Le spectacle de la nature est toujours beau.

Avec Peter ♥

"Madame, Monsieur. Mon nom est Lindsay, votre chef de cabine. Le commandant de bord Monsieur Smith et l'ensemble de l'équipage ont le plaisir de vous accueillir à bord de cet ..."

Partir. Pour ne jamais plus revenir ? Cette décision, Leanne devait bien avouer qu'elle l'avait prise un peu sur un coup de tête. Après tout, quitter Londres et son si connu temps pluvieux, pour rejoindre le Soleil de Californie.. Tout le monde devrait en rêver, non ? Mais, délaisser son frère, son si cher frère. Est-ce vraiment raisonné ? Bien sûr, il allait pouvoir vivre tranquillement, sans sa pénible petite sœur (d'âge comme de taille) qui le surveille constamment, à vouloir le protéger comme une mère défend son enfant. Cela a toujours été ainsi chez les Michaels, aussi loin que remontent les souvenirs de la brunette. Elle, la petite dernière à qui la réussite sourit et lui, le grand dragueur très protecteur qui se fait gronder par sa pénible sœur pour le remettre dans le droit chemin.

Car elle y tient. Pour Leanne qui a perdu ses parents très tôt dans un sinistre accident de la route, ressentir l'espoir et la joie de vivre mais aussi le respect dans les yeux des autres est une choses des plus importantes. Mais, je m'égare.

"Les démonstrations de sécurité vont vous êtres présentées, accordez nous quelques instants d'attention, merci."

De l'attention ? Leanne n'en était pas capable, assise dans cet avion pour ce long voyage vers l'inconnu. Elle sortit de son sac une lettre, celle que sa tante californienne lui avait envoyé il y a quelques semaines, lui proposant de la rejoindre pour quelques retrouvailles mais aussi, pour laisser à Leanne une opportunité : celle de vivre de nouvelles choses. Un nouveau pays, fort heureusement une langue connue, ses études de soins infirmiers derrière elle. Oui, il y avait quelque chose à chercher et à trouver "là-bas". Mais quoi ? Un soupir. Le regard noir de son voisin de siège. Oups..

"En cas de dépressurisation, un masque d'oxygène tombera automatiquement à votre portée."

Elle en a encore pour longtemps ? Si l'avion se crash, on meurt tous. Sans doute cette pensée a été plus forte que voulue, cet autre voisin qui avait bien profité de la vue lorsque Leanne s'était assise à sa place commençant également à porter son attention sur elle.

"Madame, Monsieur, nous abordons notre descente. Nous vous invitons à regagner votre siège et vous assurer que vos bagages à mains sont..."

Un sentiment d'anxiété mêlé à de l'impatience se fait ressentir dans l'ensemble de l'habitacle. Leanne, à moitié endormie, son casque sur la tête n'entendait rien mais constatait cette agitation à l'approche de l'arrivée.

Une porte qui s'ouvre, une foule impatience, sa tante criant son nom pour attirer son attention, des tonnes de bagages attendant leurs propriétaires. Un taxi, une maison, un repas. Une bonne nuit de sommeil.

- Je te suis reconnaissante pour tout ce que tu fais pour moi. Mais, comprends moi, je souhaiterai vraiment avoir mon propre chez moi.

Leanne tenait ce discours depuis son arrivée. Non pas qu'elle ne se sentait pas à l'aise chez sa tante mais, ayant goûtée à l'indépendance, il lui serait très difficile -voire impossible- de cohabiter à nouveau comme en ce moment même. C'était décidé depuis son premier pas en dehors de l'avion. Elle chercherait rapidement un travail pour gagner à nouveau en autonomie. Et quand Leanne a quelque chose en tête, n'allez pas essayer de le lui ôter ! Ce serait peine perdue.

C'est après avoir passé un premier entretien concluant, avec de suite la signature d'un contrat en cette belle matinée et après avoir passé la première partie de l'après-midi à visiter plusieurs appartements que la petite brune s'était enfin accordée une pause, histoire de souffler un peu et de calmer toute cette agitation dans sa tête. Et quoi de mieux pour cela que découvrir la ville mais surtout ses étendues de nature. Car oui, Leanne aime cela.

En marchant dans ce parc, un petit banc attire son attention. Petit coup d’œil à l'heure sur son téléphone : 17h11. Parfait. Pas trop tôt, ni trop tard pour s'accorder ce petit répit. Se mettant bien à l'aise, Leanne regardait les gens passé près d'elle d'un air absent. La fatigue ? Peut-être bien. Mais surtout : elle ne connaissait personne ici. Certes, à part sa tante. Mais franchement, passez-vous le plus clair de votre temps avec vos oncles et tantes ? Et puis, l'amitié, pour la demoiselle, c'est quelque chose de précieux. Vers quelle épaule se tourner quand un chagrin surgit ? Avec qui partager ses plus grandes joies ? Son frère ? Oh, avec le décalage horaire, cela n'allait pas être bien évident.. Posant son sac qu'elle portait en bandoulière à côté d'elle, Leanne en sortit un petit livre et en entreprit d'en lire quelques chapitres. Juste pour se dire que oui, elle prend de son temps pour elle-même aussi.

You're my savior

Leanne & Peter

Ah! Bientôt la fin des vacances! C'est toujours un moment assez déprimant que de prendre conscience que la belle vie est bientôt terminée. Fini de veiller tard, finies les longues balades en ville, terminées les longues soirées passées avec Allen, sans se soucier de travaux à rendre ou de lettres de motivation à écrire. Certes, ils n'allaient pas cesser de se voir pour autant mais finies toutes ces petites libertés!
Mais au moins, il était certain que la fin des vacances ne signifiait pas perdre Allen une seconde fois. D'ailleurs, Peter se sentait malgré tout d'attaque et un peu plus motivé. Mais comment occuper ces dernières heures de liberté? Allen devait passer chez lui un peu plus tard et en attendant, notre homme décida de se rendre au parc pour un petit jogging. Le sport, il n'y a que ça de vrai pour se liberer l'esprit. Ses écouteurs dans les oreilles, il quitta son appartement au petit pas de course, ne se privant pas de prendre les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée. Rabattant sa capuche sur sa tête, il se mit à courir en direction du parc, Muse chantant à ses oreilles.

Le parc Presidio était relativement grand et Peter en fit trois fois le tour avant de se sentir vidé de ses forces. Il fallait avouer qu'il ne s'était remis que très récemment à ses activités d'antan et il avait encore du travail à faire avant de retrouver la forme. Avec la pseudo mort d'Allen, il avait tout plaqué pour sombrer dans la dépression et même tenter de mettre fin à ses jours. Mais depuis qu'il avait claqué la porte à l'Angleterre, il s'était repris en main, notamment grâce à l'infirmière qui s'était occupé de lui durant son séjour post-tentative-de-suicide. Sans elle, il n'aurait jamais accepté de se nourrir à nouveau ni de quitter ce lit d'hôpital. Donc, sans elle, il ne serait peut-être pas là à l'heure actuelle. Il n'avait pas trouvé mieux que de lui écrire une longue lettre de gratitude et de remerciement qu'il avait subtilement glissée dans son casier. Il savait que jamais il ne la reverrait, surtout que leur relation devait rester professionnelle. Surtout pour elle. Il en avait éprouvé de la tristesse car les personnes qui lui font du bien ont tendance à disparaître de sa vie. Mais depuis qu'il avait retrouvé Allen ici, à San Fransisco, Peter n'avait plus eu aucune de ces pensées démoralisantes.

Notre homme marchait pour rejoindre un banc mais aucun n'était libre malgré le temps assez frais. Bon, il n'avait pas d'autre choix que de s'imposer. Une jeune femme était en train de lire et il s'approcha d'elle. N'osant pas l'interrompre, il s'assit à côté d'elle et jeta un coup d'oeil à son livre.

"Il m'a l'air bien intéressant, votre livre."

Il sourit, n'ayant pas encore découvert le visage de l'inconnue qui n'était pas si inconnue que ça.

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Le spectacle de la nature est toujours beau.

Avec Peter ♥

Cette ambiance si tranquille plaisait énormément à Leanne. La petite brunette était au moins certaine d'une chose : elle reviendrait par ici. Car, une fois le job décroché, son rythme de vie allait à nouveau s'emballer. A chaque occasion pour ainsi dire, dès que le besoin de se ressourcer s'imposerait à son esprit, elle reviendrait. Et Dieu seul sait à quel point les prochains jours voire mêmes les prochaines semaines allaient être éprouvantes pour la demoiselle. Mais elle ne flancherait pas. Jamais. Encore moins sous la difficulté car oui, Leanne, malgré ses frêles épaules n'est de loin pas le type de personne à se laisser encombrer par les terribles coups du sort. Après tout, en travaillant comme infirmière, Leanne tendait à penser que malgré ses propres problèmes, il y avait toujours pire que soi. Elle aimait son travail, vraiment. En plus de cela, il lui permettait de faire de très belles rencontres. Certes folkloriques par moment mais elle se devait de trouver du bon chez chacun de ses patients et s'en servir pour les pousser à surmonter leurs déboires. Moralement, nous pouvons ainsi dire que Leanne s'est endurcit. C'est pour cela que pour rester elle-même, la Leanne que ses amis aime, relâcher la pression est une chose essentielle. Et quoi de mieux pour cela que l'apaisement procuré par la nature ?

Ses yeux sautillaient curieusement des quelques promeneurs passant devant elle aux lignes de son livre. Mais là venait l'un de ses passages préférés de ce livre, qui attira toute son attention. Une belle histoire d'amour, forcément, dans laquelle Leanne aimait particulièrement s'identifier, juste pour rêver. Son grand frère (heureusement laissé sur place, à Londres), la surveillait de très près avant qu'elle ne s'envole jusqu'ici. Résultat : peu de ses histoires ont réellement tenu face aux assauts de son cher aîné.. Bon, ok. Il faut avouer que l'inverse était très juste aussi, Leanne se délectant de trouver le moindre défaut chez les conquêtes de son frère. Mais chut, il ne faut pas le dire !

Le temps passait si vite. L'approche d'une personne vers le banc sur lequel elle était alors assise la tira doucement de sa rêverie, même si ses yeux parcouraient encore ces lignes noires. Après tout, il y avait foule en cette fin d'après-midi et ce banc ne lui appartenait pas ! Elle entendit très vaguement un petit :

"Il m'a l'air bien intéressant, votre livre."

Un mince sourire se dessina sur son visage. Oh oui, cet ouvrage était très intéressant. La petite brune s'apprêtait à lui répondre étant une demoiselle bien élevée évidemment, mais surtout heureuse qu'un "local" s'adresse à elle de lui-même. Cependant.. Un détail... Cette voix qui venait de s'adresser à elle. Non, tu dérailles ma petite. Réponds lui, andouille ! Il va finir par croire que tu es muette ! Leanne chassa cette mauvaise conscience en la fusillant du regard ! Mais, elle se devait de lui reconnaître raison. Cette Terre est peuplée de combien de personnes ? Énormément. Donc, pourquoi ce serait "lui", "ici" et "là, maintenant" ? Surtout que ce jeune homme qui venait de lui parler avait une intonation heureuse dans la voix, très loin de ce Peter qu'elle avait connu.

Leanne releva son regard, trouvant ces quelques secondes de réflexion déjà bien trop longues. Ce jeune homme avait encore sa capuche sur sa tête. Son sourire toujours marqué très finement, Leanne se décida enfin à lui répondre.

- Oh oui, il l'est. Mais je doute que les romans à l'eau de rose soient vo...

La voix de la petite brune s'était éteinte d'un coup, croyant reconnaître ce visage partiellement caché. Était-ce vraiment possible ? Cet ancien patient au caractère bien trempé mais si attachant pouvait-il être ici, là, à côté d'elle ? Il n'y avait qu'une façon de le savoir. Leanne se risqua alors à demander..

- Monsieur McLahan ? Enfin je veux dire... Peter ?

Si c'était bien lui, le hasard avait alors frappé un sacré coup ! Le temps semblait s'être figé tout d'un coup, ses mains avaient refermées le livre sans que son cerveau leur en ai donné l'ordre. Se pouvait-il que... ?.

You're my savior

Leanne & Peter

Cette jeune fille devait être si absorbée par son roman qu'elle mit un certain temps avant de lui répondre. Peter connaissait ça: quand il commençait à lire un traité de commerce international, il n'était plus disponible. Bon, d'accord, ce genre d'ouvrage était beaucoup moins intéressant qu'un bon roman pour la grande majorité des gens mais Peter adorait ce sujet. Ce n'est pas pour rien qu'il en a fait sa branche principale d'études et qu'il se destine à une grande carrière dans ce domaine, tout comme son père avant lui. D'ailleurs, les McLahan sont assez doués pour ce qui est négociations, comme si un certain don se promenait dans leurs gènes. Notre homme laissa donc un petit temps à l'inconnue pour se reprendre et quand elle lui répondit enfin, il se figea. Cette voix, il l'aurait reconnue entre mille. Mais... Il devait très certainement rêver. Non, c'est ridicule. Pourquoi serait-elle là, à des miliers de kilomètres de l'Angleterre? Mais son instinct ne l'avait que très rarement trompé: il avait cru reconnaître Allen sur cette photo malgré qu'il était censé être mort. Et pourtant, il avait eu raison d'avoir des doutes car il avait retrouvé son ami ici, à San Fransisco.

Gardant le silence car trop abasourdi pour parler, Peter fixa la jeune femme assise à côté de lui avec de grands yeux ronds. Il aurait également reconnu ce visage parmi toute une foule: il s'agissait de Leanne Michaels, l'étudiante infirmère qui s'était occupé de lui durant tout son séjour à l'hôpital. C'était elle qui l'avait remis en place, le forçant ainsi à s'alimenter et à se lever de ce lit d'hôpital. Elle était également la seule personne à qui il avait confié son chagrin de manière brute, sans réfléchir à ce qu'il devait dire. Il avait cru que leur relation s'était terminée dès qu'il avait quitté cet hôpital mais apparemment, le destin a encore frappé.

"Leanne? Ca pour une surprise!"

Après la surprise, la joie. Il venait de retrouver une autre personne importante, indispensable. Une personne qui lui a sauvé la vie. Il n'arrivait pas à croire qu'après tant de malheurs et de souffrances la vie soit aussi surprenante dans le bon sens du terme. Pour le coup, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il ignorait s'il en faisait trop mais que voulez-vous, il était heureux de la revoir! Et puis, elle en avait vu d'autres avec lui!

"Bon sang... J'arrive pas à y croire..."

Il la prit dans ses bras, ne sachant pas quoi dire de plus. Une chose était certaine: il avait beaucoup changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu.

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Le spectacle de la nature est toujours beau.

Avec Peter ♥

Il y a de ces rencontres qui marquent pour longtemps, très longtemps même. Le nombre de mois s’était envolé à une vitesse folle depuis ce dernier regard posé ce jeune homme. Et là, le savoir réellement à côté d’elle, sur ce banc, en cet endroit avait quelque chose de.. Fou. Des centaines d’images de ces moments passés avec lui défilaient aussi follement dans sa tête, un sentiment de retrouvaille si fort qu’elle en avait presque mal à la tête. Il faut dire que lui aussi avait été très important pour elle. C’est Peter, et personne d’autre qui l’avait défendu pour l’obtention de son diplôme. Et elle s’en souvenait très bien..

Ce fameux jour, elle avait rejoint ce patient si particulier pour elle, les larmes voilant son regard. Elle lui avait raconté tout ce qui s’était passé quelques minutes auparavant avec cette vieille folle. D’un coup, il s’était levé pour sortir de la pièce. Elle ne savait pas ce qu’il avait en tête mais, discrètement, elle l’avait suivi dans les travées du bâtiment et avait tout entendu.. Cela la fit frissonner d’y repenser. Soudainement, le temps semblait s’être arrêté sur ces retrouvailles. Comme quoi, le hasard pouvait faire de très belles choses.

« Leanne? Ca pour une surprise! »  avait-il dit ?

La brunette n’en pensait pas moins. Une surprise était même un mot très faible.. Et cette surprise supplémentaire, de le voir aussi épanoui ? Si.. Heureux ? Était-ce possible ? Est-ce que c’était bien lui ? Ce Peter qu’elle avait connu ? La jeune femme n’en aurait pas dit autant sur le moment. C’était un Peter différent, mais tout aussi attachant qui se tenait près d’elle. Cela la fit sourire. Après tout, leurs prises de bec n’avaient pas été vaines au final. Bien entendu, elle ne se doutait pas une seule seconde que cela était dû à ses retrouvailles avec ce fameux Allen, se souvenant très bien de ce que Peter lui avait tristement raconté..

Elle ne savait même plus comment elle devait l’appelé, l’ayant toujours côtoyé entre ces murs. Monsieur McLahan ? Peter ?! Ah, tant de questions se bousculaient en cet instant dans sa tête. Elle s’autorisa encore un regard, comme pour tâter la réalité des yeux. Puis, un grand sourire illumina son visage.

- Tu n’es pas le seul à ne pas y croire.. C’est juste de la folie que tu sois là, ici.

A peine sa phrase terminée, elle se retrouva attirée dans ses bras. Elle en sourit d’autant plus, prenant conscience de la joie du jeune homme, une joie qui se voyait au grand jour. Cette joie même qu’elle avait essayé de faire ressurgir depuis le premier jour de leurs longues discussions et promenades, Leanne rêvait de le voir aussi bien. Il semblait être apaisé de ses maux d’avant. Et c’était bien mieux comme ça. Le serrant elle-aussi dans ses bras, elle ajouta, tout bas, ses émotions commençant doucement à trahir son silence..

- Quel plaisir de te revoir, depuis ce temps.. Jamais je n’y aurai pensé.

Le « Peter d’avant » comme elle pouvait maintenant l’appeler ne lui manquerait plus. Il est toujours plus agréable de voir ses amis heureux que malheureux. Car oui, Peter, pour la petite brune, était tout comme un ami. Elle l’avait aidé et lui aussi. Il y a de ces choses qui ne peuvent pas être oubliées.

Le retrouver, le voir aussi détendu, heureux et démonstratif… Il n’en fallait pas plus pour que Leanne soit en paix avec sa décision d’avoir quitté Londres pour venir jusqu’ici. A croire que la Californie, en plus de lui sourire à elle-même, lui était bénéfique aussi.

You're my savior

Leanne & Peter

Que Leanne se retrouve ici, à San Fransisco, était de la pure folie. Jamais Peter n'aurait imaginé revoir son infirmière dans ces conditions. Il avait changé du tout au tout, n'étant plus le même homme qu'il y a des mois en arrière. Lui qui avait été si apathique, morne, grincheux et triste était à présent tout le contraire. Se souvenir qu'il avait osé ingurgiter une boîte entière d'antidépresseurs, qu'il avait été en proie à une sorte de crise de folie aux urgences, qu'il avait vomi tripes et boyaux avant de se retrouver dans un service où tout le monde l'embêtait le mettait un peu mal à l'aise. Il avait été odieux avec le personnel soignant, refusant de manger quoi que ce soit et de se lever. D'ailleurs, il avait perdu pas mal de poids à cette époque. Puis cette audacieuse étudiante lui avait dit ses quatre vérités, mécontente de son comportement. A partir de ce jour, le comportement du jeune homme avait changé du tout au tout. Il s'était réalimenté progressivement même s'il peinait à avaler ne serait-ce qu'une fourechetée de nourriture. Puis il était enfin sorti de son lit, difficilement mais il l'avait fait. Si Leanne ne l'avait pas secoué, il ne serait plus de ce monde. Jamais il ne la remercierait assez pour cela.

"Je croyais qu'on ne se reverrait jamais..."

Il y a parfois des rencontres qui ne se passent pas par hasard, qui durent un temps déterminé avant de se terminer aussi rapidement qu'elles ont commencé. Peter avait cru que s'il avait croisé le chemin de Leanne, c'était pour une seule et unique raison et qu'ensuite, elle s'évaporerait de sa vie. Apparemment, ils étaient destinés à bien plus. Si tous deux se sont retrouvés à San Fransisco, qu'ils aient choisi cette ville spécifiquement, ce n'était pas pour rien. Lui, il avait cru reconnaître Allen sur une photo du site de la BCU. Et elle... Pourquoi avait-elle décidé de quitter l'Angleterre? En tout cas, il était certain que ce n'était pas pour le retrouver!

"C'est une sacrée coïncidence qu'on se retrouve ici, dans cette ville, aussi loin du lieu où on s'est rencontré."

Ne la lâchant pas d'une semelle, notre homme avait toujours un peu de mal à s'y faire. A l'hôpital, il osait à peine lui témoigner de l'affection à cause de la distance professionnelle qu'elle devait garder avec ses patients. Mais il y avait bien eu un lien qui s'était formé entre eux. Quelque chose de fort et très certainement d'indestructible. Aucun lien ne peut vraiment se rompre: il peut se tendre, se distendre, s'allonger mais jamais il ne se brisera.

"J'ose te demander ce que tu fais ici, aussi loin de Londres? Et ton diplôme, tu l'as eu finalement?"

Il lui avait fait réussir son stage mais il n'y avait pas que ce détail pour réussir sa formation. Mais Peter était certain qu'elle avait brillé, comme à son habitude. Par contre, il lui serait plus difficile de justifier sa présence aux Etats-Unis... Et peut-être qu'il allait devoir avouer un secret ou mentir.

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Le spectacle de la nature est toujours beau.

Avec Peter ♥

Lorsque Leanne avait posé son regard la première fois sur ce jeune homme qui, de toute évidence, se laissait mourir à petit feu, une certaine forme de rage s’était installée dans sa tête. Ce n’était même pas négociable avec les autres personnes du corps médical qui l’entouraient, qui, limite le laissaient presque déjà pour mort : elle, elle le sentait, elle pouvait faire quelque chose pour lui. Du moins, très attachée et impliquée dans son boulot, elle se devait même de le remettre d’aplomb quitte à ne pas être tendre avec lui. Une autre infirmière l’avait même prévenue : « Il est borné et ne veut rien entendre. Il ne mange plus, ne se lève plus… Un cadavre ambulant ». Ces mots avaient mis le feu aux poudres dans la tête de la brunette, « un cadavre ambulant » ? De quel droit se permettait-elle de parler du jeune homme en ces termes ? Sauf que, cela tombait parfaitement bien, Leanne pouvait se montrer très, mais alors très têtue quand elle le voulait. Et à ce jeu-là, même son frère s’inclinait, c’est pour dire. Alors ce n’était pas cet inconnu qui, au final, avait plus besoin d’aide, d’un électrochoc plutôt que de viles paroles dites dans son dos qui allait lui faire peur ! Devant Peter, la brunette n’avait flanché qu’une seule fois : lorsqu’elle lui avait annoncé cette fâcheuse nouvelle. Ce pseudo échec à l’issu de son stage.. Elle n’aurait pas été crédible si elle avait dû le remuer, le bouger en montrant toute sa sensibilité. Non, elle avait dû s’affirmer ! Quand elle travaillait, Leanne laissait toujours de côté sa fragilité féminine pour être parée à toutes les situations possibles..

C’était sans doute sa conscience qui l’avait poussée vers ce Peter, celui-là même qui allait avoir une place toute particulière pour elle très rapidement et pour bien longtemps..

Le retrouver après ces longs mois de silence ? C’était bonheur sans nom, un de ces moments heureux qui réchauffent terriblement le petit cœur de la jeune femme.. Et surtout de le retrouver encore plus vivant qu’il ne l’était à son départ... Il semblerait qu’elle ait réussit et que Peter ne soit pas retombé encore plus bas durant cette période sans nouvelles. Cela la fit sourire.

« Je croyais qu'on ne se reverrait jamais... »

Ces mots prononcés par Peter lui-même chamboulaient un peu la brunette. L’expression disant qu’il ne fallait jamais dire jamais prenait ici tout son sens. Bien entendu, ces retrouvailles étaient toutes particulières. Peter n’était plus un patient avec lequel il fallait garder ses distances. Non. Leanne pouvait profiter d’être dans ses bras comme pour essayer de combler, par ce contact qu’elle n’avait jamais vraiment eu avec lui, ces longs mois sans avoir de ses nouvelles. Jamais, oh non jamais, elle n’avait imaginé le retrouvé en s’envolant pour la Californie !

« C'est une sacrée coïncidence qu'on se retrouve ici, dans cette ville, aussi loin du lieu où on s'est rencontré. » ajouta-t-il.

Une coïncidence ? Cela en avait tout l’air. Il y a toujours des personnes avec lesquelles on se sent bien sans pouvoir en expliquer la raison. Et peu importe.. Pour Leanne, ce jeune homme en faisait partie.

- Tu peux également ajouté dans ce parc, à cette heure, sur ce banc.. Non, c’est juste fou. Pinces moi, je dois rêver ! Un petit rire mêlé à cette émotion particulière s’échappa timidement.

Car oui, si Peter était allé courir plus tôt, que la brunette avait décidé d’aller dans un autre endroit de la ville (ce n’étaient pas les coins au vert qui manquaient pourtant !) ils ne se seraient pas rencontrés. Si ce banc avait été occupé par une autre personne, s’il avait plu.. Autant de conditions avaient pourtant été réunies..

« J'ose te demander ce que tu fais ici, aussi loin de Londres? Et ton diplôme, tu l'as eu finalement? »

Ah.. Voilà enfin une question qui avait le mérite d’être posée ! Après  tout, Leanne se demandait exactement la même chose au sujet du jeune homme. Haussant très légèrement les épaules, elle commença son petit récit..

- Et bien, pour tout te dire.. Ma tante habite tout prêt d’ici et elle m’a proposé de la rejoindre. Londres me rendait doucement folle et mon frère encore plus, lâcha-t-elle avec un petit sourire au coin de ses lèvres. Elle m’a  aussi bien aidé pour trouver un boulot ici...

Son sourire s’était marqué d’avantage en entendant le jeune homme évoqué son diplôme.. Elle le trouvait trop chou (précision : chou dans le sens « adorable » !) de venir aux nouvelles de la sorte ! Comme cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas charrié, elle ajouta  avec un air qui sentait la comédie ridiculement fausse à des kilomètres à la ronde..

- Ah, le diplôme...  Je suis tombée sur un écrit très dur. Du coup…
Décidément, Leanne ne savait vraiment pas jouer du mensonge.. Avec un petit retard, nous pourrions fêter mon diplôme un de ces jours avec une petite bouteille. Je te le dois en partie…

Ce qui n’était pas faux. Sans la validation de son stage, Leanne aurait dû refaire sa dernière année.. Et sans son patient préféré !

- Et toi ? Quel bon vent a bien pu te faire venir jusqu’ici ?. Avec un petit air malicieux, elle ajouta. Avoues que tu savais que j’allais venir….

Bien entendu, elle savait pertinemment que c’était faux, qu’il n’avait jamais pu se douter qu’elle irait s’installer en Californie mais, qui aime bien châtie bien..