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there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan)

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MessageSujet: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyMer 15 Jan - 21:39



Les jours passent. Les gens défilent. Dans la rue, dans les trains. Et même dans nos vies. Y'a ceux qu'on enterrent, comme Samson. Puis ceux qui ne sont pas destinés à emprunter le même chemin. Comme mon père qui n'a été qu'une virgule dans la vie de ma mère. Une simple virgule. À peine avait-elle eu le temps de reprendre sa respiration qu'il était déjà parti. C'est comme ça. Elle s'est d'abord épris du mauvais type. De celui dont elle tomberait enceinte par accident et qui la laisserait seule comme on abandonne son mégot sur un trottoir. Alors je me dis que c'est de famille. Que de s'éprendre de la mauvaise personne. Peut-être que Nora ne sera qu'un passage éclair dans ma vie. Qu'un vague souvenir, peut-être même qu'un vulgaire mirage. Mais pour l'heure, ce n'est pas le cas. Oui, Nora est partout. Je la vois même quand elle est pas là. Au bout d'un couloir, assise sur un banc, devant son casier. La dernière fois qu'on s'est parlé, j'ai lâché la vérité. Notre vérité. À elle et moi. Notre fatalité. Alors on s'est engueulé. Sans crier, ou vraiment s'énerver. Puis elle est partie, et depuis, on s'est pas reparlé. On s'évite, comme on a toujours été sensé le faire. Pour préserver Emrys, son frère. Mais tant pis pour nous. Tant pis si on sera jamais heureux ensemble, mais toujours un peu malheureux séparément. Parce qu'à chaque fois que je la vois Nora, je me dis que c'est une évidence. Que cette fille est celle avec qui je dois faire ma vie. Celle devant qui je poserai mon genou à terre un soir au resto. Celle à qui je proposerai des prénoms quand elle aura le ventre rond. À chaque fois que je la vois, je me dis que c'est sûr. Et j'en suis même convaincu. Que c'est elle. Mais y'a ces moments-là. Ces moments où je réalise qu'elle dira jamais non à son frère. Que c'est foutu. Que c'est le seul qui lui reste. Et que moi, je suis qu'un gars parmi tant d'autres. Qu'est-ce que je pourrais bien lui offrir de plus qu'un autre ? Parce que ça sera un autre. Un autre qui s'endormira à ses côtés, qui sortira de l'église avec elle à son bras. Je lâche un soupir. Nous sommes là, Rowan et moi, à regarder les étoiles, allongés dans l'herbe du parc. Ça nous arrive, de temps à autre. Parfois, on s'amuse même à citer toutes les constellations le plus vite possible. Et celui qu'en sort plus que l'autre a le droit à un service. La semaine dernière, j'ai porté le sac de Rowan en plus du mien tous les jours. Mais ce soir, l'ambiance est plutôt calme. Peut-être parce que je me sens vide. Vide de Nora que j'ai pas vraiment vu depuis plusieurs jours. Alors je me contente de fixer les étoiles. Elles qui sont la lumière du passé. Et je me dis que si nous, en les regardant, nous les voyons au passé, alors c'est forcément réciproque. Ce qui veut dire que si elles nous regardent, alors Nora et moi ne nous sommes pas encore engueulés à leurs yeux. Je voudrais leur éviter de voir ça aux étoiles. Changer les choses. Mais c'est impossible. Puis fallait bien que ça arrive, un jour ou l'autre. Alors c'est arrivé. Un point c'est tout. À nouveau, je lâche un soupir. Il faut que je chasse Nora de mes pensées. Au moins l'espace d'un instant. Parce que je sais qu'elle y reviendra. Qu'elle y reviendra même au galop. Alors je la fous dehors. Hors de mon crâne. Discrètement, je tourne ma tête vers Rowan. Elle semble pensive, ou bien absorbée par les étoiles. Peut-être bien que c'est un peu les deux. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi passionné qu'elle ne l'est. Peut-être que pour elle, l'astronomie est une évidence. Oui, peut-être que Rowan est pré-destinée aux étoiles. Puis peut-être bien qu'elle brillera elle aussi. Parce que c'est ce que je lui souhaite. De briller. À son mariage, le jour de l'anniversaire de ses gosses, et même les dimanches matins. De briller de bonheur. Avec un homme qui l'aime, et qui prenne soin d'elle. Puis bien sûr, elle sera astronome Rowan. Comme elle a toujours voulu. C'est pour ça qu'elle est ici d'ailleurs. Contrairement à moi qui n'étudie l'astronomie que pour faire plaisir à ma mère. Mais même si j'espère pouvoir devenir pâtissier, je suis heureux de me lever chaque matin pour venir étudier les étoiles. Heureux parce que je sais qu'il y aura Rowan à côté de moi. Pour rire, ou simplement discuter. Il m'aurait manqué quelque chose d'essentiel si je ne l'avais pas rencontrée. À croire que c'est le destin qui l'a mise sur ma route. Je détourne finalement mon regard du visage de mon amie pour le reposer sur le ciel, et laisse mes mains jouer avec l'herbe fraîche. Une sourire amusé sur les lèvres, j'en arrache finalement un brin, et l'utilise pour venir discrètement chatouiller l'oreille de Rowan. "Une araignée ! Sur ton oreille !" Je tente de garder mon sérieux l'espace de quelques secondes pour la laisser y croire au moins un peu, et me mets finalement à rire. Ça fait du bien. D'être avec elle. Et de rire. Puis surtout de l'oublier un peu. Rien qu'un peu. Parce que Nora, je ne l'oublie jamais longtemps.
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyVen 17 Jan - 0:03

we'll be counting stars. (rowan & evan)
Les yeux rivés vers l'infini, Rowan se montrait bien pensive. Il n'y avait rien de plus réconfortant que de se trouver là, allongée sur l'herbe du parc en plein milieu de la nuit, à contempler le plafond étoilé, s'amuser à compter les astres, cligner des yeux jusqu'à les voir clignoter, reconnaître les constellations et les rebaptiser. Avec elle, l'étude des étoiles prenait une dimension bien plus enfantine, à coup de Miel et de Chocolat, plutôt que de Petite et Grande Ourse. Plus réconfortant encore, la présence d'Evan à ses côtés, qu'elle sentait plus qu'elle ne voyait. Ils n'avaient pas échangé un mot depuis plusieurs minutes à présent et il n'y avait qu'avec lui qu'elle pouvait entretenir un silence qui, dans d'autres conditions, serait devenu pesant. Mais avec Evan, il n'y avait jamais rien de pesant, rien que le bonheur de se trouver là, avec lui, de bénéficier d'un de ces rares instants de grâce, un de ces rares cessez-le-feu au milieu du tumulte de leur vie. Il n'y avait que lui qui savait créer chez elle un intense sentiment de sérénité. Elle l'aurait suivi au bout du monde pour être certaine d'éprouver ce sentiment tout le reste de sa vie. Rowan se demanda, l'espace de quelques secondes, à quoi pensait son ami, lui aussi allongé sur l'herbe, occupé à contempler les étoiles particulièrement visibles ce soir. Elle se plut à l'imaginer, avant que l'évidence ne la frappe inévitablement. Sans doute pensait-il à Nora, et l'idée effaça presque instantanément le sourire qui jusqu'alors s'étalait timidement sur ses lèvres. Nora était l'ombre, l'invisible, le fantôme qu'elle traînait avec elle comme un fardeau, l'indissociable d'Evan, l'inséparable d'Evan, qu'elle se surprenait à haïr avec une ardeur chaque fois renouvelée. Rowan n'était pourtant pas de ce genre, n'était pas de celles qui détestaient, pas de celles qui haïssaient, pas de celles qui fomentaient plans et complots pour détruire. Comment aurait-elle pu le faire, de toute façon ? Il n'y avait rien à détruire puisque Nora et Evan n'avaient rien construit, rien de tangible du moins. Rien qu'elle ne put voir de ses propres yeux, un simple voile, une ombre qui stagnait au-dessus de leur tête et leur volait les rares occasions qu'ils avaient d'être heureux. Ses pensées, qui se noircissaient de seconde en seconde, s'envolèrent sitôt qu'il s'amusa à la chatouiller. Rowan frissonna rien qu'à l'évocation d'une araignée sur elle, et lorsqu'elle comprit, elle se surprit à éclater d'un rire éraillé par l'absence de parole. Il était si simple d'être bien, auprès d'Evan. Il faisait tout pour, tour à tour joyeux, studieux, innocent, sérieux. « C'est pas drôle » geignit-elle, presque malgré elle. Etre prise au dépourvu, même pour une blague, lui déplaisait. Cela faisait partie des choses immuables en dépit du temps qui passe, des traits de caractère qui ne changeraient jamais, qui la préserveraient de devenir une autre en vieillissant, comme une version salement amochée de la candide qu'elle était. Rowan se tourna vers lui et coinça sa tête contre son bras, pour observer la réaction d'Evan. « Je déteste les araignées » se crut-elle obligée de préciser. Une terreur qui ne l'avait pas quittée depuis l'enfance et qui, encore maintenant, pouvait la réveiller en plein milieu de la nuit, haletante, persuadée d'être entourée de dizaines d'araignées venues la dévorer. Il lui fallait alors de longues minutes pour retrouver son calme, et le double pour se rendormir. Le genre d'informations qu'Evan savait, qu'elle lui avait glissé au détour de conversations lors des sessions d'études qu'ils se faisaient régulièrement à la bibliothèque. Elle aimait bien faire cela, donner des indices à Evan, lui laisser entrevoir des petits bouts d'elle, morceau par morceau, jusqu'à ce qu'il soit capable de les reformer en un tout. Mais sans doute ne le faisait-il pas, sans doute pensait-il encore et toujours à Nora quand Rowan s'ouvrait chaque jour un peu plus à lui. Evan sembla se replonger dans l'observation des étoiles et tout juste distingua-t-elle une ombre de sourire sur ses lèvres. Elle sourit à son tour, stupidement, et réalisa que c'était l'effet qu'il lui faisait systématiquement. Pour chaque sourire qu'il lui offrait, elle lui en rendait un autre, souvent plus large encore. « A quoi tu penses ? » demanda-t-elle finalement, avant de se remettre dans sa position initiale, bras ballants le long de son corps, à une proximité déroutante du bras d'Evan, et de doigts qu'elle aurait pu frôler en prétendant que c'était le hasard. Mais rien de tout cela n'aurait été le hasard, car avec lui, Rowan avait cessé de croire qu'il existait. « Moi je pense à l'infini. Regarde ce ciel, et dis moi que tu ne te sens pas infiniment petit, et insignifiant ? » C'était toujours l'effet que lui faisait la contemplation du ciel. L'espace d'un instant, elle oubliait ses problèmes, qui n'avaient pas la moindre importance puisqu'elle n'était qu'un rien, une particule microscopique à l'échelle de l'univers. Et dans cet univers infini, les choses reprenaient finalement leur cours, et ses divagations farfelues disparaissaient. Ils n'étaient pas insignifiants, songea-t-elle alors. Pas lui, pas elle, et encore moins les sentiments qui, contrairement à ce qu'elle avait espéré, ne s'amenuisaient pas au fil du temps. Rien de tout ça n'était insignifiant pour elle, et c'était bien là tout le problème.

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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyMar 21 Jan - 20:25

Est-ce qu'elles finiront par nous entendre, les étoiles ? Par nous entendre rire ? Et rieront-elles avec nous ? "C'est pas drôle." Je prends finalement mon air innocent, un large sourire sur les lèvres, et plonge mon regard dans celui de Rowan. "Oh si, crois moi, c'est très drôle." Je me tourne alors sur le côté, et me relève légèrement, ma tête reposant sur mon poing. Je n'ai jamais rien connu d'aussi simple que ces moments passés avec elle. D'aussi simple, et réconfortant. Rowan est mon étoile polaire. Elle me guide quand je me perds. M'écoute quand quelque chose me ronge. Elle est le genre de fille que beaucoup rêveraient d'épouser. Pourtant, nombreux sont ceux qui la jugent à cause de son physique. Ceux qui ne la réduisent qu'à une fille séduisante, sans chercher à voir au delà des apparences. Ceux-là sont comme ces gens qui regardent le ciel sans chercher à comprendre. D'où proviennent les étoiles et leur lumière ? Qu'y a t'il au plus profond de l'univers, là où il nous est impossible de voir ? Il y a t'il encore des choses à découvrir ? La réponse est oui. Il y a encore des millions de choses à savoir, à comprendre, à trouver. Des choses que l'on ne saura jamais. Je regarde Rowan, plusieurs secondes. Ses prunelles brillantes me donnent l'impression d'être deux étoiles égarées. Des étoiles qui seraient venues se perdre sur son visage. "Je déteste les araignées." Sa précision me fait sourire davantage. Je le savais, qu'elle détestait les araignées. Je ne connais aucune fille qui puisse dire qu'elle les adore. Puis Rowan me l'avait déjà dit. Comme de nombreuses choses à son sujet. J'ai appris à la connaître, comme j'ai appris à découvrir les secrets de l'univers et des étoiles qui peuplent le ciel. Je sais que Rowan a vécu un an au Costa Rica, et qu'elle y est née. Qu'elle rêve de devenir astronaute, qu'elle est très sensible. Qu'elle est passionnée par ce qu'elle fait, et qu'elle vit ses émotions à fond. Et un tas d'autres choses encore. "A quoi tu penses ?" Je pose mon regard sur mon amie, toujours allongée à mes côtés, à une proximité réconfortante. Mais je me relève finalement, et m'assieds en tailleur. "Moi je pense à l'infini. Regarde ce ciel, et dis moi que tu ne te sens pas infiniment petit, et insignifiant ?" Alors, de nouveau la tête levée vers le ciel, je contemple l'infiniment grand qui flotte juste au dessus de nos têtes. Et je me mets re-dessiner les constellations une à une, tentant même d'imaginer de nouvelles formes en liant les étoiles. Puis tout à coup, c'est Nora qui apparaît, comme ça, sans prévenir. Comme une fatalité. Je lâche alors un soupir. Le répit fut bref. J'aurais aimé profiter de cet instant avec Rowan. En profiter sans avoir l'esprit rongé par cette putain d'évidence qui me torture nuit et jour. J'ai l'impression de trainer Nora derrière moi, comme on traine son ombre. Et qu'elle sera toujours là, toujours. Quoi que je fasse. Comme un souvenir que je n'oublierais jamais, comme le fantôme d'une histoire qui ne commencera jamais. Je ferme alors les yeux, et passe une main sur mon visage. Puis après plusieurs secondes, j'ouvre à nouveau les paupières, et plonge mon regard dans celui de Rowan. "Si, tu as raison. Nous sommes lamentablement insignifiant, ça en est même déconcertant." Je lui lance un bien mince sourire, toujours rongé par Nora qui hante mon esprit. Je sais que je dois en parler à Rowan, d'autant plus que c'est la réponse à sa question. C'est à Nora que je pense. Encore et toujours. Je suis sûr que ça ne sera en rien une surprise. Je me sens si faible. Je dois pouvoir la chasser une bonne fois pour toute de mon esprit, non ? Une bonne fois pour toute, et à jamais. Mais comment ? C'est étrange. Cette certitude qu'il n'y a rien à espérer d'un côté, et de l'autre, cet espoir qui ne meurt pas pour autant. J'ai l'impression d'être face à un feu. Par réflexe, je souffle dessus, pour l'éteindre. Mais je ne fais que de l'alimenter davantage. "Pour ma part, je pense à Nora. Comme souvent… Bien trop souvent." Je lâche un énième soupir, et passe une main dans mes cheveux. Un léger coup de vent nous apporte alors un peu d'air frais, et place une mèche des cheveux de Rowan sur son visage. Alors, par automatisme et sans même m'en rendre compte, l'esprit toujours focalisé sur Nora, je passe une main sur le visage de mon amie pour la débarrasser de sa mèche rebelle. "Tu crois que je devrais finir par la rayer de ma vie ?" Après tout, Nora ne fait que de me faire souffrir ces derniers jours. À chaque fois que je pense à elle, je me sens amoureux, irrévocablement amoureux. Et la seconde d'après, je me sens malheureux. On ne peut plus malheureux.
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyMer 22 Jan - 23:15

Elle aurait voulu que ces moments entre eux durent éternellement, qu'ils n'aient ni commencement, ni fin, qu'ils vivent aussi longtemps que vivaient les étoiles. Des millions d'années. Mais penser cela, c'était triste. Les étoiles mouraient parfois bien des mois avant que l'oeil humain ne le sache, avant qu'il ne le voie. Etaient-ils eux aussi déjà morts sans même le savoir ? « Non, c'est pas drôle » répondit-elle, mais le sourire sur ses lèvres disait l'exact inverse. Elle aimait voir Evan sourire, et elle avait l'impression qu'avec elle, il ne faisait que cela. Qu'il était heureux. Et malgré cela, elle savait qu'il ne l'était jamais entièrement, que derrière l'éclat rieur dans son regard se terrait la nostalgie sourde, le manque d'une autre qu'elle-même ne serait jamais en mesure de combler. Parfois, elle prétendait ne pas voir tout cela, ne pas regarder au-delà des apparences qu'il lui offrait, parce qu'elle n'aimait pas le savoir triste à cause d'une autre, ou bien, si elle avait été parfaitement honnête, elle n'aimait pas savoir son esprit accaparé par une autre. D'autres fois, comme ce soir, elle voyait tout, jusque dans les tréfonds de son âme. Elle détourna la tête. Elle n'avait pas envie de savoir tout ça, alors qu'ils passaient un si bon moment. Elle aurait voulu être capable de le distraire au point qu'il oubliât tout du reste du monde, pour ne plus se concentrer que sur elle, sur ses interminables cils qu'elle battait plus lentement que de raison avec lui, comme une tentative de séduction éternelle qu'elle ne menait jamais au bout. Sans doute ne le voyait-il même pas, lui qui n'avait d'yeux que pour Nora, qu'elle faisait parfois l'effort de mettre une jolie robe, rien que pour lui, qu'elle se maquillait, là où elle préférait d'ordinaire rester au naturel. C'était ces détails infimes, ces détails de rien du tout, qu'elle aurait voulu qu'il remarque, parce qu'il les remarquait chez une autre quand ils étaient encore moins évidents. « Et pourtant... » Et pourtant, il ne lui semblait pas qu'ils étaient toujours si insignifiants que cela. C'était l'excuse facile, de le penser. De croire que ce qu'ils faisaient, disaient, croyaient, n'avait aucun impact à l'échelle de la terre. Prendre de la hauteur, tout mettre en perspective, ça lui faisait parfois oublier que ses sentiments lui faisaient mal. Ils étaient insignifiants pour la galaxie, et pour elle, ils voulaient dire plus que ce qu'elle était en mesure d'exprimer avec des mots. Elle leva les yeux vers le ciel, soupira silencieusement alors qu'il lui disait ce qu'elle savait déjà. Bien sûr qu'il pensait à Nora, il ne faisait que cela, penser à Nora. Lorsqu'elle était avec lui, Rowan avait la désagréable sensation de vivre chaque moment à trois. Il y avait eux deux, puis Nora qui venait insidieusement se glisser dans la moindre de ses pensées, qui occupait tant et si bien son esprit qu'il ne restait plus la moindre place pour elle, qui se trouvait à ses côtés et l'écoutait en parler, sans jamais rien dire de peur de le faire fuir. Elle se contentait d'écouter, puisqu'elle n'était douée que pour cela, hochait la tête en silence, lui souriait même parfois, mais jamais d'un de ces sourires joyeux. D'un de ces sourires tristes, souvent plus pour elle que pour lui. Si les circonstances avaient été différentes, sans doute l'aurait-elle été un peu moins pour elle, et un peu plus pour lui. Si elle n'avait pas eu envie de lui crier d'oublier Nora, de la voir elle, Rowan, si elle avait été moins égoïste, elle aurait partagé son fardeau avec plaisir. Mais plus le poids augmentait sur Evan, plus elle le sentait peser sur elle, aussi, obligée de le partager non par plaisir, mais par obligation, puisque c'était là la seule façon qu'elle avait de passer du temps avec lui. Sa main glissa sur son visage, juste à peine, rien qu'un frôlement qui lui arracha un frisson. L'éphémère instant de légèreté s'envola presque aussi tôt. Devait-il la rayer de sa vie ? Bien sûr qu'il le devait, eut-elle envie de lui dire. Regarde-toi, Evan, tu es avec moi, et tout ce que tu fais, c'est de penser à elle. Tu ne sais même pas profiter de la compagnie d'une autre et tu mérites d'être malheureux. Parfois, elle le pensait. Elle pensait même à le lui dire, à déverser des mois d'amertume qu'elle encaissait sans rien dire. Mais elle ne le faisait jamais, malgré l'envie, parce que c'aurait été cruel de le faire. « Je ne sais pas, Evan... » soupira-t-elle. Elle se redressa, posa son menton sur ses genoux, les yeux cette fois rivés sur l'herbe qu'elle arrachait sans même s'en rendre compte. « Tu es malheureux, sans elle. Mais parfois, j'ai l'impression que tu le serais encore plus avec elle. » La culpabilité s'empara presque aussitôt d'elle, et elle secoua la tête. « Oublie, je dis n'importe quoi. » Mais elle ne disait pas n'importe quoi, Rowan. Elle le savait, elle le sentait, et peut-être était-ce parce qu'elle n'était pas objective, sûrement même, mais au fond d'elle, elle était persuadée qu'il serait encore plus malheureux s'il était enfin avec elle. Ou bien qu'il le serait moins en étant avec Rowan, qui toujours l'écoutait, et le réconfortait, qui ne lui apportait que de la douceur lorsque Nora lui apportait les obstacles. « De toute façon, ce n'est pas comme si tu choisissais... » Et c'était bien dommage, qu'il ne le pût pas. Car alors, sans la moindre hésitation, elle aurait tourné la tête vers lui et comme dans ces films qu'elle affectionnait tant, aurait senti son cœur s'emballer à mesure que leurs lèvres se seraient rapprochées. Mais il ne choisissait pas, d'en aimer une autre, alors Rowan tourna la tête ailleurs, pour ne pas avoir à le regarder, et voir au-delà.
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyMer 29 Jan - 0:19

"Non, c'est pas drôle." Pourtant, Rowan sourit. Comme presque tout le temps. Je ne me suis jamais demandé ce qui se cachait derrière son sourire. Une joie de vivre inégalable ? Une paix intérieure réconfortante ? Ou peut-être quelque chose qui m'échappe. Un truc de fille, que j'aurais sans doute du mal à comprendre. Qu'importe pourquoi au fond, tant qu'elle sourit. Les sourires sont comme les façades de maisons, ou comme les jardins. S'ils sont bien entretenus, on se dit que nos voisins sont des gens biens. Alors qu'en fait, on ne sait rien d'eux. Il suffit de regarder les informations. "Un jeune étudiant a pris en otage une école et a tué treize enfants." "C'était pourtant un jeune sympathique, il allait à la fac, avait de nombreux copains. Il souriait tout le temps, était poli, et aimait rendre service." Mais Rowan, c'est différent. Elle est heureuse. J'en suis convaincu. Alors je lui retourne son sourire, avant de retourner à ma contemplation du ciel. "Et pourtant..." Pourtant Nora prend bien plus de place à mes yeux que l'univers tout entier. Mais la vérité, c'est qu'elle est une galaxie. Une galaxie à des années lumières de la mienne. Je pourrais jamais l'atteindre. Même en une centaine de vies. Nora est hors de portée. Elle l'a toujours été, et le sera toujours. C'est comme ça. Le big bang a placé la Terre suffisamment proche du soleil pour que la vie y soit possible. Certains diront qu'il s'agit d'un miracle. D'autres du destin, tout simplement. La galaxie Nora Osborne est loin. Je fixe le ciel et tente d'apercevoir un bout de son soleil, mais je vois rien. Elle est là-bas, je suis ici. Avec Rowan. Rowan à qui je confie tout ça. "Je ne sais pas, Evan..." Je la regarde se redresser, et poser son menton sur ses genoux. Elle fixe le sol, et arrache machinalement les brins d'herbe qui lui tombent sous la main. L'air pensive. Comme si elle s'intéressait sincèrement à mon problème. "Tu es malheureux, sans elle. Mais parfois, j'ai l'impression que tu le serais encore plus avec elle." Je fronce les sourcils, et adopte la même position qu'elle. Je la regarde alors secouer la tête, et reprendre la parole. "Oublie, je dis n'importe quoi." Je n'ai jamais pensé à cette éventualité. Peut-être que Rowan a raison. Peut-être que Nora et moi sommes de ceux qui s'aiment sincèrement, mais qui ne sont pas faits pour être ensemble. Peut-être qu'on finirait par se déchirer, et qu'enfin, on se quitterait. Alors il faudrait se relever, réapprendre à vivre, à aimer. Je voudrais me contenter de cette hypothèse. Tourner la page. Et me dire que dans quelques temps, recroiser Nora ne me fera plus rien. Qu'elle fera partie de mon passé, qu'il n'y aura plus de regret, plus d'amour. Plus rien qu'un simple souvenir. "De toute façon, ce n'est pas comme si tu choisissais..." Je lâche un soupir, une moue s'installant sur mon visage. Et je me demande qui j'aurais choisi, si cela avait été possible. Lula, la jolie fille discrète et intelligente toujours assise au dernier rang ? La voisine de pallier, avec qui il m'arrive de parler bouquins et escapades ? Je passe en revue une grande partie des filles de mon entourage. Et il y en a aucune que j'aurais choisie. Puis mon regard se pose sur Rowan, toujours pensive, toujours ailleurs. Elle semble perdue, j'ai même l'impression qu'elle n'est plus avec moi. J'essaie de suivre son regard, mais il ne mène nulle part. Ni ici, ni ailleurs. Peut-être qu'elle en a assez. D'entendre parler de la même chose. Encore et toujours. Alors j'ai l'étrange sentiment que si Nora me rend malheureux, elle entache la vie de Rowan également. Je presse finalement ma nuque de ma main gauche, et reprends la parole. "Si je le pouvais, c'est probablement toi que je choisirais Rowan." Je souris d'un air amusé, tentant de détendre un peu l'atmosphère avec ce semblant de plaisanterie. Puis je passe une main dans mes cheveux, à nouveau. Je me sens coupable de toujours tout ramener à Nora. Et de faire subir ça à Rowan. Et même si elle est mon amie, je conçois qu'elle en ait plus qu'assez de m'entendre ressasser toujours les mêmes histoires. "Je suis désolé tu sais, de toujours parler d'elle." Silence. "Tu m'aiderais à l'oublier ? Au moins pour ce soir ?" Ce serait déjà une bien belle avancée. Mais j'ai l'impression que Rowan peut m'aider à avancer. Du moins, à faire abstraction. Je n'irais pas marcher sur la Lune, et mes pas seraient sans doute microscopiques. Mais symboliquement, ils seraient énormes. J'ai l'impression d'être un poisson n'ayant d'autre choix que d'apprendre à vivre hors de l'eau, sur la terre ferme. En plein air. Mais je dois faire face à la réalité. Je dois apprendre à vivre par moi-même. Sans Nora. Même si cette idée me semble hors de portée elle aussi. Peut-être même sur une galaxie encore plus lointaine. Je me rapproche finalement de Rowan, et m'installe juste à côté d'elle. Si bien que nous nous effleurons presque. "Tu ne m'as jamais parlé de ce qu'il se passait dans ton coeur, à toi."
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptySam 1 Fév - 16:16

Comme ça, sans crier gare, Evan venait de mettre le feu aux poudres. Dans une étincelle, il venait d'embraser son cœur, de le lancer dans une cavalcade effrénée dont elle pensa qu'elle finirait peut-être par mourir. Si de simples mots provoquaient cet effet sur elle, en elle, qu'en serait-il si un jour, elle existait pour lui ? Pas seulement en tant qu'amie, mais en tant qu'amante, en tant qu'aimante ? Il lui sembla que son pouls ne ralentirait jamais, alors qu'elle relevait la tête pour le regarder et jauger de la sincérité de ses propos. Il ne s'en rendait pas compte, sans doute, lui devait dire ça comme ça, sans faire attention, sans rien savoir de l'ouragan qu'il venait de faire naître en elle. Automatiquement, dans un réflexe de défense, elle se ferma aussitôt et secoua la tête. « Ne dis pas des trucs comme ça » répondit-elle, peut-être plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu. On ne pouvait pas dire des trucs comme ça, sur un coup de tête, sans rien en penser. C'était maladroit, et c'était douloureux. Elle avait l'impression qu'il venait de lui arracher son cœur, directement dans sa poitrine. S'il le pouvait, il l'aurait choisie elle. Mais il ne le pouvait pas, bien sûr qu'il ne le pouvait pas, comment aurait-on pu guider son cœur dans une autre direction que celle qu'il avait décidée ? Evan n'imaginait pas à quel point cette phrase, ces quelques mots balancés au hasard, pouvaient être cruels pour elle qui, au contraire, aurait bien voulu que son cœur pût choisir et qu'il la choisisse, elle. Pas Nora, elle. « Tu me choisirais jamais, même si tu pouvais le faire » ajouta-t-elle, distante, alors que son regard revenait à nouveau sur les brins d'herbe qu'elle arrachait plus violemment encore. Elle n'était pas certaine que de le dire avec une telle intensité était bien utile, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Tout ce qui touchait à Evan, et à Nora, et à Rowan au milieu de tout cela avait cette propension à la dévaster de part à en part, surtout quand il lui confiait du bout des lèvres que s'il n'y avait pas eu Nora, il y aurait peut-être eu elle. Elle se surprit à haïr plus encore qu'avant cette fille dont elle ne savait rien d'autre que ce qu'Evan pouvait bien dire. En disait-elle trop, Rowan ? Pouvait-on deviner ce qui se cachait derrière ses propos, le message implicite et triste qu'elle y glissait soigneusement ? N'importe qui d'autre l'aurait vu, sans doute, mais pas Evan. Lui, il était trop occupé à aimer sa merveilleuse Nora de toutes ses forces pour réaliser qu'à côté de lui se tenait une fille qui aurait peut-être même crevé pour lui, s'il le lui avait demandé. « Ca ne fait rien... » soupira-t-elle. Mensonge. Ca faisait quelque chose : ça faisait mal. Elle entendait son prénom à longueur de journée, lui donnant même parfois l'envie de partir loin d'Evan pour ne plus jamais avoir à l'écouter et le détester en silence. Mais elle n'en était pas capable, naturellement, trop masochiste, ou bien trop lâche, pour songer sérieusement à le faire. Son monde tournait autour de lui, beaucoup trop, et elle-même savait que c'était une mauvaise chose, que ça n'amènerait jamais rien d'autre que de la tristesse et un cœur brisé qu'il lui serait bien difficile de raccommoder même avec tout l'amour du monde. Et malgré cela, elle restait, l'écoutait parler de Nora, qui lui faisait du mal mais qu'il aimait quand même, un peu comme elle, qui aimait Evan même quand il lui faisait du mal. Et il lui en faisait beaucoup, mine de rien. « Je ne sais pas si je peux, Evan... » Elle leva de nouveau la tête pour le regarder. « Je ne suis pas sûre que tu le veuilles vraiment, de toute façon ». S'il l'avait vraiment voulu, il s'en serait donné les moyens. Il aurait commencé par arrêter de parler d'elle, se serait intéressé à d'autres filles, des filles bien, des filles comme Rowan. Elle sentit son corps se rapprocher du sien, et au lieu de lui arracher un frisson, leur position la laissa impassible. Son cœur semblait s'être enfin calmé, la surprise remplacée par la mélancolie. Ce qu'il se passait dans son cœur ? Tellement de choses que ça lui en faisait tourner la tête, parfois. Elle aimait. Elle aimait de tout son être et c'était dur, d'aimer si fort sans rien obtenir en retour. Elle avait pensé que c'était cela, l'amour, d'aimer sans condition, sans attente, sans réciprocité. Que l'on n'aimait pas que lorsqu'on aimait sans rien dire, mais elle n'en était plus si sûre, à présent. Il se passait des tempêtes, des colères, des doutes, des peurs, des peines, dans son cœur malmené. « Parce qu'il ne s'y passe rien d'intéressant... » soupira-t-elle encore. Elle hésita, pendant un bref, très bref instant, à lui avouer la vérité. Peut-être que cela lui ouvrirait les yeux, peut-être que ça remettrait en question Nora, si elle lui disait qu'elle l'aimait si fort qu'elle était certaine de pouvoir panser toutes ses plaies. Mais elle ne le fit pas, finalement. A quoi bon, songea-t-elle. Il était difficile de vivre en sachant qu'on n'était pas aimée en retour, il était encore plus difficile de vivre en l'entendant de vive voix. « Je crois que je suis amoureuse de quelqu'un, mais qu'il n'en a pas la moindre idée. Alors je l'aime de loin et je me dis que si je pouvais, je voudrais bien aimer quelqu'un d'autre. »
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyVen 7 Fév - 23:16

"Ne dis pas des trucs comme ça." Je la regarde, sans réellement comprendre où elle veut en venir. J'ai l'impression d'avoir dit quelque chose de moralement incorrect. Pourtant il n'en est rien. "Tu me choisirais jamais, même si tu pouvais le faire." J'ai soudain l'impression que Rowan manque cruellement de confiance en elle. Comme si, derrière les apparences, se cachait une fille pleine de doutes. Je suis son regard, qui fixe le sol. Voilà qu'elle se met à arracher l'herbe avec plus de vivacité, comme si elle était mal à l'aise. J'ai la sensation que c'est entièrement de ma faute. Si je n'avais pas dit ça, elle n'aurait peut-être pas été dans cet état-là. Alors je reste silencieux. Il n'y a plus que le bruit des brins d'herbe qui se cassent, pour finir jetés un peu plus loin. "Ca ne fait rien..." Son soupir s'échoue juste là, devant moi. Je presse mes mains l'une contre l'autre, un peu nerveux. À vrai dire, je n'ai jamais vu Rowan comme ça. Et ça me déstabilise. Je ne sais pas ce que je peux faire pour lui changer les idées. Pour revenir en arrière. Faire en sorte qu'elle reprenne confiance en elle, qu'elle se remette à sourire. Comme elle sait si bien le faire. Alors, j'attrape ses mains dans les miennes. "Je crois que tu as assez torturé le gazon pour ce soir." Je lui lance finalement un sourire. "Et non, ça ne fait pas rien. Tu es une fille incroyable Rowan. Alors bien sûr que si je le pouvais, c'est toi que je choisirais." Je me rends alors compte que ses mains sont toujours prisonnières des miennes, et finis par les relâcher. J'espère rester en contact avec Rowan, même après l'université. Je veux être là le jour de son mariage. Je veux être là pour pouvoir lui dire "tu vois, ce type là t'as choisie, et il a de la chance parce qu'un peu plus, ça aurait été moi", et lui lancer un clin d'oeil taquin. Je me demande alors s'il y aura quelqu'un pour m'accompagner au mariage de Rowan. Quelqu'un pour partager ma vie. Peut-être Nora, si Emrys change un jour. Et si ce n'est pas elle, alors je ne veux pas savoir. Je ne veux même pas imaginer, ou me faire à l'idée. J'ai peur de renoncer à elle. Et peur de tout ce qui va avec. La perte de vue après la fac si l'un trouve du boulot à l'autre bout du monde. Peur de tomber amoureux d'une autre. Ou de ne pas tomber amoureux d'une autre. De n'aimer que Nora. Pour toujours, et à jamais. Mes yeux se relèvent alors vers Rowan. "Je ne sais pas si je peux, Evan... (…) Je ne suis pas sûre que tu le veuilles vraiment, de toute façon." Mes sourcils se froncent. Je ne comprends pas pourquoi elle dit ça. Peut-être parce que depuis tout ce temps, je n'ai fait que de parler de Nora, sans chercher à voir dans son coeur à elle. J'ai alors le sentiment de m'y être mal pris avec Rowan. De ne pas avoir fait assez attention à elle. Je pose mon regard sur le visage de mon amie. J'ai l'impression d'assister à l'extinction d'une étoile. Comme si la lumière qui se dégageait de Rowan d'habitude était en train de s'épuiser. "Parce qu'il ne s'y passe rien d'intéressant..." J'ai plutôt la sensation inverse. Comme s'il s'y passait un tas de choses dont j'avais ignoré l'existence jusque là. Parce que l'amour rend aveugle. Ce dicton est trop bien connu, et complètement ridicule. Pourtant, je me rends compte qu'il dit vrai. Nora m'aveugle depuis longtemps. Je ne vois qu'elle, ne pense qu'à elle. Si bien que les soucis de Rowan m'ont toujours échappé. Je ne la quitte pas des yeux, attendant qu'elle me confie ses malheurs, ou qu'elle ne le fasse finalement pas. Elle semble hésiter. Et je peux la comprendre. Se confier n'est jamais facile. "Je crois que je suis amoureuse de quelqu'un, mais qu'il n'en a pas la moindre idée. Alors je l'aime de loin et je me dis que si je pouvais, je voudrais bien aimer quelqu'un d'autre." Alors c'est ça. Ce qui se cache dans le coeur de Rowan. Elle aussi aimerait bien aimer quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ne la fasse pas souffrir. Nous vivons presque la même chose. Je soupire, par tristesse et compassion. Rowan mérite tellement mieux. Mieux qu'aimer un imbécile incapable de s'en rendre compte. Je pourrais lui demander de qui il s'agit, pour ensuite aller lui toucher deux mots. Lui dire qu'il est en train de passer à côté d'une fille qui ne l'attendra pas éternellement. Mais je me tais. Je pense que nous avons déjà suffisamment parlé de ça. Et puis c'est à Rowan de se confier, d'elle-même. Et non à moi de la questionner. "Tu sais ce qu'on devrait faire ? On devrait hurler. Hurler pour laisser échapper tous ces trucs que l'on garde au fond nous." Alors je me relève finalement, inspire profondément, et me mets à hurler de toutes mes forces. "Bordel de merde !" Tant pis s'il est tard. Et tant pis si certains dorment. J'ai l'impression de me sentir plus léger. Alors, à nouveau, j'inspire profondément pour hurler encore plus fort que la première fois. "Rowan et Evan !" Je me mets alors à rire légèrement. J'ai sans doute l'air d'un idiot à qu'il manque des cases, mais je me fous de ce qu'on peut bien penser de moi. Je baisse finalement ma tête vers Rowan, et lui tends la main, pour l'aider à se relever. "À toi."
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyMar 11 Fév - 21:39

( Certaines tombent amoureuses, c'est pur, ça les élève. Moi, je tombais amoureuse comme on tombe d'une chaise. )
Sa remarque sur le gazon eut au moins le mérite de la faire s'arrêter net alors qu'elle s'apprêtait à arracher, encore et encore, aussi violemment qu'Evan arrachait encore son cœur de sa poitrine chaque fois qu'il parlait de Nora. Et il ne s'en rendait pas compte, jamais, ne voyait pas que tout ce qu'elle faisait, c'était pour lui, parfois même à cause de lui. Que si elle malmenait le gazon, c'était uniquement sa faute. Elle ne prit pas même pas la peine de poser les yeux sur lui, se contentant de frotter ses mains l'une contre l'autre. Et il répéta, encore cette rengaine qui devenait finalement insupportable. Il la choisirait s'il le pouvait. A quoi bon le lui dire, puisque choisir n'était pas dans ses capacités ? Puisque, de toute façon, il n'y en aurait jamais que pour Nora dans sa tête et dans son cœur ? « C'est peut-être le problème. Tellement incroyable qu'il n'y en a même pas un pour me remarquer. » Elle eut un sourire triste. Il n'y a même pas toi pour me remarquer, aurait-elle voulu dire, mais ce n'était pas le bon moment, pas le bon endroit, peut-être même pas la bonne vie. Alors elle ne dit rien, resta sur ses dernières paroles. Tellement incroyable, tu parles. Ses mots ressemblaient à ceux d'une mauvaise scène d'une encore plus mauvaise série télé, des mots si prévisibles qu'ils finissaient par sonner faux. Si elle était si incroyable, alors pourquoi est-ce qu'il restait là, à penser à Nora ? Si elle était si incroyable, pourquoi lui ne l'aimait pas ? C'était con, quand même. Il le voyait, et c'était comme si tout cela lui passait au-dessus. Une amie incroyable à ses yeux, sans doute. Elle ne serait jamais que ça, de toute façon. Alors il aurait pu tout aussi bien pu se passer de l'adjectif, du compliment tout entier. « J'aurais pas aimé être un choix par défaut. J'aurais pas voulu que tu me choisisses moi parce que tu pouvais pas choisir Nora, tu vois. » C'est parti tout seul, elle n'a pas pu les retenir, ces mots teintés d'amertume. Et elle sait qu'il ne comprendra pas, qu'il ne verra rien, comme toujours, puisqu'Evan est devenu aveugle de trop aimer. Chaque mot qu'elle glissait, chaque allusion qui s'insinuait dans ses propos, tout semblait couler sur lui sans jamais l'atteindre. Verrait-il jamais la réalité ? Se rendrait-il un jour compte que pour Rowan, évoquer une autre était aussi douloureux que de verser du sel sur une écorchure ? Que ça piquait, brûlait, détruisait les morceaux de chair ? Parfois, elle le pensait égoïste, trop obnubilé par ses propres malheurs pour réaliser le mal qu'il pouvait faire autour de lui. Le mal qu'il lui faisait à elle, au moins. Elle était lasse, Rowan, lasse de le savoir triste mais de partir malgré tout à la recherche du chagrin chaque fois que l'occasion lui en était donnée. Ne pouvait-il pas se contenter, une fois, juste une, de choisir le chemin le plus simple, le plus court, le plus agréable ? Depuis quand étaient-ils tous devenus masochistes, à n'aimer que ceux qui leur faisaient du mal ? C'était à croire que l'on ne pouvait plus aimer sans souffrir, que l'on n'acceptait l'amour qu'à condition d'avoir été détruit dans le processus, comme si la force des sentiments se mesurait au nombre de larmes versées. Et voilà qu'elle se trouvait là, à se confier à demi-mots, à lui en dire plus en trois phrases qu'elle n'aurait pu lui dire en quatre heures si elle en avait eu l'opportunité. Et même cela, il ne le voyait bien. Pire, il pensait même lui venir en aide, en lui proposait de hurler pour se décharger de la colère. Et il le fit. Elle l'observa, silencieuse, non sans sourire au moins un peu, même si le cœur n'y était pas et que le tout lui donnait l'air de se forcer. Elle le regarda faire, mais lorsque son tour vint, qu'il lui tendit la main et qu'elle la saisit pour se relever, elle secoua la tête. « Je suis pas en colère Evan. J'ai juste mal. Hurler ça changerait rien à ça. » Elle lui adressa une moue triste, puisque cela semblait être la seule qu'elle était capable de lui adresser ce soir. Ils étaient pourtant si bien partis, à contempler les étoiles. A quel moment s'étaient-ils perdus en chemin ? Pourquoi le simple fait d'évoquer son prénom suffisait à rendre chaque moment passé ensemble soudain plus dur, plus amer ? Ne savaient-ils pas être heureux, tous, se satisfaire à eux-mêmes, profiter des rares moments de quiétude que la vie leur offrait au milieu du tumulte quotidien. « J'ai pas envie de t'aider à l'oublier ce soir, parce que tu vois, moi, y a personne pour m'aider à oublier le bordel dans mon propre cœur. » Aveu à moitié voilé de l'égoïsme d'Evan, et elle se haïssait presque de le penser. « Tu veux mon conseil ? Si t'arrêtais de penser à elle, ce serait plus simple de l'oublier. » Et si elle savait qu'elle enfonçait une porte ouverte, le simple fait de le dire à voix haute lui faisait du bien. « Et si t'arrêtais d'en parler, aussi. Parce que parfois, j'ai envie de parler d'autre chose. Du temps qu'il fait, des gens qu'on rencontre, peut-être même des cours. Parfois, je voudrais bien que le temps qu'on passe ensemble, on le passe pas à parler de Nora. »
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MessageSujet: Re: there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) there's a hole in my soul, can you fill it ? (revan) EmptyLun 24 Fév - 22:41

"C'est peut-être le problème. Tellement incroyable qu'il n'y en a même pas un pour me remarquer." Il y a ce sourire triste, sur le visage de Rowan. Ce sourire au goût amer. C'est comme si je la découvrais pour la première fois. J'ai l'impression d'être face à un tableau qui a pris la pluie. Le visage de Rowan dégouline. Ses traits semblent tristes. Ses yeux noyés, son sourire éteint. C'est comme si je découvrais la face cachée de la Lune. Celle qui reste au froid, et que le soleil n'éclaire pas. Alors c'est ça. Il y a Rowan en plein jour. Celle que tout le monde connait. Celle que je connais. La jolie fille souriante, qui semble tout avoir pour elle. Puis il y a la fille de l'ombre. Celle au coeur blessé, et que je n'avais encore jamais croisée jusqu'à présent. Ou alors, peut-être que je n'ai jamais bien regardé. Peut-être qu'elle était là tout ce temps, et que je ne l'ai jamais vue. "J'aurais pas aimé être un choix par défaut. J'aurais pas voulu que tu me choisisses moi parce que tu pouvais pas choisir Nora, tu vois." Je baisse la tête, me sentant finalement embarrassé. J'ai l'impression d'être pris au piège dans un sable mouvant. Comme si, quoi que je dise, quoi que je fasse, je ne pouvais en sortir. Comme si je m'y enfonçais toujours plus. Alors je me tais. Je ne dis rien. J'ai peur que ma maladresse la renverse encore. Peur de dire des paroles qu'elle pourrait interpréter différemment, ou juste comprendre différemment. Qu'aurais-je pu dire de toute façon ? Que si ça avait été de mon ressort, elle n'aurait pas été un choix par défaut mais qu'elle aurait été mon premier choix ? Ça rime à rien. Premièrement parce Rowan et moi ne sommes qu'amis. Et deuxièmement, parce qu'avec des si, on pourrait refaire le monde. Et parce qu'il y a Nora. Il y aura toujours Nora. Elle n'est pas un choix. Elle est une évidence. Une fatalité. Le centre de mon univers. Et ça ne devrait pas être le cas, j'en suis bien conscient. Nora ne devrait pas m'aveugler. Elle devrait pouvoir être là oui, mais pas à ce point. Je devrais pouvoir la chasser de mon esprit. Me résoudre à l'idée qu'elle ne sera jamais pour moi. Et surtout, je devrais pouvoir voir Rowan. La voir toute entière. Rowan qui attrape finalement ma main pour se relever. Va-t'elle hurler, comme je viens de le faire ? "Je suis pas en colère Evan. J'ai juste mal. Hurler ça changerait rien à ça." Une moue triste se dessine sur son visage. Le tableau a pris l'eau. Il est irrécupérable. Qu'est-ce que je peux faire alors ? L'essorer ? L'abriter ? J'en sais rien. Alors je fais rien. Je reste là. Passif. Je suis un bon à rien avec Rowan. Je ne la vois pas. Je ne sais pas comment m'y prendre pour la consoler. Je n'ai fait que de lui parler de Nora. Qu'importe le jour, qu'importe l'heure. Nora a toujours été dans nos sujets de conversation. Comme un virus omniprésent dans notre amitié. "J'ai pas envie de t'aider à l'oublier ce soir, parce que tu vois, moi, y a personne pour m'aider à oublier le bordel dans mon propre cœur." Personne. Pas même moi. Son ami. "Tu veux mon conseil ? Si t'arrêtais de penser à elle, ce serait plus simple de l'oublier. (…) Et si t'arrêtais d'en parler, aussi. Parce que parfois, j'ai envie de parler d'autre chose. Du temps qu'il fait, des gens qu'on rencontre, peut-être même des cours. Parfois, je voudrais bien que le temps qu'on passe ensemble, on le passe pas à parler de Nora." Touché, coulé. Elle a raison. Et je sens bien que cela sonne comme un reproche. Un reproche justifié. Je n'ai été qu'un ami raté. Raté et égoïste. Je passe une main dans mes cheveux, avant de sortir mon paquet de clopes de ma poche, et de m'en allumer une. Elle me détend un peu, mais pas suffisamment. Je me sens toujours aussi con. Aussi coupable. Aussi égoïste. Et quand mes yeux se posent sur le visage triste de Rowan, j'ai l'impression d'en être l'unique responsable. "Je suis désolé Rowan. Et tu as complètement raison. On ne parlera plus de Nora." Je recrache un nuage de fumée, et lève à nouveau mon regard vers le ciel. Vers les étoiles, nos étoiles. "J'ai été terriblement égoïste…" Pire que ça. L'égoïsme m'a rendu aveugle. Je sais même pas comment j'en suis arrivé là. Et si j'étais passé à côté de choses importantes ? Et si j'avais loupé la chance de ma vie en concentrant mon esprit sur Nora ? Il faut que j'ouvre les yeux à nouveau. Que j'apprenne à voir toutes ces choses que j'ai pu louper. Je coince finalement ma cigarette entre mes lèvres, et attrape les deux mains de Rowan dans les miennes. "Je veux t'aider à oublier le bordel dans ton coeur Rowan. Est-ce que tu penses que je peux le faire ?"
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