Welcome to Fabulous Las Vegas, may all your nightmares come true!

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Surprise est un mot bien faible pour décrire la réaction de Venia lorsqu'elle a reçu une invitation de dernière minute pour partir quelques jours en express à Las Vegas. D'abord, qui aurait l'idée d'embarquer une gamine de dix sept ans dans la ville du jeu, certes elle s'est offert le luxe d'une fausse carte d'identité, mais ces conneries-là ça ne marche pas à Las Vegas, du moins c'est ce qu'elle imagine. Et puis les vigiles doivent être d'autant plus sur leurs gardes, si on se fait choper à frauder dans une ville comme celle-là, on est bon pour passer devant le juge pour enfant, et peut-être même par une petite garde à vue. Si elle n'a encore jamais mis les pieds au tribunal, Dieu merci, pour le reste elle a eu sa dose. Une fois n'est pas coutume, hors de question de remettre les pieds dans ce genre d'endroit avant d'avoir passé la barre des vingt et un ans minimum, et au mieux, ne pas y repasser du tout. Tout ça pour dire, qu'allait-elle bien pouvoir faire à Las vegas si elle n'avait accès ni aux tables de jeu, ni aux soirées dans les clubs branchés, ni à quoi que ce soit d'autre qui inclurait argent et/ou alcool? Se balader dans les boutiques à touristes peut-être? Pas son genre. Et puis si c'est pour rentrer à Berkeley avec pour seul souvenir de vacances des faux jetons en porte-clés et une casquette "Caesar Palace" sans avoir pu approcher un seul jeu de carte, non merci! Elle préférait encore rester à San Francisco. Avec toute cette histoire de meurtre sur le campus, ses parents et ses frères et soeurs avaient tous filés en Australie sans elle, merci du soutient! Sa mère lui avait gentiment fait comprendre que ce n'était pas juste de bloquer toute la famille parce qu'un (ou en l'occurrence une) taré(e) avait décidé de balancer un british par la fenêtre. Venia avait bien essayé de négocier, mais malheureusement pour elle, contrairement au reste de sa famille, elle était injustement priée de rester là où elle était tout comme les autres étudiants. Personne ne pouvait quitter le campus avant qu'on ait mis la main sur ce foutu meurtrier. La jeune australienne avait donc dû oublier ses rêves de surf dans les eaux de sa terre natale, cette année elle n'irait nul part. Point final. Quelque part cette invitation tombait à pique, parce qu'au moins on lui offrait la possibilité de changer un peu d'air et de visiter un lieu où elle n'avait encore jamais mis les pieds. Au delà du problème posé par son âge, ce qui l'avait véritablement laissé sur le cul, littéralement, c'était l'expéditrice du carton d'invitation. Eileen Rosenbitch (ou Rosenbach, au choix), reine des connasses, première du nom. Venia la haïssait et ce depuis la rentrée dernière. Dès leur première rencontre les deux jeunes femmes n'étaient pas parvenues à s'entendre. Ça avait gentiment commencé avec des railleries sur sa tenue, puis sa personnalité, et finalement sa personne tout entière, ses actions, ses paroles, absolument tout y passait! A bout de nerfs et surtout sous l'emprise de drogue quelque peu hallucinogènes, Venia avait fini par attaquer sa rivale Epsilon. Bagarre sur la plage, tirage de cheveux, arrachage de fringues, Eileen n'a pas manqué de lui faire boire la tasse. Tu as vu boucle d'or? Le pacifique c'est salé! Bref, vous avez compris. Ce n'était pas beau à voir! Elles ont toutes les deux terminé leur soirée en cellule mais n'étaient certainement pas au bout de leur peine. Personne, pas même Rosenbitch, n'avait vu venir le haut-de-coeur qui s'empara de Venia et qui atterri tout droit sur les pieds de l'héritière. Ah, que de bons souvenirs! Vous comprenez pourquoi l'artiste en herbe aurait pu se montrer méfiante à la vue de cette invitation qui semblait pourtant tout innocente. Eileen prétendait vouloir enterrer la hache de guerre pour de bon. Apparemment elle estimait qu'il était temps pour elles deux de se comporter en adultes et de mettre leurs différents de côté. Pour cela, elle proposait à Venia de venir avec elle à Vegas afin de profiter du luxe du complexe hôtelier de son cher papa. Piscine, farniente, shopping et peut-être même balade dans le désert. L'adolescente, d'abord dubitative, se demandait ce qu'il pouvait bien se cacher derrière une telle proposition. Cette garce d'Eileen serait bien capable de prévoir un crash d'avion juste pour la faire chier (et accessoirement la tuer)! Venia en était persuadée, et puis avec de l'argent tout est possible non? Mais d'un autre côté, le meurtre commis à Berkeley avait quelque peu rétablis un sentiment de fraternité aux seins de la communauté étudiante, en tous cas c'était l'impression que Venia avait eu. Peut-être Eileen avait-elle compris que certaines choses n'étaient pas acceptables, comme par exemple prendre quelqu'un et en faire sa bête noire sous prétexte que sa tête ne vous revient pas. Peut-être bien oui, que toute cette histoire avait réussi à amener un peu d'humanité à ce monstre que Venia redoutait tant. Après tout, pourquoi pas aller à Vegas? Qui sait, ça pourrait être amusant! Elle avait elle-même du mal à croire qu'elle allait accepter, qu'elle considérait vraiment se rendre à Las Vegas avec la fille qu'elle se serait fait un plaisir d'étriper encore quelques jours (heures?) auparavant. Mais Venia avait elle-même beaucoup changé ces derniers mois, et cet été avait été, malgré l'interdiction de quitter San Francisco, une occasion de prouver à tout le monde qu'elle n'était plus la même. Bien déterminée à montrer aux autres qu'elle n'avait plus rien d'une enfant, elle s'était mise à fréquenter des jeunes dans le coup qui l'avait initié aux joies des clubs branchés du centre ville, de l'alcool aussi et surtout, même si Venia (ou Hermione comme vous le voulez, car oui, désormais elle s'assumait pleinement), restait raisonnable de peur d'attaquer à nouveau quelqu'un dans un moment d'égarement et de finir fourrée dans les ennuis jusqu'au cou. Elle s'était tout de même mise à fumer de temps en temps. Un an en arrière elle sautillait comme une gamine, souriait à la vue d'un papillon, chantonnait des chansons débiles juste pour le plaisir et regardez-là après une année à l'université, elle nous revient toute transformée, si ce n'est pas même méconnaissable! Elle se cherche, c'est normal me direz-vous, mais peut-être qu'en réalité elle a fini de se chercher et que son nouveau soi n'est rien d'autre que le fruit de ses recherches. La Venia bad girl n'est peut-être pas qu'une passade, allez savoir!

Suivant les indications d'Eileen, Venia s'était donc retrouvée à plier bagage et à rejoindre l'aéroport de San Francisco où un jet privé devait l'amener à bon port. Eileen n'était nul par aux alentours, apparemment elle l'attendait déjà sur place. Juste pour être sûre, l'australienne avait tout de même bien précisé au pilote qu'elle voulait aller à Las Vegas, on ne sait jamais que Rosenbach lui réserve un vol surprise pour le Groenland… Mais non, le jet avait décollé sans secousses , le vol avait été rapide et épargné par un terrible crash comme Venia l'avait imaginé, et elle était arrivée à destination saine et sauve en un seul morceau. La première soirée, elle retrouva Eileen et bien qu'elle se sentait un peu mal à l'aise au début elle se laissa rapidement surprendre par la gentillesse de Rosenbitch. Cette dernière lui avait réservé une superbe suite, et elle avait prévu un programme chargé pour que Venia n'en rate pas une miette. En se couchant pour la première fois à Vegas, elle ne pu s'empêcher de se dire que tout ceci était trop beau pour être vrai mais le lendemain elle avait à peine ouvert les yeux que sa garde était baissée. Eileen était réellement sincère, elle voulait faire de Venia son alliée et leurs disputes monumentales n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Le deuxième jour se passa sans soucis, la Sigma profita un peu de la piscine mais surtout elle apprécia une sortie dans les magasins avec Eileen qui continuait de se montrer attentionnée. Le temps défilait à une allure folle et Venia avait même du mal à croire qu'elle était bien ancrée dans la réalité et que tout ceci n'était pas un rêve. Le troisième jour promettait d'être intéressant, Eileen avait tenu parole en réquisitionnant une voiture tout terrain pour faire découvrir à Venia le désert du Nevada. Levée aux aurores, l'adolescente était parée pour l'aventure. Retrouvant Eileen dans le hall de l'hôtel, elle allait se laisser conduire. "Allons nous perdre dans le désert!" lança-t-elle un peu trop joyeusement, et elle ne croyait pas si bien dire!

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“ I'm a bitch in disguise
I'm a bitch that never hides
I'm a bitch just realise
I'm a bitch all the time ”

Les étudiants pouvaient de nouveau quitter la ville, la panique qui s’était répandue au dessus de Berkeley suite au meurtre de Riley se dissipait peu à peu. Les vacances débutaient officiellement bien qu’en retard d’un bon mois. Eileen ne s’était pas faite priée pour disparaitre au plus vite de la circulation. Sans se retourner elle avait littéralement fuit la Californie pour les températures bouillantes du Nevada. Elle aurait dû être aux anges de regagner sa ville natale après deux longs mois d’absence et pourtant, c’était le coeur lourd ou plutôt brisé qu’elle observait la skyline de Vegas à travers le hublot de son jet. L’air pensif, elle fixait le même point invisible depuis bientôt trois heures, tel un véritable zombie. La bouteille de champagne face à elle demeurait intacte et aucun son ne parvenait à franchir le seuil de ses lèvres. Jayan, son monde avait tourné autour de lui durant plus de huit mois, et maintenant qu’il était parti, son monde ne tournait plus. Il était en pause, c’était un arrêt cardiaque doublé d’une attente interminable pour que le coeur daigne rebattre à nouveau. Elle se souvenait de tout dans les moindres détails, le film de cette soirée désastreuse défilait dans sa tête à la manière d’un cauchemar. Il n’y avait pas d’échappatoire. La coke lui permettait d’atteindre un monde parfait mais ce n’était qu’éphémère, ça ne durait qu’un temps, puis la douleur revenait. Encore plus lancinante, encore plus mortelle. Il avait embrassé une autre fille. C’était l’histoire de la fille qui s’attache à un homme qui s’attache à une autre fille. Adieu ses rêves de fins heureuses et de bonheur à deux. Jayan n’était pas prêt à s’attacher, par prêt pour une relation sérieuse. Elle l’aimait plus que tout, plus que le champagne et les talons vernis, elle lui avait avoué tout ça une bonne cinquantaine de fois, mais il restait muet. Le problème dans cette histoire, c’était elle. Elle s’était blessée une fois de plus dans ce qu’on appelle le jeu des sentiments, le jeu de l’amour et du hasard. Surtout du hasard. Le destin était un enfoiré, et l’amour n’existait que dans ses rêves. Elle devait se faire à cette idée mais elle n’y parvenait pas. Se détruisant à petit feu, Eileen rejoignait la ville du vice déterminée à l’oublier par tous les moyens. Il était trop tard pour revenir en arrière, trop tard aussi pour se mettre à plat ventre devant lui. Elle n’avait plus de coeur mais encore un peu de fierté qu’elle espérait bien conserver. Puis, elle eu un élan d’inspiration, elle comprenait que pour aller mieux elle ne devait pas se faire du mal à elle, mais faire du mal aux autres. C’était de l’égoïsme pure, de la méchanceté à l’état brut, c’était du Rosenbitch tout craché. Sans Jayan à ses cotés elle redevenait cette garce détestable nichée sur quinze centimètres de talons. Celle qui scrute, qui observe et qui d’un regard azur foudroie. Elle avait besoin d’une victime. Une personne qu’elle n’aimait pas et suffisamment naïve pour tomber dans le piège. Une personne à qui elle allait décrocher la lune avant de la lui jeter au visage. Le mal que lui avait fait Jayan, elle allait le faire à quelqu’un d’autre, juste pour voir. La perte d’espoir, l’évanouissement des rêves, et puis plus rien. Le désert à perte de vue. « Hermione vs Voldemort » murmurait t’elle. Hermione ou Venia, son nom lui échappait des lèvres comme une évidence. Elle méprisait cette gamine depuis des lustres. Ce qui avait commencé par quelques railleries d’adolescentes avait pris des proportions démesurées. Eileen allait se fondre dans la peau de Voldemort pour une vengeance des plus exaltantes, une vengeance machiavélique qui permettrait peut être d’éloigner Jayan du fil de ses pensées. Eileen se souvenait de cette violente bagarre sur la plage avec cette gamine droguée. Une bastion qui s’était terminée au poste, où la Sigma lui avait littéralement vomi sur les pieds. Eileen avait laissé cette affaire dans un coin, mais elle s’était jurée d’y revenir un jour et d’offrir à la demoiselle la vengeance du siècle. Elle allait retrouver ses lettres de noblesse lorsque Venia n’aurait plus que ses deux yeux pour pleurer. Elle savourerait sa victoire avec délectation, les Rosenbach sont intouchables et Hermione allait l’apprendre à ses dépends. Sans quitter des yeux le hublot qui offrait une vue à couper le souffle sur le désert du Nevada et la fameuse Death Valley, Eileen réfléchissait activement à un plan digne de sa réputation. Il fallait faire venir la Sigma jusqu’à Vegas, l’attirer en terrain conquis, le piège se refermerait tout naturellement sur elle. Dès lors qu’elle foulerait le sol de Vegas, Hermione serait en terrain ennemi sans même le savoir. Eileen comptait fixer ses propres règles du jeu, et si l’argent n’est pas roi, le pouvoir l’est. Un mince sourire des plus détestable se dessinait sur ses lèvres, il ne présageait rien de bon. Cette étendue déserte sous ses pieds lui donnait des idées, de terribles idées. La Death Valley, l’un des endroits les plus chauds d’Amérique, atteindre les 50 degrés au sol est un jeu d’enfant. Elle se demandait combien de temps Venia pourrait mettre avant d’être littéralement carbonisée, ou de fondre comme de la glace. Une heure, une journée ? Par chance ce n’était pas le temps qui lui manquait. Elle était en vacances, et son Jayan n’était plus auprès d’elle. Eileen allait s’improviser meurtrière ou du moins tortionnaire, de quoi rendre son été bien enrichissant. Attrapant un stylo chromé dans son sac, Eileen se mit à rédiger une invitation des plus solennelle à l’intention de mademoiselle Collins. Elle lui expliquait à quel point elle serait ravie de la voir ici, que sa présence serait un véritable plaisir et que ceci permettrait de repartir à zéro et d’oublier le passé. Un ramassis de conneries purement et simplement. Au programme : piscine, cocktails, séances shopping et maquillage, discussion de filles autour de macarons français. Un univers de luxe luxuriant mis à la disposition de miss Collins gratuitement grâce à cette très généreuse invitation. Qui refuserait ? Personne. En revanche ce qu’Eileen ne disait pas, c’était comment après deux ou trois jours de purs bonheur elle allait abandonner Venia en plein désert. Prétextant une excursion bidon elle la laisserait là, au milieu de nulle part, du sable à perte de vue, et la chaleur toujours plus étouffante. Elle ne comptait pas la tuer, non, elle tacherait de lui coller un GPS dans le dos pour la retrouver lorsque ce petit jeu commencerait à la lasser. « Pour des vacances inoubliables. Eileen Rosenbach. » susurrait t’elle, en écrivant la dernière ligne de son invitation. Venia n’avait pas idées, elles allaient être inoubliables et encore plus que ça.

Deux jours, deux interminables jours qu’elle devait se coltiner Hermione. Eileen affichait en permanence un sourire de circonstance faussement niais et atrocement ridicule. Elle jouait à la grande soeur adorable avec Venia, elle lui faisait découvrir des choses dont elle ignorait jusqu’alors l’existence. La magie de Vegas, les néons partout, les après-midi autour des piscines géantes et des cocktails au champagne à chaque heures. Eileen lui offrait du rêve, des doses inépuisables de rêves. La gamine se croyait dans un parc WaltDisney grandeur nature, sauf qu’elle était à Vegas : la ville du vice. Eileen était le vice à l’état brut, elle aurait du e méfier, prendre garde. Manipulatrice dans l’âme, Eileen savourait d’avance le coup de maitre de son plan. Aujourd’hui serait le jour du grand final, le feu d’artifice, le boomerang qui revient en pleine figure. Elle avait promis à Venia de l’emmener découvrir le désert autour de Vegas, pour l’occasion l’héritière avait fait les choses en grand. Armée des clés d’un 4X4 de luxe, elle débarquait dans le hall du palace où Venia l’y attendait bien sagement. Vêtue d’un short miniature laissant apparaitre sa plastique de rêve et d’une paire de basket, fait rare pour Rosenbitch qui ne jurait que par les talons hauts, elle avançait jusqu’à hauteur de la Sigma. « Tu repars demain, il faut absolument que tu vois le désert avant ça. Tu vas adorer, c’est tellement dépaysant. » articulait elle d’un ton des plus enjouée avant d’attraper Venia par le bras. « Daddy m’a prêté son 4X4, ça va être extra ! » poursuivait t’elle en employant une voix ridiculement niaise, mais après tout dans la tête de Venia, elle était sa nouvelle meilleure amie. Ainsi, les deux jeunes femmes s’engouffrèrent dans le véhicule rutilant, une petite heure de route les séparaient du lieu tant convoité. « Hermione, tu ne m’as jamais dis. Tu as quelqu’un en vue à Berkeley ? » Alors si en plus de lui ruiner ses vacances elle pouvait lui ruiner son coup de coeur ce serait fantastique. Appuyant sur l’accélérateur la jolie blonde regardait Venia du coin de l’oeil, l’air innocente. « Mon cousin Zadig va faire sa rentrée en septembre et sincèrement tu devrais tenter ta chance, il est parfait. » lui confiait t’elle en riant intérieurement. Si Eileen était une connasse, Zadig était le roi. Jamais on avait vu pire enfoiré depuis des décennies. Si Venia tombait dans le piège de Zadig, il n’en ferait qu’une bouchée, elle imaginait d’avance et s’en frottait les mains. Lançant un énième regard à l’intention de la Sigma, Eileen tournait le bouton de la climatisation au maximum. La chaleur envahissait d’ores et déjà l’intérieur du véhicule. « Je suis entrain de bouillir littéralement. ». La joie des températures excessives de Vegas. Venia ferait bien de profiter de la climatisation car d’ici quelques heures elle marcherait en solitaire en plein désert, avec un peu de chance elle aura pensé à prendre des spaces cookies pour voir se dessiner les contours d’une oasis imaginaire.

14 999 pour ma Léa :plop:

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Même si Venia accordait largement le bénéfice du doute à Eileen concernant sa rédemption, il n'en restait pas moins très étrange pour elle de se retrouver bras dessus, bras dessous avec la fille qu'elle avait sans doute le plus détesté de toute sa vie. Avant Eileen (et accessoirement June, sa grand complice), Venia n'avait jamais entretenue de relation haineuse avec qui que ce soit. Et si vous trouvez le mot "haine" un peu fort, sachez qu'il ne le sera jamais assez pour décrire ce que la jeune Sigma avait pu éprouver à l'encontre de ses détractrices. Si elle avait pu arracher la tête d'Eileen et la donner à bouffer aux lions, elle ne se serait pas privée. Mais voilà que la grande Rosenbitch s'était transformée en agneau tout gentil, tout mignon, Venia avait beau chercher des failles chez sa nouvelle (et très inattendue) amie, elle n'en trouvait aucune. Après tout, elle lui avait bien offert tout ce qu'elle lui avait promis dans l'invitation, le jet privé, la chambre d'hôtel luxueuse, les séances shopping, et tout le reste. Venia en avait bien profité, et elle s'étonnait elle-même à ressentir de plus en plus de sympathie à l'égard de l'Epsilon. Après tout, la vie était trop courte pour passer son temps à se disputer avec les gens et puis même si le pardon n'est pas facile, même s'il semble bien difficile d'oublier le passé et de tourner complètement la page, ressasser ce qui a pu arriver avant n'avait rien de bon non plus, ni pour elle-même, ni pour Eileen. Tout le monde peut faire des erreurs, même des monumentales, et tout le monde mérite une seconde chance. Venia était peut-être trop naïve, trop gentille aussi, mais elle avait été élevée ainsi après tout, elle avait plus récemment appris à se montrer méchante mais ce n'était pas dans sa nature première. Elle envisageait donc sérieusement d'effacer l'ardoise d'Eileen pour recommencer sur de véritables bonnes bases avec elle. De toute façon, même si Eileen n'était pas sincère, pourquoi aurait-elle pris le temps de l'inviter à Vegas et de lui offrir toutes ces choses fabuleuses? Venia étant tout de même surdouée, elle avait envisagé l'idée qu'il y ait anguille sous roche, mais elle avait beau se creuser la tête, retourner la situation dans tous les sens, s'imaginer tout un tas de scénarios, elle ne voyait vraiment pas d'explication au nouveau comportement d'Eileen envers elle hormis le fait peut-être, qu'elle veuille vraiment faire la paix. Certes, cela semblait trop beau pour être vrai, mais avec ce début d'été difficile et cette année toute entière qui avait été quelque peu calamiteuse, Venia avait envie de croire qu'il restait un peu d'espoir, que tous les étudiants de Berkeley avaient en eux la capacité de s'améliorer et de devenir des gens meilleurs. Elle voulait profiter de sa deuxième année à l'université, pas se prendre la tête comme cela avait été le cas l'année passée. C'était trop dur pour elle de vivre autrement qu'avec un sourire vissé à ses lèvres. Cette joie de vivre fraichement retrouvée lui avait tant manqué, la jeune australienne s'était en effet laissée emporter dans un tourbillon d'idées noires, de déprime, et cela avait quelque peu gâché son expérience universitaire mais aussi et surtout, sa personnalité s'en était retrouvée complètement bouleversée. Elle n'était plus la même personne, mais à ce qu'il parait on appelle cela "grandir".

Quoi qu'il en soit, bien que la confiance accordée à Eileen soit toute nouvelle, elle existait belle et bien. Cette dernière se comportait d'une façon complètement inovante pour Venia, elle ne l'avait jamais vu ainsi. Son monde était tellement différent de la jeune Sigma. Elle était issue d'une famille pleine aux as, née dans une ville de folie, entourée de gens célèbres, ou très riches eux aussi, ou très beaux, ou tout cela à la fois, de son côté Venia était habituée à un mode de vie plus modeste. Elle n'était pas pauvre, ses parents avaient tous les deux de bons emplois et elle aimait sa famille et ses amis plus que tout, mais quelque part, en comparaison à la vie qu'Eileen menait, la sienne pouvait paraitre un peu fade. Tout de même, lorsque la jeune femme interrogea la jeune adolescente sur ses intérêts amoureux, ou en tous cas sur les garçons qui auraient pu lui avoir tapé dans l'oeil, Venia en resta presque bouche bée quelques instants. Parler de ses coups de coeur avec Eileen… Une semaine auparavant elle se serait roulée par terre en riant aux éclats en entendant quelqu'un lui prédire cela. A sa manière de formuler sa question, on aurait dit qu'Eileen et elle avaient toujours été de grandes amies, ou en tous cas qu'elles s'étaient toujours plus ou moins bien entendues. Une part d'elle se demandait si elle arriverait un jour à se faire à cette idée, être amie avec Eileen Rosenbach…. Si elle avait dû dresser une liste de toutes les choses à faire avant de mourir, celle-ci ne serait sans doute même pas apparu dessus, la Sigma aurait même été du genre à dire "plutôt mourir que de faire amie-amie avec cette fille" mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis après tout, non? "Quelqu'un en vue?" répéta-t-elle comme si elle n'avait pas bien compris. "Pas vraiment, non." Il y avait bien eu Lucas pour lequel elle avait eu un petit (gros) coup de coeur mais ce dernier était en couple avec Aleyna et de toute façon même si cela n'avait pas été le cas il y aurait eu peu de chances pour le voir un jour s'intéresser à la gamine qu'elle était autrement qu'en temps que bons amis. Eileen parlait de son cousin Zadig, Venia hocha simplement la tête. Elle voulait bien accorder une seconde chance à la jeune femme mais de là à rejoindre sa famille, non merci. Elles n'en étaient pas encore là! De plus, "parfait" n'a sans doute pas le même sens dans le monde d'Eileen et dans celui de Venia. "C'est vrai qu'il fait chaud, mais tu devrais avoir l'habitude non?" commenta-t-elle suite à la remarque de l'Epsilon qui déclara être en train de bouillir. Venia était elle même acclimatée à de très hautes températures, n'oublions pas qu'elle venait d'Australie et que plus récemment, elle avait passé une grande partie de ces derniers années dans l'état du Nouveau Mexique où les températures et la météo de manière général était plutôt similaire au Nevada. "Si moi je n'ai personne en vue… J'ai entendu dire que toi tu avais quelqu'un." Venia avait dit cela en tentant de paraitre la plus détachée possible. "Oh… Ce n'est pas que je m'y sois vraiment intéressée, mais les gens parlent beaucoup tu sais, et dès qu'un couple se forment ça devient vite l'évènement du siècle, tout le monde suit les petites histoires de tout le monde à la manière d'un soap opéra. Difficile d'y échapper…" Elle se sentait obligée de se justifier, elle ne voulait pas que son hôte pense qu'elle avait mené sa petite enquête, à ce moment-là elle était encore censée se foutre de la jeune femme comme de l'an quarante. Bon d'accord, Venia avait peut-être écouté des filles parler du couple d'Eileen avec un certain Jayden ou Jayan, l'un des deux, impossible de s'en souvenir avec certitude. Elle n'en savait pas beaucoup plus, mais par curiosité elle l'avait cherché sur facebook et il était vraiment beau. Puisque c'était Eileen qui avait lancé le sujet, peut-être aimerait-elle partager des détails plus précis sur sa relation avec la jeune adolescente, même si celle-ci en doutait. Elle tourna la tête pour observer au dehors, le paysage était déjà désertique, même si on pouvait encore apercevoir la ville derrière elles. De loin, Las Vegas semblait être une ville comme toutes les autres, rien ne laissait présager de la folie qui pouvait en émaner, c'était comme si elle voulait vous attirer gentiment vers elle avant de vous piéger dans son vice. Diabolique!

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“ I'm a bitch in disguise
I'm a bitch that never hides
I'm a bitch just realise
I'm a bitch all the time ”

Eileen roulait encore et toujours en direction du désert. Plus les secondes défilaient plus elle s’éloignaient de Las Vegas et de ses chambres d’hôtel climatisées. Intérieurement, la jeune femme riait aux éclats, plutôt fière de la tournure que prenaient les événements. Tout se déroulait exactement comme prévu et son plan semblait presque infaillible. La naïve petite Hermione buvait chacune de ses paroles et se convainquait elle-même que la détestable Eileen était devenue un ange en un claquement de doigts. Comment pouvait elle croire une seule seconde que la princesse de Vegas était sincère avec elle, qu’elle ne lui voulait que du bien et que pire encore elles étaient désormais amies. Ceci aurait été impensable encore quelques semaines plus tôt, et c’était simple, tellement simple d’embobiner la petite Collins. Eileen faisait d’elle ce qu’elle voulait en faire, Venia était devenue sa marionnette et doucement elle se rendait compte de l’influence incroyable qu’elle pouvait avoir sur cette petite. Un sourire machiavélique s’emparait de ses lèvres tandis qu’elle appuyait fortement sur l’accélérateur. L’amour de la vitesse, du danger et surtout du risque. Tout le monde savait que Rosenbitch aimait jouer avec le feu et prendre des risques inconsidérés; elle faisait parti de ses rares personnes qui ne se fixaient aucune limite, jamais, et d’autant plus maintenant que Jayan n’était plus là. L’avantage lorsque l’on a plus rien à perdre c’est que tout semble dérisoire, on se sent bien au dessus. C’était exactement comme si, rien ne pouvait l’atteindre, qu’elle était devenue indestructible dès l’instant où il avait brisé son coeur. Venia pouvait peser le pour et le contre autant qu’elle le voulait, jamais elle ne douterait, jamais elle ne s’en rendrait compte de l’énorme supercherie dont elle est victime. Eileen avait toutes les cartes en main, et elle les maniaient à la perfection, elle trompait son monde avec brio, la petite n’y voyait que du feu. Trois jours qu’elle enchainait les paroles amicales et niaises, les gestes affectueux et les discours mielleux. Chacune des étincelles qui apparaissait dans les yeux de Venia était une petite victoire en soit, plus dure en serait la chute, lorsqu’elle découvrirait le piège dans sa totalité. Ses mains empoignaient fermement le volant tandis qu’elle jetait de multiples regards en direction de la Sigma. Eileen tuait le temps en lui faisant la conversation, tout en masquant parfaitement le haut niveau de méprise qu’elle avait pour l’Australienne. « Oui, quelqu’un qui te plait. C’est l’université il faut que tu en profites, tu ne vas quand même pas rester toute seule. » répondait elle en accompagnant ses paroles d’un rire complice. Elle jouait à la grande soeur avec Venia, lui promulguait quelques conseils et lui parlait de garçons. Elle se fondait dans un rôle qui n’existerait définitivement jamais, c’était une mascarade bien ficelée et rien de plus. Le sujet semblait mettre Venia mal à l’aise ce qui avait le don d’emplir Eileen de joie, elle s’en frottait les mains. Après tout, elle n’avait croisé Venia main dans la main avec un bel apôtre à Berkeley. La vie privée de la Sigma était insignifiante à ses yeux, mais elle était une fine observatrice et elle se tenait informée de la moindre petite rumeur qui pouvait circuler entre les murs de l’université. Venia était donc seule, désespérément seule. Eileen haussait un sourcil faussement désolée et enfonçait ses pupilles azurs dans celles de la jeune femme. « Pas vraiment ? Comment ça ? » demandait elle quelque peu interloquée par cette réponse trop floue à son goût. « J’ai droit à un nom. » terminait elle par dire en ajoutant un large sourire, sans nom il n’y avait clairement rien d’intéressant à se mettre sous la dent. Eileen accélérait de nouveau puis elle quittait brutalement l’autoroute, rejoignant ainsi une petite route difficile d’accès et escarpée. Elles allaient s’enfoncer au beau milieu du désert là où il n’y avait plus rien à des kilomètres à la ronde. Plus d’habitations, plus d’hôtels luxueux, plus d’eau, plus de réseau, et surtout plus de vies. Venia allait découvrir le sentiment d’être seule au monde, d’être abandonnée par tous, de n’être qu’une chose insignifiante au milieu de nulle part. Ce sentiment Eileen l’avait découvert contre son gré au début de l’été. Après sa violente dispute avec Jayan, elle s’était sentie mourir de l’intérieur, comme si ses organes se consumaient un à un. Trahie, abandonnée et blessée dans sa fierté et ses sentiments, elle n’avait cessé de penser à la vie qui vient, aux gens qui sont là un instant puis qui s’en vont, au temps qui passe et qui jamais n’accepte de faire durer les moments magiques éternellement. un instant on est au sommet, on est deux, on a cette sensation d’apesanteur qui envahie chaque muscles de notre corps, puis l’instant d’après le rêve s’écroule. Il s’écroule, il se désagrège sous nos pieds et le bonheur qu’on tenait entre nos doigts s’évapore. On se retrouve seul comme au premier jour et on a un incroyable désir de vengeance. Une vengeance contre la vie, contre les gens, contre ces sentiments infernaux et surtout contre cet enfoiré de destin qui détruit tout sur son passage à la manière d’un ouragan meurtrier. La ville de Vegas disparaissait peu à peu à l’horizon offrant aux deux jeunes femmes un paysage à couper le souffle, un décor lunaire. Des kilomètres de sable et une chaleur toujours plus puissante, à la limite du supportable. « Je viens de passer une bonne partie de l’été à San Francisco je te rappelle et je suis habituée à la climatisation des suites des palaces de mon père pas à cette fournaise qu’on ne trouve que dans le désert. » répliquait t’elle sèchement, Venia commençait à lui taper sur le système mais par chance son calvaire prendrait bientôt fin. Elle ajustait les volets de la climatisation dans sa direction avant de pousser un lourd soupir. Elle revoyait enfin sa ville natale après près de deux loin moi coincée à Frisco et la Sigma se permettait de lui faire des réflexions déplacées. Evidemment qu’elle était habituée à la chaleur, évidemment qu’elle craignait le froid comme personne, mais là, actuellement elle n’en pouvait plus de partager l’habitacle climatisé de son 4X4 avec cette insolente. Elle accélérait davantage et roulait à vive allure dans le sable brulant du Nevada afin de se perdre encore un peu plus dans les terres. Elle observait sa position GPS d’un regard discret, lorsque Venia jugea bon de l’interrompre une nouvelle fois. « Non, je n’ai personne. Tu devrais te tenir mieux informée des rumeurs qui circulent, ça t’éviterait de faire des suppositions insensées. » tranchait elle hautainement en ne prenant même pas la peine de regarder Hermione. Si cette dernière se permettait de prononcer le mot « Jayan » ce serait sans nul doute le dernier mot qui sortirait de sa bouche à tout jamais. En à peine quelques secondes elle était parvenue à retransformer Eileen en abominable garce. Dommage pour elle, il n’y avait aucune issue de secours dans le coin. « Nous n’avons jamais été en couple, sinon soit certaine que ce serait lui qui serait avec moi à Vegas et pas toi. » poursuivait t’elle alors que les contours de Vegas disparaissaient finalement. Elle aurait tellement aimé revenir quelques mois en arrière, ce week-end où elle avait amené Jayan à Las Vegas, où ils s’étaient fait tatouer le mot -destiny-, elle sur l’épaule, lui sur le poignet. C’était le bon vieux temps, une vieille mélodie qui ne cesserait jamais d’exister dans ses souvenirs. Leur première nuit ensemble, lorsque ses lèvres cherchaient les siennes et que son coeur battait à tout rompre. Tout son corps ne réclamait que lui, et cet instant aurait dû ne jamais cesser, car encore aujourd’hui séparés par des kilomètres, elle ne pensait qu’à lui. Roulant encore pendant une dizaine de minutes, elle freina brutalement au milieu de ce terrain désertique. « Tuuut, tuuut, tout le monde descend. » ordonnait t’elle d’un ton bien plus réjouie que précédemment, il était hors de question que son plan foire maintenant. Elle s’extirpa du véhicule et attrapa son appareil photo sur la banquette arrière, Venia devait garder un souvenir papier de cette journée. La journée où elle s’est royalement faite piégée par Queen Rosenbitch en personne, la réincarnation du mal. Elle fit quelques pas dans le sable tout en ne quittant pas Venia du regard, pointant son objectif face à elle, elle ordonna à la Sigma d’aller se placer juste devant. « T’enverras la photo à tes parents, il seront ravis de voir que tu ne restes pas cloitrée à San Francisco. » jugea t’elle, en essayant de cadrer parfaitement. « Il faudrait que tu recules, on ne voit pas bien le désert dans ton dos. » manipulation, plus elle reculera, plus Eileen aura de temps pour remonter dans sa voiture et se barrer en la laissant ici. « recule encore, encore, encore un peu. » hurlait t’elle à Venia qui lui obéissait au doigt et à l’oeil, pas méfiante pour deux dollars. La partie pouvait enfin commencer.

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