Nathanaël A. Howlett & Primrose M. Standford

« Regarde maman mon dessin !! » À vrai dire, Primrose était beaucoup trop absorbée par ses pensées pour réellement accorder toute son attention à sa fille. Ça faisait déjà quelques semaines qu’elle était comme ça, ressassant cette fameuse soirée encore et encore dans son esprit. À ses yeux, ça ne pouvait tout simplement pas être réel. Comment est-ce qu’une telle chose avait-elle pu se produire ?? Comment avait-elle pu coucher avec Nate ?? Son meilleur ami. Le petit frère de Noah. C’était absurde, insensé. Et pourtant, ça n’en était pas moins réel. Les souvenirs étaient encore là, bien gravés dans l’esprit de la jeune femme qui ne pouvait s’empêcher de se torturer encore et encore. Désormais, plus rien ne serait jamais comme avant, elle en était consciente. Ils ne pourraient plus jamais redevenir les amis qu’ils avaient été. L’étaient-ils encore d’ailleurs ?? Ils ne s’étaient plus adressé la parole depuis des semaines après tout. Prim ignorait complètement ce que Nate pensait de tout ça. Depuis qu’elle lui avait laissé cette note et s’était enfuît comme une voleuse au beau milieu de la nuit, il n’avait plus donné signe de vie. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il ne lui en voulait pas. Elle espérait qu’il avait comprit son point de vu et qu’il ne lui en tienne pas rigueur. « Maman, tu m’écoutes ?? » La jeune fille reporta aussitôt son attention sur Kiara à qui elle esquissa un petit sourire rassurant. « Désolée chérie. J’étais un peu perdue dans mes pensées. » Elle prit la petite feuille de papier que lui tendait sa fille, la contemplant avec attention. « Kiara, c’est très jolie. C’est toi et moi près de la grande maison que tu as dessinée ?? » « Oui. Je me suis dit qu’on pourrait le mettre près de la photo de papa. Comme ça, il aurait plus l’impression qu’on est avec lui. » Prim dûe se retenir de toutes ses forces pour ne pas fondre en larmes. Elle vint plutôt serrer instantanément sa fille contre elle, glissant ses doigts dans ses cheveux fins. « C’est une excellente idée mon amour. Je suis certaine qu’il en aurait été très content. » Elle soupira légèrement. Non, elle ne pouvait plus continuer à vivre dans ce silence complet. Elle devait tirer les choses au clair avec Nate, autrement, elle risquait de devenir dingue. Doucement, elle vint se séparer de sa fille pour venir prendre son petit visage entre ses mains. « Écoutes Kiara, tu vas aller passer l’après-midi chez Augusteen, tu veux bien ?? Maman aurait une petite course à faire, elle ne sera pas longue. » Mieux valait ne pas lui dire qu’elle allait chez Nate. Autrement, Kiara voudrait absolument l’accompagner. La petite avait toujours adorée son oncle, ce qui était parfaitement normal puisqu’il était pour elle ce qui se rapprochait le plus d’un père. Cependant, pour aujourd’hui, elle avait bien besoin de lui parler seule afin de pouvoir mettre les choses au claire. Kiara haucha la tête sans sourciller, et encore une fois, Primrose se félicita d’avoir mit au monde une petite fille aussi adorable.

Prim se vêtue d’une petite robe d’été jaune, laissant ses longs cheveux bruns tomber naturellement sur ses épaules. Elle apporta quelques cahiers de dessins pour Kiara et sauta dans sa voiture afin de la déposer chez sa bonne amie qui, elle en était certaine, saurait s’occuper d’elle pour la journée. Puis, après avoir serrée sa petite Kiara fortement dans ses bras, elle partie seule en direction de chez Nate. Ça se voyait que les vacances commençaient à peine. Les rues fourmillaient de passants auxquels miss Standford ne prêta pas vraiment attention, fonçant tout droit en direction de l’immeuble de son ami. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre puis se rendit vis-à-vis la porte de son appartement. Sur le pas, elle hésita. Et s’il n’avait pas envie de la voir ?? Et s’il était occupé ?? Avec quelqu’un d’autre ?? Curieusement, cette idée la blessa profondément. Mieux valait ne pas se faire de mauvaises idées autrement, elle n’oserait jamais revenir en ces lieux. La brunette soupira fortement, replaçant machinalement ses longs cheveux. Puis, elle cogna subitement, attendant impatiemment une réponse. Nate se faisait attendre. À un tel point que la jeune femme eu d’abord l’impression qu’il n’était pas là. Mais pile au moment où elle allait tourner les talons, elle l’entendit ouvrir la porte avant d’apparaître sur le seuil. Prim se mordit fortement la lèvre inférieure sous l’effet de la nervosité. « Salut Nate. » Mais qu’est-ce qu’il allait penser d’elle maintenant ??

Nathanaël A. Howlett & Primrose M. Standford

Parler. C’est de ça dont ils avaient besoin. S’expliquer pour bien mettre au clair la situation. En vingt-deux ans, Prim ne s’était encore jamais sentie aussi mal à l’aise, et vis-à-vis de Nathanaël, encore beaucoup moins. Il était son confident de toujours, et il était absolument impossible pour elle de se remémorer toutes les conneries qu’ils avaient pus faire l’un avec l’autre au cours de leur enfance et de leur adolescence. Il avait toujours été la personne la plus importante à ses yeux. Peut-être même un peu trop quand on y réfléchissait bien. C’est vrai quoi, son meilleur ami avait-il donc prit une si grande place dans sa vie au point d’être celui qui pouvait peut-être bien être fait pour elle ?? C’était ridicule de penser à cela. Nate était ce garçon déluré qui l’avait accueillit à bras ouverts lors de son arrivée en ville. Il était celui qui l’avait obligé à écouter des films d’horreur tout en sachant à quel point elle pouvait être terrifié, et aussi celui qui lui tirait les cheveux dès qu’elle avait le dos tourné lorsqu’ils étaient enfants. Pire, il était le petit frère de Noah, celui qu’elle avait toujours considéré comme le grand amour de sa vie. Elle ne pouvait tout de même pas le voir de cette manière. Et pourtant, lorsqu’elle repensait à cette fameuse nuit qu’ils avaient passée ensemble, elle ne pouvait s’empêcher d’en frémir doucement. Dès qu’elle fermait les yeux, elle sentait de nouveau ses lèvres contre les siennes, ses doigts qui courraient contre sa peau, et elle ne pouvait s’empêcher de se sentir bien avec cette idée. Non, elle était décidément en train de devenir folle.

Primrose avait décidée de finalement mettre un terme à ce silence radio. Elle avait besoin de parler avec Nate de tout ça et de finalement remettre els choses dans l’ordre. Elle ne pouvait plus vivre sans sa présence dans sa vie. Il avait toujours été son tout. Il était le parrain de Kiara et la petite avait définitivement besoin de son oncle dans sa vie. C’est pour ces deux raisons et pour bien d’autres encore que la jeune femme se rendit à l’appartement de son ami, cognant doucement à la porte. Croyant d’abord qu’il était absent, c’est avec surprise qu’elle le vit soudainement ouvrir la porte, la dévisageant avec une pointe de surprise dans le regard. Prim ne pue s’empêcher de le détailler à son tour avec le plus de subtilité possible. De toute évidence, il sortait à peine de la douche en vue de ses cheveux en bataille et de sa chemise à peine attachée. Prim avala difficilement sa salive. Non, elle ne devait pas avoir de telles pensées à son égard. Il n’en était pas question. Elle était là pour renouer leur si vieille amitié et pour rien d’autre. Le jeune homme lui fît signe d’entrer et comme elle passait près de lui, la miss respira sur lui une odeur qui lui était à la fois familière et surprenante. L’alcool. Mais qu’est-ce quoi lui prenait ?? Son meilleur ami avait toujours aimé prendre un verre ou deux en soirée, mais vu l’odeur qu’il dégageait, il n’y était pas allé de main morte depuis un petit moment. Il y avait de quoi s’inquiéter.

« Désolé, je n'ai pas eu le temps de ranger. » Ça, c’était peu dire. En vu de l’état de son appartement, on aurait plutôt dit qu’un ouragan était passé dans les parages. Une multitude de piles de vêtements et de livres traînaient un peu partout, mais le pire, c’était les cadavres de bouteilles d’alcool qui traînaient un peu partout dans la pièce. On aurait dit que Nate avait donné une fête à laquelle il n’avait pas jugé bon de l’inviter. D’ailleurs, Primrose ne releva pas sa phrase, détaillant plutôt la pièce d’un air apeuré. Mister Howlett, vint ouvrir les rideaux de son appartement, ne faisant que montrer encore plus l’ampleur des dégâts. « Tu as besoin de quelque chose ?? Tu veux que je garde Kiara ce soir ? ? » Mais il se fichait d’elle ou quoi !? Non seulement il était en train de feindre qu’il ne s’était rien passé entre eux, mais en plus, il croyait vraiment qu’elle comptait lui confier sa fille en vu de l’état pitoyable dans lequel il se trouvait !? Disons qu’elle aurait préférée qu’il lui hurle dessus plutôt que de l’entendre feindre que tout était comme avant. Son air devint aussitôt beaucoup moins aimable. « Non mais tu te fou de moi !? Tu crois vraiment que je vais te confier Kiara vu l’état dans lequel tu te trouves !? » Elle échappa un petit rire sarcastique en venant croiser ses bras contre sa poitrine d’un air sévère. « Bordel Nate, qu’est-ce qui te prend ?? Comment t’as fait pour te mettre dans un état pareil ?? Ton appartement est un vrai foutoir. Apparemment, tu bois tellement que tu te fiche de l’hygiène des lieux !? » Elle soupira, se contentant de s’éloigner un peu pour entreprendre de ramasser les cadavres de bouteilles qui traînaient un peu partout. Elle qui était venue ici pour faire la paix, elle sentait peu à peu la colère la gagner. « Heureusement que je n’ai pas amenée Kiara ici aujourd’hui. Tu te rend compte les questions qu’elle m’aurait posée ?? »

Nathanaël A. Howlett & Primrose M. Standford

C’était vraiment désolant de le retrouver dans un état pareil. Horrible même. Nate avait toujours été d’un naturel joyeux. À vrai dire, Prim n’avait jamais connue qui que ce soit qui émane d’autant de joie de vivre. Aujourd’hui, il n’était plus que l’ombre de lui-même, et bien franchement, la jeune femme ne comprenait pas vraiment pourquoi. À ses yeux, il était absolument improbable que ce soit à cause d’elle. C’était elle la tordue dans cette histoire. C’était elle qui avait dû s’enfuir pour ne pas laisser ses sentiments l’envahir toute entière. Mais Nate ne l’aimait pas. Pas de cette manière, elle en était convaincue. Il lui avait tourné le dos pour ouvrir les rideaux et machinalement, elle ne pue s’empêcher de le détailler du regard. Cette nuit avait été plus que parfaite et c’était ça le problème. C’était pour cette raison qu’elle s’était enfuît aussi précipitamment. Parce qu’elle n’avait pas le droit d’apprécier ce moment.

Pendant qu’elle ramassait un peu le bordel que son meilleur ami avait créé dans son appartement, elle ne pouvait s’empêcher de le bombarder de reproches. La vérité, c’est qu’elle ne le reconnaissait plus. Il n’était plus le Nathanaël qu’elle avait connue toujours joyeux et de bonne humeur, et pour dire vrai, cette idée lui faisait terriblement peur. Il s’était rapproché du comptoir pour prendre une longue gorgée de whisky. Il ne la regardait pas, mais apparemment, il écoutait tout de même ce qu’elle lui disait. Autrement, il n’aurait pas suffisamment crispé ses doigts autour de son verre pour le faire éclater en morceaux. Primrose sursauta d’ailleurs au son du verre brisé, se stoppant net dans son élan de rangement. « Ce qu'il me prend... Il n'y a pas de remède ou de traitements pour ce que j'ai, j'essaie simplement de supporter tout ça comme je peux. Je n'en savais rien et ... Je n'en savais rien jusqu'à présent et le fait que tu sois partie de la sorte ce matin-là... Tous les sentiments que j'avais pour toi me sont revenus. Le Nate que tu as toujours connu était amoureux de toi. Et tu ne l'as jamais remarqué parce qu'il n'y avait toujours que Noah dans ton champ de vision, et pas moi... » Elle avait un peu de difficulté à croire ses paroles. Comment Nate, [b]SON[b] Nate, pourrait-il l’aimer ?? Il avait toujours été tellement volage, préférant de loin la liberté à une vie bien rangée. Et aujourd’hui, après toutes ces années, il lui balançait ça en plein visage ?? Prim ne savait que dire tant elle était sous le choc. Elle se contenta plutôt de se relever du sol, posant à son tour les yeux sur sa main qui commençait doucement à se remplir de sang. Il s’était coupé assez profondément mais il semblait s’en ficher complètement.

Primrose vint pour s’éloigner vers la salle de bain pour y chercher la trousse de premiers soins, mais une nouvelle fois, il la stoppa dans son élan en reprenant la parole. « J'ai toujours fait de mon mieux pour respecter la promesse que j'ai fait à mon frère. Je me suis toujours donné à fond pour toi et la petite. Et sans les souvenirs, j'arrive à n'être que ton meilleur ami et le parrain de Kiara. C'est toi qui m’as embrassé ce soir-là et tu m'as laissé sans aucune explication. Comment veux-tu que je soigne un cœur brisé si ce n'est que dans l'alcool hein ?? » La jeune femme se mordit fortement la lèvre inférieure. Jamais elle ne se serait attendue à une telle avalanche de révélation cet après-midi. Elle voulait simplement tirer les choses au clair afin qu’ils puissent redevenir les amis qu’ils étaient par le passé. Mais de toute évidence, tout était gâché. Il lui en voulait de l’avoir fait souffrir et elle lui en voulait de lui balancer tout ça en pleine figure aujourd’hui, sans même se donner la peine de la préparer. Il ne pouvait pas lui dire qu’il l’aimait. Il n’avait pas le droit. Pas avec toutes les questions qu’elle se posait depuis cette fameuse nuit. Elle était en train de devenir complètement folle et il ne l’aidait en aucun cas à guérir de sa folie.

« Si Kiara avait posé ces questions, je lui aurait simplement dit que je faisais de mon mieux pour me soigner pour revenir au plus vite auprès d'elle. Je ne peux pas oublier cette nuit-là et j'étais parfaitement conscient de ce que je faisais. Je pensais que toi aussi mais il faut croire que je m'étais trompé. Tu as fait ce que tu avais envie de faire sans réfléchir à ce que je pourrais ressentir et tu n'as juste jamais répondu à mes coups de fils et tu m'as évité à la fac. Comment suis-je censé tenir debout sans boire autant ?? J'ai toujours été là pour toi. Toujours. Et cette fois-là tu m'as quitté comme si je n'étais qu'un vulgaire inconnu. » Il lui en voulait aussi et dans un sens, elle ne pouvait pas le blâmer pour ça. Si elle s’était attendue à le faire souffrir autant, elle ne serait pas disparue comme une voleuse au beau milieu de la nuit. Le hic, c’est qu’elle avait prit peur. Elle avait eu peur en posant les yeux sur lui de constater qu’elle ne le voyait plus comme avant. Qu’elle ne le voyait plus comme ce petit garçon qui avait partagé ses jeux, mais plutôt comme un homme qui avait su la satisfaire comme elle ne l’avait plus été depuis longtemps. Une nouvelle fois, elle tenta au maximum de chasser cette idée de son esprit pour se concentrer sur la bonne marche des choses. Nate tentait d’extirpé les morceaux de verre qu’il avait de coincé dans la main. D’un pas hésitant, Prim se rapprocha de lui, posant sa main contre son bras sans pour autant essayer de croiser son regard. « Viens t’asseoir. » souffla-t-elle d’un voix plus douce cette fois. Il hésita légèrement mais finit par la suivre pour s’installer sur le divan du salon. La jeune femme se dirigea de son côté vers la salle de bain. Après s’être passée un peu d’eau sur le visage pour arriver à garder la tête froide, elle fouilla dans l’armoire à pharmacie pour y attraper une petite pince, un tampon d’alcool et un grand pansement. Elle retourna ensuite au salon où elle s’assit à côté de Nate, venant prendre avec hésitation sa main dans la sienne pour lui retirer le surplus de petits bouts de verre. Elle prit une grande expiration avant de finalement prendre la parole sans pour autant croiser son regard du sien. « Nate, je suis vraiment désolée. Je n’ai jamais voulue te faire souffrir. Je… » Elle soupira une nouvelle fois, sentant ses mains trembler légèrement. Elle lui retira le dernier morceau de verre avant de reprendre la parole. «Ce qu’il y a, c’est que j’ai eu peur. J’ai eu peur que les choses ne soient plus jamais comme avant entre nous. J’ai eu peur d’avoir trahie Noah en couchant avec toi, son petit frère. Mais le plus effrayant, c’est ce que j’ai ressenti en me réveillant à tes côtés. Je… » Elle sentait sa voix se gonfler d’émotions et bien franchement, elle détestait ça. Elle ne voulait pas pleurer. Pas maintenant. Elle ne pouvait tout simplement pas. Elle ne pouvait pas se montrer faible en ce moment et ce même si Nate avait l’habitude de la voir au bout du rouleau depuis les dernières années. Sa main se resserra doucement contre la sienne alors qu’elle vint enfin planter son regard dans le sien. «Je me rappelle de tout. Je me rappelle qu’on a fait l’amour et que c’était plus que parfait. Je me rappelle de la chaleur de tes bras autour de moi et du bien que j’ai ressentie, et je n’avais pas le droit d’être aussi bien. C’était mal. Alors je suis partie et j’ai essayée d’oublier, mais le problème, c’est que je n’y arrive pas non plus. Je ne pense qu’à ça et c’est en train de me rendre folle. » Elle sentie une larme dévaler sa joue et une nouvelle fois, elle baissa les yeux pour se reconcentrer sur sa main. «Alors ne me dis pas que tu m’aimes maintenant. S’il te plaît. » Elle se replongea dans le silence, venant doucement désinfecter ses blessures pour enfin y enrouler le pansement au gaz. Elle déposa un doux baiser contre sa paume puis se recala dans le canapé, essayant d’oublier que c’était sur ce même canapé que tout avait commencé, qu’ils avaient échangés leur premier baiser.

Nathanaël A. Howlett & Primrose M. Standford

Mais qu’étaient donc devenus les deux enfants qu’ils étaient autrefois ?? Qu’est-ce qu’ils avaient fait des gamins qui passaient le plus clair de leur temps à se charrier et à s’envoyer des piques dans la bonne humeur ?? Si on lui avait dit au début de l’adolescence qu’elle finirait par voir Nate d’une manière différente, Primrose ne l’aurait pas crue. À ses yeux, il avait toujours été son meilleur ami, celui sur qui elle avait toujours pu compter en cas de coup dur. Il l’avait toujours encouragé. Il l’avait soutenu pendant sa grossesse et son accouchement, prenant un malin plaisir à s’occuper d’elle et de son bébé. Mais depuis ce soir-là, tout avait changé. À un tel point que la jeune femme se demandait s’ils n’avaient pas gâché leur amitié en s’abandonnant ainsi dans les bras l’un de l’autre. Et pourtant, elle ne pouvait se convaincre qu’il s’agissait réellement d’une erreur. Lorsqu’elle repensait à cette fameuse nuit, elle ne pouvait s’empêcher d’en frémir. Ses doigts dans ses cheveux, son souffle contre sa peau, tout ceci avait été tellement bon que oui, elle ne pouvait nier que retenter l’expérience serait divin. Mais elle ne pouvait pas. C’était mal et elle le savait.

La colère montait rapidement en chacun d’eux. Nathanaël avait à son tour laissé exploser sa colère. Une colère à laquelle Prim ne s’attendait pas vraiment. Ainsi, il avait du mal à oublier cette nuit de son côté aussi ?? Aux yeux de la jeune femme, c’était assez improbable. Nate avait toujours eu suffisamment de succès auprès des femmes sans avoir à se soucier d’elle. Elle s’était même imaginé qu’il avait passé plusieurs autres soirées de ce genre avec d’autres filles et qu’il avait depuis longtemps oublié leur nuit à tout les deux. Et pourtant, il était en train de lui affirmer le contraire et ça lui faisait peur. Elle ne voulait pas l’entendre. Elle ne voulait pas qu’il lui dise qu’il ressentait quoi que ce soit envers elle ou elle savait qu’elle risquait de craquer. Aussi, elle décida plutôt de s’acharner à guérir sa main blessée. Elle l’entraîna vers le divan – le fameux divan- et elle entreprit de lui retirer les morceaux de verre qu’il avait de planté dans la main. En même temps, elle lui avoua ce qu’elle avait sur le cœur. Ses peurs, ce qu’elle avait ressentis après qu’il lui ait fait l’amour, tout. Elle vit qu’il voulait prendre la parole, mais elle le coupa net en lui demandant de ne pas lui dire qu’il l’aimait. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais le supporter. Ça ne pouvait que la mélanger encore plus dans ses sentiments et dans ce qu’elle était supposée faire. Jusqu’ici, elle avait toujours pensée au bonheur de Kiara avant le sien. Sa petite fille devait être sa priorité et elle s’était promis de ne pas lui trouver un nouveau père avant qu’elle ne soit en âge de comprendre. Même si c’était Nate. Mais aujourd’hui, tout devenait confus. Elle savait combien il pouvait aimer la petite. Il l’avait vu grandir au moins autant que la jeune mère et elle savait que Kiara l’aimait de tout son cœur aussi. Tout ceci devenait tellement compliqué.

Après lui avoir posé son pansement, Prim vint se caler dans le divan, essayant de souffler du mieux possible. Les larmes avaient commencées à couler et elle ne pouvait plus les arrêter. Aussi, elle tentait au maximum de se terrer dans le silence en attendant que sa tristesse de calme et qu’elle puisse enfin rentrer chez elle. Cependant, Nate vint à sa rencontre, laissant son pouce effleurer sa joue pour y retirer la larme qui y coulait. Elle posa les yeux sur lui, le laissant prendre la parole à son tour d’un ton plus calme cette fois. « Merci, tu n'avais pas à le faire... Je te mets tout sur le dos, c'est injuste de ma part. Mais il faut juste que tu comprennes une chose, je serais toujours là pour Kiara. Cependant, je ne peux pas … je ne peux plus être simplement ton ami et me contenter de ça. C'est trop difficile. » Elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine, mais elle ne dit rien sur le moment, le laissant plutôt poursuivre sans quitter son regard du sien. « Ce n'est pas le fait d'avoir trop bu ce soir là qui m'a conduit à ce qu'on couche ensemble. J'en avais envie. Et maintenant que j'y ai goûté, je n'ai plus envie de n'être que ton meilleur ami. » Prim avala difficilement sa salive. Mais où est-ce qu’il voulait en venir au juste ?? Est-ce qu’il était en train de lui dire que leur amitié était terminée ?? L’expression de son visage ne démontrait pourtant aucune cruauté quel conque. Son pouce caressait toujours sa joue et le reste de ses doigts vinrent s’en mêler aussi, faisant frissonner doucement la jeune femme qui ferma les yeux l’espace d’un instant. « Ce n'est pas un au revoir. Je veux juste que tu comprennes la réalité de la situation, il m'est trop douloureux de simplement discuter avec toi en ignorant toutes ces choses. » Elle avait sa réponse. Il ne la laissait pas tomber. Il lui demandait seulement une chance. Le problème, c’est que miss Standford n’arrivait toujours pas à mettre ses idées en ordre.

Elle vit ses yeux dévier doucement sur ses lèvres qu’il fixait avec attention et instantanément, elle ne pue s’empêcher de faire de même. Ce serait tellement facile. Ses lèvres étaient tellement près qu’elle pouvait aisément l’embrasser immédiatement si elle le voulait et remettre le couvert de la dernière fois. Mais encore une fois, ce n’était pas aussi simple. « Tu ne veux pas que je me confesse, je ne le fais pas. Que la situation soit claire, simplement, si tu ne veux pas être plus que ça pour moi... Je veux que tu comprennes qu'il ne me sera plus possible de faire tout ce qu'on faisait jusqu'à présent. » Elle se mordit fortement la lèvre inférieure. Mais qu’est-ce qu’elle était supposée faire à présent ?? «Je ne t’ai jamais demandé de m’attendre. Au contraire, je crois que si l’occasion se présente de rencontrer quelqu’un de bien, tu devrais sauter dessus. Tu es quelqu’un de bien et tu mérites d’être heureux. » Même si ce n’était pas avec elle ?? Elle n’en était pas si sûre, mais encore une fois, elle ne pouvait se résoudre et lui dire tout ceci dans de tels termes. Sa main toujours contre sa joue commençait à la piquer un peu. Une nouvelle fois, elle ne pu s’empêcher de déposer un doux baiser contre sa paume, reportant son regard dans le sien en laissant à son tour ses doigts caresser sa joue. «Je te mentirais si je te disait que je n’en ai plus envie de mon côté. J’ai aimée te sentir si près de moi et ressentir ta tendresse. Mais je ne sais pas. Je ne sais pas quoi faire à présent. » Sa main quitta sa joue pour se poser dans l’armature de sa chemise ouverte. Elle caressa doucement son torse du bout des doigts, venant soupirer légèrement. «Je n’ai pas le droit de t’aimer. Ça n’a aucun sens… » souffla-t-elle plus pour elle même qu’autre chose. Sa tête vint se poser contre son torse et machinalement, elle vint effleurer son torse du bout du nez, respirant l’odeur familière de son gel de douche.

Nathanaël A. Howlett & Primrose M. Standford

La vie pouvait être tellement cruelle parfois. Jusqu’ici, Primrose s’était jurée de ne pas se laisser tenter par qui que ce soit. Elle serait une amante pour une nuit mais sans plus. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour Kiara. La jeune femme ne voulait pas imposer à sa fille le fait d’avoir un beau-père qui ne lui conviendrait peut-être pas. Aussi, elle s’en tenait à ce point depuis quatre ans à présent, jusqu’à cette fameuse nuit. Depuis qu’elle avait couchée avec Nate, elle ne voyait plus du tout les choses de la même manière. Elle s’était sentie bien, tout simplement. Sentir ses doigts parcourir sa peau de long en large avait été suffisamment pour lui donner envie de plus. Et pourtant, elle ne voulait tellement pas compliquer les choses entre eux, si tant est qu’il était possible de les rendre encore plus difficile à vivre qu’aujourd’hui.

Prim avait beau lui dire qu’elle ne voulait pas s’abandonner une nouvelle fois à ses pulsions, son corps tout entier hurlait le contraire. Sa main s’était doucement posée contre son torse pour le caresser un peu dans l’ouverture de sa chemise, sa tête suivant presque aussitôt le même chemin. C’était si bon de ressentir la chaleur de son corps contre sa joue. Elle se concentra doucement sur les battements de son cœur qui battait doucement dans sa poitrine, l’apaisant un peu. La main de Nathanaël vint se glisser doucement dans ses cheveux, se frayant un chemin en direction de sa nuque sur laquelle elle se posa, la faisant doucement frémir. Décidément, il avait un réel don pour la toucher exactement comme elle voulait l’être. « Je vais te laisser jusqu'à la fin de la semaine pour y réfléchir. Puisque tu penses que si une occasion se présente à moi, je devrais la saisir. Je la saisirais. » Elle avait été en grande partie idiote de lui dire une chose pareille, elle en avait parfaitement conscience, mais dans un sens, comment était-elle censée réagir ?? Elle ne voulait pas le priver de prendre du plaisir avec d’autres femmes sous prétexte qu’elle n’était pas encore complètement décidée, et ce même si elle savait qu’elle risquait d’en devenir verte de jalousie. Elle sentit son autre bras l’entourer et la presser un peu plus fortement dans ses bras. Jusqu’à ce fameux soir, elle ne s’était jamais imaginé qu’il puisse se montrer viril à ce point. Et portant, elle se sentait tellement petite dans ses bras à cet instant qu’elle en avait presque peur. « e sais que peu importe à quel point j'ai souffert et qu'importe tout le poids que je porte sur mes épaule. Aussi longtemps que je tiens, je serai plus près car ce n'est pas finit, tant que ce n'est pas finit. N'est-ce pas ?? » « En effet… » souffla-t-elle doucement. À vrai dire, elle ne savait presque plus quoi dire. Ce moment était en train de la rendre complètement folle.

Ses doigts vinrent dégager les cheveux qui lui collaient à la joue et Nate vint doucement poser ses lèvres contre celle-ci. Il en devenait vraiment cruel, est-ce qu’il en avait conscience au moins ?? « Alors même si tu penses que tu n'as pas le droit de m'aimer et que ça n'a aucun sens, tu n'a plus qu'à y réfléchir. La question est simple, préfères-tu me voir en tenir une autre ou préfères-tu être dans mes bras ?? Après tout tu sais, j'étais le premier à t'aimer. » Autrefois, elle aurait tout donnée pour qu’il connaîsse le même genre de bonheur qu’elle avait connue avec Noah. Elle l’aimait son petit Nate et elle voulait plus que tout le voir heureux. Aujourd’hui, tout était différent. La simple idée de l’imaginer donné ce genre de tendresse à une autre femme la rendait malade. Elle ne pouvait tout simplement pas le supporter. Elle ouvrit la bouche pour reprendre la parole mais c’est plutôt un léger gémissement qui en sortie à l’instant où elle sentie ses lèvres se poser contre son cou pour y déposer un baiser. Sa barbe légèrement rêche contre sa peau la rendait au moins tout aussi chancelante que la douceur de ses lèvres. Il essayait vraiment de la rendre dingue, il n’y avait pas d’autres explications. Il remonta ses lèvres à son oreille et elle sentie cette fois son souffle s’écraser contre sa peau. « Restes avec moi. » Prim figea légèrement sur le coup de l’instant. Mais qu’est-ce qu’elle était censée faire au juste ?? Se dégager vivement et le repousser afin de présenter leur amitié ou s’abandonner à ses réels désirs ?? Une nouvelle fois, elle vint respirer l’odeur de son torse, s’enivrant de ce parfum rassurant qui avait toujours su la soulager en cas de coup dur. Seulement voilà, encore une fois, tout était différent. Son odeur ne lui inspirait plus uniquement un refuge, mais plutôt un désir intense qu’elle n’était plus capable de contrôler. Ses doigts revinrent glisser contre sa peau pendant qu’elle faufilait ses lèvres entre ses pectoraux, dévorant sa peau avec douceur. Ses doigts vinrent faire sauter le reste des boutons de sa chemise pour l’ouvrir entièrement. Elle remonta rapidement sa bouche vers son cou où elle déposa aussi une petite pluie de baisers, reculant finalement doucement son visage pour planter ses yeux sombres dans son regard. Sa main continuait de caresser son torse avec douceur. « Poses tes mains sur moi Nate… » murmura-t-elle avant de se mordiller légèrement la lèvre inférieure. Encore une fois, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était mal, mais dans un sens, elle ne pouvait pas se priver de quelque chose qui lui apportait autant de bonheur.