love at first sight ; keep holding on (flashforward)
Auteur
Message
Nina Fitzmartin
there's no place like berkeley
› prénom, pseudo : julia › date d'inscription : 15/06/2013 › nombre de messages : 6103 › avatar : florrie arnold
Sujet: love at first sight ; keep holding on (flashforward) Jeu 22 Aoû - 13:57
Citation :
It was his fault, all of it, and yet her hatred for him was the worst kind of love. a tortured longing, a misguided wish that made her heart hammer in her chest ft. MATTEAGAN / j. smith ; the statistical probability of love at first sight.
matthew n. warrens-crawford & reagan j. lennon-barckley ; one week earlier ; 2015 may the seven - La maison est vide, le carrelage est froid. Des draps couleur crème recouvrent les meubles déjà un peu poussiéreux et l'endroit semble s'être vidé de toute allégresse lorsque la décoration très british rock s'en est allée, elle aussi. Je traîne des pieds dans une maison qui m'est familière, mais qui pourtant renferme des secrets que je n'ai jamais soupçonné. C'est la maison de deux vies, un avant et un après. Mes doigts ripent sur le crépis des mûrs, mes pieds en chaussettes sur le parquet. Elle ne sert plus à rien, cette maison, c'est pour ça que je la quitte pour de bon. Ethan s'en est allé vivre en Australie depuis bien longtemps, Eleanore n'a aucune maison fixe. Elle vit au jour le jour, Eleanore La Tour Dubois. Elle s'extasie un jour de grand soleil lorsqu'un serveur vient lui apporter un sex on the beach dans son hôtel des Bahamas et flirte avec un moniteur de ski italien le lendemain dans les Alpes. C'est une vie bohème qui lui convient et lui va à ravir, même si elle me manque beaucoup. Et moi, cela fait des années déjà que je ne suis que visiteur ponctuel de ma propre maison. Je viens pour les derniers rangements, parce qu'il est temps de quitter les lieux définitivement et de vider mes placards des dernières vieilleries qui y siègent. En passant devant la chambre d'Ethan, qui n'a jamais semblé si bien rangée, je remarque que son placard grand ouvert est encore à moitié plein. Il a fait le voyage exprès pour pouvoir déménager en même temps que moi, l'histoire de passer une dernière journée de nostalgie symbolique au sein de notre maison. Avant que nos chemins ne se séparent, heureusement pas pour toujours, mais pour un certain temps. Je pénètre dans la pièce du démarche chaloupée, voguant entre les cartons terminés et les meubles bâchés. Lorsque mes prunelles azurées repère un carton aux couleurs égocentriques, une inspection plus détaillée me permet de constater, sur le côté, l'inscription en lettres capitales du mot '' MEMORIES - BERKELEY '' . Moi qui croyait, naïvement visiblement, qu'Ethan s'était débarrassé de toutes ses affaires concernant l'Université... Ma curiosité maladive m'incite à m'emparer du carton afin de l'inspecter plus précautionneusement. Intriguée par cette découverte, j'escalade docilement ses étagères jusqu'à attraper le carton du bout des doigts et le renverser au sol. En constatant le bruit d'éclats, je devine aisément avoir cassé quelque chose, néanmoins vu la poussière qui s'échappe de cet amas de bibelots et autres camelotes, j'en déduis que la boite n'a pas été déplacée depuis bien longtemps et n'a donc aucun intérêt pour son propriétaire. C'est plein d'écharpes estampillées du sigle de Berkeley, rouge pour coller à son ancienne confrérie. Y a des cadres photos où il pose tout sourire avec des filles qui ne me reviennent même pas. J'y dégote même une couronne en plastique, accrochée à un autre cadre photo. Au dos, j'arrive à déchiffrer son écriture maladroite qui m'indique miraculeusement '' Plum, bal de promo 2011 ''. Il doit se gourer, la fille c'est Manon Petrov-Versier, mais avec une allure différente. Je peine à comprendre la méprise, parce que je ne connais pas la véritable histoire et une fois encore, je réalise que je ne sais rien. 2011, c'est trop '' proche '' de moi, mais paradoxalement si loin. C'est pire qu'une fouille archéologique par ici, mais je la mène avec un entrain bien particulier. J'essaye de me dépêcher, j'entends Daniels démonter les meubles Ikea de la salle de bain et à ses grommellements agacés, je devine qu'il ne va pas tarder à quémander mon assistance, ou à défaut celle d'un technicien plus compétent. Je soulève les objets, les coupes, les cadres sans y accorder trop d'importance, jusqu'à découvrir une seconde boîte en bois. Je bute sur la boite, comme elle est grosse, massive. C'est probablement ça qui a provoqué le fracas quand j'ai fais tomber le carton, mais je m'en fiche. Y a mon nom sur la boite et même un cadenas. C'est scellé par un putain de cadenas. Curiosité à son zénith. Ça sent le gros mystère. J'en peux plus de ces conneries. Je jette un coup d’œil rapide dans l'encadrement de la porte pour voir ce que Ethan est en train de faire et constate qu'il a mis la musique à fond pour s'ambiancer durant son exercice. Parfait, je prends ça comme un feu vert et balance la boite dans tous les sens dans le seul but de la briser. Elle finit par s'ouvrir lorsque je la dépose au sol et saute à pied joint dessus, sans y laisser une petite partie de ma fierté et un grommellement douloureux. C'est encore pire que de marcher sur des legos. Mais la boite est ouverte et dévorée par la curiosité, je m'empresse d'en décortiquer le contenu. C'est plein de Cds, des espèce de compiles datant de mon époque lycée, puis des plus récents genre ''Rjslb live, keep holding on 2009.''. Je tombe sur un album photo, où certains clichés ont été balancés entre deux pages à la va-vite, certains d'entre eux sont même abîmés. Matteagan. C'est quoi ça ? La page d'après m'offre la réponse. Matteagan, c'est la contraction de Matt et Reagan. Sans savoir pourquoi, je me met à sourire bêtement. C'est clair qu'en 2009, je devais trouver ça trop cool de contracter deux prénoms. Matt et Reagan. Je feuillette les pages d'un air contemplatif et tombe sur ce qui semble être un couple heureux. C'est moi, des années en moins et de l'insouciance en plus. L'air plus enjoué, comme si je me balançais mon propre bonheur passé à la gueule dans un présent où je ne sais plus sourire de cette façon. Mes doigts effleurent des photos où l'inconnu et moi, nous rigolons à l'unisson et où il me berce dans ses bras. Je commence à avoir la migraine, tant j'y comprends rien et tant il y a de questions qui me cisaillent l'esprit lorsque les flash' débutent. Je m'arrête pour contempler une photo simple, nous deux dans un bar, en train de trinquer. Je vis la scène de nouveau par séquence, je me rappelle qu'après avoir pris le cliché, j'ai renversé mon verre sur ses chaussures et pour se venger, il m'a étalé du guacamole sur la figure. C'est comme ça durant des pages, des souvenirs qui surgissent du passé. Certains sont heureux, d'autres le sont moins. A la dernière page, une photo volante vient se glisser entre mes doigts et un coup d’œil attentif me projette le bal de 2011. C'est pire que tout, insoutenable. Mon cœur s'est emballé sans ma permission, mais je ressens l'agonie que par séquence. C'est comme être électrocutée proche de la mort, quand les secouristes essayent de vous ranimer et que vous revenez à vous. Je le sais, je l'ai vécu en février 2012, lorsque ma vie débridée de cinq ans à débutée. Lorsque cinq années s'étaient envolées en emportant des connaissances, des potes, des idylles et une histoire que tous s'étaient bien gardés de me conter. Je me rappelle de lui. Pas dans les moindres détails, pas tout le temps. Mais assez pour trouver l'excès de sentiments qui m'oppresse insupportable. Matt. Matthew Warrens-Crawford. Je me rappelle de lui, de son visage, de son parfum aussi un peu. Je me demande pourquoi il est pas venu me voir, pourquoi ça s'est arrêté parce que je sens, profondément que c'est l'histoire de ma vie. Je serre l'album entre mes bras, l'air effrayé et bouleversé. Je crache mes poumons quand je commence à pleurer de désarroi, l'air pathétique, parce que je comprends que j'ai loupé un truc, encore. Ethan se tient dans l'encadrement de la porte, tétanisé. Il ose même pas approcher, me regarde comme si j'étais radioactive, avec sa tête de coupable, parce qu'il a compris que le mensonge s'est envolé. « .Je veux le voir. » ordonnais-je d'une voix rocailleuse entre deux sanglots, en le bousculant, sans lui adresser un regard, serrant l'album dans mon étreinte de peur qu'on ne me le vole.
12 may 2015« .Tu devrais pas aller le voir, t'as une vie maintenant. Qu'est-ce que tu vas dire à Andréa ? Lui aussi il a refait sa vie depuis, tu sais. Qu'est-ce que tu vas aller chercher de toute façon ? Ça va mal se terminer. » Ils y ont mis du cœur, à me dissuader. Mais je veux le voir. C'est viscéral, intense. Même si c'est pour rien, même pas parler, se regarder dans le blanc des yeux pendant une minute volée à l'éternité et repartir chacun de son côté. Je compte pas lui voler sa vie actuelle, il l'a méritée. Moi aussi, j'ai une vie, des responsabilités et des engagements. Je suppose que lui aussi, même si je trouve ça étrange. Nous avons tous les deux une vie, chacun de notre côté. Maintenant je sais que c'est étrange, pas naturel, je le sens. J'ai l'impression que mon existence n'a plus aucun sens, que tout s'est retourné d'un coup dans un putain d'éboulement et que ma vie entière actuelle est basée sur un mensonge qui s'écroule. Et le pire, c'est que c'est vrai. Je suis célèbre, dans le monde entier, j'ai une vie rêvée, un petit ami génial, des amis fantastiques. Mais pourtant rien ne va, c'est le bordel. Et j'ai le cœur en friche. Des débris qui savent plus quoi penser ni même ressentir. Il est parfait Andréa, depuis des années. Même si c'est un connard parfois, même si des fois, c'est la guerre. Pourtant, maintenant même notre relation que je pensais passionnée a perdu de son panache face aux souvenirs de ma relation incendiaire avec Matt. Matt' je le connais pas. Je le connais plus. Mais je sais que j'ai envie de le voir, même si c'est pour rien dire. Je veux pas m'immiscer dans sa vie, il a sûrement tourné la page et je vais faire semblant que le livre s'est pas ré-ouvert pour moi. J'ai pas le droit de lui faire ça. Ethan me demande si je suis sûre quand on se pointe devant l'immeuble. Il m'a dit qu'il habitait au troisième, appartement douze avec deux filles et un garçon, depuis un moment déjà. Que Matt' a une petite amie aussi, qu'il étudie toujours à Berkeley. C'est à peu prêt tout ce qu'il sait – ou bien ce qu'il a voulut me dire, ma confiance en lui s'effrite. J'ai demandé des détails importants et pertinents, parce que mes faibles souvenirs me suffiraient pas. Oui je suis sûre. Je me livre moi-même comme un cadeau empoisonné sur son paillasson et toque trois fois d'un geste hésitant. Je m'apprête à rebrousser chemin et à m'enfuir. Mais c'est trop tard, y a une ombre qui se précipite sous la porte. J'ai mal partout, mes muscles se contractent, mon cœur siffle d'agonie comme une cocotte minute qui va par tarder à saturer. Il ouvre la porte et je le redécouvre, comme si c'était la première fois que je le voyais. Et je comprend qu'Ethan plaisantait pas quand il parlait de coup de foudre, nous concernant. Son parfum, son regard, sa gueule. Je suis amoureuse et ça me saute à la gueule. Je retiens ma respiration et dépose un regard qui se veut chaleureux sur ses traits harmonieux. J'essaye d'esquisser un sourire, mais j'ai l'impression de grimacer de honte. On dirais une gamine de quinze ans devant son crush. J'ai l'amour ridicule. « .Salut. » sérieux ? T'as pas trouvé mieux ? Difficile de faire plus sommaire. « .Matt. » Je précise, pour qu'il comprenne que je ne suis pas là par hasard. Que l'univers s'est enfin décidé à me rendre, même si partiellement, mes divins souvenirs. Sur l'instant, je me demande si je l'ai croisé, durant ces dernières années. Si dans ma totale ignorance, je l'ai salué entre deux cours comme si c'était rien de plus qu'un pote ou une connaissance vague. J'en sais rien. Mes grands yeux bleus le scrutent en quête d'un souvenir, même infime, en vain et c'est pleine d'embarras que je reprends. « .Oui. Je... Enfin. Je me souviens. Je me rappelle de toi, de nous aussi. Pas tout, mais juste assez, je crois. » Je m'exprime maladroitement. On a pas fait rencontre plus étrange. Je baisse les yeux, parce que la contemplation n'a que trop durée. L'émerveillement s'estompe au profit d'une gène lancinante. Je me sens coupable de tout, mais c'est parce que je suis ignorante, je ne sais pas tout. Y a des questions comme '' pourquoi t'es pas venu me voir '' et '' pourquoi t'es pas resté '' qui ne trouvent aucune réponse et je suis là pour les élucider. Mais d'un autre côté, j'ai peur de la réponse. Je ne sais pas si je veux savoir. Ethan lui semblait certain de ce qu'il avançait lorsqu'il disait que je ne voudrais jamais savoir et que c'était mieux comme ça. Je finis par soupirer, cherchant à chasser l'angoisse pesante. « .Écoute, je voulais juste te dire ça. » Je relève le regard, essaye de lui faire un sourire. Un sourire mécanique qui fonctionne pas bien longtemps et retombe en un air mélancolique. « .Et aussi... Je suis désolée, Matt. Pour tout, tu sais. » Pour t'avoir oublié, nous avoir oublié. Pour les moments probablement affreux, les douleurs, la tristesse, la peine que j'ai causée sans le savoir. Je l'aimais(l'aime ?) tellement...je crois. Comment c'est possible d'oublier pareille histoire ? Mon cœur prend grand plaisir à me raviver les sens lorsque mes yeux le contemple. J'ai tellement honte d'avoir oublié. Mais c'est parce que je sais pas que c'est en grande partie de sa faute. Les médecins disent que j'ai oublié parce que je le voulais et que ma mémoire me reviendrait seulement si je le voulais aussi. Je ne suis plus sûre de rien à présent. A part peut-être que oui, l'avoir en face de moi, c'est plus intense, plus poignant que tout.
Invité
Invité
Sujet: Re: love at first sight ; keep holding on (flashforward) Jeu 22 Aoû - 14:01
Do you think we'll be in love forever ?
Baby put on heart shaped sunglasses 'cause we gonna take a ride. I’m not gonna listen to what the past says, I’ve been waiting up all night. Take another drag turn me to ashes, ready for another lie? Says he’s gonna teach me just what fast is, say it’s gonna be alright.
lana del rey;; diet mountain dew ▬ you're not good for me, but baby i want you ;;
« Lâche un peu ton bouquin et viens t’occuper de ta copine un peu ! » Sans même daigner répondre, je mettais fin à la conversation et lançais mon téléphone sur mon lit. Il était vrai que je ne l’avais pas vu depuis plusieurs jours désormais, mais je l’avais prévenu, il ne fallait surtout pas me déranger, sous aucun prétexte. Après avoir envoyé une ébauche à une maison d’édition, j’avais réussi à décrocher par je ne sais quel miracle un contrat pour un roman. Néanmoins, régulièrement, je devais envoyer de nouveaux extraits pour les tenir au courant de l’avancée du livre, et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’avais du mal à tenir les délais. J’avais donc besoin d’être seul, de me concentrer sans avoir à supporter les nombreux parasites qui pouvaient me faire dévier de mon objectif. Pendant des années, je n’avais pas su quoi faire de mon avenir, je m’étais perdu, j’avais peur. Aujourd’hui, ce n’était plus le cas, et personne n’allait se mettre en travers de mon chemin, il en était hors de question, j’étais prêt à tout sacrifier pour publier ce roman, pour faire de l’écriture mon métier. Au fond de moi, c’est ce que j’avais toujours voulu, faire de ma passion mon métier. Autrefois, il s’agissait du football, j’étais rentré à l’université pour parfaire mon jeu, pour m’améliorer. L’année où j’aurai dû être drafté par une équipe professionnelle, l’année où j’avais été plus proche que jamais de réaliser mon rêve, était l’année où j’avais tout perdu. Cette balle que j’avais reçue en plein dans l’abdomen avait laissé bien plus de séquelles qu’il n’y paraissait. La rééducation avait été longue et j’étais bien moins vif sur le terrain que je l’étais auparavant. Les clubs professionnels ne pouvaient pas prendre le risque de me recruter, c’était insensé. Mon rêve était parti en fumée en l’espace de quelques secondes, en un clic, sous la pression d’une simple détente. Au fil du temps, je m’étais montré intéressé par l’écriture, la manière dont les romanciers arrivaient à transmettre des émotions par leur simple plume m’avait impressionné. Petit, je n’avais pas eu accès à une vraie culture, j’avais dû me cantonner à ce que j’apprenais à l’école de mon quartier. La bibliothèque de mon père fût une sacrée découverte pour moi, une véritable mine d’or. Les grands auteurs anciens, comme contemporains, c’était devenu ma nouvelle passion, lire, m’instruire, bien loin des hobbies que j’avais pu avoir auparavant. Les épreuves que j’avais traversées au fil des années m’avaient changé, ou plutôt, elles avaient fait ressortir la réelle personne qui sommeillait en moi depuis toujours. Draguer à tout va comme je le faisais avant de rencontrer Reagan, faire la fête tous les soirs et ne plus me rappeler de rien le lendemain, me droguer, faire des courses avec la nouvelle voiture de sport offerte par mon père, tout cela ne me ressemblait pas, tout cela ne reflétait pas la personne que j’étais réellement. C’est notamment dans la littérature que je m’étais retrouvé, dans l’écriture que j’avais pu me réconcilier avec moi-même. C’était devenu une évidence pour moi, j’avais toujours voulu avoir un travail qui me passionnerait, je n’avais pas envie de rentrer chez moi, tous les jours, blasé par mon travail. Il était hors de question pour moi d’endurer ce genre de choses, j’avais déjà suffisamment souffert par le passé, j’estimais avoir le droit, moi aussi, à ma part de bonheur. Ce premier bouquin que je devais rédiger serait peut-être la base de ma vie pour les prochaines décennies à venir, tout reposait dessus, et je ne pouvais donc pas me laisser aller à quelques distractions, passer du temps avec ma copine y compris. Elle n’arrivait pas à comprendre que je jouais beaucoup sur ce coup-là, que l’opportunité dont je disposais ne se présenterait peut-être plus jamais. Pour elle, c’était comme un devoir à rendre pour l’université, rien de plus. Pourtant, réussir cette épreuve serait synonyme d’un passeport pour le bonheur, bonheur qui m’avait fuit pendant de biens trop longues années. Je l’aimais cette fille, mais pas au point de mettre mon avenir en péril, pas au point de tout plaquer. Ce n’était pas un amour fusionnel, pas un amour où la passion rythmait le quotidien, pas le vrai amour diront certains. J’avais déjà aimé plus que ça, bien plus que ça, mais j’en avais retenu la leçon, plus on aime, plus la souffrance est importante, la mienne m’avait presque conduit à ma perte, aux portes de l’enfer, aux portes de la mort. Cette période que j’avais traversée était des plus sombres, je ne pouvais, je ne voulais pas revivre ça, sous aucun prétexte. Toute mon existence n’avait été que souffrance, je ne voulais pas me remettre en danger, plus jamais. Désormais, les belles histoires d’amour passionnel, je les vivais par procuration, je les vivais à travers les livres ou les films, rien de plus. Je n’avais pas l’intention d’en écrire, du moins, pas pour l’instant. Il était bien trop tôt pour me replonger dans ceci, je ne pourrai pas, je ne pourrai pas jusqu’à être entièrement guéri de cette rupture qui m’avait fait côtoyer les abysses, qui m’avait fait vivre une véritable descente aux enfers. Le problème était là. Je ne me pouvais pas me permettre de vivre une véritable histoire d’amour, d’en créer une, ou même d’y penser, sans avoir fait un trait sur mon passé auparavant. Je n’en parlais jamais, je faisais croire aux gens que je n’y pensais jamais, mais pas un jour ne se passait sans que je pense à elle, sans que je pense à ce qu’il s’était passé. Aux yeux de tous, j’allais très bien, j’avais mis toute cette histoire derrière moi, certains de mes amis ne savaient d’ailleurs rien de cette histoire qui m’avait liée avec celle qui squatte sans cesse les classements des meilleures ventes d’albums. Pour tout le monde, c’était de l’histoire ancienne, presque une vieille anecdote que l’on pouvait ressortir pour rigoler. Mais ils faisaient fausse route, tous autant qu’ils étaient… Je savais très bien ce que j’avais perdu, c’était bien plus qu’un amour de fac, c’était l’amour de ma vie, un amour perdu à jamais. J’en étais parfaitement conscient, c’en était d’autant plus douloureux, je devais vivre avec, sans jamais pouvoir en parler librement. Il me semblait impossible d’oublier, la plaie était encore ouverte, je devais simplement apprendre à cicatriser, à vivre avec sans pour autant en souffrir. Perdu dans mes pensées, la dernière phrase apposée sur mon ordinateur remonte à plus d’une heure. Comme d’habitude, lorsqu’il s’agit d’elle, je ne fais que ressasser de vieux souvenirs et oublie tout ce qu’il se passe autour de moi. Je suis assoiffé, je ne sais si je me ferai un jour au climat Californien, cette canicule qui frappe dès le mois de mai ne me sied guère. En passant par le salon pour aller me chercher un verre d’eau à la cuisine, je me rends compte que l’appartement est d’un calme inhabituel. Aucun de mes colocataires n’est présent, ils doivent probablement tous être dehors et profiter du soleil et de la chaleur, plutôt que rester enfermer et de travailler comme moi. Des opportunités de profiter du soleil j’en aurai d’autres, pas sûr que je puisse en dire autant pour un contrat dans une maison d’édition. Paradoxalement, ce calme m’angoisse un peu, je ne suis pas habitué à voir cet endroit si silencieux, étrangement vide. Au fil des années, j’ai pris l’habitude de ce brouhaha provenant du salon de ces petites disputes entre colocataires, de Davy et Elmas qui jacassent bien trop fort, comme le ferait n’importe quelle fille. Tous ces petits détails qui forment cette ambiance si particulière, ces détails qui me font me sentir chez moi ici. Je repartais en direction de ma chambre lorsque quelqu’un frappa à la porte. A coup sûr, elle l’avait mal pris quand je lui avais raccroché au nez et elle venait maintenant me faire chier. J’avais tout gagné, en plus d’être perdu dans mes pensées pendant une heure, j’allais devoir la supporter avec sa crise pendant un bon petit moment, perdant un temps précieux dans la rédaction de mon roman. Préparé à ce qu’elle s’énerve et me fasse la morale, j’ouvrais la porte. C’était comme si je voyais un fantôme. Aucun mot n’était suffisamment fort pour décrire ma surprise, pour décrire le choc que je reçus. C’était impossible, comment pouvait-elle se trouver ici, sur le pallier de mon appartement, après toutes ces années, comment pouvait-elle se souvenir. Les questions fusaient par rafales dans ma tête et je ne savais pas du tout quoi penser. Je devais probablement rêver, tout ceci ne pouvait être réel. Mon cœur battait aussi vite que les batteries qui rythmaient se chansons, j’étais tétanisé. Au bout de quelques secondes, elle finit par prononcer mon nom. Elle n’était pas là par hasard, elle se souvenait, il ne pouvait en être autrement. Ce moment était celui que j’avais espérer pendant des années, mais paradoxalement, il était également celui que j’avais le plus redouté. Je m’étais fait des tas de scénarios dans ma tête, seulement aujourd’hui, aucun ne correspondait, imaginer était une chose, agir en était une autre, et en ce moment précis, j’étais incapable de faire quoique ce soit. Se souvenir par morceaux, être désolée, voilà ce qu’elle avait à me dire. Mais être désolée de quoi, désolée d’avoir perdu la mémoire, elle n’y était pour rien. Tout était de ma faute, tout avait toujours été de ma faute. C’était à cause de mes conneries et de celles d’Ethan que ce déséquilibré lui avait tiré dessus, à cause de nous si elle avait eu cette amnésie. C’était de ma faute si après cet incident nous ne nous étions pas remis ensemble, j’étais celui qui avait fuit face à sa mémoire atteinte, je n’avais pas été celui qui s’était battu pour elle, j’avais été lâche, alors être désolée, non, elle n’avait vraiment aucune raison de l’être. Je n’avais rien à lui reprocher, elle avait été parfaite, comme toujours. « Je… Je ne sais pas trop quoi te dire. Je ne m’attendais pas du tout à ça. » Je n’arrivais pas à la regarder dans les yeux, j’avais peur d’affronter son regard, peur d’affronter la réalité, peur de souffrir une fois de plus. « Tu n’as pas à être désolée, tu n’es responsable de rien… de rien de tout ça. » J’avais merdé, c’était à moi de prendre mes responsabilités. A ses proches également, Ethan notamment, qui n’avait jamais eu le courage de lui parler de moi, qui m’avait rayé de sa vie et était resté proche de Reagan. En plus de l’amour de ma vie, j’avais également perdu mon meilleur ami, qui n’avait pas pris une seule fois de mes nouvelles. Qu’il ne cautionne pas mon comportement, je le comprenais, mais qu’il me laisse sombrer sans jamais renouer le contact, je m’attendais à bien mieux de sa part, il m’avait blessé. « Euh, je t’en prie, rentre, on sera mieux à l’intérieur que sur le palier. » J’avais rarement été aussi maladroit que je ne l’étais à présent. J’étais mal à l’aise, gêné, je ne savais pas comment agir, la situation était bien trop bizarre. Je n’avais pas le cœur à sortir des banalités, notre histoire était tout, sauf banale. Il me suffisait de la regarder pour me remémorer tous les sentiments que j’éprouvais pour elle. C’était bien plus qu’un simple amour, ce que certains appelaient le coup de foudre, voilà ce que c’était, l’amour fou, celui qui m’avait brisé, mais celui qui m’avait fait vivre la plus belle période de toute ma vie. Aujourd’hui, elle se souvenait de toute notre histoire, je ne savais pas où tout cela pouvait me mener, mais pour elle, je me savais prêt à tout. « Tu… Je suppose que tu as des questions, non ? Je suis désolé, je… je sais pas vraiment quoi dire. Tu m’as manqué, horriblement. » De nombreuses sensations m’envahissent, je suis partagé entre le plaisir de la revoir et la honte de ne pas avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour la retrouver, pour la reconquérir, pour faire en sorte qu’elle se rappelle de moi.
Nina Fitzmartin
there's no place like berkeley
› prénom, pseudo : julia › date d'inscription : 15/06/2013 › nombre de messages : 6103 › avatar : florrie arnold
Sujet: Re: love at first sight ; keep holding on (flashforward) Jeu 22 Aoû - 14:18
Citation :
. Hear me when I say I believe. Nothing's gonna change destiny Whatever's meant to be will work out perfectly
Elle avait l'air d'une fillette, plantée dans ses petites bottines noir abîmées et ses cheveux blond peignés de la façon la plus brouillonne possible. Les mains fourrées dans ses poches, elle se contenta de se bouffer la lèvre inférieur, comme si ça pouvait atténuer l'angoisse grandissante dont elle était victime. Osant à peine attarder son regard sur lui, Reagan se contenta de hausser les épaules et d'afficher un sourire en piteux état, aussi médiocre que sa tentative de paraître imperturbablement heureuse. La blague. L'exercice était plus dur qu'elle ne l'avait imaginé et l'espace d'une demi-seconde, elle s'imagina rebrousser chemin et faire comme si de rien n'était. Taper un sprint jusqu'à Ethan qui devait probablement faire les cent pas dehors, tout aussi nerveux qu'elle, et sauter dans ses bras afin de dissimuler la honte qui habitait ses traits. Se retrouver face à lui fit frémir son palpitant à tel point qu'elle devina la crise cardiaque arriver au grand galop. C'était à la fois douloureux et attendrissant, pénible et passionnant. Leurs retrouvailles étaient aussi théâtrales que n'importe quel film d'auteur, ceux devant lesquels Reagan s'obstinait à pleurer sans raison particulière. C'est l'amour, tu comprends, c'est la passion, qu'elle expliquait à chaque fois entre deux sanglots. Souvent, elle ponctuait d'un '' tu peux pas comprendre '' tout aussi théâtral que le film et replongeait son nez dans son mouchoir, agacée de constater qu'il n'y avait qu'elle pour sangloter devant du noir et blanc (et qu'elle était un véritable cliché ambulant, la blonde qui pleurniche devant un film, de surcroît) . Pour ça, elle trouva miraculeux de constater qu'elle ne pleurait pas encore. Plus spectatrice mais bien protagoniste, elle se sentait pourtant flotter dans sa gêne et n'eut aucun mal à deviner que la noyade se profilait. « .Moi non plus, figure toi. » répondit-elle, farouchement embarrassée de débouler sur le pas de sa porte avec ses souvenirs. T'es conne, t'aurais pas du venir, tu te fais du mal pour rien . Elle aurait du téléphoner avant, ou bien envoyer un e-mail. Toutefois, elle se connaissait assez pour savoir qu'à l'instant où il aurait décroché, elle aurait raccroché sans même se présenter. Réflexe. Et un e-mail... elle trouvait ça terriblement impersonnel. Peu douée dans l'exercice d'écriture, exception faite de l'écriture de chansons évidemment, Reagan se voyait mal envoyer un mail froid et fade. Il méritait qu'elle se déplace et ce très largement. Pour couronner le tout, elle le trouvait plus beau encore que dans ses souvenirs. Plus mature. Il avait encore ces quelques traits qui faisaient de lui quelqu'un d’irrésistible, avec des années et de la maturité en plus. En le contemplant (enfin) d'un regard attentif, mais pas moins prudent, Reagan n'eut aucun mal à se rappeler de combien elle pouvait aimer sa figure, combien il lui était (malgré tout) rassurant et surtout, pourquoi elle n'avait eut aucun mal à tomber folle de lui à l'époque. Sans pour autant retrouver sa contenance, elle se contenta de l'accoster d'un sourire chaleureux, plein de gourmandise. Chacun s'excusait, pensait devoir s'excuser avec abondance et visiblement, il ne partageait tous deux pas la même vision des choses. Elle s'excusait pour avoir osé oublier. A sa place, elle l'aurait vécu du fond d'un gouffre et n'en serait probablement jamais sorti tant que lui ne lui aurait pas tendu la main. « .Un peu quand même. » déclara-t-elle, résolue à lui faire comprendre qu'elle aussi avait des excuses à formuler et qu'il n'avait pas à porter le fardeau seul. « .Te sens pas obligé, je venais juste comme ça. J'ai pas envie de m'imposer. » Elle était là pour ça, entrer, se poser et discuter. Toutefois, elle n'était plus tout à fait sûre de vouloir entrer comme ça dans son appartement. L'appartement incarnait un genre de métaphore pour elle. Tu rentres dans son appart', tu rentres dans sa vie. Elle ne savait pas ce qu'elle espérait tirer de cette conversation, si elle serait capable d'en assumer (et surtout de supporter) les conséquences qui iraient avec un tel pas en avant et se demanda un instant si elle n'aurait pas mieux fait de ne pas venir finalement. Mais elle avait besoin, pour avancer et vivre avec le retour de sa mémoire, mais surtout de ce trop plein de sentiments qu'elle nourrissait à son égard et qui mordait son cœur à chaque fois que celui-ci osait battre trop fort. Pourtant, elle ne se laissa pas le temps de réfléchir plus que ça et décida de faire un pas dans l'entrée. Les mains dans les poches arrières de son jeans, elle fit claquer les maigres talons de ses bottines sur le parquet et pénétra dans ce qu'elle estampilla (dans un coin de sa tête) de l'étiquette '' la nouvelle vie de Matt ''. Celle qu'il menait loin d'elle, en étant parfaitement conscient de qui elle était et surtout, de qui ils étaient l'un pour l'autre. C'était assez étrange pour elle, de s'imaginer qu'il puisse vivre autre chose en dehors d'elle. Qu'ils existaient chacun de leurs côtés. Pourtant elle l'avait fait, vivre sa propre vie et ce durant des années. Mais elle ne se souvenait plus et lui si. Pourtant, à part le faste et la célébrité en plus, leurs existences se rapprochaient pas mal sur le papier. Un peu confuse et absorbée par le trop plein de détails qu'offraient l'appartement, elle se contenta d'avancer vers le living room à petit pas, comme un éléphant dans un magasin de porcelaines, effrayée de casser quelque chose ou de faire quelque chose de mal. « .C'est sympa ici. » commenta-t-elle, ébahie, mais pas trop, par l'habitation. C'était charmant, coquet. Un peu bordélique et sans doute très animé en soirée, aussi. L'appartement était atypique, parfait pour accueillir une colocation. Néanmoins, Reagan était habituée à vivre dans du bling bling, bien qu'elle ne soit évidemment pas matérialiste. Peu dépensière, elle se retrouvait pourtant à vivre dans de somptueux palace et sa nouvelle maison new yorkaise, celle qui attendait encore d'accueillir le charme de ses meubles californien, surclassait cet appartement sous tous les aspects. Pourtant, elle réprima une pointe de morosité en inspectant les lieux. C'était joli comme tout, il y avait des photos partout, des signes de vies, de délires à foison. Toutes ces petites choses qui donnait vie à un appartement et dont le sien manquait cruellement. Comme une élève assidue, elle s'imprégna tant bien que mal de l'endroit, jusqu'à ce que son hôte ne décide de relancer la conversation et que ses mots ne l'interpellent. Elle lui avait manqué … terriblement. Attristée de savoir que lui en revanche, ne lui avait pas manqué tant que ça au cours des dernières années, mais tout d'un coup il y a de ça quelques jours, Reagan retint sa respiration. Va savoir pourquoi. Peut-être était-ce dû au soulagement certain qu'elle éprouvait à savoir que oui, elle lui avait manqué malgré tout. Ses sentiments ravivés et sa nouvelle façon de devoir les aborder la mettait complètement mal à l'aise. C'est comme être amoureuse d'une ombre, d'un inconnu. Elle sait qui il était par le passé, mais le présent ne lui inspirait rien... pour l'instant. « .Vraiment ?. » lança-t-elle peut-être un peu trop vivement, lui adressant au passage on regard on ne peut plus suspicieux et le tout sans évidemment s'en rendre compte. L'effet de la surprise, sans doute. Elle douta, et ce à juste titre, qu'elle ait pu lui manquer alors qu'elle n'avait vraisemblablement pas souvenir de l'avoir vu faire un pas dans sa direction, ni-même se manifester. Certes, Ethan, Jayan et bien d'autres s'étaient employés à lui cacher sa relation, toute corrosive qu'elle soit, avec Matthew. Néanmoins il n'avait pas non plus cherché à l'approcher, pas dans ses souvenirs tout du monde. Comme ça mémoire défaillait fréquemment, le doute était permis. « .J'ai pas la prétention de vouloir revenir dans ta vie tu sais. Je sais pas, j'avais juste envie de savoir ce que tu faisais maintenant, voir à quoi ta vie pouvait bien ressembler. » ajouta-t-elle timidement, essayant délibérément de faire passer sa question précédente à la trappe. Bien sûr, elle pouvait douter du fait qu'elle lui ait manqué, mais le dire à voix hautes... quelle maladresse. Ne sachant sur quel pied danser (et sachant par-dessus le marché qu'elle ne savait pas danser du tout) avec lui, elle avait l'impression d'osciller entre le manque de franchise manifeste, la réserve, la distance provoquée par son malaise et justement, le trop plein de franchise. Pas de juste milieu, tout dans les extrêmes. « .Et puis oui, d'avoir des réponses. Mais j'ai pas envie de te forcer à en parler non plus. » ajouta-t-elle, en bonne empotée. Tellement mal à l'aise qu'elle avait carrément l'impression d'être une parodie d'elle-même et pas de bonne qualité en plus. « .J'imagine que ça n'a pas été très simple ces dernières années et j'ai pas envie d'enfoncer le couteau, ou bien de raviver le truc, tu vois ?. » S'il avait souffert durant des années et que tout ça c'était derrière lui (quoi qu'elle ne soit pas sure du tout du fait que ce soit derrière lui, moins encore qu'il ait pu souffrir de tout ça), Reagan quant à elle payait pour sa perte de mémoire maintenant. Des épines invisibles cisaillaient sa peau d'entailles. La douleur irradiait et allait crescendo, sans qu'elle puisse lui donner un véritable nom, mais puisse en deviner la source. Le manque de lui, alors qu'il se tenait à distance respectable d'elle, commençait à devenir oppressant. Ses doigts flirtèrent avec un bureau en bois, sur lequel reposait un ordinateur en veille. Un simple passage sur le pad ralluma l'écran, dévoilant la première page d'un récit. « .T'écris un livre ? C'est tellement cool. » commenta-t-elle, rêveuse et curieuse de savoir ce à quoi l'ouvrage pouvait bien faire référence. Cool, mais étrange, quand même, pour elle qui ne savait rien. « .Même si je t'imaginais plus... footballeur. » C'est toujours mieux que dealer de drogues tu me diras. Mais faut croire que ses souvenirs étaient obsolètes. Transportée vers un passé qui lui sembla si lointain, mais qui finalement ne l'était pas tant que ça, elle se rappela combien il pouvait apprécier le football américain et ses rêves d'être recruté au niveau national. Pourtant, rien ne laissait présager que ses espoirs s'étaient réalisés, bien au contraire. Monsieur changeait de carrière, ce qui était tout à fait normal. Il n'y avait qu'elle pour persister à faire de ses rêves de gosses une réalité. Finalement elle poussa un soupir morose, s'obstinant à fourrer ses mains dans les poches de son pantalon et à divaguer, un pas vers la droite, un vers la gauche, dans un endroit qui lui sembla se rétrécir un peu plus chaque seconde. Ils allaient l'avoir, la grande conversation. Effrayée par l'idée de ne pas savoir où aller, mais surtout de comment tout ceci allait se terminer, elle se laissa pourtant bercer par son instinct. « .Je me souviens du moment où j'ai lu ta lettre. Tu sais... Quand t'es parti avec ton frère. » Être amoureuse de lui de nouveau, se remémorer leur histoire lui donnait l'impression d'être prisonnière d'un carcan trop exigu pour elle et que celui-ci se resserrait un peu plus à chaque minute passée auprès de lui. La vie qu'elle menait à présent ne lui convenait plus, alors qu'elle avait tout d'idyllique. Célèbre, elle vivait de sa passion, voyageait, rêvait, vivait une relation parfaite tant sur le papier que dans la réalité avec un homme merveilleux. C'est parfait. C'était parfait. Jusqu'à ce qu'elle ne réalise que tout ceci reposait sur un bonheur éphémère et que la passion se trouvait ailleurs. Le piment de son existence se tenait devant elle, écrivait des bouquins, vivait dans un monde qui n'était plus tout à fait le sien. « .Je crois que c'est le dernier souvenir de toi que j'ai. Mais je suis pas sûre. » Ça la touchait le dire d'un ton aussi badin, tellement morose. Elle se souvenait de la lettre, mais pas de la suite. Les mois dans le noir, après une rupture soudaine, basée sur rien. Ça, elle ne s'en souvenait pas encore et même si elle arrive à deviner, c'est encore à mille kilomètres de la réalité.
Invité
Invité
Sujet: Re: love at first sight ; keep holding on (flashforward) Jeu 26 Sep - 6:31
Citation :
there is nobody else for me, and i don't want anybody else ;; the notebook
Ce moment, ce mont que j’avais attendu pendant des années se présentait enfin à moi, et, comme paralysé, je ne savais que faire. J’étais bloqué, un surplus d’émotions m’envahissait tout à coup m’empêchant d’agir normalement. Agir normalement, je n’en avais jamais été capable quand il s’agissait Reagan, tout avait toujours été dans l’excès, que ce soit nos disputes incessantes ou l’amour passionnel que je lui portais. J’étais là, planté dans l’encadrement de la porte, comme un collégien qui veut parler à la fille qui lui plait, mais qui ne sait pas comment s’y prendre. Ce mélange de bonheur et d’anxiété me tétanisait. Heureux de la retrouver, mais stressé à l’idée de la perdre aussitôt. Il m’était même impossible de lui adresser le moindre sourire rassurant, pour lui montrer que j’étais heureux de sa visite, heureux qu’elle ait recouvré la mémoire, heureux de la voir débarquer à nouveau dans ma vie, même à l’improviste. Cette flamme en moi rejaillissait en milliers d’étincelles. Elle ne s’était jamais vraiment éteinte, elle était toujours là, au fond de moi. J’avais juste tenté de la masquer pour atténuer cette douleur qui me poignardait le cœur, jour après jour. Je m’étais forcé à oublier, à essayer de passer à autre chose, même si je savais pertinemment qu’il me serait impossible d’oublier cette histoire d’amour qui allait au-delà de tout ce que j’avais pu vivre, au-delà de tout ce que j’avais pu lire dans les bouquins, voir dans les films. Ils pensaient tout connaitre du coup de foudre, je l’avais vécu. Ce qu’ils ne nous disaient pas, c’est qu’en plus d’être magnifique, cela était diablement périlleux. Cela nous faisait sentir invincible, on sentait des ailes nous pousser, avant de les voir brûler, comme Icare, à trop s’approcher du soleil, à trop s’approcher du bonheur. Et voilà que ce prétendu bonheur venait frapper à ma porte, venant bousculer ma petite vie tranquille, cette vie plate que je m’étais choisie. Ces mots qui, ces derniers temps, surgissaient avec abondance lorsque j’écrivais mon roman me faisaient défaut à l’instant présent. Il m’était impossible de parler spontanément, la surprise était bien trop importante pour me comporter comme si cette visite à l’improviste était ordinaire. Non, Reagan était une fille extraordinaire, par conséquent, ces actes l’étaient aussi. Qu’étais-je censé faire dans ce genre de situation ? Lui sauter au cou ? Bien sûr que non, j’avais fait bien trop d’erreurs que je devais assumer pour me comporter comme si de rien n’était. Lui fermer la porte au nez ? Pourquoi faire une chose pareille ? Il m’avait suffit de voir sa trémousse blonde dans l’entrebâillement de la porte, de l’entendre prononcer mon nom, pour me remémorer tous les sentiments que j’éprouvais auparavant. De toute évidence, cela ne servait à rien que je me fasse des films de la sorte. Aux dernières nouvelles des journaux spécialisés, Reagan avait toujours un copain et tout ce qu’elle allait me demander serait probablement des explications pour qu’elle recouvre encore un peu plus la mémoire, elle n’attendait sûrement rien d’autre de moi, elle, la rock star. Au lieu de grands discours, tout ce que je trouvais à lui offrir était un sourire embarrassé. Tout au fond de moi, l’envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de rattraper le temps perdu, me tiraillait. Mais je ne pouvais pas, ma chance de vivre avec cette fille formidable, je l’avais laissé passer en fuyant lamentablement à la découverte de son amnésie, lâche que j’étais. Mais désormais, quelques années plus tard, elle était là, dans le salon de mon appartement, probablement à la recherche de réponse à toutes les questions qu’elle devait se poser. Je n’osais imaginer à quel point cela devait être insupportable de n’avoir réponse à rien, de découvrir petit à petit des morceaux de sa propre histoire. C’était comme ces lendemains de soirées où l’on n’a aucun souvenir de la veille, sauf que dans le cas présent, ladite soirée s’étalait sur plusieurs années. « Non, non ne t’inquiètes pas, tu ne t’imposes pas. » Bien entendu que j’étais plus ou moins obligé de la faire rentrer dans l’appartement. Mais obligé ou pas, j’en avais envie, c’était bien là le principal. Depuis le temps, j’avais enfin l’occasion de lui expliquer mes choix, même si cela n’excusait rien, je pourrai lui donner ma version des faits, mon point de vue étant sûrement différent de ce que ses proches avaient pu lui raconter. Ou plutôt, de ce qu’ils lui avaient caché, comme l’existence d’une histoire d’amour de plusieurs années. J’essayais de mettre mon invitée à l’aise, elle disait trouver l’appartement sympa. Je n’arrivais pas à savoir si c’était le réel fond de sa pensée où si ce n’était qu’une formule de politesse, elle qui était habituée à vivre dans des grandes villas ou des grands appartements New Yorkais avec vue sur Central Park. A vrai dire, je pourrai sûrement me permettre de vivre dans un de ces endroits en demandant à mon père, mais je n’en avais pas envie. Ma vraie famille, elle vivait avec moi ici, dans cet appartement. Ce n’était sûrement pas bling bling, mais c’était chez moi, c’était l’endroit où je me sentais le mieux, entouré de colocataires formidables, qui égayaient ma vie, jour après jour. C’est lorsque j’évoquais le vide qu’elle avait laissé ces dernières années qu’elle parut tout à coup suspicieuse. Au fond, c’était tout à fait compréhensible. Pas une seule fois, je n’étais allé lui parler pour lui raconter le fin mot de l’histoire, pour lui dire qui j’étais pour rattraper ma connerie. Je ne pouvais pas lui en vouloir de douter de ma sincérité, les actes parlaient d’eux-mêmes. « Oui, vraiment. Même si les apparences ne jouent pas forcément en ma faveur. » La réalité, c’est que très peu de temps après être parti comme un lâche, je m’en étais énormément voulu et j’avais souhaité faire marcher arrière. Seulement je m’étais moi-même piégé, il m’était devenu impossible de faire demi-tour et de revenir comme si de rien n’était. Il ne s’était pas passé un seul jour sans que je regrette ma décision, sans que je ne pense à elle. Mais penser n’est pas suffisant, il fallait agir. « C’est comme tu le souhaites. Si tu ne veux plus entendre parler de moi, j’accepterai ton choix. Si, par contre, tu souhaites en apprendre plus, si tu souhaites que l’on fasse connaissance de nouveau, cela sera avec plaisir. » Un discours plat, digne d’un politicien. Je n’arrivais pas à être tranchant comme je pouvais l’être habituellement, parce que je savais pertinemment que j’étais le fautif dans l’histoire, que j’étais celui qui devait se faire pardonner. Je n’avais pas toutes les cartes en main, la situation, je n’allais pas la choisir, j’allais la subir, quelle qu’elle soit. « Les réponses tu les auras, c’est bien le minimum que je te dois. Tu peux me demander ce que tu veux, je ferai en sorte de répondre le plus sincèrement possible. » Paradoxalement, l’appréhension se mêlait à la hâte. J’avais peur de sa réaction mais j’étais pressé d’en découdre, de finir ceci une fois pour toutes, d’enfin pouvoir conter ma version de l’histoire, d’assumer les conséquences de mes actes. Bien sûr que non, ces dernières années n’avaient pas été faciles. Elles avaient été les épreuves les plus difficiles qu’il m’eut été donné de traverser. Dieu sait pourtant que ma vie était loin d’être un long fleuve tranquille. Mais j’avais dû affronter cette fatalité, ce sombre destin qui avait amené la fille que j’aimais de tout mon être à ne plus avoir le moindre souvenir de moi, comme si notre histoire n’était plus que poussière. Mais tout cela, ce n’était pas des passages dont j’avais envie de lui parler. Je ne voulais pas m’apitoyer sur mon sort, je ne voulais pas me plaindre. Toute cette souffrance aurait pu être évitée si j’avais agi comme un homme, si j’avais eu le courage nécessaire. Cette histoire restait une énigme irrésoluble, j’avais eu le courage de me dresser entre un déséquilibré mental armé et une fille, de me prendre une balle ; mais je n’avais pas été assez brave pour affronter l’amnésie de la fille que j’aimais, pour l’aider à traverser à cette épreuve, non, je l’avais abandonné, je l’avais laissé seul dans cet hôpital. Au fur et à mesure que je me remémorais les souvenirs, mon cœur se compressait petit à petit, battant de plus en plus fort, comme s’il allait finir par imploser. Elle finit par découvrir l’ordinateur et le roman que j’étais en train d’écrire. J’étais soulagé de la voir aborder un tout autre sujet, quelque chose de plus banal, quelque chose qui ne me faisait pas souffrir. Ceci aussi m’avait manqué, son naturel enthousiasme pour les choses les plus simples, c’était une des raisons qui faisait qu’elle avait autant de charme à mes yeux. Je laissais échapper un léger rire, presque inaudible. « Peut-être parce que j’étais footballeur avant, lâchais-je amusé. Je voulais en faire mon métier, mais je n’ai jamais réussi à retrouver mon niveau après avoir pris une balle, je ne sais pas si tu te rappelles de ça ? » Je ne savais pas si faire remonter de souvenirs aussi forts étaient la meilleure solution, mais ce moment restait comme l’un des plus heureux de ma vie. Ce soir où elle apprit ce que Drew m’avait fait, ce même soir qui fût marqué par notre réconciliation et par ce baiser après plus d’une année d’absence. « Du coup, je me suis trouvé une nouvelle passion il y a de ça un an à peu près. Ce roman sera sûrement la première chose que je publierai. Mais bon, je ne suis pas sûr d’être aussi doué que toi pour l’écriture. » Référence aux chansons qu’elle composait pour ne pas s’attarder trop longtemps sur ce livre. Livre qui se voulait de fiction mais qui était étrangement proche des épreuves que j’avais traversé et qui voyait donc un personnage assez semblable à Reagan. Ecrire tout ce que j’avais pu traverser avait été le meilleur moyen de me canaliser, d’arriver à vivre avec. […] La lettre, la fameuse lettre, celle qui marqua le début de tous mes déboires. C’était la dernière chose dont elle se souvenait. Cela voulait-il dire qu’elle se rappelait de tout ce qui s’était passé avant, de la période où nous étions ensemble à son départ en tournée pour un an. Je ne comprenais plus trop où en était sa mémoire, j’étais perdu, ne savant plus trop sur quel pied danser. « Ah… Et tout le reste, tout ce qu’il y a pu avoir avant, tu t’en souviens ? » Je voulais parler volontiers de tout ce qu’il avait pu se passer avant cette fameuse lettre. Relater mon comportement de lâche m’était en revanche plus compliqué. Raconter comment je l’avais définitivement perdue, raconter pourquoi ses proches ne voulaient plus de moi dans sa vie, je crois que je préférerais encore me faire renverser par une voiture. « Eh bien… Mon frère m’a entrainé dans une histoire louche et on a fini par être recherché par les flics. Après quelques semaines de cavale, on a fini par se faire arrêter. J’ai fait quelques jours de prison avant d’être libéré sous caution… Le jour où je suis revenu à Berkeley, c’était le jour où… et bien… le jour où ce taré t’a tiré dessus. Nous avons juste eu le temps d’échanger quelques mots avant qu’il n’appuie sur la détente. Je reprenais péniblement mon souffle, ayant du mal à avaler ma salive, trop anxieux à l’idée de devoir poursuivre mon récit. La suite… J’étais là, à ton réveil à l’hôpital. Tu te souvenais pas du tout de moi… et j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie, pas un jour ne passe sans que je regrette mon geste… » Je sentais les larmes me monter aux yeux, les sanglots remplir la gorge. Non, je ne devais pas craquer, je devais assumer les conséquences de mes actes, jusqu’au bout, je ne devais pas me porter en victime. Péniblement, je reprenais la parole. « J’ai… j’ai paniqué. J’ai paniqué et je suis parti. J’ai voulu revenir quelques jours plus tard, mais le mal était fait, je ne pouvais pas rattraper les dégâts que j’avais fait… Je suis désolé, sincèrement désolé pour ce que j’ai fait. » Sans que je n’ai pu la contrôler, une larme s’était échappé et coulait à présent sur ma joue. Je l’essuyais rapidement du revers de la main. C’était fait, Reagan me voyait désormais sous mon vrai jour, comme le connard qui l’avait abandonné, comme ce salaud qui ne méritait même pas qu’on lui adresse la parole. « J’espère qu’un jour… tu pourras me pardonner pour ce que je t’ai fait. » murmurais-je, honteux.
Constance La Tour Dubois
there's no place like berkeley
› prénom, pseudo : julia. › date d'inscription : 15/04/2010 › nombre de messages : 36874 › avatar : nina dobrev.
Sujet: Re: love at first sight ; keep holding on (flashforward) Dim 15 Juin - 10:20
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: love at first sight ; keep holding on (flashforward)
love at first sight ; keep holding on (flashforward)