looks like a girl but she's a flame (jake)

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Encore nouvelle à San Francisco, Shelley prenait lentement ses marques dans cette ville qu'elle ne connaissait encore pas assez bien. Alors qu'elle avait quitté Los Angeles sur un coup de tête, elle devait prendre de nouveau ses marques, ce qui s'annonçait plutôt difficile. Loin d'être seule, elle avait retrouvé pour son plus grand bonheur ses cousins Jorden et Zadig, avec qui la jeune femme entretenait de très bonnes relations. Mais sa motivation première était de retrouver son demi-frère et de faire enfin sa connaissance. S'il arrivait à s'entendre avec Eileen, son horrible cousine, elle espérait bien que ce soit pareil avec elle. Cela faisait déjà plusieurs jours que la rentrée avait eu lieu, mais elle n'avait pas encore eu le courage d'aller à sa rencontre. Sans savoir la raison de ce sentiment, ce Wren l'intimidait. Il avait l'air d'être si... différent des autres Rosenbach et se retrouver face à l'inconnu l'angoissait un petit peu. Elle avait toujours connu le reste des membres de sa famille, alors cette fois-ci, c'était un peu plus délicat. Mais ce jour-là, elle n'allait pas avoir le temps de penser à toutes ces histoires, puisque son ami Nael avait prévu tout un tas de choses pour eux. Fraîchement débarquée à Berkeley, il fallait bien qu'elle goûte à leurs fameuses soirées étudiantes. N'étant pas une grande fan des soirées de débauche, à boire jusqu'à ne plus s'en souvenir, elle se laissa tout de même entraîner. Une soirée ne lui ferait pas de mal, après tout. Mais rapidement, elle prit une toute autre tournure. Quelques verres plus tard, sa mémoire lui fit défaut. « L'adresse de Jake. » L'interrompant dans sa conversation, Nael se tourna vers Shelley, un petit sourire en coin. « S'il-te-plaît ! » finit-elle par ajouter tout en roulant des yeux. Elle préférait éviter l'étape des explications, sauf si ce dernier était déjà au courant de toute cette histoire, pour rejoindre son appartement le plus vite possible. Elle semblait avoir passé la nuit entière chez Jake, sans même pouvoir en expliquer la raison. Au réveil, elle s'était contentée de lui hurler dessus comme jamais et de rassembler ses affaires avant de s'en aller. Il ne lui fallut que très peu de temps avant de dévaler les escaliers et emprunter un taxi. Elle n'avait pas jugé bon de retenir ce coin de la ville, persuadée qu'elle n'y remettrait jamais les pieds. Et pourtant, elle n'avait pas d'autre moyen que de s'y rendre à nouveau, dans le but de récupérer ce qu'elle avait oublié : son portable. Accessoire indispensable dans la vie de la jeune femme, il lui était presque difficile de s'en passer. Dans de rares cas, il lui arrivait donc de s'en séparer. Il finit par cracher le morceau. Enfin, se disait-elle, avant de repartir en dehors du campus pour mener à bien sa tâche. Devant l'appartement, elle leva les yeux vers le ciel, l'observant dans les moindres détails. L'idée d'avoir passé ne serait-ce qu'une nuit dans cet endroit allait réussir à la dégoûter. Mais ses pensées paranoïaques reprirent rapidement le dessus, la poussant à retourner à l'intérieur. La dernière fois avant longtemps, voir jamais, se plaisait-elle à croire. Finalement, Shelley ne connaissait pas vraiment Jake. Il n'était qu'un ami de Nael et c'était probablement la raison pour laquelle ils finirent la soirée ensemble. Elle n'avait retenu que son prénom, ce qui était plutôt remarquable pour celle qui se fichait du monde entier. Du moins presque. Si elle venait à apprendre qu'il avait fouillé dans ses messages, ou ne serait-ce lui que le plus insignifiant d'entre eux, il passerait un sale quart d'heure. Encore pire que le réveil à ses côtés agrémentés de cris stridents et de paroles accusatrices. « C'est parti ! » lança-t-elle pour s'encourager. Dieu seul savait ce qu'elle allait trouver dans cet appartement. Arrivée devant la porte, elle n'avait plus qu'à chercher la clé, qui d'après elle ne devait pas être bien loin. A défaut de pot de fleurs dans les environs, elle avait finalement levé le paillasson, très peu convaincue par cette démarche. Lorsqu'elle aperçut ce qui allait lui offrir une entrée directe dans ce studio, elle laissa échapper un léger rire. C'était presque cadeau. Elle n'imaginait pas Jake capable de la cacher à un endroit comme celui-ci, si évident et facile à découvrir. Enfin, elle n'allait pas non plus s'en plaindre. Shelley avait au moins gagné une bonne dizaine de minutes. Elle n'avait plus qu'à espérer que celui-ci ne débarque en pleine recherche. Dans le cas contraire, elle avait une bonne excuse, alors tout irait bien. La porte ouverte, elle resta un temps à observer l'intérieur. Dans ses vagues souvenirs, c'était beaucoup plus grand. C'était probablement dû à ce mauvais mal de crâne, vestige de la soirée passée, qui l'empêchait d'avoir un jugement correct. Ayant repéré une petite chaise parmi tout ce boucan, elle écarta du bout des doigts ce qu'il s'y trouvait pour y déposer son sac. Maintenant débarrassée, elle pouvait pleinement se donner à son activité de la journée. Jake n'allait sûrement pas remarqué son passage, tant le lieu était déjà en désordre. Elle allait se contenter de retourner un peu plus l'appartement jusqu'à ce qu'elle ne retrouve enfin son portable. Des pas se firent alors entendre. Avec un peu de chance, c'était le voisin. Ils se rapprochèrent un peu plus, jusqu'à s'arrêter au pas de la porte. « Jake ! » dit-elle, lisant aisément la surprise sur le visage de ce dernier. Il ne devait pas s'attendre à recevoir de la visite, et encore moins celle de Shelley. Retournant alors à son occupation, elle n'accordait que très peu d'importance au propriétaire des lieux. Elle n'avait pas de temps à perdre et avait même hâte de s'en aller. Poussant un long soupir, elle se tourna de nouveau vers lui. « Où est-il ? » demanda-t-elle d'une voix calme. Elle ne voulait pas non plus l'agresser. Sa patience avait cependant des limites, et celles-ci n'allaient pas tarder à être atteintes. « Ça doit faire au moins dix bonnes minutes que je cherche ce portable, toujours rien ! » Pas de bonjour, ou quelconque formule de politesse. Elle ne voulait pas l'importuner plus longtemps, consciente que sa présence ici n'était pas voulu. Plus vite il lui dirait où le trouver, plus vite elle le laisserait tranquille. Les bras croisés et les yeux plantés dans les siens, elle attendait une réponse, celle qui la mènerait loin, très loin d'ici.

Spoiler:

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C'est la seule solution, avancer pas à pas.
Et quand on s'obstine à mettre un pied devant l'autre, on finit toujours par arriver quelque part.

Face à sa porte entrouverte, Jake se posait des questions. Il se demandait si on était entré par effraction. Il se demandait si le coupable était toujours dans son appartement. Déjà, il comprenait que cela ne pouvait pas être Mackenzie. Elle avait sa propre clé et elle prendrait le soin de claquer la porte après son entrée. Soulevant donc le paillasson qui se trouvait sous ses pieds, il réalisait sa perte. Quelle connerie aussi de la cacher à cet endroit ! Tout le monde regardait les films, tout le monde était au courant que la première cachette à laquelle on penserait, serait celle-là. Jake ne pouvait donc que s’en vouloir. Il était le seul responsable de son inconscience. Alors, c’est à cet instant, qu’il prenait une grande réflexion. Est-ce qu’il rentrait sans savoir qui était là, du moins s’il y avait encore quelqu’un ? Il n’avait aucune idée sur l’identité de la personne qui était entré chez lui. En vérité, avec le quartier qui l’entourait, ça ne pouvait être n’importe qui. Faisant deux pas en arrière pour réfléchir et en essayant de faire le minimum de bruit, il regardait autour de lui. A part, un parapluie, il n’y avait rien d’autre pour se défendre, pour essayer d’assurer sa sécurité. Néanmoins, on fait avec ce que l’on a. Le jeune homme s’avançait vers celui-ci pour s’en munir et il respirait un grand coup avant de pénétrer dans son appartement. De quoi avait-il peur ? De trouver un clochard dans son canapé et surtout armé d’un couteau ou d’une arme. On était aux Etats-Unis, ça devenait limite commun d’avoir un revolver dans son sac à main ou dans la poche de sa veste. Passant sa tête en premier, le jeune homme s’avançait sur la pointe des pieds. Il ne voyait personne aux premiers abords, puis il s’avançait davantage. Il fermait la porte derrière lui et remarquait cette chevelure blonde. Etrangement, il aurait pu la reconnaitre entre mille. Shelley et ses boucles parfaitement dessinées, cette silhouette et ce parfum qu’elle portait. Il souriait. Face à cet étonnement, Jake redescendait de trois étages. La pression disparaissait et le plaisir se lisait dans son regard. Il n’aurait pas imaginé la voir aussi rapidement. Surtout en se souvenant de quelle manière, elle avait quitté son appartement la première fois. Shelley était en colère. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait passé la nuit ici et surtout avec lui. Cependant, Jake lui avait peut-être été d’une grande aide, ce soir-là. Il avait surement évité qu’elle rencontre le chemin d’une mauvaise personne, qu’elle se fasse agresser ou bien pire. Bien sûr, si ça se trouvait, elle serait rentrée chez elle sans une égratignure. Mais, étrangement, le jeune homme n’avait pas été prêt à se faire à cette idée, à prendre ce risque. Il avait préféré prendre l’initiative de la ramener, que de la laisser dans ce bar et surtout mal entourée. Donc, il s’en foutait largement d’avoir été jugé rapidement, d’avoir été ce gars qu’elle n’avait même pas regardé. En même temps, Jake n’avait pas beaucoup de choses pour lui. Il était un jeune homme très joviale, très vivant et souvent sans limite. Des qualités qui pouvaient très rapidement devenir des défauts, lorsque l’on n’avait aucun contrôle dessus. Il semblerait en plus de ces détails, que la jeune femme appréciait les belles choses, l’argent, les cadeaux, le luxe généralement. Un confort qu’il ne serait jamais capable de lui offrir, même s’il le voulait. Quand on vient d’un milieu, comme celui de Jake, on se fait à cette idée. Il y a des raisons si nos parents travaillaient durs, s’ils rentraient tard et étaient souvent fatigués. Il le savait et il en avait pris conscience à Londres, quand il s’était retrouvé dans la rue, les poches vides et le cœur lourd. En effet, le jeune homme s’était fait ses propres leçons. Après avoir économisé pour quitter l’Australie, il n’avait pas su se raisonner et il avait dépensé son dernier sous en moins de trois mois. Il se faisait donc une raison quand il rencontrait des filles comme cette Shelley. Il se rendait à l’évidence et en aucun cas, il ne lui en voulait. On ne peut pas partager les mêmes objectifs, les mêmes délires quand nos mondes nous opposent. Il la regardait donc faire, c’était étonnant, on aurait dit qu’elle était presque chez elle. A l’aise, elle avait retourné la moitié des vêtements, des papiers, des déchets qui se trouvaient dans la pièce. « Shelley. Tu vas bien ? Est-ce que tu veux de l’aide ? » ajoutait-il, tout en s’appuyant dans l’entre porte. Il la regardait agir et secrètement, il savait ce qu’elle avait égaré. Car quelques heures après son départ, Jake l’avait trouvé. Il avait entendu ce portable vibré et il s’était dit qu’elle viendrait le chercher. D’ailleurs, c’était peut-être la dernière chance qu’il l’aurait de croiser son regard, d’attirer son attention. De plus, avec la photo qui se trouvait sur l’écran, ça ne pouvait que lui appartenir. Maintenant, en toute honnêteté, il ne l’avait pas fouillé. Ce n’était pas ses affaires et il ne pouvait pas autant lui manquer de respect. Même si l’idée lui avait déjà traversé l’esprit. Il ne l’avait pas fait. Il s’était retenu. « Tu aurais oublié quelque chose l’autre nuit ? Car si c’est une petite culotte que tu cherches, j’en ai quelques-unes dans le tiroir là-haut. » répliquait-il avec son air ironique. Quoi, on ne sait jamais, peut-être que le jour de leur rencontre, la jeune femme portait sa culotte porte bonheur et qu’elle l’avait égarée. En tout cas, il s’imaginait toutes les possibilités pour la déstabiliser. Et il comprit directement que Shelley n’était pas venue sans une idée précise sur l’objet qu’elle avait oublié, égaré. Mademoiselle cherchait son portable. Elle ne pouvait pas vivre sans, comme la plus part des jeunes de notre époque. C’était un besoin, un geste quotidien d’envoyer un texto, de passer quelques coups de fil pour raconter les derniers ragots. Cependant, Jake était d’humeur taquine et il souhaitait encore profiter de sa présence. Pour cette raison, il ne se décidait pas à lui rendre sur un plateau d’argent. Shelley allait devoir mériter son portable. Elle allait devoir faire preuve de patience et de gentillesse, pour changer. « Au fait, qui t’a donné l’autorisation d’entrer ? Parce que si c’est moi, je dois avoir la mémoire qui me fait défaut. » Ignorant sa dernière remarque, Jake lançait la discussion. Il souhaitait obtenir des réponses et surtout une fois, sève, il souhaite constater la réelle personnalité de la jeune femme. Est-ce qu’elle était réellement ce petit bout de femme aigri qu’il avait croisé le matin après leur soirée ? Est-ce qu’elle prenait réellement un ton supérieur pour lui parler ? Est-ce qu’elle était toutes ces impressions qu’il avait vues, la dernière fois. Des défauts qui pouvaient tout de même lui plaire mais, très rapidement l’irriter. Le jeune homme n’en savait encore rien mais, il était bien décidé à la cerner, à voir ce qu’elle pouvait cacher derrière ses yeux magnifiques. Il était curieux. Il était maladroit. C’était Jake, ce grand mec qui se la jouait intouchable.

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Bien concentrée sur sa mission de la journée, Shelley se retrouvait face à Jake, rentré bien plus tôt qu'elle ne l'avait prévu. Elle espérait venir, récupérer son bien et repartir comme si rien ne s'était passé, mais visiblement, ça n'allait pas être le cas. En rien dérangée par le jeune homme, elle continuait ses recherches, écoutant d'une oreille très peu attentive ce qu'il lui disait. Comment pouvait-elle perdre un portable dans un si petit endroit ? Chez elle, ça ne lui arrivait pratiquement jamais. Un peu maniaque sur les bords, Shelley ne laissait jamais rien passer. Elle aimait bien quand tout était à sa place, rangé, carré, sans débordements. Il lui est même arrivé plusieurs fois de repasser derrière les employés de maison, observant chacun de leurs faits et gestes dans son coin, attendant qu'une petite erreur ne se glisse dans son travail. Même si on peut juger ce genre de comportement comme étant extrême, c'était tout à fait normal selon la jeune femme. Il faut avouer que vivre dans un environnement comme celui qu'elle exigeait se révélait bien plus agréable que de passer ses journées dans une porcherie. Elle avait besoin de vivre dans un environnement propre, sans quoi elle se retrouvait facilement déstabilisée. Et c'était le cas à ce moment-même. Elle n'avait même pas remarqué le petit sourire qu'il affichait, et qui l'agacerait probablement lorsqu'elle s'en rendra compte. « Mieux quand j'aurais récupéré mes affaires. » Légèrement agacée, elle n'aurait pas besoin de son aide puisqu'elle retrouverait très rapidement son portable. Un futur qu'elle espère très proche, pour pouvoir vaquer à des occupations bien plus intéressantes que celle-ci. Elle imagine déjà le nombre d'appels manqués et de sms sans réponses. Jules allait probablement devenir folle, d'autant plus qu'elle avait omis de lui préciser ce détail. Sûrement parce qu'elle était la meilleure amie de Garrett, qui se trouve être le frère de Jake. Alors elle n'avait sûrement pas envie de lui dire qu'elle avait passé la nuit chez lui, et pire, qu'elle ne se souvenait de rien. Elle qui n'avait pourtant pas l'habitude d'abuser de l'alcool, elle avait fait son stock pour le mois à venir. « Et non, je m'en sors très bien seule. » Ou la phrase qu'elle prononça plus pour se convaincre elle que le Fitzgerald. Vacillant sur ses chaussures à talons et les yeux rivés sur le sol, elle faisait son maximum pour ne pas écraser ce qu'il y avait sur son passage ou bien se heurter contre un meuble. Il ne manquerait plus qu'elle se fasse mal tiens. Arrivée à niveau des tiroirs, elle prenait soin de bouger ce qu'il s'y trouvait avec la pointe de ses doigts. Elle ne connaissait pas Jake. Elle avait juste eu l'occasion de l'apercevoir à Berkeley, mais aussi avec Nael. Quelques chaussettes, des affaires et ô grande surprise, de la lingerie féminine. Une légère grimace sur son visage, elle laissa quelques secondes ses yeux parcourir le contenu avant de le refermer d'un coup de main. Heureusement pour elle, Shelley était repartie avec sa culotte ce matin-là. « J'ai vu ça... » dit-elle dégoûtée. Il y en avait quand même une belle collection là-dedans. Elle n'osait même pas imaginer tout ce qui avait pu se passer dans cet appartement, et encore moins dans le lit. Elle secoua la tête pour effacer toutes ces images désagréables qui s'étaient immiscées dans son esprit sans même le contrôler. « Contrairement à toutes ces femmes, j'ai bien plus de fierté. » ajouta-t-elle avec un petit sourire poli aux lèvres. Il lui arrivait d'être parfois trop exigeante, mais un homme allait forcément être capable de la supporter un jour. Encore faut-il qu'elle se laisse approcher par cette personne en question. Après plusieurs minutes de recherches infructueuses, elle poussa un long soupir avant de lui demander ce qui semblait être de l'aide. Rangeant alors sa fierté de côté le temps de quelques secondes – pas plus, ou du moins elle l'espérait – elle attendait une réponse de ce dernier. Son regard dans le sien, il ne semblait pourtant pas décidé à lui donner ce qu'elle désirait. Ce qu'elle comprit immédiatement lorsqu'il changea totalement de sujet. Levant les yeux au ciel, elle avait porté une main sur son front avant de lancer un regard rapide sur la pièce. Il devait bien se trouver quelque part. « En même temps, quelle idée de cacher sa clef sous le paillasson ! » S'il voulait retrouver des inconnus squatter son appartement, ou bien vider la moitié de son contenu, c'était la solution parfaite. La prochaine fois, il devra songer à un endroit bien plus difficile d'accès, sans quoi les conséquences seront bien plus grave qu'une Shelley débarquée à l'improviste. « Alors quand je l'ai trouvée, j'ai pris ça pour une invitation ! » Histoire inventée de toute pièce, bien évidemment, mais au final elle n'avait pas tort. Il aurait du y réfléchir à deux fois avant de penser à cette merveilleuse cachette. « J'espère que ça ne te dérange pas. » Et même si ça avait été le cas, elle s'en ficherait de toutes façons. Il l'avait vu dans son plus mauvais jour ce matin-là, et il ne savait pas encore à quoi s'attendre avec une fille de son genre. Quand Shelley voulait obtenir quelque chose, elle l'avait dans la grande majorité des cas. Probablement parce qu'elle avait grandi dans cette famille, les Rosenbach, dont la richesse n'était plus à préciser. Choyée et gâtée, elle avait tout ce qu'elle désirait, si bien que la patience n'était sûrement pas une de ses vertus. Et si elle ne mettait pas la main sur ce gadget rapidement, elle ne tarderait pas à se montrer bien plus désagréable. Elle se dirigea finalement vers la chaise où elle avait déposé son sac à son arrivée. Elle avait repéré quelques étagères là-bas et elle avait besoin de quoi se surélever. Alors qu'elle sentait le regard de Jake la suivre, elle se tourna de nouveau vers lui. « Un problème ? » Elle n'allait pas tarder à explorer les dessus de ses meubles et prendre son courage à deux mains pour survivre à ce qu'elle allait bien y trouver. Traînant la chaise vers l'autre bout de la pièce, elle n'avait pas l'envie de la soulever pour faire moins de bruit. Même si la force était bien là, évidemment. Shelley était une de ces jeunes femmes qui accordaient une importance capitale à son apparence. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait pratiqué l'athlétisme pendant plusieurs années lorsqu'elle vivait encore à Los Angeles. C'était sa manière à elle de lui rappeler qu'elle était bel et bien là, dans son appartement, et qu'elle ne partirait avant d'avoir obtenu ce qu'elle désirait.

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Qu’est-ce qu’elle avait mangé ? Un lion. Une lionne. Jake n’en avait pas la moindre idée. Il pouvait simplement constater que Shelley n’était pas d’humeur à plaisanter. Elle était venue ici avec un but précis et en aucun cas pour prendre de ses nouvelles. Le jeune homme devait se faire une raison, il y a toujours quelque chose qui cloche, quand il s’attarde sur une silhouette, sur une demoiselle. Le problème de notre jeune femme ? Elle devait avoir subis des graves violences mentales dans une vie antérieure. Elle en voulait à Jake. Elle lui en voulait de l’avoir aidé. Il n’y avait pas d’autre explication. Peut-être qu’il devait lui apprendre à peser le pour et le contre de chaque situation. Si elle était restée là, la demoiselle aurait pu se retrouver lésée et qui sait blessée par une personne mal attentionnée. Alors, pouvait-elle, une seule et unique fois le remercier. Jake ne cherchait rien de plus. Il n’attendait rien en retour de sa part. Il voulait juste qu’elle arrête de le mettre sur le banc des accusés. Il voulait qu’elle comprenne qu’il faut toujours être sur ses gardes. Il faut être prudent. Jake n’avait pas cessé de le répéter à Mackenzie. Il lui en avait raconté des histoires, pour lui faire peur mais également pour l’aider à réaliser qu’elle n’est pas toujours en sécurité. Personne n’est intouchable. Par conséquent, il avait toujours essayé d’être ce grand frère protecteur. Celui qui veillerait jusqu’à la fin sur sa petite sœur. Peut-être que Shelley n’avait pas ce luxe, de savoir que derrière chacun de ses pas, il y avait un proche. Quelqu’un qui prenait soin d’elle. Pour cette raison, elle lui en voulait de s’être inquiétée de son cas. Elle avait attiré son attention de cette manière et cela ne semblait pas lui convenir. Shelley n’avait aucun air de princesse en détresse, si elle souhaitait le savoir. Elle n’avait rien de tout ça. Aucune délicatesse. Aucune innocence. Dans ce corps de poupée, on découvrait une vraie rebelle. Une femme qui ne savait plus où se placer et qui en voulait au monde entier. A cet instant, Jake jouissait de son rôle. Il était le mieux placé dans cette situation. Il avait tous les pouvoirs, tous les droits et donc il pouvait la mettre dehors, quand le bon moment se présentait. Cependant, on ne lui avait jamais fait ce coup. Il fallait se l’avouer. Entrer chez lui par effraction était une grande première. Peu de gens savaient en réalité où il créchait et dans quelle condition. Jake n’aimait pas montrer son appartement, parce que ces murs renfermaient, conservaient et protégeaient son havre de paix. Un calme qu’il ne pouvait pas trouver ailleurs. Surtout, quand une blonde en furie décidait de s’y pointer. Elle avait mis tellement de désordre dans son bordel, qu’il ne trouvera plus rien dès le lendemain. Elle avait tout retourné sans se soucier de qui allait ranger. Elle n’avait ressenti aucune gêne et il n’avait pas besoin de l’entendre parler pour le comprendre. Shelley ne voyait que ses intérêts. Elle était là pour trouver son portable. Elle était là pour reprendre ce qui lui appartient et filer en toute dignité, cette fois-ci. Enfin, avec la fierté qui lui reste. « Je t’en prie, fais comme chez toi. » déclarait-il face à deux de ses répliques. La jeune femme s’en sortait comme une grande. Elle pouvait gérer cette crise et remettre la main sur son portable. Bien sûr, je t’en prie. Jake avait toute sa journée pour l’observer, pour la voir tourner en rond. En sachant pertinemment, que son bien se trouvait simplement dans la poche intérieure de son blouson. Appuyé contre l’entre porte, il continuait de l’admirer. Elle faisait une très belle représentation. Shelley en spectacle, c’était une occasion à ne pas manquer. Même si à ce moment précis, il pensait qu’elle était de meilleure compagnie quand, elle se retrouvait dans un état d’ébriété assez avancé. Est-ce que la demoiselle avait besoin d’avaler plusieurs verres, avant de laisser quelques sympathies lui brûler les lèvres ? Jake avait beaucoup de chance, pour ne jamais connaitre la réponse à cette question. Elle ne semblait pas d’avis à remettre le couvert, à revivre cette mauvaise expérience. Alors qu’il savait pertinemment qu’elle n’en avait plus aucun souvenir. Elle ne pouvait pas se rappeler ce qui c’était passé. Car, si c’était le cas, elle n’agirait pas comme ça. Levant sous les yeux du principal intéressé, quelques sous-vêtements, Shelley confirmait avoir quitté ces lieux vêtues de la tête au pied. C’était déjà une chose. Est-ce que passer du temps avec le jeune homme pouvait lui ramener la mémoire ? En tout cas, si c’était le cas, elle mettrait du temps à le comprendre. Agitée comme elle l’était, il le savait, elle ne ferait rien pour rester une minute de plus. Une fois, son téléphone en main, elle partirait. Telle une tempête, laissant ses dégâts sans revenir sur ses pas. « Ce n’est pas ce que tu disais l’autre soir. Tu ne te rappelles pas du striptease que tu m’as fait. Tu voulais me montrer ta souplesse. » ajoutait-il sérieusement. En sachant que tout ceci n’était que fabulation. Shelley n’avait jamais osé agir de la sorte. Mais, vu qu’elle ne se souvenait de rien, il pouvait en profiter et s’en amuser. Il pouvait raconter ce qu’il voulait, ce qui lui plaisait. Quitte à la mettre dans la plus mauvaise position, quitte à apprendre la vérité sur elle, en prêchant le faux. C’était comme ça qu’il faisait depuis toujours et avec tout le monde. Il racontait connerie sur connerie et apprenait souvent plus qu’il ne l’aurait imaginé. « Bien sûr, ça va être de ma faute. Essaye encore d’inverser les rôles mais, en vérité, je serais toujours la victime et toi la grande criminelle. » évoquait-il tout en se rapprochant d’elle. Balayant les quelques mètres qui les tenaient encore éloignés, Jake venait récupérer sa clé. Celle qui lui avait permis d’entrer et qu’elle avait déposée sur le canapé. Il était hors de question qu’elle puisse encore l’utiliser. Cet avantage devait se mériter. Reculant aussitôt de quelques pas, il terminait sur d’autres notes. « Ai-je vraiment le choix ? Maintenant, j’ai l’impression que tu es plus chez toi, que moi. » Avait-il le choix de sa présence, ici ? Non. Elle était presque devenue sa colocataire avec ses aises. Elle déménageait tout et commençait à tirer le mobilier de part et d’autre de la pièce. Toujours éloigné de la jeune femme, Jake s’asseyait sur son divan personnel. Celui qu’il préférait. Il y prenait place et continuait d’observer son spectacle. Quand soudain, elle reprit ce ton et l’agressait. Pourquoi agissait-elle toujours sur la défensive ? « Non aucun et toi, tu as un problème ? » répliquait-il au tac au tac, avant d’ajouter une demande. « Tu peux me ramener une bière dans le frigo, quand tu auras fini de prendre mes poussières. Merci. » Un roi. Il essayait de le devenir. Le roi des fous. Le roi des pauvres. Le roi des insouciants, surtout. Laissant balader son regard sur les courbes de Shelley, Jake essayait de prendre le positif de cette situation, de cette ambiance qu’elle faisait régner dans son appartement. Il n’était pas comme elle. Il ne voyait pas le mal partout. Il était plus intrigué face aux nouvelles rencontres, face aux nouvelles découvertes et surtout face à la demoiselle. En effet, le jeune homme n’avait jamais rencontré une personne comme elle. Il n’avait jamais senti assez d’intérêt dans cette catégorie de personne, que pour s’y intéresser. Ses opposés ne l’intriguaient jamais longtemps. Il en était vite blasé. Néanmoins, il semblait être tombé sur l’exception qui brisait sa règle.

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Shelley fouillait l'appartement depuis de longues minutes et elle avait l'impression de ne jamais en voir le bout. Hors de question de partir bredouille. Le problème n'était pas le portable en lui-même, mais là où il se trouvait. C'est toujours tentant de jeter un petit coup d’œil dans les affaires des autres et tôt ou tard, Jake se serait sûrement laissé aller. Ou alors elle aurait pu opter pour une solution plus simple et appeler son opérateur pour bloquer l'appareil. Cette idée lui effleura l'esprit quelques secondes, marquant alors une pause dans ses recherches. Mais maintenant qu'elle était là, autant y aller jusqu'au bout. Shelley ne fait pas les choses à moitié et ne supporte pas non plus abandonner une affaire en plein milieu de celle-ci. La patience est loin d'être sa plus grande qualité et elle faisait toujours en sorte de tout faire d'un seul coup. Vite fait, bien fait. Débarrassée, elle peut rapidement se donner à une autre activité. Pourtant, il lui arrivait d'être calme et complètement viable. Enfin, bien moins agitée qu'elle ne l'est à cet instant. Il suffisait de lui donner quelques feuilles et de quoi écrire. Un bon crayon de préférence, c'est quand même la base, et la voilà partie pendant de longues heures à dessiner avec un calme étonnant les bâtiments se dressant devant ses yeux. Elle n'avait pas choisi l'architecture pour rien. Ce n'était pas une question d'argent, puisqu'elle en avait déjà un paquet de par son héritage, mais plus l'envie de construire quelque chose d'elle-même. Elle ne voulait pas se reposer sans cesse sur ses lauriers, car malgré ses airs de grande femme, elle n'en reste pas moins réaliste. Tout est éphémère, rien n'est vraiment acquis et elle ne sait pas de quoi est fait le lendemain. Cependant, elle se plaisait à penser que jamais sa famille ne quitterait sa confortable situation. Et même si l'un des frères Rosenbach venait à perdre une partie de ses biens, l'autre aviserait immédiatement, pour l'honneur probablement. Même si c'était malheureux de l'admettre, elle imaginait bien plus son père dans cette situation que son oncle, le père d'Eileen. Il trempait dans des affaires bien plus louches et étranges que ce dernier et elle avait déjà vu défiler plusieurs membres des forces de l'ordre chez elle. Mais maintenant, elle avait l'esprit plus ou moins tranquille. Shelley avait tout de même une garantie, au cas où, et elle se tenait loin de son père. Même si elle avait quitté le domicile familial dès son entrée à l'UCLA, il lui restait tout de même la possibilité de se ramener n'importe quand. Elle savait pourtant très bien qu'elle ne verrait jamais son paternel franchir les portes de son appartement, que ce soit à Los Angeles ou à San Francisco. Même s'il avait réussi à la dégoûter encore plus au cours des dernières années, elle espérait toujours le voir débarquer à l'improviste. « Génial ! » lança-t-elle d'une voix peu convaincue, levant un poing en l'air. Elle avait déjà pris ses aises depuis un certain temps, elle n'avait pas besoin de son approbation pour continuer. Et elle continuerait jusqu'à ce qu'il la traîne de force vers l'extérieur. Mais elle savait que ça n'arriverait pas avant un certain temps, alors autant en profiter. Jake semblait être bien plus patient que ne l'était la jeune femme et il devait sûrement s'amuser intérieurement de la scène qui se déroulait sous ses yeux. A trop jouer dans les extrêmes, elle en deviendrait presque ridicule. Shelley était comme ça, elle aimait bien se démarquer. Ses actes n'étaient sûrement pas sur-joués, ce qui pouvait être inquiétant en y pensant. Refermant d'un coup sec le fameux tiroir, elle s'estimait heureuse de ne pas avoir fait n'importe quoi ce soir-là. C'est bien connu, Shelley ne tient vraiment pas l'alcool. Quelques verres suffisaient pour lui faire tourner la tête. En plus d'être complètement à côté de la plaque, on lui avait souvent raconté qu'elle était bien plus agréable alcoolisée. Elle se plaint peut-être toujours autant, voir plus même, mais largement plus vivable. Alors pour cette raison, elle évitait de trop forcer sur la boisson, histoire de ne pas faire ou dire des choses susceptibles d'être regrettées par la suite. Alors quand il évoqua son soit-disant striptease, elle cacha difficilement sa surprise. Il lui arrivait de faire n'importe quoi, oui, mais elle était plus du genre à raconter tout un tas de choses. C'est la fille qui ne fait que parler, sans s'arrêter, un vrai moulin à parole. Mais alors un strip, c'est vraiment pas son genre ! Elle reprit son légendaire calme, il devait inventer cette histoire de toutes pièces. Elle en était convaincue. Du bluff et rien d'autre. « J'espère que tu as bien profité du spectacle, puisque ce n'est pas prêt de se reproduire. » Elle ne doutait pas de sa souplesse, elle avait de la ressource la petite. Mais il devait arrêter de prendre ses rêves pour la réalité. Autant rentrer dans son jeu, c'est plus amusant. Cependant, le sérieux de Jake la déroutait légèrement. Aucun sourire en coin ou petit rire qui le trahirait. Elle l'était bien plus par cette soudaine proximité qu'il avait décidé de mettre en place. Qu'il s'éloigne, et vite avant qu'elle ne devienne vraiment mauvaise. Bien moins motivée que tout à l'heure, elle reprit ses recherches tout en discutant avec le jeune homme. Autant faire passer le temps, même si elle avait l'impression que les secondes s'écoulaient encore plus lentement depuis son arrivée, sans vraiment savoir pourquoi. Elle n'avait qu'une seule envie :partir le plus vite possible, mais elle se retrouvait piégée par un petit gamin qui voulait juste rire de la situation. « Garde-le ton rôle, je préfère de loin être la grande criminelle, comme tu dis, que la victime. » Le ton de sa voix se fit légèrement plus froid. Effrayante la petite blonde quand même, il devrait partir le plus loin possible. Shelley n'aimait pas s’apitoyer sur son sort, elle faisait toujours en sorte d'aller bien, ou d'en donner l'impression. Elle ferait d'ailleurs une excellente actrice. Puis de toutes façons, qui s'intéresserait à ses états d'âmes ? Les personnes les plus tristes sont les plus ennuyantes, selon elle du moins. Alors elle préfère être cette personne, la méchante de l'histoire, que celle que l'on va prendre par pitié. La pitié des autres, elle n'en veut pas, et elle n'en a sûrement pas besoin. « Non, tu n'as pas le choix. Alors au lieu de rester à me regarder, bouge-toi un peu. » Il commençait sérieusement à l'exaspérer, assis à rien faire. Et ce n'était que le début encore. Après avoir fouillé les moindres recoins de ce maudit appartement, elle prit l'initiative de vérifier un peu plus sur les hauteurs. Elle ne répondit pas au jeune homme, se contentant de lever les yeux au ciel et de tirer sa chaise encore plus bruyamment. Elle espérait que ses voisins étaient présents, qu'elle rigole un peu. Quitte à embêter son monde, autant de bien faire. Ça retomberait sur Jake et non sur elle, alors c'est tout bénéf. Près d'un mètre au-dessus, elle voyait encore plus l'anarchie qu'il régnait sur les lieux. Il allait avoir du travail, et encore maintenant que ses yeux voyaient tout. « Tu devrais penser à faire la poussière ici, tu vois ? » Elle passa au-dessus du meuble pour appuyer ses propos, qu'elle ressuya immédiatement ailleurs. Partout sauf sur elle. Si elle ne descendait pas rapidement de là, elle serait prise par des éternuements interminables. Autre raison pour laquelle Shelley voulait absolument que tout soit nickel. D'un bon, elle atterrit au sol, loin d'être discrète. Elle se tapota les mains, histoire de se débarrasser encore de ce qu'elle avait pu tirer de son aventure là-bas. Monsieur avait ses exigences maintenant. Mais bien-sûr. Alors qu'elle avait omis de répondre à sa dernière demande, elle constatait que le jeune homme attendait vraiment ce qu'il avait demandé. « T'es sérieux ? » lança-t-elle sur un ton légèrement amusé. Il se foutait d'elle et prenait un malin plaisir à le faire. « J'ai cru voir un frigo là-bas. C'est chez toi vas te servir. » Elle n'allait pas non plus lui obéir au doigt et à l’œil juste parce qu'il retenait son portable en otage. Et puis quoi encore ? Ce n'est sûrement pas à elle de le faire, s'il veut quelque chose qu'il bouge un petit peu son derrière. Et puis, ce n'est pas comme si la distance était insurmontable. En trois grands pas il y serait facilement arrivé.

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Cette perfection sur son visage.. Jake avait du mal à comprendre comment Shelley était devenu aussi hautaine, aussi méchante. Parce qu’elle l’était. Réellement. La jeune femme n’avait aucune sympathie pour lui. Elle n’arrivait pas à être aimable. Elle n’arrivait pas à le comprendre et surtout elle ne le cherchait pas. En vérité, Shelley s’en foutait complétement de Jake. Elle n’en avait rien à faire et jamais, il n’attirait plus que cette attention qu’elle lui accordait à l’instant. Une attention particulière car, elle avait encore un but. Le jeune homme avait encore une utilité. Il pouvait être au courant. Il aurait pu l’avoir trouvé. Ce portable qu’elle cherche en vain, quitte à rentrer chez lui sans autorisation. Simplement parce qu’elle était une Rosenbach, une princesse à qui on avait certainement jamais rien refusé. Une jeune femme qui avait dû voir ses désirs se réaliser sans le moindre effort. Deux mondes qui s’opposent. Deux personnes littéralement différentes. Voilà ce qui les tenait éloignés, ce qui ruinait toutes leurs chances de se comprendre. Le jeune homme n’avait pas vécu dans cette bulle de magie, de facilité. Pour partir à Londres, il avait tout revendu. Il avait travaillé de longues heures dans le restaurant de ses parents. Il avait dû faire preuve de courage et de patience. Assez pour réunir un minimum, juste le strict minimum. Une somme qui devait être qu’une broutille pour la jeune femme, à la rechercher de son portable dernier cri. Un téléphone que papa avait dû lui offrir parce qu’elle avait été sage, qu’elle avait soigneusement coiffé ses cheveux et fait honneur à leur nom. Une histoire, une imagination qui dessinait sur le visage du jeune homme, un large sourire, une émotion sur le ton de la moquerie. Un détail qui ne lui ferait pas partager, parce qu’elle ne comprendrait pas. Elle est totalement dans son monde. Elle ne pourrait jamais l’apprécier ou même le remercier pour ce qu’il avait fait, pour cette nuit où il l’avait sauvé de nombreux dangers. Enfin, il n’allait pas s’en rendre malade. Jake passait sa main dans chevelure ébouriffée. Il allait faire avec et se trouver une raison. Il le fallait. Ce n’était pas son genre de rester sur les pages du passé. Si elles ont été écrites, griffonnées ou abîmées, il arrive toujours à le surmonter, à vivre avec et à continuer de poursuivre sa destinée. Par conséquent, il en profitait. Il la charriait dans tous les sens et elle ne pouvait pas s’empêcher de répliquer. Elle ne pouvait pas s’empêcher de parler, ça lui brûlait les lèvres. « J’ai une vidéo pour ça. Pour revoir ton spectacle privé, autant de fois que je le désire. Ne t’en fait pas. » déclarait-il toujours avec autant de sérieux que possible. Il ne pouvait pas s’empêcher de la mettre sur le chemin du doute. Shelley ne se rappelait plus de rien. Donc, il pouvait lui construire de vastes souvenirs. Il pouvait en faire des tonnes. De toute façon, elle ne saurait jamais la vérité. Elle n’en avait plus la moindre idée. Pour cette raison, Shelley usait de sa méchanceté. Elle se montrait plus maligne. Sauf que dans cette histoire, elle n’avait pas eu le meilleur rôle. Pauvre victime qui souhaite devenir une criminelle. Elle pouvait toujours rêver. Elle pouvait toujours lui faire croire. Néanmoins, il était certain qu’elle faisait partie de ces princesses qui ont peur du noir, qui craignent de voir des fantômes ou même croiser une araignée. Tôt ou tard, sa nature la rattrapera et elle ne pourra rien y faire. Juste l’assumer et avouer à Jake qu’il avait raison sur toute la longue, dans toutes les histoires qu’ils auront vécues. Même si pour le coup, il réalisait que c’était peut-être la dernière fois qu’il aurait la chance de profiter de sa présence, de sa beauté, sans être contraint de la partager. Il savourait chaque regard qu’elle lui lançait, même si celui-ci était rempli de haine, de pitié. Il prenait ce qu’elle lui donnait. Il se raisonnait à n’être qu’un moins que rien pour elle. Après tout, ce n’est pas la première fois que Jake rangeait sa séduction au détriment de la réalité. Trop différent. Trop compliqué. Se serait complètement l’enfer, s’ils devaient se gérer. Surtout quand il l’entendait encore s’agiter. Elle souhaitait qu’il se bouge également. Bien sûr, dans tes rêves les plus fous boucle d’or. Est-ce que tu m’as bien vu, pensait-il. Est-ce que tu fabules ? Tu as vu le petit Jésus ? Parce que Jake ne bougera pas le moindre petit doigt. Il ne cherchera pas après ce portable, car il sait où il se trouve. Il ne cherchera pas, surtout parce qu’elle ne le méritait pas. « Arrête d’espérer Shelley. Je ne t’aiderai pas. » confirmait-il en prenant place dans son canapé. En se mettant à cette place qu’il appréciait tant. Le spectateur. C’est ce qu’il était, c’est ce qu’il appréciait être. L’observer. Il l’avait fait l’autre nuit. Quand il l’avait déposé dans son lit, quand il l’avait mis à son aise. Jake n’avait pas pu résister. Elle était tellement belle et surtout tellement sage. Ça changeait totalement de ce qu’il vivait en ce moment. Cette nuit-là, Shelley aurait pu être l’un de ces anges qui tombent du ciel. Aujourd’hui, elle était littéralement son pire cauchemar. Mettant son appartement dans un sale état. Certes, il était déjà en désordre mais, la jeune femme, elle s’en donnait à cœur joie. Elle prenait un sacré plaisir à tout retourner. En sachant qu’elle ne serait pas celle qui serait forcée de ranger. Quand elle aura obtenu ce pourquoi, elle est là.. Shelley s’en ira. Sans éprouver la moindre compassion, sans avoir l’idée ni l’envie de l’aider. Princesse Rosenbach retournera tranquillement dans son palais et retrouvera son monde merveilleux. Pour toutes ces raisons qui contaminaient chaque pensée du jeune homme, il décidait de la piquer. Une princesse devenue esclave d’un pauvre homme, quelle triste fin à son conte de fée. Il ne pouvait pas y résister et pour cette raison, il continuait de la tenir prisonnière. Sans même qu’elle le sache, qu’elle puisse imaginer que son portable se trouvait dans la poche intérieur du blouson de Jake. « Et si je te donne des indices sur l’endroit où tu aurais pu laisser ton téléphone.. Tu me serviras une bière ? » enchérissait-il, avec cette lueur d’espoir dans la voix. Amusé par la situation, par le genre qu’elle se donnait. Le jeune homme décidait de se relever, de l’approcher. Il ne résistait plus face à son regard brillant, face à cette froideur dans laquelle il avait envie de s’échapper. Il y avait quelque chose derrière son comportement. Shelley devait avoir son propre jardin secret. Tout comme Jake avait le sien. Même s’il était plutôt déconseillé de s’y aventurer. Surtout pour les personnes qui pouvaient s’y attacher, qui pouvaient énormément l’apprécier. En effet, il n’était pas un modèle. Il n’était pas un exemple et il y avait des choses qu’il ne souhaitait pas partager avec tout le monde. Peut-être même qu’il n’y avait que deux seules personnes qui pouvaient le connaitre parfaitement. Mackenzie et Nael. Pour cette raison, il restait un minimum mystérieux. Il restait toujours sur ses gardes et parlait que très peu de lui, de ce qu’il avait vécu où de ce qu’il avait pu ressentir. Ce n’était donc pas à cet instant que les deux jeunes gens allaient prendre place autour d’une table et discuter. Il fallait plutôt rêver pour espérer qu’un jour, ce moment arrive. Il fallait rêver les yeux éveillés. Il fallait perdre la tête, n’avoir aucun raison, pour réaliser que ces deux-là ne pourraient jamais s’entendre, sans se déstabiliser, sans tout jouer. Jake était ainsi. Il mettait souvent tapis. Il était prêt à tout perdre, toujours se promener au bord du précipice. Il aimait cette sensation. Il aimait celle que la jeune femme faisait naître en lui. A quelques centimètres à peine l’un de l’autre, il s’arrêtait. Laissant assez de distance à Shelley pour qu’elle ne réalise pas de suite, qu’il est en vérité sa perfection, qu’il est charmant et peut-être intéressant. Le jeune homme posait donc son regard dans le sien. Il se perdait dans ses prunelles, tout en faisant une seconde fois cette proposition. « Tu veux le récupérer ou pas ? » ajoutait-il, sourire au bord des lèvres, sourire au coin des lèvres. On pouvait dire que Jake n’avait que très rarement agis ainsi avec une fille. D’habitude, quand elle devenait trop compliquée à suivre, trop épuisante à comprendre, il passait son chemin. Il continuait sa route, sans se tracasser de ce qu’il pouvait perdre. Cette fois-ci, c’était différente parce qu’elle l’était..

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Une vidéo ? Et puis quoi encore. Il gardait ce calme déconcertant qui réussissait à la faire douter, elle qui bataillait pour garder cette assurance. A le regarder, on pourrait presque croire qu'il avait l'habitude. Il était parfait dans son rôle et comptait bien le tenir jusqu'au moment où la Rosenbach craquerait. Dans ses rêves oui, elle ne s'avouerait jamais vaincue. Ce n'était pas dans ses habitudes à elle. On finissait toujours à céder à ses envies, la plupart étant des caprices mais qui représentaient de véritables nécessités pour la jeune. Alors Jake ne ferait pas exception à la règle. Il suffisait d'un peu de temps et de beaucoup de patience. Une patience qu'elle serait prête à fournir juste pour le plaisir de lui tenir tête. Elle leva un sourcil et croisa ses bras tout en le regardant d'un air volontairement désagréable. « Montre-là moi. » dit-elle avec son amabilité légendaire. Il devait y être habitué, maintenant. Pas de s'il-te-plaît, mais carrément un ordre. Elle voulait lui imposer ses choix et persistait à se comporter de cette manière avec le jeune homme, sachant pertinemment que ça ne la mènerait à rien. Elle avait bien trop d'amour-propre et de fierté pour lui donner cette satisfaction. C'en devenait presque ridicule, mais une fois une idée en tête, elle ne s'en détachait plus. « Après tout, j'ai le droit de me voir. » rajouta-t-elle, plus insistante que jamais.. Elle restait convaincue que c'était une histoire inventée de toutes pièces. Shelley alcoolisée était totalement différente de celle sobre, mais pas au point de faire un striptease. Enfin, elle ne savait pas vraiment ce dont elle était capable. Elle essayait de contrôler sa surprise, même s'il avait du déceler une légère faiblesse. Assez pour en profiter. « Le droit à l'image, tiens ! » Toute fière de ce qu'elle venait de dire, elle le regardait avec un petit sourire provocateur. Il lui arriver de regarder des séries policières et même si ça ne représentait pas vraiment la réalité, elle n'avait pas d'autre arme. Mais si elle se souvenait de ce détail, c'était pour une raison complètement différente. Son père avait du en user encore et encore, dans le but de cacher au monde entier ce qu'il était réellement. Mais la vérité finissait toujours par éclater et tout le monde savait qui était le Rosenbach. Sa véritable nature, ses occupations douteuses, ce n'était plus une surprise. Les rumeurs, les bruits de couloirs et les doutes avaient été confirmés. Heureusement, il pouvait compter sur son talent et l'importance de leur nom pour garder un minimum de crédibilité. Shelley aimait beaucoup son père. Toute sa vie, elle chercha à le rendre fier, mais jamais il ne remarquait ses efforts. Il avait daigné lui accorder un minimum d'attention uniquement lors de son départ à Berkeley. Les histoires de meurtres, d'étudiants tournant mal l'inquiétaient, bien-sûr. Maintenant qu'elle en savait plus, ça la faisait doucement rire. Elle savait déjà tout, son fils illégitime, les affaires louches, alors il n'avait pas à essayer de la tenir éloignée. Mais elle n'avait pas assez d'audace, ou peut-être même de courage pour l'affronter. Parce qu'il restait son père. Rares étaient les personnes s'attaquant aux Rosenbach, seuls les fous s'y osaient. Jake voulait sûrement ajouter son nom à cette liste. S'il possédait une vidéo de Shelley aussi humiliante, se trémoussant au gré d'une musique imaginaire et dans un état second, alors il ne la garderait pas bien longtemps. Plus quand elle aura franchi le pas de la porte de son appartement. Exigeant toujours son aide, il ne voulait toujours pas coopérer. Elle ne lui demandait pas grand chose après tout, juste récupérer son bien. Elle qui avait l'habitude de tout obtenir en un claquement de doigt avait un mal fou à gérer une telle situation. Malgré toute la bonne volonté dont la blonde pouvait faire preuve, Jake ne le laissait pas indifférent. Le simple fait qu'il l'ait vu dans ses plus mauvais jours, livrant ses pensées au premier venu la rendait folle. Parce que ce soir-là, elle était en position de faiblesse. Vulnérable plus que jamais, il avait eu l'avantage. Mais la belle avait beaucoup trop tendance à voir le mal partout. Elle n'envisageait même pas la possibilité que Jake l'avait tout simplement aidé. Qu'il n'avait aucune arrière-pensée en agissant de la sorte. Elle devait quand même avouer que ce Jake dégageait quelque chose de … troublant. Difficile d'en donner une raison, de définir clairement ce sentiment étrange, parce qu'elle ne trouvait pas les mots. Il l'agaçait à un point, il ne pouvait pas l'imaginer. Mais en même temps, elle voulait le défier. Voir s'il allait céder à son caprice, puisque c'était toujours le cas. Tout comme lui cherchait à révéler la véritable Shelley. Elle lui tourna le dos, avant de regarder l'appartement et de pousser un léger soupir. Exaspérée, et surtout fatiguée de tourner en rond, son agacement prenait peu à peu le dessus. Si bien qu'elle finit par se laisser emporter. Légèrement. « C'est quoi ton problème, Jake ? » demanda-t-elle, les sourcils légèrement froncés. « D'après ce que j'ai pu comprendre, ce soir-là, je n'étais pas si mauvaise. Tu m'as vue sous mon plus beau jour, on peut dire. C'est rare. » Il aurait du bénir cet instant. Elle lui avait déjà assez donné. Alors elle reprit cet air froid et distant. Il ne méritait pas qu'elle s'énerve. Pas pour une histoire aussi puérile que celle-ci. On croirait des enfants de dix ans. Elle préférait ne pas répondre. Elle n'avait même pas envie d'envisager cette possibilité. Qu'il se bouge un peu pour chercher cette foutue bière à la fin. Mais il avait décidé de jouer une fois de plus avec ses nerfs. Avec ce sourire de tête-à-claques, il se croyait tout permis. Alors il s'avançait, réduisant au fil des secondes la distance les séparant. A quoi jouait-il ? Ça semblait beaucoup l'amuser, à la fin. Soutenant son regard pendant quelques secondes, elle finit par couper le contact. Elle préférait regarder ailleurs parce qu'elle n'aimait pas ce qui se passait. Ou ce qui aurait pu se passer. Le peu de temps où elle détailla son visage avait suffit pour en retenir les moindres détails. Comme une photographie. La tête de Jake avec ce sourire qu'elle détestait. Shelley n'était pas à l'aise, elle perdait le contrôle puisque Jake prenait progressivement le dessus. « Très bien. » commença-t-elle. « Je m'en fiche. Tu n'as qu'à le garder. » Elle pouvait très bien s'en procurer un, mais elle persistait à rester ici. Quelque chose la retenait, comme si elle appréciait inconsciemment ce moment. Elle prit la direction de la cuisine, attrapant au passage une petite bière. Ce n'était pas sa boisson préférée, mais ça pouvait encore aller. Elle n'était pas pour le Fitzgerald, mais pour elle. La chaise dont elle s'était servie quelques minutes plus tôt allait encore avoir son rôle dans l'histoire. Une fois de plus, elle la tirait bruyamment avant de s'installer à un peu plus d'un mètre de l'oméga, face à lui. Décapsuleur en main, elle prit place puis l'ouvrit soigneusement. « A ta santé, Jake ! » dit-elle avant d'en boire une gorgée, juste devant lui et sourire aux lèvres. Elle perdait son temps, se fatiguait pour rien en retournant tout l'appartement. Alors elle allait complètement changer de stratégie. Au final, elle l'aurait bien à l'usure. Il finirait par céder, parce qu'au final, il en aurait marre d'elle. Comme tout le monde. Quelques rares personnes prenaient la peine de la connaître un peu mieux. Ou du moins essayaient, lorsqu'elle leur en donnait l'occasion. Elle avait des personnes sur qui compter, alors à quoi bon chercher à s'attirer les faveurs de quelqu'un d'autre ? A les regarder, on pourrait les prendre pour de vieux amis, se retrouvant autour d'un bon verre. Mais c'était bien plus compliqué et clairement pas la réalité.

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Shelley. Un prénom que Jake n’était pas prêt d’oublier. Elle était vraiment tarée. Elle était vraiment tordue. Et surtout, il se demandait pour qui elle se prenait ? La future reine d’Angleterre ? Elle avait un petit genre, une petite ressemblance. En effet. Un détail que le jeune homme ne pouvait pas partager, s’il ne souhaitait pas s’attirer davantage ses foudres. Surtout que la demoiselle voulait voir son exploit. Elle voulait se faire une petite séance cinéma devant cette vidéo très plaisante. Du moins, si elle existait vraiment. Cependant, Jake n’était pas prêt à lâcher le fin mot de l’histoire. Il faisait donc pivoter sa tête de droite à gauche, en signe de réponse. Une réponse qui ne semblait pas lui convenir, rebondissant sur cette dernière pour être davantage désagréable. La jeune femme ne partirait pas sans qu’il avoue, sans qu’il décide de lui rendre son portable. Pour cette raison, l’oméga faisait durer le suspense. Il commençait à l’apprécier. Il appréciait surtout la taquiner. C’était dingue comme elle montait dans les tours. Elle s’énervait en quelques secondes à peine. Peut-être même encore plus rapidement que l’ainé des Fitzgerald et il fallait pourtant y aller. C’est donc pour toutes ces raisons et pour ce petit genre qu’il voulait recadrer, qu’il en rajoutait une couche. Jake ne pouvait pas se retenir, c’était plus fort que lui, ça lui brûlait les lèvres. « Et les mots magiques, on ne te les a jamais appris ?! » Il pensait que cette réflexion pouvait la faire taire, au minimum quelques secondes. Mais, c’était sans imaginer les attaques qui suivraient. Elle en avait vraiment plus d’une dans son sac. Il se pourrait même que la demoiselle vide son quota en présence de l’oméga. Est-ce qu’elle était toujours comme ça ?! Est-ce que Jake lui faisait de l’effet, au point de l’énerver ? Il aimait y croire. Il aimait lui plaire. Ce n’était pas tous les jours qu’une fille comme Shelley s’intéressait à lui. Ils étaient littéralement des opposés. « Quand tu mettras ton avocat sur l’affaire, je flancherai. Sans ça, tu peux toujours taper des pieds. C’est ma vidéo, filmée avec ma caméra. » déclarait-il, en se sentant plus fort que jamais. En effet, il avait de quoi être fière. Il lui tenait tête. En même temps, rares étaient les personnes qui pouvaient faire apparaitre ses faiblesses. Il n’y avait qu’en réalité, Mackenzie, qui en avait la possibilité, qui possédait ce pouvoir suprême. Donc, Shelley pouvait toujours user de toutes les tentatives, de toute son imagination pour espérer y parvenir. Peut-être qu’il y avait une chose qu’il pourrait lui demander en échange. Peut-être qu’il pourrait en profiter et lui réclamer un baiser. En vérité, le premier. Mais, ce n’était pas Jake. Ce comportement et cette idée étaient trop tordus. A croire que l’attitude de la demoiselle était en train de le contaminer. Une réflexion qui laissait planer un silence douteux dans l’appartement. Il ne parlait plus. Elle ne faisait que soupirer. Est-ce qu’elle en était usée ? Est-ce qu’elle voulait le tuer ? Tout était possible, quand il croisait le regard de cette jeune femme. Il le savait. Même s’il ne la connaissait pas réellement.. Jake avait compris directement. Shelley est ce genre de petite fille qui a été couvée par son père, par sa famille. Elle devait être la fierté de son entourage. Elle devait avoir toutes les attentions du monde et les dernières poupées en vogue. Alors, quand Jake réalisait tout ce qu’il avait dû faire pour en arriver là, pour avoir la chance d’étudier dans cette université, il en était légèrement dégouté. Le destin était vraiment un enfoiré. Il aimait se jouer des faibles et épargner quelques têtes. Il pourrait même lui en vouloir. Il pourrait même la juger en quelque sorte responsable. Il en fallait toujours. Peut-être qu’il venait de trouver le sien. D’ailleurs, la jeune femme sentait le malaise s’installer. Elle en profitait pour en rajouter. Après tout, rien ne semblait la déranger. « Mon problème, c’est toi, Shelley Rosenbach. Posant ses prunelles dans celles de la jeune femme, à son tour, le jeune homme s’apprêtait à vider son sac. C’était cadeau, c’était avec plaisir. Et je devrais te remercier parce que tu étais de bonne humeur, l’autre soir ? Sauf que tu étais tellement bourrée que tu n’en as réellement aucun souvenir. » Froid et direct, Jake décidait de ne plus jouer avec elle. Shelley voulait avoir ce genre de discussion. Elle voulait être une grande fille. Elle allait donc être servie. La demoiselle n’était pas tombée sur la bonne personne. Elle ne pourrait pas lui monter sur la tête et en faire ce qu’elle voulait. Elle n’était personne à ses yeux. Elle n’avait aucune importance et peut-être qu’en sachant sa réaction aujourd’hui, peut-être que Jake la laisserait dans ce bar, si ça se reproduisait. Shelley pouvait se débrouiller. Elle semblait n’avoir besoin de personne. Eh bien, que dieu la bénisse. C’est ce qu’il pensait. Jake pouvait faire tout son possible pour être gentil et légèrement taquin. Néanmoins, il ne pouvait pas encaisser davantage de coups. Surtout qu’il avait cette sensation déplaisante qu’elle le jugeait à chaque échange. Elle se trouvait au-dessus de lui. En effet, le jeune homme vivait avec les moyens du bord. Tandis qu’elle pouvait changer de robe au moins, dix fois sur une journée. Reprenant place dans son canapé, le jeune homme décidait toujours de l’observer. Il se calmait un peu et il lui réclamait une bière. Après tout, autant en profiter, autant espérer. Shelley n’allait certainement pas lui amener et étrangement, elle semblait baisser les armes. Pour combien de temps ? Il ne pouvait pas le savoir. Allumant donc la télévision, il essayait de ne lui accorder aucune attention. Pendant que la jeune femme se servait dans son frigo et s’ouvrait une petite bière bien fraiche. « J’espère qu’elle te goûte bien ? » ajoutait-il amicalement et se détachant de sa silhouette. Jake devait arrêter de la regarder, parce que ses prunelles finiraient par le trahir. Il ne devait rien laissé paraitre, jusqu’à ce qu’elle s’ennuie comme un rat mort et qu’elle décide de tirer sa révérence. Elle finirait de toute manière par s’ennuyer, ça ne pouvait pas être autrement. Rares étaient les filles qui pouvaient le supporter autant de temps.. « Tu n’as pas des loisirs, des occupations dans ta vie ? Que tu décides de moisir un peu ici et avec moi ? » Toujours souriant et fixant le téléviseur, Jake l’interrogeait. Est-ce qu’il s’intéressait ou est-ce qu’il cherchait simplement à combler le silence ? Un calme qu’il n’appréciait guère. Néanmoins, la jeune femme restait un minimum mystérieuse pour lui. Il avait l’étrange sensation qu’elle valait plus que ça. Elle devait être quelqu’un d’intéressant derrière ses crises de colères, derrière ce petit air qu’elle voulait se donner. Il ne savait pas pourquoi, ni comment, mais le jeune homme voulait y croire. Il voulait espérer qu’elle n’était pas que cette demoiselle sans scrupule, sans émotion. En tout cas, si ce n’était pas aujourd’hui, qu’il perçait le mystère de Shelley Rosenbach. Jake comptait toujours mener son enquête. Près ou loin d’elle, il finirait par trouver, par savoir ce qu’elle cache et quelle faiblesse peut la déstabiliser. Car, on a tous nos points faibles. On a tous vécu quelque chose qui nous rend différent, qui fait ressortir notre humanité. Et derrière cette façade, derrière toute cette troublante beauté, elle devait la gérer..

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