Sortir du gouffre noir dans lequel je me trouvais il y a encore quelques jours n'avait pas été une chose des plus faciles. Les dernières semaines avaient été rythmées par la douleur, lancinante, brûlante, suffocante, au point d'avoir l'impression que mon corps tout entier était couvert de plaies béantes sur lesquelles l'on ne cessait de jeter du sel jour après jour. Les hurlements au cœur de la nuit n'avaient aucunement aidé à panser les blessures, bien au contraire, ils semblaient envenimer la situation. Jusqu'à récemment, où les choses avaient fini par basculer, où le bonheur avait repris le dessus sur la souffrance, lançant une lumière au fond de ce gouffre pour m'aider à m'en échapper. Bientôt, j'en serais ressortie, le temps de pouvoir oublier ce qui s'était passé, de laisser le soin à mon esprit de se débarrasser des dernières traces d'un mois de malheurs. Je n'avais guère vu mon frère depuis le retour de Noah, préférant me terrer à ses côtés et retrouver l'homme que j'aimais plutôt que de m'inquiéter sur ce qui se passait à l'extérieur de ma bulle. Quelques messages avaient suffi pour faire comprendre à James que mon compagnon était de retour, que je ne souhaitais aucunement parler de cette histoire avec lui, ni même qu'il s'en mêle, lui ou Ollister, et que je voulais que l'on me laisse un tant soit peu seule avec le médecin. Après quelques jours, je m'étais malgré tout décidée à revoir mon aîné, parce qu'au fond, il me manquait. Il avait été d'un grand soutien au cours de ma descente vers les enfers et je dois avouer que je prends plaisir, un peu plus chaque jour, à le voir jouer son rôle de frère. Même si je n'y connais rien à pareille relation, j'apprends jour après jour à ses côtés. Malgré le peu de temps que nous avions passé ensemble, je m'étais rapidement attachée à lui, sans nul doute au vu de la proximité de nos caractères de cochon, ce qui fait notre charme, cela va de soi. Nous avions donc décidé de profiter d'un après-midi quelque peu ensoleillée, malgré la petite brise automnale et la température peu élevée, lui, moi, ainsi que sa fille, Louna. Il ne m'avait guère laissé le choix, de toute manière, elle se devait de venir avec nous, soi-disant que je devais faire des efforts avec elle. Tu parles, j'attends ses excuses, moi ! C'est elle qui m'a traité de grosse en première ! Alors que mes fesses sont plus que parfaites, demandez à Noah, il vous en dira des nouvelles. Bref. « Et regarde, y'a tes copines les grosses qui sont dans leur coin, vas donc les rejoindre ! » Regard froid de la jeune Louna. « Bah quoi ? Ne va pas me dire que tu traînes avec les minis poufs qui jouent à la balançoire. » Les gosses de riches, en quelques sortes, celles qui se croient tout permis parce qu'elles sont nées avec une cuillère en argent entre les dents. « Faudra revoir tes fréquentations. » Dixit la femme qui sort avec l'un de ses supérieurs, qui a couché avec deux ou trois professeurs, qui a comme meilleurs amis une folle alliée et un délinquant russe et qui a, jusqu'à il y a quelque temps, fréquentée les plus gros fêtards de Berkeley. Passons. « Allez, va faire mumuse ailleurs, j'ai à parler à ton papounet. » Oui dégage, sale gosse, vingt minutes que je t'ai dans les pattes et j'ai l'impression que cela fait une éternité. Puis à la base, j'espérais pouvoir être seule avec James et le remercier pour tout ce qu'il a pu faire ces derniers temps, chose que je n'avais aucunement eu le temps de faire.

Ah Louna, qu'est-ce que je vais faire de toi ? Cette gamine doit regretter le fait d'avoir une tante à présent, mais cela reste le cadet de mes soucis. Elle ne m'aime pas, je ne l'aime pas, point final. Levant les yeux au ciel lorsque James fronce les sourcils face à mes propos, je ne peux m'empêcher de ricaner lorsqu'il se doit de lever quelque peu la voix sur sa fille, mais je perds de mon humeur joviale lorsqu'il s'en prend à moi. « Ah non, je tiens à rappeler que c'est elle qui a lancé les hostilités ! » Référence à notre première discussion. Rancunière jusqu'au bout des ongles. Je lève les mains au ciel, jouant à l'innocente, comme s'il allait pouvoir la préserver jusqu'à l'âge de dix-huit ans. « Tu es contente ? » Sourire victorieux. « Oh que oui ! Allez 'Deidi', réponds à la naine ! » Kirby ou comment écorcher tous les mots de cette langue étrange dans laquelle son frère savait parler. Non, je ne me suis jamais intéressée à cette langue malgré un père d'origine irlandaise. Je m'étais plutôt penchée sur le suédois pour rendre ma mère heureuse, mais il va de soi que j'avais laissé couler cette affaire suite à son décès. « Les glaces, ça donne de grosses cuisses ! » Au départ, j'aurais souhaité montrer mon doigt le plus majestueux à Louna, en guise de réponse à ma nièce pour m'avoir tiré la langue, mais je ne crois pas que James aurait apprécié pareil geste. Il faut dire que si je n'avais pas embêté la fille de mon frère pendant un long mois, je comptais bien me rattraper maintenant que j'avais repris du poil de la bête suite au retour de Noah. M'installant donc en la compagnie de James sur un banc, je hausse un sourcil lorsqu'il s'empare de ma main. Non, mais... j'ai plus quatre ans, hein, puis tout le monde va croire que je sors avec lui et que la morveuse là-bas est notre fille. Beurk. Si un jour je devais avoir un enfant, j'espère qu'il n'aura pas ce même sale caractère que je devais à ma mère. Louna, aux pieds ! Un soupir vient de s'échapper d'entre mes lèvres suite aux paroles de James, mais comment puis-je lui en vouloir de chercher la vérité quant à la disparition de mon compagnon ? Vu l'état dans lequel toute cette histoire m'avait mise, il fallait se douter que mon frère ne mâcherait pas ses mots envers l'homme que j'aimais. « Apparemment, ça te tue vraiment de devoir me dire que je te manque devant ta fille. Et tu ne connais pas déjà tous les détails croustillants de cette histoire ? Tu me déçois James, moi qui pensais que toi et Ollister étiez des espions de choc, apparemment, ce n'est plus le cas. » Comme bien souvent, j'esquive quelque peu le sujet principal de la conversation, notamment lorsque ce dernier ne cesse de le tordre l'estomac à longueur de journée. « Je n'ai pas eu le temps de te remercier convenablement pour tout ce que tu as fait pour moi en son absence, alors voilà. » Et voilà comment détourner la conversation. J'ouvre mon sac à main et en ressors une enveloppe que je tends à mon frère. « C'est trois fois rien, mais cela me tenait à cœur. Maëlle pourra aussi en profiter. » Tendrement, je lui souris. Cette enveloppe contenait deux billets de voyage pour les Seychelles, vol et hôtel cinq étoiles pris en compte, pour une durée d'une semaine. Ne restait plus qu'à convenir d'une date de départ à l'agence de voyages où je me suis rendue pour obtenir ce cadeau. Cadeau qui d'ailleurs, m'avait coûté un bras, ce qui me priverait sans aucun doute d'une prochaine année à Berkeley, mais peu importait. La famille avant tout. « Et si jamais Maëlle ne veut pas t'accompagner, je suis convaincue que cette femme accepterait de partir avec toi. » Une femme, dont la chevelure blonde était un tant soit peu décolorée, qui portait des lunettes de soleil sur le nez et qui était armé d'un café, venait de passer quelques pas devant nous, tournant brièvement son regard dans notre direction avant de venir s'installer sur un banc un peu plus loin. Sur son passage, elle avait déversé son parfum qui venait chatouiller légèrement mes narines, un parfum que j'avais déjà humé quelque part, mais où, allez savoir. Finalement, je reporte toute mon attention sur mon frère qui a plus d'importance qu'une inconnue et son maudit parfum.

« Et alors ? J'en ai 23 et tout le monde s'en moque. Faudra quand même penser à lui inculquer la valeur du mot respect, à celle-là. » Au pire Kirby, on ne voit pas très bien le rapport, mais tout va bien. Mais siii ! Un peu de respect pour les plus anciens, car oui, depuis que je savais que j'étais tante, j'avais pris vingt ans dans la figure. Du coup, je compense en agissant comme une gamine de dix ans, histoire de rester encore jeune dans ma tête. Plait-il ? Bien évidemment, qu'il sait tout de l'histoire, monsieur est toujours au courant avant tout le monde puisqu'il envoie son fidèle compagnon chercher les informations sur le terrain pendant qu'il joue au méchant prof'. Je croise les bras contre ma poitrine, ainsi que les jambes, une mine boudeuse se fixant sur mon visage tandis que je détournais le regard de l'autre côté. Quoi qu'il en soit, tu n'auras pas ma version. Je ne veux pas en parler, un point c'est tout. Je fronce d'avantage les sourcils lorsqu'il avoue plaisanter. Comme s'il s'agissait d'une plaisanterie, un sujet aussi délicat que celui-ci. Ah oui, il parle de moi, là. Même si je n'approuve aucunement ces méthodes, je suis plus que satisfaite de notre rencontre et de tout ce qu'il m'apporte finalement au quotidien. Sans lui, je n'aurais pas tenu face aux semaines passées sans mon petit-ami présumé mort. « C'est noté. Tâche de tenir ta promesse ou j'autorise Ollister à se jeter sur toi comme un chien sur un os à moelle. » Autrement dis, attends-toi à ce qu'il te... non, mieux vaut ne pas savoir les attentions de l'homme de main si je lui donne mon feu vert. Me voilà un tant soit peu rassurée. Si je désapprouve les manières que James a pour prêcher le vrai du faux, je désapprouve encore plus le fait qu'il puisse s'initier dans ma vie intime. De ce côté-là, je tente de gérer par moi-même. « Je l'ai acheté... » Moment de suspens ! « Mais je l'ai gardé pour moi. » Ai-je besoin de m'étaler plus sur le sujet ? Aucunement. Il n'y a qu'une seule et unique personne à qui je me confie sur ce sujet, et il ne s'agit même pas de l'intéressé lui-même. Passons. Comment ça, beaucoup de travail ? Je le déteste. J'ai mis des jours avant de trouver le cadeau idéal. Un costume ? Il en a une centaine. Une montre en or ? Sans doute une dizaine. Le cœur serré face à son refus, je ne laisse toutefois rien paraître. Attends seulement James, tu regretteras d'avoir dit non à ta sœur. « Oui, sans doute. » J'avoue y avoir pensé pour Noah, mais restez ici à ses côtés n'étaient loin en rien de me déranger, enfermée entre les murs de sa somptueuse demeure sur le lac. Blessée au plus profond de mon être, je m'empare de l'enveloppe et la remets à sa place initiale, dans mon sac. Et si j'offre cette opportunité à Noah, il va me piquer une crise, notamment s'il venait à apprendre que je vais sans nul doute sacrifier une potentielle nouvelle année à Berkeley au profit d'un voyage d'une semaine. « Tu n'échapperas pas au cadeau de Noël de toute manière, au pire je te le ferais manger pour être sure que tu le prennes. » Ce que j'allais lui offrir à Noël ? On est au mois d'octobre, pas de panique. Tombe, Louna, tombe ! Le cri silencieux qui me fait pousser des ailes. Quoi ? Il n'a pas dit ce que je viens d'entendre, j'espère ? Un O'Malley Junior ? Je regarde mon aîné, bouche-bée, digne d'une statue. Le visage n'exprime rien tout comme le regard qui semble vide. Puis finalement... « Encore un O'Malley, j'ai fait quoi au bon Dieu pour avoir un frère comme toi ? Et il a quel âge celui-là ? Histoire de savoir si je dois aussi le recadrer comme Louna. Puis il sort d'où ?! » Comme si avoir une nièce ne me suffisait pas, j'allais bientôt devoir me coltiner un neveu. Et s'il a le même caractère que son père... au secours, je ne veux pas y penser. « Dana ! » C'est... mon deuxième prénom. Je lève les yeux vers l'homme qui se trouve plusieurs mètres plus loin, adressant un signe à la femme assise non loin de nous tout en se rapprochant furtivement de cette dernière. Elle a subitement levé ses yeux vers l'homme en question avant de me jeter un regard, aussi bref fut-il, tout en passant une main dans ses cheveux blonds. Le temps s'est arrêté. James a beau me parler, je ne l'entends pas, je suis coupée du monde et ne cesse de fixer cette femme. Il y a des gestes qui ne trompent pas. Cette manière de passer une main nerveuse dans les crins blonds, de baisser le regard en étant intriguée... et ce parfum me chatouillant encore quelque peu les narines avant son évaporation totale... tout me ramène au jour où ma mère m'a appris qu'elle était malade. « Maman... », murmurais-je subitement. C'est impossible.

« Je ne me plie pas en première devant une fille de 7 ans. » Parce que si on laisse trop de libertés à ces gamins, ils seront intenables dans une dizaine d'années. Bon et James, arrête de discuter avec moi de la sorte, tu n'obtiendras aucun gain de cause en ce qui concerne ta fille, sauf avec du chantage, peut-être que je lâcherais prise, et encore, ça dépend du chantage. Regard noir. Oui, j'essaie de dresser le Ollister depuis un moment, mais rien n'y fait, il semble tellement attirer par mon frère que parler à un mur reviendrait à la même chose et me rendrait moins débile. Mais qui ne tente rien, n'a rien, je suis sure qu'avec un peu de chantage, lui aussi arrivera à se plier sous mes ordres. Puis j'aimerais bien en faire mon chauffeur attitré pour mes nombreuses séances de shopping avec Kenzo, c'est obligé qu'il acceptera ma proposition contre l'autorisation d'admirer le neveu de Noah de bas en haut et de haut en bas en le voyant essayer différentes tenues. Un jour, j'arriverais à faire n'importe quoi à l'homme de main de mon aîné. L'espoir fait vivre, comme on dit. « Il faudra que j'y pense, je suis convaincue qu'Aengus voudra à nouveau te faire une crasse dans le genre. » Un gâteau, excellente idée, je demanderai de l'aide à Noah pour le préparer. Ou c'est plutôt moi qui aiderai Noah. Ou Noah qui le préparera intégralement, vu l'excellente cuisinière que je suis. Il faudra d'ailleurs que je demande à ma 'Gus ce qu'elle a fait subir à mon frère pour ne plus vouloir de gâteau provenant de cette dernière. Bah si, c'est de ta faute, c'est toi qui a trempé un peu trop longtemps le biscuit. Il ne manquerait plus que Maëlle nous annonce qu'elle est enceinte pour que se soit le bouquet. Encore un O'Malley en miniature à supporter. Espérons que ce jour n'arrive pas avant des décennies. « Maman ? C'est... une amie de ta mère ? » Rectification, notre. Oui, depuis le temps, j'ai accepté que ma mère ait pu donner naissance à cet homme. Il fallait bien un brouillon avant la perfection. Dixit l'ancienne alcoolique de service au caractère de cochon. Bref, on va s'arrêter ici pour les défauts. « Quoi ? Ah ouais, il a le même âge que Louna. Je ne fais pas baby-sitter pour les deux en même temps, t'es prévenu ! » Trois temps de retard sur ce qu'il a raconté, en plus je n'ai rien compris du tout. Je n'ai pas écouté tout court. Quant à la suite... « Oui, c'est une amie, attends. » Je me redresse avec cette impression que mes jambes étaient faites en coton. J'ai du mal à poser les pieds l'un après l'autre tandis que mon cœur bat à tout rompre, menaçant d'exploser dans une poignée de secondes. Je m'approche de cette femme et de son interlocuteur, les interrompant en me raclant la gorge. « Jag vet. Mamma. » Elle ne tourna pas son regard vers moi, les yeux restant dirigés sur l'homme qui l'accompagnait. C'était elle, ça ne pouvait qu'être elle. En trois ans, elle n'avait que très peu changé, si ce n'est ses traits, plus doux que lorsqu'elle était malade. Mais elle était morte. « On en reparlera un autre jour, Jake. » L'homme s'éclipse et elle se tourne enfin vers moi, me faisant face tandis que l'incompréhension se lisait sur mon visage. J'ai entre-temps fait un geste en direction de James, l'incitant à me rejoindre au plus vite. « Kirby, mon bébé... » Je prends sur moi pour ne pas éclater en sanglots, les lèvres pincées, voyant qu'elle vient un tant soit peu de tourner la tête, sans aucun doute vers mon frère, son fils, la raison pour laquelle elle n'a plus dit un mot. Elle, ma mère.

Un grognement de ma part mit fin au débat concernant ma relation avec Louna. Si j'ai envie d'être une peste avec cette dernière, c'est mon droit. Je ne suis peut-être pas la meilleure tante au monde, mais il ne faut pas s'étonner lorsque l'on voit comment se comporte la fillette dés qu'elle se trouve non loin de moi. Alors comme ça, son frère et son ami ne sont plus très proches ? Aengus ne lui avait guère parlé de ce détail, un mystère que je tenterais d'élucider dés lors que je verrais la jeune femme. Je me souviens alors d'un certain accrochage que j'avais eu avec cette dernière, il y a quelques semaines à peine, puis était survenue la disparition de Noah, une histoire qui nous avait finalement permis de nous retrouver malgré les tristes circonstances de l'époque. À noter aussi que je devrais lui parler du rôle de bisounours qu'à mon compagnon dés lors qu'il se trouve en la présence d'un enfant. S'il accepte mon caractère de cochon, peut-être qu'il acceptera également le sien. En plus, une fois que Louna aura goûté à la cuisine de Noah, elle finira avec de grosses fesses. Les miennes sont d'ailleurs à surveiller en ce moment, notamment mes hanches, je l'avoue. Oui, je suis ailleurs, et pour cause, je fais actuellement face à un fantôme. Quoi que le terme soit mal choisi, puisque je ne suis pas la seule à l'avoir vu, contrairement au nombre de fois où mon esprit avait déliré, m'envoyant l'image de mon compagnon, disparu à ce moment, dans tous les endroits que je fréquentais. À sa hauteur et après de courtes paroles échangées, ma mère me prit délibérément dans ses bras, m'enlaçant contre elle avec cette douceur que je ne lui connaissais que trop peu. Je me dois de fermer les yeux pour ne pas éclater en sanglots face à une mère plus qu'émue de me retrouver et face à un frère qui... ne semble guère heureux, ce qu'il fait d'ailleurs remarquer, ma mère venant à me lâcher en faisant un pas en arrière face à la réaction de son fils. « C'est ce que je croyais jusqu'à il y a quelques minutes ! Jamais je n'aurais prétendu une chose pareille, crois-tu vraiment que je puisse être un monstre à ce point-là ?! » Il faut croire. « Si je suis venue ici avec toi, c'était juste pour pouvoir parler et pour que tu puisses emmener Louna s'amuser ! » Je ne cherche pas à me défendre, ni moi, ni ma mère, je peux jurer que je n'y peux rien quant à cette histoire, mais mon frère ne semble guère l'entendre de cette oreille. « Maman ! », la suppliais-je alors. S'il ne m'écoutait pas moi, peut-être qu'il l'écouterait-elle. L'espoir fait vivre. Le regard de Dana Blank se tourne alors vers son fils, lequel devait pensé qu'elle ne l'avait plus vu depuis trente-cinq ans maintenant alors que cela faisait quelque temps qu'elle le suivait telle une ombre. « James, écoute-moi, s'il te plait. Ta sœur n'y est pour rien, je t'en prie, ne lui en veux pas. Tout comme toi, elle pensait que j'étais morte. » Les mots ne furent pas nombreux, mais allaient à l'essentiel. Ne connaissant pas vraiment son fils aîné, on ne pouvait reprocher à Dana de prendre la température avant de se lancer dans un quelconque récit qui mettra ses deux enfants hors d'eux.