Je doute de mon idée. Comme çà sur le moment, elle m'avait paru bonne. J'avais l'impression que c'était un signe du destin, qu'on m'offrait Briséïs sur un plateau d'argent, telle une offrande. J'avais tout simplement paniqué en découvrant la veille de mon chantage que Sara tenait la main à un autre homme que moi. Ce qui aurait du ne pas m'atteindre, m'atteignait complètement et c'est à cause de cela que mon cerveau avait pris une décision irréfléchie. Faire du chantage à quelqu'un était une chose, faire du chantage à quelqu'un qu'on connaissait à peine une autre. Mais le pire dans tout cela c'était l'objet de mon chantage. Se faire passer pour ma copine n'était pas quelque chose d'anodin. Je lui demandais non seulement de ne pouvoir sortir avec aucun autre homme (pour la crédibilité de l'action) mais également d'avoir des gestes d'affections envers ma personne. J'étais encore étonné qu'elle ait accepté le deal mais là encore elle n'avait pas trop le choix. Je n'aurai pas hésité à aller dénoncer son travail étudiant illicite au doyen Ericksen et nul doute qu'elle aurait été renvoyé sur le champ de l'université. Tout partait donc d'une histoire de jalousie. J'étais jaloux. Briséïs ignorait le pourquoi du comment je tenais à ce qu'elle se fasse passer pour ma copine et c'était mieux ainsi. Je n'avais pas besoin de ses railleries ou pire qu'elle aille raconter mon mal-être à Sara. Je venais de lui envoyer un texto, lui demandant de me rejoindre dans l'un des bars branchés de la ville. Pas le plus fréquenté par les étudiants cependant au cas où elle aurait décidé de mal jouer son rôle de petite-amie. J'avais besoin de la briefer sur certains points. J'en étais déjà à mon second verre de whisky lorsque je vis la brunette pénétrée dans le bar. Elle ne prit même pas la peine de jeter un coup d’œil pour voir où je me trouvais, elle s'installa directement au bar et ne perdit pas une seconde avant de commander, ce qui me fit sourire en mon for intérieur. Finalement nous n'étions pas si différents l'un de l'autre. J'étais même certain que nous aurions pu être amis dans d'autres circonstances, si je ne fuyais pas toute forme d'intimité et que je ne la faisais pas chanter bien entendu. Elle n'eut le temps de siroter que quelques gorgées de son cocktail avant que je ne lui prenne des mains et que je boive le contenu cul sec. Je reposa le verre vide bruyamment avant de getter la moindre réaction de sa part. Évidement, elle était agacée. Tant mieux, c'était le but. Ton agressif, regard assassin. Pauvre enfant ce n'était pas avec cette attitude qu'elle allait tirer quelque chose de moi, elle allait le comprendre bien vite. Plus elle se rebellerait ou tenterait de le faire, plus j'allais prendre un malin plaisir à la faire souffrir. « Reste sobre, çà vaut mieux pour toi. Je ne veux pas que tu foutes tout en l'air parce que tu n'es pas capable de te contrôler. » Je lui réponds du tac au tac. Mon ton est froid, cassant. Elle peut jouer à la fille qui tient les rennes mais avec moi cela ne prend pas. Je contrôle sa situation et son avenir. Le maître du jeu ici c'est moi, il ne faudrait pas qu'elle l'oublie. Je jette un rapide coup d'oeil à l'audience de la salle. Personne ne fait attention à nous. C'est le moment de pratiquer. Je crains qu'elle ne soit stupide et/ou inconsciente et qu'elle me donne des coups de pied à défaut de m'embrasser. C'est pour cette raison que j'ai choisi de jouer notre première en tant que couple dans un bar éloigné de berkeley, au cas où elle tenterait de ruiner mon plan. Mais là encore, ce serait extrêmement stupide de sa part. Je ne suis certes pas un homme de parole, mais cette fois-ci je tiendrais ma promesse et j'irai tout raconter à notre doyen. J'avais même des photos en guise de preuves à l'appui. Je n'avais qu'à claquer des doigts et elle était foutue. « Je t'ai fait venir parce que j'ai besoin de te briefer. A partir de maintenant, tu es ma copine et tu agis comme telle. » Mes yeux azurs fixent ses yeux noisettes. Je parle lentement, détachant chaque syllabe pour qu'elle comprenne la portée de mes mots. Je ne joue pas, ce n'est pas un jeu. Et si cela en était un, elle aurait déjà perdu la partie. « Si on te pose la question : on s'est rencontrés à une soirée omega et on sort ensemble depuis deux semaines. Tu n'es pas amoureuse mais tu as des sentiments pour moi. C'est tout ce que les gens ont besoin de savoir. » Je poursuis. Si elle pensait encore que mon chantage était du bluff, elle vient de comprendre que non. Sa mission prend effet maintenant et ce jusqu'à ce que j'y mette fin. Qu'elle considère son travail comme un CDI, excepté qu'elle ne sera pas payé. Je bois les derniers gouttes de mon verre de whisky avant de rapprocher son tabouret du mien et de passer ma main dans son dos, devant le regard attendri du barman qui visiblement n'a rien saisi du chantage auquel Briséïs est victime. Je dégage ses cheveux du coté droit de son épaule pour pouvoir lui murmurer à l'oreille. « Je te sens un peu crispée, souris mon amour. » Avant d’émettre un court rire. Oh Briséïs, si tu savais ce qui t'attend ...