Mais… qu’est-ce qu’il me fait, là ? Haussant un sourcil, alors que je m’apprêtais à sortir dire deux mots à sa traître de mère, voilà que mon…NOTRE fils, me barre la route. Enfin, si on peut appeler barrer la route un môme de dix sept ans qui fait deux têtes de moins que son géniteur, en train de s’étaler de tout son long contre les portes de l’ascenseur. « SI JE VOIS ENCORE UN ETUDIANT REGARDER DANS LA DIRECTION DE CET ASCENSEUR, TOUTE LA CONFRERIE DU DIT ETUDIANT ET LUI-MEME SERONT COLLES PENDANT UN MOIS POUR LEUR APPRENDRE A SE MELER DE LEURS AFFAIRES ! » criai-je soudain pour être bien entendu dans tout le couloir. Bizarrement, deux minutes plus tard, il n’y avait une mouche dans le bâtiment. A croire que je les avais tous fait fuir. J’ai horreur que l’on s’intéresse de trop près à ma vie privée. Pire encore alors que je venais de me découvrir un gamin de 17 ans apparemment incapable de tenir en place et de se comporter comme le ferait un véritable gentleman. Il n’avait pas été éduqué par son père, c’est pour ça. Tout est de la faute de sa mère, naturellement. Kitty ? Il appelle sa mère par son prénom ? C’est une volonté de jouer aux grands ou étaient-ils en conflit tous les deux ? Je soupire, comprenant tout à coup le comment et le pourquoi de toute cette histoire. « Tu es venu ici pour… faire ma connaissance ? » Pour quoi d’autres ? Je n’en sais rien. Les études. Le soleil. Une fille. Les raisons pouvaient être multiples, mais jamais je n’aurai cru avant que le doute ne s’installe suite à sa dernière phrase, qu’il était ici pour me connaître. Les portes de l’ascenseur, fatiguées d’attendre, l’écrasèrent alors de tout leur poids. Et même si Sacha était un homme – presque – j’avais l’impression d’avoir en face de moi une carotte tentant d’échapper à une râpe. Rattrapant donc l’une des portes avant qu’elle ne l’attaque à nouveau, je l’observe sans mot dire durant plusieurs minutes, prenant enfin la décision de lui laisser le bénéfice du doute. Pourquoi pas, après tout ? Elle m’avait bien fait le coup de me cacher que j’avais un fils pendant dix sept ans ? A mon tour de m’amuser à la rendre folle d’inquiétude. « Je ne lui dirai rien, en ce cas. » Que signifie ce regard suppliant ? Il croit peut-être que je me ferais du souci, que je serais déçu, inquiet ou triste si je ne le voyais plus. Avant aujourd’hui, j’ignorais jusqu’à son existence. Du moins, on évitera de parler de toutes les idioties comme me renverser du café dessus, qu’il avait faites ces dernières semaines. Non, il a raison. Les choses changent. Je ne pouvais pas prendre la décision de l’envoyer paître sans peser le pour et le contre. J’avais un fils – du moins, j’attendais quand même les tests pour être certain mais vu la ressemblance physique déjà … - il ne me restait plus qu’à me faire à l’idée. A analyser la situation. Et à trouver une solution. Oui, c’est un problème. Que va dire Maëlle lorsqu’elle l’apprendra ? Et Kirby ? Et les médias, s’ils l’apprenaient ? God, ce môme vient à peine de débarquer qu’il me met déjà dans une fâcheuse position. « Tiens, c’est mon numéro…privé. » Notant sur l’une de mes cartes professionnelles mon numéro de portable, ainsi que celui du château, je la lui tends, non sans une brève hésitation. « A n’utiliser qu’en cas d’extrême urgence. C’est moi qui t’appellerais lorsque j’aurai mis toute cette histoire au clair. » Parce qu’elle ne l’était pas assez, là ? Il faut croire que non. « En attendant, je veux que tu gardes cette…nouvelle pour toi, d’accord ? Je ne veux pas que tout le monde sache que je suis père d’un gamin de 17 ans. » Pourquoi ? « J’ai une réputation, des proches à qui ce genre de nouvelles risque de déplaire. » murmurai-je pour moi-même en serrant les dents. Maëlle la première. Comment vais-je lui annoncer ? God. « Essaie de te faire discret. Je t’appellerai bientôt. » ajoutai-je pour mot de la fin avant de me glisser entre les portes de l’ascenseur, plus pensif que jamais.

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