the great escape
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I'm okay, just tired...

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MessageSujet: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyJeu 9 Jan - 17:33

I'm okay, just tired... Chatserpent-433657a


4 janvier 2014

Le glas avait sonné par trois fois. Le glas avait sonné encore et encore dans ma tête alors vide, vide de tout sauf de toi. Mon regard s’égarait sur les passants. Ils trainaient sur leur dos une boite si fade. Ils trainaient sur leur dos les restes de toi. Mais si tu étais là dedans, comment pouvais-tu encore être dans mon cœur ? Est-ce pour ça que le palpitant s’arrachait de toute part, parce que tu me quittais ? Non.  Non, ne t’en vas pas. Pitié, pitié réveillez moi. Rendez le moi.
L’air se noyait dans mes poumons. Je ne savais pas. Je n’avais jamais imaginé qu’un automate pouvait respirer. Je n’avais jamais pensé qu’il puisse marcher, marcher jusqu’à toi, jusqu’à la boite, le temps d’effleurer une photo, cette  image de toi sur laquelle tu souris.  Tu souris… Je ne savais pas qu’un automate puisse souffrir de tant de regrets. Je voudrais effacer mes erreurs. Effacer nos disputes, effacer ta folie, effacer la mienne, effacer nos larmes. Je voudrais que tu reviennes à mes côtés. Tu étais le seul à m’aimer et moi, je ne comprends que maintenant à quel point je pouvais t’aimer.

Et là, présentement,  sans toi, je suis plus qu’un automate, cet automate qui marche encore et qui s’éloigne, s’éloigne de toi. Il sert des mains ce robot, cette poupée, moi. Il croit si fort qu’il n’est rien, qu’il n’éprouve rien. Il oublie, ce robot, qu’il t’aime encore de toute son âme. Son pas le ramène, inéluctable programmation du cœur, vers l’appartement que tu possèdes. Il monte les marches, il se presse, poussé par l’impatience d’effacer ce cauchemar. Il s’emporte, il s’emballe. Tu es là haut, comme toujours, tu es là haut vautré dans ton lit. Tout ça n’était qu’un cauchemar. Tu m’attends et tu te tourneras vers moi. Je serais alors humaine. Je serais alors vivante. Je serais souriante. L’automate se surprend à pousser la porte sans avoir à tourner la clef.

« Tony ! » S’écrit-il face à cette immense silhouette.

Le sourire s’égare et fond.

« Désolé, mademoiselle, le propriétaire nous à demandé de ranger les affaires pour le locataire suivant. Vous voulez ramener quelque chose ? » Annonce un déménageur d’un air navré.

Et il s’en va, cet automate. Il me laisse là, sur le pas de la porte. Il me laisse là avec ces hommes, ces voleurs d’espoirs. La respiration s’emballe, mieux que les affaires ne le sont dans leurs cartons. Je me précipite arrache mon cœur d’entre ses lourdes pattes. De quel droit cet homme touche t il aux affaires de Tony ?

« Tony ?  TONYYYYYYY TONY !»

Je m’enfonce. La noirceur de l’appartement me fait un mal de chien et le silence me répond. Tout s’assombrit et soudain, je me revois. Je suis cet automate. Je regarde la photo de toi, celle que l’on entre lentement en terre. Je regarde ce cercueil passer pour rejoindre l’hôtel. Une commémoration. Il est vide, ce cercueil. Toi, tu es enterré à Mexico. Toi, tu es trop loin de moi. Et soudain, soudain, tout explose. Mes genoux touchent le sol, incapable de soutenir le poids de la vérité. J’ai tué Tony. J’ai tué mon petit ami. Les paumes tournées au plafond, je contemple mon œuvre et je comprends : la solitude me sied si bien. J’ai tout cassé, j’ai tout brisé. C’est mon art, ma destinée. Alors ainsi soit il. Ma main frappe le sol tandis que je redresse la tête. Mes cheveux roses pleurent sur mon visage. Mon regard meure sur la silhouette du déménageur. Et ma voix d’outre tombe s’élève.

« Cassez…Cassez vous. »

Mais c’est moi qui m’étais cassée. Mes oreilles bourdonnent et je me vois. Un genou chancelle et tremble pour me redresser. Les épaules courbées, la respiration saccadée, je ressemble à ces cadavres ambulants. Personne ne bouge, emprisonné par la stupeur.

« Cassez vous ! » Répétais je à nouveau, le pas lourd me portant vers eux.

D’un geste brusque j’attrape une chaise que j’envoie valser. Moi je m’en moque de ces cages superficielles, de tous ces objets. Sans toi, sans toi, je suis paumée. Alors j’envoie tout valser. Je vais tout casser, mon cœur, tout casser de mon cœur brisé.

« CASSEZ VOUS ! » Hurlais je en jetant mon poing dans la table en verre pour mieux me saisir d’un morceau. « CASSEZ …VOUS ! » Reprenais je d’une voix saccadée.

Personne n’est resté. Personne n’a osé. Et moi, je me suis vautrée dans ton lit. Je t’attends. Viens me chercher, j’en ai assez de pleurer, de renifler tes oreilles et de ne plus être capable de me relever.

11 janvier 2014

J’ai toujours pas bougé, j’ai simplement cessé de pleurer. Je ne sais pas qui appeler pour me relever. Tout ce que je sais, c’est que je ne peux pas te quitter.  La montagne de lettres perdue sur le seuil de la porte, certaines ramassée par les déménageurs témoigne de mon dénie. Durant des jours, je t'ai écris pour que tu reviennes. Durant des jours, j'ai glissé des petits mots sous ta porte pour que tu me retrouves. Durant des semaines, je suis venue te rendre visite. Durant des mois, j'ai attendu le retour d'un mort. Maintenant, tout est différent. J’attends, j'attends toujours mais j’attends que quelqu’un vienne me chercher et si c’était la mort, ca m’arrangerait.
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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyJeu 16 Jan - 22:17


I'm okay, just tired...
Aengus  ft. James



« Je crois que sa situation a empiré, à la petite. » Un soupir s’échappe de ma gorge alors que je me tâte le front d’une main. « Je croyais t'avoir dit de ne plus la suivre, Mac. » Un grognement fait grésiller le téléphone. L’homme est visiblement agacé par mon attitude. « Désolé, O’Malley, mais avec toi, c’est toujours tout ou rien, et je sais que tu tiens à cette gamine. » Ollister était peut-être mon meilleur ami, à la fois perspicace, effrayant pour beaucoup et très borné lorsqu’il s’y mettait, sur ce point, il n’avait pas tort. Je savais que malgré mon envie de recoller les morceaux avec Aengus, bien que j’eus accepté à l’avenir de ne pas la faire surveiller pour éviter qu’elle ne le découvre à nouveau et que je passe pour l’horrible bonhomme qui ne sait pas garder ses distances et lui laisser le temps de vivre, je ne me serais jamais pardonné s’il lui était arrivé malheur parce que je n’aurais pas été là pour lui tendre la main. Mac avait donc bien agi. Même si je ne le reconnaitrais sûrement pas devant lui, ni aujourd’hui, ni jamais. « Très bien. Je vais m’en occuper. Tu prends le contrôle le temps de mon absence. » Le temps de remettre à jour certains dossiers plus sensibles que d’autres, d’appeler ma fille pour lui dire que je ne rentrerais pas ce soir, de demander à Maëlle de m’excuser pour le dîner auquel je ne pourrais hélas pas participer, et le tour est joué. « Et monsieur pense être absent longtemps ? Tu sais que je déteste le travail de bureau ! » grogna à nouveau Mac à l’autre bout du fil. « Tant qu’elle ne sera pas rétablie. » répliquai-je à mon tour en remettant ma veste et classant les derniers dossiers épars sur mon bureau. « Parfait. Je sens qu’en l’an 10 000, on y sera encore. » D’humeur égale, comme toujours, ce bon vieux Ollister. « Je ne veux recevoir aucun appel d’ici là. Tu t’occupes de tout, tu as carte blanche. » Comme s’il avait besoin que je le lui dise pour savoir qu’il avait pratiquement TOUJOURS carte blanche. « Et si jamais j’ai besoin de te joindre pour une raison extrêmement urgente ? » Je soupire, en levant les yeux au plafond. Cet homme n’abandonnera jamais. « Sauf s’il s’agit de ma fille, je ne veux pas être dérangé, Mac. J’ai été suffisamment clair. » répétai-je en raccrochant pour me diriger ensuite en dehors de mon bureau, direction l’ascenseur. Une heure plus tard, et j’étais dans un bâtiment très différent du building haut de gamme que je venais de quitter. Là, habitait Aengus O’Griffin, que je n’avais pas vu depuis quelques semaines déjà, et qui me prenait tout mon temps. Ne serait-ce que depuis que j’avais appris qu’elle avait un tueur aux trousses grâce à deux agents du FBI, je n’étais jamais tranquille lorsque je ne la croisais pas de la semaine. Hélas, mon emploi du temps avait été tel que le temps avait filé avant que je ne sois en mesure de rectifier le tir. Aujourd’hui pourtant, j’étais bien décidé à régler ce problème avant qu’il ne prenne définitivement trop d’ampleur. Je cogne deux fois à la porte et j’ai la surprise de la voir s’ouvrir sous le coup. Il faudra qu’on parle aussi de comment sécuriser son appartement quand elle aura un peu de temps devant elle. D’abord hésitant, je finis par entrer. A mesure de mes pas, je fronce les sourcils, témoin du capharnaüm qui règne dans chaque pièce. Livres, feuilles, assiettes, tout est éparpillé, cassé, renversé. Certaines marques d’ongles ont servi d’empreintes à deux tableaux. Quelques meubles ont déchiré le papier peint des murs. Je sors mon arme, par réflexe, ne sachant si j’ai là affaire à une scène de lutte et si le coupable se trouve encore dans l’appartement, ou si ce ne sont que les goûts décoratifs de la jeune femme. Sans faire un bruit, mon pistolet entre mes mains, la respiration lente et régulière, je ne fais plus un geste lorsque j’entends enfin une respiration dans l’autre pièce, dans la chambre. Je n’ai pas attendu très longtemps avant d’entrer, repoussant brutalement la porte, pour y découvrir le fin mot de toute l’histoire. Mon visage jusqu’alors figé se déride et je me précipite vers la petite fille étourdie sur son lit, le cœur lourd à l’idée qu’il ait pu lui arriver un malheur. « Aengus ?! Aengus, réponds-moi, est-ce que ça va ?! » suppliai-je en tâtant son pouls, ma main se posant fébrilement sur sa joue froide.

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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyVen 17 Jan - 0:02

I'm okay, just tired... Tumblr_mwu606ocdm...cho1_400-435b381
JE SUIS CACHEEEE made in Aengus :out:
Et désolée... c'est court mais avec une Aengus qui ne veut pas bouger...
Au prochain tour...  :twisted: 


La porte s’ouvre avec fracas, mais moi, je m’en fou. J’ai pas bougé d’un pouce, pas sursauté, je m’en fou. Tu aurais pu tirer toi, l’étranger. Je savais que tu avais ton arme pointée droit devant toi. Je le savais mais je m’en fichais. J’attendais toujours d’autres pas, d’autres actes.

Aussi, lorsque ta main s’aventure sur ma peau, je grimace mollement.  Un peu plus de douleur, un peu moins, je m’en fiche aussi. Mes doigts se sont raidis des plaies qui cicatrisent. Mais au contact d’une peau contre ma joue, je grogne. Non ! Tout aussi paresseusement, je me tourne, dos à toi, l’homme que je viens de reconnaître. Ca aussi je m’en fou. En réalité, rien n’a d’intérêt, sauf Tony. L’inquiétude dans ta voix me fait mal, me rappelle que je vais tout droit vers le fond, que je suis sur une pente glissante. Ta présence me fait souffrir, comme si tu marquais le temps, un temps que j’avais réussi à suspendre en m’enfermant dans un cocon de souvenirs. Je tire le drap sur ma tête dans l’espoir de te faire disparaître.  Ma bouche reste scellée, comme si le moindre mot pouvait rompre l’enchantement et faire fuir Tony.

Je n’ai pas bougé depuis plusieurs jours. Seuls quelques voyages aux toilettes ou pour piocher dans le paquet de barres céréales aux pieds du lit, m’avait poussée à agir. Je n’avais donc presque rien mangé ou bu. Je n’avais pas pris de douche non plus et je ne m’étais pas changée. Non, je me fichais de tout, même de ta présence ou des raisons qui t’avaient poussé à venir me rejoindre, si c’était moi que tu cherchais avec une arme au poing. Si seulement tu avais pu me tirer dessus… me tirer dessus… Je m’en fou. Je m’en fou toujours et je crois que jamais plus je n’arriverais à trouver d’intérêt à qui que se soit ou quoi que se soit.

Quant à la réponse que tu cherches, James, il s'avère que je vais plutôt bien. Si on ne s'attache qu'au physique, je suis juste affamée, peut être un peu déshydratée. La pièce aurait bien besoin d'un peu de lumière et d'aération. Enfin, ça, c'est une autre histoire.

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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyJeu 23 Jan - 23:06


I'm okay, just tired...
Aengus  ft. James

« Aengus ? » Elle ne bouge pas. C’est à peine si elle a grogné lorsque ma main s’est posée sur sa joue. Son corps est flasque, molle, lorsqu’elle s’écarte avec la rapidité d’un escargot en pleine course, pour se retrouver dos à moi. Même le drap qu’elle a hissé à hauteur de sa tête dont la chevelure éparpillée sur le lit ne laisse plus aucun doute quant à son état de santé maladif, cherche à l’éviter. Une odeur que je n’avais pas humé jusque-là, envahit mes narines et me fait reculer de quelques pas. Ma chaussure heurte un bruit de craquement. Une chips, qui a pris soin de l’embrasser au passage. En y regardant de plus près, je m’aperçois que le sol est jonché de canettes, de papiers de biscuits, parfois même de restes de nourriture méconnaissables. Je crois même entrapercevoir une part de pizza qui a des pattes velues et prend la fuite lorsque j’écarquille les yeux devant ce spectacle digne des plus grandes scènes de désolation. « Bon ça suffit comme ça. » murmurai-je simplement en traversant la pièce pour aller tirer d’un coup sec les rideaux qui donnaient à cette pièce l’impression de vivre dans des catacombes. Le soleil pénétrant les carreaux, une fois la fenêtre grande ouverte, la poussière s’élève, et avec elle, une odeur encore plus nauséabonde. Un mélange de sueur, d’alcool et de tellement de choses que je ne préfère même pas imaginer. Lorsque je pose les yeux sur la petite chose recroquevillée sur le lit, ce n’est pas la pitié qui guide mes pas, mais la foi. L’envie de la remettre sur pied. Recoller les morceaux d’un cœur que je juge capable de s’en remettre. Elle aura beau crier, tempêter, frapper, cogner, vociférer, m’insulter, mes mains eurent tôt fait de repousser les draps et de l’attraper pour la conduire vers la salle de bain. Là, je la tiens fermement, pendant que l’eau froide ruisselle sur nous. J’ai pris soin de retirer mon manteau dans l’entrée. En revanche, ma chemise est mouillée et me colle au corps. Tant pis, s’il faut passer par là … Mes doigts agrippent les poignets d’Aengus et la dissuadent de toute tentative de fuite. Dos contre mon torse, j’attends qu’elle se soit calmée pour la libérer de mon étreinte, et me relever pour lui faire face. Pauvre petite chose fragile que l’on jette à l’eau sans aucune forme de procès. « Alors maintenant, soit tu prends un bain et on parlera lorsque tu seras propre, soit je te savonne moi-même, c’est à toi de voir. L’un dans l’autre, et pardon pour ma franchise, tu empestes, Aengus, et il est hors de question que tu passes une journée de plus dans cet état. » Je n’étais pas énervé, ni fâché. En revanche, on pouvait lire sur mon visage toute ma détermination à agir tel que je venais de le présenter, si jamais elle objectait.



Spoiler:
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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyVen 24 Jan - 13:05

I'm okay, just tired... Tumblr_mzuklfdI3A1s6zpepo1_500

Son sanctuaire demeurait propre de tout parasite ! Aengus avait veillé à ce que cette pièce ne puisse être souillée. Trop précieuse, la chambre ne pouvait se transformer en une poubelle. Immobile dans son lit, la blonde n’avait jamais réussi à quitter la pièce ni pour commander de pizza, ni pour faire les courses, ni pour plonger dans l’alcool. Non, il n’y avait rien ici, que James se rassure sur ce point. Seul le salon, qui servait de hall, avait été massacré à grand coup de chaises et de hurlements hystériques. Ici, et dans les autres pièces, un respect macabre régnait en maître, comme on coule un insecte dans l’ambre pour le momifier. Cette bulle temporelle ne pouvait se perforer. Qu’importe la faim, qu’importe la soif, la gamma se refusait à quitter son nid, sa stase temporelle. Seules les six barres céréales présentes dans son sac lui avaient servie de repas pour les derniers jours. Les vestiges de sa négligence s’exposaient dans les malheureux papiers égarés sur le sol. Aucune pourriture, aucune moisissure ne pouvait ternir les souvenirs de Tony. Les rideaux avaient été tirés pour effacer l’outrage du temps. La fenêtre restait close pour éviter que Tony ne s’enfuie par la fenêtre. Elle avait ainsi emprisonnée l'appartement. Pour elle, c'était l'odeur de Tony, pour les autres, le renfermé.  Plus qu’un besoin de conserver les lieux intact, Aengus ressenti une forme de puissance la guider, comme si ce lieu s’était imprégné d’une sacralité.

L’hérétique James O’Malley profanait, sans vergogne,  le lieu. Trop molle pour réagir, Aengus se recroquevilla un peu plus, s’attachant aux restes des odeurs de son défunt compagnon. Pourtant, son recueillement ne fut que de courte durée. La poigne ferme sur son bras l’obligea à relever la tête. Dans un premier temps, le sol se déroba sous ses pieds avant que la marche ne s’active, plus par nécessité que par obéissance. La tête tournait si violemment qu’il semblait improbable de deviner où la droite se dissociait de la gauche.  Un voile noire s’imposa à elle avant qu’un liquide froid ne s’écoule sur sa tête. Le premier réflexe fut le recul, un bond violent qui se heurta au torse de James. Bloquée, Aengus se débattit avec autant de force qu’un chaton qu’on plongeait pour la première fois dans un bain. Rapidement épuisée, l’obligation de rendre les armes lui fut dictée par la faim. Incapable de parler, incapable d’écouter, incapable de se concentrer, ses capacités laissaient place à l’instinct. La phrase de James avait été trop longue pour qu’Aengus puisse prendre le temps de l’analyser. A peine relâchée, la gamma ne se fit pas prier pour tenter une fuite, jetant à la figure de son geôlier le premier objet qu’elle trouva en guise de diversion. Qu’il aille au diable ! Le gremlins faisait son grand retour dans le monde des vivants. Une fois sous l’eau, la blonde se transformait en un monstre inquiétant. La peau glissante, les tremblements aussi intenses qu’une machine à laver en mode essorage et le regard toujours vide, Aengus réalisa rapidement que son état ne lui autorisait aucune victoire. Les poings douloureux s’effritaient, son souffle se perdait maladroitement dans sa poitrine et ses jambes refusaient un poids qu’elles avaient ignoré depuis des jours. Aussi, Aengus tenait debout sans pour autant parvenir à échapper à James. Qu’importe le nombre de tentatives, il la ramenait toujours au point de départ et plus il insistait et plus elle se décourageait, frustrée.
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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptySam 25 Jan - 13:55


I'm okay, just tired...
Aengus  ft. James


Oui la chambre peut-être était propre, mais l’odeur des autres pièces arrivait même jusque-là. Rien d’étonnant à ce que j’ai pu croire en une mauvaise condition de vie. Sans compter que les fenêtres demeuraient toutes fermées, comme pour se protéger du bon air de l’extérieur.

Plongée dans l’humidité la plus totale, je souffrais de voir Aengus se débattre comme si j’étais en train de l’amener à la mort. Rien que ses forces, faibles et soumises me culpabilisaient par les mouvements brusques qu’elle faisait maladroitement dans son dos pour me faire lâcher prise. Hélas, plus grand et certainement plus imposant que la jeune femme, mes doigts agrippaient solidement ses poignets, et ses avant-bras, pour couper court à toute dérobade. Mes cuisses, contractées à leur maximum, m’aidaient à ne pas glisser dans la flotte, faute à ses gesticulations incessantes. Finalement, je tins bon, alors qu’elle s’épuisait. Lorsqu’enfin la fatigue lui dicta de rester calme, je desserrais mon étreinte. Imbécile que je suis de la croire suffisamment consciente pour se rendre compte que je ne lui voulais que du bien. Sitôt relâchée, Aengus prit ses jambes à son cou. Heureusement pour moi, dommage pour elle, ses forces l’abandonnèrent là, épuisées par cet effort supplémentaire. Peiné de la voir en si pitoyable état, mais bien décidé à lui faire remonter la pente d’une manière ou d’une autre, je la ramenais bien vite en arrière, les fesses posées sur la surface plane et immaculée de la salle de bain, juste en dessous de la douche. « Bien, tu ne me laisses pas le choix. » soupirai-je, les dents serrées. Je n’avais pas l’intention de lui faire mal, et j’espérais vivement que ses réflexes ne me conduiraient à la violenter malgré moi. Retroussant mes manches, je me demandais pour la énième fois si c’était une bonne idée. Après tout, ce n’est pas parce que je considérais Aengus comme une sœur et plus encore, comme une enfant incapable de grandir, que son corps suivait le fil de mes pensées. Hélas pour moi, Aengus était une femme. Et comme toutes les femmes, elle n’avait pas un corps d’enfant, loin de là. Raison pour laquelle j’hésitais à m’occuper d’elle, moi, un homme. Ne serait-ce pas quelque peu pervers de la toucher sans son consentement ? Ou même de la toucher tout court ? Je pars du principe qu’aucun homme ne devrait avoir le droit d’effleurer la peau du sexe opposé sans autorisation préalable. Je suis un peu vieux jeu, que voulez-vous. Ceci dit, pour en revenir à la Gamma, je sais que je n’obtiendrai jamais cette autorisation et qu’à moins d’appeler une ambulance pour la conduire à l’hôpital afin que les infirmières s’occupent elles-mêmes de sa toilette, ce qui risquerait de la renfermer plus encore et de la faire me détester à nouveau, je devais m’acquitter de ma tâche de grand frère, sans protester. Mes manches retroussées jusqu’aux coudes, je pris mon temps pour ne pas l’affoler. M’abaissant d’abord à sa hauteur pour lui expliquer très clairement ce que je comptais faire, avant de m’approcher et de lui retirer ses vêtements. N’importe qui aurait pensé, en me voyant à l’œuvre, que j’avais quelques idées derrière la tête. Un corps de femme nu, quel homme ne penserait pas à mal, diraient-ils ? Mais non. L’idée peut sembler incongrue, mais je ne la voyais pas comme le corps qu’elle dévoilait, mais m’appliquais simplement à accomplir ma tâche. Sans poser les yeux une seule fois sur des parcelles de sa peau en particulier, je savonnais ses jambes, ses pieds, le long de ses cuisses, son dos, son ventre, son visage, le creux de sa nuque… il n’y a que ce triangle que je n’ai pas osé aborder. Je n’en parlerais pas. Ce n’était pas la honte qui m’empêchait d’agir, mais j’estimais que malgré le corps d’enfant que j’avais sous les yeux, rien n’était plus différent de ma réalité. Une fois décrassée, je laissais l’eau ruisseler sur sa peau, reculant pour éviter de reprendre une nouvelle douche non désirée. Après quoi, mes mains furent occupées à l’éponger d’une serviette que j’avais réussi à trouver sur l’une des étagères. Ne sachant si elle était ou non encore en l’état de m’entendre ou de m’écouter, je la portais ensuite jusqu’à son lit, ou je l’enveloppais dans une nouvelle couverture – il était temps de faire laver l’ancienne – pour éviter qu’elle n’attrape froid, le temps que je lui trouve des habits.

Plus tard, une fois Aengus vêtue d’un pantalon, tee-shirt et d’une paire de chaussettes, je la laissais retrouver les bras de Morphée, si tant que c’était lui qu’elle allait bel et bien retrouver depuis plusieurs jours. De mon côté, je m’activais maintenant à débarrasser chaque pièce de l’appartement du moindre petit déchet polluant. Des toiles d’araignées aux traces de moisissures. Des vêtements sales aux pâtes désormais infectes. Je me suis même permis d’ouvrir les lettres qui traînaient au sol, histoire de vérifier qu’il n’y avait pas quelque dette à régler. Une heure passa, durant laquelle je m’entraînais aux travaux managers, non sans téléphoner plusieurs fois à Alfred pour lui demander de l’aide concernant certains produits d’usage dont le contenu m’était totalement inconnu. Une fois l’appartement plus ou moins en ordre, je m’affalais dans le canapé du salon, la chemise sortie du pantalon, les cheveux en pétard, le dos légèrement souffrant, et la respiration irrégulière. Mine de rien, ce n’était pas du gâteau d’entretenir un logis…  

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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptySam 25 Jan - 21:12

I'm okay, just tired... Tumblr_mw0xdnvehj...nio1_250-4386d07


La haine refusait de s’éveiller. Avait-elle tari, absorbée par cette immense faille qui fendait son cœur de part et d’autre ? Quel sentiment parviendrait à s’imposer à présent ? La peur disparaissait derrière une résignation forcée, une lassitude justifiée. Rien. La réaction se noya dans une forme d’habitude lorsqu’il se pencha vers elle pour lui expliquer ce qu’il s’apprêtait à faire. Son frère, sa mère, Tony et maintenant James prononçaient tous exactement les mêmes discours. Les mêmes idées, les mêmes mots dans des bouches différentes. Pour son bien, pour l’aider, pour qu’elle se sente mieux ; les prétextes s’enchainaient. Tous souhaitaient la pousser dans une direction sans même prendre note de son avis et de ses désirs pour la suite. Même Noah s’était perdu dans cette image du sauveur et Aengus reproduisait alors le même schéma : l’agacement, la rébellion et la fuite, la sienne ou celle de son interlocuteur.

A l’ouverture du gel douche, l’odeur de Tony lui chatouilla les narines. Ce sens éveilla tant de souvenirs. Tu as de la chance de m’avoir ne cessait-il de répéter. Personne ne souhaite d’un corps rafistolé expliquait-il en caressant ses cicatrices, celles sur son bas ventre, douloureuses et chirurgicales, celles plus intimes et pour finir il passait ses doigts entre ses mèches autrefois artificielles, comme pour lui rappeler l’époque maudite où son crane avait été rasé. Heureusement que je suis là, regarde, tu ne sais même pas faire un truc aussi simple, rappelait-il en l’aidant à effectuer ces gestes anodins qu’elle avait pourtant oubliés.  Une parfaite manipulation. Dans le fond, il ne restait à Aengus que la possibilité de croire qu’il n’y avait que lui pour l’apprécier, elle, la vraie et non un souvenir. Aussi, lorsqu’il devenait violent et qu’il exigeait, elle obéissait. L’unique langage qu’Aengus parvenait à intégrer résidait dans une forme de domination que James venait tout juste de réaliser. Il avait marqué son territoire en la déshabillant, en lui faisant comprendre que, même son corps, lui appartenait. Mais la blonde s’en moquait. Il n’avait qu’à prendre ce qu’il voulait et repartir. Son état ne lui permettait pas de combattre autant que son esprit s’enchevêtrait dans la glue de la lassitude plus par nécessité de ne plus souffrir que par crainte de ce qu’il pourrait advenir.

Lorsqu’elle termina seule dans la chambre, Aengus referma la couverture sur son corps. Qu’est-ce qu’il attendait maintenant ? Est-ce qu’elle s’en intéressait ? Non. Que James se rassure, l’appartement n’avait rien de si terrible hormis deux mois à attendre sagement que le propriétaire revienne. Les déménageurs avaient déjà commencé à vider le principal : le périssable. Le courrier s’entassait ; les publicités mélangées aux lettres d’Aengus d’abord pudiques puis plus intimes et les quittances de loyers parsemées de courriers officiels. Rien de réellement important à signaler sauf les lettres d’Aengus. Probablement qu’elle aurait eut raison de se fâcher à le voir lire son courrier. Après tout, elle suppliait Tony de revenir la voir, lui affirmait qu’elle l’attendrait le soir à tel parc puis la lettre suivante annonçait inéluctable. Il n’était jamais venu et pourtant, elle l’avait attendu toute la nuit, jusqu’à ce que les rayons du soleil frappent haut dans le ciel. De nombreuses fois, elle s’excusait de tout et de rien finalement, lui promettait d’être meilleure, peut être même parfaite et pour finir elle lui rappelait à quel point sans lui elle n’était rien.

Puisqu’aucun vêtement à elle ne résidait ici, un haut de Tony lui servait à cacher son corps. A trop lorgner sur ses doigts meurtris, la blonde admira les gouttes de sang perler contre sa peau. D’un pas lent et hésitant, elle s’avança vers la salle de bain. Tony allait se fâcher s’il remarquait qu’elle avait tâché son vêtement. Les colères de son petit ami étaient nombreuses et dévastatrices. Tirant sur l’armoire à pharmacie, Aengus attrapa une boite de pansements. De quoi éviter la catastrophe. Pendant que James commençait le nettoyage, les bandes adhésives refusaient d’adhérer correctement sur ses doigts. Aller soigner la main droite avec une gauche main gauche !

Puis, la blonde regarda James faire, dans un silence cérémonieux. Il était le chef, non ? Il pouvait faire ce qu’il voulait, même si c’était stupide ! Après tout, il fallait déménager toute les affaires de Tony. Pourquoi donc, James s’évertuait-il à tout nettoyer alors qu’en commençant le rangement et en remuant les affaires, la poussière se soulèverait à nouveau, les salissures referaient surface et toutes les affaires rangées seraient à défaire ?

Mais James O’Malley obtenait toujours tout ce qu’il désirait. Aengus le savait pertinemment. Aussi, il semblait plus sage et plus facile de ne pas le contrarier. Malgré leur accord passé l’année dernière, Aengus ne parvenait pas à s’attacher à lui. Elle avait essayé, avec la fête d’Halloween surprise, de former cette famille que James prétendait avoir avec elle. Tout ce qu’elle avait entrevu n’était que trouble, désunion et non dit, le contraire d’une famille.  Mais aujourd’hui, James venait de trouver un nouveau moyen de garder Aengus auprès de lui.

Se détournant finalement du spectacle de James, Aengus se dirigea vers la cuisine. Elle traversa le salon, ignorant les bouts de verre de la table cassée pour rejoindre le plan de travail principal. Seul un bar américain séparait le salon de la cuisine. La porte derrière laquelle Tony rangeait les diverses boites de conserve et accessoirement la drogue qu’il revendait était ouverte. Un détail fort intéressant puisqu’elle demeurait toujours fermée. Il pouvait paraître idiot que son désir de remettre la cuisine exactement comme elle l’était avec Tony puisse la hanter à ce point. Aussi, elle tendit la main vers le paquet de céréale censé contenir la coke ou les pilules que fournissait Tony. Il les dispersait à divers endroits, mais pas tout de suite après une livraison, comme ça avait été le cas le jour de sa mort. Tony ne manquait pas d’argent. Sa famille restait particulièrement fortunée mais Tony aimait dealer. Attrapant le premier paquet de céréale, Aengus reconnu celui qui lui avait servi d’arme du crime. Un frison s’éveilla alors le long de sa colonne vertébrale. Et si quelqu’un trouvait ça ? La main trembla aussitôt laissant le paquet lui échapper pour venir s’écraser sur le parquet. Une boite de stupéfiant roula au sol, recrachée par la boite en carton pour une marque de céréale pour enfants. Le bruit caractéristique de cachets secoués se fit entendre. Un nouveau frison s’éveilla en elle, seule émotion depuis des jours. Le regard planté sur le reste du placard surélevé à hauteur de la tête, la gamma ne remarqua que l’unique bouquin poussiéreux que Tony ne désirait jamais bouger de place. Ou était le reste de la livraison ? Seule cette question la hanta. Elle ne remarqua pas le double fond du placard. Son œil, peu avisé à ces choses, ne souligna pas l’œil d’une caméra sagement planqué dans le vieux bouquin. La position idéale pour filmer la cuisine et le salon. Le plus étrange restait le point rouge une fois le récepteur trouvé à l’intérieur du livre. Elle fonctionnait encore. Après deux mois de vide, la batterie aurait dû se décharger. Le pire restait le film présent sur la caméra et qui pouvait s’admirer sur le petit écran. Si James parvenait à la trouver, évidemment.

Pour l’instant, Aengus avait ramassé la boite de pilules pour la contempler d’un regard sceptique mais envieux. La main tremblante la remonta assez haut pour l’ouvrir et admirer les têtes de morts dessinées sur chaque comprimé d’une couleur bleue hypnotisante. Aucun doute, c’était cette boite qu’elle avait utilisé pour tuer Tony.
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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyMer 29 Jan - 11:32


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Aengus  ft. James



En ramenant le courrier au canapé sur lequel je m’installais, je m’aperçus bien vite de lettres plus privées que toutes les autres. Une écriture féminine, à n’en point douter, mais tordue, éminemment confuse. Comme si elles avaient été écrites par la main d’une femme lasse, nostalgique, coupable….oubliée. La folie des mots terrassaient la douceur du langage. Elle s’excusait d’un geste que je ne savais ni ne comprenais. Lui demandait de revenir. Ce ‘Tony’, dont je ne connaissais rien. Un petit-ami, je l’avais vite compris, mais que je n’avais jamais vu. Ni avec elle, et même son nom de me disait rien. Ses lettres me paralysaient tout entier. Je n’aurai jamais cru qu’Aengus puisse être aussi mal. Elle semblait l’avoir caché durant si longtemps. Naturellement que je savais qu’elle avait connu des hauts et des bas, ces derniers mois, mais pas au point de…je la sentais dépressive, par ses écrits. Fidèle à elle-même par un récit décousu mais réellement bouleversé par la disparition de son aimé. Passant une main sur mon visage, je cache ma honte de ne pas avoir su l’aider à temps derrière un masque de neutralité sévère. Les paupières closes, je songe maintenant à la manière de réparer mes erreurs, si tant qu’elles puissent un jour être rafistolées.

Le ménage. Faire la poussière m’aiderait à me détendre et à réfléchir à cette situation. Au pourquoi et au comment de son évolution. Les manches retroussées, le visage fermé, tellement concentré dans ma tâche que je n’avais pas même entendu la jeune femme sortir de sa chambre, je reposai bien vite le balai brosse lorsqu’un bruit dans la cuisine attira mon attention. Du salon, je l’observais avec un air grave, mes mains repliées sur le sommet de ce pic en bois poncé. Des céréales. L’heure n’était pas vraiment au petit déjeuner, mais si ça pouvait l’aider à reprendre sa vie en main…je ne disais rien. Immobile et pensif, je la fixais toujours et remarquais pour la première fois des détails qui ne m’avaient jamais paru aussi évidents qu’aujourd’hui. Ces marques de coups sur sa peau, ces cicatrices anciennes, sa maigreur… comment ais-je pu être aussi aveugle ? Se pourrait-il qu’Aengus ait eu raison de me reprocher de ne faire de sa vie qu’à des moments que moi jugeais importants, oubliant de ce fait, les petits détails qui l’ont si souvent brisée ? Mes mâchoires se contractent sous l’effet de la haine que je ressens. Oui, j’ai été sourd et aveugle à ses appels. Je sais pourtant que comme tous les enfants de son âge, c’est à nous adultes de décrypter la vérité cachée derrière les apparences. Je ne l’avais pas fait. Par manque de temps, de motivation peut-être même, de peur aussi de pousser trop loin mes investigations, j’avais dénigré une enfant qui était tout pour moi et que je m’étais toujours juré de protéger. Sur le moment, je ne crois pas m’être jamais autant détesté.

Un sachet, plus petit que ne le serait celui de céréales, venait d’échouer au sol. A l’intérieur, des espèces de gélules aux couleurs bleutées. Je ne savais pas qu’ils offraient des cadeaux comestibles dans les boîtes de céréales de nos jours. Je n’ai pas réagi tout de suite, d’ailleurs. C’est la mine effrayée d’Aengus, qui m’incita à m’approcher pour comprendre cette soudaine lueur farouche dans son regard. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » lui demandai-je, aussitôt à sa hauteur, en contemplant les motifs sur chaque gélule. Aucune réponse. Instinctivement, une petite voix me cria de lui retirer le paquet des mains, ce que je fis sans broncher, en lui demandant d’aller déjeuner plus loin, sur la table du salon, pendant que je continuais de ranger ici. C’est d’ailleurs en rangeant, après une dizaine minutes tout au plus, que mon œil avisé se rendit compte qu’on nous filmait. Une caméra, bien planquée dans un livre, tournait encore. Je croyais avoir affaire à une mauvaise farce. Est-ce que c’était Mac qui avait installé cette chose ici, pour surveiller les allées et venues de la jeune femme ? Si tel était le cas, il allait avoir de mes nouvelles. On n’espionne pas à l’intérieur d’un appartement, je le lui ai toujours dit. Trop intimiste. Toutefois, en la retirant du bouquin dans lequel elle était enfermée, je m’aperçus bien vite qu’il ne s’agissait que d’un travail d’amateurs. Mac aurait été plus soigneux, et en y repensant, s’il avait voulu mettre une caméra quelque part dans cet appartement, je ne l’aurai sûrement pas trouvé à moins de faire démolir tout le bâtiment. J’en déduisais donc que ce n’était pas un professionnel. Ne restait plus que les amis, ou les ennemis du jeune couple que formaient Aengus et ce Tony. A moins que ce ne soit l’un d’eux, pour faire une blague à l’autre, pour un pari quelconque, un anniversaire, que sais-je encore …

Je sais que je n’aurai pas dû, que quoi qu’il y ait sur cette vidéo, ce n’était pas à moi de la visionner. J’agissais comme un voyeur, certes, mais mes intentions étaient honorables. Ce n’était pas seulement la curiosité qui m’avait poussée à actionner le bouton stop, et mise en route. Je voulais comprendre ce qui clochait dans cet appartement. Dans la vie d’Aengus, plus précisément. Et si cette vidéo, pour peu qu’elle ait filmé le jour où tout avait dérapé, contenait les réponses à mes questions, je n’avais aucun remord à la faire fonctionner. Si en revanche, ce n’était qu’un contenu plus privé, j’irai m’excuser et me promettrais intérieurement de ne plus jamais mettre mon nez dans les affaires d’autrui. Heureusement, j’avais de l’intuition et mon instinct ne m’avait jamais trompé jusque-là. Retournant au canapé, la caméra en main, je m’assieds, les yeux penchés sur l’appareil, loin d’imaginer le cauchemar que j’étais sur le point de vivre.

Les fenêtres sont ouvertes. Il fait beau et il n’y a pas un bruit dans l’appartement. Les chaises sont bien disposées autour de la table du salon. La télévision est allumée et l’on entend vaguement les commentaires d’un journaliste sportif en son de fond. Une heure passe, et toujours rien. Que le bruit du vent faisant battre les quelques branches d’un arbre contre l’unique fenêtre de la cuisine. Puis soudain, un son aigue. Une voix de femme, suivi d’un pas lourd et précipité. Ca vient de la chambre, dont la porte est jusque-là toujours restée close. 11h30. Le martèlement sourd de coups contre un mur. Les voix s’emportent et se mélangent. Une voix d’homme cette fois, plus grave et pénétrante. Il semble accuser quelqu’un. La femme s’est tue. 12h00. La porte s’ouvre. A ce moment-là, mes traits se contractent. Aengus entre dans mon champ de vision, suivi d’un homme. Sûrement ce fameux Tony. Ils se disputent. Le ton monte. Son teint blafard contraste étrangement avec des marques violacées qui parsèment le haut de ses cuisses. Quelques bleus ornent ses bras découverts. Mon regard s’assombrit. Ainsi, Tony la battait. La table se brise en milles morceaux suite à son coup de pied. Aengus se retrouve bien vite au centre de la pièce, seule et sans défense. Une proie facile qui se fait secouer, insulter, et qui décider de s’éloigner. Les cris reprennent, les coups pleuvent encore. Finalement, la proie cède. Incapable de voir son corps hurler de douleur devant la satisfaction du mâle en rut, je détourne les yeux, une lueur assassine dans le regard. Je coupe aussi le son, et accélère l’action jusqu’au moment où la dispute reprend. Deux heures ont passé. Le soleil est sur le point de s’éteindre. Je l’entends clairement la menacer de la tuer et mon sang ne fait qu’un tour. Si seulement j’avais été là, ne cessai-je de me répéter. Si j’avais su ce qu’elle endurait, jamais cet homme n’aurait plus porté la main sur elle. Mais il est trop tard. La caméra continue de tourner. Il fait nuit noire. C’est le moment du repas, apparemment. Ce sachet de gélules bleu électrique, Aengus les a en main. Tony a le dos tourné et s’enthousiasme devant le deuxième but de son équipe de foot préférée. Les gélules flottent dans un soda…avant de se dissiper. Je viens de comprendre. Ce pour quoi elle est aussi triste. La disparition de Tony. Non, ne fais pas ça. Trop tard, le passé est mort. L’alcool que l’homme a ingurgité, mélangé à ces gélules lui furent fatals. Pourtant, je les vois qui sortent de l’appartement, comme si de rien n’était. Tony semble toujours tenir debout, malgré trente minutes écoulées. Je ne comprends pas. La caméra s’éteint, et je demeure là, tétanisé dans ce canapé, la respiration plus lente qu’à l’accoutumée, les yeux grands ouverts, les lèvres formant un « o » horrifié. La caméra repart et je ne peux que pencher la tête à nouveau, comme si ce n’était qu’un mauvais rêve et que j’allais à tout instant, me réveiller. Plusieurs hommes, des déménageurs si j’en juge par les meubles qu’ils transportent sur leurs dos, se font bousculer par Aengus. Elle est hystérique et ne cesse de l’appeler. Tony… il est parti. Je n’ose imaginer ce qui s’est passé. Les gélules y sont forcément pour quelque chose. Mais si elle était coupable, pourquoi chercherait-elle à le ramener ? Ca n’a aucun sens. C’est maintenant moi qui abandonne la caméra. Allumée ou éteinte, je ne sais plus très bien, mais mes pas me traînent jusqu’à la table du salon. « Qu’as-tu fait ? Tu l’as tué ? Réponds-moi. » ne puis-je que murmurer, inquiet.
 
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MessageSujet: Re: I'm okay, just tired... I'm okay, just tired... EmptyMer 29 Jan - 20:49

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Est-ce que les morts pouvaient revenir à la vie pour laisser des traces aux vivants ? Devant cette boite de pilules, la question la tourmentait. Comment est-ce que cette boite avait pu finir ici alors que le reste de la drogue avait disparu? Comment? Mais une voix la tira de ses pensées, une voix connues et reconnues : James. Un court instant, elle s’était crue loin de tout ça: la douche, le rangement... Cependant, sa présence  ici  et sa question prouvaient que tout était bien réel. Son questionnement ne trouva pas de réponse, en tout cas pas de sa part. Le silence perdu entre ses lèvres continua son parcours lorsque l’ordre de rejoindre le salon lui fut donné. Lentement, elle retourna à son point de départ. La seule table du salon, la table basse en verre, avait été détruite par ses soins une bonne semaine auparavant.

La chaise, remise sur pied, lui servi donc de siège. Il n'y avait rien à manger ici. Ni céréale, ni boite, ni rien et peu importe puisqu'elle n'avait pas faim. Attendre que le temps passe ne la troublait en rien. Dans son coin, les sons et le passage de James à ses côtés pour rejoindre le canapé ne se remarquèrent pas. Le regard vide fixait le néant comme pour mieux s’y perdre. Encore une fois, la voix de James la ramena à la réalité. Pourquoi chuchotait-il s'interrogea t elle d'abord. Et puis, était-ce important? De toute façon, la question n’avait aucun sens. Tuer quoi ? Qui ? Est-ce qu’elle devait le deviner ? Oh… et s’il parlait de Tony ? Peu importe, maintenant. Elle l’aimait, lui, Tony, et il n'était plus là. Alors, rien n’avait plus d’intérêt. Lutter pour perdre, dans tout les cas, la lassait. Lutter l’avait épuisée. Si elle ne lui offrait aucune réponse, il reviendrait à la charge. La flemme ! Un haussement d’épaule l’épuisa pour formuler la seule pensée du moment et contenter James. Ni oui, ni non.

Maintenant que la nausée s’installait consciencieusement sur son estomac  et invitait plusieurs copines pour faire la pendaison de crémaillère, Aengus se demandait s’il était prudent d’ouvrir la bouche. Raison de plus pour se taire. De toute façon, elle n’avait pas envie de discuter ou échanger. Aussi, elle détourna son regard de James pour retourner au vide.  L'irlandais finirait par repartir. Quant à elle, dans son état, impossible de remarquer que James essayait de lui tendre la main et de la soutenir, impossible aussi de réaliser dans quel merdier elle nageait. Rien n’avait d’importance en réalité, ni elle, ni James, ni même l’idée de faire la prison. Rien. D’un point de vue extérieur, elle se serait trouvée pitoyable. Ou était sa précieuse colère ? Son dégoût ? A trop bruler, tout s’était consumé et il ne restait qu'un coeur en cendre. Retourner se coucher, mettre la tête dans l’oreiller et dormir lui tomba dessus. Faire l’autruche avait toujours été son point fort.
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