Dimanche, le jour de la semaine que Kaïa détestait le plus. Pourquoi ? Simplement parce qu’elle s’ennuyait. Une fois tous ses devoirs terminés, ses leçons étudiées, ses dossiers mis à jour, la jeune femme n’avait plus rien à faire. En plus de ça, toutes les boutiques étaient fermées ce jour-là, même si la jeune Sullivan n’était pas du genre à sortir pour faire les boutiques. Elle était plus du genre à rester cloîtrer chez elle pour étudier. Les études c’était sa vie. Ça n’a pas toujours été le cas, mais les choses changent, les personnes avec. Et Kaïa a bien changé depuis quelques années… Sa vie n’était plus du tout la même qu’à l’époque du lycée mais passons…

Il faisait beau même si le soleil n’irradiait pas de sa chaleur, Kaïa décida tout de même de sortir. Elle n’en pouvait plus de rester enfermée dans sa chambre alors qu’elle avait terminé tout ce qu’elle avait à faire depuis plus d’une heure. Une petite balade lui ferait le plus grand bien. Ses écouteurs d’IPod dans les oreilles, c’est au rythme de « till the world end » de Britney Spears que la jeune femme prit la direction du Golden Gate Park. Il lui fallut près d’une demi-heure pour atteindre le parc en question. Une fois là-bas, elle fit quelques pas et y avisa un banc libre. Elle s’y dirigea et s’y assis toujours en écoutant sa musique. Puis elle sortit de son sac un carnet et un crayon. En fait, il s’agissait là du carnet. Ce carnet accompagnait la jeune blonde dans ses moindres mouvements. S’il lui arrivait de l’oublier, Kaïa pouvait en être malade. Dans ce dit carnet, elle notait tout ce qui lui passait par la tête. Il pouvait aussi bien s’agir de poésies comme de simples choses qu’elle doit encore faire. Sans ce carnet, la jeune femme se sent déposséder et complètement abandonnée. Ça peut paraître idiot mais nous possédons chacun un objet fétiche, pour certains il s’agit d’un téléphone portable, pour d’autre un baladeur MP3, pour Kaïa, rien n’était plus précieux que son carnet. Et ce jour-là, elle y nota tout un tas de choses. Des notions de droit qu’elle voulait réétudier en passant par son état d’esprit du moment, Kaïa réussit à noircir trois pages de son petit cahier. Lorsqu’elle redressa la tête, elle s’aperçut que le parc n’était pas si peuplé qu’elle l’avait imaginé mais elle pensait déjà à rejoindre sa chambre. Mais quelque chose ou plutôt quelqu’un accrocha son regard et cette personne devint la raison pour laquelle Kaïa n’eut plus du tout envie de rentrer chez elle. Même si elle ressentait toujours cette douleur lorsqu’elle croisait Hermès, elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui jour et nuit quoiqu’il advienne. Elle avait besoin de l’avoir près d’elle, de le sentir à ses côtés même si la distance instituée par le jeune homme rongeait Kaïa de l’intérieur. Elle préférait de loin continuer à fréquenter Hermès comme elle le faisait plutôt que de ne plus l’avoir du tout comme « ami ».
Elle rangea son carnet et commença à faire signe au jeune homme. Voyant qu’il ne la remarquait pas, Kaïa se leva pour aller le rejoindre. Une fois assez près de lui, elle le salua et lui fit la bise. Comment réagir lorsque vous sortez avec quelqu’un mais que finalement, vous n’êtes pas vraiment sa petite amie officielle ? Kaïa n’en savait rien alors elle préférait tout simplement faire la bise à Hermès comme s’il s’agissait de n’importe qui d’autre, même si c’était loin d’être le cas. « Hey ! Comment tu vas aujourd’hui ? » La jeune femme sourit en prononçant ces mots et elle espérait que le jeune homme la voit autrement que comme une fille avec qui il pouvait prendre du bon temps quand ça lui chantait. Mais ça n’était pas près d’arriver alors Kaïa prenait son mal en patience et faisait de son mieux pour que son mal-être ne soit pas visible au jeune homme. Ajoutez à cela qu’un lourd secret hante jour après jour la jeune femme depuis qu’elle a découvert la vérité sur le frère d’Hermès. Et voilà comment on se retrouve avec un cocktail détonnant en un rien de temps.

Face au jeune homme, Kaïa fit de son mieux pour rester de marbre. Elle ne voulait pas lui montrer ce qu'elle ressentait à son égard et surtout pas qu'elle savait qui avait tué son frère et qu'elle a été présente le jour où s'est arrivé. Trop de choses faisaient que la jeune blonde ne pouvait pas dévoiler ses sentiments à Hermès malgré son désir ardent de vouloir le faire. Et puis ce dernier était bien trop occupé à draguer toutes les filles susceptibles de lui plaire, Kaïa n'avait aucune chance de le voir un jour se caser avec elle. Mais pour le moment, il y avait plus important. Elle faisait de son mieux pour lui cacher ce qu'elle savait au sujet de James mais elle savait tout aussi bien que la vérité ne reste jamais très longtemps cachée. Cette boule juste au niveau de son estomac l'empêchait de penser à autre chose lorsqu'elle se trouvait en compagnie du jeune homme. Un jour ou l'autre, elle savait qu'elle devrait tout lui avouer mais elle était incapable de gérer la réaction qu'il aura face à une telle révélation. Car personne ne peut rester de glace face à une telle déclaration. Et comme dit précédemment, Kaïa préférait cent fois vivre près d'Hermès comme c'était le cas maintenant plutôt que de ne plus pouvoir lui parler. Car même si elle n'est pas celle qui a tué à proprement parlé le frère du jeune homme, ne rien avoir dit au procès du meurtrier n'ira pas en sa faveur. Kaïa le sait et ça la ronge jour après jour. Mais que peut-on faire lorsqu'on est encore qu'une enfant et que vos parents vous oblige à vous taire à propos d'une chose si importante ? On les écoute et c'est tout... Le cœur de la jeune femme s'en trouvait endommagé, fortement touché mais il était trop tard pour faire quelque chose à ce sujet, alors elle faisait de son mieux pour aider son prochain à travers les nombreuses associations où elle se trouve être bénévole. Même si elle était certaine que savoir ça n'aiderait pas non plus Hermès à accepter la chose...

Le jeune homme alluma une cigarette et Kaïa fit de son mieux pour ne pas céder à la pression qui la submergeait. Et pour se faire, elle se concentra sur la question que venait de lui poser le beau brun. Un sourire aux lèvres, la jolie blonde lui répondit donc : « Ça va... » Son ton laissait présager que ça n'allait pas si bien qu'elle le prétendait mais Kaïa s'efforça d'ajouter le plus vite possible : « Oh, je flâne. J'ai terminé tout ce que j'avais à faire alors je prends l'air. Et toi alors ? » La question qui lui brûlait les lèvres ne se fit pas entendre. Kaïa n'avait pas le droit de demander au jeune homme s'il était ici pour rencontrer une autre jeune femme. La Alpha se retint de toutes ses forces, elle ne voulait pas paraître jalouse surtout qu'Hermès avait été clair depuis le début, ils n'étaient pas en relation exclusive. Il y avait donc d'un côté cette culpabilité qui déchirait le cœur de la jeune femme jour après jour et de l'autre cet amour qu'elle portait à un jeune homme qui ne voyait pas du tout les choses de la même manière. Alors en attendant, la jeune Sullivan faisait de son mieux pour ne pas craquer, d'un côté comme de l'autre. « Tout se passe bien sinon ? » Question vague impliquant une réponse tout aussi vague. Mais ce que voulait entendre Kaïa, c'était si toutes les relations qu'entretenaient le jeune homme se passaient bien. Après tout, Kaïa ne devait pas être la seule avec le jeune homme prenait du bon temps. La curiosité et la jalousie n'aidaient pas la jeune blonde à voir les choses clairement. Car s'il s'agissait d'une ses amies et que cette amie se retrouvait dans sa situation, Kaïa lui ordonnerait sans vergogne de larguer le type qui se fiche d'elle, peu importe ce que ça implique. Mais les choses sont différentes lorsqu'il s'agit de vous et que vos sentiments sont mis en jeu. Et les sentiments de miss Sullivan étaient mis à rude épreuve. A un moment ou à un autre, elle allait finir par exploser mais pour l'instant, elle faisait de son mieux pour tout canaliser. Comme elle savait si bien le faire. Malheureusement pour elle, lorsque tout son ressentiment éclate, ce n'est jamais beau à voir et encore moins à gérer. Mais ce n'était pas encore le cas, alors Kaïa gérait du mieux qu'elle pouvait la situation.

Kaïa n’était pas du genre impulsif. Lorsqu’elle avait une décision à prendre, elle pesait toujours le pour et le contre avant de statuer. C’était son mode de fonctionnement. Elle n’aimait pas agir à la hâte ou se dire oui j’y vais tout de suite alors qu’elle avait certainement un tas d’autres choses à gérer par derrière. L’impulsivité de Kaïa se résumait donc à un sur une échelle de un à dix. Alors elle ne comprenait pas tellement comment Hermès prenait ses décisions. Mais c’était aussi pour ça qu’elle l’appréciait. Sa manière d’agir, sa manière de faire, tout ce que faisait le jeune homme passionnait en quelque sorte la jeune blonde.

Lorsqu’Hermès lui répondit que lui aussi avait besoin de prendre l’air, Kaïa sourit. Et elle l’écouta parler des fêtes de confréries, des cours et de tout le reste. Miss Sullivan n’était pas du genre à sortir pour faire la fête. Elle préférait de loin rester bien au chaud chez elle avec un bon livre à la main, ou encore rester assise sur son canapé tout en regardant une comédie romantique à la télévision. Bien sûr, tout cela ne prenant place seulement si toutes ses tâches scolaires étaient honorées. Jamais Kaïa n’était en retard dans ses devoirs ou alors, si jamais ça arrivait, ça voulait dire qu’elle n’était pas dans son assiette et quelque chose de grave la préoccupait. Tout comme ces derniers temps, la jeune blonde était longue en matière de concentration mais elle faisait tout de même de son mieux pour ne pas sombrer, hors de question de lâcher prise. D’autres n’avaient pas sa chance, elle étudiait dans le domaine qui la passionnait et elle faisait tout pour se donner les moyens de réussir. Alors écouter Hermès lui dire que les fêtes de confréries étaient ce qu’il y avait de mieux dans la vie n’avait rien de bien joyeux pour la jeune femme. Mais elle s’appliquait à respecter son point de vue, car chacun est différent et que c’est cette différence qui rend le monde curieux et intéressant. Un simple sourire accroché à ses lèvres, Kaïa suivit Hermès lorsqu’il commença à marcher. Elle mit un certain temps pour savoir quoi lui répondre. Elle n’était pas du genre à parler d’elle sans arrêt, elle n’aimait tout simplement pas parler d’elle du tout. Lorsqu’on lui demandait si ça allait et qu’il s’avérait que ce ne soit pas le cas, Kaïa s’appliquait tout de même à sourire et à répondre le plus naturellement possible que tout va bien. Même si elle a toujours détesté mentir, miss Sullivan ne pouvait décemment pas avouer ce qui la tracassait à Hermès. Il avait pourtant vu juste, elle n’était pas dans son assiette, il la connaissait si bien… Malgré tout, la jeune blonde s’appliqua à ne rien dévoiler de son véritable état psychique, puisqu’elle lui répondit toujours le sourire aux lèvres : « Oh tu sais, la vie quoi… J’ai juste du mal avec le surplus de travail ces derniers temps, mais ça va passer… » Hermès croirait-il à ce mensonge ? Surtout quand on savait que jamais Kaïa n’était en retard en matière de travail scolaire, le jeune homme rentrerait-il dans son jeu ? Kaïa ne voulait pas le savoir, elle préféra enchaîner sur autre chose de plus joyeux. C’est pourquoi elle reprit : « D’ailleurs, as-tu réussi à mettre en place la défense de notre accusé ? » Effectivement, en cours de droit, il a été demandé aux étudiants de mettre en place une défense en béton pour un sujet X accusé de viol sur une mineure de moins de quinze ans. Kaïa a planché des heures sur ce sujet et elle était plutôt fière du résultat obtenu. Et comme elle ne voulait pas entendre Hermès lui parler de ses conquêtes féminines, parler de leurs cours communs lui sembla être une bonne alternative.