the great escape
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every cloud has a silver lining ( coleen )

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MessageSujet: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptyMer 3 Juil - 0:17

❝  we assume the really serious changes in our lives happen slowly, over time. but it’s not true. the big stuff happens in an instant. becoming an adult, becoming a parent. one minute you’re not, and the next you are. ask any doctor, and they can point to the one moment they became a physician, and it usually isn’t med school graduation day. whatever it is, nobody forgets it. sometimes you don’t even know anything’s changed. you think you‘re still you and your life is still your life. but you wake up one day and look around and you don’t recognize anything, not anything at all.❞ grey's anatomy
 ( somebody found me here,s omebody held my breath, somebody saved me from the world you left. )
« Dépêchons, dépêchons ! » s'exclama la voix d'oratrice de l'une des assistantes du spectacle théâtrale californien. « Plus que dix minutes avant le lever de rideau. » informa t-elle avec autorité, la voix recouverte par l'épais vacarme qui régnait incessamment entre les murs des loges. Euphorie générale. Dans l'ombre noire des couloirs, des filles nerveuses aux faces lourdement poudrées se mirent à courir en faisant agiter de leurs bras leurs flamboyants boas exotiques. Strass et paillettes se mêlèrent à l'atmosphère brûlant du lieux, tandis qu'agents et bénévoles de l'association se mouvèrent et hurlèrent dans tous les sens pour assurer la préparation des artistes. Juchée sur sa petite chaise blanche, Thaïs fit glisser sa robe brodée de perles blanches et cristallines jusqu'à la naissance de ses genoux brisés. Un savant mélange de parfums sucrés dans les narines, elle glissa ses pieds minuscules dans ses escarpins Mary-Jane noir en cuir verni, puis orna ses cheveux bruns bouclés d'un serre-tête satiné. Des faux diamants argentés clipsés sur ses oreilles, la parisienne s'observa en silence dans le miroir. Ses grandes prunelles noisettes fardées de noir, ses lèvres peintes d'un rouge vif, et ses pommettes de fillette sous une couche rosée de blush. Ce n'était elle dans l'ombrage des coulisses, seulement son corps de femme enfant. Ainsi plongée dans l'univers sans merci de la scène, Thaïs s'était imprégné de ce personnage en quelques mois à peine. Montée à la va-vite, cette troupe de spectacle modeste l'avait intégrée après une audition simpliste, et néanmoins, suffisante. Depuis, cette princesse féerique venue de France se produisait chaque samedi soirs dans une petite salle de cinéma, et jouait cette femme des années vingt, que l'argent et le succès avait souillé, que l'abandon et le passé n'avait su que détruire. Une misérable demoiselle, avec de jolies boucles brunes, et une épingle à cheveux derrière l'oreille gauche. Le genre de femme saisissante, à la peau crémeuse et à la forme éblouissante, à l'allure trop chic et trop choyée. Son exact opposé. La pièce, quant à elle, narrait l'histoire de cette jeune fille, Ariel, adepte des excès, tombant sous le charme d'un talentueux musicien d'origine africaine, nommé Tommy. Un amour impossible, à l'époque où l'Amérique était fragmentée par la ségrégation raciale. Bien que le spectacle ne s'étalait que sur une petite heure, et que la salle n'était guère noire de monde à chaque représentation, ce petit job la satisfaisait amplement. Là où beaucoup de jeunes gamines se mordillaient les doigts, emportées par le stress, Thaïs, elle, restait sereine, face à son miroir, et à cette image d'elle-même qui n'était pourtant pas elle. Frémissement au bout des doigts. « Ouverture du rideau dans une minute ! Une minute. » Et les gens se bousculèrent dans les couloirs, s'entrechoquèrent dans leurs courses. C'était l'heure des placements, des encouragements. Certains priaient dans leur coin, un collier religieux entre leurs doigts tandis que d'autres préféraient fermer les yeux, et attendre. Attendre. Une minute. Une longue minute. Tous sur la scène, chacun s'installa à sa place, se transformant en cet homme ou cette femme qu'ils s'apprêtaient à devenir l'espace d'un soir. Derrière l'épaisseur extravagante des rideaux couleur prune, Thaïs, méconnaissable, se tenait debout avec l'appui de sa béquille, dans l'obscurité des coulisses. Et ses yeux marrons fixèrent les mouvements frénétiques de ses camarades sur la scène. Le poids d'images qui s’accumulèrent dans sa tête de joueuse de théâtre. Thaïs n'était plus. Elle, la petite fille amoureuse du monde, s'était laissée détrônée par ce rôle de princesse blessée et déchirée par un amour inexistant. Silence. Derrière elle, la voix sifflante de l'assistante résonna une dernière fois, démarrant le décompte. Les rideaux se séparèrent lentement en deux. Ses doigts tremblèrent de peur et d'excitation mêlés. L'ombre de têtes se dessinèrent dans ses yeux. Elle huma l'air avec insistance, comme si, elle  laissait la femme blessée  qu'elle s'apprêtait à jouer, s'aspirer en elle, et inspirer tout ce qui constituait sa propre personne.  Double silence. Son cœur s’arrêta d'un coup. Son visage apaisé, ses jambes qui ne fléchissent plus, son regard porté sur ce public présent. Et, d'un coup, la lumière jaillit. L'attente, puis le départ. Ses pas assurés, malgré la défaillance de ses muscles, s'affirmèrent sur les planches. Thaïs se quitta elle-même pour se donner à la scène. Musique. Ambiance d'une époque où le jazz enflammait les bars clandestins. Fausses cigarettes entre les doigts, dialogues endiablés, danses euphoriques, amour volage. Le spectacle défila à une vitesse surprenante sous les yeux déjà conquis des spectateurs, en quête de nouveaux talents. Et ce soir, comme tous les autres, Thaïs brillait bien plus que n'importe qui. Acte IV. Dernière scène. Les amoureux clandestins se retrouvent dans le coin d'une rue, ils rigolent, s'embrassent et s'aiment. Et puis débarquent une troupe de gens, vêtue de costards luxueux et de chapeaux de gangster. Des amis à la fille pulpeuse, qui n'approuvent pas, comme beaucoup d'autres, sa relation avec le petit serveur du bar, à la couleur qui dérange. S'ensuit une fusée de mots violents, le genre de conflits qu'une bande d'adolescents serait se mener avec ferveur. D'un coup, la gamine est éprise de force dans les bras d'un homme, tandis que le reste du groupe s'attaque à Tommy. Des poings faussés, des hurlements forcés. Dans le public, certains se cachèrent les yeux, face à l'horreur. La fille qui voit l'amour de sa vie se faire tabasser à mort. Alors, oui, Thaïs, emportée par le chagrin d'Ariel, se mit à pleurer : oui, de grosses larmes, lourdes, comme celles d'une enfant qui se prend soudain conscience de la terrifiante réalité des choses. Elle pleurait pour de vrai, comme si c'était elle cette gamine en robe de perle, perdue et démunie face à son seul amour,  mourant à ses pieds.  Bien au-delà du corps et de l'apparence, Thaïs ressemblait à ces grandes actrices de cinéma, marquée par la force des sentiments. Elle était faîte de mots qui bouleversent, ces paroles véritables du corps qui touchent et font pleurer. Lumière. Qui s'éteint. Sous ses sanglots de fille orpheline, sans amour, sans cœur. Sans vie.  Et puis le réveil, lorsqu'elle quitta la scène, qu'elle sentit le vent de son âme s'emparer à nouveau de sa conscience et délaisser l'ombre d'une femme imaginaire. Les spectateurs, émus, se levèrent instinctivement, et applaudirent cette petite troupe sortie de nul part. Et où beaucoup d'artistes resteront à jamais dans l'ombre. Sauf la sienne. Thaïs détenait un talent inné pour le théâtre, et beaucoup prétendait déjà qu'elle deviendrait plus tard l'une de ses artistes que l'on admire pour sa filmographie interminable et ses nombreuses récompenses dévoilant au monde l'art de son jeu. Elle dit toujours que le génie du théâtre, c'est de convoquer ce que les hommes sont, dans leur fort intérieur, et savoir y puiser la source de leurs sentiments pour les faire éclore à la surface sans retenu. Tant pis si les larmes naissent au bord de ses yeux, tans pis si ses mains se mettent à frémir. C'était ça qu'elle aimait Thaïs. Le frisson, la bascule qui la fait passer des rires à la passion, de la tristesse à la frénésie. Thaïs aimait être elle, et se perdre en elle-même. Se laisser partir, ne rien garder, tout jeter. Ses sourires remplis de malice, sa belle gueule d'ange, et ses vêtements d'éternelle petite fille. Elle aimait être le visage d'une autre. Une, que jamais elle ne sera. Une, qui naissait en elle et venait mourir au seuil de son âme. « C'était merveilleux, mes enfants ! Quel succès, ce soir. La salle était presque comble, mais après cette représentation, croyez-moi qu'elle le restera encore bien longtemps. » s'époumona le directeur de la troupe, tout de costard vêtu, en rentrant pour la première fois de la soirée dans les loges des artistes. Un large sourire collé sur les lèvres, il serpenta entre les comédiens pressés de se rhabiller et de rentrer chez eux. « Et toi, beauté. » poursuivit-il d'une voix de velours auprès de l'oreille de la petite française, assise sagement sur sa chaise. Maquillage enlevée, robe dans le sac, jean et chemise simpliste sur le corps, Thaïs était déjà prête, et tâchait de ramasser ses affaires étalées sur la table. « Tu étais éblouissante. Où as-tu appris à jouer ainsi ? »  Désormais, il admira son reflet de fée à travers l'unique miroir de la pièce. Troublée, la petite reine framboise resta stoïque sur sa chaise, fixant cette glace, et cet homme déplacé qui la dévorait du regard. « Nul part. » répondit-elle simplement du tac au tac, le visage fermé, bien loin d'être intimidée. Alors, il se mit à rire près de son oreille. Un rire fort, forcé, dénaturé. « Oh, les petites rebelles, j'adore ça ! » De sa bouche encore empreinte de champagne, il lui déposa un baiser sur le front, puis s'éclipsa avec la gaieté des grands jours. Attrapant son vieux sac en bandoulière de lycéenne, Thaïs pivota sur elle-même et découvrit les visages stupéfaits de ses camarades. La bouche entrouvertes, les yeux grands ouvertes. Ils la jalousaient, désiraient lui voler son succès, déceler en elle ce qu'il pouvait bien tant plaire au patron – aimés de tous d'ailleurs, sauf par elle, forcément - Tous la fixèrent avec insistance, sans gêne. Comme une seule proie face à une bande de mammifères affamés. Le cœur courage flottant contre sa poitrine, la petite prodige quitta les loges dans un silence solitaire. Sous les regards accusateurs de ses amis de scène. Tête haute, force de lionne, démarche vacillante. Thaïs, semblable à elle-même. Qui retourna qui les planches désertes, dans cette salle silencieuse. Esseulée sur le bord de la scène, elle s'y allongea, une main dans le vide qui s'amusait à voler. Elle comptait rester ici encore quelques heures, pour se vider la tête, oublier les matins de tristesse et de douleur. Des matins féroces où elle se réveille la peau puant le tabac, encore vêtue des vêtements de la veille. Des lendemains d'errance, semblables à ceux de son adolescence. Reine des classes, reine du monde, là voilà aux portes d'un avenir fleurissant. Sans Zéphyr. Parti loin d'elle, puisqu'après tout, avec le temps, c'est l'amour qui se fane, qui se détruit, puis se meurt.  Les yeux perchés dans le plafond, elle se mit à chanter ses vieilles paroles d’Édith Piaf, qui résonnèrent en elle comme un lointain souvenir d'enfance. C'est lui pour moi, moi pour lui dans la vie. Et dès que je l'aperçois, alors je sens en moi, mon cœur qui bat. Musique résonnante au fond de ses tympans, et ses joues qui rosissent, et ses yeux qui scintillent de larmes non versées. Couché sur les planches de la scène, Thaïs pensait à cette petite Ariel, et à tous ces personnages qu'elle rêvait de jouer. Ce soir, bien plus que n'importe quel autre, elle voulait être une jolie danseuse étoile, flamboyante à Paris, le cœur rempli d'amour et de fierté. Oui, ce soir, elle rêvait d'être ce que jamais plus, elle ne sera.  
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MessageSujet: Re: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptyJeu 11 Juil - 19:14

SHE SAID SPREAD YOUR WINGS AND FLY.

Jouer la comédie. C'était sans doute ce que faisait de mieux la demoiselle Da Russo, couverte par ses fines couches de tissu coloré, ses grands yeux mordorés scrutant les personnes qui l'entouraient avec dédain. Ce jeu durait depuis si longtemps qu'elle ne savait plus dire depuis quand elle s'amusait à se faire passer pour celle qu'elle n'était, se fondre dans une ombre qui était le contraire d'elle-même, prenant un malin plaisir à se dissimuler derrière ses démons. Le mensonge était quotidien, épais, mais la thaïlandaise avait toujours masqué sa culpabilité par un sourire en coin, et avait continué de ricaner avec ses fausses amies assoiffées de commérages. Elle était faible la brune, elle le savait et le constatait à regret plus elle s'observait devant la glace, sa peau ne roulant sur ses des os. L'anorexie la rongeait, et plus elle se détestait de se laisser posséder par ses faiblesses plus la faille béante, son talon d'Achille, s'ouvrait grand alors qu'elle tentait de tout faire pour le cacher. Ils pensaient tout connaître d'elle, ses sourires amusés et son expression perplexe, la vie dorée qu'elle menait, son compte en banque constamment plein et ses deux frères faisant partie de 'l'élite' de l'université californienne. C'était un triste dessein de se cacher éternellement derrière cette personne qui n'était pas elle, cette façade qu'elle admirait, qu'elle aurait aimé être, elle se mettait dans la peau de celle-ci mais sans succès, il subsisterait toujours cette faible petite chose qui pleure au moindre coup. Coleen était écorchée, de partout, de l'anorexie qui la blessait chaque instant un peu plus jusqu'à cette personne qui n'était pas elle qu'elle n'avait pas la force de chasser. Elle n'avait pas la force de se montrer du doigt, d'avouer aux autres ce qu'elle était réellement, ce qui se cachait derrière ces airs hautains, sa fausse supériorité et son ambition croissante. C'était sa punition, devoir faire taire son âme de continuer de jouer la comédie avec brio. Et chaque matin, quand elle se voyait dans le miroir pour appliquer sur ses lèvres une épaisse couche de maquillage, elle souffrait. Et chaque soir, quand elle quittait l'université et laisser brûler sa facette se mensonges dans un soupir, elle souffrait. Le pire était peut-être quand son frère aîné, Hyppolite la prenait dans ses bras le soir venu, berçant de mots doux les ruines abîmées de sa sœur cadette d'autrefois. La demoiselle jouait constamment la comédie, en permanence elle faisait semblant, se refusait à laisser crier ce qui sommeillait en elle. Sa vie ressemblait à un grand théâtre, dans lequel elle jouait son rôle tant bien que même, bien qu'elle n'avait rien à voir avec la personne qu'elle interprétait, songea-t-elle en arrivant de le grand bâtiment dans lequel la foule se pressait d'entrer pour assister à la pièce qui allait débuter. Quand la brune avait claqué la porte de son appartement qu'elle partageait avec son âme sœur, Gretchen, pour se mettre à errer dans les rues encombrées pour chercher un refuge, fuir la morosité de son existence, elle n'aurait jamais pensé atterrir dans ce petit théâtre de San Francisco, réussissant à arracher une des dernières places en jouant des coudes au milieu des personnes qui l'oppressaient et lâchaient des jurons insolents en sentant le corps de la demoiselle se glisser entre eux leurs voisins pour réussir à accéder au guichet. La salle était presque comble quand elle avait réussi à trouver un siège. Coleen avait divagué dans les allées, se contorsionnant pour passer dans le mince passage qu'il y avait entre les jambes des spectateurs et le dossier des sièges situés devant. Plusieurs soupirs agacés lui avaient échappé avant qu'elle ne réussisse à obtenir une place dans le dernier rang de fauteuils, coincée entre un vieil homme bedonnant qui passait régulièrement une main fébrile sur son crâne chauve et une femme dans la fleur de l'âge possédant un grain de beauté de taille inhabituellement grosse au dessus de la lèvre. L'atmosphère était électrique, les chuchotements incessants et l'excitation palpable, le public impatient échangeant quelques mots les uns avec les autres tout en jetant des constants coup d’œil aux rideaux clos. Leurs bavardages n'enchantaient pas la jeune femme qui se contenait tant bien que mal, priant pour que le spectacle démarre et que les bouches se ferment aussitôt, les laissant dans une délicieuse pénombre teintée de quelques tâches de lumières et un soulageant calme s'installant. Et quand les rideaux se soulevèrent, ce fut comme si le public entier retenait son souffle, attendant que les comédiens prononcent leurs premiers mots. Et les minutes défilèrent, l'étudiante des corps célestes se laissa envoûter par le charme des personnages, vibrer devant l'amour naissant, frémir quand les choses se teintaient de disputes violentes... Enveloppée par l'intérêt qu'elle avait pour la pièce, elle ne vit par le temps passer tant elle était plongée dans sa passion pour le destin des personnages joués. Coleen se demanda longuement si elle pouvait avoir un quelconque talent dans le théâtre, elle se savait douée pour dissimuler sa personnalité derrière une autre et envisageait cela comme un avantage non négligeable pour jouer la comédie. Les applaudissements nombreux et les bavardages des californiens résonnèrent de nouveau et vinrent la tirer de sa longue rêverie. Elle cligna plusieurs fois des yeux, fixant la scène sur laquelle les actes ne se jouaient plus et claqua ses mains l'une contre l'autre en laissant un maigre sourire se glisser sur ses lèvres. Ses grands yeux ambrés continuèrent malgré tout de fixer les planches de bois sur lesquelles les acteurs jouaient quelques minutes plus tôt. La salle commença lentement à se vider, progressivement le flot de spectateurs se déversa par la porte de sortie avant que la salle ne soit plongée dans le noir. Son regard dans lequel s'était éteint l'étincelle de vie qu'elle avait toujours les suivit avant qu'elle ne reste prostrée sur son siège, ses longs doigts osseux raidit sur les accoudoirs. Combien de temps resta-t-elle là, immobile dans l'obscurité intimidante, entendant quelques bavardages provenir des coulisses ? Pourquoi se bornait-elle à rester cachée dans le noir complet en attendant quelque chose dont elle ne connaissait pas la nature ? Était-ce simplement par besoin ? Une envie soudaine de retrouver le calme et la plénitude qu'elle adulait tant à la place de la fournaise californienne, bruyante et active, dans laquelle les pneus des voitures crissent sur l'asphalte brûlant ? Sans aucun doute, elle aimait respirer l'air doux du théâtre et s'enfoncer plus encore dans son fauteuil, son visage se masquant d'un voile de soulagement en sentant son dos toucher le tissu rouge. Gretchen allait paniquer, elle le savait, car il était tard et qu'elle ne lui avait pas dit dans quels lieux saugrenus elle n'aventurait en cette chaude soirée d'été, mais elle s'était sentie vide sans jouer les commère de la prestigieuse université de Berkeley. Elle s'était sentie petite, sans importance quelconque, comme si le monde qu'elle construisait chaque jour patiemment s'effondrait chaque soir, dès qu'elle rentrait chez elle dans la peau de ce qu'elle était réellement. Combien de temps dura cette longue torpeur qui l'empêchait de réfléchir correctement ? Longtemps, elle le sut dès qu'elle comprit qu'il n'y avait plus personne ni en coulisses, ni dans la salle. Bientôt elle entendit des pas sur les lattes du plancher de la scène, puis un long silence s'ensuivit. La belle thaïlandaise crut distinguer une silhouette, la seule certitude qu'elle se permettait d'avoir était qu'une personne était dans la salle. Soudain, après une minute durant laquelle le calme régnait, une petite voix s'éleva. Douce, empreinte d'une tristesse presque touchante, chantant des paroles d'un bel air français bien connu, composé par Edith Piaf. Tout en écoutant les paroles de cette chanson, Coleen trouva un air enfantin à cette voix qui résonnait dans le lointain. Se risquant à se lever, avec une lenteur prudente, ses jambes tremblèrent un instant, la brune dégageait son habituelle fraîcheur mais aussi une certaine mélancolie. Le tissu de son haut vint frôler sa peau satinée et elle avança, incertaine et hésitante dans cette grande salle noire, les bruits atténués par l'air ouaté et cette petite voix chantant toujours. Elle descendit le plus discrètement possible, sans faire aucun geste brusque, slalomant entre les rangs avant de parvenir à la scène. Ses yeux s'habituaient progressivement à l'obscurité et elle vit bientôt un corps frêle étendu sur les planches de bois, ses lèvres bougeant faiblement, continuant de chanter doucement. La brune vint s'asseoir à côté de la jeune fille qui ne sembla remarquer sa présence qu'à cet instant précis. La demoiselle Da Russo essaya de lui adresser un sourire sincère bien qu'elle ne réussit qu'à réaliser un maigre rictus forcé. « Une chanson d'Edith Piaf, c'est bien ça ? » demanda-t-elle d'une voix neutre, teintée d'une certaine assurance qu'elle réussissait à puiser dans l'étudiante meneuse qu'elle pouvait être le jour. De nouveau il y eut un temps où ni l'une ni l'autre ne dire quoi que ce soit, seules leur respiration régulière troublait le silence complet qui figeait l'endroit où elles se tenaient, Coleen assise, l'autre allongée. « C'est joli. » décréta-t-elle avec désinvolture, accompagnant ses mots d'un léger haussement d'épaules. Elle se permit de dévisager brièvement l'inconnue et crut reconnaître Ariel, un personnage de la pièce que la troupe de comédiens avait interprété plus tôt dans la soirée. La thaïlandaise passa le bout de sa langue ses lèvres afin de les rendre plus humides et soupira doucement, laissant tomber une épaisse mèche brune sur sa joue blanche. Bien vite, elle se décida à détourner le regard, jugeant trop impoli de fixer la comédienne trop longtemps, même dans le noir. Nerveusement, elle approcha ses mains moites l'une de l'autre et commença à faire craquer ses doigts un par un, réflexe de toujours. « Tu jouais dans le spectacle, n'est ce pas ? » reprit-elle distraitement, embrassant du regard la salle vide qu'elle commençait à pouvoir détailler malgré l'absence totale de lumière. Ce soir, elle ne voulait pas être celle que l'on admire pour sa popularité, ou pour l'emprise qu'elle avait sur les commères avides de nouvelles fraîches, elle voulait juste être la fille fragile qui n'ose pas se regarder dans le miroir, et qui a trop souffert des cicatrices laissées par cette garce qu'est la vie.  
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MessageSujet: Re: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptyMer 17 Juil - 23:50

the bad things stay with you, they follow you :: you can't escape them, as much as you want to ...
 (  ... all you can do is be ready for the good, so when it comes, you invite it in. because you need it. i need it.)
. FLASHBACK :: few weeks ago . Cheveux au vent, un vaste sourire éclairant son visage d'enfant, qu'elle était merveilleuse Thaïs, amoureuse et pleine de vie, dans cette voiture aux quatre vitres baissées. Musique à fond déchirant ses tympans, cette douce mélodie qu'elle connaît par cœur, cette hymne à l'amour et au bonheur. Elle est à côté de lui, lui à côté d'elle. Leurs regards se croisent, et puis se trouvent. Elle sert sa main un peu plus fort dans la sienne, et continue à chanter tandis que ses mèches brunes glissent sur son visage épanouie. Elle est heureuse Thaïs, heureuse même s'il y a sa jambe qui se détraque, que les larmes ne cessent pas de rouler sur ses joues la nuit. Cette résistance au malheur, ce courage inébranlable a transformée la petite fille qu'elle fut enfant, et qu'elle ne cesse d'être aujourd'hui, en un merveilleux soldat combatif contre les pires épreuves de la vie. Et elle sourit Thaïs, exposant sa joie, son âme pur et sa confiance, à ce monde qu'elle aime tant malgré la peine et l'horreur, la douleur et la tristesse des vieux jours. Les yeux d'ébène de Zéphyr transpercent les siens. L'amoureuse et l'amoureux. Réunis. A l'époque, elle aurait pu rester des heures dans ses bras, à lui raconter ses vieilles histoires d'enfant, la fois où elle avait foutue toutes les affaires scolaires de ses frères dans les toilettes, ou quand elle faisait le mur avec eux pour jouer à Tarzan et Jane et monter dans les arbres du jardin. Chaque jour apportait sa petite poignée de miracles. L'univers entier leur ouvrait les bras, les accueillait dans cet amour chaste et naïf. Pendant un an, leur histoire n'avait été qu'une succession de matins ensoleillés, de nuits d'été s'étirant jusqu'aux mois les plus rudes de l'hiver. Des étreintes sous les draps au levée du jour, avec la petite clope du matin. Mon or, mon trésor. Et leurs soirées à regarder la télé, ces films d'animation pour gamins qui réchauffaient leurs cœurs d'enfants. C'était beau ce temps-là, tellement beau. Car depuis, elle était devenue moins sûr Thaïs, elle prenait ses distances, passait des heures avec lui à écouter ce que racontaient les autres d'à côté, le cœur un peu paumé. Le problème, c'était Jader. Son retour avait tout bouleversé dans son paisible quotidien d'étudiante, comme une terrible tumeur viendrait se loger dans le crâne d'un futur condamné. Elle était devenue malade de lui Thaïs, malade de cet amour de vacances. Et puis un jour, Zéphyr a débarqué devant la porte de son appartement, valises chargées en main. Je m'en vais, qu'il lui a dit d'un seul souffle, comme autrefois il lui disait je t'aime. Je m'en vais. Et sa voix d'enfant était devenue soudainement plus grave et froide, plongée dans la torpeur de l'abandon. Elle avait balancé ses valises par terre, lui priant de rester, de ne pas partir. Elle sait qu'elle a été con, qu'elle s'est éloignée de lui, que c'est de sa faute si tout part de travers. Mais elle le retient, avec ses mains tremblantes et sa voix au bord des larmes. Non, tu ne partiras pas, qu'elle s'écriait furieuse, retenant son bras déjà sur le départ. Il s'était retourné, un sourire discret dessiné au coin de ses lèvres sèches, et l'avait prise dans ses bras, l'attirant fort contre lui. Ses joues inondées de larmes avaient mouillé la sienne, il les avait séché d'un revers de main, et ravi, elle croyait avoir gagnée. Mais, non, il est parti. Volatilisé. Hors de sa vue. Y a plus d'amour, plus de soleil. Sa tête ne réponds plus, comme jadis, ses jambes restaient stoïques sur son fauteuil en argent. Ce soir-là, elle est allée goûter les premiers vents d'été, sur un banc, à écouter du Piaf. En attendant que ses larmes ne cessent de couler . FIN FLASHBACK . Des yeux qui font baisser les miens. Un rire qui se perd sur sa bouche. Voilà le portrait sans retouche. De l'homme auquel ...  Et elle s'arrêta net, des sanglots dans la gorge, des larmes dans la voix. Cette mélodie  Elle tanguait dans ses pensées, Thaïs, sombrant, comme rarement elle eut à le faire, dans les abysses de ses sentiments.  Ses yeux chocolats sont gonflés mais elle ne pleurait pas, son cœur chaud et doré de courage palpitant contre sa petite poitrine. Égarée dans l'immense vide que représentait son esprit, un épais voile recouvrit son visage fermé. Des perles salées naquirent au bord de ses prunelles noisettes sans pour autant glisser sur sa chair brune. Elles restèrent là, collées dans le coin, sans tomber. Gonflant secondes après secondes. Et sa gorge se noua, sa voix d'enfant cessa de chantonner,  ses yeux sans étincelle se fermèrent en silence. Ce soir, elle était une petite fée désenchantée, sans ailes ni magie, terne et sans vie, au bord du précipice. Autour d'elle, le temps suspendait son cours, retenant les minutes et les heures pour ne pas troubler davantage cet instant. Elle avait déjà connu le deuil Thaïs, celui de son petit frère, Thybalt, le magicien de la famille, son or, son petit trésor. Mort par accident, dans ses bras impuissants et ses yeux de gamine d'à peine seize ans. Elle avait connu la douleur des premiers jours, les gens qui tout autour parlait de lui au passé, se rappelait de ses boucles brunes et de son parfum d'enfant. Elle avait appris à non pas vivre sans, mais vivre avec, exister avec lui dans ses pensées, avec lui dans sa façon d'aimer. Elle avait appris à s'épanouir des joies simples du quotidien. Il lui fallu de longs mois, et quelques années, pour faire le deuil d'un frère et réaliser après toute cette souffrance que Thybalt l'avait fait grandir. Maintenant, là voilà confronter au deuil de l'amour. Et ça lui arrachait le cœur. Tout est calme. A l'extérieur, la nuit s'allonge et s'étire sans un bruit. Le mistral estival berce les belles âmes de la ville et enveloppe leurs rêves utopiques. Dissimulée par l'obscurité de la salle, une petite silhouette s'était approchée d'elle, sans qu'elle ne s'en aperçoive. Thaïs, les yeux fermés, écouteurs enfoncées dans les oreilles, semblait danser au rythme de ses pensées. Et puis, elle finit par déceler au loin le bruit de quelques pas assurés. Sans doute ceux du gardien, pensait-elle. « Je sais, je ne devrai pas être là. Je vais partir, ne vous en faîtes pas. » s'exclama t-elle de vive voix, sans bouger, ni ouvrir les yeux comme si rien ne pouvait troubler l'univers qu'elle créait sous ses paupières. Et elle repartit dans son univers imaginaire, songeant à ces héros et ces princesses de son enfance, leurs beaux royaumes et leurs chevaliers robustes. Pourquoi sa vie ne ressemblait-elle pas à un conte merveilleux ? Là-bas, il y avait certes des épreuves à franchir, des montagnes à gravir, mais le bonheur, oui le bonheur des princesses était toujours comblé par l'amour incommensurable de leurs princes. Mais elle, elle n'en avait plus de prince, ni de véritable bonheur. Quelle foutue vie. Soudain, elle perçut une étrange voix tout proche d'elle, alors en une poignée de secondes, elle ouvrit ses yeux enchantés et sursauta de peur, retenant sa respiration. En face d'elle, une jeune femme aux cheveux bruns avait fait son apparition. « Bordeeel, j'ai cru que c'était le gardien ! Tu m'as fais peur. » lança t-elle avec stupeur et gaieté, toujours pas remise de ses émotions. Ses mains vinrent délivrer ses petites oreilles de cette vieille musique française, tandis qu'elle se redressa, assise désormais sur les planches. Elle se souvint alors de la question de l'inconnue, et son sourire s'effaça de son visage d'ange. « Oui, du Piaf. » affirma t-elle la tête baisée, dans un murmure rempli d'amertume et de souvenirs. Gardant la tête froide et l'âme joviale, elle se reprit, et puis sourit. Thaïs, elle n'était jamais triste bien longtemps, du moins, jamais quand elle était avec quelqu'un, même une parfaite étrangère. Elle profita de ce regain d'énergie pour contempler la jeune fille. Les mains moites, joints sur ses genoux, elle avait l'air nerveuse, en train de chercher ses mots, détournant son regard du sien, par politesse, imaginait-elle. « Exact. Je joue Ariel dans la pièce, et je dois dire que c'est le premier soir où j'ai la véritable sensation de mettre imprégné du personnage. C'est pas évident ça c'est sûr, mais ça me plaît plutôt bien. » poursuivit-elle, une nouvelle étincelle au fond de ses  prunelles. Elle lui parlait étrangement comme si elle l'a connaissait depuis toujours. Elle ne savait même pas son nom, mais elle était comme ça Thaïs, ouverte aux autres avec la bonté d'une fée. Combiné à l'air fébrile de la jeune fille, elle tâchait de la mettre mal à l'aise, sans trop la brusquer.«  Et toi, tu est venue voir la pièce je présume ? C'est drôle parce que je ne suis pas habituée à croiser des jeunes par ici. La plupart d'entre eux ne s'intéressent même pas au théâtre ou au cinéma. » déplora t-elle sur le même ton, en refoulant l'une de ses mèches rebelle derrière de son oreille. En silence, elle prit son sac en bandoulière et le cala entre ses maigres cuisses de fillette. Un rictus illumina sa face d'ange. C'est fou comme elle parvenait à conquérir les cœurs, juste avec un sourire en exultant de bonheur. Elle rendait le monde meilleur Thaïs, avec des petits riens qui pourtant, changeait tout. Son regard se porta sur la salle solitaire plongée dans une épaisse obscurité. Seule quelques lumières de sécurité éclairaient la vaste pièce de spectacle.  « Au fait, moi, c'est Thaïs. » Sa main s'adressa à elle, accueillante et chaleureuse. Elle lui serra la sienne avec amitié, le cœur plus léger. En quelques minutes à peine, elle avait oublié les larmes et la tristesse, ses nombreuses pensées qui l'enfermaient dans le passé. Connectée au présent, savourant chaque instant, Princesse Courage avait retrouvée sa chaleur légendaire. Elle ignorait qu'elle aussi pouvait être une héroïne de conte, de celle qui rends les gens plus heureux et qui apaise leurs maux. « On ferait mieux de ne pas traîner ici encore longtemps. Les gardiens ne sont, disons, pas très aimables. » déclara t-elle avec aisance, conservant  politesse et courtoisie tel que ses parents lui avaient appris. Elle était déroutante Thaïs : si petite, et si grande à la fois. Mature et au grand cœur, elle gardait l'amour d'une gosse et la voix à l'intensité enfantine. Quelle prouesse cette fille, qui prends la vie comme elle vient, sans tracas ni dégoûts. Elle pourrait pleurer sur son sort et se morfondre des heures, mais non, elle ne s'est pas laissée engloutir par ses larmes Thaïs. Elle les a longtemps versées, bien sûr, mais pour oser croire au meilleur à venir.  
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MessageSujet: Re: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptySam 31 Aoû - 10:10

Un des souvenirs les plus marquants de Coleen remontait aux alentours de ses neuf ans d'existence, partie en Hongrie dans la famille paternelle de sa mère, pour profiter du temps qu'il leur était offert avec leur grand-père, sa mère et elle étaient parties se promener en tête à tête. C'était rarissime, une chose qui n'arrivait pas deux fois, sans aucun doute, dans cette balade tous les sujets les plus intimes pouvaient être abordés et même à son jeune âge, elle l'avait compris. Quand elles étaient parvenues à un grand pont, elles s'étaient arrêtées de marcher, elles avaient laisser le vent hivernal fouetter leur doux visage et leurs pensées errer dans leur esprit. La brune se souvenait de se moment, une détestable tension pesante avant alourdie l'air glacial et un silence pesant s'était fait. Elza avait toujours eu pour habitude de parler avec ses fils de tout et de rien, mais avec sa fille cadette, elle évitait de lui adresser la parole et se contentait du strict minimum. Heureusement, son père s'intéressait à elle et lui donner un peu plus l'impression d'exister à travers les gentils mots qu'il employait à son égard. Ironie du sort, ce n'était pas son géniteur et pourtant il était bien plus affectueux avec elle que ne l'était la femme qui l'avait mise au monde. Ce fameux jour, elle s'était accrochée à la rambarde de pierre sculptée du pont et avait laissé son regard parcourir l'eau sale du canal qui coulait en dessous, elle s'était perdue au fond de ses pensées, bercée par le doux clapotis des vaguelettes heurtant les parois de briques. Et, durant ce long silence rythmé par les cris des oiseaux avoisinants, elle avait remué ses pensées jusqu'à trouver une raison pour laquelle sa mère la détestait tant et pourquoi elle avait l'impression de ne pas être à la hauteur constamment. Son souffle se perdant dans l'immensité de la ville qui se dessinait devant elle, clignant lentement des yeux pour réaliser les longs mètres qui la séparait de l'eau, elle s'était demandée si par mégarde elle sautait, sa mère viendrait-elle la repêcher ? Ferait-elle tout ce qui est en son pouvoir pour la sauver des flots ? Pleurerait-elle sa mort ? C'était toutes ces questions sans réponse qui lui avait traversé l'esprit, sans jamais que l'idée de sauter ne l'effleure. Alors, du haut de ses neuf courtes années de vie, ponctuées par les regards désapprobateurs de sa mère et les douces étreintes de son père et ce bonheur fragile qu'il arrivait à faire naître en elle, elle s'était décidée de poser la question à sa génitrice. Et la réponse avait été cinglante, mais sincère. Une sincérité que Coleen aurait bien aimé pouvoir croire fausse mais on lisait l'honnêteté dans le regard hautain de sa mère. Elle lui avait alors conté ce qu'elle représentait pour elle, ce que cette petite poupée brune avait pu évoquer dans son coeur et son esprit, et le seul mot qu'elle parvint à mettre dessus était : une erreur. Pourquoi s'était-elle alors demandée ardemment ? Pourquoi était-elle une erreur et ses frères non ? Pourquoi avait-ils droit au monopole de l'enfant désiré et elle devait se contenter de celui "d'erreur de la nature" ? Elle lui avait expliqué pourquoi elle représentait cette chose négative, car elle n'était pas la fille de celui qu'elle croyait être son père. Coleen n'avait pas même versé une larme, rien, juste un air profondément intrigué et elle s'était juré ne le dire à personne, de toutes les façons possibles cela ferait plus de mal que de bien. Comme une bombe amorcée depuis des années déjà qui n'éclaterait que maintenant. Mais jamais elle n'avait voulu faire de recherches concrètes sur son père biologique, parce qu'il l'intimidait et qu'elle n'avait aucune envie de rencontrer d'autres gens, elle préférait se murer dans ses certitudes ébranlées et ignorer aveuglément les aveux que sa mère lui avait fait onze ans plus tôt. Mais à présent qu'elle sentait enfin que sa vie était ne serait-ce qu'un peu dans ses mains, même si elle la savait imprévisible et incontrôlable, elle pensait que peut-être le moment serait venu de se pencher plus amplement sur ce sombre inconnu qui était son géniteur. La petite silhouette frêle sembla se raidir quand elle réalisa que la jeune femme se tenait tout près d'elle, restant méconnaissable, dissimulée par l'obscurité omni-présente. « Je sais, je ne devrai pas être là. Je vais partir, ne vous en faîtes pas. » s'exclama aussi tôt une voix douce et mélodieuse, légèrement enfantine. Ce timbre particulier arracha un sourire à la jeune étudiante que la demoiselle avait pris pour le gardien. Un pas de plus et elle eut l'impression de s'être jetée au pied de la scène. Elle se sentait déjà proche de cette fille sa même lui avoir adressé la parole, une drôle de sensation qu'elle n'avait jamais eu. « Personnellement ça ne me dérange pas que tu restes chanter. » lâcha-t-elle en riant doucement. Coleen resta silencieuse après ça, fixant farouchement l'inconnu, le noir pesant qui l'entourait. Pensive elle se demanda comment elle pouvait constamment réussir à faire croire à ces écervelées pestes de Berkeley qu'elle menait une vie exactement telle qu'elle avait pu la désirer dans ses rêves d'enfants alors qu'en réalité, tout n'était pas rose. Elle s'y était faite, mais tous autour d'elle pensait que sa vie était une suite de plaisirs délicats, d'histoires d'amour délicieuses, de nouvelles tenues hors de prix et de discussions passionnantes avec l'élite de la prestigieuse université californienne. « Bordeeel, j'ai cru que c'était le gardien ! Tu m'as fais peur. » répliqua-t-elle visiblement amusée de la situation. « Oui, du Piaf. » lui répondit-elle gentiment. Les prunelles de la jeune femme s'adaptèrent progressivement au noir et elle put apercevoir le joli minoi de son interlocutrice. Elle était d'une beauté délicate, ses grands yeux pétillants semblaient être rempli d'une grande vivacité. « J'aime beaucoup, ton timbre est très joli. » fit-elle après s'être soigneusement humectée les lèvres. Loin d'être une experte en chant, elle lançait son point de vue très naturellement, bien plus que d'habitude, mais ce petit bout de femme qui se trouvait devant elle, trônant sur la scène, la mettait drôlement à l'aise. C'était impressionnant l'assurance qui émanait de cette fille, elle semblait assez désarmante, avec ses airs enfantins mais ses paroles adultes, et ce rôle qu'elle jouait vraisemblablement dans la pièce. « Exact. Je joue Ariel dans la pièce, et je dois dire que c'est le premier soir où j'ai la véritable sensation de mettre imprégné du personnage. C'est pas évident ça c'est sûr, mais ça me plaît plutôt bien. » débita-t-elle soudainement. Coleen aimait déjà cette comédienne en herbe, elle lui inspirait une drôle de tendresse, d'affection, elle réussissait à la laisser se détendre alors qu'habituellement, elle se protégeait derrière ses airs de peste avec tout le monde. Mais pas avec la joueuse d'Ariel, pour elle, ce soir, elle constituait une personne à qui parler, un soutien alors qu'elles ne se connaissaient pas. « Je ne suis pas experte, mais j'ai trouvé que tu avais vraiment bien interprété ton rôle. » Coleen n'allai pas souvent au théâtre, ce n'était pas qu'elle n'aime pas cet art ou qu'elle ne s'y intéressait pas, mais elle vivait à cent à l'heure et faire un crochet au théâtre municipal ne faisait pas parti de son emploi du temps. Elle n'avait donc que peut de notions théâtrales, mais elle pensait savoir reconnaître quelqu'un qui jouait bien son rôle dans une pièce. Plus petite, son père l'avait emmené voir une comédie de Molière lors d'un voyage dans leur famille luxembourgeoise. La petite brunette avait adoré mais elle n'avait pas eu l'occasion d'assister à pareille représentation depuis. « Et toi, tu est venue voir la pièce je présume ? C'est drôle parce que je ne suis pas habituée à croiser des jeunes par ici. La plupart d'entre eux ne s'intéressent même pas au théâtre ou au cinéma. » déclara la comédienne. Oui il était vrai qu'elle n'était pas la seule à ne pas aller voir des comédies ou des tragédies ici, les étudiants n'étaient généralement pas très friands de pièces, bien que la jeune femme les trouve délicieusement distrayantes. Les commères de Berkeley qui étaient ses soit-disant amies, n'aimaient pas cet art et Coleen devait s'efforcer d'être comme elles si elle voulait continuer son petit règne dans l'élite de l'université. « Oui. D'habitude je ne vais pas au théâtre, mais pour une fois j'avais le temps alors je me suis lancée. J'avais besoin de me vider l'esprit. » répondit-elle. « Au fait, moi, c'est Thaïs. » dit la joueuse d'Ariel en lui tendant une petite main avenante. Coleen la saisit et la serra, un petit sourire en coin affiché sur ses lèvres gercées. « Je m'appelle Coleen. » répliqua-t-elle. « On ferait mieux de ne pas traîner ici encore longtemps. Les gardiens ne sont, disons, pas très aimables. » un petit rire nerveux échappa à l'étudiante des corps astraux et elle hocha calmement la tête avant de se lever. Le noir était toujours présent, mais ses yeux à présent habitués à l'obscurité lui donnait un air beaucoup moins opaque. Elle s'humecta les lèvres et se leva de la scène. Et les deux petites silhouettes fines traversèrent la grande salle jusqu'à la porte dont s'échappait un rai de lumière qui dessinait une longue ligne blanche sur le sol obscur. Coleen la poussa et l'air frais de la rue éclairée par la lune leur sauta au visage. Respirant une grande bouffée d'oxygène, elle se tourna vers Thaïs. « Tu sais, c'est étrange, j'ai l'impression de te connaître depuis toujours. C'est peut-être parce que tu mets tout de suite les gens très à l'aise... » fit la brune avec un léger haussement d'épaules. « Je ne sais pas grand chose de toi, qu'est-ce que j'ai à apprendre ? » demanda-t-elle avec un air malicieux.


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MessageSujet: Re: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptyLun 14 Oct - 22:18

. Did the make up never make up for the pain behind your eyes .
( dustin o'halloran, arrivals n.2 )
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La fraîcheur extérieure vint s'agripper aux pores de sa chair d'enfant. Ses prunelles noisettes se rivèrent sur les allées alentour, tandis que sa petite trouvaille du soir marchait à ses côtés. Coleen, qu'elle s’appelait. C'était joli comme prénom Coleen, joli comme son visage et ses grands yeux sombres. Cette fille avait quelque chose de particulier : tout était dans sa façon de parler, la manière dont elle délivrait aussi facilement ses pensées, et son regard, pénétrant, qui lui faisait penser à celui de son père. « Tu sais, c'est étrange, j'ai l'impression de te connaître depuis toujours. C'est peut-être parce que tu mets tout de suite les gens très à l'aise... » C'est vrai, Thaïs avait toujours eu ce côté de demoiselle à l'écoute des autres, un bel ange au cœur grand ouvert sur le monde. C'était sa nature, voilà tout. Elle avait ça dans le sang. Et pourtant, il s'agissait d'une telle évidence à ses yeux qu'elle n'avait jamais compris cette passion que les autres avaient d'admirer l'intensité contagieuse de ses rires, et cette façon qu'elle avait toujours eut de trouver du bon, même dans les âmes les plus noircies par le mal. « Sans doute, oui. » se contenta t-elle de répondre modestement en haussant  lentement des épaules. Avec le temps, elle avait finit par ne plus relever ces affirmations puisqu'elle finissait toujours par avoir tords. Le terrain de l'humilité semblait bien plus neutre comme moyen de reversement de situation. « Je ne sais pas grand chose de toi, qu'est-ce que j'ai à apprendre ? » qu'elle lui demanda spontanément, curieuse de savoir ce qu'il pouvait bien se cacher derrière cette silhouette de fillette. Alors qu'elles traversèrent une rue, Thaïs se mit à songer à la manière dont sa vie se mettait à chavirer dangereusement ces derniers mois. Le regard ailleurs, elle laissa un instant les bleus de son cœur resurgir et, par conséquent, un large silence s'installer. Son petit corps formait un rempart contre le mistral, mais ses pensées s'éloignaient de la réalité du moment. Qu'avait-il donc à apprendre sur elle, si ce n'est  qu'elle était seule désormais, oui, elle était seule face à son cœur vide d'amour, obligée de feindre un sourire quand on lui demandait si ça allait. Elle faisait face. Pas le choix. Un court instant, sa bouche sèche s'ouvrit, avant de se refermer machinalement sans que rien n'y soit sortie. Instinctivement, elle releva la tête, les yeux portés vers l'avenir. « Suis-moi, et tu verras !  » qu'elle lança l'air mystérieuse, en se dirigeant vers le célèbre tramway de San Francisco. L'une à côté de l'autre, elles traversèrent une ville à demie endormie, dissimulée sous un épais voile noir étoilé. Deux trois quarts d'heures plus tard, elle s'arrêtèrent dans une avenue au paysage parsemé de gratte-ciels. La tête perchée vers le ciel, Thaïs contempla avec émotion le bâtiment dressé en face d'elles. Son imposture, sa grandeur. Et ses briques rouges où une grande plaque argentée était gravée. On pouvait y lire ' THE BALLET '. En silence, ses lèvres framboises se mouvèrent pour prononcer ce mot, pas assez fort certes pour que quiconque ne puisse s'en apercevoir, mais bien assez pour faire renaître des sensations perdues. Et puis, sa tête s'abaissa vers le macadam humide, la couleur grisâtre de ses vieilles converses usées, et cette canne en argent qui l'aidait désormais à marcher. Ce pourquoi elle était là, derrière cette façade majestueuse, à admirer ce qu'elle n'a jamais pu avoir. Et non plus à l'intérieur, à glisser sur la scène. « Je ne suis plus venue ici depuis … longtemps. Très longtemps. » confia t-elle d'une voix à peine audible, le cœur encore porté par la vague de ses souvenirs. Comme une gamine de six ans prendrait la main de sa meilleure copine, Thaïs embarqua Coleen par le bout des doigts jusqu'à l'entrée principale. Celle-ci légèrement entrouverte, elles parvinrent sans difficulté à rentrer. Et à peine eurent-elles franchies la porte qu'elle se sentait déjà chez elle. « C'est ma maison. » Quand j'étais encore petite, que je voulais avoir les mêmes vêtements que mes Barbies, du rose, du rose pale, du rose pétant, du rose partout. Même sur mes chaussons de danseuse. J'y dessinais pleins de gribouillis, et maman trouvait ça joli qu'elle disait : ' tu es la plus mignonne de toutes les princesses de l'univers. ma petite fée à moi, ma danseuse étoile. ' Et c'est vrai que j'adorais ça moi. Danser. « Et maintenant, c'est la tienne aussi. » Un léger sourire s'inscrivit sur son visage de magicienne, tandis qu'elles traversèrent un long couloir luxueux, où d'interminables photographies de ballet en noir et blanc ornaient les murs couverts d'or. Au fond de ce corridor, il y avait une salle, gigantesque. C'était la scène principale, là même où le spectacle prenait place. « J'étais encore petite quand maman m'a emmenée pour la première fois voir un ballet. C'était le lac des cygnes. Et je me souviens avoir vue toutes ces jolies filles sur la scène, avec leurs robes blanches. Elles ressemblaient à des princesses. Sauf qu'elles dansaient, elles dansaient vraiment bien, et ça, ça faisait toute la différence. » qu'elle murmura à moitié embarquée dans son passé, le visage à quelques centimètres d'une vitre qui leur laissait entrevoir l'intégralité du spectacle. Sans peur, Thaïs dévoilait à cette jeune inconnue le recueil de sa vie : cette marque éternelle qui restait incrustée dans sa peau et accrochée à son cœur, malgré ses jambes fragiles. Un instant, elle sonda sa mémoire, se souvint de tous ces mercredis après-midi où elles prenaient le métro avec sa mère pour aller à l'école de danse, et son cœur, minuscule, qui tapait fort contre sa poitrine inexistante. Cette sensation d'oublier le monde entier, et de danser. Juste danser. Voilà ce qu'elle ressentait, ce que toutes les danseuses ressentaient. Un bonheur universel,  qui traverse les siècles sans ne jamais disparaître. « J'ai grandie avec tout ça. Les spectacles de fins d'années, les galas, j'en ai fais pleins. Mais moi, j'en voulais plus. Je voulais être la grande danseuse qui ressemble à une jolie princesse. Et faire ça toute ma vie. » D'un coup, ses épaules se relâchèrent, évacuant le poids du passé, et son visage reprit ses quelques couleurs habituelles. L'étape confession cédait sa place à celle de la réalité des faits. « Et puis, j'ai eu un accident, et perdue l'usage de mes jambes. A en croire les autres, c'était une chose terrible de ne plus pouvoir marcher. » Sa voix prit soudainement un ton rieur, et ses yeux chocolats se laissèrent enfin guider jusqu'au visage de Coleen. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Thaïs avait ce don naturel d'annoncer les pires drames de la vie avec une telle simplicité qu'il lui arrivait  même d'en dérouter plus qu'un. « Les gens ne devraient pas avoir peur de ce qu'ils ne connaissent pas. » Puisque d'une manière ou d'une autre, Princesse Courage était toujours restée debout. Appuyée par son courage d'enfant, et sa force de lionne. What does'n kill you make you stronger, isn't it. « Je ne pourrais jamais faire comme si rien de tout cela n'était arrivé, on n'oublie pas des choses comme ça. Justement, ça fait partie de moi. » Son regard se riva à nouveau sur les silhouettes minuscules qui virevoltaient sur la scène, sans regret ni amertume. Peut-être qu'un jour, elle aussi, elle dansera à nouveau. En réalité, elle en était persuadée, c'était comme une évidence, qu'elle se disait. On retourne toujours d'où l'on vient. Tôt ou tard. « Maintenant que tu en sais un peu plus sur moi … c'est à mon tour de découvrir quelque chose sur toi. » qu'elle s'exclama enjouée, comme une enfant toute excitée à l'idée de jouer. Un sourire radieux illuminait son visage en fleur. Un simple rictus qui savait si bien conquérir les cœurs.
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MessageSujet: Re: every cloud has a silver lining ( coleen ) every cloud has a silver lining ( coleen ) EmptyDim 1 Déc - 18:50

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