the great escape
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you know you made my eyes burn. (neal)

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MessageSujet: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyVen 23 Mai - 23:40

Il y eut un moment de latence, la seconde infinitésimale entre l'inconscience et le réveil. Reed sentit instantanément qu'il y avait quelque chose d'étrange, une impression de ne pas être au bon endroit. L'esprit embrumé par le sommeil, elle ouvrit les yeux dans une stupeur totale, le cœur battant. Son regard s'accrocha aux recoins d'une pièce qui ne lui était pas familière, constata qu'elle ne se trouvait pas chez elle, là où elle aurait dû se trouver, et sa main tâta le vide à côté d'elle. Et les détails lui revinrent finalement en tête, un peu plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu. C'était une bien étrange sensation que de se réveiller ailleurs que chez soi, et surtout, de se réveiller dans le lit de quelqu'un d'autre. Elle se redressa et, pudique, remonta le drap sur elle alors que la nuit lui revenait en mémoire. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu compter sur une dose abusive d'alcool pour effacer les éléments les moins innocents de sa tête, mais la sobriété de la veille ne lui épargnait rien, ni les caresses, ni les baisers. Elle se rappela de tout et commença à s'agiter. Où était passé Neal ? Elle le chercha dans la chambre, en vain. Au moins, elle était certaine qu'il ne pouvait pas avoir fui comme le dernier des lâches, puisqu'elle se trouvait chez lui et que, jusqu'à preuve du contraire, on ne quittait pas son propre domicile pour échapper à son coup d'un soir. A peine plus rassurée, elle afficha une moue perplexe et se mordit la lèvre. Elle hésita à l'appeler et garda finalement le silence. Reed, dans sa grande expérience de la vie, avait connu ce genre de situations un certain nombre de fois auparavant, mais elle n'avait jamais été aussi... embarrassée et incertaine. Pouvait-elle prendre ses affaires et partir sur la pointe des pieds en priant pour que Neal ne la voit pas faire ? Elle imagina sa propre réaction s'il lui faisait ce coup et chassa l'idée de sa tête. Non, mauvais plan. Elle-même n'était pas sûre de pouvoir dire exactement ce qu'elle pensait, non pas de la nuit (là-dessus, elle s'autorisa même un sourire plutôt satisfait) mais de l'acte en lui-même, de sa signification, des possibles conséquences. L'avantage d'un coup d'un soir, c'était qu'elle pouvait toujours en rester là, mais coucher avec Neal ? C'était bien moins évident. Elle finit par se lever, et fit ce qu'elle savait faire de mieux : la jouer décontractée, l'air de rien. Elle s'octroya le droit de fouiller dans l'armoire et dégotta une chemise qu'elle revêtit. C'était peut-être l'un des seuls moments qu'elle aimait, dans les lendemains matins : l'occasion de faire sienne une chemise d'homme et de se promener uniquement vêtue de cela. Ca lui donnait l'impression qu'elle était l'une de ces modeuses qu'elle adorait suivre sur internet, et qui parvenaient, on ne savait trop comment, à rendre tout ce qu'elles portaient incroyablement trendy. Doucement, elle ouvrit la porte et tourna la tête à droite et à gauche. Trop occupée la veille par les lèvres de Neal contre les siennes, elle n'avait même pas songé une seconde à s'imprégner de l'endroit. Aussi discrète qu'un félin, elle traversa le couloir, déboucha sur un salon et, à quelques mètres d'elle, elle le trouva assis au comptoir d'une cuisine qui donnait directement sur le salon. La gêne la reprit de plus belle, et elle lui adressa un sourire étrange, à mi-chemin entre la moue mignonne et la grimace malaisée. « J'ai cru pendant une seconde que tu m'avais fait le coup de type qui se barre sans rien dire... » Elle laissa échapper un léger rire avant de s'approcher de lui. « Et puis je me suis dit que ça aurait été très étrange que tu te barres de chez toi... » Elle leva les yeux au ciel, en pleine réflexion, avant d'appuyer ses coudes contre le comptoir et d'y poser son menton. Pouvait-elle faire comme s'il ne s'était rien passé et entamer la conversation de façon amicale et totalement platonique ? Le voulait-elle ? Leur regard se croisa et elle baissa la tête. « C'est étrange que je ne me sois pas réveillée quand tu t'es levé. Généralement j'ai le sommeil léger, surtout quand je ne suis pas chez moi... Faut croire que je me sens à l'aise dans ton lit. » Elle lui offrit un plus large sourire, un sourire qui ressemblait à la Reed des grands jours, malicieux et mutin. Elle constata, avec un peu de retard (ce qui n'avait rien d'étrange avec elle, qui lorsqu'elle était perturbée par quelque chose occultait à peu près tout le reste) qu'il était encore torse nu. « Je t'ai piqué une chemise, j'espère que ça ne te dérange pas. » Et de toute façon, même si ça l'avait dérangé, elle l'aurait gardée, juste pour l'emmerder un peu, un art dans lequel Reed excellait depuis toujours. Combien de temps pourrait-elle discuter de la pluie et du beau temps avant d'aller au cœur des choses ? Oh, elle aurait pu continuer pendant des heures et puis partir comme une fleur en ayant habilement évité le sujet, mais ce n'était pas bien de faire ça, n'est-ce pas ? Non, il faut que vous en parliez, se morigéna-t-elle silencieusement. « C'était... c'était bien cette nuit. Enfin je crois. Non ? Enfin de mon côté c'était bien. » Si elle avait pu mourir de honte, c'était cet instant précis qu'elle aurait choisi pour le faire.
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMar 27 Mai - 14:38


REED & NEAL
Blue jeans, white shirt, walked into the room you know you made my eyes burn. It was like, James Dean, for sure. You're so fresh to death and sick as ca-cancer. You were sorta punk rock, I grew up on hip hop but you fit me better than my favourite sweater, and I know that love is mean, and love hurts. But I still remember that day we met in December.


Est-ce qu'il avait fait une erreur cette nuit ? Certainement. Est-ce qu'il la regrettait ? Absolument pas. Assis dans sa cuisine, sur sa table, il laissait ses jambes flotter dans le vide, laissait ses pensées partir dans le sens qu'elles souhaitaient, et ses yeux se concentrer sur le cadre que formait la fenêtre. Ses mains, comme deux automates, portaient l'une la tasse de café à ses lèvres, l'autre la cigarette qui semblait plus prompte à se consumer toute seule depuis quelques minutes. Il était paumé. Mais agréablement paumé. En se réveillant ce matin, ses yeux avaient retracé les courbes du corps endormi de Reed. Son amie d'enfance, son amour de vacances ; celle qu'il avait oubliée et pourtant toujours gardée dans un coin de cœur et de mémoire. Les souvenirs avaient été déballés comme l'on sort des photos des albums, les objets des cartons hier soir. Ils avaient ri, avaient critiqué ce qu'il y avait à critiquer, s'étaient moqués l'un de l'autre et du candide de leur enfance et adolescence. Ils avaient retrouvé les sourires bêtes sur les lèvres et les échanges puérils, les avaient transposé à un aujourd'hui plus mâture mais toujours à eux. Et il lui avait dit, enfin, ce qu'il avait éprouvé pour elle pendant de longues années. L'avait avoué avec le rire au bord des lèvres, et les yeux levés au ciel, s'était insulté de Roméo de mes couilles pour la forme, et avait enchaîné sur nombre de blagues toutes plus nazes les unes que les autres pour noyer le poisson. Il ne savait pas, si son amour pour Reed était resté. N'arrivait pas à se décider entre l'amitié sincère et les reflets d'un ancien amour. Peut-être qu'il n'y avait que des braises, et souffler dessus aurait pu le conduire à retrouver les flammes qui brûlaient son cœur quand Reed se trouvait loin de lui. Quand il fermait les yeux et serrait la mâchoire à l'idée de la savoir loin de lui, séparés par un océan, mais là quand il viendrait les voir, elle et sa famille, pour les fêtes de noël et autres grandes vacances. Serrant la mâchoire, aussi, à l'idée qu'elle ne partageait pas forcément ses sentiments. Il ne lui avait rien dit, lui avait toujours caché, mais quand les yeux de la jeune fille se posaient sur Nate, il pouvait lire la préférence qu'elle lui avait toujours porté. Sentait son humeur se noircir et ses sourcils se froncer, ses dents grincer et le soupir blasé lui venir. Une histoire vieille comme le monde, un truc bête à en crever que ces amours d'adolescence, et ces jalousies ponctuelles. Les deux hommes et la jeune femme au milieu. Et pourtant, hier soir, c'était avec lui que Reed était restée. Ce n'était pas avec Nate. Et c'est à lui qu'elle avait réservé ses soupirs, pas à un autre. Mais voilà, est-ce que cela n'était pas qu'un truc d'une fois. Qu'un truc idiot, qui pouvait arriver entre amis parfois. Ce que l'on nommait dérapage et que l'on taisait le lendemain, ou que l'on évoquait en rigolant et en se disant que bon, c'était bien sympa, mais que les limites soient claires, entre nous il n'y aura jamais rien de plus. Il chassa les pensées en entendant le bruissement des pas. Neal tourna le visage vers Reed et lui décrocha un léger sourire, repoussant tout malaise cherchant à le gagner. Il laissa entendre un rire, en arquant les sourcils. « J'étais parti pour le faire. commença-t-il, pointant du menton la fenêtre. « mais la pluie m'a arrêtée dans l'idée. » Neal plongea les lèvres dans sa tasse de café pour en avaler une gorgée. Reposa la tasse sur le côté et arbora un sourire taquin. « C'est ce qu'elles disent toutes. » Neal leva les yeux au ciel, laissa entendre un nouveau ricanement en glissant du comptoir, donnant un léger coup d'épaule à la jeune femme au passage. Ses yeux ne languirent pas plus longtemps sur la silhouette de Reed ; l'emprunt de sa chemise, il l'avait notée presque aussitôt. Les boutons défaits, laissant apparaître le carré de peau blanche, ses jambes nues et longues également. Il se secoua, ordonna à ses mains de s'occuper et à ses pensées de faire de même. Ne pas penser à Reed, ne pas non plus se remémorer maintenant ses lèvres et le goût de sa peau. Il haussa simplement les épaules, attrapant une tasse propre pour verser un peu de café dedans. Il tiqua. Lui qui mettait tant de soin à ne pas penser à la veille, à ne pas en parler pour ne pas la mettre mal à l'aise. Ou se mettre lui même mal à l'aise. Neal se retourna, s'approcha pour placer la tasse entre ses mains. « De mon côté aussi, c'était bien. » Même mieux que bien, mais ça il fallait mieux éviter de le dire avec trop d'enthousiasme ; passer pour le pauvre type dans sa cuisine n'était pas dans sa top list. Garder son assurance et faire comme si tout cela était tout à fait normal oui, d'un autre côté. « Et tu couches avec tous tes potes depuis que t'as ta carte étudiante, ou c'était juste moi ? » finit-il par lâcher sur le ton de la plaisanterie, s'insultant mentalement dans la seconde suivante. Quel con. Il lui tourna le dos, faisant mine de chercher son cendrier, ferma les paupières, s'insulta une nouvelle fois pour la forme. Stressé, Levinson.


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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMer 28 Mai - 23:32

when I am with you, there's no place I'd rather be.
Plus nerveuse qu'elle n'aurait pensé l'être, Reed se contenta de sourire, presque bêtement, à la réponse de Neal, avant que son regard ne soit accaparé par la pluie à travers la fenêtre. Il y avait quelque chose de terriblement réconfortant avec la pluie, un bruit mélodieux, régulier, comme le son d'un métronome. Peut-être était-ce son côté anglais qui lui faisait tant aimer les météos pluvieuses, brumeuses, grises. Là où tous y voyaient quelque chose de sinistre, elle au contraire s'en trouvait apaisée. « Oh si tu avais vraiment voulu le faire, tu l'aurais fait, pluie ou pas » se moqua-t-elle avec malice. Elle, du moins, l'aurait fait. Et le fait qu'ils soient encore ensemble dans son appartement voulait tout dire. Reed n'aurait su dire quel sentiment l'emportait, la gêne qui suivait généralement ce qu'on pensait être un coup d'un soir, l'espoir presque inconscient que ce ne soit justement pas un coup d'un soir, ou le plaisir simple, mais réel, d'être en présence de Neal. Les années auraient pu balayer tous les souvenirs qu'elle avait de lui, les bons autant que les mauvais, mais elle constatait avec surprise qu'il n'en était rien, qu'elle était encore imprégnée de tous leurs souvenirs et ne tendait à se rappeler que de ceux qu'elle préférait. Les nuits à refaire le monde, le goût de ses lèvres, le frisson qu'il suscitait par de simples caresses innocentes, les discussions sérieuses qui finissaient toujours en éclat de rire lorsqu'ils réalisaient combien, justement, ils étaient sérieux et combien cela ne leur ressemblait pas. Quant aux souvenirs de la fin de leur romance, éphémère comme doivent l'être toutes les romances estivales pour garder leur saveur, à la distance instaurée sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte, à sa présence insupportable après ça, lorsqu'il revenait dans sa famille à l'occasion de vacances, tous ceux-là semblaient avoir disparu, comme magiquement effacés de son esprit. Elle ne s'en plaignait pas, Reed. Et le retrouver ici, à Berkeley, après tant de temps, ne faisait que la convaincre davantage de sa place dans cette université. « Oh je vois, monsieur est amateur du genre... » Elle leva les yeux au ciel, plus pour la forme que par réelle vexation. Il lui en fallait beaucoup pour être vexée, elle qui ne prenait pas grand-chose au sérieux, et ce genre de remarque ne lui arrachait rien d'autre qu'un profond amusement, d'autant plus fort qu'elle ne discernait que trop bien la tentative subliminale de provoquer chez elle une réaction. Mais elle n'y répondrait pas. Les conquêtes de Neal, peut-être nombreuses, ne l'inquiétaient pas. Pas vraiment. Il y avait toujours eu entre eux cette espèce de possessivité qui ne disait pas son nom, peut-être un souvenir des adolescents qu'ils avaient été, mais jamais sur ce plan-là. Neal était bien libre de faire ce qu'il voulait. « Et bien c'est un bon investissement quoiqu'il en soit, pour un peu je reviendrais bien passer des nuits dedans. » Elle sourit, fière du sous-entendu si peu subtil glissé dans ses propos. Elle l'observa verser du café dans une tasse et son sourire s'élargit. Avait-il oublié que l'Anglaise qu'elle était ne buvait que du thé (et pas n'importe lequel, Earl Grey uniquement) ? Il lui tendit la tasse et elle secoua la tête, moqueuse. « J'apprécie la galanterie, mais je n'en bois pas. Seulement du thé, tu te rappelles ? » L'amertume du café lui arrachait systématiquement une grimace, malgré ses – trop – nombreuses tentatives. Les Américains semblaient en avoir fait une religion, avec tous ces cafés à emporter qui pullulaient dans les rues et en dépit de la meilleure des volontés, chaque tentative avait été un véritable échec lui coûtant quelques dollars. Reed reporta toute son attention sur Neal, se mordit la lèvre de plus belle alors que le sujet épineux était abordé de la moins délicate des manières (ce qui, il fallait le reconnaître, leur ressemblait bien). Elle hocha la tête, satisfaite de voir qu'au moins, elle n'était pas la seule à avoir apprécié ce qui ne serait peut-être que l'histoire d'une nuit. Elle partait d'un constat simple : si cela ne devait arriver qu'une fois, mieux valait au moins en profiter autant qu'il était possible de le faire. « Bien, ou bien bien ? » s'enquit-elle dans un sourire timide. « Sur une échelle de 1 à 10, tu mettrais combien ? » Vous avez dit embarrassant ? Elle pencha la tête, soudainement pensive. « Moi je mettrais... 8. Ce qui te place en très bonne position dans ma liste. » Un prêté pour un rendu, une vengeance tout aussi mesquine qu'innocente, à l'image du sous-entendu qu'il avait glissé quelques secondes plus tôt. Sa plaisanterie la rassura sur un point : elle n'était pas la seule à être gênée, à ne pas savoir comment aborder le sujet et à opter pour l'attaque frontale, dangereuse mais rapide. « Je ne sais pas Neal, j'ai une tête à coucher avec tous mes potes ? » répondit-elle, peut-être un peu plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu. « Disons que ça m'arrive, parfois. Et non, pas avec Nate. » Elle l'avait senti venir, avec ses grands sabots. Si la subtilité n'était pas un trait particulièrement proéminent des Chamberlain, il ne l'était pas non plus chez les Levinson. Elle s'assit sur l'un des tabourets, croisa les jambes et se mit à jouer avec sa tasse de café, qu'elle refusait toujours de boire. « Mais la vraie question, ce n'est pas ça. La vraie question c'est, qu'arrive-t-il après ? Est-ce qu'on reste ami avec quelqu'un avec lequel on a couché ? Est-ce que c'est possible ? Je ne sais pas trop. » Elle parlait plus pour elle-même que pour Neal, à dire vrai. « Bref. Et toi, Levinson ? Ca t'arrive souvent ? »
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMar 3 Juin - 17:24

Il éclata de rire, passa une main dans une absence de cheveux longs. « T'es folle, j'aurais trop peur de friser. » répondit-il d'un ton ridicule. Ah si seulement elle avait pu être juste un prénom et un visage. Si elle avait pu faire parti de celles que l'on rencontre la veille, et que l'on quitte le lendemain, les choses auraient été nettement plus faciles, et chacun des deux camps aurait été certain de l'issue. On ne se serait pas vraiment attardé, on aurait échangé quelques mots, but un café et fumé une cigarette, rigolé un peu en évoquant la veille et on se serait faussement intéressé à l'autre, son parcours et sa vie, si tenté que les heures s'allongent à ce point. Peut-être qu'ils auraient pu remettre ça, laisser les tasses dans l'évier et filer en direction de la chambre, en gloussant comme des adolescents prêts à recommencer les mêmes pêchés. Mais Reed n'était pas dans cette catégorie là. Reed formait sa propre catégorie, à elle toute seule. Un monticule de définitions qu'il inscrivait pour les rayer juste après. Elle était l'amie de toujours, mais elle avait été aussi l'amour de vacances, elle avait été son béguin d'adolescent et avait ensuite figuré dans la case de l'oubli. Il n'y avait pas de mot simple pour la décrire, et Neal s'en trouvait particulièrement con ce matin, à tourner en rond dans sa cuisine sans savoir ce qui allait se passer ensuite, ou comment il devait interpréter les évènements de la veille. Ils avaient couché ensemble. Et ensuite ? Ils l'avaient déjà fait des années auparavant. Pourquoi les choses seraient plus compliquées aujourd'hui ? Jouer à l'ami et jouer à l'amant étaient deux statuts totalement différents et ne pas savoir vers quel côté se diriger le plongeait dans un doux embarras. Au moins son cœur avait la courtoisie de ne pas perdre les pédales, et sa gêne ne se lisait pas sur le blanc de ses joues. Il fallait dire que Reed ne l'aidait pas non plus. Sa clope dansa entre ses lèvres, animée par le son des mots. « parce que t'es pas encore totalement convaincue ? » il adopta une mine franchement étonnée, les sourcils en arc de cercle, et la fumée s'échappant d'entre ses lèvres avant de continuer. « si t'as besoin d'un deuxième round pour être sure que ce lit mérite de revenir écoute... » phrase en suspens, il haussa simplement les épaules, un sourire railleur sur les lèvres. Tant qu'ils restaient tous les deux au concours des petites vannes, tout irait bien. Les hommes n'étaient pas connus pour être de grands amateurs de conversations sérieuses, surtout dans ce domaine, et Neal figurait ce matin parmi les plus dignes représentants de son espèce. Si elle lui demandait d'accélérer les choses, qu'eux deux, ça serait bien qu'ils soient plus que des amis, pourrait-il répondre non, avait-il seulement envie de répondre non ? Et si au contraire, Reed lui annonçait que c'était la dernière fois, car eux deux ensemble, c'était quand même sacrément bidon, est-ce qu'il n'en serait pas un peu vexé, ou franchement déçu ? Mieux valait donc éviter ce genre d'échange pendant quelques temps. Neal cependant, n'était pas assez idiot pour penser que cela n'arriverait pas. « Fais au moins semblant pour l'oncle Sam. » répondit-il en laissant sa tasse entre ses mains. « Ou si tu veux une tasse d'eau chaude tourne simplement le robinet. » Car le café était une institution au parfum délicieux, et le thé rien d'autre qu'un peu d'eau bouillante. Il recula, attrapa finalement son cendrier pour faire tomber la cendre de sa clope. « Tu me demandes sérieusement de te noter ? » son rire résonna un peu plus en l'entendant lui mettre un huit. C'était pas mal. Moins bien que le dix qu'il se serait auto-attribué mais tout de même. « Ok, je te met un huit aussi. Un huit avec noté en dessous « appliquée mais peut mieux faire ».  » Il roula des yeux, retrouva son siège improvisé sur la table, et sa clope au bord de ses lèvres. A son ton froid, il continua sur celui de l'amusement. « Elle a quelle tête celle qui couche avec tous ses potes ? Parce que ça serait bien utile à savoir. » le jeune homme fronça du nez quand elle évoqua Nate, lui offrit une sorte de petite grimace qu'il aurait préféré faire passer pour un sourire quelconque. « Je parlais pas de Nate, je pensais même pas à lui. » menteur, pouvait-on lire sur son visage et dans le blanc de ses yeux. Reed aurait pu coucher avec la terre entière que la jalousie n'aurait que peu effleuré son cœur ; Nate lui, avait toujours été la cible de son humeur noire, et des années après ce fait restait inchangé. Il chassa la pensée d'un mouvement de poignet tandis que son vis-à-vis reprenait la parole. On y était, à cette fameuse discussion qui avait le don de faire fuir n'importe quel mec. Sauf qu'il était piégé, et le cul posé sur son bout de table, il n'avait nul part où se carapater. Une vanne peut-être, pour noyer le poisson ? Non plus, pas maintenant. Neal laissa entendre un léger soupir, histoire de se donner un brin de courage. « ça m'arrive, mais les choses sont toujours claires sans avoir besoin de les dire le lendemain. On peut rester ami en ayant couché avec quelqu'un. Sauf qu'il y a ami et ami. » il tira une latte, renversa la tête vers l'arrière pour recracher la fumée. « et toi ben t'es l'amie avec qui c'est moins clair le lendemain matin. Tu te dis que c'est hors de question de changer quoi que ce soit à votre relation, puis tu te dis aussi que c'était bien hier, et que ça vaudrait peut-être le coup de recommencer. » Il passa une main sur sa nuque, glissa un regard dans la direction de Reed. « Et on en arrive à un point où t'es là à observer l'autre sans savoir quoi lui répondre. » Il écrasa le reste de clope dans le cendrier, haussa les épaules en chassant le sourire sur ses lèvres pour adopter une attitude plus sérieuse. « On vient de se retrouver, et j'aimerais pas gâcher ça en m'enfermant dans un couple. » Couple, pardon pour le gros mot. « ce que j'aimerais pas non plus c'est savoir qu'on reste amis, et repenser à hier comme l'histoire d'une fois, reléguer ça au rang de l'erreur en chemin. »
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMer 4 Juin - 23:22

Reed lui jeta un regard mi-amusé, mi-consterné, se demanda l'espace d'un instant s'il était sérieux. « Tu te moques de moi, pas vrai... ? Me dis pas que t'es un de ces métrosexuels inquiets pour la tenue de ses cheveux ! Même moi je suis pas comme ça ! » Et de partir dans un éclat de rire. Il n'y avait rien de moins supportable qu'un type capable de passer plus de temps qu'elle dans une salle de bains – ce qui n'aurait en soi pas été difficile étant donné qu'elle n'y passait en tout et pour tout qu'une quinzaine de minutes chaque jour. Si jusqu'à présent Neal ne lui avait jamais donné cette impression, qui sait ce qu'il aurait pu devenir au cours de toutes ces années où ils étaient sortis de la vie de l'autre ? Ils n'avaient plus rien de ces adolescents, et la simplicité de leur relation d'antan lui semblait un simple souvenir, une nostalgie que l'on goûtait avec un sourire candide. Elle avait occulté les mois d'errance sans lui avec une telle facilité qu'elle avait l'impression parfois qu'ils n'avaient jamais existé : c'était comme s'ils s'étaient quittés la veille, pour mieux se retrouver le lendemain. Neal avait changé, de ça au moins était-elle convaincue. Quant à elle... elle n'en était pas si sûre. Elle retrouvait en elle tant de choses de son enfance, et de son adolescence. A vingt-trois ans, l'heure de la maturité n'avait pas encore sonné à ses oreilles. Elle lâcha un soupir amusé. « On peut aussi envisager un deuxième round sans que ce soit pour me convaincre. Tu sais... juste pour le fun. » Sourire malicieux aux lèvres, elle baissa la tête, comme gênée de l'aveu. Mais Reed n'aurait jamais été contre, et pas seulement parce qu'elle faisait partie de ces jeunes femmes capables de s'abandonner entre les bras de dizaines d'amants simplement pour prouver qu'elles non plus n'avaient pas besoin de sentiments pour ça. Elle qui ne remettait que rarement le couvert, pour un tas de raisons qui n'appartenaient qu'à elle, se serait bien vue le remettre, à condition que ce soit avec Neal. Il possédait encore maintenant un talent certain pour l'attirer dans ses filets, un talent qu'elle ne s'expliquait pas et dont elle ne voulait pas trouver la source. Des réflexions, toujours trop de réflexions... C'était épuisant. Reed leur préférait la facilité de l'action, immédiate, irréfléchie, impulsive. Elle ne regrettait – presque – rien de ces actes guidés par l'instinct plus que par l'esprit. Sans eux, elle n'aurait sans doute jamais quitté le confort douillet du foyer familial. Elle serait encore cette Anglaise parfaitement à l'aise dans son pays natal, dégustant une bière dans le plus vieux pub de la ville (Ye Olde Trip to Jerusalem, un classique pour les amateurs... d'ancien) et profitant des offres pour les étudiants dans ses boîtes de nuit favorites. Au lieu de cela, elle étudiait à Berkeley, avait remplacé la bière par des alcools étranges, et avait retrouvé un souvenir délicat qu'elle pensait bien trop enfoui pour pouvoir ressortir un jour : Neal. Seulement pour lui, elle trempa ses lèvres dans le café et grimaça. Oui, c'est bien ce qu'il lui semblait : définitivement trop amer pour son palais. Elle secoua la tête et reposa la tête. « Nope. Impossible. Et pour ta gouverne, le thé c'est sacré et surtout, c'est un peu plus que de l'eau bouillante... Mais tu es Américain, comment pourrais-tu le comprendre... » Elle leva les yeux au ciel, sans rien masquer de l'amusement qu'il lui inspirait. L'observant fumer, elle songea qu'elle-même aurait été totalement incapable de s'en griller une comme ça, de bon matin, sans rien dans le ventre. L'odeur âcre lui donnait la nausée et elle s'éloigna de quelques centimètres pour échapper à la fumée. Sa bouche dessina un o choqué, puis vexé. Peut mieux faire ? Mais elle avait littéralement tout donné pour le bon plaisir de Neal. « PEUT MIEUX FAIRE ? Tu te fous de moi ou quoi ! Toi, 'peut mieux faire' ! Pour la peine je retire ce que je viens de dire, ce sera un trois, et je simulais » s'emporta-t-elle, réagissant comme toujours un peu trop vite pour saisir la moquerie qu'il avait glissée dans ses propos. « Je suggère qu'on attaque le round deux plus tôt que prévu, histoire de te montrer qu'un huit est le minimum qu'on puisse m'attribuer. » Elle plaqua ses poings contre ses hanches et le regarda d'un air de défi avant d'éclater de rire. Ils avaient l'air ridicule, tous les deux. Quelle idée aussi de vouloir noter une telle nuit. « Elle a pas ma tête en tout cas » répliqua-t-elle férocement. Car Reed ne sélectionnait pas ses amis en fonction de leur potentiel à coucher avec elle. Et la plupart du temps, l'idée ne lui serait même pas venue en tête. Il n'y avait que deux exceptions à cette règle, Neal, et Nate, sur lequel le premier venait de rebondir. Elle haussa un sourcil, peu convaincue. « Bien sûr... Si tu le dis... » Elle laissa la question de côté. Nate était sans doute le sujet le plus sensible entre eux. Absolument persuadé – et à juste titre, aurait-elle du préciser – que leur amitié n'avait rien de platonique, il avait toujours nourri une haine inexplicable pour l'Anglais. Et Reed n'avait jamais rien fait pour la calmer, savourant le seul fait que l'on puisse envier un autre type de l'intérêt qu'elle lui réservait. Elle le reconnaissait volontiers : être au centre de l'attention ne lui déplaisait pas. Elle croisa ses jambes sur la chaise, écouta attentivement la réponse de Neal, se contentant d'hocher de temps à autre la tête lorsqu'elle approuvait. Lorsqu'il termina, elle prit le temps de la réflexion. Il venait de poser des mots sur ce qu'elle-même ressentait pour lui. La certitude qu'il ne s'agissait pas que d'une question d'amitié, mais qu'il ne s'agissait définitivement pas d'amour non plus, s'imposa à elle. Le simple fait d'être prête à recoucher avec lui, sur le champ, en disait long sur le manque d'innocence dans leur lien. « Alors, qu'est-ce que tu suggères ? » La question était, pour la première fois, dénuée du moindre sarcasme, de la moindre moquerie. Elle n'avait jamais été aussi sérieuse, avec lui du moins. « Je ne suis définitivement pas prête pour un 'couple' » Elle dessina des guillemets. « Mais je ne sais pas si je peux me contenter de passer du temps avec toi l'air de rien, en me rappelant à chaque fois de cette nuit. Ce serait trop perturbant. Je ne suis pas sûre de pouvoir te foutre dans ma catégorie coup d'un soir... » Ce qui était plus perturbant encore.
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMar 10 Juin - 15:15

Neal ricana en levant machinalement les yeux au ciel. « Aucun risque, je galère parfois à trouver un t-shirt propre alors mes cheveux, tu penses. » Sa mère l'aurait sûrement assassiné du regard en l'entendant dire cela, elle qui avait toujours mis un soin particulier dans l'éducation de ses enfants, en leur apprenant ce qu'il convenait de dire, de faire, comment trier son linge -pour que la femme de ménage le tri de nouveau ensuite-, et surtout ne jamais remettre la même chose deux jours consécutifs. Grande hérésie. Madame, née dans un milieu relativement modeste, avait croqué la pomme du luxe à pleine dents et ne s'en était jamais remise. La folie des grandeurs avait retourné les plus petites névroses pour en faire une ménagère coincée parfaite ; alors que son fils porta parfois le même haut le lundi et le mardi l'aurait rendue pâle comme un linge. Au moins n'était-il pas tombé dans l'excès par pure envie de provocation et n'était pas devenu de ces types qui bullent tellement que la machine à lavée semble être devenue la grande inconnue de leur existence. Soit, là n'était pas le débat, et Neal doutait du fait que Reed veuille discuter des habitudes ménagères de quelques uns de ses potes -en temps normal, peut-être que le débat aurait pu être lancé, ponctué de moqueries en tout genre car certains le méritaient bien, et dérivant sur un thème qui n'aurait eu aucun rapport avec le commencement-. A son sourire malicieux, il répondit par l'exacte même rictus. » Si c'est pour le fun alors, je ne vois pas pourquoi on s'en priverait. » Il ne laissa pas la place aux souvenirs si frais pour revenir, les bloqua juste à l'entrée, et leur demanda de retourner se terrer un peu plus loin. Regarda Reed plonger ses lèvres dans le café, et son nez se froncer en même temps que ses sourcils. Sa grimace l'amusa, le charma même, on aurait dit une enfant goûtant à un liquide trop aigre. « J'oubliais que vous autres anglais étiez connus pour votre bon goût. » et ce fut à son tour de lever les yeux au ciel -un jour, il compterait le nombre de fois où l'un et l'autre admiraient ciel et plafond en une conversation-. Lui, Neal l'américain, aurait mieux fait de balayer devant sa porte, on ne pouvait pas qualifier son pays de très raffiné quant il s'agissait de nourriture -ou n'importe quel autre domaine-. « et je te signale quand même que je suis à moitié anglais. Je n'ai juste pas dû avoir le palais assez fin pour faire la différence entre de l'eau chaude et de l'eau chaude légèrement parfumée. » Sa chère maman avait pourtant tenté coûte que coûte de leur donner le goût et les manières de son pays natal, avait rapidement baissé les bras devant le dévouement sans failles de ses enfants au pays de l'oncle Sam, ses traditions, sa mal bouffe, son côté gauche mais brillant. Il laissa entendre un rire en secouant la tête. « met moi un deux ou un zéro si ça t'amuse, mais ne me fait pas croire que tu simulais. » il lui lança un regard en biais, cherchant à se donner un air vainqueur. Et si elle avait véritablement simulé, il n'en aurait jamais rien su ; mieux valait ne pas y penser dans ce cas là, et se prendre la tête pendant les prochaines heures. L'ego masculin était si facile à froisser, qu'il se serait énervé tout seul. « Mais je ne demande que ça ! Tu sais ce qu'on dit c'est en forgeant qu'on devient forgeron et blablabla. » répondit-il sur le ton de l'humour, lui épargnant une suite moins légère. L'amusement dans la voix, il le perdit quand la conversation changea de tournure. Au moins, Reed ne lui avait pas rit au nez.  Qu'est-ce qu'il suggérait ? Il haussa les épaules, fut tenté de lui répondre qu'il n'en avait pas la moindre idée, mais se ravisa, peu motivé par l'éventualité d'en rester là, dans un entre-deux, à essayer de lire dans le blanc des yeux la réponse à cette question. Il passa une main sur sa nuque, dévisagea quelques seconde de plus le visage de la jeune femme. « On pourrait... » il  tira une moue, se sentant incroyablement ridicule, ou ramené des années en arrière quand, au collège, on venait déclarer sa flamme à une nana de sa classe. « sortir ensemble, sans que ça soit sérieux. Ou exclusif. » Neal haussa les épaules. « Aucun interdit, son regard glissa. que des avantages. » un sourire moqueur s'installa sur ses lèvres. « je pourrai continuer à faire un trois ou un huit avec n'importe qui sans risquer de me faire lapider ensuite. Toi tu pourras toujours simuler de ton côté. Mais on sera quand même ensemble. » Est-ce que ce genre de choses marchaient vraiment ? Les relations non exclusives ? « Qu'est-ce que tu en dis ? »
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptySam 14 Juin - 17:32

Elle fronça le nez. Si Neal lui avait un jour semblé charmant, l'image venait de se briser d'un coup. « Classe. Ca fait envie. » Elle appuya un clin d'oeil en sa direction avant de hausser les épaules. « Enfin, j'espère au moins que la pluie m'accordera un peu de répit, le temps que je rentre chez moi. » Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas la pluie, loin de là. En bonne Anglaise, elle l'aimait, l'adorait, même. Il y avait quelque chose de réconfortant, mécanique, avec les gouttes qui s'écrasaient contre les fenêtres. Elle baissa les yeux sur sa tenue de secours empruntée à Neal. Entre la chemise tout juste assez longue pour recouvrir son sous-vêtement, et sa tenue de la veille idéale par temps de soleil, et absolument ignoble par temps de pluie... Aucune ne résisterait à l'assaut d'une averse san-franciscaine. « Non pas que l'idée de m'exhiber totalement trempée dans la rue ne soit pas tentante, mais... il me reste encore un peu de pudeur. » Disait-elle, alors qu'elle se promenait à moitié nue sous les yeux de Neal qu'elle avait surpris, à plusieurs reprises, fixés sur ses jambes dénudées. Un modèle de pudeur, en effet. Elle fit mine de réfléchir quelques secondes avant de sourire. « C'est tentant mais... déraisonnable. Je me connais, je finirais par passer ma journée ici et j'ai plein de choses à faire. » La première consistant à appeler Alexie pour lui raconter les événements de la veille, la seconde consistant à rentrer dans sa chambre, sur le campus, pour prendre le temps de réfléchir posément à leur signification avant que ladite Alexie ne se précipite, totalement hystérique, en lui demandant tous les détails (y compris les plus insignifiants et les moins racontables). Un programme chargé, donc, qui n'incluait à aucun moment de remettre sur le champ le couvert avec lui – non que l'envie n'ait pas été présente. Une fois, ce pouvait être une erreur à mettre sur le compte de l'alcool et de la nostalgie. Deux fois, sans le motif de l'alcool, ce n'était plus justifiable et ça rendait les choses bien plus (trop?) complexes pour Reed et sa fameuse règle de ne jamais coucher deux fois avec le même homme, surtout lorsqu'il s'agit d'un ami – règle qu'elle venait d'inventer, pour se donner d'autant moins de raisons de céder. « Pourquoi, parce qu'on mange de la jelly vert fluo et de la panse de brebis farcie à la menthe ? Clichés, clichés... » soupira-t-elle, feignant l'agacement. Elle ne pouvait nier qu'il existait une certaine part de vérité là-dedans : oui, les plus anciens tenaient à ces mets parfaitement immondes. Les gens comme elle, ou même ses parents, se satisfaisaient pleinement d'un bon Indien, Italien, Français, tout ce qui n'incluait pas de nourriture anglaise. « Ouais, t'es aussi anglais que je suis russe... » Elle leva les yeux au ciel. « Le thé est un art subtil, définitivement pas à la portée des buveurs de café. » Elle afficha une esquisse satisfaite, tout en continuant de jouer avec une tasse qu'elle refusait obstinément de boire. Reed dévisagea Neal, lui fit même les gros yeux, le mettant au défi de ne pas la croire – ce qu'il faisait sans peine. Non, elle n'avait pas simulé. Oui, il lui était arrivé de le faire... mais pas avec lui. Si les premières fois avaient été tout à fait satisfaisantes, les techniques respectives apprises au cours des années les avaient rendus d'autant plus performants, à tout point de vue. Le souvenir de leur nuit lui fit monter le rouge aux joues et elle baissa la tête pour ne pas lui laisser l'occasion de le voir. Surprise par le tournant que prenait leur conversation, la rougeur disparut bien vite, pour laisser place à une moue aussi curieuse que sérieuse. Elle l'écoutait parler, prenait le temps de soupeser le poids des mots et de ce qu'ils signifiaient. C'était une bien étrange suggestion, la première qu'on lui faisait. Reed n'avait rien d'une candide, au moins à ce niveau. Bien sûr, qu'elle en avait entendu parler de ces relations, à mi-chemin entre l'amitié améliorée et la véritable relation de couple. Mais elle n'avait jamais pensé qu'elle puisse l'appliquer à elle-même et son incapacité chronique à se poser plus de quelques semaines avec la même personne. Elle fronça les sourcils, réfléchit à l'indécente proposition. Il y avait un avantage indéniable dans cette affaire. Elle gardait sa précieuse liberté, mais avait quelqu'un vers qui se tourner dès qu'elle le souhaitait. Elle pourrait être en couple et infidèle (et tous ceux qui n'en avaient jamais rêvé un jour mentaient), libre avec quelques attaches. Le compromis avait tout pour la séduire, mais Reed hésitait. Est-ce que ça marchait vraiment, ces compromis ? N'y en avait-il pas toujours un pour rester sur le côté, ou s'engager un peu plus que l'autre ? Et s'il s'agissait d'elle, est-ce qu'elle supporterait la seule idée de savoir Neal avec une autre femme ? « Je ne sais pas... » répondit-elle enfin. « L'idée est plutôt bonne, je peux pas le nier. Mais... je ne suis pas sûre que ce genre de relation fonctionne, sur la durée. Après, j'imagine que tout est question de savoir ce qu'on met exactement dessus, les conditions, les exceptions et tout ça. » Pencheraient-ils plutôt vers le couple non-exclusif, ou vers l'amitié très améliorée ? Quelle était la frontière entre ce qu'ils pouvaient faire et ce qu'ils ne pouvaient pas faire ? Les questions étaient aussi diverses que nombreuses, recouvraient tout un panel de notions qui lui semblaient à des années-lumières de ses préoccupations. « Donc si je comprends bien, on serait ensemble, sans vraiment l'être » tenta-t-elle de reformuler, pensive. « Mais qu'est-ce que tu entends exactement par 'être ensemble' ? Est-ce qu'on ferait des trucs de couple ? Ou des trucs de potes en ajoutant la partie 'on couche ensemble' ? Je ne sais pas, je suis perplexe... »
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyLun 23 Juin - 15:34

Neal haussa les épaules, avisa un nouveau regard par la fenêtre et cette pluie qui lui brisait déjà les rotules, le condamnait à rester enfermé chez lui toute la journée et sûrement, ô drame, pour travailler. « Tu connais le chemin, si jamais la pluie te pousse à faire machine arrière. » répondit-il d'un ton neutre. La pluie ou autre chose. Laissa filer le récit des menus anglais en levant les yeux au ciel, plaquant une moue doucement dégoutée sur son visage. Non, les anglais ne figuraient vraiment pas en top list des plus grands gastronomes, et Neal se félicitait d'avoir pris les gênes américains et non britanniques. Il leva sa tasse de café. « et bien je te laisse avec plaisir ton subtil thé et autres bizarreries anglaises. » avala une gorgée de cette boisson bien plus appréciable. Est-ce qu'il en avait véritablement envie, d'un couple ? Des mains dans les mains, des doigts que l'on entremêle, des sourires et des regards complices, des chuchotements au creux de l'oreille, des couchers à deux, et des réveils à deux, des sorties qu'on ferait ensemble, et des sorties qu'on ne ferait plus par simple excuse que maintenant on n'était plus seul ? Et n'était-ce pas déjà ce qu'ils retrouvaient tous les deux, du simple fait d'être amis ? Comme avant, comme quand ils étaient enfants d'abord, puis adolescents ensuite, avant que les sentiments ne viennent tout gâcher, avant que l'odeur de sa peau, et le frisson de ses baisers dans son cou ne vienne tout remettre en question, gâcher cette simplicité ? Peut-être que ce serait différent maintenant, qu'ils repartiraient sur quelque chose de plus stable, de moins tortueux, de moins expéditif et de moins délimité dans le temps. Ils vivaient dans la même ville déjà, ce qui n'était pas négligeable ; avaient gagné quelques années, donc d'après les dires, un peu de maturité -quoi qu'il en douta parfois fortement-. Mais non, encore une fois mieux valait passer par les chemins dérivés, ne pas choisir la droite ou la gauche, mais la droite et la gauche. Ne pas trancher, prendre le tout, recracher les inconvénients, se dire que l'on verrait bien où cela nous mène, et sûrement froncer du nez quand la première contrariété en montrerait le bout. Un couple sans en être un. Est-ce que cela existait seulement ? Cette grande invention de notre siècle, qui leur évitait de donner le bras, ou de ne rien donner, plonger dans un juste milieu qui n'avait au final rien de très juste et tout de très flou. Au jeu du à moitié, Neal se trouvait maintenant très fort. Son histoire passée aux côtés de Milla lui avait laissé un goût désagréable vis à vis de l'engagement, une sorte d'aigreur qu'il ne comptait pas retrouver, gardait sous son bras pour continuer à grogner entre ses dents. Tout donner, c'était souvent trop donner, se répétait-il. Neal laissa entendre un rire, claqua la paume de sa main droite dans celle de sa main gauche en glissant de son perchoir pour avancer dans le salon. « Bien, si on doit se lancer dans ce genre d'aventure, autant le faire de la bonne façon. » chercha des yeux une feuille, ne trouva qu'un de ses carnets de notes, arracha une page vierge, se laissa tomber dans le canapé en prenant un stylo. « Reed + Neal. » marmonna-t-il en écrivant leurs deux noms en haut de la feuille, souligné de deux traits s'il vous plait. Levinson courba le dos, pour poser la feuille sur la table basse, jouant à faire tourner le stylo entre ses doigts. « Guide du bon couple sans en être un, première édition. » Il releva le menton vers Reed, dessina un sourire en coin, avait l'impression d'avoir seize ans mais s'en fichait bien. « 1. Les deux signataires partageront le même lit en rayant le « en tout bien tout honneur » voulu par la simple amitié. Ma casa est ta casa. » il se frotta le front, plissa les yeux comme l'aurait fait un notaire en pleine concentration. Ou Abraham Lincoln en son temps. « 2. Ne se conduiront plus de façon platonique dans la sphère privée et publique, se pliant toutefois aux règles de la bienséance. » nota le petit deux, brassa l'air d'une petite courbette du poignet. « 3. Laisserons autrui partager leur lit sans jalousie.  » se mordit la lèvre. « 4. La signataire british ne tentera jamais d'initier le signataire yankee au thé et autres panse de je-ne-sais-quoi. » Il se laissa retomber dos contre un coussin. « Reed, je n'entends pas tes suggestions. C'est très sérieux tu sais. » il fronça doucement les sourcils, conserva son air amusé.
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MessageSujet: Re: you know you made my eyes burn. (neal) you know you made my eyes burn. (neal) EmptyMer 9 Juil - 21:55

« Comme si j'avais besoin d'un prétexte pour revenir » se moqua-t-elle dans un sourire. Reed était bien des choses, mais elle n'hésitait jamais à dire le fond de sa pensée, peu importait que celle-ci ne soit pas forcément appropriée. Elle n'employait que rarement le moindre filtre, jugeant qu'il valait mieux être franc et direct qu'hypocrite et sournois (catégorique, elle n'envisageait pas que l'on puisse avoir une nuance intermédiaire entre les deux). Si Reed voulait revenir, elle n'aurait pas besoin de blâmer la pluie et avouerait d'emblée qu'elle avait simplement envie d'être avec Neal. « Et crois bien que je t'en remercie. Je m'en voudrais de te détourner du droit chemin. » Du droit chemin, du droit chemin... lui était avis que le seul droit chemin était le sien mais à quoi bon rentrer à nouveau dans ce débat qui n'aurait jamais de fin ? Neal était trop américain pour elle, et elle, définitivement trop anglais pour lui. Heureusement, les différences de goûts culinaires ne figuraient pas au sommet des sujets de discorde entre personnes – elle n'osait pas encore songer à un sujet de discorde dans un couple car... et bien car ils n'étaient pas en couple. Même s'ils envisageaient de franchir l'étape suivante, sortie plus ou moins de nulle part. Relation libre. La seule notion prêtait à sourire, ce que Reed ne manqua pas de faire, à plusieurs reprises. Elle s'imaginait présenter Neal à son entourage : voici Neal, mon petit-ami libre. Libre, libertin, la confusion était aisée à faire. Mais sans doute ne devrait-elle même pas employer le terme de petit-ami, trop officiel, trop sérieux, trop tout ce qu'ils cherchaient à éviter. Non, petit-ami ne correspondait pas. D'un autre côté, elle doutait que quiconque ait déjà songé à donner un nom aux membres d'une telle relation. Elle s'amusa un instant de constater qu'elle envisageait déjà de le présenter à son entourage : n'était-ce pas là la preuve que, justement, c'était un peu plus sérieux qu'il n'y paraissait ? Ils n'avaient pas passé 24h ensemble, pas établi depuis plus de dix minutes un statut à mi-chemin entre l'amitié et l'amour, qu'elle pensait déjà à l'avenir. C'était du Reed tout craché : elle se projetait, se projetait, vivait l'histoire bien avant que celle-ci ne se déroule et lui trouvait sa fin bien avant que l'autre n'y ait même songé. C'était pour cela qu'aucune ne fonctionnait jamais : elle se laissait, parce qu'elle la vivait trop vite, trop intensément. Elle n'était pas amoureuse de l'amour, non, elle n'était pas amoureuse des gens, elle était amoureuse d'un état d'esprit qui la rendait plus libre, plus insouciante encore qu'elle ne l'était déjà. Neal paraissait déjà très sérieux quant à cette histoire et il adopta la mine la plus résolue qu'elle lui avait jamais connue. « Je ne pourrais pas être plus d'accord » approuva-t-elle, avant d'y joindre un hochement de tête. Il était vital de définir de façon claire les termes de leur relation, pour éviter tout risque de disputes dans un futur proche ou lointain. Elle l'observa faire et écrire les premiers commandements de leur couple. Elle se mit à rire. Ce n'était pas qu'elle n'était pas sérieuse à ce sujet : elle ne l'avait jamais été plus que maintenant, mais les règles confinaient à l'absurde. Quelle suggestion pouvait-elle apporter qui n'avait déjà été écrite par Neal ? « Je sais que c'est très sérieux ! Bien. 5- Le signataire Yankee n'émettra aucun commentaire quant au régime alimentaire de la signataire British. 6- Ne devront jamais manifester le moindre signe de jalousie ou de possessivité, sous peine de rompre les termes de ce contrat. » Elle réfléchit. Que pouvait-elle ajouter de plus ? « 7- Les activités de couple ne sont pas obligatoires et leur absence ne devra pas faire l'objet de reproche. » Parce que les activités de couple, ce n'était pas son truc. Ca ne l'avait jamais été. Même les démonstrations d'affection ne lui ressemblaient pas. Oh, bien sûr, elle pouvait embrasser son petit-ami, mais elle ne s'embarrasserait pas à lui tenir la main à tout bout de champ. « 8- Chacun des signataires s'engage à ne pas tomber amoureux de l'autre. » C'était ça, le plus important. Pas de sentiment, de vrai sentiment trop concret. Ils étaient arrivés à la conclusion qu'ils s'entendaient bien, très bien même, sous tous les plans, mais dès que l'amour s'en mêlait, les problèmes arrivaient. Reed ne le savait que trop bien. Elle tendit le stylo à Neal. « Bien, tu vois quelque chose à ajouter ? Peut-être la durée de l'accord ? » Devaient-ils tout officialiser à ce point ? Peut-être. Elle n'en était pas vraiment sûre, mais là encore, ce n'était pas elle, l'experte de la relation libre.
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