire, c'était qu'il s'y sentait mal à l'aise. Sans même parler de la clientèle – quasiment que des couples, des fois qu'il n'aurait pas compris que c'était un rencard – tout puait le clinquant, le chic, le cher. Les couverts, les assiettes, les peintures sur les murs blancs, le sol immaculé, les serveurs habillés comme des pingouins. Comment pouvait-il apparaître sous son meilleur jour si l'environnement ne lui correspondait pas ? Qu'importe. Au moins Cassandre avait-elle le bon goût d'apprécier l'endroit, quoiqu'il la soupçonnât grandement d'être bonne comédienne à ce sujet et de ne pas s'y sentir beaucoup plus à l'aise que lui. « Toi, sous pression ? Je n'avais vraiment pas remarqué. Tu fais très bien illusion. » Il se mit à rire avant de savourer une gorgée d'un vin hors de prix. « Si ça peut te rassurer, nous sommes deux dans le même cas, même les Apollons peuvent douter d'eux, parfois... » Sourire complice. Et complice, Damian l'était vraiment. Assez, du moins, pour se laisser aller à quelques confessions concernant son passé. La fusillade avait laissé une marque indélébile chez tous ceux qui l'avaient vécue. Sans même parler des traces physiques, après tout, son nom était encore inscrit sur la pierre gravée rendant hommage aux morts du 14 février 2012. Elle comptait parmi les événements que l'on n'oubliait pas, quand bien même on tentait de le faire. Et lorsque, comme lui, on avait failli y perdre la vie, le traumatisme était d'autant plus important. « Tu ne m'as pas forcé la main. C'est simplement étrange d'en reparler avec autant de détachement, ici, à San Francisco » confia-t-il avec douceur. « Tu n'as pas à être désolée pour moi. Si tu veux l'être pour quelqu'un, sois-le pour ceux qui sont réellement morts cette nuit-là. Parmi eux, il y a plusieurs personnes que je connaissais très bien. Ce sont eux pour lesquels on doit être désolé, pas les vivants. » Il détourna quelques instants le regard et poussa un soupir. « Personne n'aurait pu prédire que cinq personnes tourneraient aussi mal... Je ne blâme pas Berkeley de ne pas avoir su nous protéger, nous avons porté notre propre sentence en organisant une soirée. Si nous ne l'avions pas fait, rien ne se serait passé. » Il replongea dans les souvenirs douloureux de cette nuit-là, sans rancune pour l'université, mais avec tristesse pour les malheureux n'ayant pas eu la même chance que lui. Cassandre prit le relai, et il chassa la fusillade de son esprit pour quelques instants, se concentrant pleinement pour l'écouter se confier à lui. « Pourquoi est-il parti ? » s'enquit-il, tandis que le serveur leur déposait les entrées. « Tu as de la chance d'avoir un jumeau. Je me suis toujours demandé ce qu'aurait été ma vie si j'avais eu un frère ou une sœur, alors un jumeau. Leur connexion m'a toujours fasciné, c'est quelque chose qui dépasse la logique, la rationalité, la science. Tu es très proche de lui ? »
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